Auteur: Kuro-Hagi – 01/2024
Genre: Amitié - Romance - Yaoi
Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.
Notes/Remerciements : [Joyeux Anniversaire Dwally] Désolée j'ai un petit jour de retard :) C'était la folie hier ! J'espère que cette petite histoire te plaira… J'avais espéré tenir en un OS mais… Finalement ça s'étoffe trop :D ils sont trop complexes ces deux-là ! :)
STRANGERS
PART. 1 : AOMINE
I
Il salue la voisine d'un hochement de tête et la laisse entrer la première dans l'ascenseur. Il s'adosse à la parois de la cabine métallique qui commence à s'élever en regardant d'un air morne les numéros s'incrémenter, lentement, jusqu'à arriver au quinzième étage. Il laisse la vieille femme sortir devant lui, puis la suit dans le couloir. Elle s'avance jusqu'à l'appartement numéro 154, quant lui s'arrête au 153, elle lui souhaite une agréable soirée, qu'il lui rend poliment. Et il frappe à la porte de l'appartement. Quand il lui ouvre, Harui lève les yeux au ciel et l'accueille sur un ton sarcastique.
« Daiki. Quelle surprise. Quel bon vent t'amène cette fois ?
— Moi aussi je suis content de te voir Haru, toujours aussi aimable. »
Harui soupire et se retourne sans chercher à l'empêcher d'entrer. Il sait que c'est inutile depuis le temps. Il en profite pour laisser ses yeux traîner sur sa silhouette parfaite de nageur. Un dos musclé, des fesses fermes, il détourne le regard, quand ils entrent dans la pièce principale où sa meilleure amie est installée devant la table basse. Elle s'illumine aussitôt en le voyant.
« Daiki ?
— Hey Satsu ! »
Il regarde Harui avec un sourire satisfait, celui-ci lève une nouvelle fois les yeux au ciel. Parfois, il s'amuse à compter le nombre de fois où il fait ce geste en une soirée. Le mieux qu'il ait fait c'était presque vingt fois. Il adore l'emmerder. En vrai, il l'apprécie. En vrai, il est amoureux de lui. Pourtant au tout début, il ne l'aimait vraiment pas. Il a toujours été très protecteur envers sa meilleure amie et quand ce mec, de onze ans de plus à débarqué, il n'était pas franchement ravi. Satsuki avait pourtant tout fait pour le rassurer. Les deux hommes ne pouvaient pas se voir et elle avait dû souvent faire l'arbitre entre eux. Bon il était souvent en tort. Harui, cet enfoiré, est un mec bien. Il ne peut rien lui reprocher, il a toujours été honnête avec Satsuki, même sur le fait qu'il est bi et que Daiki et lui s'étaient déjà rencontrés en boîte une fois et avaient passé une nuit ensemble quelques mois avant qu'il rencontre Satsuki. La jeune femme l'avait bien pris, même si ça avait été un peu gênant sur le moment comme révélation. Elle avait avoué avoir eu quelques difficultés à ne pas les imaginer ensemble dans un lit et c'était assez perturbant.
Alors il a fini par être rassuré et pire que ça par tomber amoureux aussi. Mais pas moyen qu'il pique le mec de sa meilleure amie. En réalité, il sait que Harui ne le déteste pas et après quelques soirées civilisées passées ensemble. Il lui a en quelque sorte donné sa bénédiction pour prendre soin de sa meilleure amie. Depuis, il aime le faire rager juste pour le plaisir, juste pour ne pas tomber un peu plus amoureux de lui. Il préfère le voir mécontent que gentil. Mais il ne peut pas s'empêcher de débarquer à l'improviste régulièrement, très régulièrement, deux à trois fois par semaine pour l'emmerder et peut-être, un peu, pour se sentir moins seul.
Il se sert une bière dans le frigo. Ici, il est un peu chez lui. Il ignore le regard désapprobateur d'Harui et s'installe à côté de Satsuki pour discuter de tout et de rien. Il la laisse parler essentiellement, mais c'est toujours mieux que de rentrer seul dans son appartement déprimant. Le comble il préfère être la troisième roue du carrosse, plutôt que de faire face à sa solitude. Et même s'il ne l'avouera jamais en ces termes, Satsuki le connaît suffisamment pour savoir que c'est ce qui le tourmente : la solitude. La partie où il est amoureux d'Harui, il espère bien qu'elle ne le découvrira jamais.
II
Son regard dérive dans les dessins vaporeux formés par les nuages dans le ciel bleu. Un sentiment de vertige l'étreint légèrement. Des fois, il a l'impression de se diluer dans l'immensité de l'univers. C'est à la fois angoissant et apaisant, un sentiment qui chatouille son ventre et fait palpiter un peu son cœur.
Il crache la fumée de sa cigarette et boit quelques gorgées de sa bière, assis sur un fauteuil de son balcon. Cette petite routine est bien huilée. Quand il ne va pas chez Satsuki et Harui, ou qu'il ne sort pas avec des collègues pour picoler. Il vient ici, pour passer une heure parfois deux à fumer et simplement boire. Quand il a le courage, il mange un peu, mais il a rarement faim.
Mais ce soir il est distrait par les vibrations de son téléphone. Habituellement, il l'abandonne quelque part dans le salon et ne le retrouve que le lendemain avant de partir travailler, sauf aujourd'hui, inexplicablement, il l'a gardé dans sa poche. Il finit par le sortir pour regarder ce qu'on lui veut.
« Hey Satsu. Qu'est-ce qui se passe ?
— Bonsoir Dai-chan. J'ai pas le droit de t'appeler sans raison ?
— Ben… Sachant que je suis passé chez toi hier soir… Et que je ferai sûrement un saut demain et que tu le sais très bien… J'imagine qu'il doit y avoir quelque chose d'important qui ne peut pas attendre.
