Bonsoir ! C'est l'hiver, il fait froid, c'est bientôt les fêtes, alors, quoi de mieux qu'un petit chapitre pour accompagner tout ça ? Merci à tous et à toutes d'être au rendez-vous. Gros bisous à tous et en route !

Ah, et la scène de la poursuite m'est venue avec la musique de Nitro Fun "Final Boss" (un cookie pour les fans de JSAB qui auront reconnu). Si l'électro ne vous dérange pas, je la recommande en musique de fond pour la lecture.

Des bisous et on se voit l'an prochain.

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Putain de bordel de merde.

Alors qu'elles escaladaient la falaise, la gavroche d'Ann lui avait échappé, laissant cascader sa tignasse et ses oreilles de chat. En regardant en bas, elle nota que Carmen avait rattrapé la casquette. Aussi, en haut, s'attendant à une remarque désobligeante, la D. attendit la bicolore.

- Tu préfères qu'on te considère comment... homme, femme ou les deux ? demanda la médecin.

Ann récupéra sa gavroche d'un geste un petit peu sec et la coinça entre ses dents le temps de refaire son chignon et remit son couvre-chef pour masquer ses oreilles.

- Là, maintenant, tout de suite, je suis une femme. Demain, je peux pas dire si ce sera toujours le cas. Ceci étant réglé, on peut passer à ce qu'on doit faire ? Je vais me charger de la diversion, fais-la évacuer.

- Ça me va. Tu sais où est mon navire à présent. A toute à l'heure.

Et Carmen s'en alla de son côté.

- Tu n'avais pas besoin d'être aussi acide, dit le fantôme qui suivait Carmen en général.

- Toi, ta gueule.

- Tiens … C'est familial, non, Bruno-sensei ? ricana l'homme à l'adresse du marine du clan Portgas.

- Bruno, t'as au moins eu le temps de transmettre le message à mon vieux ?

- J'ai mes priorités, quand même. Me compare pas à Monkey. Dépêches-toi, tu as juste assez de temps pour bouger le sloop, avertit le défunt logia.

Le nekomata prit le large de son côté.

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Elle arriva à toute la vitesse de ses pattes au niveau du cabaret. On commençait déjà à se mettre en place autour pour l'attaquer. En quelques sauts, la zoan se retrouva sur le toit de celui-ci. Elle poussa un miaulement roque. Méchant. Agressif. Empli de menace.

Puis, elle sauta.

Elle atterrit droit dans la rue, juste devant la porte, le dos arqué, les poils hérissés, crachant d'un air menaçant. Les flammes autour de ses pattes se firent plus grandes, la rendant encore plus irréelle.

Et les fenêtres explosèrent, répandant du verre dans la rue.

C'était ce qu'il se passait quand on faisait appel à un poltergeist. La distraction permit au félin de se jeter sur l'instigateur, toutes griffes dehors, lui faisant un ravalement de façade monumental, avant de le laisser saigner sur le pavement pour sauter sur un autre Marine. Quand l'un d'eux saisit qu'elle servait de distraction, un des soldats chercha à pénétrer dans le cabaret, mais un jet de flamme fantomatique jaillit d'une des queues du chat et embrasa sa chemise. Entre ses crocs, elle attrapa l'officier gémissant, gardant sa gorge entre ses mâchoires. Ça faisait mal, elle se déboitait à moitié la bouche, mais elle ferait avec pour faire passer le message. Plus personne ne bouger. Tous les yeux étaient rivés sur le félin noir, assit au sol, derrière l'armée, l'officier en charge de la descente prit au piège par le yôkai. Point positif, on ne fixait plus l'entrée du cabaret.

- Si vous tirez, vous allez me blesser ! Ne faîtes rien ! supplia l'officier.

La nekomata se mit sur ses pattes et commença à reculer lentement, très lentement, espérant les attirer à sa suite, avec toujours la menace d'en finir avec l'individu.

Puis, Roger apparut devant les yeux de sa fille pour lui faire un signe du pouce avec un grand sourire. Parfait. Alors, d'un geste dédaigneux, la D. envoya bouler sa prise et partit à toutes pattes. Avec un sourire sur les babines, la nekomata partit en courant dans les ruelles de la ville, veillant à ne pas aller trop vite pour ne pas perdre les marines à ses trousses, mais pas trop non plus pour ne pas se faire attraper.

A un carrefour, elle s'arrêta, faisant un dérapage sur ses pattes, histoire de les narguer. On se jeta sur elle, mais elle sauta agilement sur les gars qui lui tombaient dessus, avant de rebondir sur les murs autour d'elle pour arriver enfin sur une gouttière.

Elle agita ses queues d'un geste moqueur.

Ce n'était pas que son comportement au lit qui lui valait son surnom de Hellcat.

Puis, il lui vint une idée. Elle tourna la tête vers les hauteurs de l'île, vers le "souverain" de l'archipel dont cette île était la plus grosse et donc, la capitale. Ignorant les gars qui escaladaient pour l'atteindre, elle fit un saut élégant et atterrit dans la rue, filant dans les artères de la cité vers les hauteurs. Droit en direction du boss final.

- Are you ready ?! demanda t-elle par-dessus son épaule.

- UNE ZOAN ! ATTRAPEZ LA !

