Bonjour à tous ! Avec ce chapitre se termine les publications exceptionnelles de septembre ! Pour octobre, on commencera une toute autre aventure. Une aventure en partenariat avec Shadow of Samhain ! Je remercie déjà ceux et celles qui ont fait un sub/follow chez elle et encourage d'autre à le faire, parce que damn, cette fille a de ces idées de dingue et ses histoires le mérite (j'ai droit à des avant-premières donc, je suis bien placée pour le savoir). D'ailleurs, ceux ici qui lisent ma fic Witcher, je vous recommande de lire Between the world : the old magic pour ne pas être trop perdu quand j'attaquerais la partie Wild Hunt. Sur ce, je vous remercie de votre attention et je vous dis à bientôt !
Bises Zia
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Janvier 1516
Anabela était accroupi au milieu des ruines noircies de ce qui fut un jour un quartier à problème des favelas de Sao Miguel. Elle soupira, appuyant son menton sur le sommet de sa hache pour conserver son équilibre pendant qu'elle réfléchissait.
La bâtisse avait été soufflé par ce qu'elle soupçonnait être une bombe. Pas de confirmation, parce que la force de celle-ci et le manque de débris de l'objet en faisait une arme bien trop puissante pour qu'on puisse la trouvée comme ça en East Blue.
En soupirant, elle se releva et passa sa hache dans le fourreau qu'elle s'était fait et qui pendait le long de sa jambe droite.
Elle sortit son calepin et son crayon, prit quelques notes de ce qu'elle voyait mais dû se résigner à devoir passer à autre chose. Elle avait quoi… une semaine de retard sur les incidents ? De quoi largement faire le ménage. Ce n'est pas dans cette suie qu'elle trouverait de quoi écrire.
En soupirant, elle descendit vers le port. C'était là-bas que ses quelques informations sur East Blue lui pointaient un indic' de la pègre. Elle avait eu vent de disparitions dans les environs, alors qu'elle faisait le tour des possibles agences de voyages qui auraient pu avoir vent de ce qu'il se passait sur Nassau mais continuait à y conduire des jeunes à la recherche d'un moyen de gaspiller leur argent pour s'amuser. Après tout, ces gars devaient savoir ce qu'il se passait si beaucoup de clients ne revenaient pas.
Elle sauta littéralement de la falaise et atterrit souplement sur ses pattes animales. Elle était un chat, et un chat retombe toujours sur ses pattes.
Reprenant sa forme humaine, elle continua sa route dans les favelas, sa hache bien en main. Elle ne voulait pas paraître comme une cible facile mais elle ne cherchait pas pour autant le combat. Elle ne voulait pas se battre.
Elle arriva enfin dans un bouge qui se prétendait bar.
L'endroit était étrangement vide. Il y avait une forte odeur de mort. De sang. Cela se cachait sous le parfum du sperme, de l'alcool, du tabac, de l'urine et de la bile.
Mais personne.
La hache sur son épaule, elle entra. Quelques meubles renversés et un sol abîmé. Seulement, elle nota dans tout ça un impact un peu plus récent que les autres. Et surtout, il n'y avait pas de sang autour. Tir manqué ? Pas très loin, on avait une trappe sur le plancher. Du papier collant jaune dessinait la silhouette d'un corps qui n'était plus là depuis longtemps.
Dans l'une des poches de son pantalon, elle récupéra des gants de cuir qu'elle enfila avant de soulever la trappe et de se laisser glisser dans le passage sinueux. L'odeur de sang et mort était plus forte ici. Avec celle de pourriture. Après, c'était lié aux égouts qui se déversait directement dans l'océan, cela pouvait s'expliquer. Mais il y avait trop de sang dans les environs. Des marques sanglantes sur la table de bois l'alerta. Heureuse de ses yeux capables de voir dans le noir, elle se concentra sur les marques. Cela ressemblait à des empreintes d'outils chirurgicaux.
- Ceci est une scène de crime ! Qu'est-ce que tu fais ici, petite !
Ace ne se retourna pas vers le marine qui venait de se pencher vers la trappe. Elle regarda autour d'elle, avant de hausser des épaules et revenir à son examen.
- C'est signalé nulle part que c'est une scène de crime. Je ne fais que passer. Qui est mort ?
- Pas tes affaires !
- D'accord. Pas grave.
Elle haussa paisiblement des épaules et fit signe au marine de se pousser avant de remonter dans le bouge.
- D'où tu te crois en droit de venir te balader sur une scène de crime comme ça !
