Bonjour à tous, on se retrouve pour une séquence émotion avec le Witcher. Merci encore à tous et à toutes d'être au rendez-vous pour la suite des avntures, et merci à Yu-chan pour la correction. N'oubliez pas d'aller voir les aventures de Mandos dans Mirror Madness, histoire pour laquelle on dit merci bien fort à Shadow of Samhain.

Merci pour votre soutien et on se retrouve la semaine prochaine. Biseees

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Le groupe s'arrêta au bas de Perchefreux. Et se dit que finalement, avoir eu Ace avec eux n'aurait pas été de trop. Ce qui correspondait à l'étable du bastion avait pris feu. De belles flammes qui faisaient de la fumée noire. En moins de deux, Marco montait dans le ciel pour foncer vers l'incendie et essayer de sauver autant de vies que possibles. La cloche d'alarme faisait courir de panique la population de paysans. Thatch donna une tape à la croupe du cheval de Marco pour le faire retourner au camp avant de suivre Geralt qui fonçait sur le pont pour monter vers le château, Mandos sur les talons.

En arrivant, ils entendirent que quelqu'un était encore dans l'écurie. Un dénommé Oswin.

- Au feu ! rappela Geralt en débarquant. Vous êtes aveugle ? Pourquoi personne ne va l'éteindre ?

- Pas si simple ! leur dit un vieux bandit à proximité. Les gars ont peur ! Quand le baron est en crise, il fait pas de quartier !

- Et mon frère qui est dans l'écurie ! Faut aller le chercher ou il va brûler vif avec les chevaux ! paniquait un autre.

- Mon frère y est aussi, l'affaire va être vite réglée, dit Thatch. Trouvez seulement de quoi éteindre les flammes.

Les portes de l'écurie s'ouvrirent et des chevaux en jaillirent au galop, bientôt suivi par Marco qui aidait un homme à tenir debout pour aller le ramener près du groupe. La cape du blond fumait légèrement, mais rien d'autre.

Sauf que voilà, le baron était saoul et il venait vers Marco en titubant.

- Ha ha ha ! On a un hé … un héros parmi nous ! Hé hé hé... Les chevaux … sauver… Bon aller, je suis prêt à …

- Quel inconscient, constata Geralt d'un ton blasé.

Pourtant, malgré les deux yeux de rapaces qui éclairaient le visage sans émotion de Marco, ce n'est pas le blond qui s'avança. Non, c'est Mandos qui se chargea de rafraîchir les idées du soulard.

- Rien du tout, baron, intervint l'elfe.

Il se tenait entre Marco et le déserteur, les bras croisés, prêt à en découdre.

- On a plusieurs choses à se dire. Par exemple, une fausse couche après un passage à tabac ou avant ? Ou le fait que vous avez battu votre femme et votre fille qu'elles ont choisi la première occasion pour partir ? Au choix.

Rien de mieux pour mettre le porc en rage. Et voir l'étendue de l'apprentissage de Mandos. Ils devraient dire à Shiva de monter le niveau. Mandos commençait clairement à anticiper les coups avant qu'ils ne tombent. Et quand il s'essaya à l'Armement, il y avait de quoi être reconnaissant qu'il ne soit que débutant parce qu'il aurait tué le vieux sous le coup qu'il lui administra dans le plexus.

C'est après une petite baignade dans l'abreuvoir pour le seigneur local que le combat se termina. Avec des applaudissements de Thatch pour l'elfe. Le vampire essuya même une fausse larme d'émotion.

- Le petit Mandos devient grand ! C'est merveilleux…

Sans s'occuper du vampire, Geralt et Marco s'avancèrent vers le baron et l'attrapèrent chacun par un bras pour le mener dans son bureau. Là-bas, ils seraient tranquilles pour parler.

Ainsi, ils se barricadèrent dans le bureau du baron avec celui-ci qui râlait sur la présence de Mandos dans les environs. Jusqu'à ce que Marco ne fissure le manteau de la cheminée avec un coup de poing de colère malgré son visage lisse. Alors, Philippe s'assit sur une chaise en essayant de ne pas grimacer avec les bleus et autres blessures que Mandos lui avait infligées. Les hommes se mirent dans un semblant de cercle autour du baron. C'était un accusé et ils étaient là pour lui infliger la peine qu'il méritait. Geralt ouvrit le bal :

- Vous les avez frappés.

- Jamais je n'ai levé le petit doigt sur Tamara ! Jamais ! se défendit le gros baron.

- Mais vous avez battu votre épouse, insista Thatch.

- Ah… c'est… c'est une autre histoire.

- Aveux de violence conjugale, je prends note, dit Marco de là où il s'était assis sur un meuble avec les jambes croisées.

De son côté, Mandos avait pris un morceau de bois qu'il taillait avec son couteau, certainement pour ne pas avoir la tentation de s'en prendre au baron.

- Vous êtes mariés depuis longtemps, docteur ? demanda le baron.

- Plus de quarante ans.

- Alors, vous devez savoir ce que c'est une personne qui vous connait tellement bien qu'elle sait où appuyer pour vous poussez à bout… Anna et moi, c'est vingt ans de vie commune. Elle m'a connue sobre et rond comme une queue de pelle… elle m'a accueillie au lendemain de victoires et recousu au lendemain des défaites… elle connaissait mes défauts et mes points sensibles mieux que quiconque.

