Bonjour ! On continue aujourd'hui et on se lance dans le vif du sujet. On a deux adolescents sur les flots, il est temps de les mettre au boulot, sinon, ils rentreront à Baterilla la (voir les dans le cas d'Ace) queue entre les jambes.
Donc, en avant !
J'attends vos retours avec impatience.
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L'appel que Rouge leur avait passé pour les engueuler avait été écourté. Pourquoi ? Parce qu'elle avait commencé à monter encore plus dans les tours en apprenant que les deux jeunes étaient seuls en pleine mer et qu'ils avaient eu l'idée de partir sans supervision pour se lancer dans le monde des adultes.
Deux collégiens. De quinze et quatorze ans. Sans adultes (responsable ou non) pour les surveiller et protéger. Ouais, Rouge avait toutes les raisons d'être en colère contre eux. Tout autant, si ce n'est plus contre Amelia qui les avait laissé faire. Il allait être nécessaire qu'ils restent loin de l'île pendant quelques temps.
Chacun avait ses plans pour la suite. Et ils pouvaient aller encore plus vite en bossant à deux. D'ailleurs, quand ils en avaient discuté, Ann avait vu l'esprit d'un ancien Portgas, un brun famélique à la peau caramel et aux cheveux mi-long tombant follement sur son visage. Et il les avait applaudit avec une claire fierté sans dire un mot. Quelque chose disait à la zoan que c'était l'infâme abuelo Bruno, qui pendant si longtemps, avait été la bête noire de la famille pour avoir rejoint la Marine. Et cela aurait continué longtemps s'il n'était pas revenu au pays, brisé et retirer du service suite à une intervention militaire qui l'avait laissé infirme. Et sa grand-mère, même si mourante, l'aurait laissé à la porte, s'il n'avait pas justifié son choix de carrière avec des valises pleines des plus gros secrets de la Marine, dérobé et copié tout au long de ses années de service sous le drapeau à la mouette bleue. Et cerise sur le gâteau, il avait dans le tas les plans d'Impel Down ; Enies Lobby et Marine Ford, sans parler d'informations très juteuses sur MariGeoise.
C'était le projet de Sabo en rejoignant la Révolution. Avec l'éducation et les informations qu'il avait eu entre ses mains à la hacienda, à quatorze ans, il était capable de dire que si l'idée était bonne, certaines méthodes étaient à revoir dans le mouvement. Et il était très curieux sur le « après » que devait concocter Dragon.
C'est pour ça que le duo se retrouva à l'autre bout du South Blue dans une zone plus conflictuelle que leur coin de paradis.
Et c'est aussi la première fois qu'Ace sortit en publique avec son apparence masculine. Si le D. avait réussi à mettre la main sur des vêtements d'hommes à sa taille, c'est parce qu'avec les garçons à sa charge, Rouge pouvait passer au-delà des esprits étriqués de certains et fournir le nécessaire à son enfant quand ce n'était plus Anabela mais Ace, en le justifiant comme destiné à Sabo ou Luffy.
Ils avaient fait des petits boulots en continuant les cours par correspondance (comme quoi, Ace avait tout prévu). Comme il n'y avait rien de plus banal que deux adolescents en recherche de travail dans cette zone de l'océan, personne ne se méfia. Et c'était parfait pour les jeunes. Puisqu'on les ignorait, ils pouvaient écouter et apprendre. Sans compter qu'avec le zoan, ils avaient aussi les paroles des défunts et parfois, un étrange chat noir à deux queues se faufilait dans des coins sensibles.
C'est comme ça qu'ils trébuchèrent sur une très grosse affaire. Si grosse qu'elle les dépassait clairement.
Esclavage.
Ils avaient découvert que malgré l'interdiction du Gouvernement Mondial en place depuis deux cent ans environs, ils étaient tombés sur des rumeurs, puis, après des discrètes fouilles très risquées dans les dossiers de la Marine, des informations et des notes discrètes, montrant l'hypocrisie de l'interdiction. La Marine, sous couvert d'aider des personnes en difficulté, proposaient dans plusieurs de ses bureaux des stages d'orientations et d'insertions professionnelles. Officiellement, c'était pour tirer de la misère les plus pauvres et réduire donc les possibilités pour les pirates de trouver de la main d'œuvre pour entretenir leur régime de terreur sur les océans. Une méthode soi-disant appliquée avec succès en East Blue… C'était l'occasion de remettre en question les méthodes des autorités qui avaient fait d'East Blue le plus faible des quatre.
