Bonjour à tous ! Et Joyeux Nowel ! Sous le sapin, les aventures de nos camarades dans les Royaumes du Nord. Et... et disons qu'Ace a un poil pété un plomb. Juste un poil. Mais on à l'habitude du chat qui fait des siennes. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée et à bientôt.

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Quelques semaines plus tôt.

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- J'ai comme un mauvais pressentiment, avoua Jaskier sous la pluie nocturne alors qu'ils épiaient la maison du Petit Bâtard à Novigrad.

Ciri soupira et regarda Luffy à côté d'elle.

- /Il a la trouille ? / devina le D.

- /Oui./

Elle revint au barde qui l'avait vu partiellement grandir:

- Écoute, Jaskier, on ne peut pas laisser Doudou entre les mains du Petit Bâtard.

- Oui, je sais, mais ça ne m'empêche pas d'avoir un mauvais pressentiment malgré toute mon affection pour lui.

- On peut y aller Luffy et moi, tu sais.

- Geralt et Ace auront ma peau si je vous garde pas à l'œil.

- Peu probable. Surtout que Luffy a déjà pris le large. Attends-nous devant chez le Bâtard et débrouilles-toi pour ne pas te faire remarquer.

Avant que Jaskier ne puisse dire quoique ce soit, Ciri courut jusqu'à l'échafaudage qui lui permettrait d'accéder aux toits de la ville. Luffy avait déjà pas mal d'avance, mais il lança un bras élastique derrière lui, permettant à Ciri de le rattraper en un clin d'œil. Ainsi, ils coururent côte à côte, suivant ce que leur disait leur Haki respectif pour parvenir jusqu'à un balcon en bois au dernier étage d'une habitation. Un signe du doigt fit comprendre à Luffy de ne rien dire et ils se glissèrent aussi discrètement que possible le long du balcon, jusqu'à une fenêtre que Ciri ouvrit.

Dedans, un halfelin borgne était attaché à une chaise en train de se faire torturer par un humain qui tournait le dos à Ciri. Cependant, le prisonnier sentit le courant d'air et regarda la fenêtre ouverte.

Personne.

- Dîtes-moi, vous aimez les rencontres inattendues ?

- Oui, pourquoi ? Tu veux me présenter quelqu'un ? se moqua le Petit Bâtard.

Il sentit quelqu'un lui tapoter l'épaule et il sursauta. Se retournant d'un bond, son arme au poing, il n'eut pas le temps d'agir. Luffy lui administra un bon coup de boule en étirant légèrement son corps pour compenser la distance. Cela fut suivi par un coup de poing qui envoya le Bâtard s'encastrer littéralement dans le mur.

- /On ne touche pas à mes amis./

Ciri se dépêcha de délivrer le halfelin. Cependant, le bruit de la raclée du chef de gang (encore inconscient) avait rameuté les troupes de vandales du reste de la maison. Ils allaient avoir très vite de la compagnie. La demoiselle se saisit du blessé et le tint par les épaules.

- Doudou, écoute, voilà ce qu'on va faire…

Il écouta attentivement le plan avant de prendre l'apparence du Bâtard, même s'il conserva la cicatrice qui lui fermait l'œil droit. Ciri cacha le vrai Petit Bâtard et Luffy poussa alors le doppler sous sa nouvelle forme contre la porte, la faisant s'ouvrir avec fracas. Doudou se releva difficilement, tenant son œil aveugle dans sa main pour le cacher.

- Arrrgh…

Il pointa du doigt l'intérieur de la pièce aux hommes du Bâtard qui montaient les marches avec leurs armes.

- Attrapez-moi ces salauds !

Tous passèrent devant le change-forme, sans rien capter, faisant face aux deux jeunes dans la pièce. Un signe très discret permit à Doudou de comprendre qu'il devait fuir et le doppler ne se fit pas prier. Ciri rangea son arme et regarda Luffy faire le ménage. Ils s'étaient mis d'accord. Tout ce qui n'était pas un monstre, c'était pour lui. Et personne n'avait le niveau du D.

Il ne fallut pas bien longtemps pour que le duo ne sorte enfin dans la rue.

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De retour au présent.

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Ace avait trouvé un coin de rue pour se changer et cacher son armure. Si le Petit Bâtard aimait les filles, il fallait montrer patte blanche pour entrer. Et rien de mieux que de se faire passer pour une prostituée. Tenue courte, très révélatrice, talons, ras de cou en tissu. Pas d'armes, pas d'armure, pas de potion. Il s'assura que ses affaires soient bien cachées avant de se séparer de la chaîne de kairoseki. Le feu coula de nouveau dans ses veines, lui ôtant une partie de son appréhension. Il regarda ses affaires. Il aurait été mieux qu'il se change dans les bois d'Oxenfurt, mais il n'aurait pas réussi à atteindre la demeure du Petit Bâtard sans se faire importuner. Il ne voulait pas pousser le supplice.

Bon, c'était l'instant de vérité.

Il assura les baguettes d'acier et d'argent dans ses cheveux et s'avança hors de sa cachette. Le regard des hommes tout autour le faisait se sentir très sale. Que Marco le regarde comme ça, ça allait, ça l'amusait. Surtout que le pauvre Phénix et lui avaient été abstinent un moment, mais là…

Oui. La différence était que même si Marco le regardait avec désir, lui, il n'y avait pas l'idée de marchandise. D'objet. Pour les passants et soldats des environs, à cet instant, Ace n'était qu'un objet, un morceau de chair à utiliser avant de le jeter.

