Bonsoir à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour le chapitre d'octobre ! Je dis octobre parce que boulot oblige, je ne pense pas pouvoir faire la publication en une fois des trois chapitres prévus pour ce week-end, d'où le pourquoi je le sors ce soir. Comment toujours j'attends vos retours.

Et comme pour le précédent, vous aurez un chapitre complémentaire de la part de Shadow of Samhain et sa fic Marche Tempête. Je recommande d'ailleurs la lecture de son chapitre avant celui-ci, vu que mon chapitre est une plus conséquence du sien. Donc voilààààà !

J'attends vos retours avec impatience, à bientôt !

La bise

P.S. s'il y a des termes qui vous échappent, je sais que j'ai tendance à zappé les traductions, mais faîtes moi signe et je reviendrais dessus pour les mettre :)

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Début février 1516

Baggy fixa la brunette qui venait de monter sur son navire. La sacoche à l'épaule, elle jouait avec une casquette gavroche. Les yeux du pirate montèrent vers le sommet du crâne où trônait deux oreilles de chat. Les paupières du clown se plissèrent légèrement. Avec ce qu'il avait vu en servant sous Roger, et sa propre expérience ces quasi vingt dernière années, il savait que si un zoan se manifestait ainsi, c'était qu'il était trop puissant pour son utilisateur à l'heure actuel ou qu'il avait fusionné avec son porteur. Et comme elle n'avait pas l'air d'être dans le stade hybride de la transformation, il pouvait donc arriver à la conclusion que ce n'était pas un banal fruit de félin que la demoiselle avait consommé. Quelque chose de rare, et donc, possiblement dangereux.

Deux yeux d'argent liquide croisèrent son regard et elle esquissa un bref sourire.

Baggy eut la même réaction.

Elle savait qu'il avait deviné. Elle avait agi volontairement. Elle dévoilait partiellement un atout pour signaler qu'elle n'avait pas d'intention néfaste contre cet équipage. Mais c'était aussi un avertissement. Il savait qu'elle n'était pas qu'un simple chat, mais pas quoi exactement. Juste qu'elle pouvait se dévoiler plus dangereuse qu'il n'y paraissait. Sans compter que la hache à sa hanche avait l'air d'avoir vu pas mal d'action. Elle avait déjà rabattu le clapet de quelques-uns de ses hommes, donc, elle avait un minimum d'entraînement.

Décidant de rompre le silence, Baggy se redressa sur son siège.

- Je présume que tu n'es pas ici pour me frotter au visage mon âge en me rappelant que je t'ai connu, tu avais trois mois. Ça te fait combien aujourd'hui ? Dix-sept, par-là ?

- Tout juste, et non, je ne suis pas ici pour ça. Contrairement à Shanks, je n'ai eu aucun contact avec toi, donc, je ne vais pas te bassiner avec qui était mon père, ce qu'il a fait pour toi et patati et patata. Je suis ici pour affaire.

- Oooh… affaire donc ? Si on part du principe qu'on est donc des inconnus, ne t'attend pas à ce que je te fasse un prix d'ami.

- Je pense qu'au vu de ce que je veux te demander, et de ce que j'ai en poche, on devrait pouvoir s'arranger.

Un sourire de requin apparut sur le visage de Baggy quand il se leva. Il plissa des yeux, légèrement vexé de voir qu'à même pas vingt ans, la jeune femme le dépassé déjà. Qu'elle ne grandisse pas plus, sinon, on allait vraiment capter qui était son père, et les choses risquaient de mal tourner pour elle.

- Que veux-tu ?

- J'ai besoin d'hommes aptes à faire de la plonger pouvant me remonter un objet possiblement dangereux d'une épave.

- En échange de quoi ?

Ann posa sa casquette sur son crâne et récupéra un dossier de sa sacoche qu'elle donna à Buggy. Celui-ci l'ouvrit, y jeta un œil et le referma immédiatement pour fixer la brune avec des yeux ronds.

- Comment tu as eu vent de ça ?

- Je suis une Portgas, c'est tout ce que tu as besoin de savoir, répondit la zoan.

Baggy rouvrit le dossier et eut un rire nerveux en le parcourant avec des yeux avides. Anabela roula des yeux avec agacement, puis se détourna, observant les gars autour d'elle d'un œil calculateur.

