Bonjour à tous ! On se retrouve en novembre, à la fin de la Spooky saison, pour traiter du cas Witcher. D'un côté, nous allons parler des traumas d'Ace et de comment on s'en débarrasse de façon efficace. Mais aussi, traiter de quelques petits trucs, comme un concert très particulier de la miss Priscilla. Et on remercie Samy pour cette magnifique balade.

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Ils avaient chevauchés rapidement.

Un pressentiment.

Quelque chose n'allait pas avec Mandos.

C'était comme une voix à leur oreille. C'est pour cela que Marco était si haut dans le ciel pendant qu'Ace courrait la lande sur Shinigami. Sans savoir pourquoi, il avait l'impression d'avoir fait une connerie en envoyant l'elfe à Oreton. C'est avec un certain soulagement que le D. vit son homme fondre du ciel et disparaître de sa vue. Il avait trouvé Mandos. Il ne fallut que quelques minutes, en suivant la Vivre Card, pour retrouver Marco, et ainsi, l'elfe un peu palot.

- Dis-moi que tu vas bien, demanda prestement le D. en arrêtant sa monture à côté de Mandos.

- Je vais bien ? Je pense… ? Juste… plus jamais seul trop longtemps jusqu'à ce que l'on fasse au moins sauter cette chaîne-là. Et ton camarade Chat ?

- Gaëtan est sans importance, tu es prioritaire. Si je dis ou fais quelque chose qui te mets en danger, dis-le moi putain !

- Ace, calmes-toi, maintenant on sait, on ne le laissera pas se reproduire, l'affaire est close. On va prendre quelques instants pour se reposer et se calmer, yoi, intervint calmement Marco. Je peux t'aider pour quelque chose, Mandos ?

- M'apporter la tête de Gaunter sur un plateau et qu'Ace y foute le feu ? Ce serait tellement bien là. Et non, ça va. La sensation a disparu dès que vous êtes arrivé proche. Et tu n'as rien fait, Ace. On va plutôt dire que c'est moi qui ait fait une connerie. J'avais oublié cette chaîne. J'avais oublié que je ne pouvais pas m'écarter du groupe. Qu'il fallait en avoir au moins un proche. Tu n'es coupable en rien.

Marco tendit une main à Ace qui lui donna la Vivre Card, qui fut couper en deux. Ace récupéra un morceau mais l'autre fut déposé dans la main de Mandos.

Pas un mot, par peur que Gaunter n'entende pourquoi ils faisaient ça. C'était littéralement un morceau de Marco. En conservant ça sur lui, Mandos était vu comme avec eux.

- Prenons notre temps, on n'est plus à ça prêt, dit calmement le Phénix. Sans compter que ça solidifiera ton alibi. Certains pensent que ce n'est pas un iffrit qui a été lâché sur le QG des sorcières mais un coup de l'Incendiaire de Rivia, yoi.

- Shiva a pété un plomb, c'est ça ? Devina le D.

- Elle a failli perdre le contrôle et elle a vu ça comme alternative.

- Ah. Et Menge ?

- Une nouvelle tête réduite pour sa collection. Ou pour Triss, puisqu'elle semblait intéressée. En rentrant, on va faire un détour, du côté de Keira, j'ai un message pour elle, yoi.

- Okay… ça me va… Merci d'être venu me chercher au fait.

- On laisse pas les nôtres comme ça. Tu fais partie de la famille, yoi.

Marco ébouriffa les cheveux de Mandos avant de se hisser derrière Ace sur Shinigami.

Le détour chez Keira, en fin d'après-midi, fut court. Simplement pour lui dire qu'un megascope avait été caché dans les sous-sols de Novigrad, sous une lourde illusion, pour qu'elle et Triss puissent entrer en contact. Qu'elle sache qu'il y avait une évacuation pour le Kovir de prévu, et que si elle voulait en faire partie, elle n'avait qu'à le dire.

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Ils arrivèrent à la tombée de la nuit à Novigrad, juste assez tôt pour qu'une Gretka toute excitée leur dise que Priscilla était de nouveau en ville et que le soir-même, elle allait présenter une nouvelle composition au Martin-Pêcheur.

La façon dont Mandos encouragea, sans pourtant insister, à aller la voir, avait quelque chose de suspect. Il tenait à ce qu'ils aillent la voir, donc, elle devait être importante pour leur mission de retrouver Jaskier. Le positif dans cette excursion, c'est qu'au moins, on voyait l'étendue de la force vitale du D. qui l'avait fait se remettre aussi vite d'une opération aussi difficile. Certes, l'endurance n'était pas encore là, mais ça viendrait. Têtu comme il était, on se doutait bien qu'il ferait ce qu'il fallait pour retrouver ses capacités.

Le groupe alla donc rejoindre l'auberge où Priscilla faisait ses représentations, Ace se plaignant auprès de Shiva pour le changement brutal de sa réputation. Il se tût rapidement en voyant la blonde sur scène et avec la demande de ne pas refaire un concert de rock, il prit place avec le groupe au premier rang.