Le portail était en vue.

- Are you ?! demanda-t-elle avec un plus grand sourire.

Une sirène sonna quelque part dans la ville, hurlant une urgence à laquelle personne ne répondrait. Le pire ? C'était un avis de tempête. Et ça plaisait parfaitement à la D. plus qu'en forme.

- Seven, commença-t-elle à décompter en brisant le portail sous son élan.

Elle remonta l'immense allée qui diviser un somptueux jardin en deux.

- Six.

Les gardes de la résidence commencèrent à réaliser que quelque chose n'allait pas en voyant la garnison entière se jeter sur la propriété.

- Five.

Elle grimpait les marches recouvertes de hakuen. Entre son pelage noir comme les enfers et le blanc presque irréel de l'escalier, ça faisait presque tâche.

- Four.

Comme un boulet de canon, elle passa dans les portes du manoir, se fiant à son Haki pour trouver où était la plus grande concentration de vie pour y mettre le plus grand foutoir du siècle.

- Three.

Elle entendait parfaitement la sécurité en panique et chercher à se mettre sur la route des soldats qui envahissaient les lieux.

- Two.

Elle y était presque, elle les entendait déjà en dépit du grabuge dans son dos.

- One.

Elle traversa la dernière porte. C'était une porte menant sur une salle à manger avec une table bien trop longue pour ne pas être lié à l'égo de son propriétaire. Elle sauta dessus, mettant ses patounes boueuses sur la jolie nappe blanche, envoyant valser les plats luxueux sur les invités de marques, accélérant le pas avant de sauter.

- Fight ! encouragea-t-elle alors qu'elle atterrissait sur le visage du souverain local.

Et elle sauta à nouveau, accélérant sérieusement cette fois-ci. Le chaos était dans la place, parfait moyen de diversion pour qu'elle puisse disparaître et faire ses recherches. Elle avait un article à faire pour les pages politiques. Et au besoin, elle irait jusqu'à Goa pour déterrer encore plus de merde. De toute façon, elle pouvait aussi déposer des photos là-bas. C'est une île proche du cœur de Garp, alors, cela serait une opportunité de lui prouver qu'ils avaient pris soin de Luffy bien mieux que lui.

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L'argent du sang et de la drogue avaient été caché dans la crique. L'une des filles, que la brune avait libérées des geôles de la demeure royale, allait retourner au cabaret avec un message pour Valka. L'argent sale aiderait quelqu'un avec la tête sur les épaules à construire un hôpital, trouver un moyen d'aider les junkies. Nettoyer l'archipel.

Elle-même était retournée à son sloop, et à présent, elle contournait l'île pour rejoindre le trimaran de Carmen, des photos et des copies de documents pleins la sacoche. Elle avait passé un rapide coup de fil à Loguetown pour se faire confirmer que Smoker était déjà en route, réduisant le risque de voir les preuves disparaître. Son article ferait le reste.

Elle tendit un pied pour amortir le choc entre son sloop et le voilier bien plus grand.

Là, elle noua l'amarre à un des flotteurs et sur la pointe de ses pieds nues, elle se glissa sur le pont de l'autre navire sous la lune montante. Elle toqua à la porte pour annoncer sa présence et entendit Iro frappait contre la porte avec ses deux pattes avant, comme pour l'ouvrir. Oui, c'était un bouton de porte, elle ne pouvait pas ouvrir comme ça. Note à soi-même, lui apprendre comment ouvrir ces portes-ci.

- Entre Portgas, invita Carmen.

Alors, la brune ouvrit la porte et eut un rire quand Iro lui fit la fête. Elle lui fit un câlin pour montrer qu'elle l'aimait énormément. Iro était tout pour elle, sur cet océan. Toute sa vie était en South Blue, alors, forcément, elle s'efforçait de lui montrer à quel point elle tenait à elle. Puis, elle se releva en souriant, posant sa sacoche à proximité du banc dans la cuisine pour voir la demoiselle qui avait repris connaissance et était à présent assise dans la cuisine. La prostituée était recroquevillée sur elle-même, la tête basse, avec la veste de Carmen sur le dos.

- Salut.

L'oeil mauve fendu se braqua sur elle. Un œil mort. Doucement, gardant une certaine distance pour ne pas l'effrayé, Ann se rapprocha.

- C'est moi qui t'aie trouvé, hier soir. Je suis heureuse de voir que tu as repris connaissance.

Pas de réponse.

Sans perdre patience, la D. lui présenta sa main.

- Portgas D. Anabela. Mes proches m'appellent Ann. Parfois, c'est Ace, notamment pour le boulot.

La blessée regarda la main tendue, puis, la journaliste. Elle détourna alors la tête, sans un mot. Iro revint vers l'adolescente, se frottant à ses jambes maigrelettes en ronronnant, sa fourrure prenant une teinte gris tempête pour exprimer la tristesse.

- On discutera après le repas, ne ? sourit gentiment la jeune journaliste.

Aucune réponse.

Alors, elle se releva, retira sa casquette pour la poser sur son sac, puis, attacha ses longues boucles noires avec son crayon à papier et alla se laver les mains.

- Je suis bien plus douée en cuisine qu'en médecine. Je vais aider, offrit la journaliste en se séchant les mains avec un torchon.