- Vous la battiez parce qu'elle vous critiquait ? se fit confirmer Geralt.

- Non, Geralt. L'un des problèmes qui vient avec l'alcool et l'âge, c'est le trouble de l'érection, et l'impuissance. Arme très sensible dans une société où les hommes se sentent puissants parce qu'ils sont les plus forts et les plus doués avec leur pénis. Il est donc possible que cela soit l'un des arguments de madame contre monsieur, supposa Marco.

Mandos eut du mal à ne pas rire.

- Oh, c'est bon, arrêtez ! Allez pas me faire croire que vous avez jamais eu ce problème !

- Il y a des paramètres à mon égard et à l'égard de mon couple qui font que nous comparer l'un à l'autre est un exercice futile, merci de ne pas essayer de m'attendrir, cher baron, parce que ça ne fait que me mettre encore plus en colère.

Il n'avait jamais su si c'était en grandissant en tant que bras-droit du capitaine ou si c'était sa nature de zoan, mais il était très rare qu'il élève la voix quand il était en rogne. Pourtant, tout le monde le craignait dans ces moments-là, à bord.

- Comparer deux couples n'est pas la meilleure défense que vous pouvez avoir. Admettre, un peu plus. Regretter sincèrement aussi. Mais regarder chez les autres ? Faut d'abord balayer son palier. Pas y foutre le feu, commenta le sorcier.

Thatch eut un reniflement moqueur à la remarque de l'elfe.

Le baron était attaqué verbalement de tout côté et il ne pouvait se réfugier nulle part. Ces hommes étaient plus forts et plus habiles que lui qui était tout juste sobre après le bain d'eau froide qu'il avait pris.

- A côté, j'ai tout de même un peu de mal à croire, avec ce que j'ai vu et ce que j'entends, que vous n'avez jamais levé la main sur votre fille. Surtout après l'esclandre dans la cour, dit froidement Geralt.

- Pensez ce que vous voudrez, mais elle a toujours été la prunelle de mes yeux, bougonna le baron. Elle était libre comme l'air, demander à mes gens ! Elle montait à cheval, elle chassait avec mes gars, les accompagnait lors des rondes. Et c'est elle qu'on prévenait lors de mes crises… elle seule savait me calmer...

Si la fille devait toujours s'interposer quand son père allait trop loin, forcément qu'elle devait avoir une piètre opinion de lui.

- Si vous n'aviez pas prononcé cette dernière phrase, je vous aurais demandé pourquoi elle avait pris la fuite, nota Thatch. Mais je pense que tout le monde ici le sent comme moi. Derrière cette façade soi-disant idyllique, la haine, la rancœur, le ras-le-bol… votre perchoir en dégueule par toutes les coutures tellement votre famille en dégage.

Le baron serra les poings, mais baissa la tête.

- Vous saviez depuis le début qu'elles étaient parties volontairement, et vous nous l'avez caché, conclu le Loup Blanc.

- Oui… je le savais, souffla le vieil alcoolique avec une voix misérable.

- Donc, vous avez volontairement cherché à nous faire perdre du temps.

- Si je l'avais fait ! Si j'avais dit, si j'avais avoué que je n'avais plus de contrôle sur ma femme et ma fille, qu'auriez vous pensé de moi ?

Marco descendit de son siège et alla se planter devant le baron, avant de, lentement, se pencher vers lui pour appuyer fermement ses mains sur les accoudoirs du siège de leur hôte.

- Qu'il est grand temps que vous compreniez comment ça marche. Quand il y a contrôle, il n'y a pas d'amour. Ce ne sont pas des objets, des soldats, des serviteurs. Ce sont les personnes que vous avez jurées, devant vos dieux, d'aimer jusqu'à la mort. Mais le contrôle n'a rien à voir avec l'amour. On peut vouloir les protéger, mais on ne coupe pas les ailes d'un oiseau. Avouez-le, baron… Anna a cessé de vous aimer, c'est ça ce qui vous dérange. L'enfant qu'elle a perdu, est-ce qu'elle vous a dit qu'elle le voulait, ou alors, est-ce que l'on doit rajouter un viol conjugal dans cette affaire ?

- Viol conjugal ? Mais c'est quoi ces conneries ?

Dziiiing !

Tout le monde sursauta quand une collection de bons vins alla s'éclater contre le mur, comme si quelqu'un les y avait projeté. Le Phénix regarda Mandos qui pointa le vide, comme pour dire que c'était le vide le coupable. Ou alors, un fantôme. Ah ! Un mort avec deux sous de jugeote ! Perfect ! Cela mettrait un peu plus la pression à leur ami ivrogne.

Souriant intérieurement, Marco rapprocha son visage au point que leur nez se touche presque, afin de dire au baron ce qu'il avait dans le crâne :

- Ce qu'on appelle le devoir conjugal est pure sottise. Si le monde n'était pas gouverné par une bande de machistes qui pensent avec leurs couilles, vous auriez appris que mettre une alliance au doigt de quelqu'un n'est pas un permis pour faire tout et n'importe quoi à cette personne. Donc, vu l'état de votre relation, j'ai de sévères doutes sur le fait que votre épouse ait été consentante. Encore plus pour porter votre enfant.

