Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour la suite des aventures de nos pirates et de Mandos dans leur quête pour retrouver Ciri et Luffy dans les terres du nord. sauf qu'à côté, y'a un petit truc à réglé. C'est bleu, avec un chaperon et bouffe, chie et vie pour la Temeria.
J'espère que ce chapitre sera à votre goût et je vous dis au week-end prochain.
La Bise
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Marco avait pris le dernier tour de garde pour une raison. Il se demandait si Mandos avait noté ce détail ou pas. Ou peut-être que le sommeil était encore trop présent dans l'esprit de l'elfe pour qu'il réalise une grosse évidence. Après tout, il buvait son café en caressant Khan, sans réaliser que Shinigami était normalement pile là où il se tenait. Plusieurs fois, il regarda le camp, mais le blond ne l'éclaira pas, se contentant de fumer paisiblement son kiseru depuis le sommet de sa branche.
- 'Morning … I'm sure I miss something … Help ? Too sleepy to think.
Vu qu'il était repassé à l'anglais, oui, il était clairement endormi.
- Got a message from Fire Fist. Catch me if you can.
Mandos fixa le vide et un air assassin assombrit le visage de l'elfe et sa magie prit le contrôle des ombres, effrayant les chevaux, avant que le sorcier ne réussisse à se faire violence et calme tout cela. La tasse de café n'était plus que de la poussière sur le sol à présent.
- Ton mari est un idiot.
Marco dû mordre sa pipe pour ne pas mourir de rire. Oh oui, il avait épousé un idiot. Il l'avait su dès qu'il l'avait vu pour la première fois. Mais que Davy Jones en soit témoin, il l'aimait. A en être fou. Il regarda Mandos qui avait ramené sa capuche sur la tête et avait pris ses armes.
- Je vais suivre leur piste…
Le Phénix se laissa tomber au sol. Il savait où et pourquoi son compagnon était parti. Il n'allait pas le dire ainsi, sauf si l'elfe était vraiment inquiet ou désespéré. Il se hissa sur Duke et flatta l'encolure de la monture. Shiva comprendrait la raison de leur absence.
- Tu sais comment Ace a rejoint notre équipage, yoi ? C'est parce qu'il s'est montré têtu et idiot. Pendant cent jours, non-stop.
Mandos le regarda étrangement.
-… Pour être têtu, il l'est, au point de m'inquiéter. Il est … décidé à me tuer de stress, c'est ça ? Ou me tuer tout court.
- Si c'était le but, il l'aurait fait ouvertement. Non, tu as fait la même erreur que l'on a fait la première fois avec lui et qu'on a refait régulièrement, yoi. Tu lui as posé un défi. Et c'est dans sa nature de foncer droit dedans pour te prouver qu'il peut le remporter et donc, que non seulement, il n'est pas quelqu'un qu'il faut sous-estimer, mais aussi qu'il est libre de choisir sa vie. Toi, tu lui as dit que tu étais capable de le suivre s'il cherchait à disparaître pour te préserver, nous, on lui a clairement dit qu'il n'arriverait pas à tuer Oyaji et qu'il devrait être content qu'on le veuille dans notre équipage, yoi. Dans les deux cas, il se démène pour prouver qu'on ne peut pas décider de ce genre de chose pour lui. Et ce genre de comportement me fait dire que malgré le temps qu'on a passé séparer, il conserve encore une bonne partie de son caractère de merde, yoi.
- … il n'avait rien à prouver. Et s'il se dit libre de choisir sa vie, qu'il ne décide pas pour moi en voulant me faire promettre de ne pas lui sauver la vie si c'est nécessaire.
Il lança Khan sur la piste.
- … je vais le suivre jusqu'à la frontière d'Oxenfurt. Si on ne le rattrape pas avant, je laisse tomber. Mais … de vous à moi. Sachez que ça fait mal.
- Je serais le dernier à te dire le contraire. Et je t'encourage à lui parler. Mais j'ai une confidence à te faire. Dans ces actes, il y a un autre message, yoi. C'est celui de ne pas faire l'erreur de t'attacher. Parce que cet idiot croit qu'il attire le malheur sur ceux qu'il côtoie. Et comme il t'apprécie, il veut t'éloigner pour te préserver. Ace est un tsundere, yoi. Et s'il apprend que j'ai dit ça de lui, je vais me retrouver avec une demande de divorce sur le coin de la figure.
- Bien. Bonne nouvelle pour lui, la Mort est une amie. Je risque pas de mourir tout de suite. Il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes. Et… je lui parlerais parce que c'est un peu tard… je me suis déjà attaché à cet idiot. Sa mère m'a raconté pas mal de choses avec Roger… Tu savais qu'il avait décidé avec ses deux frères cadets de mettre une famille d'ours dans la chambre de sa tutrice qui se plaignait d'avoir froid l'hiver ? Ou encore un nid de guêpes dans la salle du trône d'un palais. Royaume de Gao je crois, si tu situes où c'est. Et repartir pendant la débandade avec des objets de valeur. J'aurais aimé avoir des frères ou sœurs lorsque j'étais petit.
- Royaume de Goa, oui. Il occupe une partie de l'île de Dawn, où il a grandi, yoi. Ça c'est pas améliorer en grandissant. Il a déjà remplacé l'aide respiratoire de Oyaji par de l'hélium au moins une bonne dizaine de fois. Je ne sais toujours pas comment il a réussi à corrompre les infirmières pour qu'elles le laissent faire, yoi. On avait l'air très fin quand Big Mum est venue nous chercher des poux dans la tête et que notre capitaine, qui fait quand même six mètres de haut, a voulu parler. Il y a aussi la fois où il a disparu sans raison pendant une semaine, pour réapparaître un beau matin comme si rien ne s'était passé, jusqu'à ce qu'on apprenne que nos réserves d'alcools avaient fait des petits dans la nuit et que cet abrutit de Shanks voulait nous attaquer, parce qu'il s'avérait qu'Ace lui avait volé nos tonneaux d'alcools en trop, yoi.
Cela causa un fou rire à Mandos. Oui, ce genre de choses expliquait pourquoi on s'attachait si vite à Ace. Ce comportement d'éternel gamin était aussi un des points qui l'avait séduit.
Ils passèrent le reste de la chevauchée à échanger des histoires, des blagues et anecdotes, et par la même occasion, des explications sur leur monde d'origine. Après un temps, Mandos se concentra sur la piste. La frustration se lisait sur le visage de l'elfe. Entre les nids de monstres proches, les routes fréquentées, le sol sec… Ace était doué pour disparaître.
Et finalement, ils arrivèrent en vue de Oxenfurt.
Ils s'arrêtèrent là dans leur poursuite. De toute façon, la marque des sabots de Shinigami allait finir par se noyer dans celles des autres cavaliers qui avaient chevauché en direction de la ville récemment. Mais leur attention tomba sur une marque qui coupait celle du mutant. Une escouade de soldats, au vu du nombre et de la marque des pas dans la poussière. Pendant que Mandos descendait de Khan, Marco ne pouvait se départir d'un étrange sentiment. Il nota une trace sur un arbre. Quelqu'un était monté dedans. Un Scoia'tael, il aurait mis sa main à couper.