Mais ils restaient des gosses. De simples adolescents. Ils avaient juste assez d'argent pour s'en sortir et ils en gagnaient à peine un peu avec les jobs de manutentions sur les quais (rien de bien épuisant pour eux qui avaient fait des années de récoltes d'olives et l'entraînement de Pedro). Mais clairement, pas de quoi acheter assez de matériel pour mettre fin à ces agissements. Alors, ils avaient tout pris en photo. C'était leur meilleure arme. Trouver quelqu'un apte à savoir comment agir avec les preuves qu'ils leurs apporteraient, c'était l'objectif. Mais en dernier recours, ils prendraient contact avec Pedro.
Alors, à leur niveau, ils firent ce qu'ils pouvaient en essayant de ne pas trop attirer l'attention sur eux. Tout en remontant la piste, ils mirent en garde ceux qu'ils pouvaient. En chemin, toujours plus loin vers l'entrée de la Grand Line, ils firent leur enquête.
Une fois à destination, ils se firent encore plus discrets.
Le nekomata profita de la nuit pour faire le tour de la grosse base au centre de ce trafic, faisant une carte des lieux en profitant de sa couverture féline pour passer inaperçu et sabotant de l'intérieur la base en coupant la surveillance, la communication et surtout, en donnant les armes aux futurs esclaves enfermés dans les cellules normalement pour les criminels. De son côté, Sabo avait pris le côté le plus difficile de s'infiltrer dans les navires destinés pour le trafic et qui devraient rejoindre la Grand Line afin de les bloquer à quais et de les désarmais.
Quand la poudre prit feu, ils étaient déjà de nouveau au large, se félicitant chacun d'avoir fait quelque chose de bien et d'être en vie.
C'est là qu'Ace s'assit à la table et commença à écrire ce qu'il savait. Écrire ce qu'il avait appris. Pas ce qu'ils avaient fait, seulement ce qu'ils avaient découvert. Objectivement. Se référant aux lois qu'il y avait dans le code pénal qu'ils avaient volé dans une des bases, il avait écrit un article détaillant les découvertes, mettant en parallèle les lois violées par ceux qui professaient de les protéger. Objectivement, même s'il tremblait de rage en écrivant ces lignes, il fit un effort pour garder un maximum son ressentit. C'est Sabo qui lui proposa les photos qui pourraient accompagner l'article.
Cela fait, ils firent demi-tour dans South Blue.
A ce stade, toutes leurs économies avaient été engloutit dans les dernières provisions, ils ne pouvaient donc plus recourir au moteur et n'avançaient qu'avec la voile. Et pour économiser encore plus, ils se rationnaient et reposaient de plus en plus sur la pêche.
Ils avaient chacun un objectif et pour ça, il fallait de nouveau s'enfonçait dans South Blue. Parce que c'était de ce côté-là, loin de l'entrée de la Grand Line, que l'on pouvait trouver la zone sans loi. Certes, ils courraient droit dans les ennuis, mais c'étaient là que leurs informations seraient utiles. Là-bas qu'Ace pourrait trouver un journal avec assez de courage et/ou folie pour publier le papier qu'il avait écrit. Et c'était là-bas qu'il était possible de trouver la cellule de la Révolution. Avec des gens qui vont et viennent pour des missions avec armes et blessures, il valait mieux que cela se fasse loin de l'œil inquisiteur de ceux contre qui ils se battaient.
