Bonjour à tous ! On continue avec les publications et on s'attaque à une nouvelle partie de l'histoire. Le début de la "vie adulte", si on veut. Déjà, gros coucou à Michelle à qui on doit Toki ! Faîtes lui un grooooos bisous !
A présent, go pour la lecture !
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Le sang rendait l'air ferreux. Il n'y avait que le son du métal et des cris d'agonies. L'île si paisible était à présent un champ de bataille. Mais ils ne se rendraient pas sans se battre. Ils comptaient sur eux-mêmes depuis bien trop longtemps pour se faire mettre au tapis par des pirates du dimanche.
- Ace ! T'as vu Luffy ?! appela Sabo dans la cohue.
Le brun tournoya sur lui-même avec la hache à incendie, envoyant le côté tranchant mordre sous le bras d'un des pirates qui les attaquer. Le sang dégoulina le long du manche en bois, mais déjà, le D. était loin, rejoignant le blondinet qui repoussait les assaillants avec une barre en fer.
- Il était du côté de la fontaine la dernière fois que je l'ai vue. Essayons de le retrouver.
Les deux adolescents se frayèrent un chemin dans la cohue, cherchant le plus jeune du trio et frappant tout ce qui n'était pas un villageois. Ils défendraient cette île bec et ongle. Ce n'était pas parce qu'ils n'étaient sous le pouce du Gouvernement Mondial et donc, sans présence de Marines pour les défendre, qu'ils allaient se laisser faire.
Ils se défendraient avec tout ce qu'ils avaient. Et c'était pour ça qu'en guise de cours de sport, tous les enfants apprenaient le self défense, permettant de former une milice avec les meilleurs. Et leur milice, elle était efficace. Ici, dans le South Blue, on se battait jusqu'au bout, avec toutes les armes possibles et inimaginables.
Et c'est pour ça que les pirates furent bientôt à genoux. Les survivants seraient livrés aux autorités, les morts incinérés… et les cendres répandues dans l'oliveraie. Alors que le reste des villageois allaient fouiller le navire des pirates, Rouge et Amelia allèrent retrouver les trois enfants qui s'étaient réunis devant la grande fontaine du patelin. Ace avait la hache contre son épaule, une main sanglante frottant ses cheveux courts d'un air fatigué.
- Tout va bien les enfants ? s'inquiéta Rouge.
- Mhmh. On leur a botté le cul ! sourit Luffy.
- Oui, ça va… un an en arrière, je ne me serais jamais vu faire ça, nota Sabo.
- Fais-moi un sourire, Sabo ? demanda Amelia.
Le blondinet offrit un sourire avec toutes ses dents à la jeune adulte qui plissa les yeux avant de hocher la tête.
- Tu as pris un coup sur le devant de la mâchoire ?
- Non.
- Parfait, ta dent commence tout juste à repousser, ce serait bête que tu prennes un coup qui te la fasse sortir de travers.
- Et toi, mon petit chat ? se renseigna la mère en regardant son enfant.
- J'ai une boule de poil dans la gorge. Et je suis couvert de sang, dit simplement le brun avec une voix sans émotion. Je rentre me doucher.
- Ace ? s'inquiéta Luffy.
L'enfant de Roger était déjà en train de s'éloigner pour rejoindre la hacienda, ignorant tout le monde. A quelques pas de là, l'humain laissa place à un grand chat noir avec des bracelets dorée d'apparence éthérée autour de ses pattes et un marquage de même couleur lui entourant ses yeux argentés, se détachant merveilleusement bien de sa fourrure courte. Ses deux queues flottèrent comme un pavillon derrière lui alors que le nekomata s'éloignait avec la hache entre ses crocs.
Il se faufila entre les oliviers avec aisance et sauta directement sur la coursive pour entrer dans sa chambre par la porte fenêtre. Là, il reprit forme humaine et déposa dans un coin de sa chambre l'arme. Il la fixa d'un air vide.
L'attaqua avait commencé alors qu'ils étaient en classe. Quand leur enseignante avait cherché à les faire évacuer pour qu'ils se mettent en sécurité, Ace avait vu la hache, dans son casier d'urgence à côté de l'extincteur. Il avait brisé la vitre avec un coup de pied pour s'en saisir, sans réfléchir. Et résultat... il avait tué plus d'un homme aujourd'hui.