Il retint son envie d'en coller une aux deux gardes à l'entrée de la magnifique demeure où se cachait le Petit Bâtard, quand ceux-ci trouvèrent intelligent de le siffler.

- Regarde-moi cette paire de jambes ! Et ce cul !

- Elle est bien maigre, le Bâtard va vite la casser.

- Tu sais que les putains doivent passer par l'arrière de la maison, côté canal, petite ?

- C'est ce gars-là, un nouveau qui m'a dit de venir ici… il m'a pas dit que je devais faire le tour, dit avec un ton hésitant le D. en essayant de se faire passer pour la catin soumise et intimidée.

Il se mit à tripoter l'un de ses dreads qui n'était pas dans son chignon.

- Un nouveau ? Mais il est où, Norbert ? demanda l'un des gardes.

- Il paraît qu'il aurait croisé Surin dans une allée sombre, bidonna le D.

- Oh, c'est moche ça.

- Vaut mieux ça que finir tubard, je le trouvais un peu palot ces derniers temps.

- Allez, vas-y, fais pas attendre le Bâtard, ma petite.

Bande de porcs.

Il contourna la maison, descendant les petits chemins jusqu'à atteindre une porte dérobée avec vue sur le canal. Il se glissa dans le passage et referma la porte derrière lui. Pas une âme qui vive. Un regard autour disait que ce devait être une porte utilisée pour la contrebande. Pas mal de caisses, quelques échelles, des sacs. Il nota une trappe dans un coin et descendit.

Un passage par les égouts.

Un grand classique.

Note à soi-même : retrouver l'aléatoire et le délirant environnement de la Grand Line, parce qu'il commençait réellement à être blasé.

Il retira les chaussures à talons pour marcher dans la fange. Il avait déjà chasser des zheugl, c'était pas la merde qui allait lui faire peur. Malgré lui, il accéléra jusqu'à courir dans le tunnel, ses pieds éclaboussant de l'eau croupie. Enfin, un passage secret se révéla à lui.

Son logia ne laissa aucun survivant, veillant à éviter les poutres pour que la structure ne lui tombe pas sur le coin de la figure. Une fois à Perchefreux, c'était suffisant.

Il ferma les yeux et se concentra. Des dizaines d'yeux s'ouvrirent dans le manoir, lui disant où étaient les gardes. Sauf que plus il faisait monter ses yeux de flammes, plus il voyait de corps de femmes. Dans des positions grotesques, arborant des marques de douleurs, de peur et de torture.

Cela expliquait l'impression de colère qu'il ressentait dans les murs.

Il se mit en marche. Une marche lente et menaçante. La bâtisse tremblait légèrement sous son Haki. Il traversa une pièce lourdement gardée, sauf que les sentinelles étaient déjà dans l'inconscience avant même qu'il ne franchisse le seuil. Il tourna à l'angle et monta un escalier jusqu'à un étage au palier étroit. Le sol en bois était poisseux de sang. Juste en face de l'escalier, sur une table, une catin avait été installée. Sa dépouille était à genoux sur le bois, clouée au mur par deux couteaux plantaient dans ses mains au-dessus de sa tête. Ses entrailles se déversaient sur le sol sous la faible lueur du chandelier.

Il retira les couteaux et posa doucement le cadavre de la pauvre fille sur le sol.

- Je reviens m'occuper de toi dans un instant, chuchota le D. à l'oreille de la défunte.

Il se releva, conservant les couteaux dans ses mains et poussa la porte sur la chambre du Petit Bâtard.

La première chose qu'il vit, c'était la baignoire. Le bac en bois était occupé par trois femmes nues. Et mortes. Le sang mélangé à l'eau avait formé une petite flaque autour de la baignoire.

Cyprian Wiley dit Wily ou le Petit Bâtard (à ne pas confondre avec le Bâtard Senior qui était le défunt père de monsieur qui avait justement été assassiné par le fiston) était nu, devant un sceau, se lavant du sang qui maculait sa peau tatoué sur toutes les coutures. Quelque chose grinça au plafond et Ace leva les yeux pour voir une femme, pendue très haut à une poutre.

C'est cet instant que choisit l'homme pour se retourner. Même pas le temps de poser une question qu'il se prit un coup de poing de la part d'Ace.

- Ce n'est pas parce que tu as résisté à mon Haki que tu vas survivre pour autant, salopard.

Avant qu'il ne puisse se relever, le sorceleur avait déjà mis son pied sur sa poitrine, le plaquant au sol avec violence.

- C'est quoi ton problème, sale pute !

- C'est moi qui devrais te poser la question, Willy.

Il retira son pied, faisant mine de s'éloigner, pour revenir à la charge dès l'instant où l'ignoble individu se redressa. Le puissant shoot qu'il reçu du D. l'envoya valdinguer contre un mur. Il chercha bien à appeler à l'aide, mais Ace le saisit par les cheveux et lui tordit la nuque vers l'arrière.

- T'as attiré le malheur sur toi, le Chat Noir n'est pas ici pour faire joujou. Personne ne viendra pour ta sale gueule.

Et le pirate lui enfonça plusieurs fois de suite son genou dans les entrailles jusqu'à ce que sa proie crache son sang, pour le laisser tomber sur le sol.

- Arrête ! Mais t'es malade ! Mais calmes-toi !

Le D. s'arrêta.

- Debout.