Et sans un mot de plus, elle prit place devant la casserole avec un petit sourire.

- Vas-y. J'ai prévu un risotto au curry avec en dessert une compote de pomme cannelle. La viande est prête, les épices, dans le placard au-dessus de ta tête, dit la logia qui cuisinier auparavant. Le riz, tiroir de droite.

La mention de riz fit sourire la zoan en se rappelant des paellas régulières qui avait rythmé la vie à Baterilla. Alors, elle se mit à au boulot en humant doucement.

C'est dans cette ambiance un peu bancale et très gênante que le repas fut préparé. La seule chose qui l'alerta, ce fut le son des ongles abîmés de la blessée quand elle se gratta presque frénétiquement le bras. C'était une junkie, forcément que le manque allait finir par se manifester. En réponse, Carmen posa une tasse sur la table avant de poser sa main sur le bras malmené de la pauvre adolescente.

- Ça va aller, Grognonne ? Respire et commence par boire cela. Ce sont des plantes qui aident un peu à lutter contre le manque.

- Qu'est-ce que vous voulez de moi ? demanda la blessée d'une voix sans émotion.

- Rien, lui dit Ann en terminant sa part. T'aider, tu en as besoin. On a eu de la chance de te trouver à temps, alors, on va pas te laisser tomber jusqu'à ce que ça aille mieux.

- Tu peux rester autant de temps que tu veux ici. Choisir un lit pour crécher. Mais sache que tu ne vas pas rester seule tant que je ne suis pas sûre que tu dises merde convenablement, comme te l'a dit Portgas.

Un sourire désabusé fut une brève apparition sur le visage effilé de la blessée qui dit avec un calme déroutant :

- Vous perdez vot' temps. Et de l'argent. Il vaudrait mieux m'avoir laissé crever dans cette ruelle.

En soupirant, Ann alla s'accroupir à côté d'elle.

- Est-ce que tu as eu le temps de vivre ? De découvrir le monde ? Qu'est-ce que tu as vu d'autre que ces sales ruelles et ces porcs ? Donnes-moi quoi... allez. Un an. Un an pour te donner un but, t'aider à te tenir sur tes deux pieds et te regarder fièrement dans la glace. Si au bout d'un an, t'as toujours l'air d'un cadavre, on verra pour t'offrir une mort décente.

Carmen se mit de l'autre côté, laissant néanmoins l'espace pour que la jeune ne se sente pas prisonnière entre deux inconnues.

- Je suis d'accord. Et puis, pour ma part, j'ai voyagé sur la Grand Line. Et il y a des lieux qu'il faut voir dans sa vie. Des choses à goutter ou à boire. Des gens à rencontrer qui sont moins sales que ceux que tu as dû voir. Prends un an où tu voyages. Et pour l'argent ? Ce n'est pas une question qui se pose ici. Il n'y a pas plus précieux qu'une vie, même si celle-ci peut paraitre merdique. Donc, tente un peu un différend chemin pour un temps. On t'en offre un. Et avant que tu ne penses que c'est de la bonté… C'est plutôt ce qu'un être vivant décent doit faire.

- Ann, chérie... j'ai besoin que tu confirmes un soupçon pour moi, demanda Roger.

Puisque Carmen était au courant, et qu'en prenant soin de la demoiselle, elle allait rapidement l'apprendre, la Portgas ne se cacha pas pour s'adresser à lui :

- Qu'est-ce que tu veux, le vieux ?

- Demande-lui s'il y avait un "avant" le trottoir.

Avec une moue dubitative, elle se tourna à nouveau vers l'adolescente qui la regardait étrangement.

- Est-ce que tu... hmmm... accepterais... de nous dire... ce qu'il y avait... avant tout ça. S'il y a eu un avant, bien sûr. Et on te force pas. Les morts sont familiers avec la frustration, après tout.

Pendant un instant, la pièce de vie devint extrêmement encombrée avec le nombre de fantôme qui se manifesta pour porter un regard de jugement sur le défunt Roi des Pirates qui rentra la tête dans ses épaules. Même sa fille lui disait qu'elle avait honte de lui sur ce coup-là.

- Je dirais, d'utiliser du tact et de poser des questions au bons moment. Mais c'est mon avis. Néanmoins, Grognonne, même si tu n'as pas envie de déballer ton histoire à deux parfaites inconnues dont une qui parle avec des amis de l'au-delà et l'autre qui doit garder son calme pour ne pas faire de tempête, on est là pour discuter. Peut-être aider à voir plus clair. Mais c'est ton choix de parler et personne ne te forcera. Mais ça aide, marmonna Carmen.

- Alors, pour ma défense, c'est mon père dans le cas présent et j'ai essayé de mieux tourner sa demande, se justifia Ann en fronçant les sourcils.

Grognonne haussa des épaules. Et d'une voix détachée, elle raconta :

- Je suis une fille, défectueuse, alors, mon clan a fini par se dire que toucher à ma tête pourrait régler ça. J'étais trop petite, je n'ai pas compris et pas retenu ce que m'a dit mon frère ce jour-là, outre que ça devait me retirer la pensée et mes dons. Je sais juste que je ne pouvais pas être utilisé au combat.