Certes, avec les éléments que les Portgas avaient amassés depuis le début de leur mission quelques siècles avant, la localisation de la base Révolutionnaire était dans le tas, mais aller directement toquer à leur porte ne serait que trop suspect si Sabo voulait les rejoindre et continuer la mission à laquelle il s'était greffé sans hésitation depuis le jour où il était allé offrir son soutien à Anabela qui s'était enfermée dans sa chambre en réalisant que ses amis n'étaient là que pour la protection qu'elle leur offrait en tant que Portgas. Donc, il fallait qu'il prenne son temps. Qu'il se « trompe » alors qu'il remontait la route pour trouver un gars avec assez de pouvoir ou capable de le prendre au sérieux un adolescent venant avec des preuves de trafics d'êtres humains et un désir de rejoindre les rangs. C'était déjà assez étrange comme démarche, alors, si on apprenait qu'un gamin qui allait encore au collège avait réussi à les trouver si facilement… cela ne ferait que soulever que trop de questions. Alors, les erreurs de navigations étaient plus ou moins volontaires. Mais pas inutiles puisqu'à chaque fois, le zoan en profitait pour essayer de faire publier son article de son côté.
L'hiver commençait à montrer le bout de son nez quand Ace parvint à se faire publier. Mais avec un prix. D'accord, il serait dans le journal et son nom serait en bas de l'article. Mais ce serait en dernière page et il ne toucherait pas un rond pour son papier passable.
Et comme entre temps, Sabo avait réussi à se faire embaucher dans la Révolution, cela laissa l'enfant de Roger seul avec Iro et les fantômes pour l'aider à se remettre de la terrible déception qu'il venait de subir. C'était son rêve et un homme l'avait pris, pour le piétiner en lui riant au nez.
Il ne chercha même pas à masquer son ton irrité quand sa mère l'appela pour lui demander une nouvelle fois de renter à la maison. Certes, Rouge n'eut aucune explication sur pourquoi son enfant n'allait pas bien, mais ça se voyait qu'Ace était à bout et à deux doigts de rentrer à Baterilla, les queues entre les jambes.
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Rouge était assise dans sa cuisine, lisant le journal de South Blue. Dans dix jours, son enfant aurait seize ans et se serait la seconde fois qu'ils ne seraient pas ensemble pour la nouvelle année et son anniversaire. Elle s'était faite une raison pour Amelia, après tout, c'était une adulte et elle tenait bien trop de son père pour être restée sagement derrière. Mais Ace et Sabo n'étaient encore que des enfants. Avec de grands rêves, mais ils étaient toujours des enfants. Ses enfants. Et South Blue était plus agitée que jamais après un sabotage étrange d'une base de la Marine en bordure de Reverse Moutain. Cela restait surprenant que la presse n'ait pas mis le nez dans cette affaire. Certainement quelque chose à cacher. Mais elle n'avait pas le cœur à fouiller plus loin.
Lentement, elle tourna les pages, feuilletant sans entrain les articles.
Jusqu'à la toute dernière page.
C'était justement un article sur l'incident de la base. Le ton était froid, voir détaché, mais un brin maladroit. Par endroit, on percevait de la colère et de la peine. Mais la construction était intéressante. Pointant dans une direction déplaisante et avec une méthode bien trop familière pour Rouge. Ce qu'elle savait, c'est que du trafic d'êtres humains avaient eu lieu sous son nez, et c'était la presse qui la mettait au courant, et surtout, en disant que c'était la Marine qui organisait tout ça.
- ¿Tía ? appela Luffy en entrant dans la cuisine avec ses devoirs.
- Je vais passer plusieurs appels, dont un à Garp. Tu ne veux toujours pas lui parler ?
- Et qu'il me ramène à Dawn pour me martyriser dans ses idées d'entraînements ? Je dois me préparer pour mon concours de physique, de toute façon.
Et il étala ses cours sur la table de la cuisine pour s'y asseoir et se mettre à travailler dessus.
Conservant la dernière page en main, son regard fixait sur l'auteur de l'article, Rouge se leva.
- Comme tu veux. On verra pour trouver une idée afin de faire parvenir un cadeau de Noël à Sabo, Ace et Amelia.
- Nan. Ils m'ont laissé derrière, ils se grattent pour Noël.
Rouge eut un rire et rejoignit son bureau. Et surtout le denden. Elle comprenait un peu mieux ce qu'il se passait et elle allait y mettre son grain de sel. Elle composa un numéro bien connu en s'asseyant sur sa chaise, continuant à regarder l'article en toute dernière page, comme jeter là par désintérêt alors qu'il en valait bien plus aux yeux de la mère.