— Ok. Ok. Harui aurait besoin d'un service.
— … O-kay… »
Harui besoin d'un service de sa part ? On aura tout vu. Mais ça l'intrigue trop, pour même penser à faire une blague.
« Vas-y je t'écoute.
— Un de ses amis aurait besoin d'un hébergement temporaire…
— Quoi ?! Et tu te dis que tu vas me demander d'héberger quelqu'un que je connais pas ? Moi ?
— Oui toi. Pour rendre service et je t'ai dit c'est temporaire ! Laisse moi au moins t'expliquer… S'il te plaît ? »
Il grommelle, mais bien évidemment il va l'écouter et il va même accepter -même si c'est une très très mauvaise idée- parce qu'il ne sait rien lui refuser et encore moins quand elle lui demande avec cette voix suppliante.
« Ok. J't'écoute.
— Le gars vivait dans un appartement très vétuste et… L'immeuble est parti en fumée hier soir. Heureusement, il n'était pas dans l'appartement, il bosse de nuit, mais il a littéralement tout perdu. Il n'a pas de famille ici… Il est vraiment à la rue.
— Il a pas d'autres potes ce gars ? Ou de la famille ?
— Il a juste Harui et un autre gars mais qui vit aux US. Tu sais qu'on l'aurait hébergé sans problème mais on ne peut pas l'accueillir décemment ici. Ton appartement est plus grand et tu vis seul. C'est le temps qu'il se trouve un autre logement et qu'il récupère l'argent de l'assurance pour racheter ce qu'il a perdu. »
Il joue toujours les gros durs, le gars qu'en a rien à foutre des autres et qui se laisse pas attendrir comme ça. Mais il doit bien avouer que le gars n'a vraiment pas de bol et penser qu'il a si peu d'amis et pas de famille. Il doit se sentir si seul. Et même s'il le nie farouchement, ça résonne en lui un peu douloureusement. Il soupire.
« D'accord… Ok. Je vais l'héberger. Mais vraiment, il a intérêt à chercher dès demain un nouvel appartement.
— Dès que l'assurance aura répondu ?
— … Ok. Ok. Dès que l'assurance aura répondu. Il est où là ?
— Ici. On a un petit futon de dépannage… Mais il est quasiment aussi grand que toi alors je te garantis qu'il va pas très bien dormir.
— ça va ça va ! J'ai déjà dit oui. Je vais débarrasser la chambre du bordel… Il pourra venir demain. Tu as dit qu'il bossait de nuit ?
— Oui. Et demain soir il travaille. Ça te va si je l'accompagne chez toi demain midi ? Je sais que c'est pas idéal… Tu seras au boulot et tu ne pourras sûrement pas le voir avant qu'il prenne son service mais…
— ça va c'est bon je te fais confiance. Tu peux l'aider à s'installer demain… Et bah… je le croiserai bien à un moment. Il s'appelle comment ?
— Kagami Taiga.
— Ok. Je laisserai une clé pour lui sur la table. »
Il regarde autour de lui, dans son appartement minimaliste. Sa vieille guitare poussiéreuse dans un coin, les étagères qui croulent sous les mangas et les bouquins, son ballon de basket dans son sac à moitié ouvert dans l'entrée, son superbe écran plat avec sa console, son ordinateur portable ouvert au milieu de la table basse et… sa collection de Jordans.
« Il fait comme chez lui… S'il fait la même taille que moi, il peut emprunter quelques fringues… j'imagine qu'il a plus rien. Tant qu'il touche pas à mes baskets et qu'il écrase pas mes sauvegardes sur la console, et qu'il renfloue le frigo quand il se sert…
— Merci Dai-chan tu es adorable !
— Hmpf… Mouais… Et c'est temporaire hein ? J'aime bien ma tranquillité.
— Promis. Merci. Harui était vraiment inquiet.
— Pas de problème. Au fait, il fait quoi pour bosser de nuit ?
— Il est barman dans la boîte de nuit où tu as rencontré Harui.
— Oh… Hm… OK. »
C'est la boîte qu'il fréquente le plus, alors rien de bien surprenant qu'il ait rencontré Harui là-bas, mais c'est toujours un peu étrange quand Satsuki l'évoque de cette manière.
« Il ressemble à quoi ? Je pense que j'ai déjà vu à peu près tous les barmen là-bas…
— Il est grand comme toi… Et il a les cheveux rouges.
— Ah oui je vois. Celui qui a un tatouage sur le pec droit et une chaîne avec une bague autour du cou… Canon. »
Satsuki rigole.
« Canon oui… Pour le reste avec son sweat à capuche je vois pas grand chose je t'avoue. Mais je te crois. Bien on fait comme ça alors. Merci encore Dai-chan. Je t'envoie aussi son numéro de téléphone, il va racheter un mobile demain et je lui donnerai le tien au cas où.
— Ça marche.
— Bonne soirée Dai-chan.
— Yeah… Bonne soirée ménage… Tu parles d'une soirée. Bonne soirée à vous et… Désolé à lui. »
Il soupire en raccrochant. Il espère ne pas faire une connerie en acceptant de rendre ce service. Ça fait des années qu'il n'a pas vécu avec quelqu'un, et il n'est pas sûr d'être très … Vivable. Enfin, il faut voir le bon côté des choses, il s'ennuyait… Maintenant il ne s'ennuie plus, il doit faire le ménage. O joie. Il se console en se disant que le gars est vraiment canon et ce sera pas désagréable de pouvoir profiter de la vue tant qu'il est là et du peu qu'il a vu, il a pas l'air trop causant, donc pas chiant. Et s'il bosse le soir, en vrai ils auront sûrement peu d'occasions de se croiser, tant qu'il ne fout pas la merde dans son appartement, il devrait pouvoir cohabiter sans trop d'embrouilles.