La musicienne accorda son instrument et se mit à jouer un air mélancolique, presque triste. Rien d'exceptionnel, jusqu'aux premiers vers qui firent froncer les sourcils aux D.

- Belle mystérieuse aux yeux d'argent

Et à la chevelure noire dans le vent

Je t'ai cherché à en perdre mon âme

Tu as pris mon cœur au creux de tes flammes

M'attendras-tu seule jusqu'à un nouveau soir ?

C'était un hasard, n'est-ce pas ? Le refrain fit ouvrir des yeux ronds d'horreur au D. Non, ce n'était pas une coïncidence.

À chaque route, belle féline, j'ai entendu ton nom

Tes flammes brisant les malédictions

Je veux savoir si tu m'aimes encore ?

Toi qui sauves les enfants du mauvais sort.

Putain de bordel de merde.

Le destin se foutait de lui. Tout le monde avait fait la connexion dans le groupe. Même Gretka. Cette chanson était à son sujet. Ou plutôt, au sujet des amours de Portgas D. Anabela. Le vers suivant lui fit tourner la tête vers Marco qui avait fermé les yeux, indéchiffrable.

Sur les routes maudites, j'ai entrevu ta silhouette

Comme un rêve, tu files entre mes doigts.

Alors que ton cœur cours sur la plaine affrontant le désarroi

Écoutant les enfants sauvés, célébrant ta fête

Je continue à suivre ton chemin, suivant la trace de tes pas.

Il avait envie de se lever et d'interrompre la représentation. C'était leur histoire à lui et Marco ! Leur vie privée ! Comment avait-elle appris cela ?! Cela ne la regardait pas ! Il plaqua ses mains sur son visage, masquant ses yeux, ses joues brûlantes d'embarras. Même sous kairoseki, il allait s'embraser.

À chaque route, belle féline, j'ai entendu ton nom

Tes flammes brisant les malédictions

Je veux savoir si tu m'aimes encore ?

Toi qui sauves les enfants du mauvais sort.

Geralt jeta un œil au D. et se laissa aller en arrière contre son dossier, satisfait. Il avait sa vengeance pour les taquineries qu'il avait subi suite au premier concert de Priscilla. Et le mieux ? Il n'avait rien eu à faire.

Cette nuit, dans une ville en flamme,

Je t'ai vu au plus clair de mon âme.

Tu protégeais une enfant des griffes de la mauvaise fortune.

Tu as relevé la tête, chasseuse, et j'ai eu peur de tes armes

Mais ton amour encore tu clames, car j'ai vu tes larmes.

Marco adressa un regard suspicieux à son frère qui leva les mains pour se défendre. Pourtant, il n'y avait pas grand monde qui sache qu'ils s'étaient retrouvés, Ace et lui, autour d'une passe d'armes. Le D. se leva d'un bond, cacha son visage sous sa capuche et courut hors de la taverne.

À chaque route, belle féline, j'ai entendu ton nom

Tes flammes brisant les malédictions

Je veux savoir si tu m'aimes encore ?

Toi qui sauves les enfants du mauvais sort.

Marco applaudit vaguement. II toucherait deux mots à la barde pour lui demander de ne plus ressortir ce titre. Même si le mal était déjà fait, ça lui rappelait que trop bien le temps perdu et les incertitudes. Ou alors, qu'elle attende la mort des acteurs pour chanter ce titre à nouveau. Geralt fit un signe à la chanteuse. Ils devaient parler. La barde s'inclina une dernière fois avant de quitter la scène.

- Commandant Izou serait aux anges s'il apprenait pour cette balade, nota Shiva alors qu'ils rejoignaient la barde dans sa chambre.

- Ne t'avise même pas, averti le blond.

- J'ai trop de respect pour Ace pour lui faire un coup pareil. Après, je suis certainz d'avoir vu un des dials vierges disparaître des affaires de Ciri.

- Pourquoi je suis le coupable par défaut ? s'enquit Thatch en voyant les regards suspects.

- Tous les témoins de notre histoire sont là. Tu vois Geralt raconté ça à Priscilla, yoi ?

- Marco, frangin, je sais très bien que tu ne supportes pas qu'on mette le nez dans tes histoires d'amour. Je fais peut-être des conneries, mais pas au point d'aller sciemment contre quelque chose que je sais que tu ne supportes pas.

La dispute s'arrêta sur le pas de la porte de la musicienne. En entrant, Marco se fit une note de lui toucher deux mots à la fin et en privé. Il valait mieux en parler en tête à tête pour ne pas en faire un scandale.

La femme les salua, clairement ignorante de ce qu'elle avait causé comme réaction avec sa chanson.

- On s'est dit que vous voudriez savoir où est Jaskier, lui dit Shiva. Il est actuellement retenu dans les cachots de l'île du temple.

- Je ne trouve pas ça drôle, leur dit la blonde.

- Malheureusement, c'est vrai. Même invisible, j'ai eu du mal à y entrer et à le voir, soupira le vampire.

- Cependant, nous avons un plan pour le sortir de là et pour cela, nous avons besoin de Doudou.