- Morgans ? C'est Roja, de South Blue, se présenta Rouge quand on décrocha.
« Aaaah ! Très chère Roja ! Qu'est-ce que tu as d'intéressant à me dire aujourd'hui ? » s'enquit avec joie le directeur du journal le plus vendu au monde.
- J'ai entre les mains une banale feuille de choux locale. Rien de bien intéressant, tu dois te dire, sauf qu'en toute dernière page, on y a collé un article sur la Marine participant activement à un réseau d'esclavage sur notre océan.
« Tu y accordes du crédit, donc ? » devina Morgans.
- Oui, mais ce n'est pas pour ça que je te contact. C'est pour un service. Je vais t'envoyer l'article, si tu le souhaites, et tu le verras toi-même, c'est un novice qui l'a écrit. Mais je pense que le novice en question a du potentiel.
« Tu veux que je rencontre cette personne, c'est ça ? »
- C'est un tout petit service, je comprendrais que tu le refuses, mais, ça fait un moment qu'on bosse ensemble et…
« Tes informations sont toujours des mines d'or, et tu as généralement un bon flair pour les sujets vendeur. Envoie-moi l'article, j'y jetterais un œil. Tu veux que je rencontre cette personne où ? »
- Je vais m'assurer que tu sois attendu au Phare par la personne en question.
« Tu ne me dis même pas si c'est un homme ou une femme ? Tu veux me faire jouer aux devinettes ? »
Rouge regarda une photo prise l'hiver dernier, montrant les trois jeunes attaquant sans merci Amelia avec des boules de neiges.
- C'est simplement que donner le genre de la personne en question revient à chercher à genrer Ivankov. Je te remercie d'avance.
Elle reposa l'article et caressa du doigt les petites lettres qui formaient le nom de l'auteur en bas de page.
- Dans le doute, demande Ace, on saura qui tu cherches.
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Anabela était au fond du trou. Elle s'était avachie sur la table devant le phare. Iro dormait. Crocus avait trouvé une nouvelle excuse pour que la D. reste dans les environs quelques jours de plus, en prétextant le fait qu'elle ait loupé plusieurs examens médicaux et qu'à son âge, elle pouvait développer les premiers symptômes de ce qui avait failli tuer son père. Puis, quand il s'était avérée que même après une période d'observation aussi longue qu'inutile, elle allait bien, Crocus avait eu l'idée de génie de demander à la D. si elle avait fait stériliser Iro. Parce qu'en restant tout le temps en mer, les chaleurs seraient rapidement difficiles à vivre pour l'une comme pour l'autre. Et c'était donc pour cette raison que l'adolescente rongeait son frein. La stérilisation d'Iro, c'était prévu sans avoir eu les moyens. Si Crocus ne l'avait pas appelé pour l'engueuler généreusement pour ne pas prendre soin de sa santé, Ann serait rentrée les queues entre les jambes à Baterilla, et pour le coup, c'est là-bas que la D. aurait fait les démarches.
Elle soupira à nouveau et se mit à suivre du doigt un nœud du doigt de la table. Elle savait qu'on cherchait à la retenir ici volontairement. Pourquoi ? Aucune idée, mais elle soupçonnait sa mère derrière tout ça.
- Va faire tes devoirs, Iro est encore sous anesthésie, elle ne va pas se réveiller comme ça, grommela Crocus de derrière son journal sur sa chaise longue. Tu devrais en profiter, Laboon est calme jusqu'à présent.
Sans un mot, l'adolescente retourna au voilier pour aller chercher ses derniers devoirs par correspondance, remontant juste un peu les pans de sa longue jupe traditionnelle pour monter sur le pont du voilier avant de descendre dans la cabine. C'est pour cela qu'elle ne vit pas l'étrange théière blanche géante, soutenue dans les airs par un ballon de couleur rouge, qui apparut dans le ciel, avant de descendre sur l'océan pour s'amarrer au bandeau de terre, près du voilier. Un immense individu en sortit, couvert de plumes, le faisant ressembler à un albatros anthropomorphe. Par-dessus, il avait un veston et chemise bleu sur un pantalon rouge à carreaux blanc et un par-dessus noire en accord avec le haut de forme sur le haut de son crâne.
