Bonjour ! Et joyeux noël ohohoho ! j'espère que vous passez de très bonnes fêtes et que vous êtes heureux de ce chapitre sous le sapin. Je donne d'ailleurs un cookie à tout ceux qui auront les deux références musicales du chapitre (Missty, si tu passes par là, t'as pas le droit de jouer).

Sur ce, je vous souhaite de très bonnes fêtes et à bientôt pour la suite.

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Les deux voiliers voguaient tranquillement au gré d'un petit vent. Ann était sur le pont du sloop, alors que l'océan les menait vers leur prochaine destination. Mais ce n'était pas pour le beau paysage et sa tranquillité qu'elle, Iro et les deux autres filles, étaient dehors. L'elfe avait été montée sur le pont et dormait contre le flanc d'Iro, histoire de prendre un peu l'air, dans une couverture. C'était à la fois pour ne pas la laisser seule mais aussi pour lui montrer qu'elles étaient là pour elle. Carmen, elle, elle avait la charge de la navigation, donc, garder un œil sur le temps était essentiel.

Puis, Carmen prit la parole et Ann s'appuya contre le mât, son calepin contre sa cuisse, son crayon bien en main.

- Bon, je vais t'expliquer un peu l'histoire. À la suite de la mort de Roger, l'ère de la piraterie a explosé dans des proportions assez vertigineuses. Mais, plusieurs marines ont commencé à douter de la « Justice Absolue ». Sans oublier que la Révolution de Dragon qui a encore fait plus parler d'elle.

Oui, Ann savait que la mort de son père avait mis le feu aux poudres d'une situation politique et sociale déjà sous - tension. Cela avait lâché les fauves. Les bons comme les mauvais.

- Le gouvernement a tenté de « mater » la situation. Je ne t'apprends pas les merdes qu'il y a eu, non ?

Oh non. Elle était la preuve vivante de jusqu'où la Marine pouvait aller pour trois fois rien.

- Pour faire simple, des officiers ont travaillé sur des sujets sensibles, comme par exemple, Ohara ou les Révolutionnaires. Ou pire, les armes de Vegapunk. Mon père était de ceux qui travaillait sur la Grand Line et avait été un des marines envoyés pour des situations délicates. Il était efficace et surtout, respecté. Bien qu'il détestait la Justice Absolue. Je me souviens encore d'une fois lorsqu'il est rentré et qu'il a dit que la Marine allait trop loin avec le Gouvernement.

Ann leva le nez de ses notes pour voir l'expression d'Aarch et Bruno. Ils avaient le visage et les yeux fermés. Ce visage représenté le regret de deux hommes dans l'exercice de leurs fonctions.

- Il avait accès à des documents classés. Et il y a eu une fuite. Il a été accusé. Il a clamé son innocence et la Marine l'a mis en "demeure surveillée". Une semaine. Une semaine dans cette maison froide avec des hommes en costard qui venaient pour dire qu'il devait donner les noms s'il ne voulait pas que l'on me fasse du mal. Le septième jour… je l'ai retrouvé mort, drogué jusqu'à l'overdose.

Carmen serra les dents.

- Je l'ai vu mort et je sais que mon père ne se droguait pas. Cependant, on a pris cela pour une façon de dire qu'il était coupable. Les jours qui ont suivi, on a "trouvé" les preuves. On a retiré tout à ma famille. Et moi, on m'a chassé. Sans mon oncle, qui est venu me chercher dès que j'ai envoyé le message que mon père était mort, j'aurais subi la même chose.

C'était un cas classique. Mais si la fille était poursuivie, c'est que Aarch avait mis la main sur quelque chose qui aurait pu être transmis à Carmen. Quelque chose qui faisait peur au Gouvernement.

- Deux options : on trouve qui d'autre avait accès à ces dossiers et on fait le tour des suspects. Seconde option... on a fait taire ton père parce qu'il était une menace. Si on te poursuit, c'est qu'on te considère à ton tour comme une menace. Il savait ou avait quelque chose qui était dangereux et on pense que tu pourrais savoir, avoir un indice, ou avoir hérité de quelque chose. Si c'est concernant la Marine, ou le Gouvernement, va savoir. Mais ce quelque chose est la clef. Si on le trouve, si on arrive à le dévoiler, tu auras gagné la partie.

Elle regarda ensuite Aarch en leva un sourcil.

- Je me trompe ? Ce n'est pas à exclure, je n'ai que dix-sept, je n'ai pas la science infuse.