- La curiosité.
Elle arrangea sa casquette gavroche et s'en alla. Elle avait des soupçons mais pas suffisamment. Elle devrait faire un tour dans les dossiers d'enquêtes de la Marine, mais elle doutait que ce qu'elle écrirait puisse aller au-delà du fait divers. Sans répondre aux questions de l'officier, elle retourna à son voilier. Elle ferait un tour dans les dossiers de l'enquête à la faveur de la nuit.
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La petite rousse regarda l'assiette et la boisson devant elle, avant de lever deux yeux méfiants vers Ace. L'adolescent continua de rédiger son article en grignotant sa propre assiette.
- Mange avant que ça soit froid, encouragea le D. sans lever le nez de son travail.
La demoiselle hésita, puis prit sa fourchette et se mit à manger.
Le brun se laissa aller sur le dossier de son siège et prit son café pour regarder la demoiselle devant lui. Elle avait quoi… treize, quatorze ans. Si elle avait attiré l'attention d'Ace, c'est parce qu'elle avait cherché à lui faire les poches. Clairement, l'enfant avait besoin d'aide. Surtout si on en croyait le fantôme qui suivait la demoiselle. C'est pour ça que le jeune avait décidé de lui offrir un repas.
Le journaliste novice posa un point final à son article et croisa les mains sur la table.
- Je suis Ace. Portgas D. Ace. Je suis de South Blue, enchanté, se présenta finalement le brun.
Et il tendit une main à la demoiselle qui prit son temps avant de la lui serrer.
- Nami. Si vous m'offrez à manger, c'est que vous me voulez quelque chose, non, onii-san ?
- Ce que je vois, c'est une enfant dans le besoin qui se démerde comme elle peut. Et si ce n'était pas pour mon entraînement, je n'aurais certainement pas vu ta main dans ma poche.
- J'ai pas besoin de la charité.
- C'est pour ça que j'ai un travail pour toi. Et rassures-toi, je ne vais rien te demander d'illégale ou de dégradant. J'ai un petit frère à peine plus jeune que toi, c'est suffisant pour me donner envie de t'aider un minimum. Et puis, t'as un beau talent, faut le cultiver.
Nami attrapa son jus de fruit et le sirota sans lâcher du regard le brun aux yeux d'argent fendu comme ceux des chats.
- Je fais des débuts dans le journalisme et je ne connais pas le coin. Pour le coup, mes articles, soit c'est par pur hasard, soit c'est froid et tout juste bon pour les faits divers. Tu as l'air de vagabonder pas mal, d'être débrouillarde et d'en savoir pas mal. Ce que je te propose, c'est de te donner mon numéro. A chaque fois que tu entendras un truc intéressant, tu me contactes pour me le transmettre.
- Et ça me rapportera combien ? s'enquit la demoiselle.
- Dix milles berrys si j'arrive à écrire un article quelconque. Si j'ai droit à une belle place dans le journal, dans ce cas-là, ça sera cent mille minimums. Si tu me doubles, c'est rien.
- Je vais prendre des risques, quand même.
- Je ne fais que débuter dans le métier. Je ne touche pas des milles et des cents. Si je te donne plus, je ne serais pas apte à continuer à faire mes articles parce que je ne pourrais pas me rendre sur place pour l'écrire. A toi de me faire courir d'un scoop à l'autre. Et si t'as quelque chose pour moi, là, je suis à ton écoute.
Ace posa une liasse sur la table.
- Ton avance si tu as quelque chose à me donner.
Les yeux marrons de la demoiselle s'arrêtèrent sur l'argent et elle plissa les yeux. Le D. posa la main dessus, cependant.
- Tu as quelque chose ?
Nami releva les yeux vers le brun qui haussa un sourcil sous sa gavroche. Elle hésita. Clairement.
- Dis-lui, Nami, dis-lui ! Parle-lui de Arlong ! demanda la femme derrière la gamine avec empressement.
La rousse finit par soupirer et ramassa son sac par terre pour l'ouvrir et en tirer une carte d'East Blue.
- C'est toi qui l'as faite ? s'étonna le D. en notant qu'elle était totalement manuscrite.
- Oui.
- Tu peux te faire du pognon en les revendant. Je te dis ça, je dis rien.
Nami grimaça à l'idée de vendre ses cartes, mais reprit vite à son air de femme d'affaire assez contradictoire avec son apparence de jeune adolescente.
- Nous sommes ici.
Elle pointa une île sur sa carte, avant d'en pointer une autre.