Crocus baissa son journal pour fixer l'individu au regard acéré.
- Bonjour bonjour. Je cherche un certain "Ace", on m'a dit que je pouvais le trouver ici, salua joyeusement l'homme-albatros.
- Derrière vous, lui dit Crocus.
Et il retourna derrière son journal, même s'il resta attentif. Rouge avait peut-être fait une bourde en mettant en rapport son enfant avec le milieu du journalisme, surtout un gros nom comme l'était Morgans. Et justement, la brunette sortait du voilier avec ses devoirs par correspondances. En voyant l'homme sur la terre ferme, la D. porta sa main au manche de la vieille hache à incendie qui la suivait depuis cette attaque de son île, et qu'elle gardait continuellement sur elle (soit sous un long manteau, soit sous sa jupe comme maintenant). L'oiseau regarda la demoiselle avec une stupéfaction grandissante.
- C'est toi, Ace ?
Sachant que Crocus était à côté pour l'aider au besoin et que de toute façon, avec le bandeau sur son crâne, impossible de savoir qu'elle avait un zoan, la D. se dit qu'elle pouvait prendre le risque de répondre. En cas de combat, ils pourraient s'en sortir.
- Oui, c'est moi.
- Mais tu es une gamine !
- Merci, mais j'ai seize ans, protesta avec agacement la demoiselle.
Elle quitta le pont du voilier pour retourner à la table et poser ses leçons.
- Qu'est-ce que vous me voulez ? se renseigna aigrement la brunette.
L'homme cligna des yeux, comme se réveillant avant de se rapprocher de la demoiselle qui plissa des yeux en restant clairement sur ses gardes.
- Je suis...
- Morgans, président du Sekai Keizai Shinbun. Je sais qui vous êtes. Mais ça ne me dit pas comment vous connaissez ce nom, ou ce que vous me voulez.
Un sourire s'esquissa sur le coin du bec du journaliste.
- Tu as du caractère, c'est beau.
Un rictus félin dévoila les crocs blancs de la demoiselle pour le plus grand amusement de Morgans. Surtout que l'acte de défiance disparut quand du haut de ses trois mètres, il jeta sur les devoirs de la demoiselle un journal bien familier, avec la dernière page pleinement visible. La D. ferma les yeux et inspira profondément pour ne pas laisser parler toute sa frustration, sa colère et sa peine devant cet échec monumental dans sa tentative pour accomplir son rêve.
- Une de mes informatrices de South Blue m'a fait parvenir cette édition en me demandant de lire ton article. En venant, je m'étais déjà fait une idée sur ton personnage juste avec ça. La seule chose de juste que j'avais deviné, pour le coup, c'est que tu étais une novice dans le métier. J'étais venu dans l'idée d'engueuler un imbécile qui avait saccagé un sujet de tel potentiel avec une plume aussi piètre. Mais là, je réalise qu'en faîte, c'est bien mieux que ça.
- J'ai bien saisi que j'ai écrit de la merde, c'est bon, c'était pas la peine de faire ce chemin pour me le dire de vive voix ! ragea l'adolescente en s'asseyant à la table pour ne plus avoir à le regarder.
Morgans appuya une de ses mains sur le bord de la table.
- Tu as mené l'enquête seule ?
- J'étais en tandem avec un de mes petits-frères, avoua la demoiselle.
- Il est où ?
- Il a rejoint la Révolution.
- Toi et lui aviez quel âge ?
- Durant l'enquête, on en avait quinze et quatorze. Je viens d'en faire seize et d'ici deux mois, il en fera quinze.
Morgans se redressa avec un grand sourire.
- Encore mieux !
Avec agacement, Ann releva la tête.
- Qu'est-ce qu'il y a de bien ? Deux adolescents se ridiculisent en voulant avertir le grand public sur du trafic d'être humain organiser par les marines, et ?
- Tu es encore jeune, c'est ça qui est merveilleux, lui expliqua Morgans avec un étrange éclat dans le regard.