- Marco… vous sentez comme moi l'odeur ? Et je viens de relever une trace d'une troupe de Redaniens. Peut être dix, si je compte bien par rapport aux traces … et des traces de Scoia'tael blessés. Ace a déjà passé la frontière depuis au moins deux heures. Je m'arrête là. Mais …
- Je suis un oiseau, un rapace. Mon odorat est encore moins performant que celui d'un homme lambda, yoi. Ce que je sais par contre, c'est qu'on aurait dû passer un campement de Scoia'tael et qu'ils ont clairement levé le camp, alors qu'ils étaient là pour une bonne raison. Allons voir. Ne t'inquiète pas pour Ace, tout ira bien et il reviendra quand il aura fini son petit numéro.
Il fit virer sa monture pour rejoindre le bosquet d'arbre, chercher d'autres traces pouvant le mener aux blessés.
- Pas de soucis. Les traces vont par là… Iorveth m'a formé en tant que traqueur.
- Je te suis.
Il décrocha sa cape et la jeta en travers de selle. Il était heureux de prendre partout sa sacoche de médecin. C'était très utile dans ce genre d'urgence, surtout quand il était un partisan des Scoia'tael. Et vu qu'il était assez inimitable, on lui épargnerait la demande de mot de passe pour le conduire directement aux possibles blessés.
- Ils ne sont pas loin. Et on devrait avoir la sentinelle non loin. Sauf s'ils ont été trouvés par les Rédaniens. Et …
Mandos se tut brutalement, et Marco entendit clairement pourquoi. On se battait plus loin. Le bisentô aurait été clairement utile dans cette situation, mais il avait son kiseru qu'il retira de son dos alors qu'il sifflotait à sa monture d'accéléré. Mandos eut le premier mort en tuant le soldat Rédanien, mais avec son élan et le Haki, le Phénix parvint à défoncer le crâne d'un second, avant de sauter à terre.
- Marco … Vous connaissez combien de façon de faire une vivisection sur Rédanien ? Je pense que j'ai besoin d'un avis sur la question.
- ~~A terre !~~
Les elfes encore debout se jetèrent au sol juste à temps pour éviter le Rankyaku du Phénix qui trancha une belle ligne de soldats. Il plongea dans la mêlée et tomba sur Toruviel qui se battait dos à dos avec Vernossiel et… une humaine ? Encore plus étrange, la veste matelassé, que la jeune femme portait, était aux couleurs de la Temeria. La Strie Bleue ? Cyn, s'il se souvenait bien ? Eh bien elle se battait dos à dos avec les elfes, et non pas contre eux. Il ne voulait pas savoir le pourquoi du comment. Il fila un coup d'aile à un soldat qui prit la fuite en hurlant alors qu'il se consumait. Il jeta quelques unes de ses plumes qui se plantèrent dans des yeux ou des gorges, avant de sentir Mandos se glisser dans son dos.
- ~~Ils ne m'écouteront pas ! Ordonnes-leur de se boucher les oreilles ! Et charge toi que Cyn n'entende rien pour les prochaines secondes !~~ demanda le sorcier.
- ~~Attaque auditive imminente ! Bouchez vous les oreilles !~~
Et lui-même utilisa deux de ses plumes pour se percer les tympans par précaution. Toruviel attrapa Cyn et la jeta droit sur le Phénix avant de se boucher les oreilles. Le pirate attira la femme dans ses bras, malgré qu'elle se débatte. Il lui entoura la tête d'un bras pour lui boucher les oreilles avant de la cacher sous une de ses ailes.
Il vit Mandos lever son poing pour que le corbeau se pose dessus, mais il n'avait plus aucun son. Rien pour lui dire comment ou pourquoi le fait d'ouvrir le bec permit au krebin de mettre les Rédaniens à terre, du sang coulant de leurs yeux et oreilles comme si quelque chose avait explosé dedans.
Mandos tourna juste un peu la tête vers lui, mais pas assez pour que le médecin puisse lire sur ses lèvres. Il retourna la tête dans l'autre sens quand Vernossiel lui tapota l'épaule. Elle articula soigneusement que tout allait bien en se mettant face à lui, et le Phénix laissa sa régénération se mettre au boulot pour soigner ses oreilles. C'est là qu'il remarqua que Cyn s'agitait de façon erratique contre lui et la relâcha.
- De l'air ! Enfin ! haleta la blonde en inspirant profondément.
- Navré, s'excusa le médecin. Bon, on posera les questions après, les blessés d'abord, yoi.
- Ça va pour moi comme décision. Si tu as besoin de matériel, demande, proposa Mandos
- J'ai ce qu'il faut, merci. On a besoin de trois paires de bras valides pour réunir les corps, afin qu'on puisse les brûler et mettre de côté tout ce qu'on peut récupérer. Vernossiel, tu peux faire des soins pour les moins touchés ou tu n'as plus de matériel, yoi ?
- Il nous en reste encore, mais on est sur la fin. Iorveth est parti aujourd'hui avec les derniers réfugiés de Novigrad, il doit revenir avec du réapprovisionnement.
- Toruviel, Cyn, préparez le chariot, qu'on évacue rapidement, continua le pirate en commençant les soins.
Il demanderait plus tard ce que faisait la Strie Bleu avec des Scoia'tael. Il retint un sourire amusé en voyant la blonde servir de perchoire au krebin contre sa volonté. Après la démonstration de force de l'oiseau, on n'avait pas envie de le vexer.
Efficacement, avec l'aide de tous ceux en état, les blessés furent remis suffisamment sur pied pour qu'on puisse les transporter sur le chariot ou les chevaux. Mais avant même qu'ils n'aient pu lever le camp, la dispute prévisible éclata. Un des elfes se mit à accuser Cyn d'être la cause de l'attaque.
- Si ça avait été mon fait, je serais pas venue seule, mais avec le reste des Stries Bleus et je n'aurais pas pris la peine de me battre avec vous, lui répliqua froidement l'humaine.
- Tu aurais très bien pu nous vendre et choisir de te battre avec nous pour préserver le secret quand tu as vu que la bataille n'était pas en ta faveur, dh'oine !
- Assez ! Intervint Toruviel. Je tiens à rappeler que je suis celle qui l'a conduite jusqu'ici, et que si nous sommes venues, c'est justement parce qu'on a entendu le signal de détresse de Vernossiel !
- Tu trahis les tiens, Toruviel !
- Non ! J'essaie d'aller de l'avant et tirer vers le haut notre situation en mettant derrière moi le racisme. En me comportant comme une idiote, j'ai fini avec le nez cassé par Gwynbleidd.
- Je veux juste rappeler que si je chassais des elfes, j'aurais vendu le projet d'un sorceleur du nom d'Ace avec la complicité de la magicienne Triss Merigold, qui consistait à faire évacuer discrètement des elfes femmes que Loredo avait fait enlevé. Des femmes qui ont été confiées à l'escouade de Iorveth. Je savais tout ceci, mais je n'ai rien dit, alors qu'en livrant l'information à Vernon Roche, on aurait pu tendre une embuscade. J'ai aussi aidé à l'évacuation préventive de pas mal de femmes et enfants non-humains pour éviter un trop gros nombre de victimes durant le pogrom inévitable de Flotsam.
A la mention d'Ace, et non d'Ann, Marco jeta un regard à Mandos, l'air de dire "pas de commentaire".
La blonde s'avança vers l'elfe qui portait les accusations, un poing sur une hanche, un doigt féroce vers son "adversaire".
- Je chasse les bandits, ceux qui menacent les innocents et les petites gens. Pas des personnes qui cherchent à éviter des morts inutiles en évacuant leurs compatriotes. De base, si j'ai suivi Toruviel, c'est parce qu'elle et le Chat Noir m'ont sauvé la vie en tout début d'après-midi. Le commandant est très vexé et en colère, surtout de savoir que non seulement, une Scoia'tael m'a aidé, mais aussi parce que je voulais rencontrer le docteur Marco.