Voilà que ça commencer bien comme histoire, avec une affaire d'enfant-soldat, eugénie et de misogynie. Ann allait maudire son père. Et toutes personnes impliquées dans les malheurs de l'adolescente.

- Alors, J'rem, mon frère, il m'a mis dans cette caisse d'un navire marchand qui avait réussi à nous rejoindre. Il voulait que je vive, que je puisse fuir. Echapper à tout ça. J'avais peur, mais je suis restée silencieuse. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait. Il y avait quelques fruits, avec moi. Alors, j'ai pu manger. L'un d'eux... était écœurant.

Elle passa nerveusement une mèche noire et hirsute derrière une oreille pointue, comme les elfes des romans de fantastique qu'Ann lisait quand elle était encore chez sa mère.

- A ce moment-là, j'ai eu une voix dans ma tête. J'ai eu peur. Mais elle était rassurante. Elle m'a tenu compagnie pendant que j'étais dans la caisse. Jusqu'à ce qu'on l'ouvre. C'est la première fois que j'ai vu des humains de ma vie, puisque je n'avais pas vu le personnel du navire. Seulement, dans la caisse, j'ai changé. Ce que ces humains ont vu les a mis en colère, avant que leurs yeux ne se mettent à briller.

Elle n'avait toujours aucune émotion, mais elle continuait de parler, comme si ça lui pesait et qu'elle avait besoin de se libérer. Doucement, pour ne pas l'effrayer, Ann s'assit à côté d'elle.

- Je suis passé de mains en mains, avant qu'on m'achète pour le transport de drogue. Ils ont fait taire la voix dans ma tête, ma seule amie, mon seul soutien. Je ne voulais pas qu'elle parte, mais, ils en ont décidé autrement.

Elle recommença à gratter ses traces de piqûres.

- J'ai servi de mule, d'île en île, puis ici, on a vu plus de potentiel avec mon exotisme. J'ai été rachetée pour servir de pute. Fin.

Carmen soupira et se redressa vers un placard pour sortir un paquet de cigarette. Cela fit siffler le fantôme d'Aarch qui siffla qu'il avait refilé une mauvaise habitude à sa fille. Elle tira aussi les deux bracelets de granit marin (foutue chanceuse, Ann aurait bien voulu en avoir pour ne pas subir les fantômes parfois) pour se les mettre autour du poignet avant de revenir à la Grognonne.

- Un point dans ton histoire que je retiens. Ton frère a voulu te sauver. Il a choisi le mauvais bateau mais il t'a sorti de quelque chose. Donc, commence par te relever de là où t'as fini car tu as toute une vie à vivre. Je peux aider pour le sevrage. Je le fais depuis longtemps.

- Je... je pense que j'ai été trop gentille avec cette raclure. Meh, grommela Ann.

Elle regarda sa sacoche.

- J'ai cru comprendre qu'une mouette emmerdeuse était redescendu de Marine Ford pour mon joli minois. Je vais lui refourguer du boulot. S'il le refuse, je le pourrirais jusqu'à sa mort et au-delà, et je demanderais à un pote de mettre un terme à tout cela. Mais avant tout, on va te remettre sur pieds, chiquitina. Outre le surnom ridicule qu'elle t'a donné, tu veux qu'on te nomme comment ? Parce que c'est un premier pas pour t'affirmer. Te faire une vie, une personnalité.

L'elfette haussa des épaules.

- Alors, ce qu'on va faire, on va manger, et tu vas te reposer. Quand tu iras mieux, tu pourras réfléchir à un nom. C'est bon pour toi ?

Nouvel haussement d'épaule sans émotion.

Avec espoir, la D. regarda Carmen, espérant de l'aide.

- L'avantage d'être en vie, c'est qu'on a le temps de décider, de choisir, dit Carmen avec un sourire derrière sa cigarette. Donc, on va commencer par manger et dormir. Mais avant…

Elle frotta la tête d'Ann affectueusement qui se mit à grogner d'un air menaçant. Eh oh, d'où elle lui faisait ça, la vieille peau !

- J'ai une panoplie de membre de la famille qui ont développé cela. Je me retiens de te tirer les joues, sache-le. Bon. Mangeons.

Avec méfiance, Ann se leva du banc et proposa son aide à la blessée pour rejoindre la table pour manger. Il serait temps de parler affaire. Elles se mirent toutes les trois à table et Iro regarda sa mère d'adoption avec espoir. Carmen poussa de nouveau la tasse vers l'elfe avant d'écraser sa cigarette dans un cendrier qui pouvait se fermer, ce qui fut une bénédiction pour l'odorat de la nekomata.

- J'ai de quoi faire un article long comme la Red Line, annonça la D. pour lancer la conversation. Et Morgans m'a sécurisé les pages politiques.

- Ravie que ça passe enfin. Et moi, je pense avoir trouvé un début de traitement pour le coup. Donc…

- Impossible de faire une publication ou de partager le savoir si on a de la merde rattachée à son nom. Cette enquête est finie. Je ne peux pas m'attaquer à Big Mum, donc, malheureusement, mon travail s'arrête là. Et ne serait-ce que pour faire taire el abuelo, je veux bien t'aider à nettoyer le nom des Rhyddid. Et crois-moi, c'est rare quand Bruno se manifeste, mais il a tendance à être insistant quand il veut, alors, juste pour sauver le peu de sanité que j'ai, je suis prête à aider.