- Là, on raconte qu'une opération Marine aurait mal tourné et aurait coûté des tas de vies. J'ai pas plus de renseignements sur la bavure militaire, mais je pense que c'est le genre de chose qui peut faire bien dans un journal. Tu écris pour lequel ?
- Le SEKEI.
Et pour le prouver, Ace plia le journal qu'il lisait justement et mit son doigt sur l'article de faits divers concernant le trafic d'organes. L'index fut ensuite baissé jusqu'à atteindre le nom de l'auteur de l'article. Puis, le journal se retrouva lancer sur un coin de la table et le jeune journaliste nota son numéro de denden sur une serviette de table et la donna à Nami avec les billets.
- Donnes-moi deux semaines et recontacte-moi. Je te dirais à ce moment-là où j'en suis dans mon article et où on peut se retrouver pour le reste de l'argent. Et si tu as autre chose entre temps, ou seulement si tu veux te décharger de ce qui te ronge, n'hésite pas.
- De quoi je m'occupe ! Je vais très bien !
- Un petit oiseau me dit le contraire.
Avec colère, la rousse attrapa l'argent partit en courant du restaurant familiale.
- Je me demande si elle est plus vexée parce que tu caches trop bien ton argent ou si c'est parce qu'il est visible que tu sais quelque chose qu'elle ne veut pas partager, réfléchi Roja en s'asseyant au bord de la table.
- Va savoir, Roja, va savoir, marmonna le D. au fond de son café.
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« …Et je le répète, je suis extrêmement fière de toi, mais je me fais du souci, Anabela. Ce n'est pas quelque chose de facile à vivre. » disait Rouge au denden.
Sa voix sortait du combiné à l'abandon sur le meuble qui servait de bureau, alors qu'à quelques pas de là, dans le coin réserve, Ann faisait sa liste de course.
- Si je suis partie, c'est pour que tu cesses de me couver. Je ne suis plus une enfant, m'man, grogna Ann en examinant ce qu'il lui restait en fruit.
Elle allait avoir besoin rapidement d'agrumes pour ne pas tomber malade. Si elle n'était pas sur le pauvre et malheureux voilier de sa mère, elle n'aurait pas hésité à se procurer un citronnier, mais là, elle n'avait pas la place pour l'installer. C'était un sloop avec un moteur, pas un man-o'-war.
« Je continuerais à me faire du souci pour toi, même si tu es en East Blue. D'ailleurs, tu as fait ce que je t'ai demandé ? »
- Pourquoi diable je devrais donner des informations pareilles à ce clown ? grommela l'adolescente en se redressant. T'en penses quoi Iro ?
La panthère eut un rictus et fila au dehors.
- Ce n'est pas à ta panthère qu'il faut t'adressait pour savoir si tu dois ou non obéir à ta mère, rappela à l'ordre Roger.
- Et si tu allais la hanter justement, au lieu de m'enquiquiner !
« Ann, soit plus gentille avec ton père. » reprocha Rouge.
- Bon, maman, je suis contente de savoir que tu as lu le dossier reportage sur Nassau, mais là, je suis occupée. Sans compter que je vais pas tarder à être en vue de Loguetown. Besos.
Et avec agacement, la brunette raccrocha le denden.
- Je sais que tu es épuisée, mais… commença Roger.
- J'ai mes règles, le vieux. Je suis tout sauf d'humeur, gronda la zoan.
Et elle se laissa glisser contre un mur, perdant enfin sa lutte contre la douleur. Elle se roula en boule, les yeux crispés. Ses griffes entrèrent dans la chair de ses hanches sous la douleur. Elle donnerait ses deux bras pour trouver un médecin qui la prenne au sérieux quand elle disait qu'elle souffrait durant ses menstruations. Et qui ait une méthode miracle pour l'aider dans ces moments-là. Iro redescendit avec un coussin noir dans la gueule et le lui donna. Il était chaud après avoir passé une bonne partie du temps au soleil sur le pont. A défaut d'avoir une bouillotte pour essayer d'endormir un peu la douleur, ça l'aiderait. Elle espérait, sinon, bah son interrogatoire attendrait un peu.
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Finalement, ce n'est que le lendemain, en début d'après-midi, qu'elle fut apte à jeter l'ancre dans le port de Loguetown. Même si elle avait du boulot à faire, elle avait une priorité personnelle à voir. Elle acheta une fleur d'hibiscus chez un fleuriste et se dirigea vers la grande place.
- Tu n'as pas à faire ça, lui dit Roger en la suivant.