III
Quatre jours. Quatre jours qu'il a un colocataire et il n'en a pas vu l'ombre. Il se fait extrêmement discret et on peut dire qu'il n'est pas du genre à déranger son espace. Au contraire, il lui semble même que tout est un peu plus immaculé. La seule preuve de sa présence, c'est la clé qui a disparu sur la table, une paire de jordans rouge, qui a bien vécue dans l'entrée quand il part le matin -au moins le gars à bon goût-, un message de remerciement sur son téléphone d'un numéro inconnu et les plats qu'il retrouve quotidiennement dans le frigo avec un petit mot gentil, pour le remercier encore de son hospitalité.
Il n'a même pas entendu la voix du gars. Il connaît son écriture, il sait qu'il cuisine super bien, il fait une sauce teriyaki à tomber et… C'est tout. Au début, il était très réticent à accueillir un inconnu chez lui, voir son espace qui n'est pas immense envahit par quelqu'un qu'il ne connaît pas, devoir partager son quotidien, peut-être chambouler ses habitudes. Finalement, oui son quotidien a un peu changé, il mange tous les jours et ne passe pas des heures à fumer et boire, il a même un peu hâte de rentrer juste pour savoir ce que Kagami lui a concocté. Et d'ailleurs, il n'est pas allé une seule fois chez Satsuki, dans l'espoir de pouvoir le croiser au moins une fois. Mais en dehors de ça, Kagami est tellement discret qu'après s'être rassuré de voir qu'il n'allait pas foutre sa petite routine en l'air, il en est maintenant ennuyé. Alors quand en entrant ce soir, il a de nouveau trouvé l'appartement vide, il s'est retrouvé extrêmement frustré. Le mec le fuit en fait ? Ses petits plats, c'est très gentil, mais ça ne fait pas la conversation. Assis sur le tatami, le plat fumant devant lui, sirotant sa bière, il regarde son bol pensivement sans y toucher, malgré l'odeur alléchante.
Au fond, il a fait son ronchon comme toujours, mais Satsuki n'a pas eu beaucoup à insister pour lui faire accepter cette colocation forcée. Bien-sûr ses craintes de se sentir envahies étaient bien réelles, il n'a pas envie d'être totalement chamboulé, mais… même ssi son égo prétend le contraire, la solitude lui pèse et la perspective d'avoir quelqu'un à qui parler qui ne soit ni les gamins du basket, ni ses collègues lui plaisait au fond.
Il attrape son téléphone, arrête de réfléchir et de se poser mille questions, prend une photo de son plat et l'envoie par message à Kagami en y joignant quelques mots.
[Aomine — 20:12]
Est-ce qu'un jour on va pouvoir partager un de tes plats délicieux ? Ou sommes-nous condamnés à les manger chacun de notre côté ?
Satisfait, il repose son téléphone et s'attaque enfin à son repas. Dès la première bouchée, une explosion de saveur chatouille ses papilles. Ce mec ne devrait pas être derrière un bar, mais derrière des fourneaux dans un super restaurant. Il se régale, oubliant le message qu'il vient d'envoyer, et quand son téléphone bippe, il jette un œil à l'écran pour voir si l'intrusion vaut le coup de mettre en pause sa dégustation. Un sourire fleurit sur ses lèvres quand il voit que c'est Kagami qui lui répond. Il décide donc qu'une petite pause est acceptable, alors il reprend l'objet et lit aussitôt sa réponse.
[Kagami — 20:26]
Merci. Content que ça te plaise. Je veux pas m'imposer et j'ai pris des heures en plus pour pouvoir me prendre un nouvel appart rapidement.
[Aomine — 20:27]
Te tues pas à la tâche non plus. Prends ton temps… J'vais pas te mettre à la porte comme ça.
[Kagami — 20:28]
On se connaît pas… Tu pourrais bien changer d'avis rapidement.
[Aomine — 20:29]
Ben justement… Laisse moi le temps de juger. Mais tu gagnes clairement des points avec les petits plats. C'était méga bon ce soir encore.
[Kagami — 20:29]
Merci.
[Aomine — 20:30]
De rien… Bon j'espère qu'on aura l'occasion de se croiser bientôt.
[Kagami — 20:31]
J'enchaîne encore quelques soirs… Mais samedi ou dimanche on devrait se croiser si tu bosses pas.
[Aomine — 20:31]
Parfait.
[Kagami — 20:31]
Ok. Je ferais à manger.
[Aomine — 20:32]
Hey… j'vais pas dire non.
[Kagami — 20:33]
Ma pause est terminée j'y retourne. A plus.
[Kagami — 02:35]
Au fait, c'est quoi ton plat préféré ?
IV
Il soupire et tend le bras pour atteindre son téléphone et arrêter le réveil. Il fronce les sourcils. C'est la quatrième fois qu'il sonne déjà, il va être en retard. Il se lève à regrets, vivement le week-end et les grasses matinées. Alors qu'il enfile son jean, il se rappelle de la présence endormie de son colocataire. Encore une fois, il ne l'a pas entendu rentrer. Kagami se fait toujours très discret et il se demande avec une pointe de culpabilité si son réveil qui sonne à répétition pourrait le déranger. Il ne sait jamais poser la question, agissant comme à son habitude, oubliant qu'il n'est pas seul et généralement ne s'en rappelant qu'avec le café chaud. Visiblement, Kagami a découvert très rapidement que sa cafetière était programmable. Cette fonctionnalité étant la raison principale pour laquelle il l'a acheté en premier lieu… Mais qu'il oublie tout le temps d'utiliser et pour être franc il n'est même pas sûr d'avoir jamais su comment ça fonctionnait. Il se sert sa tasse et la boit debout appuyé contre le plan de travail et sort son téléphone pour remercier son locataire pour le café. Il sourit en voyant le message de Kagami.