Elle prit un peu de viande dans sa main et la donna à Iro, lui demandant d'attendre pour qu'elle lui donne quelque chose de mieux plus tard. La panthère dévora son morceau de poulet avec joie.

Carmen la regarda un instant avant de demander avec un soupir :

- Bruno… ancien de la marine ? Qui avait le fruit du démon du sable, c'est ça ?

- Yup.

Elle agita ses doigts pour faire signe à Iro d'arrêter de léchouiller sa main, elle commençait à lui faire des chatouilles.

Carmen se tourna vers plusieurs cadres photos et tira l'une d'elle. Elle présenta alors deux personnes. Un adolescent, clairement avec une marque d'un coup au coin de la joue, le sourire aux lèvres et la main en forme de patte de lion. À côté, une seconde personne qui frottait la tête de l'adolescent. Voir cette photo et le fait que Bruno n'avait pas beaucoup de différence entre ce moment et celle qu'il avait de la mort, eh bien, ça lui rappelait que dans la famille, ils avaient tendance à mourir assez jeune. Le record de longévité était de soixante-deux, mais la moyenne était dans les quarante-cinq.

- Tu es en train de me dire que celui que mon père respectait comme un mentor te demande de m'aider à prouver son innocente ? se fit confirmer Carmen.

Elle posa la photo devant elle en frottant son visage.

- Ça va faire presque… bref, des années que j'explore piste après piste. Et puis, je pense pas que ça va faire un « bon » article.

- A défaut de faire un bon article, je découvrirais de la merde qui me mènera à autre chose. Sans compter que si en t'aidant, je peux te permettre de publier une solution pour ceux qui sont dans le besoin, j'aurais gagné ma journée. Deal ?

Carmen tendit sa main de l'autre côté de la table.

- Tu es clairement quelqu'un qui va fouiller les lieux les plus « sales » des océans pour les mettre au grand jour. Donc, on a un deal. Et puis, on a chacune a gagner, non ? Et pour revenir à Big Mum, une de mes sources m'a dit que le lieu d'origine de l'algue va avoir des soucis. Donc, bientôt, cela va devenir compliquer de se fournir.

- C'est bon à savoir, sourit Ann en lui serrant la main.

- Troisième page... souffla l'adolescente.

Ann la regarda. L'elfe avait fini par prendre la tasse et la buvée à de toutes petites gorgées de celle-ci. Elle ne rendit aucun regard, ses si particuliers yeux mauves fixant la table sans la voir. Elle n'élabora pas non plus ce qu'elle venait de dire. Lentement, Ann revint à Carmen, lui demandant silencieusement si elle avait la moindre idée de ce qu'il se passait. La bicolore secoua la tête. Peut-être un délire de la drogue. Alors, la journaliste revint à la conversation :

- De ce que les commères de marines disent depuis l'au-delà (Bruno et Aarch cessèrent leur discussion dans le dos du nekomata pour protester), il est peu probable qu'on trouve quoique ce soit en South Blue, mais je pense qu'un détour par chez moi serait une bonne idée pour les archives del abuelo et le repos de la miss. Partante pour des vacances sous le soleil ? Un peu de paix fera de bien à notre malade. Et ma mère sera ravie que je lui ramène son sloop.

Suivant la date, en participant à la récolte, elle pourrait se prendre une ou deux amphores pour les revendre pour se payer son propre navire.

- South Blue… Pour le coup, je n'y suis jamais aller, accepta la médecin. Je verrais les livres médicaux de là-bas. Devrait avoir des plantes intéressantes. Et toi, chibi ? Une envie de voir quelque chose en South Blue ?

L'elfe haussa à nouveau des épaules.

- S'il n'est pas trop tard, j'appellerais ma mère pour l'avertir, qu'elle ne m'engueule pas pour débarquer avec du monde sans prévenir.

- Tu sais où est le denden, lui rappela la médecin. Et si nous allons chez quelqu'un, je verrais à ramener un truc, par politesse pour l'hôtesse. Bon, je vais préparer un des lits des quartiers. Hublot ou porte ?

- Hublot, souffla l'ex prostituée.

Ann termina son assiette et se leva.

- Je vais rejoindre mon sloop, je dois donner à manger à Iro et je dois écrire mon article. Merci pour le repas. Je vous dis à demain, mesdames.

Elle reprit sa sacoche et sa casquette. Elle sifflota pour appeler Iro qui la rejoignit.

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Les premiers rayons du soleil illuminèrent le pont des deux navires. Et sur le sloop, deux grosses boules de fourrures doraient au soleil. Ann dormait contre Iro. Si ce n'était pas pour les marquages dorés sur sa fourrure, et les flammes éthérées à ses pattes, on aurait eu du mal à les différencier. Jusqu'à ce que l'un des félins ne se roulent sur le dos en ronronnant, sa fourrure virant au jaune crémeux, présentant son ventre aux premiers rayons du jour.

Dans la cabine, un denden sonna.

En soupirant, Ann reprit sa forme humaine et alla répondre.

- Portgas, j'écoute, marmonna la jeune femme en se frottant les yeux.