- Ah ? S'étonna vaguement le zoan.
Pourquoi donc avait-on besoin de lui ? Certes, si les gens dans les villes refusaient d'admettre qu'il était un Scoia'tael, c'est par peur de perdre un bon médecin, mais si des Stries Bleus avaient besoin de lui, alors, ce devait être sérieux.
- Les Nilfgaardiens se sont attaqués à un village qui avait offert son soutien aux Stries Bleus, expliqua Toruviel. Quand je suis arrivée, Cyn était partie en mission suicide pour les tuer, et Roche essayait de la sauver avec Deith Ichaer. J'ai apporté mon aide. Quand ça c'est fini, Cyn a demandé à ta femme si tu étais dans les environs parce qu'ils avaient des malades au camp.
- Roche a dû aimer.
- Encore plus quand je lui ai rappelé que sans l'avertissement de Shiva, Henselt nous aurait tué avant la bataille de Vergen, soupira la blonde en se frottant le front. Portgas nous a dit où aller, mais je connais mal la zone. Toruviel s'était proposée pour me guider…
- Et tu connais la suite Marco, conclut Vernossiel.
Du coin de l'œil, le pirate remarqua un frisson secouait Mandos quand celui-ci se serra dans ses propres bras. Mine de rien, il se rapprocha et lui posa une main légère et rassurante sur l'épaule.
- Même si je suis curieux de savoir comment vous avez réussi à former une relation presque amicale, toutes les trois, je pense qu'il y a des patients qui m'attendent. Je vais aller à Oxenfurt racheter ce qu'il faut pour vous aider, puis j'irais voir le grincheux de service, yoi.
- Offre lui des carottes. Ça rend aimable, ricana le sorcier. Et si besoin d'aide...
- Non, les carottes, je les garde pour le vampire aux longues oreilles. On se donne rendez-vous quelque part, Cyn ? Comme ça, Mandos et moi pourrons nous occuper de tes camarades, yoi.
Il jeta un œil à l'elfe pour savoir ce qu'il pensait de l'idée, et celui-ci se contenta de hausser des épaules.
- Ça me va. J'ai des trucs à acheter au marché pour refaire des stocks. Et si cela ne pose pas un souci à la miss qu'un elfe débarque, moi, ça ne me gêne pas.
- Le commandant ne va pas aimer, mais c'est pas comme si on avait le choix, soupira l'humaine. Sur l'autre rive, au nord de la porte est de Oxenfurt, il y a une cabane d'herboriste. On peut se retrouver là-bas.
- C'est bon pour moi. A plus tard, yoi.
Et le pirate se tourna vers l'elfe grinçant de tout à l'heure alors que Cyn s'en allait.
- Si tu veux remettre en doute un phénix, je t'en prie, c'est maintenant ou jamais.
L'Ecureuil baissa la tête pour cacher son rictus. Marco l'ignora et ramassa son kiseru.
- Bon, tu as terminé de gronder notre ami ici présent ? Si je te disais que je sais où aller pour les dh'oines du maître Grognon, ça aurait fait réagir comment Cyn ? se renseigna le jeune elfe.
Marco se tourna vers le guérisseur, même pas surpris par ce qu'il venait de dire. Il le regarda avec amusement mettre au défi leur petit raciste de merde après qu'il ait eu ramasser ses armes.
- On dit que feindre l'ignorance est parfois une bonne solution. Et je crois que ça s'applique ici, yoi.
Il se hissa sur Duke.
- Pars rejoindre Cyn quand tu auras fini de ton côté. Je serais plus rapide avec mes ailes, yoi. Mesdames, faites attention à vous, je reviens vite. Ne restez pas ici, brouillez les traces, qui peut dire si d'autres ne viendront pas. Si je croise Iorveth, je l'avertirais de ce qu'il s'est passé.
- Merci Marco, remercia Vernossiel avant de monter à cheval.
Et sans un mot de plus, le pirate talonna sa monture en direction d'Oxenfurt.
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Ne pas avoir Mandos dans les pattes l'arrangeait, pas besoin de préciser au jeune pourquoi il avait voulu absolument voir Shani. Thatch lui en aurait voulu. Mais pour le coup, ça offrait une autre paire de mains pour aider les malades. Une personne que Roche dénigrerait moins à voir faire les soins. Après avoir confié sa monture à la rousse en lui disant où l'attendre, il avait pris son envol, filant assez vite vers les hauteurs du ciel pour ne pas se faire voir. Son paquetage dans son bec, il vola rapidement jusqu'à retrouver les Scoia'tael qui étaient montés plus au nord, dans l'intention de rejoindre Roggeven, vu que la région était à présent totalement évacuée vers le sud et Flotsam, puis Vergen.
Sa livraison faîte, il repartit dans le ciel et alla rejoindre Mandos. Shani devait être arrivée au point de rendez-vous depuis le temps. Il arriva au-dessus des bois proches et se posa sur le sentier avant de reprendre sa forme humaine. Il regarda autour de lui. Quelque chose n'allait pas ici. Quelque chose de malsain rodait. Il se fit une note de consulter Geralt quand ils se rassembleraient. Ou Ace s'il revenait avant.
Quand il tomba sur la cabane de l'herbaliste, il trouva Mandos et Shani discutant autour d'un casse-croûte. Le blond jeta un dernier regard méfiant vers les bois avant de se joindre à eux. Il se hissa sur le toit et bourra son kiseru. Il fallait que Cyn arrive vite, avant qu'il ne veuille voir ce qu'il se passait et faire une connerie.
- Une tasse, Marco ? Hugin fait le guet pour l'instant.
- Si tu as de l'alcool fort, je suis preneur. J'ai cru comprendre qu'on avait enfin pendu Neroc, yoi ?
- Vous saviez pour lui, professeur ? s'étonna Shani.
- Un soupçon, mais il restait trop dans le rang pendant la bataille de Brenna pour me donner une raison de séparer sa tête de son corps.
Et le blond tira sur sa pipe immense en jetant un autre coup d'œil vers les bois.
- Marco, tu as le choix sur la bouteille, proposa Mandos en montrant deux bouteilles d'alcool.
- Choisis pour moi, sinon, je vais m'enfiler les deux.
Quel idée il avait eu de parler de ce salopard, maintenant, il avait presque la gerbe. Si y'en avait bien un qui avait un métier tailler parfaitement pour lui, c'était Neroc. Quoi de mieux pour un cannibale raffiné que le métier de croque-mort.
- Vodka maintenant, Whiskey plus tard, disons-nous.
Marco attrapa au vol la bouteille quand le krebin la lui lâcha et l'avala en quelques gorgées, au point de finir les dernières gouttes quand Cyn arriva sur son cheval. Elle regarda Shani sans comprendre qui elle était, ni ce qu'elle faisait là, jusqu'à ce que la rousse lui dise qu'elle avait aidé aux soins des victimes à Brenna et durant le soulèvement de Wyzima. Cela rassura clairement la Strie Bleue.
- Sinon, ma présence produit-elle un dérangement quelconque ? se renseigna Mandos en finissant de ranger ses affaires.
La témérienne le fixa en plissant le nez. La réponse était courue d'avance.
- Il a grogné … Même avec le docteur Marco. Tu n'es pas connu. Il ne te fait aucunement confiance. Cependant … il accepte à contre cœur.
- Chouette. J'adore me faire de nouveaux amis, répondit le jeune avec sarcasme. Et je me doute qu'il menacera de me tuer dès que je poserai le pied à votre campement si je deviens une menace pour ses hommes ?