D'un pas mécanique, il quitta sa chambre pour rejoindre la salle de bain qui se trouvait à l'étage, juste au-dessus de la cuisine. Il se déchaussa et ouvrit l'eau de la douche à l'italienne pour s'asseoir tout habillé sous le jet. Il ramena ses jambes contre sa poitrine et cacha sa tête dans ses bras.
- C'est normal de se sentir mal dans cette situation, Ace.
- Casses-toi.
- Tu sais que je suis ton père, non ?
Le zoan ne daigna même pas regarder l'esprit de son géniteur.
- Tu es mort, juste ça veut dire que tu n'as plus grand pouvoir.
Roger soupira et se rapprocha de son enfant, s'asseyant à côté de la douche qui coulait au point de faire naître progressivement de la vapeur autour d'eux, notamment sur les vitres et le miroir.
- Sauf si on nait avec un boulon en moins dans la cervelle, il est normal que tuer des gens nous touchent. Et il faut que tu t'accroches à ce sentiment.
Ace releva à peine les yeux.
- Tant que tu te sentiras comme ça, ça voudra dire que tu conserveras un respect pour l'importance de la vie. Que ce soit la tienne que celle des autres, expliqua calmement Roger. C'est ce qui fait que tu seras toujours quelqu'un de bien, peu importe ce que l'on dira de toi. Tu n'es pas un assassin. D'accord ?
Avant que l'adolescent ne puisse répondre, la porte s'ouvrit sur Rouge qui avait une couverture roulée en boule dans ses bras.
- Eteins l'eau, s'il te plaît.
En soupirant, Ace se releva et ferma le robinet avant de sortir de la cabine de douche, dégoulinant d'eau sanglante sur le carrelage. Rouge soupira, puis comme se résignant, lui mit la couverture dans les bras. Quelque chose bougea dedans. Curieux, Ace écarta les pans du tissu pour voir ce que c'était. Et il tomba nez à truffe avec deux yeux d'ambre fentés, au milieu d'un nid de fourrure noir.
- Ils faisaient des trafics d'animaux rares, expliqua la mère devant l'air perplexe de son enfant. Parmi eux, il y avait deux félins. Comme Luffy est tombé amoureux d'un léopard des neiges et que je sais que Sabo a adopté en cachette un lynx, je trouvais injuste que tu n'aies pas toi-même un petit bébé pour te remonter le moral et t'apprendre à être responsable.
Doucement, Ace retira la couverture pour mieux voir la panthère. C'était un tout petit bébé qui continua de le fixer avec ses grands yeux.
- C'est une panthère de l'amour... et elle a mangé un akuma no mi qui lui fait changer de couleur. Ça te va comme cadeau d'anniversaire à l'avance ?
Le petit animal lui lécha un instant le bout du nez, tirant un sourire au zoan.
- Je vais l'appeler Iro.
Et il serra le félin dans ses bras avant de fondre en larmes. La panthère se mit à ronronner en prenant une teinte grisâtre. Rouge ramassa la couverture et l'enroula autour de son enfant et du félin pour les serrer dans ses bras.
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1er septembre 1514
Depuis quelques jours, les journaux ne parlaient que ce ça. De l'équipage pirate Calypso et de la famille Draer, ou comment l'un des membres du dernier groupe avait fini par rejoindre le premier.
Surveillant depuis la terrasse, les trois abominations qui étaient quasi ses petits-frères et sœur (Ann se sentait plus femme qu'homme ces derniers temps, mais ce n'était pas la première fois et ce ne serait pas la dernière qu'elle changerait de nouveau de genre), Amelia jeta un œil au large.
Les Draer étaient une famille puissante et riche. Cela était venu d'une invention qui avait changé le monde : le Log Pose. Une invention telle que le clan Draer avait fini par devenir membre du Gouvernement Mondial et investissait à près de quarante pour cent dans la Marine. Et allez savoir comment, un gars d'une famille de la "haute", avait décidé de rejoindre Misaki, une grande inconnue née en mer, qui était la capitaine de l'équipage du Calypso. Et il avait certainement péri avec la "malédiction" de Misaki, comme le reste de l'équipage (sauf le bras-droit, Pedro l'avait retrouvé par hasard durant son temps avec Javier et apparemment, le gars s'était mis au vert avant la disparition du reste de la bande). C'était assez ironique de voir que dans sa tentative de refaire son équipage, cette femme avait recruté le fils de son défunt camarade.