- Toi. Toi aussi. Toi aussi. Aussi…

Plus elle avançait sur le pont plus elle désignait de gars, jusqu'à avoir une équipe de dix.

- Tu fais quoi là ? demanda le second de Baggy. Tu te prends pour qui ?

- J'ai payé pour un service. Puisque ton capitaine est en train de baver sur le règlement de celui-ci, je me permets de prendre les devants en sélectionnant les gars qui pourront m'aider.

Elle prit sa hache en main, la posant sur son épaule.

- Si t'es pas content, on peut régler ça.

- Je vais te faire payer ton insolence.

- Suffit, intervint Buggy. Dis-nous où et quoi, Ann. Et fait-moi signe la prochaine fois que tu veux qu'on fasse affaire, parce que ça sera avec plaisir.

- J'y réfléchirai.

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Nami n'en revenait pas. Elle ne savait pas ce qui était le plus choquant. Le montant qu'on lui avait reversé pour avoir refourgué une simple rumeur, ou le fait de se retrouver nez à nez avec la jumelle parfaite du gars qui l'avait embauché à la base.

- Si tu refermes pas ta bouche, tu vas avoir un souci de mouches, avertit Anabela de l'autre côté de la table du café.

- Comment… comment c'est possible ! s'exclama Nami.

- De quoi donc ?

D'une main, la rousse montra l'argent et de l'autre, elle désigna la brune qui sirotait son café.

- Moi ? Je suis la même personne, j'ai juste consommé ce qu'on appelle un akuma no mi. Sans entrer dans les détails, l'un des dons que j'ai découvert est de pouvoir changer de sexe. Vu qu'il y a des moments où je ne suis pas bien dans ma peau de femme, devenir un homme est une bénédiction.

- Et c'est quoi un akuma no mi ?

- Un fruit magique pour faire court. Pour l'argent, il s'avère que le tuyau que tu m'as refilé cachait bien plus qu'on pouvait le croire. Regarde.

Ann ouvrit sa sacoche des photos prise de l'arme remonter de l'épave du navire.

- L'erreur de la Marine était une prise d'otage qui tourne mal, on est d'accord ? Un officier avait réussi à s'infiltrer à bord et a découvert ce truc dans la calle. C'est assez puissant pour faire un trou dans la Red Line, alors, imagine ce qu'il se serait passé s'ils avaient lancé cette chose sur une île au hasard. Le gars était seul, alors, il a fait ce qu'il a jugé le mieux. Il a sacrifié les otages, les pirates et sa vie pour s'assurer que cette menace capable de rayer une île de la carte finisse par le fond. C'était un choix difficile… et il l'a fait.

- Oh… je vois.

La demoiselle prit les photos et les observa avec un certain malaise.

- Pour le coup, ça ne finira pas en fait divers. J'ai la quatrième page. Je perds pas espoir, je suis encore novice dans le métier ! Je l'aurais ma première page. Sans compter que Morgans dit qu'il prépare un truc où je vais tenir un rôle important, alors, c'est pas demain que je vais rentrer chez moi ! sourit la brune. Pour le coup, chose promise, chose dû. Voici ta part.

Nami reposa les photos et compta avec frénésie les billets.

- Désormais, tu sais que tu peux compter sur moi, donc, si tu veux me faire part de quoique ce soit, même d'un brin délicat, tu peux me faire confiance. Je suis certaine que Belmer-san serait soulagée.

Tout juste eut-elle fini sa phrase que la chaise de Nami se vida et la porte du restaurant claqua. Et bien entendu, il ne restait plus un seul billet sur la table.

- C'est ce qui s'appelle mettre les pieds dans le plat, non ? demanda le fantôme de la dénommée Belmer qui suivait justement Nami.

Ann ne répondit pas. Elle se contenta de ranger ses photos et de finir son café. Elle avait un détour à faire par Loguetown avant de commencer une nouvelle enquête pour un nouvel article.

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Smoker descendit dans le hall avec Tashigi pour voir à nouveau Ann l'attendant dans le hall.

- Portgas, salua le colonel. Voici ma seconde Tashigi.

- Portgas D. Anabela. Journaliste pour le SEKEI, se présenta la zoan en s'inclinant.

- Enchantée, salua la femme.

- Alors ? Ton article a été validé ? se renseigna Smoker.