- Vous devez trouver Doudou, pour trouver Jaskier, pour ensuite, espérer trouver vos proches ? Excusez-moi de vous le dire, mais vous n'êtes pas sorti de l'auberge.

- Luffy est un D., on s'en doutait, lui dit Shiva d'un ton blasé.

- Je vous souhaite bonne chance.

- Notre seconde solution, c'est de trouver le Petit Bâtard, et avoir un semblant de réponse, mais l'homme est lui aussi introuvable, pointa Marco

- Dîtes, vous avez fait connaissance comment, vous et Doudou ? se renseigna Geralt.

- Eh bien, il avait pris l'apparence de Jaskier pour venir me voir, mais j'ai tout de suite vu la différence, sourit la blondinette.

- Moins vantard ? devina la petite Anaïs.

- Clairement petite demoiselle. Il s'est révélé à moi et nous avons pas mal discuté, au point de devenir amis. Et il s'avère que nous avons une passion commune pour le théâtre.

Shiva eut une grande inspiration et attrapa le visage de Mandos pour l'embrasser bruyamment sur la joue.

- Pardon, j'ai laissé un peu de venin. Ne bouge pas, je vais t'essuyer la joue.

Et elle prit un morceau du foulard qui pendait de son crâne pour essuyer méticuleusement le venin avant qu'il n'ait le temps de faire de mal. Marco, quant à lui, ébouriffa les cheveux de l'elfe. Mandos leur avait parlé d'une pièce de théâtre avec Priscilla, et là, Priscilla parlait de sa passion commune avec Doudou pour le théâtre. C'était la solution. Mandos eu un rire, soulagé.

- Je pensais que vous ne comprendriez pas, comme la dernière fois. Merci Merlin. Vous avez votre réponse. Vous comprenez maintenant pourquoi j'insistais autant pour venir.

- La dernière fois tu avais été un peu trop subtil, on est des pirates, pas les gens les plus brillants de ce monde, ricana Thatch.

L'elfe se contenta de hausser des épaules.

- On a besoin de faire passer un message à Doudou. Il est clair qu'il doit se cacher, on a besoin qu'il se montre. S'il aime le théâtre, une pièce au sujet d'un doppler attirera son attention, annonça Geralt. On pourra profiter de la représentation pour lui dire qu'on est là pour l'aider.

- Je peux écrire la pièce, mais s'il se cache du Petit Bâtard et qu'il se montre… pointa Priscilla.

- On s'en charge, écris la pièce. Au besoin, je lui lâcherais un iffrit dessus, à lui aussi.

- Je vote pour voir, je serais même tenté de participer… douloureusement et lentement. Un venin a testé sur lui, dit Mandos.

Shiva hocha la tête au message, mais Marco avait une autre idée.

- Non. Pas Shiva. On sait très bien comment ça se fini quand tu es seule avec des gars comme lui. On a besoin d'informations, yoi. C'est pour ça que j'ai déjà dit que ce serait Ace qui l'approcherait si on doit la jouer infiltration. Une fois qu'on a nos informations, tu fais ce que tu veux, mais tu ne l'approches pas avant, yoi.

- Oui commandant, assura la pirate sans broncher.

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En retournant à la taverne (sans Marco qui avait voulu toucher deux mots en tête à tête à Priscilla), ils eurent la surprise de voir Ace et Roche discutant à la même table à voix basse, sous le regard assez curieux de Zoltan à l'autre bout de la taverne.

- Je vois que tout le gang est là. Geralt, c'est bon de te revoir, salua Roche.

Il serra la main du Loup Blanc quand il vint vers lui. Son regard passa sur Anaïs, lui adressant un hochement de tête à défaut de mieux, pour ne pas trahir son anonymat. Même hochement de tête pour Shiva. En voyant Thatch, il eut un mouvement de recul, mais le vampire lui envoya un baiser taquin qui fit monter la rage dans les yeux du commandant des Stries Bleus. Puis, le regard de Roche tomba sur Mandos, affichant un air indéchiffrable. Devant le mouvement amical de la main du jeune guérisseur, Roche se contenta de hocher la tête.

Mandos se pencha vers Shiva pour lui siffler dans la langue des serpents :

- ~~J'ai trois idiots derrière leur officier supérieur. Ils ne vont rien tenter jusqu'à ce que la raison pour laquelle Roche est là soit explicitée. Mais après … ? Je ne dis pas. ~~

- ~~S'ils bougent une oreille, je me charge de l'expliquer.~~

- Que nous vaut cette visite ? Se renseigna Geralt.

- Sa majesté, Radovid de Redania, réclame que la sorceleuse Portgas D. Anabela vienne à sa rencontre. Il a un contrat particulier pour elle. Et juste pour elle.