- Il … oui.
- Je suis soigneur. Je ne tue que si on m'attaque.
Et il sourit à la blonde avant de faire signe au Phénix que c'était bon pour lui.
- Vu que je suis connu pour être un soutien des Scoia'tael, quand Thatch en est ouvertement un, je ne suis pas surpris que Vernon Roche n'apprécie pas ma présence, yoi. Je lui dirai en face ce que je pense, inutile de t'utiliser en pigeon voyageur, et toi, n'essaie pas de faire la moindre blague aviaire, petit poussin. Sinon, tu comprendras comment j'arrive à me faire respecter et obéir par un idiot comme Thatch.
Shani masqua son sourire derrière sa main alors que le blond enfourchait Duke. Il tendit un bras à la rousse qui l'utilisa pour monter sur la croupe de l'étalon.
-… Marco … je dois être le dernier à faire une blague aviaire puisque je suis concerné par l'état de boule de plumes, rappela Mandos en montant lui aussi sur sa monture avant de se tourner vers Cyn. Bon, allons-y, dh'oine. Je n'aime pas parler pour rien alors que des vies sont en jeu. Lorsque l'on a des blessés, on préfère que les soigneurs soient nombreux pour en garder un maximum en vie. Et je pense que vous devez comprendre cela.
Cyn ne releva pas le commentaire et fit virer de bord sa monture. Le reste du groupe la suivit. Ils chevauchèrent dans la rase campagne, entre des petits bosquets d'arbres, jusqu'au flanc d'une colline en pierre. Cyn descendit de cheval et leur montra un arbre proche pour qu'ils attachent leur monture. Shani descendit la première et récupéra son matériel dans les sacs de selle de Duke. Ni Marco, ni Mandos ne prirent d'armes. Enfin, Marco laissa son kiseru sur sa selle, mais ils étaient rares ceux à savoir pour la lame sous sa ceinture de tissu et hors de question qu'il laisse derrière, comme ça, un cadeau de son Oyaji. Le trio de médecins suivit la soldate sur un sentier tout juste discernable. S'ils se rapprochaient du QG des Stries Bleus, on pouvait admettre qu'ils savaient plutôt bien masquer leurs traces pour des humains. Ils arrivèrent devant une grotte, mais là, la discrétion n'était plus au rendez-vous, parce que sur l'un des murs, on avait installé une passerelle en bois. Ils n'allèrent pas bien loin qu'une sentinelle débarqua pour enguirlander Cyn, l'accusant presque de pactiser avec l'ennemi.
Résultat, il se prit un coup de poing dans la figure de la part de Shani, ce qui surprit la Strie Bleue.
- Maintenant écoute-moi bien espèce d'idiot ! Tu vas aller chercher Vernon Roche et lui dire que soit il ravale sa fierté et sauve des vies, soit il laisse trois médecins sur le pas de sa porte parce que ce sont des personnes qui ont eu le malheur de soigner des non-humains dans leur vie !
- On ne demande rien, pas de paiement, on est juste là parce que Cyn s'en fait pour vous et que peu importe nos différents et nos opinions contraires, on est prêt à mettre ça de côté pour vous sauver, yoi, renchérit Marco.
- Alors, on est là. On est médecin. On a tous fait le serment de soigner les malades. Alors, presse-toi. Ce n'est pas comme si des vies étaient en jeu. À l'odeur, je sais que certains souffrent d'infections, encouragea Mandos.
- Tu peux râler tout ce que tu veux, mais je vais chercher Vernon, dit froidement Cyn à son camarade en le poussant du chemin pour entrer dans la grotte.
- Je vais venir, en guise de bonne foi. Je suis la plus politiquement correct des trois, annonça Shani en hâtant le pas pour rejoindre la blonde.
Le pirate attendit qu'elles soient loin pour dire avec amusement ce qui venait de lui passer par le crâne.
- En grandissant, j'ai appris à me méfier des blondes, yoi. Cassandra était un démon sous la peau d'une femme. Mais quand je vois Shani… je me dis que les rousses aussi, je devrais m'en méfier.
- Ma mère était rousse et elle faisait trembler de terreur des mages noirs. Et j'ai une amie rousse que si tu mets en colère, tu souhaites ne pas t'être levé ce jour-là. Les blondes, ça va. Les rousses, cauchemars.
- J'ai pas eu beaucoup d'accrochages avec des rousses. Après, je reste persuadé que les blondes sont les pires. On a tous vu Rouge-san a l'action, yoi.
Cela eu le mérite de faire rire Mandos et leur valut un regard noir de la part du gars qui leur barrait toujours la route, un doigt sur la gâchette de son arbalète. Mais une voix le fit se mettre au garde à vous.
- J'espère que ce n'est pas de nous que vous riez, sinon, ça va mal aller.
Vernon Roche leur faisait le plaisir de venir à eux, clairement mécontent, Shani adressant un signe de victoire à ses collègues depuis le dos du témérien.
- Du tout, Mandos et moi étions en plein débat pour savoir qui des blondes ou des rousses il fallait se méfier le plus, yoi. Un avis sur la question, Vernon Roche ?
- Marco, abdique, ce sont les rousses. On a Triss Merigold dans le lot. Et Rouge est entre les deux. En tout honneur, Miss Shani, poursuivit Mandos.
Shani regarda les deux hommes en se demandant clairement ce qu'il leur passait par la tête pendant que Marco considérait l'argument.
Le témérien ne trouva même pas cela drôle. Surtout qu'à présent, il fixait Mandos.
- Et de quoi je dois m'attendre d'un elfe ?
- Qu'il soit médecin et qu'il a vécu en Téméria pendant un long moment. Vous ne nous aimez peut-être pas, Commandant Roche, mais ma priorité restera toujours de soigner.
Clairement, le soldat hésitait. Accepter l'offre ou pas... dure question. Finalement, il céda.
- Un pas de travers et je me charge personnellement de toi.
- D'acc. Bon ? On peut commencer ?
Roche eut du mal à masquer sa surprise de voir que Mandos acceptait sans sourciller de bosser sous la menace et la surveillance. Puis, il reprit sa contenance et fixa Marco avec une haine mal dissimulée. Le blond leva une main et porta la seconde à son cœur, comme pour prêter serment.
- "En présence des maîtres de cette École et devant l'effigie d'Hippocrate, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité dans l'exercice de la médecine. Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent et n'exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail, yoi. Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe, ma langue taira les secrets qui me seront confiés, et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime. Respectueux et reconnaissant envers mes maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que j'ai reçue de leurs pères, yoi. Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes confrères si j'y manque". Ceci est le serment d'Hippocrate. Et de tous les médecins qui l'ont prononcé, je suis celui qui le respecte le plus, et pourtant, ça fait plus de soixante ans que je l'ai prononcé. J'ai sauvé bons nombres de vies à Brenna, Shani en est témoin. Combien de tes hommes en seraient revenus sans moi ? A côté, oui, j'ai sauvé des commandants Scoia'tael qui auraient dû mourir dans le gouffre de l'Hydre, dont Iorveth. Parce que c'est mon devoir de médecin, yoi. Tu peux m'en vouloir pour ça, mais laisse-moi te rappeler une chose… le plus grand danger aujourd'hui, ce ne sont pas les Scoia'tael. Ce n'est pas Isengrim. Ni Iorveth et encore moins Yaevinn. Aujourd'hui, c'est une guerre humaine qui fait le plus de mal. Ce que les Scoia'tael et mon clan veulent aujourd'hui, c'est voir le moindre mal gagner, pour mettre fin à toute cette misère. Et on sait tous les deux ce que ça veut dire. Tu peux donc arrêter de nous voir comme une menace et nous laisser faire notre boulot, ou rester là à crever avec tes hommes, yoi.