- Il sortira demain. J'ai demandé ce délai au patron. Vu que je te l'ai déjà lu, tu sais à quoi t'attendre. Mais je ne suis pas venu pour ça, répondit la jeune femme. Si vous voulez bien me suivre. J'ai quelque chose pour vous.

Les deux marines échangèrent un regard puis suivirent la demoiselle dans la rue. Dehors, Iro attendait et se mit immédiatement à marcher à côté de sa mère adoptive. Le groupe alla vers une zone isolée du port qui était déjà assez peu fréquentée à cette période de l'année. Là, Ann s'arrêta un instant pour s'assurer qu'ils n'étaient pas suivi avant de reprendre sa marche à un pas un peu plus rapide, les embarquant jusqu'à son sloop.

- Rapatrier ce truc m'a fait plus de sueurs froides que de raison. Si j'ai des cheveux blancs, je sais d'où ça vient, avoua la demoiselle.

Elle dépassa son navire pour s'approcher d'une barque suspicieusement couverte d'une bâche qui était accrochée à la rambarde du voilier. Quoiqu'il y ait dedans, ce devait être très gros, parce qu'on n'avait qu'à tendre le bras pour attraper le tissu depuis le quai. Chose que fit Tashigi. Smoker manqua d'avaler ses cigares sous le choc en voyant ce qu'il y avait dessous.

- C'est l'arme que ces pirates vous avez volé et avez voulu utiliser à leur propre compte, explicita inutilement Ann.

- Comment avez-vous réussi à la récupérer ? se renseigna Tashigi absolument abasourdit.

- J'ai fait jouer des relations.

- Va chercher des gars pour remorquer ce truc à la base, demanda Smoker à sa co-équipière.

Celle-ci se mit au garde à vous et, manquant de tomber au moins deux fois, couru rejoindre la base pour récupérer des bras.

- Pourquoi tu l'as ramené ? demanda Smoker.

- Je te dois bien ça. Tu as accepté de briser la confidentialité de l'affaire, lui dit Ann.

- Tu m'as tout de même livré un truc qui pourrait te condamner à mort.

- Plus en South Blue qu'ici. Trop de gens sont morts pour m'atteindre ma mère et moi, là-bas, et je doute que pour ce coup-là, le nom de Portgas puisse m'aider.

- C'est pour ça que tu es partie de chez toi ?

- Oh non. Ça, c'est parce que j'ai du sang de pirate et que je supportais pas de rester à terre plus longtemps. Morgans m'a juste donné une excuse et un moyen de découvrir un peu plus le monde.

Ann regarda le grand large, puis ferma les yeux en inspirant profondément, un air serein sur le visage. Smoker toussota dans son poing et se frotta la nuque d'un geste embarrassé quand la zoan le regarda.

- Tu fais quelque chose, ce soir ?

- Rien de particulier, pourquoi ? s'étonna la demoiselle.

- Eh bien… il se trouve que je connais un petit restaurant, plutôt tranquille, et… hm…

- C'est une invitation à dîner ? demanda la jeune femme en levant un sourcil.

Elle eut un petit rire quand Smoker se mit à fumer sous l'embarras. Elle lui posa une main sur l'épaule sans perdre son sourire.

- Je suis libre pour un dîner… cependant…

Elle perdit son sourire pour un air contrit.

- Je n'ai pas la tête à chercher le grand amour ou ce genre de connerie, pour l'instant. Un jour peut-être, mais pas maintenant.

Smoker eut l'impression qu'on venait de lui planter une flèche dans le cœur. Et c'était très douloureux.

- Mais je serais heureuse de pouvoir te compter parmi mes amis, continua-t-elle.

Pourquoi cette simple phrase donner l'impression au marine d'avoir reçu une autre flèche ?

- Sans compter que les nuits sur l'océan sont assez vides et difficiles quand on voyage seul. J'adore Iro comme si c'était mon bébé, mais ça ne compense pas la présence humaine. Et elle ne peut pas répondre à certains… besoins. Si tu veux m'aider sur le sujet, je suis ouverte aux suggestions.

- Tu ne sous-entends tout de même pas ce que je pense, Anabela ?! s'indigna l'esprit de Roger en se manifestant avec Javier.

- Tu viens vraiment de dire ce que j'ai entendu ? se fit confirmer le colonel.

- Si t'as rien contre les zoans, je suis ouverte à l'idée de devenir Sex Friends comme on dit de nos jours, traduisit la brune.