Le baron de la pègre se releva aussi vite que possible. Face à face avec Ace, haletant, il allait poser une question mais le pirate ne lui en laissa pas le temps. Un coup de pied du brun le prit dans les tripes et l'envoya percuter un nouveau mur. Le Petit Bâtard glissa misérablement sur le sol en toussant du sang, le nez et la bouche ruisselant du liquide carmin pendant que son corps commençait à laisser apparaître les marques des coups qu'il s'était pris.

- Mais c'est quoi ton problème ?! gémit l'homme.

Ace lui saisi violemment les cheveux et le tira dans le couloir, jusqu'au corps de la pauvre femme.

- Excuse-toi ! Demande-lui pardon ! MAINTENANT !

Il lui frappa le visage contre le sol avant de le garder ainsi, appuyant aussi fort que possible pour que le nez brisé subisse beaucoup de pression. Voyant que sa victime préférait chialer que demander pardon pour ses actes, le D. reprit l'un des couteaux qu'il avait fourré dans sa bande de soutien et le planta dans l'épaule du gars. Le hurlement de douleur qui en résultat n'eut pour conséquence que de retourner le couteau dans la plaie.

- DEMANDE-LUI PARDON ! insista Ace en lui frappant la tête contre le sol.

Entre deux sanglots et cri de douleur, le Bâtard accepta de demander pardon. Mais ce n'est pas pour autant que son supplice fut achevé. Pour chaque femme morte de la baraque, il fut trainer sur le sol jusqu'à la dépouille suivante auprès de laquelle il devait demander pardon. Quand ce fut fini, Ace le jeta de nouveau contre un mur et lui épingla une cheville dans le sol avec un poignard, avant d'y ajouter son pied par-dessus.

- Avant que je ne reprenne ma leçon sur pourquoi on ne touche pas à une femme, tu vas répondre à quelques questions…

- Je ferais tout ce que vous voulez ! assura en sanglotant le criminel.

- Deux jeunes, sur la fin de l'adolescence, se baladant avec un barde. Tu vois de qui je parle, n'est-ce-pas ?

- Des jeunes ? Attends, une putain ?! Tout ça pour…

Il se prit un révère du D. mécontent qui s'était accroupi entre les jambes de sa proie.

- URUSE ! Deux jeunes ! Une jeune femme et un jeune homme ! Elle, c'est le Lionceau de Cintra ! L'héritière du trône de Calanthe ! Lui, c'est un pirate, mon petit frère ! Maintenant, je te recommande de ne plus proférer la moindre injure si tu tiens à ta langue !

Le commandant alla jusqu'à aller chercher la langue de sa proie et la tirer assez fort pour qu'il en ressente de la douleur.

- Elle, elle a les cheveux cendrés et une épée dans le dos. Lui, il est brun aux grands yeux noirs et se bat avec ses poings. Tous deux ont une cicatrice sur le visage. Ça te revient ?

Cyprian hocha faiblement la tête et Ace lui lâcha la langue.

- Avant que tu parles, saches une chose. Cela fait des années que je n'ai pas vu mon petit-frère et Ciri. La route a été longue, épuisante. Je suis fatigué, inquiet et enragé. Les ordures dans ton genre, j'en ai ras le bol, j'en ai assez vu sur le chemin. J'ai eu droit à des mensonges, des trahisons, des attaques et des vols. En bref, on s'est foutu de ma gueule, et je ne supporte pas ça. Alors, si tu ne veux pas payer pour tout le monde, fais attention. Si tu me mens, même un pieu mensonge, même un détail comme le nombre de cheveux sur ton crâne de pouilleux…

Le Shirohige leva une main à proximité de son visage et une gerbe de flammes en jaillit, projetant des ombres lugubres sur son visage éclaboussé de sang. Lentement, il pencha la tête sur le côté et sourit. Un sourire tout ce qu'il y a de plus innocent. Entre ses orteils, le pirate sentit un liquide chaud coulé alors qu'une odeur âcre montait à ses narines sensibles. Le Petit Bâtard venait de se faire dessus. Il tremblait et gémissait alors qu'il vidait sa vessie de peur.

- Nous sommes d'accord, donc. Parle-moi d'eux. Ce qu'ils te voulaient et ce qu'il est advenu d'eux.

- Ils m'ont attaqué !

Il se prit un nouveau coup dans la figure.

- Connaissant mon petit-frère, ce n'est pas sans raison, alors, parle et vite.

- Arrête de me frapper et je dirais tout ce que tu voudras !

Ace laissa retomber ses mains, la gauche toujours brillante de flammes.

- On avait passé un accord. Je devais réparer leur phyla-chose magique et en échange, la fille, le gamin et le chanteur devaient m'apporter le trésor de Sigi Reuven. Ils n'ont pas respecté leur part du marché, alors…

- Alors ? grogna Ace comme un fauve enragé.

- J'ai enlevé leur larbin, Dodo, je crois, et j'ai attendu qu'ils viennent le chercher.

- Où est l'objet à réparer ?

Le prisonnier montra quelque chose par-dessus l'épaule du D. Par précaution, Ace le saisit à la gorge pour le plaquer un peu plus contre le mur avant de se retourner. Une petite boîte en ivoire et onyx reposait sur une commode, le tout parcourut d'une couche d'or élégante qui laissait voir le noir et le blanc au-dessous, par endroit.

Un phylactère. Littéralement une boîte de pandore magique, servant à contenir des sorts puissants. Et surtout des malédictions.

- Ton contact pour réparer l'objet, exigea Ace.