Ann l'ignora et continua jusqu'à la plateforme d'exécution. Elle s'arrêta juste devant, la fleur entre ses mains, regardant l'édifice qui avait achevé son père mourant dix-sept ans en arrière. Elle arrangea sa casquette et leva les yeux vers le sommet.
- La vue était belle ? demanda tout bas la quasi adulte.
- De là-haut, on a vu sur l'océan. Et c'est orienté droit vers South Blue, alors, j'ai pu m'imaginer un instant de retour à la hacienda, avec toi et ta mère. Je suis partie en paix. Et je suis en paix. Je te regarde grandir, réaliser tes rêves, c'est tout ce qu'il me faut.
- C'est pas un rêve, c'est un désir de revanche. Un besoin de réponse.
S'assurant que personne ne la regardait, Ann se prit sa forme de nekomata, fonça rapidement vers l'échafaud avec la fleur entre les crocs, avant de l'escalader agilement. Elle déposa la fleur sur le sommet, avant de redescendre, priant pour qu'on ne l'ait pas remarqué et qu'on n'aille pas reprendre la fleur. Elle se faufila dans une ruelle sombre et vide pour ressortir à l'autre bout de nouveau sous sa forme humaine. Elle ajusta sa cravate en rejoignant la base marine et s'arrêta devant en expirant profondément. D'un geste nerveux, elle arrangea son veston, avant de sortir sa carte presse et de s'approcher des officiers de garde.
- Bonjour messieurs. Le bureau d'accueil, s'il vous plaît ?
Et elle montra sa carte presse. Les deux marines se regardèrent et l'un d'eux ouvrit la porte pour qu'on lui montre le bureau en question. Avec un sourire un brin crispé, elle le remercia et pénétra dans le bâtiment.
C'était la première fois qu'elle entrait par la grande porte et en plein jour dans une base.
Elle joua nerveusement avec sa cravate.
Elle aurait dû se mettre une perruque. N'importe quoi pour masquer son visage et la différencier un peu plus de Roger. Elle avait le sentiment que ce n'était qu'une question de temps avant qu'on ne découvre son ascendance et qu'on lui passe les menottes.
Devant le soldat à l'accueil, elle se racla la gorge et demanda à voir l'officier en charge de la base.
- Pour quelle raison ? demanda l'homme avec une méfiance manifeste.
- J'ai quelques questions à lui poser concernant un article que je prépare pour le SEKEI.
- Je vais voir si le Taisa peut vous recevoir, mais je ne promets rien.
L'homme prit son denden et composa rapidement un numéro, alors que la D. suivait attentivement le mouvement des doigts. Après une courte conversation avec son supérieur, l'agent d'accueil raccrocha pour se tourner vers la brunette.
- Alors, je vais avoir besoin de votre carte presse et carte d'identité voire passeport pour le registre des visites.
D'un regard, Anabela estima l'âge du marine, puis se rassura mentalement. Il devait avoir trois ans quand Roger était mort et que Javier avait volé le corps. Il ne ferait pas tilt. Alors, elle posa sa carte presse et ouvrit son veston pour prendre son passeport de South Blue. Elle l'ouvrit juste pour s'assurer que ce ne soit pas celui que sa mère avait fait pour son identité masculine, avant de le présenter au guichet. Efficacement, le soldat prit en note les renseignements nécessaires puis lui rendit ses papiers, pour ensuite lui montrer une chaise dans le couloir.
- Le taisa va venir vous chercher, vous pouvez vous asseoir.
- C'est gentil, mais je préfère rester debout.
Peut-être qu'en évitant de se plier trop longtemps, son bas-ventre la ferait moins souffrir. Peut-être ? A ce stade, elle était prête à considérer tout et n'importe quoi comme option. Alors, elle s'éloigna de quelques pas et les mains dans le dos, elle déambula dans la zone d'attente, avant de finalement, prendre son carnet de notes dans son veston. Sur la dernière page, elle griffonna rapidement le numéro qu'elle avait vu, dans le cas où ça pourrait lui être utile, puis se noua les cheveux en chignon pour y coincer son crayon. Elle avait besoin de passer chez le coiffeur. Cela commençait à pas du tout le faire avec sa forme masculine d'avoir des cheveux long.