- Les deux options sont possibles mais le souci, c'est que dans les années qui ont suivis, les marines qui ont eu accès aux mêmes secteurs que mon père, sont, soit morts, soit portés disparus, soit au service des Dragons Célestes et hors d'atteinte, nota la médecin. Et il y a le CP9.

Carmen tira un chewing-gum de sa poche pour en prendre un et tendre le paquet à l'autre qui refusa.

- Et pour le fait que je sois chassée, c'est clairement parce que je sais quelque chose ou je pourrais savoir. Mais aller savoir quoi. Mon avis, ils pensent que les Rhyddid ont une planque. Il y en a certainement une mais la tradition veut qu'on y aille sous forme d'initiation. J'ai deux trois noms. Par contre, l'un de ceux qui ont mené l'enquête, à l'époque, c'est Akainu. Et les preuves pointaient mon père comme coupable et porteur de secrets dangereux. Donc, je suis à éliminer d'office si je l'ouvre.

- J'ai un compte à régler avec ce salopard... Mais ma cousine et ma mère passent en priorité, grommela la D. en continuant sa prise de note.

Elle se rappelait encore de ce jour. Elle avait été toute joyeuse de savoir que son oncle était de retour, mais la joie avait fini en horreur en voyant le navire de la Marine, et le combat au large. Puis la lave… Et le silence, avant que l'un des hommes de son oncle n'arrive avec la dépouille de celui-ci, à moitié brûlé… parce qu'il ne restait que ça : la moitié.

- C'était quoi l'information sensible qui a fuité ? se renseigna Ann.

- Tu vois l'incident de Beleriand ? L'île qui a sombré par le fond ? Il y avait une base de la Marine là-bas avec plusieurs inventions de Vegapunk, mais pas que. C'est ce que l'on a trouvé avec Oncle M. Et il y avait aussi des informations capitales du Gouvernement Mondiale.

- Tu avais tout juste deux ans, cariño, mais j'ai pris des notes. Ta mère les a, informa Javier en se manifestant.

- Alors, moi personnellement, Carmen, j'avais tout juste deux ans. Cependant, est-ce que tu as entendu parler de la Arrrrraña ?

Elle roula longuement le "r" sur sa langue avec fierté.

- Le pirate au réseau d'info ? Un peu. Il est mort en défendant le corps du dernier roi des pirates de Akainu. On a levé nos verres sur le navire lorsqu'on a appris cela. Pas un gars du Nouveau Monde mais ce qu'il a fait était fort.

- Lui, il avait des informations, et on peut y accéder tranquillou. Ça prendra du temps, je m'en doute parfaitement. Mon idée, et de ce que j'entends, c'est qu'il s'est passé quelque chose sur Beleriand. Y'a quelque chose à trouver. Ne serait-ce que des fantômes... ou déverrouiller la mémoire du vice-amiral Aarch.

- Ma mémoire va très bien, merci... enfin... Je pense.

Le fantôme ne sembla pas sûr lui-même de son affirmation et regarda alors Bruno avec une expression confuse. Un instant, ce fut comme revoir un cadet avant que l'apparence revienne à celle de l'adulte portant la veste de vice-amiral.

- Très bien, bah si la mémoire, elle va bien, qui est le coupable ! Donne des noms ! Mâche-nous le travail ! s'énerva Ann.

Le fantôme ouvrit la bouche avant de mettre les mains contre ses tempes, comme prit de douleur. Il regardait le vide et disparut dans un cri de douleur.

- Anabela... soupira Bruno.

- Il n'a fait que prouver mon point, abuelo.

Et avec un air digne, la miss revint à ses notes.

- Donc, on doit se renseigner sur l'île. Savoir qui était en charge de l'enquête sur ton père, aussi, peut aider. On a une chance sur deux que le gars soit impliqué dans sa mort. Soit parce qu'il allait tomber lui aussi, soit parce qu'en haut, on faisait pression sur lui.

Un mauvais sourire apparut sur le visage de la nekomata alors qu'elle avait une idée bien sale dans le crâne.

- Même sans le chantage, il serait prêt à t'aider...

La voix était sortie, presque endormie, à moitié masqué par la couverture légère qui enrobée l'adolescente. Ann la regarda d'un air interdit. C'était son imagination, ou elle avait littéralement deviné son idée ?

- Toi... je mettrais ma main à couper que t'as un zoan mythique, accusa Ann.

Carmen leva la main en silence pour dire qu'elle pensait à la même chose.

- 'sais pas... souffla la brune sous la couverture.