Elle l'embrassa sur la joue et avec un sourire taquin, rejoignit son navire.

- Je t'attends à la base ce soir huit heure, tai-sa~.

Et avec un rire, elle disparut à l'intérieur en ignorant la crise d'apoplexie de son père et de son oncle. Iro resta sur le quai un instant, leva la tête vers Smoker qui avait l'air de s'être prit la foudre en pleine tête, avant de rejoindre la zoan.

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Avril 1516

Ann se tira du lit d'un gars qu'elle avait rencontré au hasard en essayant de noyer sa frustration dans son verre de soda. L'homme n'était pas assez sobre pour se rappeler de son visage, mais suffisamment pour ne pas avoir besoin d'aide pour rentrer chez lui en bonne compagnie et consentir en son âme et conscience à un rapport sexuel. Un inconnu comme un autre qu'elle laissa sans regret derrière pour se rhabiller. Puis, la nekomata se glissa par la fenêtre et retrouva le port. Une douche rapide, un changement de genre ainsi que de sous-vêtement plus tard, et Ace était sur le pont, décrochant l'amarre pour quitter le coin.

Sa destination de base, c'était l'île d'à côté, dans l'archipel de Laos.

Et il enquêtait sur un gros poisson.

Cela était partit d'une rumeur que Nami avait entendu en cherchant à voler là-bas. On parlait d'une nouvelle drogue et d'un hôpital de fortune fermé par la Marine. Coup de chance, un des gars de Shanks était passé récemment par-là. Puisqu'en tant que Yonkou et sa nécessiter de garder un œil sur le marché noir, Akagami avait plus de chance d'en avoir entendu parler, le D. lui avait passé un petit coup de fil. Après avoir lutté pour calmer une hilarité incompréhensible pour l'adolescent, Shanks avait perdu sa bataille et Benn avait pris la relève au denden. Oui, une nouvelle drogue avait été vue sur le marché. Éclat Pourpre. Une pure merde. Plus rapide, plus efficace que le GHB, mais surtout addictive et donc, létale. Et en effet, un de leur gars en vacances en East Blue avait confirmé la présence de cette substance dans l'archipel du Laos, avec la mort suspecte d'un revendeur. Ace avait recommandé à Beckman d'envoyer son capitaine par-dessus bord pour qu'il dessoule quand de loin, il l'avait entendu crier à propos de tempête et de poussin grognon. Shanks était un nouvel exemple de pourquoi son neveu refusait de s'approcher d'une goutte d'alcool. Malheureusement, depuis son aventure avec Smoker, le yôkai avait développé son propre vice. Mais il était jeune, il pouvait se permettre de vivre un peu.

Le jeune homme fronça les sourcils en sentant le vent forcir alors qu'il se rapprochait de sa destination. Une tempête couvée.

C'est par miracle qu'il parvint, à deux heures de l'aube, à amarrer dans le port.

En silence, il se tira de son sloop et partit mener l'enquête sur ses pattes de chat.

Seulement, il ne fallut pas longtemps pour être envahi d'un étrange sentiment. Comme si quelque chose l'appelait à l'aide. Mais il n'arrivait pas à savoir quoi, ni d'où venait ce signal de détresse. Il s'efforça à l'ignorer. D'abord l'enquête, ensuite, il verrait ce mystère, sans compter qu'Iro n'avait pas réagi et ne comprenait pas de quoi il était question quand il lui demandait si elle avait senti.

Les deux félins au pelage sombre se faufilèrent rapidement dans les bas-fonds, jusqu'à arriver à ce qui était un hôpital de fortune. Voyant le papier sur la porte, Ace s'arrêta et le lut. C'était une injonction de fermeture de la Marine. L'endroit était sous scellé pour cause d'enquête pour suspicion de trafic de drogue sous l'excuse de fournir des soins médicaux aux démunis.

C'était donc l'hôpital dont Nami lui avait parlé.