Elle se détourna de ses pensées quand elle entendit des pas dans le couloir et une odeur de tabac la prit à la gorge. Elle se tourna vers le nouveau venu et haussa un sourcil devant la grosse veste moutonneuse grise à l'effigie de la marine que l'homme aux cheveux grisonnant portait. Surtout que c'était tout ce qu'il avait pour le haut et qu'il la portait ouverte, laissant une vue parfaite sur ses muscles et le début de la zone pelvienne. Il avait une très belle musculature, et elle était très bien mise en valeur.
- Vous êtes la journaliste ? demanda le colonel avec une voix bourrue.
- Exact.
Le soldat à l'accueil présenta le registre à Smoker qui haussa un sourcil en le lisant.
- South Blue, hun ? Vous venez de loin. Suivez-moi, je suis le colonel Smoker, c'est moi qui suis en charge de Loguetown.
Sans un mot, la brunette le suivi jusqu'à son bureau un peu plus loin dans la base. Ils traversèrent d'ailleurs le camp d'entraînement où un groupe de soldats faisaient un exercice d'endurance, avant de pénétrer dans un autre bâtiment. Ils montèrent à l'étage et Smoker ouvrit une porte, invitant la jeune femme à entrer. En refermant la porte, il lui montra une chaise et elle s'y assit en serrant brièvement les dents.
Smoker s'assit de son côté du bureau et écrasa ses cigares dans son cendrier.
- Merci, souffla la demoiselle en esquissant un sourire.
- De rien. C'est rare quand une journaliste fait les choses poliment, alors, autant faire un effort. Qu'est-ce qui vous intéresse ?
- L'incident de Bardelas, dit simplement Ann.
- Bévue militaire, pourquoi chercher plus loin, grogna Smoker en se laissant aller dans sa chaise.
- Excusez-moi, taisa-san, mais je n'y crois pas. J'ai discuté avec les locaux et témoins de cette prise d'otages. Vous aviez les moyens d'y mettre fin, mais vous avez choisi de sacrifier des civils. On m'a toujours dit de faire mes devoirs avant de poser mes questions.
Smoker croisa les bras sur sa ceinture sans rien dire.
- Des familles pensent avoir perdu pour rien leur proche. Votre image est ternie dans tout East Blue, alors que c'était une magnifique occasion pour vous de devenir des héros et donner un peu plus de foi aux civils qui doutent de la capacité de la Marine et donc, par extension, du Gouvernement Mondial, à les protéger. J'ai entendu dire que suite à cet incident, trois nations étaient en train de réfléchir à leur intérêt à continuer à faire partir du Gouvernement Mondial. Ce n'est pas dans votre intérêt, mais vous l'avez fait, et ce, volontairement.
- Je n'ai aucune raison de vous donner des explications, surtout sur une affaire aussi sensible.
- Ah ? Donc, ça ne vous fait rien de voir vos collègues trainer dans la boue quand ils pourraient peut-être avoir une médaille ?
Smoker ne répondit rien.
En soupirant, Ann rapprocha sa chaise et s'appuya sur le bord du bureau en défaisant un peu sa cravate avec le doigt.
- Permettez que je vous tutoie ? Je veux vous raconter une petite histoire.
- Si t'as que ça à foutre, grommela Smoker en passant lui aussi au tutoiement.
- Je hais la marine. Et pour de bonnes raisons. Mon père était un pirate. Mourant de surcroit. Mais ce n'était pas un salaud. Pourtant, il a eu droit à une exécution publique alors que j'étais encore toute petite. Pourquoi ? Parce qu'on voulait qu'il serve d'exemple et qu'il en savait trop. Alors, il valait mieux procéder à une exécution publique plutôt qu'il pourrisse à Impel Down. Surtout qu'il n'aurait jamais atteint la prison, sa santé aurait eu raison de lui bien avant. Ma mère m'a élevé. Pas seule, non. Mon oncle, son frère, était lui aussi un pirate. A l'époque, tout South Blue se tenait à carreaux à l'entente de son nom. Et il a passé les six dernières années de sa vie plus à terre que sur son navire pour aider sa petite-sœur et éduquer sa propre fille qu'il confiait avant à ma mère. Si je dis six, c'est pour une bonne raison.
Elle pointa du doigt l'échafaud au dehors.
- C'est lui qui a volé le corps de Roger. Et malgré le fait qu'il n'agisse qu'en South Blue principalement et qu'il s'était quasi rangé, celui qui est connu aujourd'hui comme l'amiral Akainu est venu jusqu'à notre île, six ans après les faits. Nous ne faisons pas partit du Gouvernement Mondial, alors, il s'est dit que si ça ferait parler mon oncle Javier sur la localisation du corps de Roger et ses motivations, il pouvait bien rayer l'île de la carte. La Araña est morte au combat plutôt que de laisser la Marine détruire sa terre, ses voisins et sa famille.