Il n'y avait que deux options pour que ce soit Ace qui soit désigné. Quand il avait rejoint la cour comme garde du corps/maître d'armes, cela avait été dit clairement que la future reine de Temeria, Anaïs La Valette, était son Enfant Surprise. Donc, que Radovid veuille le rencontrer c'était peut-être pour savoir où était la petite et certainement s'en débarrasser après l'avoir utilisé pour raffermir son pouvoir sur Temeria. Ou alors, il voulait l'embaucher pour trouver Eilhart, et le laisser crever au passage au besoin, du moment qu'il pouvait trouver la magicienne, voir la tuer.

- J'attends Marco pour lui dire au revoir et je décolle. Sans compter qu'on sait que Willy est dans les petits papiers de Radovid.

- Donc, tu veux monnayer tes services pour obtenir cette information, comprit Thatch.

Shiva nota le sourire de Mandos. Radovid devait avoir l'information, en effet.

- Je vais le dire honnêtement, parce qu'on a un intérêt en commun, s'il me demande de fouiller le laboratoire de Eilhart dans la région… j'en serais incapable. Pas sans faire exploser celui-ci et ce bout de continent, avoua le D au soldat. Donc, si c'est ça qu'il veut de moi…

Ace serra son coude, juste sous son tatouage pour ne pas trembler. Il se rappelait bien trop de cet endroit. Tout ce qu'il avait vécu et subi.

Mandos eut un signe pour Shiva. Vrai, ils pouvaient y aller eux. En plus, ils étaient des sorciers, donc, plus aptes à trouver des informations intéressantes. Des notes. Quoique ce soit pouvant aider leur camarade.

- Si c'est ce qu'il veut, on le fera. Tu prends la mission et on l'accomplit, dit Shiva.

Ace ouvrit la bouche pour protester, mais Geralt secoua la tête.

- Je t'ai vu à Vergen, ce qu'il y a entre toi et Eilhart est trop gros pour que tu ne fasses pas une connerie. Écoute-les.

- S'il te plaît… supplia presque Anaïs en lui prenant la main.

La porte s'ouvrit sur la voix de la raison. Marco s'immobilisa sur le seuil, observa en silence la scène, avant de refermer le battant sur lui. Il s'avança lentement et croisa les bras, en silence regardant Roche et Geralt, sans rien dire.

- Radovid, se contenta de grommeler Roche en croisant ses propres bras.

- Ah.

Pas besoin de plus, il savait de quoi il était question. Il était le bras droit d'un Yonkou. La politique, c'était une compétence nécessaire. Alors, il se tourna vers Shiva et Mandos.

- Les experts en hocus-pocus restent à proximité pendant que je prends Anaïs-chan en balade, yoi ?

- D'accord, accepta Mandos.

- Tu vas faire quoi avec la demoiselle ? demanda Roche à Marco.

- La cacher. Chaton, si tu ne peux pas ne force pas.

Le D. hocha la tête avant de se tourner vers les deux sorciers.

- On y va ? demanda-t-il.

Mandos alla chercher son arc alors que Shiva attrapait le bisentô. Marco embrassa son époux sur le front pour le rassurer et lui souhaiter bonne chance, avant que le trio ne se tourne vers Vernon.

- Bordel de merde, Vernon Roche qui se balade avec deux elfes. Ma réputation de chasseur, je peux m'asseoir dessus.

- Moi aussi, t'en fais pas, grommela Ace.

- Ouais, j'ai entendu les rumeurs.

Ace jeta sa cape à Shiva pour qu'elle se cache un peu plus, puis, ils sortirent derrière Roche.

- Roche et deux elfes … ça fait le début d'une blague. Et je ne pense pas que votre réputation sera touchée. Beaucoup savent que vous êtes un adversaire dont il faut se méfier, nota Mandos avec un sourire.

Ace se retint de rire. Il faudrait qu'il trouve la blague qui allait avec. Il mit sur son crâne la capuche allant avec son armure (chose qu'il faisait que très rarement, préférant la cape qui en avait une bien plus large) avant de grimper sur Shinigami.

- Ah non! Fais pas ton râleur, Ganesh, c'est pas le moment, s'énerva Shiva contre sa monture grise.

- Prend Bobby, proposa Ace en montrant de la tête le cheval de Marco. Dukey aime tout le monde.

- Tais-toi.

La Grise se hissa sur sa monture, accrocha le bisentô dans son dos, puis la cape. Roche les mena à sa suite hors de Novigrad.

- Nous allons à Oxenfurt, dans un club d'échecs, leur dit le commandant.

Sans un mot de plus, ils se mirent en route. Et vu le signe qu'adressa Mandos à Shiva, ils n'étaient pas seuls sur le chemin.

Cependant, alors qu'ils chevauchaient depuis un moment sur la berge est de la région pour descendre vers Oxenfurt, Ace déclara forfait. Il faisait de son mieux pour ignorer la douleur, mais là, c'était trop, il devait desserrer ces foutus sangles ou il allait devenir encore plus fou qu'il ne l'était déjà. Se préparant d'avance aux commentaires moqueurs voir machiste de Vernon, il arrêta sa monture et défit une première sangle sur le côté de l'armure. Il expira profondément. C'était ça de moins, mais ça faisait encore mal. Il avait cherché à repousser ses limites, mais là, il ne pouvait pas plus. Avec cette affaire imposée par Schrödinger, il n'avait pas pu prendre son temps pour s'en remettre.