- Dans tous les cas, je sais comment accéder aux notes de Javier et comment mettre la main sur le dossier d'enquête sur ton père, annonça Ann en terminant de prendre quelques notes. Je sais qui peut me donner le dossier sans attirer l'attention. Ou plutôt, qu'on ne peut pas faire taire comme ça.

Et elle referma le calepin.

- Mais d'abord, je sais où on peut trouver une tenue pour la miss. La vendeuse fait sur mesure et c'est un amour.

La junkie en plein sevrage se contenta de se rouler en boule un peu plus contre le ventre doux d'Iro.

- Le dossier est bouclé par les hautes instances du gouvernement, pointa Carmen. Même un très haut gradé devra prendre une tonne de temps avant d'y avoir accès. Mais, si on peut y avoir accès, c'est déjà bien. Et il est où ton magasin de vêtement ?

Ann se contenta de sourire en retournant dans sa cabine pour récupérer sa carte. Si c'était à Garp qu'elle demandait et qu'elle comptait faire chanter pour ça, c'était parce qu'il avait une place bien trop importante dans le Gouvernement et la Marine pour qu'on le fasse poireauter. Sur le bureau, elle choppa la carte d'East Blue que Nami avait accepté de lui faire en échange d'une augmentation de sa part. Elle remonta sur le pont tout aussi vite avant de sauter par-dessus les rambardes du sloop et du trimaran pour rejoindre Carmen à la barre de son propre navire. Là, la jeune journaliste montra la carte.

- Ici. On est à quoi... trois jours de navigations ?

Entre temps, son article devrait être publié.

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Ann se réveilla en ayant l'impression d'étouffer.

Elle tomba de sa couchette, sentant sa peau la brûlée et la nausée remontait dans sa gorge. D'un pas titubant, elle rejoignit sa salle de bain. A l'aveugle, elle ouvrit l'eau sur elle, toute habillée, et se laissa glisser dans la cabine de douche.

- Respire mon ange. Ça va aller... tu prends de l'air... et tu le retiens. Et là, lentement, tu le laisses repartir...

Avec automatisme, Ann suivit les consignes de son père. Même l'eau froide n'arrivait pas à calmer sa peau qui lui faisait si mal.

- Concentres-toi. Allez, Ace... tout va bien se passer. Ça ira mieux une fois changée.

Elle sentait presque les bras son père autour d'elle alors qu'elle sanglotait à cause de la détresse et de la douleur.

- Tu peux le faire, mon ange... concentres-toi...

Un miaulement étranglé s'extirpa de sa gorge alors que sa peau frémissait pour accommoder les modifications de ses muscles, organes et squelette. Sa panique s'apaisa. La douleur s'effaça et son souffle revint.

Ace laissa aller sa tête contre le mur de la douche, laissant l'eau chasser ses larmes.

- C'est fini, mon chéri... c'est fini...

- … fini... répéta faiblement le jeune homme.

Jusqu'à la prochaine fois…

Il leva une main tremblante pour caresser la tête d'Iro qui était venu le consoler. Le jeune adulte se releva faiblement et décida de se préparer. Puis, une fois lavé et habillé, il prit son travail scolaire et sortit dehors. L'aube était là. Il s'assit sur le pont et commença à travailler avant d'entendre le denden de Carmen se mettre à sonner.

Le denden insister mais personne ne répondait.

Alors, après avoir rayé une énième phrase de sa dissertation, le jeune se leva, passa sur le trimaran, son boulot toujours sous le bras. Il allait faire taire ce stupide denden. La moutarde lui grimpa un peu plus au nez en voyant Carmen rangeant des affaires dans un de ses flotteurs en ignorant royalement le denden.

- Tu réponds quand tu veux, grogna la D. clairement de mauvaise humeur.

Carmen posa sa caisse, alla enfin décrocher et essayer de faire entendre raison à son interlocuteur, avant de raccrocher.

- Vous allez voir qu'il rappellera plus tard car la tomate a remontré la vidéo du cabaret, paria Carmen.

- Si de la tequila peut faire taire ce denden, on peut passer à Tijuana, marmonna le yôkai.

- Welcome to Tijuana, tequila sexo marijuana~… chantonna l'elfe à mi-voix depuis son coin.

Elle s'interrompit en voyant qu'elle avait l'attention des deux autres. Ace eut un immense sourire.

- J'approuve absolument la référence. Bon je vais retourner à mon boulot scolaire

Tout pour que sa mère ne le confine pas sur l'île.