Marco croisa les bras, attendant la réponse. Shani masqua son visage dans une main. Impossible de savoir si c'était sous l'exaspération ou l'envie de rire. Le pirate n'en avait rien à carrer de toute façon. Il avait dit sa part, à Roche de choisir.
Le soldat serra le poing et inclina très légèrement la tête. Venant de l'infâme Vernon Roche, c'était un miracle.
- On a échappé de peu avec ce qui reste de l'armée de Natalis aux Escadrons Noirs. N'attendez pas des remerciements avec des excuses. Je fais cela pour la Temeria.
- Je ne demande ni l'un, ni l'autre et je sais aussi que c'est pour la Temeria que tu tolères qu'Anaïs reste avec nous, yoi. Ce sens du devoir est quelque chose que j'admire particulièrement chez toi.
Vu la façon dont Roche lui tourna le dos en fulminant, il comprit que sa langue avait encore touché un point faible. Bien. Au moins, il pourrait faire son boulot. Il serait presque tenté de commencer directement par le commandant, mais s'il lui demandait de retirer là, comme ça, son armure, ça risquait de virer à la bagarre. Il était le bras-droit d'un Yonkou, il pouvait bien prétendre avoir un peu de diplomatie en lui.
Mandos soupira à côté de lui.
- Marco … he's hiding a wound. But he won't let himself be approached until all his men are healed.
Roche tiqua devant la langue qui lui était inconnue.
- Oui, je l'ai bien noté, moi aussi. Tu préfères t'en charger ou on doit demander à Shani de prendre cette mission, yoi ?
- Pourquoi j'ai l'impression que mon propre professeur prévoit pour moi une mission dangereuse comme soigner le patient le plus récalcitrant de cette escouade ? se renseigna la rousse.
- Nan, c'est bon. Je vais m'en charger. J'ai l'habitude d'idiots de dh'oine qui fuient les infirmeries comme si une Pesta s'y trouvait. Je vais simplement devoir travailler sur son accord.
- Ah, parle pas de Pesta, j'ai eu ma dose pour la prochaine décennie avec cette affaire.
- Je laisse ça aux sorceleurs. Assez parler, maintenant qu'il est décidé que Mandos prendrait le commandant, on va pouvoir se répartir les tâches, annonça Shani. Donc, commandant, je vous demanderais d'arrêter de traîner des pieds et de nous montrer les malades avant que ces messieurs ne me rendent folles avec leurs bêtises.
- Marco, étant le plus ancien, on est à tes ordres. J'ai demandé à Shiva de m'envoyer un second sac avec des couvertures entre autres. Besoin de choses en particulier ? Vous aussi Shani. Si vous avez quelque chose à demander.
- Parce que votre sac à cela dedans ? s'étonna Shani.
- En grande partie.
Ils étaient à présent dans la cave principale du réseau de grottes. La saleté était absente, au moins, Roche savait ça, mais ce n'était pas suffisant. L'infection était là. Des blessures mal soignées, la maladie, le manque d'hygiène et de nourriture. Tant de choses qui empêchaient la bonne remise sur pied.
- Je n'ai besoin de rien. Outre qu'encore une fois, je tuerais pour de la morphine. Si tu as des antidouleurs, je suis preneur, j'ai pas envie de devoir recourir au fisstech pour l'anesthésie, grimaça Marco en retirant sa cape qu'il jeta sur un rocher. Par contre, s'il faut recourir à une amputation, laissez-moi faire. Pour le reste, je sais que vous êtes apte à gérer sans moi pour vous dire comment faire votre job, yoi.
Il s'accroupit devant un des gars qu'il reconnaissait de Brenna. L'homme le connaissait déjà et lui ferait confiance. Sans que Marco ne le demande, il lui montra sa blessure, l'infection fit fermer les yeux de résignation au pirate.
- Mandos va s'occuper de toi, d'accord, yoi ?
- J'vous fais confiance, docteur, vous m'avez sauvé à Brenna, donc, je sais que vous essaierez de nous aider.
C'était les mots magiques que le Phénix avait priés pour entendre. Les rares anciens patients montreraient l'exemple pour rassurer les autres. Et s'ils laissaient Mandos faire des soins, ça faciliterait la mise en confiance. Le blond regarda l'elfe pour voir s'il était d'accord pendant que Shani se mettait déjà au travail de son côté. Il entendit vaguement Mandos se présenter alors que le blond commençait l'examen d'un autre patient. Et ça commençait mal, parce qu'il allait devoir procéder à une amputation de la main et d'une bonne partie de l'avant-bras. Quand le soldat protesta sous le diagnostic, le Phénix ne le ménagea pas :
- Ecoute, mon con, c'est bien simple. Je ne peux pas te sauver de l'infection qui remonte tes veines. C'est la gangrène, yoi. Et si on coupe pas maintenant, ça va continuer de se propager. Une fois que ça touche le cœur, c'est la mort. Si tu veux crever dans la douleur, à toi de voir, je garderai les anesthésiants pour d'autres personnes moins récalcitrantes à accepter mes soins !
Il avait un putain de diplôme de médecine, bordel !
Cyn arriva à cet instant avec deux lourdes marmites pleines d'eau.
- J'ai l'eau que vous avez demandé, docteur Shani ! informa la blonde.
- Parfait ! Fais bouillir tout ça et vides deux bouteilles de vodka dans chacune. A défaut d'avoir assez de désinfectant pour tout le monde, ça fera l'affaire. On utilisera ça pour le tissu souiller et les instruments, approuva la femme médecin.
La soldate hocha la tête et plaça les marmites sur deux feux de camp avant d'y vider de l'alcool. Profitant du fait que son patient soit distrait, Marco ouvrit la boîte d'anesthésiant que lui avait refilé en passant Mandos. Il prit une des seringues, la stérilisa par habitude avec ses plumes avant de prendre un des flacons pour remplir la piqûre.
- Hey, mais vous comptez me planter ça où ?
- Dans le bras, sauf si tu préfères que ce soit sur les fesses, ou pire. L'urètre.
Pour le coup, le gars des forces spéciales ne dit plus un mot. Le produit fut injecté dans une veine du bras valide, et en moins de dix secondes, le patient était dans le gaz. Il défit sa sacoche de soin et prit la scie de chirurgien.
- Cyn, t'as l'estomac bien accroché ? J'ai besoin de quelqu'un pour me tenir le bras pendant que je coupe, yoi.
La femme s'approcha et s'accroupit. Elle saisit fermement le bras infecté par la zone saine que lui désigna le blond avant qu'il n'attrape le poignet malade d'une main et mette la scie en action à quelques centimètres des doigts de la femme. Ce n'était l'affaire que de quelques secondes quand on avait le Haki dans son camp. Une fois fini, il jeta plus loin le membre malade et reposa sa scie. Il la nettoierait quand il en aurait fini avec le patient, pour l'instant, il devait stopper le début d'hémorragie. Il enflamme ses mains pour les nettoyer et en plaqua une contre le moignon, arrêtant le flot de sang et forçant le membre à s'en remettre. Quand il écarta ses doigts ensanglantés, une fine pellicule de peau avait pris la place de la chaire à vif. Avec toute la délicatesse du monde, il la nettoya avec un tissu propre et banda la zone pour la protéger.