Ace regarda Iro et lui montra un coin de rue. Comprenant le message, la panthère alla s'y planter et sa fourrure imita parfaitement la teinte du mur sale. Le D. remarqua une fenêtre ouverte au second étage. Il reprit brièvement sa forme humaine pour faire le saut, pour se glisser rapidement dans l'hôpital en question. Il regarda autour de lui. L'endroit avait été grossièrement vidé. Il y avait encore quelques scellés, et le D. tira un couteau de sa botte. Javier avait dit de son visant qu'il fallait toujours avoir une lame de secours sur soi. Et cette fois, ça lui serait utile car les meubles étaient en bois qui avaient bien vécu. Il tapota contre celui-ci en écoutant. Cela sonnait vide. Pourquoi mettre des scellés sur un meuble vide ? Il reprit sa visite, et nota que le frigo était toujours en fonctionnement. Intéressant, il verrait plus tard.

Il s'approcha du bureau mais les portes grandes ouvertes lui dirent que tout avait été saisi. Ace s'en serait détourné si ses oreilles ne l'avaient par alertés. Il mit tout son poids sur son pied gauche. Puis sur le droit. Il entendit un craquement à cet instant qui lui fit esquisser un sourire. Il se mit immédiatement à genoux et tapota de son poing autour de lui jusqu'à trouver toute une zone du plancher où ça sonnait creux, avant de soulever les planches en question avec la lame de son couteau. Des dossiers. Pleins de dossiers médicaux s'il en croyait ce qu'il avait vu en ouvrant vaguement certain. Mais il ne poussa pas plus. Il connaissait la confidentialité que devait les médecins à leurs patients. Il fouilla sa sacoche et en tira le sac en coton qu'il utilisait généralement pour ses courses (et qu'il ne l'oublie pas durant ses vadrouilles en quête d'un scoop, sinon, il serait capable de zapper de s'acheter à manger et pour le coup… bah, ne pas manger, par conséquent). Il fourra les dossiers dedans, puis se releva après avoir tout remit en place. Ceci fait, il se dirigea vers le frigo qu'il avait remarqué. S'il était toujours en état de marche, c'est qu'il y avait quelque chose d'important nécessitant de rester au frais. Il l'ouvrit… et tomba nez à nez avec des sodas. Il haussa un sourcil et se pencha dans le frigo, avant de ressortir. Pris d'un doute, il regarda la profondeur possible vu de l'extérieur, apposa son bras contre. Il devrait pouvoir y enfoncer celui-ci jusqu'à l'épaule. Il revint vers le frigo et y enfonça son bras. Son coude dépassait.

- Peu importe qui est derrière tout ça, je lui dis bravo, souffla le jeune homme.

Délicatement, en limitant de faire trop de bruit pour ne pas alerter le voisinage, il vida le frigo, retira les étagères en verre et du bout des doigts, chercha une rainure ou quoique ce soit qui puisse lui dire que le fond pouvait se retirer. Puis, n'hésitant pas à s'aider de ses griffes, il décrocha la paroi, dévoilant d'autres étagères qui étaient pleines de flacons. Il les tourna délicatement pour mieux voir les étiquettes. C'était le genre de produit que Crocus avait dans ses affaires, rien d'illégal ou ressemblant à la description qu'on lui avait fait l'Éclat Pourpre. Mais cet hôpital devait être lié au trafic. En équilibre sur la pointe des pieds, il réfléchit. Deux options. Soit la drogue avait été déjà saisi par la Marine, soit il était devant un cas de corruption des autorités et cet hôpital essayait d'aider les junkies à se sevrer, ce qui devait déplaire aux participants au trafic.

Il n'hésita pas longtemps. Il récupéra le tout dans son sac et remit en place le faux-fond. Il allait faire un rapide saut à son navire pour mettre tout ça au frais, puis faire un détour au bureau de la Marine pour avoir un peu plus d'informations et savoir quoi faire de ce qu'il avait récupéré ici.

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Clairement de la corruption.

Ace avait littéralement fait ses courses dans la base pour voir toutes les crasses qu'ils avaient enterrées. Forcément qu'on pensait qu'East Blue était l'océan le plus faible de tous, si on détournait aussi facilement les yeux à la vue d'une liasse de billets. Pour le coup, le D. n'avait rien trouvé sur une enquête de drogue. On avait juste trouvé une excuse bidon pour fermer cet hôpital. Mais il n'avait tout de même pas fait ce chemin pour rien.

Rhyddid Carmen et Aarch.

- Aarch ? Le petit Aarch aux Griffes Pourpres ? reconnu Bruno.

- Le nom m'est vaguement familier… marmonna Roger.

- Qu'est-ce qu'ils disent ?