Le doigt revint se poser sur le bord de la table.
- Quand j'avais dix ans, pour je ne sais quelle raison, Genkotsu no Garp s'est mis dans la caboche de faire de moi une marine. Je vivais une petite vie tranquille, et j'aurais pu devenir commerciale, comme ma mère, ou continuer à travailler aux champs comme tout le monde, mais il a décidé que plutôt que de suivre les "mauvais" exemples de ma famille, chose qui n'était pas dans mes projets et ne le sera jamais sauf circonstances extrêmes… eh bien, il devait prendre les choses en mains, et donc, mon entraînement. Ni une, ni deux, sans même prévenir ma mère qu'il connait personnellement, sans me donner d'explications satisfaisante, il m'a embarqué sur son épaule et m'a jeté sur son navire. Sept mois plus tard, il m'abandonnait à une maraudeuse de Goa en disant que je vivrais ici désormais pour m'entraîner et qu'il passerait voir mes progrès de temps à autre.
Elle montra la vieille cicatrice sur son visage.
- J'ai traversé une jungle seule, à onze ans, de nuit, à pied, pour trouver un semblant de civilisation et pouvoir prévenir ma mère d'où j'étais. Et dernier évènement en date, mon premier article. Même s'il a fini tout en bas dans une feuille de chou, et enterré dans toute la crasse de South Blue, je suis celle qui a découvert que cette histoire d'emploi et d'orientation organiser par la Marine était en fait une couverture grossière mise en place par quelques bases, pour couvrir un gros trafic d'êtres humains. Et j'ai encore les photos en preuve.
Elle joignit ses mains, regardant dans les yeux Smoker, ses prunelles fendues empli de sérieux.
- Avec tout ça, on peut dire que je ne suis pas une grande admiratrice de la profession, mais une chose est certaine… on m'a appris dès le biberon à lire entre les lignes. Et je sais que la Marine ne peut pas s'asseoir sur de la bonne publicité. Alors, je suis ici pour savoir pourquoi vous l'avez refusé sciemment. Ce doit être gros. Très gros.
- Y'a plus gros, marmonna Smoker en se prenant deux nouveaux cigares. Mais c'est confidentiel.
Ann se pencha pour les lui prendre des mains et les posa à côté d'elle. Puis, elle prit une feuille blanche. Elle retira le crayon de ses cheveux sous sa casquette et griffonna sur le papier avant de le plier pour le faire glisser vers Smoker.
- Passons un accord. Sur cette feuille, y'a de quoi me condamner à mort. Pourquoi ? Parce que pour cette simple raison, des innocents sont morts sous les armes de la Marine. Et ce qu'il y a dessus, deux marines le savent.
Elle posa sa main dessus, ne lâchant par le regard de Smoker.
- Les officiers en question sont Garp… et toi, si tu le lis. Et ce papier, c'est la garantie que je te laisserai lire avant Morgans le potentiel article. Si je dois censurer quelque chose, je le ferai. Du moment que je peux offrir au moins une version édulcorée de la vérité au monde, je suis prête aux concessions. Je fais ce métier pour découvrir les vilains secrets du monde. Y compris quelque chose d'aussi insignifiant que cet incident. Cependant, si tu me vends sans raison, je peux t'assurer que tu auras donné naissance au pire ennemi de ce monde. Ton pire ennemi. Je suis pas qu'une jeune journaliste. Je suis une Portgas, et je suis tout à fait apte à faire de chaque instant de ta vie un enfer sur terre.
- Ce sera tout ? demanda Smoker presque lassé.
- Merci de m'avoir écouté ! sourit joyeusement la femme.
Et elle poussa le papier vers l'officier avant de prendre les cigares et les allumer avec ses flammes éthérées pour les donner au marine qui s'en saisit pour les fumer en fermant les yeux, comme s'il cherchait soit à réfléchir, soit à se calmer. Si ce n'est les deux. Puis, il les rouvrit et se saisit du papier. Il regarda à nouveau Ann qui ne bougea pas de sa chaise, même si sa main se tenait proche de la hache à sa cuisse, prête à la tirer de son fourreau.
L'hésitation se voyait.
- Ce papier est une boite de Pandore, averti Ann en caressant le manche en bois de son pouce.
- Curiosity kill the cat, marmonna le soldat.
- Je dois prendre ça comme une menace, mon colonel ? ronronna la brune.
