Décembre 1994
Quatrième année à Poudlard et, une fois n'est pas coutume, le traditionnel bal de Noël est su le point de commencer. Avec ça, cette année, l'Ecole de Sorcellerie d'Angleterre accueille, pour la première depuis des années, le non moins célèbre Tournoi des Trois Sorciers. Etant donné que pour qu'un ait lieu, il faut plusieurs concurrents et, pour cela, rien de mieux que de se faire affronter les trois plus grandes écoles de magie d'Europe, à savoir Durmstrang et Beauxbâtons.
Malgré le fait que la première ait eu lieu quelques semaines en arrière, début novembre, ce qui préoccupait les cinq cents élèves, était bien entendu le traditionnel Bal de Noël qui accompagnait toujours le Tournoi, coupant la compétition en deux pour détendre un peu l'atmosphère.
Cependant, qui dit bal, ni cavalier ou cavalière et, bien évidemment, toutes les filles de quatrième, cinquième, sixième et septième année, avaient jeté leur dévolu sur les quinze garçons de la délégation de Durmstrang et les garçons de Poudlard, eux, sur les jolies filles de Beauxbâtons. Mais il n'y avait rien de plus compliqué que d'inviter une personne au bal et beaucoup de filles s'étaient faites éconduire, surtout les plus jeunes en troisième et deuxième année qui n'avaient que cette option pour espérer participer au bal.
Hermione Granger, de son côté, était sans doute l'une des seules filles, sinon la seule, à me pas s'inquiéter d'avoir ou non un cavalier pour le bal, pour la simple et bonne raison qu'elle avait aucune intention d'y aller. Pour elle, toute forme de distraction puérile de ce genre n'était qu'une perte de temps dans ses études ; elle mettait donc toute son énergie à ignorer les invitations, qu'elles soient orales ou écrites... Ce qui semblait perturber ses amis.
— Mais enfin, Mione, tu dois y aller ! Tu as reçu des dizaines d'invitations et c'est ta seule chance de participer à ce bal légendaire !
La brunette souffla par le nez.
— Ron, ce bal à lieu toutes les années, répondit-elle en levant les yeux au ciel. Et toutes les années à partir de maintenant, je n'irais pas au bal de Noël, d'accord ? Combien de fois vais-je devoir vous dire que c'est une perte de temps ? L'année prochaine, nous passons nos BUSEs, c'est très important pour la suite de nos études !
Ron secoua la tête.
— Et toutes ces invitations, alors ?
Hermione observa les lettres et les parchemins dans un sac sur la table devant elle. Tirant sa baguette magique, elle expédia le tout dans la cheminée et Ron poussa un cri de surprise très peu viril.
— Mais t'es folle ! s'exclama-t-il.
— Ce ne sont que des bouts de papier, Ron, soupira la brunette. Maintenant, laisse-moi réviser.
— Des bouts de papier ? Une perte de temps ? demanda alors Harry depuis le fauteuil où il lisait. Moi je vois plutôt ça comme un bon moyen pour rencontrer d'autres personnes que son entourage proche. Au fait Ron, tu as une fille en tête à inviter ?
Le rouquin rougit brusquement.
— Fleur... ? répondit-il à mi-voix.
Hermione se redressa.
— Fleur... Delacourt ? répéta-t-elle. Oh, mon pauvre Ronald, tu n'as aucune chance ! Cette fille a du sang de Vélane, tous les garçons sont à ses pieds ! Cela m'étonne d'ailleurs que certaines filles aient reçu des invitations d'eux, ils veulent tous les filles de Beauxbâtons...
Ron fronça les sourcils puis marmonna quelque chose et croisa les bras, vexé. Hermione esquissa un sourire puis reporta son attention sur ses livres avant d'annoncer qu'elle se rendait à Pré-au-Lard pour aller acheter de l'encre et des plumes. Ses deux amis ne la retinrent pas et elle quitta Gryffondor puis le château sans alerter qui que ce soit.
En ce mercredi, premier jour des vacances de Noël, les élèves restés à Poudlard à partir de la quatrième année, avaient le droit de descendre au village sorcier au pied du château, à condition d'être rentrés pour le dîner, sans quoi leur autorisation serait révoquée pour le reste de l'année.