Thatch vint s'accouder au dossier du baron clairement mal à l'aise et siffla avec un rictus féroce :

- Un bébé n'est pas une solution miracle pour réparer un couple qui part en vrille. Au contraire, ça aggrave les choses. On ne fait pas un enfant pour forcer quelqu'un à rester. On le fait parce que le vent est dans le bon sens et qu'on sent que c'est le bon moment pour ça. Que notre partenaire est d'accord pour tenter ça. Quand on est certain que cet enfant aura une vie magnifique. Quand on est prêt à prendre la responsabilité jusqu'au bout. Ce n'est pas quelque chose qu'on impose. A votre place, j'aurais honte.

Geralt toussota légèrement et les deux pirates s'éloignèrent. Ils entendirent Mandos murmurait un "ne le tue pas". A qui, bonne question. Peut-être leur fantôme. Ils demanderaient la réponse plus tard, là, il y avait autre chose à faire, comme le dit le Loup Blanc :

- Voici les choses comme elles seront à présent. On ne va pas ramener votre femme et votre fille. Pas dans ces conditions. Pas sans qu'elles le veuillent elles. On va les retrouver, certes, mais seulement pour s'assurer de leur santé. On ne leur dira pas de rentrer, on s'assurera juste qu'elles vont bien. Et c'est non négociable. La Ciri que je connais n'aurait pas voulu les choses autrement, si la retrouver signifie mettre en danger deux innocentes. Quand l'amour est mort, il faut laisser partir. Aussi honteux ou difficile que ce soit, c'est la chose la plus saine à faire.

- Je… je… peut-être… je sais pas… mais… balbutia l'homme.

- Non négociable, rappela Thatch. Si vous voulez ruminer sur cette leçon de vie, grand bien vous fasse. Nous, on s'en fiche.

- Maintenant, on a besoin de la vérité sur leur départ. Toute la vérité, insista Geralt.

Le baron soupira et se mit à regarder le vide avec peine avant de raconter ce qu'il s'était passé. Il buvait non-stop depuis trois jours. Anna avait choisi ce moment pour lui dire qu'elle et Tamara partaient. Et peu importe les arguments de son époux, elle refusait de changer d'avis. Il avait voulu la retenir mais elle s'était débattue. Dans cette lutte, le chandelier avait dû être impliquée. Elle avait fini par tomber dans l'escalier avec lui. Et c'est tout ce dont il se souvenait outre le coup que sa femme lui avait donné, parce que le lendemain, il s'était réveillé avec une bosse et un froc souillé par son urine. Et les dames étaient parties. Tamara avait peut-être vu la dispute depuis le seuil, mais elle n'avait pas été impliquée dedans.

C'est au réveil qu'il avait vu le sang.

La fausse-couche.

Une fillette qui gisait là, sans défense, dans des draps tâchés de sang. Morte avant d'avoir eu le temps de vivre. Morte par la faute de son propre père. Ou alors des Moires. Leur énergie tournait autour de la femme, ils en avaient la certitude. L'amulette l'en protégeait. Mais rien ne disait que sans, ces entités n'auraient pas attaqué le bébé dans le ventre de sa mère.

- Qu'est-ce que vous avez fait du bébé ? demanda Geralt.

- Ce que j'en ai fait ? Je l'ai enterré.

Ce fut comme une explosion. Tout autours, les objets volaient en tous sens en explosant, alors que le baron semblait avoir dû mal à respirer. Plus d'une fois, quelque chose manqua de se fracasser sur lui. Et personne n'avait envie de se mouiller pour sauver le baron qui était au centre de cela. Personne n'était tenté de s'interposer. Le gros lard termina au sol, au pied de sa chaise, en pleurant et en demandant pardon, se protégeant la tête de ses bras, après avoir été valdingué d'un côté à l'autre par ce qui semblait être un esprit vengeur qui l'avait même jeté contre un mur.

- ROUGE ! Il suffit ! rappela à l'ordre Mandos.

Rouge ? Ah bah, c'était normal.

- Chère belle-mère, même si je comprends parfaitement le sentiment, attendez qu'on soit certain de la santé des deux autres femmes avant de tuer ce salopard, demanda placidement Marco en s'accroupissant devant le baron qui pleurait au sol.

- Comme cet esprit vous l'a fait… clairement comprendre, vous avez fait une grave erreur, résuma Geralt.

Mandos s'avança à son tour :

- Avant que je ne vous dise ce que veut vous dire la dame, je veux préciser une chose. Je ne vous ai pas sauvé pour vous. Non. Je veux juste éviter qu'un esprit gardien devienne une créature à chasser parce que votre forteresse complète la rend malade. Que ce soit vous ou vos hommes. Mais, voilà son message : Chaque larme qu'elles ont coulée, chaque cri, chaque coup. Chaque fois que tu les as souillés. Tu vas le sentir jusqu'aux profondeurs des griffes de Davy Jones. Ce dernier a une place particulière pour les raclures dans ton genre. Voilà. Et encore, j'ai épuré. Elle était plus violente dans les menaces. Marco. C'est définitivement de Rouge que Portgas tient ses menaces.

- South Blue donne toujours des personnalités au caractère sanguin, pointa Thatch. Suffit de voir Haruta.