Smoker réprima un frisson.
Ce devait être une zoan parce que sa voix ronronnait réellement quand elle parlait. Et cela lui avait provoqué une étrange sensation.
Plutôt que s'attarder dessus, il ouvrit le papier… et tomba de sa chaise sous le choc.
- Je dois me dessiner une moustache pour accentuer la ressemblance, ou on peut s'en passer ? se renseigna Ann pour cacher sa nervosité.
- C'est…
- Je l'ai dit. C'est ma tête sur le billot. Tout pour la vérité.
Smoker se releva de sa chaise et brula méticuleusement le papier dans son cendrier avec son briquet.
- Pourquoi me le dire ? C'est une information dangereuse et la Marine est la dernière qui devrait le savoir !
- Je l'ai dit, je fais toujours mes devoirs, répondit Anabela en haussant des épaules avec désinvolture même si son cœur tambourinait dans sa poitrine. J'ai fait la liste de tous les officiers susceptibles d'être informé de l'incident qui m'intéresse, présent en East Blue, puis, de ceux assez droit pour qu'un dialogue pacifique soit possible. Quelqu'un avec un idéal, si on veut. Et dès que j'ai mis les pieds à Loguetown, j'ai su que j'avais fait le bon choix.
Smoker se laissa aller sur un de ses accoudoirs, se tenant la bouche dans sa main, abasourdit par ce qu'il venait d'apprendre. Puisqu'il n'attaquait pas, Ann continua de parler :
- Si mon oncle était surnommé la Araña, c'était pour son réseau et sa capacité de récolter les informations. Mais c'est tout, sauf un scoop, un Portgas aussi compétent dans le renseignement. C'est quelque chose que l'on apprend tous, tout petit, dès qu'on est apte à la parole. J'avais six ans quand j'ai fait trembler de peur un officier de la marine, simplement en lui parlant. Comment ? J'avais respiré son parfum, vu son alliance, la qualité du tissu qui composait son uniforme et reconnu des symptômes intéressants dont le vieux médecin de mon père avait déjà parlé. Juste ça me faisait dire que j'étais devant un époux infidèle marier à une bourgeoise et qui avait choppé une sacrée MST. Je lui ai simplement demandé au bout de combien de noms la lady réaliserait la hauteur de ses cornes et qu'elle décide de le renvoyer de sa famille. Je n'avais que deviné, mais il s'est mis à trembler. J'aurais pu mal déduire, mais j'ai touché juste. Alors, si moi, gamine, je pouvais deviner ce genre de chose, je pense qu'aujourd'hui, je peux être capable de reconnaître un salaud d'un vrai défenseur de la Justice. Un homme qui sait qu'on ne condamne pas un enfant pour les fautes de ses parents. Je sais donc que je peux te faire confiance, Smoker-taisa.
Elle montra le denden d'un mouvement de tête.
- Comme je l'ai dit, Genkotsu est dans la confidence. C'est lui qui a arrêté mon père ce jour-là, en présence de ma mère et moi. Alors, si tu as des doutes…
- Non, je ne peux tout simplement pas en avoir, c'est trop gros pour que ça ne puisse pas être vrai. Sans compter que si tu voulais juste utiliser la réputation du nom de Roger, tu l'aurais fait dès le début, marmonna Smoker.
Il garda le silence un instant avant de se lever en prenant sa décision.
- Je reviens.
Et il s'en alla.
Immédiatement, Ann ouvrit la fenêtre et s'assit au bord de celle-ci. Si elle devait fuir, elle voulait être prête. Elle ferma les yeux et se plongea dans son Haki. Elle n'en faisait que rarement usage, ne se considérant clairement pas comme une combattante pour en avoir besoin, mais dans une situation comme celle-ci, elle ne dénigrerait aucun de ses atouts.
L'officier revint quinze minutes plus tard, un dossier sous le bras.
Il referma soigneusement la porte derrière lui et vint trouver la brune sur le rebord de la fenêtre.
- Prête à fuir ?
- Je tiens un minimum à la vie, rit nerveusement la jeune femme.
- Compréhensible. Mais je croyais que tu avais confiance ?
- Un peu de prudence ne fait de mal à personne.
- Ce que tu as fait était pourtant imprudent.
- Je mets ça sur les gènes paternels.
- HEY ! protesta le fantôme de Roger en se manifestant à nouveau.
Cela tira un rire à Smoker qui fini par lui tendre le dossier.
- J'en ai fait une photocopie. Assures-toi qu'on ne sache pas où tu as obtenu les informations.