Vernon arrêta sa propre monture avec Shiva. Si la brune était inquiète, l'humain était perplexe et agacé.

- On doit s'arrêter pour la nuit, Roche, se contenta de dire Ace. Je peux pas aller plus loin. Pas ce soir.

- Donc, tu fais attendre un roi ?

- J'emmerde Radovid. Je dois m'arrêter. Et pas de commentaire, Mandos, je te vois sourire.

- J'ai la tente… un lit pour toi ce soir, Quickshot. Et je souris si je veux, répliqua Mandos.

Il était lui aussi descendu de cheval et avait sorti sa tente de son sac qu'il déploya d'un discret coup de baguette magique. Même si la tête de Roche était impayable quand l'objet fut sorti du sac puis déployé par magie, le D. n'avait pas l'esprit à ça. Il entra, se débarrassa avec empressement de sa sacoche à ingrédient puis de ses glaives, avant de se tourner vers Shiva qui l'aida en silence avec les sangles, laissant bientôt l'armure tomber au sol, avec le pirate avec sa chemise large de coton blanc qui inspirait à plein poumon pour résister à la douleur.

Il se sentait pathétique.

Quand Roche entra, après avoir réussi à retrouver sa contenance devant la tente maison, il se détourna devant le "simple appareil" dans lequel était le sorceleur. L'embarras lui faisait même monter le rouge aux joues.

Pas très logique si on prenait en compte que la tenue de Shiva était bien plus révélatrice que sa chemise de coton. Et ne parlons pas de Cyn.

- Porte du fond, hors limite. C'est mon labo. Prenez une des chambres et profitez d'une nuit de sommeil. La salle de bain est cette porte-là, expliqua Mandos à Roche en entrant à son tour. Je prends le premier quart cette nuit.

- Je vais prendre le second… mais avant ça, une douche, putain.

- Range tout ça, qu'on se prenne pas les pieds dessus, demanda Shiva en lui mettant dans les bras son armure.

Sans un mot, Ace ramassa le reste de ses affaires et alla entreposer le tout dans sa chambre pour la nuit.

- Une préférence pour les deux derniers Roche ou ta paranoïa va te faire rester éveiller toute la nuit ? demanda l'elfe noire.

- Je prendrais le dernier, répondit le commandant Témérien en reprenant contenance.

Ace ressortit de sa chambre pour la nuit et alla se prendre une douche.

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Le mutant ne fut qu'à moitié surpris de voir que Mandos avait la compagnie de Roche devant le petit feu de camp qui avait été allumé pour celui de garde.

- Donc, Vernon Roche n'a pas confiance et veut s'assurer qu'on fasse sérieusement nos tours de garde ? devina le pirate avec sa couverture sur les épaules et ses glaives en main.

Il s'assit en tailleurs, les armes sur ses jambes, avant de passer la couverture correctement sur ses épaules.

- Pour l'instant, rien à signaler. Je te laisserais sur la table un baume d'arnica au besoin. Et as-tu déjà vu un soldat en temps de guerre dormir ailleurs qu'avec ses hommes non loin ? Moi pas. Bonne nuit, Quickshot. Commandant Roche.

- Et tu me dis ça maintenant que je me suis bien installé ! Kuso gakki !

Et il se tourna vers Roche.

- Avant que tu fasses ton parano, j'ai traité Mandos de putain de gosse. Pas de message secret, juste un simple putain de gosse. Sinon, le salaud favoris de tout Wyzima, comment il va ? Talar j'entends. Toujours en vie ?

- Aucune idée, répondit Vernon pour ne livrer aucune information.

- J'espère. J'aimais bien papoter avec lui. Faudra que je lui rende ça, je l'ai trouvé à Blanchefleur.

Et le D. brandit un monocle en argent abîmé qu'il gardait normalement avec ses ingrédients. Vernon jeta un œil à l'objet, avant de rapporter son attention sur le feu. Ace rangea l'objet avec ses huiles et retourna à sa surveillance.

Au bout d'un moment, Roche regarda la tente magique, puis revint vers le D.

- Vous voyagez ensemble depuis longtemps, vous et l'elfe ?

- Ça fait quoi… un mois ? Peut-être un peu plus. Il nous est littéralement tombé du ciel à Blanchefleur, avec son krebin.

- Et vous lui avez fait confiance, comme ça ?

- On a partagé des petits secrets et comme Marco sent les mensonges… ça a beaucoup aidé. Puis il a sauvé la vie à Shiva, il m'a rendu des poumons fonctionnels… honnêtement, ce gosse, c'est un amour. Chiant parfois, comme tous les médecins, mais un amour quand même.

- Un amour qui est hanté par mes hommes.

- Ah ? Il te l'a dit ? Dis-toi que moi, ce sont mes vieux qui me hantent. Tu peux imaginer ma vie conjugale quand Marco a l'impression que mon père veut revenir à la vie pour le tuer ?

Roche esquissa un bref sourire.