Longeant l'unique rue principale du village, Hermione avisa rapidement la boutique de papeterie et inspira à pleins poumons quand elle poussa la porte ; encre fraîche et vieux papier, le paradis. Elle sourit en avisant un homme s'approcher d'elle avec un grand sourire.
— Miss Granger ! dit-il. Quel plaisir de vous revoir !
— Bonjour, Monsieur James, répondit-elle. Vous auriez de l'encre et des plumes neuves ?
— Allons, bien sûr que oui, surtout pour vous ! Attendez un instant.
Hermione rigola doucement puis le regarda partir rapidement dans l'arrière-boutique, signe qu'il avait quelque chose d'important à lui montrer. Il revint quelques instants plus tard avec un paquet de papier marron qu'il déplia. Un coffre en bois noir laqué apparut sous le lustre à chandelles suspendu au plafond et Hermione s'approcha du comptoir, subjuguée. Le couvercle était incrusté d'argent massif délicatement ciselé.
— Je viens de recevoir ceci, c'est un cadeau de Noël pour un élève de Poudlard, dit Monsieur James. Regardez un peu comme il est beau...
Il bascula doucement le couvercle et Hermione sentit sa bouche s'ouvrir toute seule quand les outils à l'intérieur apparurent, sous la forme d'une plume de cygne d'un blanc pur surmontée de sa pointe en argent finement gravée ; une demi-douzaine d'autres de différentes tailles s'alignaient dessous. Il y avait également six pots à encre, chacun remplis d'une couleur différente, et une épaisse liasse de papier d'une délicatesse sans nom avec un blason imprimé en creux au sommet.
— Il est splendide... La personne qui va le recevoir est vraiment gâtée ! Je suis jalouse.
Monsieur James sourit doucement.
— Il est arrivé ce matin par coursier et son nouveau propriétaire doit venir le chercher d'un instant à l'aut-...
La cloche de la porte d'entrée coupa l'homme et Hermione pivota. Elle fronça aussitôt les sourcils en reconnaissant le visiteur.
— Malefoy... gronda-t-elle.
Le Serpentard leva les yeux et les plissa.
— Fantastique, Granger... répondit-il sur son ton traînant et arrogant à souhait. Dites, vous n'avez pas reçu un paquet à mon nom ? dit-il ensuite au boutiquer.
— S'il vous plaît, auriez-vous reçu... commença Hermione presque machinalement.
— Oh, la ferme, la Sang-de-Bourbe ! répliqua le blond. Alors ? Mon colis ? Allez, j'attends !
Choquée par l'insulte, Hermione avait reculé de plusieurs pas. Ce n'était pas la première fois que Drago Malefoy l'insultait de la sorte, mais jamais devant un inconnu ! Blême, elle regarda Monsieur James qui, mâchoires serrées, ferma le coffret de bois et le glissa sous son comptoir.
— J'attends, lâcha Malefoy en croisant les bras, un sourcil haussé.
— Et vous attendez encore un moment, jeune homme, répondit le boutiquier. La politesse et le respect des autres sont-ils en option dans votre famille, Monsieur Malefoy ?
Le blond grimaça.
— Je veux mon colis, dit-il. Vous l'avez ou pas ?
Monsieur James demeura silencieux. Hermione serra alors le poing.
— Allez, bougez-vous, je n'ai pas que ça à faire ! s'exclama alors le Serpentard.
Ce fut la goutte d'eau de trop pour la Gryffondor qui fondit sur le blond et lui assena une gifle retentissante. La violence du choc et la surprise le firent reculer de plusieurs pas, une main sur sa joue gauche qui rougissait déjà.
— tu n'auras pas ton colis, sale petit blanc-bec ! s'exclama alors Hermione, hors d'elle. J'en ai plus qu'assez que tu te comportes que si tu étais le roi des sorciers ! Tu n'as que quatorze ans, personne n'a à t'obéir, tu entends ? Personne !
Les larmes aux yeux, elle était furieuse. Soudain, elle pivota et fouilla fébrilement dans son sac sans fond. Elle en tira une bourse qu'elle jeta sur le comptoir de Monsieur James, le faisant sursauter.
— Je prend le coffret, dit-elle. Peu importe son prix, je le prends.