[Aomine — 07:57]
Le poulet teriyaki. Merci au fait pour le café. A l'occasion, faudra que tu me montres comment on utilise cette machine, que je puisse continuer à m'en servir quand tu auras retrouvé un appart.
Il sourit encore quand il lave rapidement sa tasse et la met à égoutter. C'est seulement en s'essuyant les mains qu'il réalise qu'il ne prend jamais, ne serait-ce que quelques secondes pour faire ce genre de choses, mais dans sa cuisine exceptionnellement immaculée, ça lui semble une évidence.
Il a toujours le sourire aux lèvres quand il enfile ses chaussures et sa veste, glisse portefeuille, téléphone et clé dans ses poches et quitte l'appartement.
V
Daiki s'étire, il est resté presque deux heures concentré sur le même problème et vient enfin de réussir à le résoudre. Il se masse la nuque, verrouille son PC et se lève avec sa tasse et son paquet de cigarettes. Il a bien mérité une pause. Il salue vaguement les collègues, regarde son café coulé puis, il sort sur la terrasse et s'accoude à la rambarde, pour allumer sa clope. Il tire une première bouffée de nicotine avec un soupir de satisfaction. L'effet semble instantané quand, à cette première inspiration, il lui semble sentir tout son corps se détendre. Il vide son esprit sur les premières tafs, puis il laisse ses pensées dérivées. Il se demande ce que Kagami lui aura concocté pour son repas du soir. Il ne peut s'empêcher de sourire de nouveau. Et puisqu'il sait que son locataire ne sera pas là, il se dit que c'est l'occasion de rendre visite à Satsuki qu'il n'a pas vu depuis plus d'une semaine. Un record. Il sort son téléphone pour vérifier ses messages et quand il voit le nom de Kagami, son cœur fait un bond de joie et il l'ouvre sans attendre.
[Kagami — 10:47]
Peut-être que je vais garder le secret pour pas que tu me vires tout de suite et rester utile.
Il rit doucement et avale les dernières gorgées de son café puis repose sa tasse pour pouvoir répondre.
[Aomine — 11:12]
T'inquiète. La machine à café sait pas encore faire la bouffe alors je suis pas pressé de me débarrasser de toi.
[Kagami — 11:13]
J'suis rassuré !
[Kagami — 11:14]
Mais plus sérieusement, merci pour l'hébergement… Tu m'as toujours pas dit combien je devais pour le loyer. Et promis, je reste pas trop longtemps et je te serais toujours redevable.
[Aomine — 11:15]
Oh là ! Détends toi Kagami. J'te préfère quand tu plaisantes !
[Aomine — 11:15]
Plus sérieusement, et après on oublie ça : Tu me dois rien. Je paye pas de loyer, alors toi non plus. Tu me fais à bouffer, tu fais le ménage (oui j'ai remarqué ça aussi) et t'es le locataire le plus discret qu'on puisse imaginer. Je dirais même un peu trop. Ça suffit amplement pour l'échange de service pour ma part.
[Kagami — 11:16]
Ah mais si tu veux que je fasse plus de bruit en rentrant après le boulot. Je peux faire ça sans problème.
[Aomine — 11:16]
Ben ça me donnerait une bonne raison de me plaindre à Satsu et Haru. Là je vais être obligé de leur dire à quel point j'ai même pas hâte que tu partes.
[Kagami — 11:17]
Attends… T'emballes pas. On s'est même pas rencontré. Si ça se trouve ma tête va pas te revenir.
[Aomine — 11:17]
C'est pour ça que tu te caches ?
[Kagami — 11:18]
Peut-être… Ou juste… J'ai pas envie de déranger. Je veux pas t'envahir.
Kagami lui a déjà dit quelque chose de similaire la veille. Il médite un moment ces mots, il comprend le sentiment du gars, ils ne se connaissent pas et il se retrouve à devoir cohabiter avec un inconnu pour simplement survivre. Le peu qu'il ait vu de lui en boîte et des quelques échanges de message qu'ils ont eu, il a l'air de quelqu'un de sympa, posé et doté du sens de l'humour. Même s'il était réticent au début, plus par peur du changement qu'autre chose, il doit reconnaître qu'il est à peu près sûr qu'ils pourraient être amis et sa présence comble un peu cette solitude qui le ronge.
[Aomine — 11:19]
Arrête d'être sérieux ! Tu m'obliges à l'être aussi ! Tu m'envahis pas OK ? Je comprends ta position… ça doit pas être cool d'être obligé d'accepter l'hospitalité d'un inconnu. Mais tu me déranges pas. Et quand je dis que t'es presque trop discret… C'est pas complètement de la blague, je vis seul depuis longtemps et mes plantes vertes ont pas beaucoup de conversation…
[Kagami — 11:19]
Ben surtout… Qu'elles sont pas très vivantes.
[Kagami — 11:19]
Donc tu me rends service… Et je te rends service aussi ?
[Aomine — 11:20]
Enfoiré !
[Aomine — 11:20]
Ouais c'est bien ça. Echange de bons procédés. Donc arrête de te planquer.
[Kagami — 11:21]
Ok. ça marche. Hey, je peux t'emprunter des trucs à lire ?
[Aomine — 11:21]
Bien-sûr, sers toi. Bon… Je dois y retourner. A plus tard.
[Kagami — 11:22]
A+
Daiki glisse son téléphone dans sa poche, se sert un autre café puis retourne à son poste. Il espère que Kagami aura compris cette fois et ne lui refera pas le coup de "je veux pas déranger". Il a un peu de mal à se concentrer, pensant toujours à Kagami et se demandant comment il vivrait sa situation. Il s'imagine son appartement partir en fumée, et son estomac se contracte un peu à l'idée de perdre sa collection de mangas et de bouquins, sa guitare, dernier cadeau de son père, sa collection de CD et toutes ses Jordans. Le reste ? Rien de vital, mais ses collections et sa guitare lui tiennent à cœur. Il se demande si Kagami a perdu des choses sentimentales, est-ce qu'il a absolument tout perdu ? Ou est-ce qu'il a pu sauver quelques trucs ?