- Bien, frangin, ta mémoire n'est pas une cause perdue. Rouge-san, je suis heureux d'être un bon époux, parce que je n'aurais certainement pas voulu vous avoir en ennemie, yoi.

- Elle dit : Non, tu ne voudrais pas, mais je suis contente que mon bébé t'ait trouvé. Geralt ? Je vous conseille d'expliquer ce qu'il faut faire le temps que je calme la lady.

Au moins l'un de ses beaux-parents l'approuvait. Il n'avait pas tout perdu.

- Bien, maintenant que tout le monde est calme et attentif, on va pouvoir avancer, dit le mutant en attrapant le baron pour le remettre sur pied. Vous avez fait une erreur. Ce n'est pas en jetant le résultat de vos erreurs dans un trou qu'elles vont disparaître. On va devoir remettre de l'ordre dans tout ça. Retrouvez Tamara et Anna, mais aussi permettre au bébé de trouver le repos. Sans sépulture décente, les fœtus issus d'une fausse couche deviennent parfois des couvins. Et vous n'avez pas besoin de savoir, parce que très bientôt, vous le verrez de vos yeux. Ce que nous devons faire, c'est enterrer cet enfant sous le seuil du foyer familiale en le baptisant, ce qui en fait ainsi un sommeillard et lui permettant de trouver la paix en devenant un esprit gardien qui le conduira à votre famille.

Le baron resta silencieux au milieu des hommes, les yeux sur le sol, tremblant et pleurant. Puis, il finit par demander :

- Ne… ne tuez pas mon enfant… elle… elle a déjà assez souffert. Faîtes ce qu'il faut pour qu'elle repose en paix.

Marco avait beau être un partisan fervent de l'euthanasie, ce n'était pas le sujet du jour, et on parlait d'une personne déjà morte.

- Pour ça, je suis pas un expert, mais je pense qu'il faut qu'on sache où vous l'avez enterré, pointa le médecin.

- Je vous montrerai où elle est inhumée, puis, je creuserais une tombe sur mon seuil, assura doucement le baron.

- Plus vite nous agissons, mieux ça sera. Alors, nous reviendrons ce soir, peu avant minuit.

- Je vous attendrais.

La colère de Rouge avait eu le don de rendre le baron docile, au moins.

- Prévenez vos gens. Qu'ils restent chez eux cette nuit, et tracent une ligne de sel sur leur seuil.

Le gros baron resta silencieux à regarder ses pieds.

- Et tâchez de décuver… parce que vous ne voulez pas que je prenne les choses en main, recommanda Thatch.

L'homme hocha la tête.

- Je vais amener une pelle… pour creuser la tombe.

- Vous en aurez besoin, mais pas pour ça, lui dit Geralt. Mandos, tu en as fini ?

- Je pense que je vais installer des lanternes des morts. J'aurais besoin de bougie, d'encens et de sang de chat. Je me débrouillerai pour la suite, dit le jeune elfe.

Ils virent le guérisseur regarder le vide à quelques pas de lui. Certainement là où se tenait Rouge.

- Je reviendrais avec de l'huile contre les spectres, dit Geralt. Et, si dame Portgas veut bien rester, je pense que nous aurons besoin plus que jamais d'une mère aimante, ce soir.

- Elle reste. Je lui ai demandé avant que l'on arrive ici. Et si je lui demandais de partir maintenant, elle tenterait sûrement une des menaces qu'elle a proféré contre le baron mais sur moi. Merci, je tiens à garder tout en place.

Si elle avait le même genre d'imagination morbide qu'Ace, les menace ne pouvait être mise en application seulement si les organes en question étaient détachés du corps.

- Eh bien, on se retrouve ce soir, tâche de pas déclencher une Chasse à l'elfe dans Perchefreux, gamin. T'as pas envie de faire de la peine à ton vieil oncle Thatch ! salua le vampire. Ah, et déverrouille la porte.

- Hn. Yeah. Je vais éviter de déclencher quelque chose.

Il agita sa baguette et la porte s'ouvrit comme si elle n'avait jamais été scellée. Il remit sa capuche sur la tête et se tourna une dernière fois vers le baron.

- Je vous conseille de ne même pas penser à m'utiliser pendant que je suis sur la ville. Sinon, vous et vos hommes comprendraient que trop bien pourquoi les morts me nomment le Spectre au Corbeau.

Et le groupe se sépara dans le couloir.

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Comme convenu, ils revinrent peu avant minuit. Pour l'occasion, Ace avait prêté son glaive d'argent à Thatch. Marco n'en avait pas besoin, il avait ses serres, c'était tout aussi efficace.

- Je ne m'attendais pas à ce que tu réagisses ainsi avec le baron, Thatch, nota Geralt alors qu'ils remontaient vers Perchefreux sous la lumière de la lune.

- C'est pas parce que je couche avec la moindre nana qui me le demande gentiment que j'ai pas des sentiments et une opinion sur ce genre de situation… et puis… j'ai failli être père.

Juste failli ? On parlait du plus gros concurrent de Jaskier pour ce qui était des aventures sans lendemain ou presque. Et encore, le vampire avait de l'avance avec son âge.

- Je suis tombé amoureux. Shani.

- Ah.

Oui, la belle guérisseuse faisait tourner des têtes.