- Je vais laisser en partant des bandages et des instructions sur comment en faire des propres et les stérilisés pour éviter les saloperies, yoi. Je peux compter sur toi pour être raisonnable à la place de Roche et t'assurer que les bandages seront changés régulièrement ? Roche pourrait laisser parler sa méfiance et refuser de m'écouter, yoi.
- Je le ferai.
- Merci. Tu peux nettoyer ça pendant que…
- J'ai une fracture ici du tibia/péroné déplacée qui a commencé à se ressouder. Va falloir casser les os à nouveau, appela Mandos depuis le chevet d'un nouveau patient. Et … un corps étranger sous cutané à opérer région sous abdominal. J'aurais besoin d'aide pour la fracture. Mais, pour le reste, ça va.
- Très bien, je continue de mon côté, appelle-moi quand je devrais me charger de la fracture, yoi.
- Vous vouliez que je nettoie le tissu, c'est ça ? reprit Cyn.
- Oui, mais prends garde à ne pas te brûler au passage, on n'a pas besoin que tu te fasses mal en plus.
Et la tournée des patients reprit. Pour chaque insulte et menace, Marco répondait avec agacement et acidité en pointant les faits et les risques, avant de pouvoir commencer à bosser. Pour les vétérans de Brenna, ceux qu'il avait déjà soigné, c'était plus des retrouvailles qu'on aurait voulu ne pas avoir. Ou du moins dans ces circonstances. Cyn courrait dans tous les sens, aidant Marco, Mandos et Shani quand ils en avaient besoin. La voir bosser avec eux était un plus pour rassurer certains récalcitrant, même si ça faisait grincer des dents Vernon. Mais au moins, ils lui apprenaient deux trois trucs au passage pour qu'elle ait une base de connaissance pouvant l'aider à agir dans le futur si elle se retrouvait en situation pareille.
Puis, vint le moment que Marco appréhender le plus et pour lequel, Roche allait le détester.
Plus la moindre goutte d'antidouleur. Et Mandos n'avait plus rien.
- Par le plus pur des hasards et des miracles, tu n'aurais pas… je sais pas… du pavot ? De la marijuana ? Ou même un ou deux joints de cannabis, yoi ?
- … Euh … Une seconde veux-tu ? lui répondit Mandos en fouillant dans son sac sans fond.
Malheureusement, il n'avait rien.
- … Non. Si tu avais eu de la chance, j'aurais eu du pavot. Mais non, rien.
- Kusou…
Marco fouilla sa sacoche, mais il n'avait rien non plus. Même pas des feuilles de coca que Shiva avait l'habitude de mâchonner quand elle faisait un travail magique particulièrement difficile. N'ayant pas d'autres solutions, le blond regarda son patient avec sérieux.
- Pour te retirer ce qu'il reste du carreau d'arbalète, je vais devoir t'ouvrir et ça va faire mal. Tu as le choix. Soit tu prends du fisstech pour apaiser la douleur, soit, on y va à blanc. C'est à toi de voir, je ne penserais pas moins de toi si tu choisis l'une ou l'autre des options.
Ce gars-là préféra y aller à blanc. Ses hurlements auraient réveillé un cimetière, mais cela ne déphasa pas pour autant le Phénix. Par contre, les suivants, eux, acceptèrent l'option fisstech quand on la leur proposa. Ainsi, en vérifiant bien de ne pas trop forcer sur la dose, il donna un peu de poudre aux malades. Il veilla tout de même à garder les noms en mémoire, parce que ceux-là, il faudrait les gardait à l'œil pour éviter un problème d'addiction
C'est en début de soirée qu'ils purent dire qu'ils avaient fait le tour. Ils étaient tous épuisés, mais les Forces Spéciales verraient un nouveau lever de soleil. Marco se lava ses mains sanglantes et enroula dans un tissu sale les membres amputés des soldats. Il s'en débarrasserait en partant.
- Professeur, je vais rester ici, annonça Shani en s'étirant pour chasser la fatigue. Ils ont plus besoin de moi que ces idiots qui lapent les mots de l'Eglise du Feu Éternel, sans compter que les Chasseurs de Sorcières m'ont fait comprendre que mes connaissances médicales faisaient de moi une cible possible.
- Très bien. Je verrais pour repasser dans les prochains jours, yoi.
- Et me demander l'autorisation ? grinça Roche depuis son coin de surveillance.
Les médecins l'ignorèrent royalement. Marco donna la liste de noms qu'il avait faite de ceux sur qui il avait utilisé du fisstech et la rousse hocha la tête, sachant qu'elle serait sa mission. C'est là que Mandos décida qu'il était temps pour monsieur grincheux de montrer ses blessures à un médecin et d'arrêter de faire l'idiot. Et c'était un show intéressant de voir le féroce Vernon Roche face à quelqu'un d'aussi têtu que lui qui n'était pas le moins du monde impressionner par ses grognements ou ses injures. Mais le plus amusant et fascinant, ce fut quand l'elfe se mit à jurer aussi bien que le faisait Vernon lui-même. Bon sang, pourquoi est-ce qu'il n'avait jamais de pop-corn quand il le fallait ? Parce que c'était du grand spectacle.
- Maintenant que l'on a établi que je ne devrais pas écouter mon oncle, qui est un dh'oine, lorsqu'il jure trop avec ses camarades, car oui, j'ai de la famille chez les humains et grand bien vous en fasse, je suis fier d'avoir de la famille qui est humaine…. Vous allez putain de vous assoir sur l'un des lits, montrer vos putains de blessures, oublier pendant je ne sais que foutre de plusieurs minutes que je suis un elfe. Merci, je le sais, j'ai un miroir pour le voir, bordel de merde. Et vous allez vous laisser soigner pour repartir botter le cul à des Escadrons Noirs. Avant que vous ne recommenciez, vous êtes l'un des rares officiers Témériens que je respecte et avec qui je suis sûr que la princesse de Téméria sera toujours en sécurité. Mais si vous voulez qu'elle le soit encore, faut être en vie, triple cervelle de goule atrophiée. Parce qu'entre vous et moi, je suis celui qui a un diplôme de médecin-chirurgien. Alors, assis, montrez votre blessure et fermez-la !
Le Phénix applaudit.
Il ne pouvait rien faire d'autre. Marco avait déjà du mal à se retenir de rire, alors, autant applaudir. Parce que oui, couper le sifflet de l'infâme Vernon Roche valait des applaudissements et au moins une belle médaille en chocolat. Il eut encore plus envie de rire quand Mandos mit ses propres armes hors de portée des mains de Roche pour ne pas lui donner la tentation. Voyant que l'elfe gérait, le pirate le laissa faire, pour mettre l'instant à profit pour faire le point avec Shani et Cyn sur l'état des malades et ce qu'il devait être fait pour que leur santé continue de s'améliorer. Parfois, il entendait Vernon jurer et râler mais le guérisseur savait son boulot, et surtout, comment gérait le commandant hostile. Jusqu'à ce que le sorcier l'interpelle.
- ...Marco ?! Roche m'a aidé pour ma malédiction ! Je l'aide quand il veut maintenant !
Le Phénix se retourna juste à temps pour voir l'elfe s'effondrer
- Mandos ? MANDOS ! HARRY !
Aucune réponse. Le blond avait traversé la distance et secouait à présent l'elfe inconscient… avant d'entendre un ronflement. Il soupira profondément de soulagement.
- Mais il fait quoi, là ?! protesta Vernon.
- Il s'est poussé à bout pour qu'on puisse soigner tout le monde, toi y compris. Alors, tu fermes ta gueule et crois-moi… je te recommande de ne plus dire un mot. Vraiment.