Le voyant entrer un peu trop dans son espace vitale, Ann eut à nouveau son rictus félin et crispa ouvertement le manche de la hache. Comprenant qu'il la rendait un peu trop nerveuse, le journaliste recula ses trois mètres de haut de plumes, mais ne quitta pas pour autant son sourire.
- Cela veut dire que tu peux recevoir une formation pour compenser les défauts de cet article. Tu as l'envie d'informer et les capacités de trouver des scoops, il te manque seulement la méthode pour faire un bon article. Cette affaire, c'est tout ce que tu avais sous la main ou tu avais d'autres potentiels articles à soumettre ?
- Stop. Je suis peut-être encore une adolescente, mais je ne suis pas stupide pour autant. Vous faîtes quoi ? J'ai écrit de la merde, et là, brusquement, parce que j'ai que seize ans, vous me proposez un job ?
- Je te prends à l'essai, rectifia Morgans l'air encore plus ravie qu'elle ait saisi ce qu'il voulait. Je te l'ai dit, tu as du potentiel, il te manque la méthode. Donc, tu avais que ça, sous la main ?
En soupirant, Ann se leva.
Au point où elle en était, elle ne pouvait pas tomber plus bas, alors, autant qu'un professionnel voit ce qu'elle avait préparé à l'époque où elle croyait qu'elle avait trouvé la clef parfaite pour entrer dans la profession. Alors, elle se leva et retourna dans le voilier, avant de revenir quelques instants plus tard avec une chemise cartonnée. Elle la donna sans un regard à Morgans avant de revenir à ses devoirs. L'immense journaliste s'assit face à elle pour lire ce qu'elle avait écrit. La tension de l'adolescente était palpable. Elle avait beau s'être fait une raison, que le président du SEKEI la rencontre en personne lui redonnait un espoir. Un espoir qu'elle avait peur de voir poignarder.
Crocus jeta un œil à sa montre et se leva, attirant le regard de la brunette.
- Je vais voir Iro, informa l'ancien médecin.
Sous le regard presque trahi de l'adolescente, il disparut dans son phare.
- AHA !
La D. rapporta son attention sur Morgans qui venait de sortir un article dans les papiers réuni dans le dossier. Il le laissa de côté sur la table, reposa le dossier fermer à côté et se mit à observer attentivement les notes et les photos que la demoiselle avait épinglées avec. Il reposa ensuite le tout et sortit son propre stylo de l'une de ses poches.
- Viens voir, réclama le journaliste.
La D. posa sa plume et alla se tenir à côté du journaliste qui se mit à faire des annotations sur l'article de la demoiselle, lui expliquant les tournures à modifier ou supprimer, les détails à mettre ou retirer, la forme à prendre et tous les autres points à prendre en compte pour transformer un article de piètre qualité en quelque chose de correct pour la publication. Puis, une fois les explications données, il laissa Ann le réécrire.
Et elle se mit à la tâche sans rechigner, avec application, lentement, pour être certaine de ne pas faire la moindre erreur dans la démarche. Une fois fini, elle garda le nouveau papier entre ses mains pendant un moment, avant de le rendre nerveusement à Morgans. Et lui-même prit son temps pour le relire.
- Je te laisse réécrire ces articles, donc, demoiselle, finit-il par dire en souriant en faisant glisser le dossier jusqu'à elle.
Il plia l'article refait et sortit un chéquier de son par-dessus. Il en compléta un avant de s'arrêter.
- Ce Ace, c'est ton nom de plume ou ton vrai prénom ? Que je sache à quel ordre faire mon chèque.
- … c'est mon deuxième prénom. Pourquoi faire un chèque à mon ordre ?
- Eh bien, j'achète ton article et ceux que tu vas refaire. Sans compter que pour te mettre à l'essai, j'ai une mission pour toi qui nécessite que tu sois apte à voyager un peu plus longtemps et que tu aies une tenue plus professionnelle que ta petite jupette. Alors, je fais ce chèque à quel nom ?
Il... il lui laissait vraiment l'occasion de faire ses preuves ?! L'information court-circuita tellement le cerveau de la demoiselle qu'elle répondit machinalement :
- Portgas D. Anabela.