- Il est passé au bûcher la semaine dernière.

- Mais ce n'est que la moitié de l'histoire… je veux l'autre.

Et il tourna de nouveau la tête vers sa proie en rapprochant les flammes du visage sanglant du Petit Bâtard. Celui-ci débita alors toute l'histoire. La capture de Doudou et le piège qu'il voulait tendre, la raclée qu'il avait subi, la fuite de Doudou, puis de Ciri et Luffy.

- Qu'est-il advenu du doppler ? demanda froidement le D.

- J'en sais rien ! Cette petite merde a disparu ! Il s'est volatilisé !

- Luffy et Ciri ?

- Je sais pas ! J'étais assommé ! Et aucun de mes hommes n'étaient en état de répondre ! J'le jure !

- Autre chose à ajouter ?

- Non ! Promis, c'est tout ce que j'ai à dire !

Ace saisit le couteau et libéra la cheville de sa proie.

- Tu as torturé leur ami et essayé de piéger mes proches…

- C'est eux qui m'ont attaqué ! Je n'ai fait que me défendre!

Il joignit les mains en sanglotant pour réclamer pitié, disant avoir eu ce qu'il méritait.

Ace se releva en souriant.

- Cours… cours petit rat. Caches-toi. Je te laisse un peu d'avance.

Son sourire se fit plus fou.

- Et ensuite, je viens pour toi. Cours.

L'homme ne se le fit pas dire deux fois, rampant dans sa pisse puis clopinant aussi vite qu'il le pouvait, sans prendre le temps de se rhabiller, il prit la fuite. Il passa ses hommes inconscients dans le manoir, puis dans les jardins et continua sa fuite.

Le pirate ne s'en occupa pas. Il allait s'en charger plus tard. Il sauta du palier pour rejoindre le salon, atterrissant souplement sur la table. Il tua méticuleusement tous les gêneurs inconscients avant de retourner à l'étage.

Là, il jeta le couteau et, avec délicatesse, récupéra les corps des femmes mortes dans la violence et la souffrance. Puis, deux par deux, il les ramena de l'autre côté du passage secret. Pour son dernier voyage, il laissa la maison flamber derrière lui, le phylactère cassé dans ses vêtements. Ce devait être le signal qu'attendait sa nakama puisqu'en arrivant dans la porte arrière côté canal, loin des risques d'incendie, Kali était déjà là avec les affaires de son commandant, agenouillé auprès des femmes.

- Tu peux gérer les derniers rites ? La chasse est ouverte, dit simplement le D.

L'elfe regarda le sang sur le corps et le visage de son supérieur et hocha la tête.

- Qu'il souffre.

- C'est une évidence.

Et Ace se changea.

Bientôt, c'était le sorceleur qui courait sur les toits de la ville qui attirait l'attention de tout le monde. Il ne se cachait pas, portant sa menace comme une ombre implacable sur tout le monde. Sa cape rendait sa silhouette plus difficile à percevoir et plus intimidante.

Trouver le Petit Bâtard fut simple. Très simple. Il suffisait de suivre son odeur immonde et les rumeurs des gens qui avaient vu un homme nu et blessé courir.

L'idiot avait pensé que se cacher en public le sauverait. Un marchand avait accepté de lui donner des vêtements mais il n'eut le temps que d'enfiler un pantalon que son chasseur était déjà sur lui. Sautant d'un toit, le mutant atterrit pile au centre de la placette. Ace se redressa, son visage déformé par un rictus, sa capuche et sa cape flottant derrière lui.

- Tu vas pas me tuer devant tous ces gens ! Hein ?! Tu vas pas faire ça ?! Pas devant tous ces témoins, c'est stupide ! lui dit le Bâtard d'une voix tremblante.

- Tu as essayé de t'en prendre à mon petit-frère. Tu crois vraiment que j'en ai quelque chose à foutre qu'il y ait des témoins ou pas ? Sans compter que tu dois payer pour la mort de toutes ces femmes...

Ace avançait lentement vers sa proie qui recula par réflexe, le visage tordue par la peur.

- Ah, et spoiler alerte : c'est Radovid qui t'a vendu. Maintenant, profite de ta mort avec les compliments d'un D. !

Le coup de la paume de la main d'Ace envoya le gars percuter le mur d'une maison derrière la petite place de marché.

Cela déclencha les premiers hurlements. Les soldats firent quelques pas avant de perdre connaissance devant la vague de Haki. Rien ni personne ne pourrait se mettre entre l'héritier Portgas et sa proie.

Les cris du Petit Bâtard devaient être audibles jusqu'à Kaer Morhen, il en était certain. Le sang coula sur les murs et le pavement, alors que des lambeaux de peau coupés avec un poignard en argent tombaient sur le sol. C'était un monstre, alors, Ace se ferait un plaisir de tuer cet homme comme le monstre qu'il était.

Quand il eut fini, l'homme était à l'agonie, pelé comme un fruit. Il avait les mains épinglées au mur et son appareil génital, coupé avec autant de délicatesse qu'un bouché, dans sa propre bouche. Avec les flots de sang que sa victime perdait, le D. traça un cercle autour du moribond, avant d'écrire en langage ancien tout autour, puis d'ouvrir le ventre et y fourrer une poignée de runes explosives qu'il avait peut-être ou peut-être pas piqué à Mandos.

Satisfait, recouvert de sang, Ace se tourna vers le public malade qui avait pourtant assisté à la scène avec une curiosité morbide.