Autre point qu'elle avait appris et qui l'intrigué un peu plus, les Draer étaient des D. à la base. A la différence de Roger qui avait fini par être rebaptisé "Gold" (ce qui faisait criser Anabela à chaque fois qu'elle l'entendait) certainement par soucis du Gouvernement de cacher au monde le vieil héritage nébuleux des porteurs du D., les D. Raer avaient fait la fusion pour se fondre dans la masse et plaire à tout le monde, parce que c'était mal vu à l'époque. En clair, ils avaient perdu leur héritage.
Quand elle réfléchissait à ce point, Amelia ressentait une colère et une sorte de trahison qu'elle n'arrivait pas à expliquer. Ann lui avait rapporté que Roger considérait ce sentiment comme normal, que c'était le D. qui parlait. Mais sans plus d'explication.
- Tu devrais parler à ta tante, Amelia, dit un des riverains à la terrasse de l'auberge.
Même si elle était payée en tant que serveuse dans l'établissement, rien n'obligeait la jeune femme d'écouter les idioties de ceux qui refusaient de s'occuper de leurs affaires. Surtout quand son attention était sur des jeunes adolescents qui jouaient avec des fauves sur le port. S'il n'y avait pas eu ce navire à quais, elle n'aurait pas été aussi méfiante. C'était des marchands, dépêchés par le royaume de Bliss, pour chercher à négocier un meilleur accord avec eux. Et vu la façon dont ils avaient regardé les jeunes, ils n'avaient pas les meilleures intentions du monde. C'est pour ça que quand elle vit une autre voile à l'horizon, elle siffla le trio. Les jeunes se tournèrent vers elle, leur fauve respectif dans les bras comme de grosse peluche. Un simple geste de la tête vers le large les fit se retourner. Et Sabo, rationnel et prudent comme il l'était, comprit ce qu'impliquer un autre navire et trouva les bons arguments pour les deux bruns afin de retourner à la hacienda.
Déjà, Amelia était retournée à son travail, plus sereinement maintenant qu'elle savait que le trio n'était plus ainsi exposé. Mais malheureusement, cela ne la sauva pas pour autant de l'idiot du moment qui s'était installé au bar et qui attendait d'elle qu'elle raisonne sa tante sur les "lubies" d'Ann avec ses changements de genre.
Quand un des marchands passa à nouveau commande, la façon dont il regarda son décolleté la rendit malade et lui donna presque envie de lui renverser sa choppe sur le crâne. Décidant de se rafraîchir les idées avant de faire une erreur monumentale, elle signala au patron qu'elle allait prendre sa pause. Elle laissa son plateau sur le comptoir et alla se mettre à l'ombre dans l'arrière cours de l'auberge. Assise sur un tonneau, elle se laissa aller contre le mur de bois et ferma les yeux. Ses oreilles se laissèrent hypnotiser par le bruit de la mer. Son père, à défaut de lui avoir dit qui était sa mère, lui avait tout de même dit qu'elle était née sur son navire. Qu'elle était une fille de l'océan. Cela expliquait certainement pourquoi elle rêvait tant de prendre le large. Ou alors, c'était le sang de pirate, parce qu'elle savait qu'Anabela avait la même envie de lever l'ancre (sans compter le nombre de fois où elle et les garçons avaient pris un des navires de pêches pour partir à l'aventure, ce qui avait rendu folle Rouge à chaque fois).
Elle respira profondément et bailla, laissant l'air marin mélanger à celle des oliviers envahir ses poumons. Il ne manquait plus qu'un verre de bissap frais. Ce qui tombait très bien parce que Rouge avait dû finir de faire sécher les pistils des sab da rif fas qui poussaient dans le patio.
Avec un lourd soupir, elle se leva de son siège, refit son chignon et arrangea sa jupe traditionnelle avant de rejoindre la salle pour reprendre son service. Et apparemment, pendant sa pause, quelqu'un était arrivé. Un homme blond, bien bâti, aux yeux bleus.