- Pourquoi tu t'y intéresses ? demanda tout bas Ace en parcourant le dossier.

- Je l'ai formé. Puis, j'ai été mis à la retraite à cause de ma blessure. Trêve de bavardage, qu'est-ce qu'ils disent ?

- Accusation de traîtrise et mort par overdose. Lo siento, abuelo.

Bruno avait l'air de s'être pris un mur en pleine face à l'annonce.

- Imposible.

- Je fouinerais un peu si tu veux. Par contre, on cherche activement sa fille Carmen. On la soupçonne d'avoir des informations.

- Que dit-on d'elle ? s'enquit Bruno avec l'air toujours triste.

- Elle a disparu suite à la mort de son père, et n'a fait sa réapparition que pour passer des diplômes de médecines. Mon argent que c'est elle à la tête de l'hôpital de fortune. Et… oh…

Une feuille sur la fin du dossier fit sourire d'un air carnassier le D. et ricaner les deux esprits.

- Possible contact avec une certaine Valka qui dirige le cabaret Burlesque. Une de ses filles, une certaine Violette, est activement recherchée.

- Cela rejoint ce que tu as trouvé dans la baraque de ce négociant qui faisait un trafic à côté, nota Roger. Rappelle-toi, le gars s'est fait avoir par une overdose et on a laissé une belle trace pour laisser entendre qu'il devait se débarrasser des corps. Sans compter la présence de vêtements féminins dans son donjon SM, lieu de sa mort…

- …Ce qui laisse penser qu'il était avec une fille le soir de sa mort. Fille qui s'est carapatée. Les dates concordent aussi. L'hôpital est fermé, et quoi, le lendemain, il crève. Cette Carmen doit y être pour quelque chose, termina Ace.

Des bruits hors du bureau alertèrent le D. qui referma le dossier. Il le rangea en quatrième vitesse dans sa sacoche et la jeta par la fenêtre avant de prendre sa forme animale et sauter sur le bureau.

L'officier se figea en voyant le chat noir géant assit au milieu de la pièce. Puis, il remarqua les flammes éthérées aux pattes.

Toc.

D'un mouvement sec, Ace venait de frapper la table avec ses deux queues, avant de les relever, les agitant bien, l'air de dire « coucou, je suis un yôkai ». Puis, il poussa un miaulement méchant et se dressa sur ses pattes. Les flammes grossirent, l'englobant totalement pour le changer en boule de feu qui embrasa la totalité de la pièce. Pour le coup, personne ne remarqua le petit brun qui tomba en chute libre depuis une des fenêtres de la base. Iro attendait déjà en bas, la sacoche dans la gueule. Le zoan se rattrapa aisément sous sa forme animale et suivi sa panthère vers le port. Il avait une piste : Valka du Burlesque. Il avait une livraison de matos médicales et de médicaments à faire.

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- Konnichiwa ! salua amicalement Ace en tirant un peu sur sa casquette.

Pas trop, il devait vraiment passer chez le coiffeur, il commençait à avoir les cheveux un peu trop longs à son goût. Il les avait coincés dans sa casquette, pas question de tout défaire.

Le portier fronça légèrement des sourcils devant la bonne humeur un peu trop extravagante du jeune devant lui.

- Je voudrais parler au grand chef, s'il vous plaît.

- Si tu cherches du boulot, pas de souci… annonça le portier.

- Je ne cherche pas un emploi. J'ai des questions à poser.

- Bah va falloir l'affronter au poker, mon mignon.

- Parle autrement à mon gosse ! gronda Roger alors qu'Ace entrait déjà dans le cabaret.

Le portier lui montra une table de jeu avec un homme et quelques filles autour. Les filles servaient à faire joli. Mais ce qui intéressa le plus le jeune journaliste, ce fut l'échange de regard entre le grand chef et une des danseuses. Il avait un soupçon. Un gros soupçon.

- Bonjour, navré de passer aussi tôt dans la matinée. Je viens d'arriver, et j'ai beaucoup de choses à faire, salua paisiblement le D.

- On a tous des choses à faire mon gars. Certains, c'est le vice du jeu. D'autres de l'alcool. Et toi ? répondit l'homme sans bonjour ni merde.

- La chair est faible, mais je ne suis pas ici pour le plaisir. Je suis ici pour des réponses à quelques questions. Et comme vous l'avez dit, on a chacun des choses à faire. Alors, autant s'y mettre.