[Aomine — 11:55]
Et plus généralement, tu peux utiliser ce que tu veux dans l'appart… Tant que tu touches pas à mes Jordans ;)
[Kagami — 11:56]
LOL. J'avais cru comprendre à l'avertissement de Satsuki que tu plaisantais pas avec tes pompes. Merci.
[Aomine — 11:56]
De rien. Vraiment… Fais comme chez toi. Si y'a un truc qui me dérange je te le dirais.
[Kagami — 11:57]
Merci. Et dire que Satsuki m'avait dit que tu étais un mec bougon et pas marrant.
[Aomine — 11:57]
Oh là ! Fais gaffe à ce que tu dis ! Va pas ternir ma réputation !
[Kagami — 11:58]
Ah ah. Promis ça reste entre nous.
Il sourit. Il a plein de questions, mais il n'ose pas se montrer trop curieux. C'est sûrement mieux d'attendre de pouvoir discuter de vive-voix.
VI
« Dai-chan ! »
Daiki est un peu surpris de voir sa meilleure l'accueillir avec autant d'enthousiasme. Certes, ils ne sont pas vus depuis une semaine et c'est assez rare qu'il espace autant ses visites, voire ça n'arrive jamais, mais ça ne peut pas être suffisant pour qu'il lui ait manqué. Il sait très bien qu'elle l'aime trop pour lui dire ne pas venir la voir tous les deux trois jours, mais qu'elle s'en passerait bien en réalité.
« Salut Satsu… Tu m'as l'air un peu trop contente de me voir.
— Quoi ?! J'ai pas le droit d'être contente de te voir ?
— J'ai pas dit ça… mais je trouve que c'est un peu excessif.
— Roh tu exagères. Non j'suis contente de te voir… Déjà c'est rare de pas te voir pendant aussi longtemps. Et, je m'inquiétais un peu d'être sûre que tout se passe bien avec Kagami. Il a assuré à Harui que tu étais super cool et que tout allait bien… Mais bon il pourrait ne pas osé parler tu vois.
— Promis, j'ai été très cordial avec lui. Il a l'air d'un mec cool. Et comme il bosse le soir, on se marche pas vraiment sur les pieds… »
Il laisse sa phrase en suspens, il se sent un peu honteux d'avouer qu'en cinq jours il n'a pas vu Kagami, il a l'impression que le jeune homme ne l'a pas non plus évoqué, alors il en reste là et ne précise rien de plus. Et comme à son habitude, il va se servir une bière dans le frigo.
« Haru n'est pas là ?
— Non. On est jeudi, il a son cours d'Aikido. »
Son cœur rate un battement et il se fige quelques instants en réalisant, qu'il s'arrange généralement pour venir les soirs où Harui est présent, et dans tous les cas s'il vient un soir où il n'est pas là, c'est consciemment. Mais aujourd'hui, il avait complètement oublié l'emploi du temps du jeune homme.
« Ah oui… C'est vrai. On est jeudi. »
Il se laisse tomber dans le canapé et boit quelques gorgées de sa bière alors que son amie referme le magazine qu'elle feuilletait et s'installe à côté de lui avec un soda.
« Alors… Vraiment ? ça se passe bien ? Je sais que… je t'ai pas trop laissé le choix. Mais j'ai vu quelques fois Kagami et j'avais l'impression qu'il serait pas du genre envahissant squatteur quoi.
— Nan. Vraiment c'est cool. En plus, il fait à bouffer.
— Oh ?! Vraiment ? Je crois qu'Harui m'a dit effectivement qu'il se débrouille en cuisine… mais j'avoue, jamais eu l'occasion de tester.
— Ben s'il t'invite à bouffer, accepte les yeux fermés. »
Satsuki rigole, elle sait comme il est exigeant en cuisine, alors elle a parfaitement conscience que ses compliments sont très certainement mérités. Puis, il lui parle du boulot et l'interroge sur ses élèves, essayant de garder la discussion le plus loin possible de Kagami. Même si ce serait tentant d'obtenir les réponses à ses questions auprès de Satsuki, il a envie que les confidences viennent de l'intéressé. Mais ce soir, il ne traîne pas, il est bien curieux de savoir ce que Kagami a pu lui préparer.
VII
[Aomine — 22:12]
Trop bon ce curry japonais ! Y'a quelque chose que tu sais pas cuisiner ?
[Kagami — 23:58]
Pour l'instant j'ai pas trouvé. Mais vas-y je prends tous les défis.
[Aomine — 00:02]
Un truc français… Oh je sais ! Une tarte au citron meringuée !
[Kagami — 00:06]
Ok. Challenge accepted. T'es sûr que c'est français ?
[Aomine — 00:07]
Absolument pas… Mais ça a l'air compliqué à faire. Enfin si ça se trouve c'est super easy.
[Kagami — 00:08]
Je te dirais ça quand j'aurai essayé.
[Aomine — 00:08]
J'ai hâte de goûter ! Bon faut que j'aille me pieuter. Bon courage pour la fin de ton service. Bonne nuit.
[Kagami — 00:09]
Merci. Bonne nuit Aomine.
VIII
[Aomine — 08:08]
Hey ! Comment ça va ? Ton service s'est bien passé ? T'as changé le café ?
[Kagami — 10:20]
Hey. ça va bien merci. Et ça a été le boulot, toujours un peu bondé le jeudi soir, mais la routine. Et toi ? Comment ça va ?