- J'ai maudit le cadavre. Je peux vous assurer que si vous l'approchez pour le décrocher, la tuberculose sera le dernier de vos soucis. Et si vous vous amusez à être aussi désinvolte face aux violences et au traitement subis par les femmes… je serais là pour vous mettre dans le même état que le Petit Bâtard. Sur ce, bonne journée.

Avec un dernier regard pour l'homme qui se vidait de son sang en public, le pirate s'en alla. Le coup de la malédiction, c'était peut-être du bluff, mais quiconque avec deux sous de jugeote et comprenant la Langue Ancienne irait dans son sens. Son message le demandait après tout. Pour les autres… la peur et l'appréhension face à une menace non identifiée, ça ferait le taff. Peut-être voir avec Bedlam pour payer quelques mages afin d'accentuer la menace et le bluff ?

Peu importe, Ace avait ce qu'il voulait, il avait fait justice, il pouvait rentrer.

Le Chat Noir s'était assuré que Cyprian Wiley soit à l'heure avec son rendez-vous avec Death-san.

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Ce n'est qu'à l'aurore, le lendemain, qu'ils arrivèrent à la taverne. Et Triss y était, se levant d'un bond en voyant les deux Spades entraient.

- Merigold, salua Kali.

- Shiva…

- Kali, rectifia l'elfe noir.

Triss regarda d'un air incertain la brune.

- Philippa a réveillé une divinité destructrice. Est-ce que la raison pour laquelle tu voulais nous voir peut attendre que je me débarbouille et dorme un peu ? s'enquit le D.

Il souleva sa capuche et montra son visage couvert de sang séché.

- Je te laisse faire un brin de toilette pendant que je discute avec Kali.

Ace se tourna vers sa nakama qui hocha la tête et les deux femmes allèrent s'asseoir au bar de Zoltan qui leur servit à boire. En humant, il monta l'escalier, saluant paisiblement Mandos dans le couloir et disparut à l'étage, laissant le jeune soigneur rejoindre Kali et Triss en bas.

- Mandos, salua tranquillement la pirate.

- Le rendez vous s'est donc bien passé à ce que je vois, Kali. J'espère qu'il en sera de même avec le prochain, commenta le jeune elfe en s'asseyant avec un verre que lui donna Zoltan.

- Ace est content parce que sa réputation va reprendre la bonne direction et qu'il a pu punir un bon gros salopard. Ces pauvres femmes ont eu droit à des derniers rites, espérons qu'elles reposent en paix à présent.

- J'ai entendu ce qu'il s'est passé. Le Roi des Mendiants m'a demandé combien je voulais pour maudire un cadavre, grimaça Triss. Il était toujours aussi violent et sanglant avant les mutations ?

- II pouvait frapper un homme à terre, mais pas à ce point être violent. C'est plutôt le genre de Marco d'aller aussi loin dans la torture.

- Il a dû les voir, et les entendre. Et elles clamaient le sang, commenta Mandos.

Pour le coup, Triss regardait étrangement le jeune elfe.

- Tu voulais quelque chose pour venir, non, à la base ? demanda Zoltan en intervenant dans la conversation pour briser le silence malsain.

- Oui...il se trouve que je vais avoir besoin d'aide. J'ai reçu un drôle de message, et je ne sais pas trop quoi en penser.

Ace redescendit à cet instant avec les fillettes et Marco. Le D. était largement plus propre. Le blond resta un instant contre son époux pour lui murmurer quelque chose, avant d'aller s'asseoir au bar.

- Dis-nous tout, encouragea le blond.

La rouquine arrangea un peu sa capuche avant de commencer son histoire. Marco s'installa confortablement au comptoir, conservant Mandos dans son champ de vision malgré le fait qu'il observe Triss en premier lieu.

- C'est un domestique d'Ingrid Vegelbud qui m'a contacté. Apparemment, madame Vegelbud serait prête à dépenser une petite fortune pour aider la fuite des mages de Novigrad. Et ce, en échange d'une faveur mais j'ignore laquelle. Je n'ai pas plus de détails.

Le mouvement de Mandos attira immédiatement les yeux de rapaces de Marco. L'elfe venait de prendre une potion de sa ceinture. Il la reconnaissait. C'était la première que le jeune elfe avait bu devant lui. Celle qu'il avait régulièrement consommée durant leur temps avec eux. Une potion de régénération sanguine. Il regarda Kali qui hocha d'un micro millimètre la tête.

- On peut donc supposer que le domestique messager veut te rencontrer, n'est-ce pas ? devina Ace qui était plus intéressé par Déa dans ses bras que par autre chose.

Ou plutôt, c'était ce que disaient les apparences parce qu'il décala du pied une chaise que Gretka manqua de se prendre dans son jeu avec Anaïs et le petit écureuil Swift et ce, sans même lever les yeux.

- Oui, confirma Triss. Il dit vouloir m'expliquer de visu, mais par les temps qui courent je ne fais confiance à personne.

- Mon dieu me laisse pressentir qu'il n'y a rien à craindre, répondit Kali.

- Généreux de sa part, commenta la magicienne.

- Vas-y avec Iro. Ou Thatch, proposa Ace. Mais si Kal' dit que le serpent est ok, alors, c'est ok pour moi aussi.

- Après, tu peux toujours attendre Geralt pour qu'il revienne de ses mystérieux rendez-vous, yoi, proposa Marco.

La façon dont il le disait, c'était pas si mystérieux que ça pour lui.

- Où est le vampire ? demanda la magicienne.