« Bonjour, je m'excuse de vous déranger, mais je vous appel pour un sujet important. »

- Je vous écoute…

La femme à l'autre bout n'avait pas l'air commode.

« Il s'agit de ma petite-sœur, Nami… »

- Elle est en fugue ? s'inquiéta le D.

Elle s'en serait voulu d'aider une fugueuse alors que sa famille se faisait du souci.

« Non non. C'est juste que récemment, elle s'est mise à rapporter plus d'argent sans explication. Je sais ses motivations mais je me pose des questions sur la méthode qu'elle a trouvé pour en avoir. Puis j'ai trouvé ce numéro dans ses affaires, quand elle est rentrée hier soir. »

- Et en bonne grande-sœur, vous vous faîtes du souci sur comment elle l'a obtenu, devina la journaliste. Alors je vais vous rassurer immédiatement. Je la paye pour des rumeurs.

Le denden hausse un sourcil dubitatif.

- Je bosse pour le SEKEI et puisqu'elle vagabonde pas mal, je lui ai donné mon numéro pour qu'elle me contact si elle a un tuyau qui vaudrait un papier dessus. Rien de dégradant, et ce qui pourrait être dangereux, c'est mon souci. Donc, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles.

« Qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas une couverture ? »

- Je dois envoyer mon prochain article d'ici cinq minutes si le facteur est à l'heure. Il sera donc d'ici deux trois jours dans les pages politiques. Un papier sur l'implication de plusieurs diplomates, gouvernements et officiers de la Marine dans un gros trafic de drogue. Piste que votre sœur m'a donné justement. Si vous êtes convaincu à cet instant, dîtes lui que d'ici quelques semaines je serai sur Loguetown. Soit elle m'y rejoins pour récupérer sa part, soit je lui envoie où elle le veut. De mon côté je dois retourner en South Blue, mais ce n'est que temporaire. Je reprendrais contact avec elle dès mon retour.

Iro entra à cet instant dans la cabine, suivi d'une mouette du journal.

- Le facteur est là, je dois vous laisser.

« Bien. Mais si je découvre que vous avez mentit… »

- Vous me le ferez payer, je m'en doute. Bonne journée à vous.

Et le D. raccrocha. En retenant un bâillement, elle attrapa son article sur la table et le glissa dans la sacoche de l'oiseau après avoir récupérer le journal. L'avantage de bosser pour Morgans, c'était qu'elle avait au moins le journal gratuit. Elle regarda l'heure et reprit le denden en regardant la mouette s'en aller. La ligne sonna un instant avant que la voix de Rouge ne lui réponde.

- Buenas, salua la jeunette.

« Gol Portgas D. Anabela Ace… » gronda la mère en fronçant les sourcils.

- Si tu le prends comme ça je viens pas en visite.

« Cela fait bientôt deux ans que tu es partie ! Et si je ne prends pas la peine de te joindre tu me laisse dans le noir ! »

- Si je dis que j'aime pas appeler les gens ça changera quelque chose ?

« Seulement si tu m'expliques pourquoi tu as laissé ton frère rejoindre la Révolution ! »

- On verra ça quand je rentrerai. Le fait est que je vais pas être seule. Y'a moyen de préparer deux chambres en plus pour la hacienda ? Et promis, je ferai tout ce que tu veux pendant mon séjour.

« Tu veux pas rester, n'est-ce pas ? »

- Je suis bien trop la fille de mon père pour ça. Sinon el abuelo Bruno il avait des photos de son temps dans la Marine ?

« Quizas. Je peux chercher. »

- Merci maman. Te quiero. Mucho.

Rouge eut un rire attendrit à cela et embrassa sa fille avant de raccrocher. En soupirant, la brune se saisit de son carnet de note, le crayon dans ses cheveux, puis se dirigea vers le trimaran. Elle avait une enquête à commencer.

D'un petit saut, elle passa sur le trimaran, suivi par Iro.

- Ta mission, c'est d'aider la demoiselle à s'en remettre, donc, tu ne la quittes pas, d'accord ?

La panthère lécha la joue de sa mère d'adoption qui eut un sourire. La brune se releva en souriant et se rapprocha de la porte grande ouverte.

- Hey, salua la D. en souriant à la médecin qui se faisait du thé. La nuit a été bonne ?

- Pour moi, oui. Notre passagère, un peu moins. Ça va faire bientôt quarante-huit heure qu'elle n'a pas eu sa dose. Malheureusement, le manque est ce qui a de plus dur à gérer. Encore plus avec la blessure qu'elle a. J'ai préparé un thé aux épices. Une préférence pour le déjeuner ? demanda Carmen en la regardant entrer.

- Je ne prends pas de petit-déjeuner, mais merci de proposer.

Ann regarda sa panthère se glisser dans le dortoir avec un sourire. Elle se tira une chaise et regarda en silence la plus vieille finir ce qu'elle faisait. Tellement longtemps que son cerveau se mit littéralement en mode off pendant qu'elle la fixait. Elle avait littéralement des cigales dans le crâne.

C'est une lumière dans les yeux qui la fit sursauter au point de tomber de sa chaise.

- Mais ça va pas ! T'as jamais entendu dire que les chats sont cardiaques !