- Si besoin d'aide pour les cours, la table de la cuisine est disponible à présent. Et je confirme. Très bonne référence, sourit Carmen qui avait l'air de bonne humeur.

- Merci mais j'attends le journal, remercia Ace. Et vu mon réveil, je préfère prendre l'air. Si tu veux le lire, je te ferais signe quand il sera là.

Le jeune homme se détourna pour ressortir et rejoindre son sloop, retrouvant sa place contre le mât pour recommencer ses devoirs.

Pendant plusieurs minutes, le calme revint. Juste le roulis des vagues et le chant des mouettes qui leur disait qu'ils seraient bientôt à destination. Puis, un battement d'aile et le New Coo arriva. Et il était chargé. En plus du journal, il avait un gros paquet et une lettre. Avec ses ailes, l'oiseau sortit un formulaire de sa sacoche qu'il donna à Ace qui le lut, notant qu'il s'agissait d'un accusé de réception pour la livraison... d'un denden d'enregistrement vidéo avec micro. Pourquoi Morgans lui avait-il envoyé ça ? Le jeune journaliste ouvrit le paquet pour confirmer qu'il y avait tout, puis signa. Immédiatement, la mouette s'en alla.

Ace ouvrit juste un instant le journal pour voir les pages politiques et eu un petit sourire fier en voyant son article. En deux coups d'œil, il eut la confirmation que son patron n'avait fait aucune censure. Satisfait, il fourra ses cours dans le colis pour le prendre sous le bras, puis retourna voir Carmen et Grognonne avec le journal dans l'autre. Vu la façon dont les bras tremblants et maigrelets de l'ancienne junkie s'enroulaient autour d'elle, elle devait avoir mal à l'abdomen.

- Le journal, mesdames.

Et il le posa sur la table.

Carmen tira deux comprimés et de l'eau pour les mettre à côté de la Grognonne avant de se tourner vers le papier.

- Bon… lisons les mauvaises nouvelles du jour.

Elle ouvrit le journal, regardant la Une avec des nouvelles plus ou moins intéressantes. Seulement, quelque chose attira son œil et elle alla directement à la page en question. Un sourire monta sur son visage, carnassier.

- Page trois, le journaliste Ace fait le ménage des merdes de East Blue par la plume au lieu de l'épée. Poétique, non ?

Elle tourna le journal face au deux autres avec un grand sourire, faisant apparaitre l'article. L'elfe y jeta un œil mais ne s'y intéressa pas plus, se contenta de boire l'eau sans toucher aux comprimés.

- J'en suis content. Surtout quand je me rappelle que le premier article que j'ai écrit aurait pu être le dernier, soupira le jeune journaliste en ouvrant la lettre qui allait avec le denden.

Il la parcourut attentivement. Puis la relut une seconde fois. Avant de se masser le nez.

- J'aurais dû rester couché ce matin. Bon sang, Javier, arrête de rire !

Il foudroya du regard son oncle qui s'accrochait au fantôme de son père en riant comme un idiot. Roger avait un grand sourire fier sur le visage.

- Un souci ? Mauvaise nouvelle ? demanda Carmen.

Ace regarda la lettre dans ses mains, surtout la partie qui le faisait tiquer. Morgans savait qui était son père. Ce n'était pas un soupçon ou un doute, mais une certitude. Il avait fait le rapprochement et lui avait fait comprendre il y a quelques temps de ça, sans demander de confirmation ou faire d'autre commentaire. Alors, qu'il veuille le mettre ainsi sous les feux des projecteurs... Le jeune homme soupira et plia la lettre pour la glisser dans sa poche de pantalon. Il verrait plus tard pour y réfléchir.

- Morgans m'a déjà dit qu'il voulait me charger d'un projet. Et c'est ça.

Il pointa le denden vidéo.

- Il veut faire de moi le visage du SEKEI. Jeune, sympathique, un monsieur tout le monde en apparence. Et pour ça, il me confit en charge de lancer des diffusions en direct si je tombe sur un scoop, un truc en pleine action qui mérite d'être diffusé. Je suis le premier essai. Suivant les réponses, il développera cela avec d'autres, mais il veut que je sois le premier. Qu'on se souvienne de mon visage pour cela.

Il ne savait pas vraiment quoi dire ou faire. Il ne pouvait pas s'exposer. Il ne pouvait pas prendre le risque qu'on fasse le lien avec son père. Pas alors qu'il commençait à se faire assez remarquer par ses écrits et qu'il avait une possibilité de pouvoir enfin débuter de découvrir ce qu'on reprochait vraiment à Roger.