La première chose qu'Amelia se dit, c'est qu'Anabela ne devait surtout pas le rencontrer. Parce que Sabo était l'exception à la règle. Sa petite cousine était folle des blondinets aux yeux bleus. Chacun ses goûts, et Amelia serait la dernière à la jugée... surtout en sachant que la blatte savait qu'elle fantasmait sur Yasei Kennichi, des Shirohige, quand elle ne bavait pas sur les jambes de jolies pirates.
- Apportes-lui sa commande, demanda le gérant en postant un café sur le comptoir.
Davy Jones en soit loué, ce n'était pas de l'alcool.
Dès qu'elle arriva à sa table, il l'observa attentivement, mais ce n'était pas le genre de regard que les marchands lui adressaient. Non, c'était celui qu'elle-même lui avait adressé avant, celui qui sert à jauger quelqu'un dans la possibilité qu'il devienne un ennemi. Elle regarda par-dessus l'épaule de l'homme qui se tenait bien droit et nota un modeste navire pirate au port. Ceci expliquait cela.
- Benvenido en Baterilla, salua-t-elle en lui donnant son café.
- HEY ! CHERIE ! interpella un des marchands bien imbibé.
Ces simples mots firent de lui la cible des regards menaçant de toutes personnes dans le bar, minus le nouveau venu et Amelia. La blonde se contenta de traverser la salle pour débarrasser des clients qui avaient fini... mais qui pour le coup, ne bougèrent pas de leur chaise.
Quand une main déplaça le tissu de sa jupe, la Portgas ne laissa pas le malotru terminer son action. D'un mouvement fluide, elle sortit une machette de dessous ses jupons et la planta dans le bras qui avait essayé de lui toucher le cul. Avant qu'un des collègues du grossier personnage ne puisse réagir, le flingue accroché à l'autre cuisse avait été tiré pour mettre les envoyés de Bliss en joue.
- Tu devrais pas faire ça, gamine, tu pourrais plonger ton pays dans la guerre, menaça l'un d'eux.
- Vraiment ? Eh bien, vous demandez à votre seigneur où il était le vingt-quatre août mille cinq cent. Il reconsidèrera l'idée de nous attaquer, parce que je peux vous assurer cette date peut lui coûter sa place au Gouvernement Mondial, rétorqua froidement la blonde.
Elle n'eut pas le temps d'en dire plus que des riverains c'étaient levés pour plaquer contre la table le gars qui l'avait menacé.
- Tant qu'il restera un gars de vivant sur Baterilla, personne, et je dis bien personne, ne touchera ou ne menacera un Portgas sans en subir les conséquences. Maintenant, excuses-toi !
Les excuses étaient vides pour l'oreille d'Amelia. Elle défit son chignon et posa son plateau.
- Je rattraperai mes heures plus tard. Si je reste un instant de plus ici...
Elle ne termina pas sa phrase. Elle hésitait entre vomir et tuer quelqu'un. Elle quitta l'auberge en rangeant ses armes. Elle adressa un dernier regard au blond qui l'observait toujours avant de grimper vers la hacienda.
- Tu rentres tôt, nota Sabo sur les marches où il jouait avec son lynx Kote.
- Des soucis avec les marchands. Promets-moi que tu deviendras un garçon bien, Sabo.
Le blondinet cligna des yeux et fronça des sourcils.
- Tu me vois vraiment devenir irrespectueux ?
Cela tira un rire à la jeune femme qui entra dans la demeure. Elle trouva sa tante dans la cuisine en train de préparer les pistils d'hibiscus pour en faire du bissap.
- On a encore le poison familial ? se renseigna la jeune femme.
- Dans la crypte, répondit sa tante. Qui sont les cibles ?
- Les envoyés commerciaux de Bliss, et Francisco.
- S'il continue, c'est moi qui l'empoisonnerai, Francisco, marmonna Ann de son perchoir sur les poutres apparente sous sa forme animale.
- Outre ces envies de meurtre, quoique ce soit d'intéressant ? demanda Rouge avec indifférence.
- Draer Toki est en ville et il navigue bien sous la bannière du Calypso, informa Amelia.