- Mais ce n'était ni le moment, ni l'endroit. Durant la bataille de Brenna, on cherche pas la femme de sa vie. Qu'elle tombe enceinte n'était pas prévu. Ce n'était pas le bon moment. Et… y'avait des tas de choses… trop d'incertitudes. Donner la vie à cet enfant, dans un monde pareil, c'était irresponsable.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Ils sont venus me voir et m'ont demandé de procéder à l'avortement. Fin de l'histoire, yoi.

Marco avait vu son frère changer ce jour-là. Même s'il était toujours aussi intenable, il s'était mis à réfléchir. Et il avait enfin décidé à se protéger. Cet incident lui avait fait entrer du plomb dans la cervelle. Mais surtout, le blond avait vu son petit-frère songeait à l'idée de se poser et avoir une famille. Voir plus loin dans le temps. L'idée devait être encore là, dans un coin de la tête du roux. Il en était certain. Thatch était un grand amateur du "si". Et le "si" pour lui et Shani, c'était ce qui le laissait perdu dans ses pensées pendant de longues heures, de temps à autre.

Geralt ne dit rien. Il se contenta de tapoter l'épaule du vampire.

Enfin, ils arrivèrent au niveau du portail qui donnait sur la cour du manoir de Perchefreux. Plus qu'à trouver Mandos et le baron.

Et trouver Mandos fut assez simple. Il était sur un toit et chantait, une flûte ensorcelée jouant à ses côtés. Ils restèrent en bas, à attendre qu'il veuille bien descendre, pendant que Geralt partait chercher le baron. L'elfe les remarqua et sauta pour les rejoindre.

- Alors ? Vous avez préparé ce qui était nécessaire pour notre petit affrontement avec un couvin et tout ce qu'il attire ?

- Ace m'a refilé son glaive d'argent et on a assez d'huile contre les spectres pour exorciser le coin le plus hanté du nord au besoin, informa le vampire en montrant le fourreau dans son dos avant de jeter une fiole à Mandos.

Marco, les mains dans les poches, sans arme ni même son kiseru, regarda les étranges lanternes de papiers qui émettaient de petites lumières vertes qui parsemaient les rues.

- Qu'est-ce ?

Mandos les montra en s'étirant.

- Elles attireront les fantômes mais ça n'empêchera pas qu'ils viennent. Ça va juste les calmer pour la plupart. Mais, faudra que l'on parle de ce que j'ai pu avoir en discutant avec les gens ici. Si Ace veut une liste … j'ai de quoi lui fournir beaucoup de cibles. Ou à Rouge. J'hésite encore en fait.

- Tout dépend si tu préfères qu'ils soient accueillis par une bête sauvage ou un mort, yoi.

- Le chaton a déjà dit qu'il voulait modifier son surnom par "Incendiaire de Rivia et Perchefreux", nota avec un sombre amusement Thatch.

- Je croyais qu'il était établi que j'étais le seul à pouvoir me permettre de l'appeler chaton ? rouspéta Marco.

Le roux haussa des épaules.

- Il m'entend pas, il n'en saura rien. Et tu ne vendrais pas ton frère pour si peu, pas vrai mon ananas d'amour ?

- D'ailleurs, j'ai un message pour toi, Mandos. Ace me fait dire que si tu le désignes encore une fois par dh'oine, il te brûlera de l'intérieur pour que tu enregistres qu'il n'en est plus un depuis très longtemps. Ses mots, pas les miens, yoi.

Mandos rougit au commentaire et le cacha sous sa capuche.

- Je vais essayer de m'en rappeler. Mais je promets rien. On va dire qu'il me fait assez paniquer avec ses tendances suicidaires et je lâche le premier juron qui passe dans mon esprit. Il a néanmoins interdiction de tenter de me coller au barbecue parce que cela lui chante.

- Pour ça, il faut qu'il force la serrure de la chaîne, parce que je vais pas lui refiler la clef pour ça. C'est pas que tu l'insultes qui dérange, c'est juste que tu vises à côté et qu'en faisant ça, c'est refuser de reconnaître ce qu'il a vécu qui lui a pris son humanité, yoi. Mais assez parler, Geralt arrive.

En effet, le baron venait vers eux en cherchant d'un air inquiet quelque chose dans les environs de Mandos. Si Rouge était là, c'était pour quelqu'un qui en valait plus la peine que le baron.

- Suivez-moi, c'est un peu plus loin.

Et il les conduisit le long du chemin qui redescendait vers la basse-ville. La peur et l'anticipation se sentaient dans les ruelles. La curiosité aussi.

- Vous avez songé à un nom pour le couvin ? demanda Geralt.

- Non, pourquoi on aurait...

Les pirates serrèrent les poings. Comment un homme pouvait refuser à ce point la plus simple et la plus importante des missions qui lui incombait en tant que géniteur ?

- Grave erreur, le nom est un sceau puissant, pointa Geralt.

Ils passèrent un portillon et arrivèrent dans une zone de la forteresse où le mur n'était plus que ruines et où la nature reprenait ses droits. Dans l'herbe et la pierre, on voyait clairement où on avait creusé pour enterrer le bébé.

- Charmant comme endroit, nota sarcastiquement Thatch.

- C'est fini, oui ! C'est bon, je sais que j'ai tout fait de travers ! protesta le baron.