Tout en gardant Mandos dans ses bras, il réunit avec ses serres les armes et affaires de celui-ci, avec l'aide de Shani qui l'assista à fourrer tout dans le sac sans fond de l'elfe. Le pirate adressa un regard à Shani qui hocha la tête en posant le sac sur le ventre de Mandos entre les bras du pirate.
- Si ça te fait te sentir mieux, oublie ce qu'il s'est passé. Moi, j'ai un idiot avec une sale manie de vouloir sauver les autres, à ramener au camp. Bon courage Shani.
Il était en colère ? Oui. C'était un gamin. Il brûlait d'une flamme qui laissait voir de l'espoir où on ne voyait que l'obscurité. Ce jeune avait poussé son esprit et son corps à bout pour quelques remerciements prononcés à regret. Ou la haine et la méfiance. Il trouvait ça rageant. Donner son tout pour presque un crachat à la figure, ce n'était pas ce qu'il voulait voir pour un gamin aussi bon que Mandos.
Il quitta la cave, l'elfe toujours dans ses bras. Il sifflota Khan, lui disant de suivre Duke. Avec Mandos inconscient, il ne pouvait pas le mettre seul sur sa monture au risque le voir tomber. Alors, il le prit avec lui sur Duke, accrocha le sac du jeune à ses sacoches de selle et attrapa la bride.
- On rentre, mister Dukey.
Et l'animal se mit en marche.
Alors que la lune se levait, le pirate voulait laisser derrière lui une après-midi et soirée très épuisante.
- Tu devrais songer à être égoïste, Harry. Vraiment. Tu as bien assez donné pour ceux qui n'en valent pas la peine, yoi. Tu vaux bien plus qu'eux. Préserves-toi. Tu crois qu'Ace a pris le large pour quoi ? Je t'ai raconté des conneries, mais la réalité, c'est qu'on a perdu assez de monde, et qu'on ne veut pas que tu rejoignes cette liste, yoi.
Il regarda l'elfe endormi contre lui.
- Avance. Songe à toi. Vie pour toi. Arrête d'attendre après les autres, yoi. Tu as assez donné pour ceux qui ne veulent pas prendre leur vie en main. Pour ceux qui veulent rester aveugle dans leur merde. Préserve ta flamme, Harry. Garde-la précieusement.
Il soupira et ferma les yeux.
C'est dans ce genre de situation où il aurait eu besoin de Shirohige, même si aujourd'hui, il avait dépassé l'âge de son paternel.
Une bien trop longue soirée à son goût.
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Geralt et Thatch avaient repris la route dès les premières lumières de l'aube. Une chevauchée au travers des marécages pour trouver un semblant de civilisation. Culterrier. Franchement, si les Moires les faisaient littéralement marcher pour rien, ça allait barder. Sévère.
Le village en question surplombait le marais et il était à flanc de colline. Dur de le louper. Surtout quand une bande de moutons dissidents avait envie de leur couper la route.
Trouver l'échevin était assez simple. Thatch laissa le sorceleur gérait. Leur homme ne se montra pas des plus loquace jusqu'à ce que Geralt lui montre la dague.
De ce que l'échevin leur raconta, la guerre avait réveillé une puissance maléfique très ancienne, se nourrissant de carnage, tourmentant les habitants et allant même jusqu'à en faire disparaître quelques-uns durant leur sommeil qui former au matin un tas de corps aux pieds du grand arbre de la Colline Dolente. Personne n'avait osé déplacer les défunts.
Et qu'est-ce qu'ils regrettèrent d'avoir dit oui. Parce qu'ils y allèrent à cette colline. Et il n'y avait rien. Oui, bon, on avait bien des corps à moitié dévorés par des bêtes sauvages ou des monstres. Mais rien d'autre. Ils trouvèrent une caverne sous l'arbre, avec des traces de rituels, mais rien de plus. C'était… comme si quelqu'un était venu avant eux.
C'est donc frustré qu'ils revinrent vers l'échevin pour lui annoncer la nouvelle. Chose que l'homme avait dû mal à croire. Après tout, la présence était toujours à proximité de la colline… presque comme si elle voulait faire croire qu'elle était toujours là, à sa place, alors que clairement, elle avait bougé.
Et quelque chose leur disait que Mandos, Shiva et Ace y étaient pour quelque chose malgré l'absence de trace.
Le fait est que le problème pouvait être vu comme réglé. Plus ou moins ? Parce que certes, l'entité n'était plus là, même si elle avait fait croire le contraire, mais maintenant que la supercherie était dévoilée, elle n'allait pas s'attarder. Il restait donc l'affaire du paiement que l'échevin devait aux Moires.
- Donnez-moi la dague et attendez-moi ici.
Perplexe, le sorceleur lui donna l'arme et regarda l'échevin s'éloigner. Bientôt, l'air se gorgea de sang. Les deux hommes se regardèrent mais ils n'eurent pas le temps de faire une réflexion que leur interlocuteur revint avec la dague et... une oreille. Il avait littéralement une oreille sanglante et humaine dans sa main. Et vu qu'il avait son autre main plaquée contre son crâne, on pouvait facilement deviner l'origine de l'organe sensoriel.
Et comme si c'était tout à fait normal, il leur donna le morceau de chair en disant que c'était le paiement pour les Dames.
- What the fuck… chuchota Thatch avec des yeux ronds.
- Bon sang, mais qu'est-ce qui vous a pris ? gronda Geralt.
- Vous ne pouvez pas comprendre, étrangers. C'est notre pacte, le prix de leur protection.
- Cela explique les oreilles qu'on a vu dans les bois… marmonna le vampire.
- N'y pensez pas, vous serez bientôt parti, mais nous, c'est ici qu'on vit. On doit penser à nos enfants. Velen est une terre oubliée des dieux et des hommes. Pour survivre ici, on doit se protéger... d'une manière ou d'une autre.
Et il rentra chez lui.
- Tu la veux ? proposa Geralt au vampire en lui montrant l'oreille encore dégoulinante de sang.
- C'est ta fille qu'on cherche, alors, tu gardes cette oreille.
Il était temps de retourner à Torséchine pour donner aux Moires cette… charmante oreille.
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Il était facile de trouver la pierre dont avait parlé la vieille dame. Y'en avait qu'une assez énorme dans le coin pour correspondre à la description. Et pour rendre l'affaire plus sanglante, elle était couverte d'empreintes de mains en sang.
Un orage sans nuage éclata au-dessus d'eux. Mais pas d'éclair ou de pluie. Juste son grondement de colère. Puis des murmures indiscernables s'élevèrent de partout, ponctués par des gémissements langoureux de femmes. La brume se leva sur les marais environnants et trois silhouettes tordues en sortirent.
Trois apparitions si monstrueuses que les deux hommes sortirent leur arme.
Difformes, grotesques, purulentes, brûlées. La violence, la mort, la pestilence et la douleur se dégageaient d'elle. L'une d'elle, la seule à avoir le visage découvert, avait littéralement une sorte de ruche dans un de ses orbites d'où sortaient des asticots et des mouches. En plus de son chapeau pointu rouge sale, elle avait un nœud coulant autour du cou. Très évocateur. Facile de savoir qui elle était sur la tapisserie parce qu'elle avait une seconde paire de jambes atrophiés sortant de dessous sa robe d'un bleu sale.