Et en gonflant les joues, la brune se rassit en clignant des yeux pour chasser la lumière qui l'avait agressé et qui persisté dans ses pupilles.

- Quoi ? demanda la zoan.

- … je t'ai dit deux choses. Et tu n'as pas répondu. En tant que médecin, je suis formée à vérifier s'il y a encore quelqu'un de l'autre côté. Bon, je te disais que deux Yonko ont coupé l'approvisionnement de la drogue en prenant l'ile. Et seconde question, le départ est pour quand et par où ? Parce que moi, je traverse habituellement les Calm Belt avec mon navire.

- Désolée. Depuis que j'ai mon zoan, il m'arrive d'avoir des absences. T'as jamais vu des chats juste fixer le vide sans raison ?

Ann ramena ses talons nus sur le bord de sa chaise pour les prendre dans ses bras. Avec le mouvement de sa ceinture, une de ses queues tomba de son dos, et pendouilla vers le sol. A l'école et au collège, on ne lui avait jamais rien dit en face, parce qu'elle était une Portgas, mais derrière il y avait des moqueries sur son apparence et ses altérations de comportements à cause de son zoan. Alors, elle n'avait vraiment pas envie qu'on lui fasse de remarque.

- Déjà vu un chat le faire et maintenant que tu le dis, c'est rassurant que ce n'est pas une catalepsie ou quelque chose de similaire, se rassura Carmen avant de raconter. Tu sais, tu n'es pas la première zoan qui a des … déboires avec son fruit. Mon père pouvait passer des heures à dormir et grognait contre quiconque venant le déranger. Le meilleur lieu pour dormir, je te le dis. Puis, Oncle M a un zoan aviaire. Tu veux un truc croustillant ? Avant que je ne trouve la mort parce que je l'ai raconté ?

- Dis-moi, demanda Ann de derrière ses genoux en jetant un regard à Aarch qui grognait entre ses mains.

- Eh bien, j'avais treize ans. J'ai… eu besoin de ne plus être couvée et je suis allée seule en ville. Pas ma meilleure idée. Je suis tombée sur un gars du Gouvernement qui a pensé que j'avais des infos de mon père. Oncle M l'a attaqué sous sa forme zoan alors que j'étais au sol en larmes. Ensuite, il m'a « couvé » littéralement et n'est sorti de son état de colère aviaire qu'après avoir enfoncé son bec dans la tête d'un autre de la famille qui était venu pour dire que le gars était mort et qu'il pouvait me lâcher. Le terme père poule est resté pendant des semaines. J'étais coincé sur ses plumes pendant une trentaine de minute avec un refus de l'oiseau que je sorte de la protection. Et il soutient mordicus qu'il l'a fait en toute âme et conscience. À d'autre. Pas comment il a sauté et s'est retransformer ensuite.

- C'est mignon, admit la D. en défaisant sa boule de protection. Pour la coupe de la drogue, j'ai envie de dire qu'il serait temps que tio et le vieux Newgate se bougent. Pour le voyage, j'ai deux rendez-vous. Un rapide pour récupérer mes costumes, l'autre pour payer une informatrice qui m'a mise sur la piste de la drogue. Je dirais bien que les Calm Belt serait le plus direct, mais d'un, je suis pas certaine que la santé de la miss malade recommande un passage par la Grand Line, et de deux, il s'agit de traverser deux Calm Belt. J'aurais jamais assez d'essence pour mon sloop. Passer par Reverse Moutain serait mieux. Après, c'est toi qui vois. Ou alors, si t'as des choses à faire aussi de ton côté, on peut se retrouver en South Blue.

- Eh bien, j'ai… commença Carmen.

Purupurupuru

Elle tourna la tête vers le denden qui sonnait. Carmen décrocha. Immédiatement, l'escargophone afficha deux yeux bleus comme un ciel sans nuage aux paupières tombantes. En dépit d'un air qui donné une expression à moitié endormi, le regard était vif, acéré, attentif.

- Moshi moshi ? Carmen a l'appareil…

« Carmen. Je crois que tu as des explications à fournir, non ? » dit une voix calme masculine à l'autre bout du fil.

Si cela figea la médecin par l'appréhension, Ann sentit un frisson lui remonter l'échine. C'était comme un courant d'air. Un souffle de vent qui avertit de la tempête. Et ça lui faisait des trucs dans les entrailles.

- Eh bien, ça dépend pour quoi ? répondit nerveusement la médecin.

« A ton avis ? Parce que le roux a débarqué, la fleur au fusil, pour me montrer cela. »

- Ah…

Elle regarda Ann, l'air de lui demander de l'aide, mais la demoiselle ne voyait pas en quoi elle pouvait aider si elle ne savait même pas de quoi il était question.

« Ton père doit être en train de se retourner dans sa tombe ! » dit une voix derrière morte de rire.

Ann regarda le fantôme d'Aarch alors qu'un bruit sourd venait du denden comme si quelqu'un avait fait une rencontre brutale avec un mur. Le défunt marine était à la fois blasé et fier. En voyant l'attention sur lui, il haussa des épaules.

- Elle sait se défendre et a bien géré le salaud. Dans un sens, elle me rappelle sa mère. C'est le piaf qui devrait se calmer avant de pondre un œuf.