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Ann était en train de charger un sac sur le voilier de sa mère quand Amelia arriva sur le quais avec son propre bagage. Si la blonde eut un moment d'arrêt, c'est parce qu'il était trois heures du matin.
- Mais qu'est-ce que tu fabriques ? demanda la plus vieille.
- C'est évident, non ? pointa calmement la brunette en hissant sa panthère dans ses bras.
Avec précaution, elle la déposa entre les sacs de provision sur le pont du voilier.
- T'as vraiment l'intention de fuguer ? se renseigna l'aînée.
- Tout comme toi, rétorqua paisiblement la plus jeune.
- Mais moi je suis majeure. Tu es…
- J'ai quinze ans, c'est bon, j'ai passé l'âge d'être couvée.
- Tu…
Ann se redressa, ses oreilles plaquées avec agacement sur sa tête :
- Maman te retient envers et contre tout à la maison parce qu'elle a peur que tu finisses comme Javier. Tu crois qu'elle réagira comment si tu vas lui dire que je suis en train de fuguer... et qu'elle réalise que toi aussi, tu te barres ?
Amelia se pinça le nez avec agacement.
- Est-ce que tu as au moins un plan, la blatte ?
- Tu me prends pour qui, zorra ? J'ai des idées pleins la tête et ça fait des lustres que je mijote. Tellement que j'ai même prévu de quoi suivre les cours par correspondance.
Amelia soupira et croisa les bras.
- Je ferais attention, je te le jure sur la tête des canards, sourit l'adolescente.
Alors, la jeune femme céda et se pencha vers sa jeune cousine pour l'enlacer fortement dans ses bras.
- Fais attention à toi.
- A toi aussi, zorra.
Et les deux Portgas se détachèrent. Amelia reprit sa route vers le Calypso et Ann termina de ranger ses affaires sur le voilier avant de lever l'ancre. Elle attendit d'être assez au large, et donc, de ne rien percuter par erreur, pour rentrer ses affaires dans la cabine.
- Tu croyais vraiment que je n'avais pas vu ton manège ?
La zoan manqua de faire un arrêt cardiaque quand elle nota que Sabo était assis au bureau de la cabine, souriant comme un diable. Kote bailla voluptueusement et la fixa d'un air sombre depuis son poste aux pieds du blondinet.
- Mais ça va pas de me faire peur comme ça ! Tu sais que c'est cardiaque un chat ! s'énerva Ann. Et qu'est-ce que tu fiches ici !
- La même chose que toi. J'adore ta mère, mais je pense qu'avant qu'elle ne décide que j'ai atteint l'âge fatidique qui me rend digne de finir en orphelinat, le vaste monde mériterait d'être découvert, sourit moqueusement le blondinet à sa sœur adoptive.
Et il croisa les bras en se laissant aller un peu plus contre le dossier de sa chaise.
- Tu ne peux pas faire machine arrière. Soit on fait le voyage ensemble, soit aucun de nous deux ne pourra partir avant la prochaine décennie. Tu me vends, je te vends.
- … c'est littéralement ce que je viens de sortir à Amelia.
- Je sais !
Et Sabo éclata de rire en se levant.
- Sauf que j'ai tout prévu pour Iro et moi. Si on te rajoute avec Kote, on sera vite en manque de provision.
- J'ai pris les devants, rassura Sabo.
- Et tu comptes faire quoi ? Tu fugues pour fuguer ou tu as une idée derrière la tête ? Parce que j'ai un gros projet et je ne te laisserai pas me mettre des bâtons dans les roues.
- Je vais te suivre jusqu'à me faire remarquer par Lindbergh et ainsi, entrer dans la Révolution.
La mâchoire d'Anabela se décrocha sous l'annonce.
Il n'était tout de même pas sérieux...
- Yo soy Bruno~ ...chantonna Sabo d'un air entendu.
Et ce fut l'illumination.
- C'est du pur génie, souffla la zoan. C'est dangereux mais tellement bien trouvé.
- Je sais, je sais.
- Juste une chose... tu comptes dormir par terre ? Parce qu'il y a qu'une couche.
Et la demoiselle pointa la couchette en question. Pas question qu'ils dorment ensemble, c'est un non absolu autant pour lui que pour elle.
- Non. Toi tu vas dormir dans le placard.