- Je prends soins de mes informateurs, sourit-elle.
Un grand sourire joyeux qui montra bien ses dents, avant qu'elle n'ouvre le dossier. Smoker en profita pour se détourner et retrouver un semblant d'impassibilité. Il n'arrivait pas à comprendre que cette fille lui fasse autant d'effet, alors qu'il était plutôt indifférent aux femmes.
- Joder… souffla Ann en parcourant le dossier. Oui, je peux comprendre le choix. C'est le dilemme cornélien typique.
Elle releva la tête avec curiosité.
- Le colonel Mathis a été décoré à titre posthume ?
- Non, même si je doute que ça puisse t'intéressé.
- Au contre, au contraire.
Elle passa sa langue sur ses dents en réfléchissant. Elle devrait peut-être contacter Baggy. Lui proposer un marcher. Qu'il l'aide à avoir des preuves des dires du dossier en échange des informations que sa mère voulait qu'elle lui refile.
Elle referma le dossier et se leva de l'encadrement de la fenêtre.
- J'ai beaucoup de travail pour vérifier tout ceci, et tourner l'article de façon à ce que l'on ne sache pas d'où je suis au courant. Merci pour ceci.
Et elle s'inclina profondément devant Smoker avant de cacher le dossier dans son veston.
- C'est tout ce que je peux faire pour toi, je pense, marmonna Smoker en mordillant son cigare.
- Et c'est énorme, merci encore.
- Je te raccompagne à l'entrée.
Et il lui ouvrit la porte.
En souriant, Ann la franchit et suivit Smoker dans les couloirs. Le stress et la peur passaient, elle commençait à respirer à nouveau. Ils arrivèrent au hall et la brune se tourna une dernière fois vers l'officier.
- Si… si j'ai besoin à nouveau d'éclairage, puis-je me permettre de revenir afin d'obtenir un peu de lumière ? Ecrire des bêtises est la dernière chose que je veux faire.
- Si c'est demandé poliment comme aujourd'hui.
- Merci ! Je te tiens au courant, comme promis.
Et avec un grand sourire, elle s'en alla, sans s'attarder sur le regard de Smoker qui l'observa alors qu'elle s'éloignait. Elle était plus préoccupée par l'article qu'elle devait écrire. Mes ses pensées furent troublées par les grognements de son père. Elle lui jeta un regard, mais la légende de la piraterie était renfrognée, la tête dans les épaules, se rendant à la fois bossue et plus impressionnant qu'il ne l'était déjà avec sa carrure.
- Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda la jeune femme en grimpant sur son sloop.
- J'aime pas la façon dont il te regarde.
- Il n'a fait que regarder, et encore, c'était poliment.
Elle détacha l'amarre et du pied, repoussa le quai. Le courant fit le reste du travail.
- Sans compter que j'ai tout de même dix-sept ans, que je suis apte à dire oui ou non si on me fait des avances…
- Tu restes encore une enfant ! Mon bébé !
- Oh arrête. Surtout que ce colonel à l'avantage de se laisser regarder.
- ANABELA !
L'hilarité de la zoan fut coupée par le denden. Même pas le temps d'entrer que Iro sortait déjà sur le pont en tirant le combiné du denden… et le denden derrière à l'autre bout de la corde.
- Iro ! Fais pas ça ! Tu lui fais mal ! protesta Ann en récupérant le pauvre escargophone.
La panthère vira au gris de tristesse. Elle avait voulu rendre service et voilà qu'elle se faisait gronder.
En soupirant, Ann ramassa le denden et le porta à son visage.
- Oui ? Qui me demande ?
Un silence lui répondit et deux yeux marrons brillèrent de fureur sur le visage du denden.
« Je présume qu'il n'y a aucun Ace ici, n'est-ce pas ? »
- Ara ? Nami !
Nouveau silence.
- Même si ça peut te paraître étrange, et que c'est une longue histoire, je suis Ace, rassura le D. avec un sourire. Tu appelles pour l'argent, n'est-ce pas ? Dis-moi où on peut se retrouver d'ici la fin du mois.
Elle retira de son veston le dossier que lui avait donné Smoker.
- Cela ne fera peut-être pas la première page, mais si on colle mon article aux faits divers, je veux bien manger des olives rouges. Si tu as un numéro auquel je peux te rappeler en suivant, je peux directement contacter Morgans pour essayer d'avoir une idée de combien me rapportera l'article et donc, combien je peux te donner. Après tout, tu as besoin d'argent.