- Ces trois-là, ils nous aident pas mal à garder Anaïs en sécurité. On a laissé pas mal de cadavres, on a dû faire pas mal de détours et ruser de nombreuses fois. Après, la psychologie inversée aide pas mal. Une petite princesse ne serait pas sur les routes, mais en sécurité dans un château. Si on nous demande le nom de la petite qui voyage avec nous, c'est Anita, la nouvelle apprentie de Marco, une orpheline que l'on a ramassé dans nos voyages.

- Et tu dis ça, là, comme ça, sans savoir qui écoute ?

- J'ai plus d'un tour dans mon sac, Vernon Roche. J'ai bien assez de plan de contingence pour garder Anaïs en sécurité jusqu'à la fin des temps, au bas mot.

Et avec un clin d'œil tout sauf rassurant pour Roche, Ace retourna à sa surveillance.

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Le groupe s'arrêta sur un pont de pierre, au bord de la berge. Là, Vernon descendit de cheval et Ace suivit le mouvement.

- Le chemin est parsemé de soldats, plus loin, donc, vous serrez tout sauf discret si vous nous suivez plus, annonça en bougonnant le Témérien aux elfes.

- J'attends tes ordres, Taîsho, annonça Shiva en flattant Ganesh qui avait encore une raison de renâcler pour rien.

Ace leva ses mains pour montrer qu'il avait croisé tous ses doigts, sauf les pouces, avant de suivre Roche. Il s'arrêta en chemin, retira son glaive d'acier et en décrocha la tête réduite qu'il lança à sa camarade qui la rattrapa au vol.

- C'est pas une bonne idée de rencontrer Radovid avec Henselt en tête réduite qui pendouille dans le dos, se justifia le mutant.

- Pressons-nous, exigea Roche.

Et au petit trot, ils se mirent en route, traversant le pont, puis un chemin de terre. Des soldats étaient postés des deux côtés du chemin, à des intervalles de plus en plus rapprochés. Devant la maisonnette qui abritait le club, c'était presque une petite armée qui attendait, mêlant Chasseurs de Sorcières et soldats. Ace serra les poings aux murmures et aux regards affamés sur sa personne. Il ignora le regard de Vernon sur lui et inspira profondément avant d'entrer, suivi par le commandant des Forces Spéciales.

L'endroit était vide et luxueux. Le bois précieux composait les tables, chaises et échiquiers et sur les murs, quelques étagères couraient le long des murs avec des livres sur l'étiquette et les règles. Et pire idée du monde, c'était des chandeliers qui éclairaient le tout. Vers le fond, vêtu de soie et de satin, Radovid était assis à un échiquier, seul, un verre de vin sur la table, perdu dans ses réflexions, tournant le dos à la porte. Ses cernes et son collier de barbe le vieillissaient énormément, par rapport à son âge réel. Ace était certain que Luffy était à l'heure actuelle plus vieux que le souverain nordique.

Le roi leva finalement la main et éjecta du tableau une pièce noire (représentant les Nilfgaardien au vu de la prédominance de l'emblème du soleil sur les figurines). Puis, il se saisit de sa reine, dont la chevelure blanche faisait clairement penser qu'il s'agissait de Adda la Blanche, et lui fit traverser le plateau pour éjecter la pièce voisine à celle qu'il avait déjà chassé.

- Échec et mât.

Ace n'était pas un expert aux échecs, il s'en sortait mieux aux dames et au mahjong, mais quelque chose lui disait qu'il avait jeté une pièce en trop, le roi, dans sa partie.

Radovid se redressa sur son siège et regarda ses visiteurs. Roche, silencieux, une main sur la hanche et celle du côté de son arme ballante, et Ace, qui croisa les bras après avoir retiré sa capuche.

- Le jeu des rois, paraît-il, leur dit le souverain avec sa voix sinueuse, sans bonjour ni merde. La meilleure école de la pensée stratégique.

Il regarda son plateau et secoua la tête.

- Une belle connerie, oui. Les deux camps ont des pièces identiques et les règles sont immuables. C'est un bien pâle reflet de la réalité. Sorceleuse. Même si vous êtes une femme, vous devez savoir pourquoi je joue aux échecs, non ?

- Je chasse les monstres, je ne lis pas dans l'esprit des gens. Ce qui vous motive, je l'ignore et j'ai bien peur que cela ne m'intéresse pas de le savoir, lui dit le D. avec une voix morne.

- Je joue aux échecs pour découvrir leurs secrets, reprit le souverain en revenant à son plateau. Le sang coule dans les veines de ces pièces. Tendez l'oreille et vous l'entendrez. Tum-tum, tum-tum, tum-tum… entendez-vous le son du cœur qui bât ?

Ce gars allait lui faire douter d'avoir pris sa médication ce matin-là.

- Quand je m'empare d'un pion, j'entends le bruit de la chaire tranchée. Quand je gagne une pièce, j'entends ses cris de douleur.

Ace regarda Vernon qui lui adressa un geste de la tête lui déconseillant de faire le moindre commentaire.