- Il est parti à la chasse au vampire, justement, de ce qu'il m'a dit. Il veut apprendre à un gars ce qu'est un vrai vampire supérieur. Il est question d'un katakan, je crois, informa Zoltan.

Marco nota un intéressant rictus sur le visage de Mandos. Hmm, encourager Thatch à trouver ce gars, c'était une bonne idée.

- Je vais attendre le retour du vampire, sans vouloir offenser ta panthère, Ace, annonça Triss.

- Elle va pas s'en plaindre.

- Et sinon, tu as appris quelque chose de ce chien, avant de le tuer ? se renseigna Zoltan.

- Oui, mais je vais attendre Geralt, puisque ça concerne aussi Ciri, répondit le pirate.

Voyant les discussions sur la fin, Mandos sortit quelques places de théâtre au premier rang. Neuf. Une pour tout le monde (sauf Déa puisqu'elle était trop petite pour qu'on lui fasse payer une place et Triss qui n'était pas dans le groupe à proprement parler).

- Bien, les affaires semblent décidées. J'ai un petit cadeau pour chacun. Qui veut venir voir une pièce de théâtre à la première place ? C'est Priscilla qui l'a écrite. Et vous ne voulez vraiment pas louper cela.

Les billets furent distribués autour.

- Je ne suis pas vraiment un adepte du théâtre mais ça pourrait être intéressant, surtout si c'est Priscilla qui a écrit celle-ci, nota Zoltan.

- Je vais donner un billet à Thatch quand il reviendra, tu gardes le billet pour Geralt, yoi ? demanda Marco en prenant un second billet.

Gretka regarda le sien, puis s'approcha de Triss pour le lui donner.

- Cadeau pour vous, madame.

- Tu ne veux pas aller voir la pièce ? s'étonna Triss.

- Si, mais comme c'est la dame Priscilla qui m'invite, c'est elle qui s'occupe de mon billet. Et puis, Mandos a l'air de bien vous aimer, alors, il sera peut-être content si vous venez, vous aussi. Il a l'air si triste.

Anaïs pinça ses lèvres et regarda nerveusement le jeune elfe alors que tout le monde se taisait.

- C'est très gentil, Gretka, merci beaucoup. Mais je pense que vu que c'est Mandos qui a acheté le billet, c'est à lui de décider si je viens avec eux ou pas, sourit la rousse.

Discrètement, Kali serra l'avant-bras de son camarade elfe, l'air de lui dire qu'elle était là au besoin. Le pauvre Mandos était mal dans ses bottes à cet instant. Très mal.

- J'ai offert le billet à Gretka. Elle fait ce qu'elle veut avec, dame Merigold. Si elle vous le donne, vous devriez accepter. J'ai acheté les places car je savais qui était présent dans notre petit groupe. Donc, si Gretka a une place déjà à elle, il serait dommage d'en gâcher une.

- Merci pour l'invitation, demoiselle, sourit la rouquine. Vous êtes un mystère, guérisseur Cerbin. Je serais curieuse de discuter un jour avec vous. En attendant, je vais y aller… Lorsque votre camarade et frère sera de retour, vous voudriez bien lui dire que j'aurais besoin de son aide ?

- Aucun souci, cependant, Triss… Thatch est un amour quand il s'y met, il est très serviable, mais ne te fais pas de faux espoirs. Il a ses yeux déjà fixés sur quelqu'un, yoi, averti Marco avec un regard entendu.

- Si Flotsam m'a appris quelque chose, c'est de ne pas donner mon cœur à des hommes plus vieux que moi.

Kali jeta un œil derrière son épaule pour voir Mandos se cacher à moitié derrière elle alors que la porte se refermait derrière la rousse magicienne.

- Allez, donne le nom. Qui a fait chavirer le vampire ? On la connaît ? demanda Zoltan en donnant des petits coups à Marco depuis l'autre côté de son comptoir.

- Il ne s'occupe pas de ma vie conjugale, je ne mets pas mon bec dans sa vie sentimentale, yoi, répondit Marco.

Ace se leva et tapota du doigt la nuque de Mandos qui avait posé son front sur le comptoir.

- Je vais coucher Déa, tu m'accompagnes ?

- … je te suis.

Le D. passa devant, et remercia Marco de retenir Anaïs. Il ne voulait pas qu'elle entende la conversation. Il voulait la sauver, la préserver un maximum. Ils grimpèrent les marches et entrèrent dans la chambre du couple.

- Ferme la porte et assis-toi, s'il te plaît, demanda le pirate en allant coucher sa petite sœur adoptive.

Il remonta légèrement la fine couverture sur elle et l'embrassa délicatement sur le front, avant d'aller cueillir son chapeau sur une chaise. Mmmh, encore humide après le nettoyage. En soupirant, il le remit sur la chaise et alla s'asseoir en tailleurs par terre, devant Mandos.

- Marco m'a dit ce qu'il s'est passé pour votre aventure avec le sorceleur Kiyan. Et j'ai une mauvaise nouvelle pour toi, et pour cet esprit.

- Envoie. Au point où j'en suis. Il fait partie de ta liste à chasser ? demanda Mandos.