La remarque tira un micro rire à la D. alors que le drama continuer en face.

« Je devrais t'enfermer mais tu es majeur. »

- Oui.

« Tu rentres immédiatement… »

- Écoute. J'ai été invitée à une sortie. Je te laisse. À plus.

Elle raccrocha alors que l'interlocuteur voulut protester. Elle posa sa tête sur la table.

- Vingt-deux ans et il croit encore que j'en ai treize. Il va me tuer.

- Sur un tout autre sujet, il a de très beaux yeux et une voix encore plus belle, dit tranquillement Ann.

- GOL PORTGAS D. ANABELA ACE !

La D. retomba de sa chaise suite au coup de gueule de son père. Les yeux écarquiller, les oreilles dressées, elle regarda le fantôme du défunt roi des pirates la surplombant de toute sa taille. Elle était tellement habituée à son gabarit que c'était rare qu'elle remarquait qu'il était grand et imposant. Là, dans l'instant T, il la surplombait comme une montagne menaçante.

- Ne t'avise même pas d'essayer ! Je te vois venir ! J'en ai soupé de ton comportement ! Arrête avec tes bêtises ! Essayer ce piaf ?! Ça va trop loin !

- Mais t'es pas bien le vieux...

- Si j'étais encore vivant, tu aurais fini au couvent !

- Si t'étais pas déjà mort, je t'aurais dit d'aller te faire soigner.

Elle montra les crocs en crachotant de colère. Elle regarda la chaise renversée, la remit debout, mais ne s'y rassit pas. On dit "jamais deux sans trois", mais elle en avait assez de tomber sur le cul. Alors, elle allait rester par terre. Plus prudent.

- Bon… ce sera le passage de Reverse Mountain. Si je mets le pied sur la Grand Line, il me choppera, enchaîna Carmen sans faire de commentaire. Et je tairais jusqu'à ma tombe que tu trouves ses yeux beaux ainsi que sa voix. Ne serait-ce que pour éviter les rires des autres. Et puis, tu risques d'entendre sa voix souvent puisqu'il m'appelle pour savoir si je suis encore en vie ou qu'on partage des informations.

- D'accord.

Un bruit dans l'autre pièce les alerta. Puis, un miaulement. Iro avait besoin d'aide. La D. fit un signe de tête à Carmen pour lui faire dire qu'un médecin serait peut-être nécessaire. Et pour cause, en rejoignant les dortoirs, l'adolescente, qu'elles avaient prise en charge, aurait pu tomber du lit si ce n'était pour la panthère. Difficilement, l'elfe cherchait à se relever, mais elle tremblait énormément et se tenait la bouche. Tout le monde connaissait le signe, on avait besoin de toilette. Alors que Carmen assistait l'adolescente, Ann ouvrit le hublot au-dessus du lit de l'ex prostituée avant de faire signe à la médecin de mettre la tête de la malade au dehors. Elle pourrait vomir directement et respirer l'air frais en même temps.

Carmen souleva alors la jeune pour lui permettre de vider ce qu'elle avait de bloqué dans le ventre et respirer.

- Ace, peux-tu récupérer de l'eau et une serviette ? Ainsi que la petite théière qui est sur la table. C'est un médicament que j'ai préparé ce matin pour notre jeune chibi.

La nekomata fila récupérer la théière qu'elle avait déjà vu, choppa un verre au passage pour revenir en coup de vent en posant sur la table de chevet son chargement, avant de noter qu'Aarch lui pointait la salle de bain du doigt, et bientôt, la journaliste revint avec une petite bassine d'eau et une serviette de bain.

Là, elle attendit les consignes suivantes. Elle allait finir par apprendre un peu de médecine juste en assistant Carmen. Elle était admirative de la douceur dont cette femme, si brute et forte, faisait preuve avec la malade. Délicatement, elle lui essuya la sueur, puis la bouche des traces de nausées, avant de l'aider à boire le contenu de la tasse, puis lui mouilla doucement les tempes.

- Tu penses être capable de manger quelque chose ? demanda doucement la médecin.

Le regard noir que l'elfe adressa à Carmen disait tout.

- Oh. Un regard noir. Y'a du mordant sous cette crinière. Et en voilà une jolie plume, nota Ann avec un sourire en remarquant une plume dorée qui était apparu au milieu de la tignasse d'encre noir.

Ne sachant quoi faire, Ann essayait de piquer le caractère de l'ex-prostituée et réveiller un esprit combattant. Elle ne savait toujours pas ce qui avait intéressé son père chez cette fille, il ne lui avait rien dit de plus, mais elle savait que si elle arrivait à trouver un peu de mordant, de résistance, de hargne chez cette fille, elle aurait gagné une partie de la bataille. Ce n'était qu'un regard noir, mais c'était déjà un bon début dans son opinion.

Stupidement, la nekomata montra les dents, ses oreilles se plaquant vers l'arrière du crâne.

Bingo !

Avec un sifflement menaçant, l'elfe ouvrit la bouche en retroussant ses lèvres sur ses crocs à venin. Elle avait répondu à la provocation.

- Pour rappelle, je suis la plus proche et je risque le plus une morsure, averti avec amusement Carmen.

- Aucun risque... j'ai plus de venin... ce... cette saleté... elle m'empêche d'en produire.