Morgans commença à noter le nom avant de relever la tête en fronçant les sourcils.
- Portgas... Portgas... comme Xavier l'Araignée ?
- Javier était mon oncle, confirma Ann en retenant sa grimace devant la traduction du prénom de son oncle.
- Ton talent brut s'explique un peu mieux ! sourit joyeusement le zoan. Tu pourrais faire un article pour dévoiler enfin pourquoi il a volé la dépouille de Gold Roger à la Marine !
- Pour servir d'engrais, ça pose un souci ?
- Kuwahahaha ! J'aime ta réponse !
Morgans signa le chèque et y joignit sa carte professionnelle. Il les tendit à Ann qui s'en saisit, mais il ne lâcha pas.
- Tu es prête pour ta mise à l'essai ?
- J'attends que ça, assura sérieusement la brune en plissant les yeux.
- Ta petite phrase dans ton article maudit... celle qui sous-entend que si East Blue était si faible et pacifique, c'est parce qu'il y aurait aussi ce genre de trafic.
Il rapprocha son bec du visage de l'adolescente.
- Fais-moi un scoop sur l'océan le plus faible et ennuyeux des quatre.
- Avec plaisir, patron, sourit férocement la brune.
Et le chèque changea de main.
- Au plaisir de faire affaire avec toi, jeune apprentie. Tiens-moi au courant, j'ai hâte de voir tes progrès.
- Je vais pas vous décevoir après l'opportunité que vous m'avez donnée.
Avec un dernier rire et une poigne de main, Morgans se détourna pour rejoindre son navire/ballon. Avant qu'il ne puisse vraiment disparaître dedans, Ann l'interpela :
- Par pur hasard, votre contact en South Blue, ce ne serait pas une certaine Roja ?
- Tu la connais personnellement ou c'est une intuition ? demanda en réponse Morgans en se retournant pour la regarder.
La brunette eut un air blasé.
- Si elle vous recontacte à mon sujet, rappelez-lui que j'ai un denden.
- Je n'y manquerais pas ! A la revoyure !
Et le journaliste s'en alla, laissant Ann sur la terre qui avait toujours la carte et le chèque dans sa main. Elle finit par soupirer et se tourna vers Crocus qui sortait du phare en portant délicatement la panthère enroulée dans une couverture. Pour une fois, son pouvoir n'était pas actif, laissant voir une fourrure crémeuse avec un ventre blanc et de belles tâches. L'adolescente se rapprocha pour récupérer sa meilleure amie encore shooter par l'anesthésie.
- Garde un œil sur les points. En cas de doute, tu as mon numéro, mais tout devrait bien se passer, rassura le vieux médecin.
- Je te dois combien ?
- Rien. Tu es ma nièce, après tout.
Et il tapota l'épaule de la demoiselle qui finit par se détourner pour aller ramener la panthère à son voilier. Elle s'arrêta après quelques pas.
- Pas un mot à maman.
- Tu es certaine ?
- C'est la moindre des choses après toutes les manigances qu'elle a faîte avec toi pour assurer cette rencontre.
- Tu lui en veux ? se renseigna Crocus en levant un sourcil perplexe. Tu fugues, elle réalise que tu fais ça pour réaliser un rêve, t'aide à le faire et malgré ça, tu lui en veux ?
En soupirant, la brunette se retourna vers Crocus.
- Si je me fais pistonner pour y parvenir, alors, ce rêve perd tout son sens. Mon père a découvert Rafftel* alors qu'il était à l'agonie. Si moi, en pleine possession de mes moyens, je ne suis même pas capable de réaliser mon propre rêve, alors, je ne suis pas digne d'être sa fille. En parlant de ça, tu pourrais me dire quel canal je dois prendre pour descendre en East Blue ?
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AN : Oui, je sais que dans les récents chapitres, l'orthographe de l'île a été changé, mais le choix ici est volontaire. On part du début. Ace a des connexions, des indices, des miettes, mais pas le tableau. Iel part donc dans le même chemin que l'on a tous emprunté en commençant One Piece sans les spoils.