- Alors, faisons affaire, mon gars. Installe-toi mais je tiens à te préciser qu'ici, on ne touche pas les filles ou les gars. Juste le plaisir des yeux.

Ace lui adressa un regard vexé. Il n'était pas un salaud pour toucher sans accord. Il n'était pas fan des mains baladeuses. Généralement, il les épinglait à la surface la plus proche avec son couteau. Jamais sans son contentement.

L'homme posa un paquet de cartes mais donna juste de côté un coup d'œil vers la danseuse qui servit un verre au chef. Celle-ci offrit un sourire, s'installant à la table pour faire le croupier de la partie de poker.

- Je t'écoute ? demanda l'adversaire.

Le D. tourna la tête quand un client arriva dans la salle, recevant le même avertissement que lui. Bon, d'accord, c'était la règle de la maison, rien d'insultant contre lui. Ensuite, il regarda la croupière, puis son adversaire, avant de s'asseoir.

- J'ai jamais vu une partie de poker aussi désavantageuse. Juste une chose, les miroirs, c'est has been. Et prendre la patronne comme croupière, c'est franchement pas malin. N'importe quel homme de paille sait qu'il y a des choses à ne pas faire quand on protège quelqu'un. Mais soit, je vais jouer le jeu si c'est ce qu'il faut, soupira avec lassitude le jeune adulte.

Il posa son chargement entre ses pieds et attendit avec les lèvres pincées. Derrière, Roger avait bombé le torse de fierté en disant un grand "ça c'est mon garçon !" qui fit tiquer les oreilles d'Ace sous sa casquette.

La femme eut un rire à cet instant alors que le "patron" soupirait. La danseuse attrapa son kiseru à sa ceinture pour l'allumer et le glisser entre ses lèvres.

- Tu as de bons yeux, mon garçon. Habituellement, les gens ne remarquent qu'après de nombreuses rencontres. Rares sont ceux qui le voit rapidement. Mais bon, on ne peut en vouloir à Alex. C'est son frère qui est là habituellement. Tu viendras bien prendre un verre, mon garçon ?

- On m'a appris très tôt à observer et écouter. Et j'admets que j'ai peut-être des yeux à peine meilleurs que ceux qui pourraient passer les portes de ce cabaret. Par contre, certes, donner mon nom n'est pas dans mes intentions, mais j'aimerais qu'on évite les "mon garçon". Cela reste le seul privilège de mon défunt père.

Javier et Bruno se retrouvèrent à consoler un Roger qui pleura d'émotion sur leurs épaules alors que son fils ramassait ses affaires.

- Si vous avez du sans alcool, je vous accompagne avec grand plaisir pour un verre, señora.

- Señora ? Toi, tu es de South Blue. J'ai peut-être de quoi te rafraichir. Mais ici, on m'appelle Valka, la gérante du cabaret Burlesque. Allez vous occuper des clients.

Elle fit signe aux autres personnes de partir et fit un geste lent de la main pour montrer la direction du bar. Elle demanda la carte au serveur qu'elle présenta pour qu'Ace puisse faire son choix. Lorsque ce fut fait et qu'ils attendaient leur verre, elle revint vers lui avec un œil plus acéré qu'une simple danseuse.

- Tu dis avoir des questions donc ? Mais pourquoi ? Je ne suis qu'une simple gérante de cabaret.

- Dont les employés ont des soucis avec une substance qui a fait récemment son apparition sur le marché noir.

Son œil s'attarda sur les esprits qui s'accrochaient à la femme comme des enfants effrayés à leur mère.

- Et ce n'est pas parce qu'ils sont votre source de revenu que cela vous dérange. Vous tenez à eux. Il est donc normal que vous cherchiez à préserver leur santé, et si possible, trouver quelqu'un qui puisse exposer au grand jour l'affaire, à défaut d'y mettre un terme. Et si je ne me trompe pas, vous aviez ce quelqu'un, sauf que la corruption a frappé. L'hôpital a fermé, vous n'avez donc plus que le système D comme débrouille, pour les aider. Arrêtez-moi si je me trompe, je vous en prie.

- Pourquoi t'arrêter puisque tu sembles si bien parti ? s'amusa la femme.