Sabo ouvrit les deux placards au-dessus de la couchette dont celui dans lequel il s'était caché quand il était gosse toutes ces années en arrière. La planche de séparation avait été retiré, et quelques couvertures et oreilles installées de façon à ce que ce soit confortable sans être trop étroit.
- Sous ta forme animale, tu peux t'y installer sans soucis. Et de toute façon, on va rendre à tante Rouge ce voilier une fois qu'on aura l'argent pour mieux. Parce que te connaissant, tu as une idée pour te faire quelques ronds.
- Salaud.
- C'est pour ça que je suis ton petit-frère. Je t'aide à ranger ton barda ?
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Rouge commençait à se faire du mouron. Elle avait retourné la hacienda en long en large et en travers mais les faits étaient là. Sur les cinq habitants, il n'y en avait plus que deux. Alors, prenant Luffy sous le bras pour ne pas le perdre lui aussi, elle descendit vers la ville.
L'inquiétude fit place à un soupçon de colère en voyant que son voilier n'était plus au port. Certes, le Calypso n'était plus là, mais la femme connaissait assez de la capitaine pour savoir qu'elle n'aurait pas volé un pauvre voilier malgré la présence de son moteur. Sans compter que d'autres petits navires avaient eux aussi des moteurs et qu'on n'y avait pas touché. C'était le sien.
Conclusion : Amelia avait pris sur elle de prendre les deux plus vieux avec elle pour faire une balade. Quand elle était partie ? Très bonne question, mais ce devait être tôt, parce que Rouge se levait à cinq heures tous les matins pour préparer le petit-déjeuner des enfants et leurs affaires d'école. Le trio avait donc pris le large, sans son accord, très tôt. En sachant qu'elle s'était couchée vers onze heure, cela leur laissait environ six heures pour faire leur bêtise.
- Ils sont partis en aventure sans moi ! protesta Luffy en comprenant ce qu'il s'était passé.
- Ah non ! Ils font des bêtises, ne va les suivre ! lui dit Rouge. Bon, on a perdu assez de temps comme ça. Je vais appeler le denden du navire et toi, tu vas te préparer pour l'école.
Luffy eut une moue boudeuse, plus attiré par l'idée d'une aventure avec sa fratrie plus qu'aller à l'école. Il suivit néanmoins docilement la blonde avant de la devancer en courant, ses claquettes grimpant bien vite la colline couverte d'oliviers, puis les marches de la hacienda. Il laissa ses claquettes dans l'entrée et se précipita dans sa chambre pour prendre ses vêtements pour l'école. C'est là qu'il vit un message sous son chapeau de paille qu'il avait laissé sur sa table de chevet pendant qu'il cherchait les absents avec Rouge. Perplexe, il le déplia et reconnu immédiatement l'écriture de l'enfant de Roger :
«Je te donne quatre ans pour devenir fort. Si à mon retour, tu me prouves que t'es devenu une vraie terreur, je te prends avec moi, que maman soit d'accord ou pas. Sois sage, vous faîtes pas de mouron pour moi, je vous recontacterai bientôt.
Besos. A. »
Luffy regarda lentement derrière lui, et alla passer sa tête dans le couloir.
- ¿ Tía ?
Aucune réponse.
- King !
La panthère duveteuse cessa de roupiller sur le lit de Luffy et releva la tête en baillant voluptueusement. Le jeune lui donna le message mit en boule. Le félin regarda le papier froissé, puis le garçon, l'air de lui demander s'il le prenait pour un idiot en pensant qu'il allait manger ça.
- Tu peux faire disparaître ça, s'il te plaît ? Que Rouge ne le trouve pas, demanda le D. à voix basse.
L'once considéra longuement l'idée, tirant quelques sueurs froides à son compagnon, avant de prendre le message entre ses crocs et de sortir dans le couloir.
Il garderait le silence dessus, juste parce que sa sœur/frère ne rompait pas ses promesses. Mais il ne rassurerait pas Rouge pour autant. Il n'allait, après tout, pas apaiser la femme et voir courir le risque qu'elle se montre moins tranchante avec les absents quand elle les aurait en ligne pour les engueuler. Cela leur apprendrait d'être partit sans lui.
Non mais !