Carmen siffla d'un air impressionné.

- Sacrée responsabilité en fait. Mais pourquoi je sens que c'est pas que cela ?

- Disons que, sans vouloir faire de mauvais jeux de mots avec mon prénom masculin, j'ai un as dans ma manche contre les autorités. Un as à double tranchant. Et si j'expose mon visage, je risque de me faire brûler parce qu'on aura retourné mon as contre moi.

Le jeune regarda le denden, pensif.

- D'un autre côté... c'est un truc qui me plairait.

- Je ne suis pas vraiment à ta place. Si c'est ton rêve, pourquoi pas. Et une chose que j'ai appris de la Grande Line. Si tu captives les foules, le Gouvernement aurait dû mal à te faire taire, non ? Ils n'y arrivent pas avec Morgans. Lorsque c'est un scoop, il ne perdra pas une occasion de sauter sur l'information. Mais c'est seulement mon avis de néophyte. Sache que mon domaine, c'est la médecine. Et on peut dire que j'ai assez de bagages pour chercher les trucs qu'il ne faut pas trouver aussi. Donc, l'ensemble de la question repose sur toi.

Captiver les foules, donc ?

Ace regarda le denden et referma la boîte.

- J'ai besoin de réfléchir à tout ça. Il est mignon, le boss, de me foutre ça comme ça sur le coin de la figure.

De toute façon, ils n'allaient pas tarder à arriver au port.

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Fin Mars 1516

La virée "shopping" avait été un plaisir. Et drôle. A Baterilla, tout était généralement de deuxième voir troisième main. Tout ce qui était bien de consommation était rarement neuf. C'est pour ça que le pauvre adolescent avait été un peu perdu en entrant dans la boutique la première fois. Mais avec cette vendeuse si gentille, ça c'était bien passé, d'où pourquoi il avait débarqué avec une boite de chocolat en remerciement lorsqu'il était venu pour récupérer ses nouveaux costumes. Toujours la même coupe, juste plus d'exemplaire, avec deux dans un mauve plutôt doux et trois noirs. Puis, il y avait eu le moment où il avait fallu habiller Grognonne. La pauvre était clairement dans ses petits souliers pendant que Katheline faisait des ajustements à la tunique et au saroual gris que la vendeuse avait trouvé pour elle.

Puis, ils avaient fait quelques courses pour les provisions.

Et, scène très adorable, leur petite elfe d'adoption s'était arrêtée devant un magasin de peluche. Et en dépit de sa peau très sombre, elle avait rougi encore plus que les olives de Baterilla quand Ace lui avait offert un petit tigre en peluche. Si elle arrivait à tirer du soutien et du réconfort avec ça, le D. était prêt à ressortir ses peluches du grenier pour lui en faire cadeau. Sans compter que le tigre dans les bras limitait les tremblements de l'ex-junkie encore en plein sevrage et ça l'occupait assez pour qu'elle n'ait pas la possibilité de se gratter les cicatrices des injections.

Carmen, après avoir pris en photo l'adolescente avec sa peluche, avait acheté des glaces pour tout le monde. Si Ace lapa la sienne comme le chat qu'il était, partageant avec Iro en s'en mettant sur les doigts pour qu'elle les léchouille, Grognonne n'y avait jamais goûté avant. Et ce fut une expérience réussie.

Après une nuit au port, ils levèrent l'ancre au petit matin, de bonne humeur, direction Loguetown.

En voyant le navire du vice-amiral Garp au port, une fois là-bas, Ann était contente d'avoir changé de genre la veille. Elle ne voulait pas lui expliquer qu'elle était une nekomata. Et pourquoi elle avait ce besoin de changer régulièrement de genre. Mais il y avait aussi sa nouvelle amie.

Garp était assez vieux pour avoir connu Aarch. Il était donc fort probable qu'il sache tout le merdier et s'en prenne à Carmen.

- Tu vas gérer ça comment ? Si tu préfères ne pas le croiser, je peux comprendre. Ce barjot n'est jamais une bonne nouvelle, dit avec hésitation Ann à son amie.

- J'hésite entre prendre les affaires et partir, ou préparer un laxatif sous forme de poison. Je n'ai jamais vraiment croisé Garp. La seule chose que j'ai croisé le concernant est un boulet de canon.

Elle tira un peu ses cheveux, laissant apparaitre une légère marque blanche au niveau du cou, comme si elle avait pris un jour un éclat.