[Kagami — 10:21]
Oh oui… J'ai racheté du café y'en avait plus… Je n'avais pas fait gaffe à la marque que tu prends d'habitude, mais si ça te convient pas, je peux aller en chercher d'autres.
[Aomine — 10:32]
Ah non non, t'inquiète. Il est très bon au contraire. Et sinon je vais bien merci. Ça met toujours de bonne humeur d'avoir un café chaud et prêt au réveil.
[Kagami — 10:33]
Cool. Tant mieux. Au fait, j't'ai pas demandé. Tu bosses dans quoi ?
[Aomine — 10:34]
Un truc hyper barbant… Je fais du développement dans une boîte de com. Je crée des sites web essentiellement.
[Kagami — 10:35]
C'est pas barbant. C'est cool. Tu fais du design ?
[Aomine — 10:36]
Absolument pas ! Je suis très nul en graphisme… je laisse cette partie du job à mes collègues. Et toi au fait ? Je te vois depuis au moins deux ans dans cette boîte. C'est un choix de carrière ou un travail temporaire ?
Daiki regarde son téléphone en se demandant si sa question n'est pas un peu maladroite. Mais bon, elle est partie et la petite icone lui indique que Kagami l'a lue alors c'est trop tard. Son estomac le chatouille un peu, mais il ne sait pas si c'est plus parce qu'il a peur que la question soit mal prise ou parce qu'il est content d'en apprendre plus sur Kagami.
Il tire la dernière bouffée de sa cigarette et empoche son téléphone avant de retourner dans la petite cafétéria du bâtiment, il se ressert un café quand il sent la vibration contre sa cuisse, l'informant de l'arrivée d'un message. Il sort son téléphone et ne peut s'empêcher de sourire en voyant que c'est Kagami qui lui répond. Il est juste content de voir son nom s'afficher, même si un peu inquiet de sa réponse ou de l'avoir froissé. Il jette un œil autour de lui et repose sa tasse s'accordant encore quelques minutes de pause pour se permettre de lire le message de son ami. Sa propre pensée le fait sursauter, depuis quand il considère ce gars qu'il connaît à peine comme un ami ?!
[Kagami — 10:38]
Alors non c'est pas un choix de carrière c'est juste… Un truc que je sais faire étonnamment. Je dirai que je suis plutôt du genre casanier en fait, je suis le genre de gars à être serveur et servir des cocktails alors que je me suis jamais senti à l'aise à venir en boîte en tant que client. Mais… Finalement derrière le bar, en quelque sorte j'suis protégé tu vois ? Et puis, c'est jamais désagréable de pouvoir mater ;)
Il sourit un peu plus à cette réponse, soulagé qu'il lui réponde honnêtement et sans offense. Et, quelque part, il comprend un peu ce qu'il veut dire. Même s'il aime aller danser, il aime aussi son confort, son cocon et être tranquille. Mais ce qui fait battre son coeur un peu plus vite, ce sont ces derniers mots. Évidemment, c'était probable mais pas obligatoire, si Kagami trouve de quoi mater dans cette boîte c'est qu'il doit avoir comme lui un gros penchant pour les hommes.
[Aomine — 10:42]
Ah ouais, c'est un avantage non négligeable ! J'avoue. Tu dois avoir une bonne vue de là où tu es. LOL Tu aimes pas danser ?
[Kagami — 10:42]
On peut dire que la vue est particulièrement intéressante en effet ! J'aime danser mais pas avec des inconnus, même si je trouve ça hot de regarder… Je me sens pas à l'aise.
[Aomine — 10:43]
Ça peut se comprendre. Et donc… si c'est pas un choix de carrière. Tu vises autre chose ?
[Kagami — 10:43]
Yeah… Enfin, je vises c'est un bien grand mot, c'est le genre de truc où en vivre c'est un peu la loterie…
[Aomine — 10:44]
Et c'est quoi ? Si c'est pas indiscret…
La porte de la cafétéria s'ouvre et le fait sursauter, Daiki range son téléphone, salue vaguement la personne qui vient d'entrer et repart avec sa tasse pleine jusqu'à son poste de travail. Le temps de s'y rendre, il sent son téléphone vibrer de nouveau et discrètement, il le ressort pour avoir réponse à cette question à laquelle Kagami semblait un peu hésitant à répondre.
[Kagami — 10:47]
Pas indiscret. Juste qu'on me prend pas toujours au sérieux. Je fais dans les arts graphiques : peinture, dessin, photo… Idéalement, je voudrais faire des expos et pouvoir vendre mes œuvres… Dans la pratique si je pouvais trouver au moins un boulot qui touche aux arts graphiques ce serait top. Mais pour l'instant j'ai pas trouvé.
[Aomine — 10:49]
Je trouve ça classe. J'ai hâte que tu me montres ce que tu fais. Faut que je reprenne le boulot. Mais si t'as des trucs en ligne envoie moi les liens. A plus.
[Kagami — 10:49]
[LINK]
Bon courage. A plus tard.
IX
Il n'a eu pas un moment du reste de la journée pour ouvrir le lien que Kagami lui a envoyé, ou plutôt, il n'avait pas envie de regarder en vitesse entre deux réunions où à sa pause qui pourrait être interrompue par n'importe quel collègue. Et il a préféré attendre d'être chez lui. Quand il est rentré ce soir, une bonne odeur de friture légère flotte encore dans l'appartement. Il se demande ce que Kagami lui a préparé aujourd'hui. Il entre dans la cuisine et l'odeur plus forte y est également plus reconnaissable. Il écarquille les yeux et ouvre le four où l'attendent une dizaine de tempura.
[Aomine — 19:56]
Nan mec tu t'es surpassé ! Des tempuras ?! MERCI !