- Non. Je ne devais même pas être dans ce monde quand il s'est fait avoir, puisque je suis déjà tombé sur son nom au sujet de recherche archéologique pour Est Taiya, bien avant qu'Eilhart ne s'y installe. Mais là est justement la tristesse de la chose. Jusqu'au soulèvement de Wyzima et l'affaire de la Salamandre, il n'y avait plus que cinq Loups, dont un apprenti. Au même moment, les chats étaient plus du triple. Et tu sais pourquoi ? Parce que pour survivre, ils ont produit en masse des sorceleurs incomplets, défectueux, prenant le moindre gosse abandonné qu'ils trouvaient. Mais une fois l'entraînement et les épreuves passées, c'était chacun pour soi. Les chats n'ont pas la même unité, cohésion ou intérêt pour les leurs comme on peut le voir avec Vesemir et les trois idiots. Je n'avais jamais entendu parler de Kylan durant mon entraînement. Même pas en passant. C'est en poursuivant Eilhart que j'ai appris ce nom. Une fois dehors, si on ne se fait pas un nom, on ne compte plus. On nous efface et on passe à une nouvelle production. Cet homme, paix à son âme, a été effacé comme bien d'autres avant lui et pas mal d'autres après lui.

Mandos soupira et s'assit par terre contre la porte.

- Dur, marmonna-t-il. Pour l'instant, il ne peut pas partir. Pas qu'il ne veut pas. Il ne peut pas. Ça va être joyeux. Merci de m'avoir indiqué cela. J'en… avais entendu quelques échos par les autres… Mais il restera pour l'instant. Il ne peut vraiment pas partir. Pas… pas après ce qu'il a subi. Il a passé des années là-dedans, possédé et son âme déchirée. Il faut du temps pour qu'il arrive à se soigner avant de pouvoir accepter de partir.

- Qu'il prenne son temps. C'est bien la seule chose qu'il a pour l'instant. Du temps. S'il a besoin d'aide, je veux bien filer un coup de main, même si je doute être d'une grande utilité. Mais je suis un Chat, je sais comment ça se passe. Ça ira, gakki ?

Ace glissa sur le sol pour s'asseoir à côté de leur protégé, prenant ses genoux dans ses bras.

- Ça ira… ce n'est pas le premier mort ainsi que je croise. Enfin, un mort brisé. Mais… c'est la première fois que je ne peux pas le toucher pour l'aider. Si tu veux discuter avec un gars qui a passé des années torturés jusqu'à être pelé comme un fruit et qui a peur de sa propre ombre à présent et craint le retour de son tortionnaire... Pour l'instant, il essaye de se rappeler comment il s'appelle. Au fait… tu as réussi l'exploit de terrifier, avec Kiyan, Silas, au point qu'il est allé se planquer chez Roche. Une histoire de Willy et un mur, dépiauté comme un poisson au couteau. Il est revenu et a vu Kiyan. Il est reparti.

- Je pense que les mutations ont fait ressortir ma fascination pour le sang. Je l'avais avant, mais pas autant, et surtout pas avec un tel attrait pour le gore. Si tu vois un fantôme du nom de Jacob sur les talons de Marco, tu dois savoir que c'est plus lui qui aime se salir. Et je crois que c'est après avoir disséqué mon premier noyeur que j'ai compris son intérêt et que j'ai commencé à être gore avec ceux qui me tapaient vraiment sur les nerfs. Et que j'ai saisi ce que c'était vraiment la bloodlust. Donc, mes excuses à Silas, mais c'est pas à mon âge que ça changera.

Le D. regarda Mandos en penchant la tête.

- Je te fais peur ?

- J'admettrais avoir peur si tu as ta Bloodlust avec moi comme cible. Ou qu'elle va trop loin et que j'en ressente un peu trop les conséquences. Mais… ça va. Faut dire qu'une partie de ma famille est connue pour la folie un peu meurtrière.

- Zut, je vais devoir me montrer encore plus terrifiant et immonde que je ne lui suis déjà. Je vais réussir à te faire vraiment peur, un jour, gakki, tu verras.

Mandos sembla observer le vide un moment avant de dire au D. :

- Il est là… mais il a encore pas mal peur. Il ne reste jamais longtemps s'il y a du monde. Peur qu'ils l'entourent et l'attaquent.

- Compréhensible. Bonjour vieux chat.

Le D. leva sa main en salut. Il serait presque tenté de voir si sans sa médication, il arrivait à voir les fantômes. Il eut un blanc d'un instant, avant que Mandos ne reparle:

- Tu devrais l'aimer Ace… Kiyan t'a appelé jeune chat. Tu veux le voir ? Ou tu t'abstiens jusqu'à ce qu'il reprenne une meilleure forme ?

- Ni l'un ni l'autre. Je vais attendre qu'il veuille être vu. S'il n'en a pas le désir, je vais pas le forcer.

Ace se releva et soupira.

- C'est étrange, tu sais ? Que ce soit pour les Spades, mon premier équipage dont j'étais le capitaine ou les Shirohige, j'étais le plus jeune. Le petit-dernier, le petit-frère. Et aujourd'hui, je réalise que j'ai dépassé l'âge de la retraite de bien des pirates. J'imaginais même pas voir mon vingt-cinquième anniversaire, et pourtant…

- Pas de souci. Allons-y, il va me suivre ou suivre Marco ou Roger. On est les trois qui l'ont sorti de là. Il s'accroche à ceux qui l'ont sauvé.

Mandos leva le bras où une trace de givre venait d'apparaître, formant l'empreinte de deux mains.

- Geralt est en train de revenir.

Ace ouvrit la porte, invitant Mandos à passer devant, avant de la refermer derrière eux après un dernier regard à Déa. Il descendit les marches et constata que Geralt franchissait justement le seuil avec un étrange regard pour Mandos. La porte n'eut pas le temps de se refermer qu'un Thatch agacé entra.