La plus imposante, avec ses trois doigts, était plus énorme que Geralt et Thatch côte à côte. Si énorme que sa robe, maintenue par des cordes, ne pouvait contenir les bourrelets de chair brûlés qu'étaient sa poitrine. Elle avait une sorte de panier sur le visage, qui lui-même était intégré à une capuche de fortune rattachée au cou par un collier de fer digne d'un esclave.
La simple vue de ce collier figea le vampire.
La dernière, elle avait une capuche et un tissu rouge avec un micro grillage. Pas assez gros pour voir son visage mais suffisant pour qu'elle puisse les voir. Facile de savoir qui elle était aussi, sur la toile, avec son collier d'oreilles humaines. Ce qui fit monter la pression sanguine des deux hommes, c'était l'énorme besace d'un blanc sale qui pendait au travers de son torse. Du sang le tâcher et des membres coupés en dépasser. Des membres d'enfants.
- Rangez vos lames, jeunes gens, dit la créature aux quatre jambes.
- Ils sont encore plus beaux en vrai, remarqua la mastodonte.
- Et vous, bien différentes de vos images sur la tapisserie, pointa Geralt en resserrant sa prise sur son glaive
La vieille humaine arriva de derrière les Moires et la troisième l'attrapa par le bras et la poussa vers la pierre.
- Eh bien, apporte vite ça !
Lentement, la vieille femme s'approcha de la pierre et ramassa délicatement l'oreille. Elle jeta un regard indescriptible aux deux hommes avant de baisser de nouveau les yeux vers le morceau de chair dans sa main. Jugeant qu'elle n'allait pas assez vite, la Moire passa une de ses griffes dans le creux de sa main. En réponse, une marque pleine de flammes apparut sur le dos de la même main chez la vieille femme, la faisant hurler de douleur. La fumée s'en élevait comme si les chairs étaient brûlées. Elle se retourna vers les Moires et la responsable lui fit un signe.
- Ne reste pas planter là, espèce d'idiote.
La vieille courut lui remettre l'oreille avant d'être poussé au sol d'un geste négligeant.
Le visage du vampire perdit son combat et se contracta, laissant paraître ses crocs et faisant briller encore plus ses yeux ambrés.
Sans s'occuper de la malheureuse vieille femme qui se relevait difficilement, la Moire troua l'oreille entre deux griffes avant de l'accrocher parmi les autres qu'elle conservait autour de son cou.
- Ne cherche plus jamais à nous trahir, menaça la Moire aux oreilles.
- Tes enfants sont tendres et dodus, raison pour laquelle nous te pardonnons cette transgression. Tu as clairement bien travaillé.
Un sifflement menaçant sortit de la gorge du vampire.
Retenant un sanglot, la vieille s'en alla. Cependant, la marque était restée à l'esprit de Geralt. Quelque chose lui disait que c'était la femme du baron.
- Anna Strenger, l'épouse du baron de Perchefreux, reconnu froidement Geralt.
- Elle ne lui appartient plus, informa la Moire aux quatre jambes.
- Un fruit poussait en son ventre, dit la troisième. L'homme qu'elle haïssait avait répandu sa semence en elle.
- Nous l'avons aidée et depuis, elle nous sert, conclu la première.
- Elle porte la marque ! renchérit la seconde avec un geste d'une de ses griffes pour prouver son point. Elle nous appartient ! Mais ce n'est pas elle que vous cherchez, on se trompe, messieurs ?
- Namae… gronda Thatch.
- Que nous demandes-tu, séduisant vampire ?
- Vos putains de nom de merde…
Qu'il sache qui il allait tuer, mais ça, il ne le précisa pas.
- Oooh, agressifs, comme je les aime… ronronna la Moire aux oreilles donnant presque envie de vomir aux hommes. Je suis Soupir. Voici Ambroisie…
Elle montra la plus imposante d'un geste de la main.
- Et Fuselle qui est celle qui a tissé cette très belle toile que vous avez vue.
Parfait. Le nom de trois cibles. Tout ce dont il avait besoin.
- On a rempli notre part du marché, à vous de remplir la vôtre, leur dit froidement Geralt.
Il ne fallait pas qu'elles posent de question sur la Colline Dolente. Surtout pas.
- Parole donnée, jamais nous ne brisons, assura Soupir.
- La fille, pauvre petite chose, aux cheveux gris souris et le garçon, noir comme l'onyx mais aussi lumineux que le soleil… commença Fuselle.
- Maigre comme des clous, épuisés et brûlant de colère…. Ils arrivaient tout juste à tenir debout...poursuivi Ambroisie.
- Nous les avons pris sous notre aile.
- Comme s'ils étaient nos propres enfants.
- Peine perdu, ce n'étaient que de misérables ingrats.
- Méchants, obstinés et insensibles !
- Je ne vous crois pas. Vous avez donné votre parole, alors, dîtes-moi tout ce que vous savez, exigea Geralt.
- Bien entendu, mon garçon.
Alors, elles racontèrent comment elles avaient prédit la venue de deux personnes très spéciales en observant des flaques d'eau. Des personnes qui arriveraient du marais en se soutenant l'un et l'autre. Au départ, elles avaient eu des doutes, mais après avoir goûté à leur sang une fois qu'ils furent effondrés, les Moires avaient eu la confirmation. L'Enfant de Sang Ancien et le D.
Elles les avaient entre leurs mains.
Ambroisie avait voulu les manger, mais Soupir s'y était opposée. Parce que Ciri était réservée à quelqu'un d'autre. Pour le D., par contre, elles pouvaient se faire plaisir, une fois qu'il aurait eu plus de chair sur les os.
Le nom de la personne qui voulait Ciri sonna quelques cloches pour Geralt. Imlerith. Même si le nom ne lui était pas familier, il le renvoyait à la Chasse Sauvage.
Sauf que les deux jeunes avaient dû entendre leur plan puisqu'ils avaient pris la fuite. Au moment même où la Chasse décidait de venir chercher son dû.
- Vous avez essayé de les tuer, gronda Geralt. Vous avez cherché à les tuer comme des bêtes.
- Eh bien, leur sang portait en eux la force, la vigueur et la fougue de la jeunesse. Le vampire doit comprendre ce que c'est. A quel point on ne peut y résister.
Thatch montra encore plus les crocs.
- Un D. et une Enfant de Sang Ancien. Mais vous le saviez déjà, n'est-ce pas ?
Aucun des deux ne répondit.
- Quel dommage qu'ils se soient enfuis.
- Ils se sont enfuis, mais on les retrouvera. Et ensuite, on reviendra vous tuer. Et quand je dis on, je ne parle pas que de nous quatre, mais aussi du grand-frère de Luffy. Et vous n'êtes pas prêt pour Hiken no Ace, averti Thatch.
- Oh, vous reviendrez, c'est vrai. Nos destins sont liés, confirma Fuselle.
- La mort sera au rendez-vous, mais pas pour nous, narga Soupir.
- On demandera à son envoyé ce qu'il en pense, dit froidement Geralt.
- Partez, maintenant. Partez à la poursuite d'ombres insaisissables, congédia Ambroisie.
- Vous les verrez souvent mais ça ne sera qu'un mirage…
- Et si par miracle, vous les trouvez… ils mourront…
Et en riant, et avec des gestes plus qu'obscènes, elles s'en allèrent (Ambroisie tapotant son énorme arrière train et Fuselle écartant sa paire de jambes atrophiées dans un geste très évocateur).
- On se reverra, beaux chevaliers !
Et elles disparurent en riant dans la brume.
Geralt ferma les yeux et Thatch vomit littéralement sur la pierre.
.
.
Au campement, Shiva eut un sourire.
- Checkmate.
Elle aimait doubler ses adversaires.