[Kagami — 19:57]
De rien.
Après leurs échanges de l'après-midi, cette réponse très courte le chagrine un peu sans qu'il sache trop dire pourquoi. Mais il repose son téléphone, met le four en marche pour réchauffer le plat, s'ouvre une bière et allume son PC pour pouvoir explorer tranquillement le lien partagé par Kagami. Il clique sur le lien et croque dans un premier tempura et il gémit de plaisir alors que les saveurs explosent dans sa bouche.
[Aomine — 20:11]
Huh… C'est orgasmique ton truc. Je vais avoir un vrai problème pour manger autre chose que ce que tu prépares ! C'est ton plan pour que je te laisse pas repartir ?
[Kagami — 20:12]
Tu m'as démasqué !
Encore une fois la réponse lui semble, distante. Kagami est probablement occupé. Il essaie de ne pas s'en formaliser et enfin, il observe le site web dont Kagami lui a donné le lien. Son nom "KAGAMI" est affiché en grand sur la page principale. Le site est très épuré : son nom et immédiatement dessous deux grandes vignettes pour deux catégories : Photo et Peinture. La peinture semble être juste un extrait d'une œuvre plus grande en ne montrant qu'une main, un bras et une épaule. Idem pour la photo, qui montre un bout de forêt luxuriante avec les premières pierres d'un bâtiment sur le côté, mais la photo est visiblement tronquée. Il sourit, c'est bien vu, car les morceaux d'images intriguent suffisamment pour donner envie d'aller explorer plus loin. On sent indéniablement l'œil d'artiste dans ce choix.
Il commence par explorer la catégorie photo. Et il est un peu surpris en découvrant des photos de lieux abandonnés, ou la nature reprend peu à peu ses droits. Il a toujours été fasciné par l'urbex et il suit un certain nombre de personnes sur les réseaux qui pratiquent cette activité et cet art. Il s'arrête sur une image particulièrement et récupère son téléphone le cœur battant, pour scroller sur son instagram.
[Aomine — 20:21]
Sérieux ?! Tu es TaiUrbex ?
[Kagami — 20:22]
Oh… Tu as trouvé mon compte insta ?
[Aomine — 20:23]
Ça fait deux ans au moins que je te suis ! ça fait un bail que je l'ai trouvé ! J'adore tes photos et ça doit être de sacré challenges ces explorations.
[Kagami — 20:24]
Oh ?! Merci. Ouais ce sont des expéditions dangereuses, qu'il faut longuement préparer. Mais c'est génial !
[Aomine — 20:25]
J'imagine… J'y connais rien. Mais ça donne envie d'essayer.
[Kagami — 20:25]
Tu pourrais venir avec moi lors d'une de mes prochaines expéditions si tu veux.
[Aomine — 20:26]
T'es sérieux ?
[Kagami — 20:29]
Pourquoi pas ? A moins qu'on découvre qu'en fait on ne s'entend pas du tout ou que contrairement à ce que j'ai cru comprendre en vrai t'as pas du tout la condition physique… Je pars jamais seul, trop dangereux et… Tu as dû voir que le gars avec qui je partais jusqu'à présent à changer de partenaire d'explo… Je lui en veux pas hein ? Elle est canon et bon apparemment il est amoureux ;). Mais bref, la dernière expédition je l'ai faite avec un autre pote. Pour la prochaine, j'ai pour l'instant pas cherché… Si ça te tente… J'aurai pas besoin de chercher :)
[Aomine — 20:30]
Je suis carrément intéressé ! J'suis sportif pas de problème… Et je suis sûr que je peux faire un effort pour qu'on s'entende bien si tu m'emmènes dans une expédition. Entre ça et les bons repas… Je vais faire de gros efforts ! :D
[Kagami — 20:30]
Cool ! On en reparle alors. Et du coup… T'as regardé mon site alors ?
[Aomine — 20:32]
Yes. j'adore ce que tu fais mec. Même les dessins, maintenant je me rappelle de deux trois trucs que tu avais posté aussi sur insta sur un autre compte… Mais il me semble qu'il y a rien eu récemment.
[Kagami — 20:32]
En effet. T'es observateur. Et tu as un pseudo sur insta ? Tu laisses des commentaires ?
[Aomine — 20:34]
Je viens de t'envoyer un message sur insta. Nop. J'suis un "like" follower. Je like tout… Mais je commente jamais… Où très très rarement.
[Kagami — 20:34]
Reçu. J'espère que tu commenteras plus souvent alors ;)
[Aomine — 20:35]
Oh merde… Tout ton matos…
[Kagami — 20:36]
Pas tout. J'entreposais une partie de mon matériel dans un placard qui a miraculeusement été quasiment épargné. Mais… Ouais j'ai perdu pas mal de trucs.
[Aomine — 20:36]
Je suis désolé.
[Kagami — 20:37]
C'est comme ça. Et pas de ta faute. Et faut que retourne bosser. A plus Aomine. J'ai hâte qu'on discute en vrai.
[Aomine — 20:37]
A+ Kagami.
[Aomine — 20:37]
Et c'est partagé ;)
X
Exceptionnellement, Daiki ouvre les yeux un peu tôt pour un samedi matin. Il est à peine onze heures. Il se retourne dans son lit, cherchant de nouveau le sommeil et se demandant ce qui a bien pu l'en tirer pour commencer. Il s'enfouit sous ses couvertures et se laisse de nouveau sombrer, l'endormissement le gagne très vite mais un bruit dans l'appartement le fait sursauter. Et soudain, il se rappelle, le sommeil l'abandonne totalement, Kagami est là et réveillé et… Son estomac le chatouille doucement… Il va pouvoir lui parler réellement. Il se sent soudain nerveux autant qu'impatient. Il a l'impression de le connaître après tous ces échanges écrits, et pourtant il ne connaît pas le son de sa voix, la musique de son rire. Il l'a déjà vu derrière son bar, il y a longtemps et finalement n'est plus si sûr de bien se rappeler à quoi il ressemble, sinon qu'il est beau gosse. Il enfile rapidement un jogging et un t-shirt, s'assure de ne pas avoir trop les cheveux en bataille, sans essayer non plus d'avoir l'air d'avoir fait un effort. Il va juste rencontrer son colocataire. Il inspire un grand coup et ouvre la porte de sa chambre et pieds nus, traverse le couloir pour rejoindre la pièce principale avec la cuisine ouverte.