- Je voudrais ouvrir ces petits soldats de bois pour leur arracher la vérité. Comprenez-vous, sorceleuse ?

- Navré, Sire, mais non.

Radovid regarda les deux yeux d'argents indéchiffrables braquer sur lui.

- Au moins, vous admettez votre infériorité intellectuelle dû à votre sexe, sorceleuse.

Pas mordre, Ace, pas frapper. Le moment viendra.

- Dîtes-moi… vous avez un frère, non ? Un jumeau. Sorceleur lui aussi, questionna Radovid en le dévisageant.

- Non. Je n'ai que des frères adoptifs. Et aucun n'est sorceleur.

- C'est étrange, j'aurais juré avoir rencontré un sorceleur vous ressemblant à Wyzima.

- Majesté… Si je vous dis que vous avez confondu, vous allez vous énervez en disant que vous savez ce que vous avez vu et que je suis une femme ignorante. Cependant, je vous demande quel intérêt j'aurais à cacher un frère sorceleur ? Aucun à ma connaissance. Je suis la dernière personne portant le nom des Portgas, je peux vous l'assurer.

Il tira un de ses dreads.

- Les chevelures noires sont monnaie courante, Sire.

Le roi continua de la fixer en silence, avant de se lever de son siège.

- Qu'importe, parlons d'autre chose. J'ai cru comprendre que vous aviez rencontré Emhyr. Il veut Anaïs La Valette, n'est-ce pas ?

- Je l'ai confié aux bons soins de Sac-à-Souris, le hiérophante du cercle druidique de Skellige. C'est ce que j'ai dit à l'Empereur et que je répète à vous aussi, Sire. Je ne suis pas assez imbécile pour me balader avec l'héritière du trône Témérien.

Ouep, il mentait de façon ouverte au roi et il n'en avait rien à faire.

- Pourtant, les rapports à votre sujet vous ont vu avec une demoiselle de son âge.

- Deux jeunes filles. Des orphelines que nous avons ramassées sur la route. Gretka et Anita. Gretka est passionnée de musique, donc, il est fort probable qu'une barde venue du Kovir la prenne sous son aile. Quant à Anita, elle apprend la médecine auprès de mon époux. Marco n'est pas pour rien le meilleur médecin du Nord. Ne vous déplaise, Sire, mais avec les morts, les blessés et les malades, ces terres ont besoin plus que jamais de médecins.

Il faillit rajouter quelque chose, mais il était déjà sur une ligne fine. Il n'allait pas pousser. Il ne regarda pas Vernon, il était certain que le Témérien devait tirer une drôle de tête.

- Pourquoi j'ai l'impression que vous me menez en bateau, sorceleuse ?

- Un roi est toujours entouré d'imbécile, sans compté que je suis une femme, je suis tout à fait incapable d'une telle prouesse. Je suis une mutante, je suis directe, pas une magicienne capable de fomenter des complots avec une robe plus chère que le revenu d'une année de tout Redania.

Vu la façon dont Vernon déglutit, il devait se dire qu'Ace allait se faire tuer.

- Comment votre époux tolère-t-il votre insolence, Chat Noir ? siffla Radovid.

- Je l'ignore, demandez-lui. En attendant, je doute que vous m'ayez fait venir pour constater que je n'ai toujours pas appris à mettre ma langue dans ma poche.

Le souverain ramassa une pièce de l'échiquier. Un fou. Il l'observa un instant, avant de revenir vers le D. en brandissant la pièce.

- Ta haine pour Philippa Eilhart est connue de tous. Jusqu'en Zerrikania, on sait qu'il n'existe de haine plus tenace que la tienne pour cette magicienne. Au point qu'elle en soit devenue proverbiale bien avant que je ne vienne au monde. Et c'est de cette haine dont j'ai besoin aujourd'hui. Tu connais mieux que quiconque Eilhart. Presque mieux que moi. Je lui ai pourtant fait arracher les yeux, mais il semblerait que ça ne la dérange pas plus que ça. Je te veux à Est Tayiar.

Ace s'en serait douté.

- Est Tayiar, l'ancienne citée elfique engloutie par la terre. C'est en effet un de ses laboratoires au travers le nord et le plus proche de Oxenfurt, reconnu Ace en gardant une voix aussi stable et froide que possible. Honnêtement, je doute qu'elle y soit encore…

- Je ne t'ai pas demandé ton opinion, mutante. Mes chasseurs sont sur place et ont établi qu'elle avait scellé magiquement son domaine. Tu es l'une des meilleures chasseuses du nord. Prouve donc que cette réputation n'est pas du vent. Ramène-la moi. Vivante.

- Je suis une sorceleuse, je ne bosse pas gratuitement. Surtout quand il s'agit de laisser quelqu'un d'autre savourer ma vengeance.

- Oh, mais si tu me ramènes la sorcière, je te couvrirais d'or.

- Je me fiche de l'or. Je veux quelqu'un d'autre en échange. Cyprian Willy, le Petit Bâtard. Je dois le rencontrer.

Et Radovid éclata de rire.