- À ce stade-là, c'est plus de travers. C'est cassé et brisé, nota Mandos.

Il n'alla pas plus loin. Il avait l'air de chercher quelque chose à présent.

- La tombe est éventrée. Et vide, nota Geralt en arrivant au niveau du trou dans le sol.

- Le couvin est dehors ? devina Thatch.

- Exactement. Marco, je veux bien que cela soit triste, mais… pourquoi pleures-tu ?

En effet, le Phénix était en larmes. Ce qui était étonnant de la part d'un homme qui gardait une façade de marbre qui aurait rendu fier Vesemir. Le blond essuya ses larmes, mais rien ne changea.

- L'oiseau dans mon crâne chante à en pleurer.

Mandos lui jeta un regard avant de s'avancer vers quelque chose caché dans les herbes hautes :

- Bonjour, toi. On se cache des vilains ? Je te comprends.

Ah. Mandos avait trouvé le couvin.

L'elfe se tourna vers eux, montrant ce qu'était devenu le bébé mort-né. La peau était mauve à cause du manque d'oxygène, alors que son cordon ombilical s'enroulait autour de sa gorge, de sa poitrine puis d'une de ses jambes. Sa mâchoire était difforme, fendue, laissant paraître des dents bien trop pointues pour être rassurante, réparties en deux rangées. Ses yeux noirs étaient bien trop gros pour sa petite tête. En rampant sur ses quatre pattes, il avança vers le baron.

Une petite chose si fragile, si innocente, qui n'avait rien demandé, avait fini maudite et corrompue au point d'en devenir un monstre de haine et de colère.

- Approchez, Baron, et voyez votre crime pour assumer une putain de fois vos responsabilité. Prenez-la dans vos bras. Elle a assez souffert par votre faute alors, faites en sorte qu'elle ne souffre plus jamais, exigea Mandos.

Le baron recula d'un pas pour percuter Thatch qui s'était mis dans son dos.

- Faites ce qu'il dit, encourage Geralt.

- Mais s'il se fâche ! Il peut nous bouffer le cul en moins d'deux ! protesta le baron.

- D'une, c'est une elle, puisque ce bébé n'a pas eu assez de temps pour décider de son genre. De deux, soyez humain et assumez votre putain de sperme, espèce de porc. Alors, vous allez la prendre dans vos bras et lui demander pardon avant que je me fâche, yoi, exigea Marco en montrant le bébé difforme du doigt.

- Vous pouvez aussi continuer à crier si vous voulez l'exciter et lui faire peur. Pour l'instant, elle est calme. En grande partie parce que Mandos et Dame Rouge sont là.

- Foutre dieu… gémit le baron en faisant un pas en avant. Qu'est-ce que ça donne quand il s'énerve pour de bon ?

- Elle vous saute à la gorge et vous saigne à mort. Restez concentré et prévenez-moi si elle s'agite. Je peux la calmer avec mes signes, mais je préfère laisser une mère tenter avant de traumatiser un peu plus cet enfant.

- Et qu'on ne vienne pas dire que les sorceleurs n'ont pas de cœur après ça, soupira Thatch.

Philippe déglutit.

- Allez-y, prenez-la dans vos bras.

Le baron les regarda tour à tour, avant de prendre son courage à deux mains et de s'avancer vers le bébé maudit en y allant lentement, avec précaution. Il l'attrapa avec deux mains et le leva devant ses yeux à bout de bras, retenant de son mieux son dégoût quand une immense langue fendue lui effleura le nez.

- Le squelette change beaucoup avec la malédiction ? demanda Marco en essuyant à nouveau ses yeux.

- Pas à ma connaissance, pourquoi ? se renseigna Geralt perplexe devant la question.

- Parce qu'elle aurait été une fillette ravissante, yoi.

- Retournons à la forteresse, il est temps qu'elle aille dormir, encouragea Thatch. Cela fait longtemps que les petites filles comme elle devraient être au lit.

- … Marco. Elle est très jolie déjà. Une adorable petite fille, souffla Mandos.

Il posa la main sur l'épaule du Phénix et en un instant, la vision changea. Il ne voyait plus le foetus torturé, mais une toute petite fille, clairement effrayée, à la peau laiteuse et aux cheveux noir, dans les mains du baron. A côté, une ravissante femme, aux cheveux blonds tirant sur le rosé, semblait lui parler en caressant la tête du bébé avec un immense sourire rassurant qu'il avait vu bien des fois sur le visage de son homme. Comme si elle sentait le regard du blond, elle se tourna vers lui et lui adressa un coucou souriant avant de revenir au bébé. La vision s'estompa quand Mandos retira sa main, mais ce fut suffisant pour apaiser l'oiseau mythique qu'il avait dans le crâne.

- Tu as raison, Mandos, elle est clairement ravissante. C'est le bébé le plus beau du monde, yoi.

Il se sentait en colère de voir que le baron se comportait avec un tel dégoût avec ce qui était le fruit de ses entrailles. Ça donnait envie de le tuer. Il essuya ses larmes, ravis qu'elles cessent de couler, alors qu'ils se mettaient en route pour rejoindre la demeure familiale.

- Ça ira, vieux frère ? se renseigna Thatch.