- Merci beaucoup. Je vais aller droit au but. J'ai la possibilité d'exposer le merdier local. Mais s'il y a une chose que je ne supporte pas, c'est de crier au loup, sans qu'il y ait de loup, justement. En clair, avant de faire quoique ce soit, je fais mes devoirs.

- Et tes devoirs t'ont amené à te questionner sur la fermeture d'un hôpital de fortune dans les bas quartiers. Des junkies qui y venaient et qu'un médecin les soignait. Le loup est bien là. Mais personne n'ouvre les yeux.

- Je peux chasser un loup occasionnel, ou une petite meute, mais ici, c'est bien plus gros. Mon arme, ce sont les informations. Je cherche ceux en charge de l'hôpital. Savoir ce qu'ils ont appris du trafic, que je sache où chercher et fermer le robinet qui alimente East Blue. Et avant que vous me posiez la question, non, je ne m'en fais pas pour mon océan natal.

Un petit sourire amusé apparut sur ses lèvres alors que les verres étaient apportés.

- Si quelqu'un arrive à toucher Baterilla, il peut creuser sa tombe, on cache un cerbère sous nos olives rouges.

- Ta mère va être vexé si elle sait que tu la considères comme un cerbère, pointa Javier.

- On est pas loin de la vérité. Je l'ai pas choisi pour ses beaux yeux et ses longues jambes, considéra Roger.

Ignorant son oncle qui cherchait à assassiner à nouveau Roger (ce qui arrivait de façon récurrente), Ace attrapa son verre, renifla son contenu pour s'assurer qu'on n'y ait rien mis de nocif ou ne serait-ce qu'une goutte d'alcool, avant de le porter à ses lèvres.

La femme regarda son propre verre, contemplant celui-ci, pour réfléchir principalement. Elle revint vers Ace.

- Elle va et vient. Pour l'instant. Peut-être a-t-elle déjà quitté l'ile. Mais, elle n'a pas dit au revoir. Donc... Si tu veux lui poser des questions... C'est à elle qu'il faudra s'adresser. Mais si j'apprends que tu l'as insultée ou que tu veux l'utiliser, je te conseillerais de faire attention. Elle m'a aidé. Et je suis une personne qui tient énormément à ses dettes envers des personnes que je respecte.

- C'est tout à votre honneur, assura Ace en levant son verre comme en toast.

Il but une gorgée, avant de le reposer.

- Evidemment, je n'aurais aucun numéro pour contacter ce médecin qui n'a pas oublié son Serment d'Hippocrate.

Ce n'était pas une question, il s'en doutait parfaitement que cette femme allait protéger ce médecin jusqu'au bout.

Valka le regarda longuement en sirotant son verre. Puis, elle soupira, comme ayant pris une décision.

- Repasse ce soir. Soit, elle accepte et je te donne son numéro. Soit, tu as de la chance, et elle sera là. Soit, elle est partie et tu devras suivre les traces qu'elle a suivi. Ça te va comme marché ?

- Parfaitement. Puisque vous avez plus de chance que moi de la revoir, puis-je vous laisser ceci ?

Il montra le sac de toile où il avait fourré ce qu'il avait récupéré de l'hôpital.

- Cela sera bien plus utile à elle que dans les bureaux de marines corrompus.

Il termina son verre et se leva.

- Je ne vais pas vous faire perdre plus de votre temps, vous avez du travail et moi aussi.

Travail scolaire, surtout, s'il arrivait à se concentrer sur ses cours. Les selectividad, c'était pour l'année prochaine, s'il se ramassait, sa mère aurait sa tête sur une pique.

- Merci de cette considération qui est rare chez les jeunes, de nos jours. Bon courage alors. Et avec de la chance, à ce soir, répondit Valka en faisant signe à son serveur de prendre le sac en même temps.

- Je ferais au mieux. Merci pour le temps que vous m'avez accordé, señora.

Il s'inclina respectueusement, tirant juste un peu sur le bord de sa gavroche en salut, avant de s'en aller de sa démarche féline.

- Mais oui ! La peluche plumeuse ! se rappela brutalement Roger.

Avant d'éclater de rire. A côté, Bruno eut un geste explicite à l'adresse d'Ace pour lui dire ce qu'il pensait de la santé mentale de son géniteur. Le zoan ne lui répondit pas. Il était la moitié de son père et la moitié de sa mère. Parfois, il se disait qu'il avait hérité du mauvais côté de chacun de deux.