- Tu as une chance de rentrer chez lui sans histoire, oui. Mais pas dans cette tenue ! Et je suis certain qu'il appréciera ta compagnie Chat Noir. Tu lui apporteras pas mal de nouveauté par rapport aux prostituées qu'il voit habituellement. Il est ici. A Oxenfurt. Lui qui veut en permanence de nouvelles femmes pour satisfaire sa sauvagerie, il va être servi.

- Le Bâtard ne sert plus à rien parce qu'il a échoué à mettre Reuven, Bedlam et Surin au cimetière, donc, vous m'en faites cadeau ? Touchant.

- Partez, maintenant. Roche, nous parlerons plus tard.

Les deux combattants hochèrent la tête et quittèrent l'endroit. En marchant, ils revinrent vers le pont. Quand ils furent loin des oreilles indiscrètes, Vernon s'arrêta et le D. se tourna vers lui.

- Radovid sombre chaque jour un peu plus dans la folie.

- Si je n'avais pas laissé ma médication à Novigrad, je lui aurais bien proposé une de mes fioles, mais je n'en ai pris que deux avec moi.

Vernon le regarda sans comprendre.

- Les Herbes, c'est la partie qui mute les jeunes en sorceleurs, durant l'entraînement. Et comme les Chats n'étaient pas certains d'avoir obtenu un résultat avec moi, j'ai eu droit à une seconde dose qui m'a abîmé le cerveau. Mon traitement est pour lutter contre des hallucinations. Et en dépit de ça, oui, les La Vallettes me confient Anaïs

- Oh bordel… souffla Vernon en se massant les yeux.

- Comme tu dis. M'enfin. Je sais où est le Bâtard, je vais donc conduire nos deux sorciers jusqu'à la tanière de Eilhart. On se reverra, Roche.

Le pirate commença à s'éloigner quand l'humain l'interpella:

- Bon courage et bonne chasse, Ace.

Ace se figea et se retourna d'un bond, mais Roche partait déjà de son côté en retournant vers le club d'échec. Il jura doucement et retourna auprès des autres pour voir Mandos s'entraîner à l'Armement. Il se hissa sur sa monture et leva les mains à l'adresse de Shiva qui lui lança la tête réduite.

- Tu ne mets pas assez de volonté, Mandos, c'est pour ça que tu n'y arrives pas. Il faut le vouloir, de chaque atomes, depuis le fin fond de ses tripes. Ce n'est pas une question de pouvoir, ou essayer, c'est vouloir. Maintenant, on a un laboratoire à fouiller. Direction les montagnes et Est Tayiar. Il y aura des chasseurs de sorcières à l'entrée.

- On avisera sur place pour eux, assura Shiva.

Le D. talonna sa monture et mena tout le monde vers les montagnes.

Même quarante ans après, il voyait encore les traces de l'orage magique provoqué par la Chasse quand il avait fui. Il se revoyait courir à l'aveuglette dans les bois, haletant, blessé et à moitié aveuglé par la pluie et la fièvre. Comment il avait fini par débouler sur le sol de dalle entre les treillis et les arches, avant de trébucher et de tomber dans le trou menant au téléporteur permettant d'accéder au laboratoire. Il se rappelait encore du bruit des talons sur la pierre au-dessus de lui quand la magicienne était arrivée et l'avait trouvé sur le seuil.

Pendant qu'il grimpait la montagne sur Shinigami, il retrouvait chaque arbre, chaque pierre, comme s'il était passé à l'instant. Il serra les mâchoires et les poings alors qu'il faisait son possible pour ne pas trembler.

Quand ils arrivèrent en vue des ruines au travers le feuillage de la forêt, Ace s'arrêta et fit reculer très lentement sa monture pour ne plus les voir, arrivant à un point où l'épais manteau de lierre qui avait poussé sur les arches, se fondait avec les arbres à nouveau.

- Je ne peux pas aller plus loin. C'est au-dessus de mes forces.

Il se sentait pathétique. Stupide. Faible.

Il cacha son visage sous son chapeau.

Son poing se crispa sur le rebord de son stetson alors qu'il cherchait à disparaître dedans. Bon sang, il tremblait encore, alors que ça remontait à tellement longtemps.

Shiva le regarda un instant avant de descendre de cheval.

Pas un mot, pas un commentaire.

- Reste avec Hugin, tu n'as plus de Vivre Card, puisque la magie de la Chasse l'a détruite. Moi, je vais m'occuper des idiots.

Mandos récupéra ses affaires et descendit de cheval pendant que son corbeau passait sur l'épaule du D.

- On se retrouve plus tard, Quickshot.

Shiva avait déjà pris sa forme complète et semait la terreur sur les chasseurs de sorcières en frappant comme la furie divine sur eux.

- Prends des provisions. Le laboratoire est immense, on peut s'y perdre.

Mandos se contenta de tapoter son sac avant d'aller rejoindre Shiva.

- Dis, Hugin, t'as une idée de ce qu'on pourrait faire en attendant ?

Le corbeau croassa et invita le mutant à le suivre vers le nord.