- Ouais. L'oiseau a pris ça de plein fouet. Mais ça va mieux.

Peut-être qu'il pourrait demander à Oyaji de prendre Mandos dans la famille ? Oui, bon, d'accord, celui-ci avait des gens auprès de qui rentrer, mais honnêtement, il commençait à s'attacher à ce petit elfe un brin suicidaire.

Le chemin du retour se passait très bien. Jusqu'à ce que des spectres affamés débarquent et inquiètent le couvin qui commença à s'agiter. Les lanternes les avaient retenus un instant, faisant office de distraction, avant que la tentation ne soit plus forte. Thatch et Geralt tirèrent les glaives alors que Marco brandissait une dague de son époux qu'il avait caché sous sa tunique auparavant. Le couvin avait peur, mais gardait un semblant de calme grâce à Mandos. Et Rouge, certainement, si on prenait en compte qu'un spectre qui s'était un peu trop approché du nourrisson venait de reculer comme s'il s'était pris un coup de poing dans la figure.

- Marco, je vais un peu les éloigner. Certains vont me suivre. Thatch ?...

Le reste de la phrase de Mandos fut noyée dans les bruits de combats. Ils ne virent que le geste de l'elfe à l'intention de Thatch, avant qu'il ne fonde pour prendre l'apparence d'un grand cerf. Non, il n'avait tout de même pas proposé ce qu'ils pensaient ? Thatch était grand et bien bâti, quand Mandos était taillé clairement pour la vitesse et l'agilité. Pourtant le vampire ne chercha pas à comprendre. Il prit son élan et sauta sur la croupe du cerf… qui s'effondra au sol, écrasé comme une crêpe.

- Ce n'est pas le moment pour tes conneries, Thatch ! aboya Marco en parant le coup d'un spectre avant de tournoyer sur lui-même pour le trancher de ses serres.

- Mais c'est…

- Je veux rien savoir !

Au moins, la vue eut le don de faire rire le couvin qui eut un petit cri de joie en applaudissant devant la scène.

- … dans suivez … où est ce que tu as entendu, me sauter sur le dos ? demanda placidement l'elfe qui avait repris sa forme normale sous le choc.

- Tu parlais pas assez fort avec tout ce bruit ! Et puis merde !

Ni une, ni deux, le vampire attrapa Mandos et le jeta sur son épaule avant de détaler comme un lapin.

- Dépose-moi avant que je ne te change en quelque chose… grinça Mandos.

Et Thatch fit la sourde oreille, dévalant la pente à toute vitesse, escaladant le toit d'une maison au passage avant de disparaître de la vue de tous avec une moitié des spectres aux fesses. Geralt et Marco échangèrent un regard et le Loup Blanc prit l'avant, pendant que Marco s'occupait des arrières. Le couvin était concentré sur quelque chose qu'ils ne voyaient pas, certainement Rouge, qui arrivait à le faire rire et sourire, le gardant au calme. Cela permettait à Geralt et Marco de se concentrer pleinement sur les spectres.

Ils continuèrent de monter vers le manoir de Perchefreux, dispersant les spectres qui venaient les hanter. Geralt réattaqua sur le sujet du nom, et le baron n'y avait toujours pas réfléchi. Qu'il se dépêche, parce qu'ils étaient bientôt à destination et sans ça, ils ne pourraient pas avancer.

Enfin, ils arrivèrent au seuil. Marco resta en retrait, surveillant les environs, alors que le baron avait fini par arranger la position avec laquelle il prenait la fillette. Au lieu de voir le monstre, il avait fini par reconnaître son bébé et le tenant dans ses bras en tremblant. Sentant le changement, la petite s'était apaisée et avait même essayé d'attraper le pouce d'un de ses pieds. Un trou avait été creusé dans le sol, juste sous l'escalier permettant d'entrer dans la demeure du baron.

- Répétez après moi, demanda Geralt. "Par la puissance de la terre, et du ciel…"

- Par la puissance de la terre, et du ciel… répéta le baron avec une voix basse et douce.

- "Au nom du monde qui fut le tien…"

- Au nom du monde qui fut le tien… répéta l'humain en fermant les yeux.

-" Pardonne-moi, toi, que je n'ai pas su accueillir…"

- Pardonne-moi, toi, que je n'ai pas su accueillir.

Les sanglots se faisaient presque entendre dans sa voix.

- "Je te baptise…" et là, vous dites son nom, avant de continuer par "et fais de toi ma fille…"

Même Geralt qui était juste devant le couvin semblait sur le point de verser une larme. Marco voulait bien admettre qu'il pleurait sans la moindre honte.

- Je te baptise Déa, et fais de toi ma fille.

Le nourrisson tendit une main potelée et violacée vers son géniteur, avant de s'effondrer sans vie.

- Marco, peux-tu ?

Le pirate détacha une de ses plumes et la posa sur la poitrine de la fillette morte.

- Bien, maintenant, enterrez-la.

Et le corps fut déposé dans la tombe. Le baron arrangea la plume brillante sur la poitrine de sa fille et attrapa la pelle à proximité pour recouvrir de terre la petite. Les bras croisés, les deux autres le regardèrent faire alors qu'un orage éclatait au-dessus de leur tête. Marco ramena la grande capuche de sa cape sur son crâne à moitié rasé et reprit son observation silencieuse. Il avait juste un mot à dire à Geralt, mais il pouvait attendre. Il ne voulait pas briser quelque chose en parlant. Surtout qu'il avait l'impression d'entendre quelqu'un chanter.