- Yo, frangin.

Le vampire se contenta de bougonner avant de se laisser tomber sur une chaise à une table, puisque le bar commençait à être un peu étroit si on rajoutait sa bonne carrure. Geralt le regarda, à deux doigts de lui proposer de prendre la relève, avant de finalement renoncer. Zoltan apporta une boisson forte au cuisinier pour le réconforter.

- Alors ? demanda Geralt au D. avec sa voix morne.

- Cyprian Wiley est en train de pourrir à la vue de tous dans Oxenfurt, mais j'ai eu des trucs intéressants. Ceci notamment.

Il sortit de sa sacoche à élixir le phylactère qu'il avait récupéré. Geralt s'en saisit et l'examina. Kali fronça les sourcils. C'était elle ou Mandos avait regardé Uma intentionnellement ? Pourtant, la créature ne faisait rien de particulier, outre se disputait un bout de bois avec Iro.

- Ciri avait demandé au Bâtard de le réparer. Comme apparemment, elle n'a pas respecté sa part du marché, ce qui est stupide, puisqu'elle l'a fait mais il ne lui a pas laissé le temps de procéder à l'échange, eh bien, il a fait enlever Doudou le Doppler. Elle est partie le sauver avec Luffy et Jaskier faisant le guet… et on les a plus revus depuis.

- Mauvais souvenir ? demanda Marco à Mandos en le voyant se masser un point sous l'épaule, pas très loin du cœur.

Il jeta un œil à Kali qui venait de prendre le phylactère des mains d'Ace pour ensuite aller se mettre accroupie sur la pointe des pieds devant Uma.

- Rien. Un carreau d'arbalète entre l'artère, le poumon et le cœur. Et un déplacement sorcier qui a failli m'avoir. Très mauvais souvenir en fait maintenant que j'y pense.

- La garde du temple a bien visé.

C'était un coup de poker. Seuls les soldats de métier avaient des arbalètes. Cela ne laissait que quatre factions : Nilfgaard, le Nord, les Chasseurs de Sorcières et la Garde du Temple. Il y avait bien les Stries Bleus, mais ceux de Mandos était de la famille pour lui.

- Sans blague. Pour une fois qu'ils savent viser. Trois semaines dans le coma à la limite de la mort. Trois ! Et j'ai pas pu utiliser mon bras pour le même montant de temps à mon réveil.

Donc, Mandos avait eu des ennuis avec la garde du temple et c'était en rapport avec le Petit Bâtard, puisqu'il avait frotté sa vieille blessure pendant qu'ils parlaient de la fuite de Ciri et Luffy. Certainement que la garde était intervenue à cet instant. D'où le moment où Jaskier avait fini dans leurs griffes.

- Et tu râles quand je te demande de rester coucher quelques heures ? S'étonna faussement Marco.

- Euh… Shiva… commença Thatch.

- Kali, rectifia froidement l'elfe.

- D'accord, Kali. Tu donnes ce truc qui m'a l'air fragile et important à Uma ?

- Oui.

- Et pourquoi ?

- Je demande juste une confirmation.

Quelle confirmation ? De quoi parlait-elle ?

C'est au bout d'un bref instant que Mandos prit la parole :

- Qui ne dit mot …

Il n'acheva pas sa phrase. Inutile. Ils avaient à présent tous comprit que "l'ami" de Ciri celui qui avait des ennuis, qui était maudit et qui avait besoin du phylactère, c'était Uma. Ciri avait fait tout cela pour Uma.

- Thatch, Mandos a gagné un bonbon. Essaye d'en rapporter du bal, d'acc ? dit tranquillement Kali en se relevant.

- Un bal ? Quel bal ? s'enquit le vampire.

- Celui auquel tu vas assister avec Triss Merigold qui a d'ailleurs besoin de ton aide.

Et elle alla rendre le phylactère à Ace.

- Que nous vaut ce changement de prénom ? se renseigna Geralt.

- Rien d'important, annonça le D. en secouant la main.

Cela lui valut un regard noir de la part de Kali.

- Le regard de Kali dit le contraire, pointa Marco.

- Rien de préoccupant, parole. Ca m'arrange même.

Son époux lui adressa un regard sévère, mais ne poursuivit pas. Il connaissait son mari. Ça devait le toucher lui, pour qu'il refuse de partager les informations. Mais dire que ça l'arrangeait… Il devait être question d'Eilhart ou Schrödinger. Vu qu'il revenait du laboratoire de la magicienne, Marco penchait pour elle.

Une torche tomba sur le sol quand Thatch se leva brusquement. Pourtant, la torche était à l'autre bout de la taverne exceptionnellement vide. Ace ramassa l'objet alors que Geralt portait la main à son glaive d'argent.

- On a un Chat mort effrayé et traumatisé, ne te montre pas menaçant, s'il te plaît Geralt, yoi, demanda Marco.

- Un chat ?

- Un sorceleur, un de mes aînés, informa Ace en remettant la torche en place.

- La troupe qui récupère les âmes en peines et les blessés. Jaskier va… commença Zoltan.

- Ne fini pas ta phrase, siffla le Chat Noir. Il a assez fait de mal comme ça.

- Et Kiyan n'a pas besoin d'un idiot pour venir remuer dans la plaie la lame. Il a été assez torturé pour plusieurs vies. Bon … je vais le chercher et le calmer. À plus tard, annonça Mandos.