— Miss Granger, il est réservé... renta le boutiquier. Il a été fabriqué sur commande et, certes, il n'a pas encore payé, mais...
— Parfait. Je vous l'achète, prenez ce qu'il faut dans la bourse.
En comprenant, Malefoy poussa un cri de colère et bouscula la jeune femme.
— Tu n'as pas le droit ! s'exclama-t-il. C'est mon cadeau de Noël ! Il est à moi !
Hermione le repoussa dans l'autre sens.
— C'est un bien trop beau cadeau pour un enfant aussi ingrat que toi ! répliqua-t-elle. Monsieur James, prenez le prix du coffret dans ma bourse et envoyez la facture à Madame Malefoy.
— Mais Miss Granger, le coffret...
— Peu importe.
Monsieur James déglutit, un peu perdu. S'il prenait le prix du coffret dans la bourse de la jeune femme et qu'il demandait ensuite à Madame Malefoy de le lui payer, cela ferait le double de son prix initial...
— Granger, tu n'as pas le droit !
— Il n'est pas payé, répondit la brunette. Donc si je veux l'acheter, j'en ai le droit ; premier arrivé, premier servi. Tu ne mérites pas que quelqu'un te fasse un aussi beau cadeau de Noël, tu ne mérites aucun cadeau tout court ! Tu n'es qu'un gosse de riches hautain, orgueilleux et pourri gâté qui claque des doigts pour avoir ce qu'il veut !
Malefoy serra les mâchoires et les poings. Il était rouge de rage et se retenait à grand-peine de lever la main sur la Gryffondor, une chose qu'il, il le savait parfaitement, regretterait immédiatement. Il avait encore le souvenir de son poing sur son nez, l'année passée, alors que Buck, l'hippogriffe de Hagrid, était sur le point d'être exécuté... Il savait donc que s'il tentait quoi que ce soit, elle allait se retourner contre lui, ou bien ce serait le boutiquier qui lui, avait parfaitement le droit de se servir de magie, même sur un enfant...
— Je vous fais un paquet, Miss Granger, dit soudain celui-ci.
— Non ! s'exclama Malefoy.
Il arracha sa bourse de sa poche et la jeta sur le comptoir.
— J'en donne le triple du prix !
Hermione haussa les sourcils et ricana.
— Si tu dois l'acheter, ce n'est plus un cadeau...
Malefoy grogna. Monsieur James repoussa sa bourse pour terminer d'emballer le coffret puis, posant l'étiquette de la boutique dessus, il tira sa baguette magique et le fit disparaître.
— Livré à domicile, dit-il ensuite avec un large sourire. Et c'est cadeau, Miss Granger.
Hermione esquissa un sourire, surprise. Malefoy explosa.
— Mon père en entendra parler ! hurla-t-il. Je vais m'assurer que cette misérable boutique soit fermée !
— Oh, mais faites, jeune homme, j'ai enduré plus coriace que votre cher père... répondit le boutiquier avec un mince sourire en s'accoudant au comptoir. Tenez, Miss, votre monnaie pour les plumes et l'encre...
La Gryffondor s'approcha, récupéra sa bourse et prit les piécettes. Elle les observa une longue seconde puis fit face à Malefoy, lui prit la main droite et les lui plaqua dans la paume.
— Joyeux Noël, Malefoy... siffla-t-elle. C'est tout ce que tu mérites.
Avec un signe de la main et un sourire pour Monsieur James, elle quitta la boutique en emportant ses achats. Elle se dépêcha de se fondre dans la foule de la rue principale, soulagée mais un peu effrayée, quand bien même elle sache que Malefoy ne lui ferait jamais de mal, même en ayant été élevé à détester les Moldus et ceux qui en naissaient, pas s'il risquait sa réputation dans l'histoire. Et encore moins en s'en prenant à la meilleure amie du Sauveur du Monde Sorcier...
De retour dans son dortoir, Hermione découvrit le colis sur son lit et s'empressa de le déballer. Elle l'ouvrit et l'admira pendant plusieurs secondes avant de le refermer et de le ranger soigneusement sous son lit, dans sa valise. Elle n'avait pas l'intention de s'en servir ou de l'offrir, elle l'avait acheté pour donner une leçon à Malefoy et elle espérait bien que cela fonctionnerait.