Il jeta un regard à Geralt et porta deux doigts à son oreille en une question et le mutant hocha la tête.

Oui, quelqu'un chantait. Une femme. Et cela ressemblait clairement à une berceuse de South Blue.

Rouge.

Pour qu'un esprit puisse se faire entendre ainsi pour une simple chanson, c'est qu'elle avait dû mettre de l'énergie dans celui-ci, suffisamment pour franchir la mince et pourtant immense barrière entre les vivants et les morts.

Le baron plaça quelques pierres sur la tombe dont une grande et plate pour faire office de pierre tombale. Haletant, il reposa la pelle.

- Et maintenant ?

- D'ici un jour, Déa sera devenue une sommeillarde et elle pourra m'aider à retrouver Anna et Tamara. Rentrez chez vous.

- Je reste avec vous.

- Pas question.

- Mais… mais c'est mon enfant. C'est moi qui suis responsable, qui suis coupable…

- Il fallait y réfléchir à deux fois avant de forcer votre épouse à le porter, yoi. Il est trop tard pour vous conduire en père, et de vous à moi, vous n'en méritez pas le titre. Maintenant, Geralt vous a dit de rentrer chez vous. Faîtes-le.

- Et vous ? Vous allez rester là, avec lui ?

- Si Geralt veut que je m'en aille, je m'en irai, yoi.

- Je veux qu'on me laisse faire mon travail et clairement, vous ne m'aiderez pas, baron. Je vais devoir attendre un jour et une nuit sur cette tombe, le temps que le couvin devienne un sommeillard. Je suis un sorceleur, vous n'êtes qu'un homme pitoyable, alors, rentrez chez vous et tâchez de ne plus vous soûler. Marco, on doit t'attendre aussi. De nous tous, je pense que Mandos sera le plus utile, avec Dame Rouge.

- Très bien. On bouge pas le camp, yoi.

Et sans se soucier de qui pourrait le voir ou lui faire une remarque, Marco prit sa forme animale et parti vers les cieux. Le baron regarda le sorceleur se mettre à genoux sur la tombe en position méditative et se préparait à l'attente. En soupirant, Philippe rentra chez lui avec la tête d'un homme brisé.

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En rentrant au camp, il trouva Shiva et Ace discutant à voix basse autour du feu, Anaïs certainement dans sa chambre dans la tente avec Iro.

- Est-ce que je peux interrompre votre conversation pour demander un petit tête à tête avec mon époux, yoi ? demanda Marco en reprenant forme humaine.

- On avait fini. On reverra Geralt et Mandos dans deux jours, donc ? dit Shiva avec son ton froid coutumier.

- Et Thatch je ne sais quand, quand il aura fini de courir la lande avec Mandos sur l'épaule. Chaton, j'ai l'impression que l'esprit de ta mère s'est décidé à adopter cette pauvre enfant. Une petite Déa.

Ace haussa des sourcils de surprise, avant de sourire et d'accepter la main de son mari pour se relever.

- Vu comment ma mère a essayé de me protéger, je pense que c'est le mieux qu'on puisse donner à cette petite dans ces circonstances. Pour la prochaine fête des morts, je n'allumerai pas de cierge pour Sabo, mais pour elle, pour ma petite-sœur adoptive. Pour Déa. A plus tard, Shiva.

L'elfe leur fit un petit salut de la main avant de prendre un livre dans ses affaires pour s'occuper.

L'un contre l'autre, le couple s'éloigna pour trouver un coin tranquille et pas trop marécageux pour leurs petites affaires. Trouvant enfin l'endroit idéal, à une dizaine de minutes du camp, toujours dans les bois, ils s'arrêtèrent.

- C'est là qu'un leshen vient voir ce qu'il se passe, déconna le D. en commençant à retirer ses bottes. Tu me diras, avec tous ces arbres, on est assez protégé de la pluie.

Marco se débarrassa de sa cape avant d'attraper son époux par les hanches et de l'attirer contre lui pour l'embrasser. Il fit glisser sa bouche sur la gorge basanée du brun et commença à lui défaire la tunique.

- Tu me chatouilles, salaud, tu sais très bien que j'ai la gorge sensible.

- C'est pour ça que je m'y attaque… dis-moi, chaton. L'adoption, t'en penses quoi ?

- Si tu songes à Anaïs, je doute que sa mère et son frère soient d'accord, sans parler qu'on va se mettre les Stries Bleus et ce qu'il reste des services secrets de la Temeria à dos.

Ace repoussa juste assez son homme pour s'attaquer à la tunique de celui-ci.

- Je songeais pas à elle, yoi. Mais à un petit elfe.

Le mutant s'immobilisa. Il avait un mauvais pressentiment.

- Je l'aime bien ce Mandos, alors, je me dis qu'on pourrait l'adopter. On le kidnappe quand on rentre, Oyaji n'y verrait pas de problème, yoi.

- Marco… tu viens vraiment de dire ça ? Alors qu'on est sur le point de s'envoyer en l'air ?

- Oui, et ?

CLAC !

- ESPÈCE DE SALAUD !