Aussitôt une délicieuse odeur envahit ses narines, le café d'abord, mais également l'odeur des pancakes et du bacon. Il se mordille la lèvre pour retenir un gémissement gourmand et son regard se pose sur Kagami. Il lui tourne le dos occupé devant la plaque de cuisson, un débardeur ample qui dévoile sa musculature impressionnante et parfaite. Sa nuque dégagée, ses cheveux rouges et un jean qui laisse deviner un cul ferme et appétissant. Il se masse la nuque et se râcle la gorge pour signaler sa présence.
« Hey. »
Kagami se tend et se retourne vers lui sans lâcher ce qu'il fait.
« Hey… Hm… Bien dormi ? »
Sa voix est riche, basse, elle lui va bien et le fait légèrement frissonner. En plein jour, il est encore plus beau que dans ses souvenirs. Cette cohabitation va peut-être se compliquer. Mais il devine dans la légère tension de son corps et son sourire hésitant que Kagami est tout aussi nerveux que lui. Et étrangement, ça le détend un peu. Son sourire s'élargit et il s'approche pour se servir un café, histoire d'occuper ses mains.
« Très bien et toi ?
— Cool.
— Tu te lèves tôt. Je pensais qu'avec tes horaires tu serais pas levé avant le milieu d'après-midi au mieux.
— Je suis pas un gros dormeur.
— C'est vrai que… Tu envoies toujours tes premiers messages avant midi. »
Daiki lorgne sur les plats que son hôte a disposés sur la table.
« Je vais pouvoir en profiter ?
— Evidemment… Sers toi.
— Nan je t'attends. Thanks. »
Il n'ajoute rien, sirote son café en l'observant discrètement. Le silence qui s'installe n'est pas pesant, il a la vague impression qu'il devrait peut-être alimenter la conversation. Mais il n'est pas du matin et il en a déjà dit beaucoup avant d'avoir terminé sa première dose de caféine. Quant à Kagami, il semble très concentré sur sa cuisine et pas plus pressé que lui de discuter. Et ça lui va bien. Il aime la compagnie de personne qui apprécie comme lui le silence. Son regard dérive sur la fenêtre. Il fait beau aujourd'hui, il va peut-être pouvoir aller se défouler sur un terrain cet après-midi. Il se verse une autre tasse de café, et se sentant à présent un peu plus réveillé, se décide à engager de nouveau la conversation. Au travers de leurs nombreux échanges, qui ont pas mal tournés autour de l'urbex, ils ont aussi parlé activité physique en général et ils se rejoignent sur un point, le meilleur sport ever, c'est le basket.
« Tu as prévu quelque chose aujourd'hui ?
— Euh… Ouais… Faudra que je passe à mon ancien appartement. On a eu le feu vert pour récupérer ce qui est sauvable. »
Ses épaules un peu voûtées et la vulnérabilité dans sa voix font peine à voir. Il a envie de venir poser une main sur son épaule ou même l'enlacer. Satsu ou Tetsu, il n'aurait même pas hésité à leur faire un câlin, mais Kagami il le connaît à la fois tant et si peu. Est-ce qu'il est du genre physique même avec des amis ? Il réalise qu'il n'est même pas sûr qu'il se situe quelque part sur le drapeau arc-en-ciel, même si certaines indications tendent à le prouver. Alors il offre le seul autre réconfort qu'il connaisse, son aide et sa compassion.
« Désolé… Tu veux que je t'accompagne ? J'ai une voiture ça pourrait être plus pratique pour transporter tes affaires et… On pourrait s'arrêter faire un basket sur la route. »
Kagami relève un regard surpris sur lui.
« T'es sérieux ?
— Ouais… Sauf si tu as déjà demandé à quelqu'un de t'accompagner.
— Non… J'avais prévu d'y aller tout seul…
— Et… Tu préfères y aller seul ? »
Kagami ferme les yeux et soupire. Il secoue négativement la tête, comme s'il n'osait pas avouer cette faiblesse. Finalement, il déglutit et souffle d'une voix un peu étranglée, sans oser le regarder.
« Pas vraiment… Mais tu m'aides déjà beaucoup. »
Cette fois, sa main agit d'elle-même, un réflexe qu'il n'a pas le temps de retenir, elle se pose sur la nuque de Kagami, sa peau est chaude et douce sous ses doigts et le fait frissonner. Kagami, se tend quelques instants, mais bien vite se relaxe et accepte le réconfort de ce contact.
« Je t'ai déjà dit que c'était pas un problème Kagami. Et t'es un pote maintenant ok ? Et c'est ce qu'on fait entre potes on s'entraident. Tu devrais vraiment pas avoir à faire ça tout seul alors je t'accompagne.
— Merci… Et… Appelle-moi Taiga, ok ?
— Ok. Si tu m'appelles Daiki. »
Il relâche sa nuque un peu à regrets, mais prolonger ce contact deviendrait un peu étrange. Il donne un tape amicale sur son épaule et demande pour détendre l'atmosphère.
« Alors c'est bientôt prêt ? Je suis affamé avec toutes ces bonnes odeurs.
— Ouais. J'ai presque terminé. Tu peux mettre la table ?
— Yep. »