- Le boulet avait frappé un truc qu'il ne fallait pas. Et ça m'a écorché assez pour que je garde un souvenir. Donc… on va dire que la "première" rencontre n'était pas vraiment la bonne. Alors, le terme Barjot, j'aime. J'avais comme surnom, le fêlé de la cafetière mais barjot est plus court.

- Je ne suis pas surprise, marmonna Ann.

Elle montra la cicatrice à son œil qui restait en souvenir de sa rencontre avec un tigre.

- Ce fou furieux m'a kidnappé quand j'avais dix ans, soi-disant pour que je devienne une Marine et soit forte. J'ai passé sept mois sur son navire, sans avoir pu dire au revoir à ma mère et ma cousine, avant d'être abandonné à une maraudeuse dans les bois hors du royaume de Goa. J'ai dû traverser la forêt de nuit pour rejoindre le village côtier de Fūsha. J'ai été très heureuse de voir que tio avait fait de l'endroit sa base d'opération.

- Les D. sont tous des timbrés, marmonna Grognonne assise sur son banc avec le griffon blanc en peluche qui lui avait filé Carmen et le tigre offert par Ann.

- Elle a pas tort, suffit de voir ton aïeule Roja, pointa Roger à sa fille.

- Au lieu de t'en prendre à une femme qui a vécu il y a trois siècles, balaie devant ta porte, le vioc, reprocha la yokai. Et soit content que Roja ne soit pas là.

- Eh oh !

- Eh bien. Après cet épisode de Poltergeist, je propose qu'on y aille avant qu'il ne sorte de nulle part comme Beetlejuice parce que l'on a invoqué son nom, soupira Carmen qui n'entendait bien évidemment pas les fantômes. Ça va à tout le monde ?

Ann se regarda dans le reflet d'un hublot et arrangea la cravate de son costume mauve du jour, puis arrangea ses cheveux en chignon pour les coincer sous sa casquette gavroche.

- J'ai un marine à faire chanter, donc, ça m'arrange qu'il soit là.

Elle enfonça à peine un peu sa casquette pour masquer ses yeux.

Un coup de vent et la cigarette entre les dents de Carmen se volatilisa en un instant.

- Karma… ai-je fais quelque chose ?

- I'm gonna make him say my name ! chantonna joyeusement la yôkai.

Carmen décida qu'une nouvelle cigarette était nécessaire. Et sa vengeance, ce fut Roja, l'aïeule pirate, qui la lui donna qui s'était manifestée peu avant pour ramoner les oreilles à Roger.

- T'es certaine que c'est de Garp que tu parles et pas plutôt de Smoker ?

Ann vira d'abord au rouge vif au rappel que son "sex-friend" était certainement pas loin, avant de passer au vert quand l'image de Garp se superposa à celle de Smoker. Une main sur la bouche, elle tituba à l'extérieur pour vomir par-dessus bord, sans voir Roger et Roja échanger un high five.

- J'ai envie de savoir ? s'enquit la médecin en sortant à son tour avec leur protégée.

- Un sex-friend en image mentale, répondit l'elfe d'un air indifférent. Ce Garp prenant la place.

Comment savait-elle ça, c'était une bonne question. Mais avec leur Grognonne, les questions se multipliaient plus elle avançait dans son seuvrage.

- … Je n'avais pas envie de savoir.

- Si le drama est fini, on peut bouger, s'il vous plaît ?

Avec la drogue de moins en moins présente en elle, de plus en plus de plumes dorées commençaient à se manifester sur le haut de sa tête et une partie de son front, nécessitant que l'elfette porte un bandeau voire un foulard sur le crâne pour les masquer et éviter d'attirer les mauvaises personnes. On venait de la tirer de l'enfer, hors de question qu'on ne mette pas toutes les chances de son côté pour s'assurer qu'elle n'y retourne pas. Quand elle irait mieux, Ann avait promis de lui apprendre à se battre, histoire qu'elle sache se défendre au besoin.

Les trois femmes finirent donc sur le quai.

- Vous voulez aller quelque part en particulier ? demanda Ann en se rinçant la bouche avec une gourde qu'Iro avait eu la gentillesse de lui apporter. Connaissant ce vieux fou, il nous tombera vite dessus.

- J'ai une photo à prendre dans la ville. Et je n'ai jamais pris l'occasion de le faire. Et toi, chibi-grognonne ?

Grognonne se contenta d'hausser des épaules avec un air de total indifférence en se drapant dans un châle pour ne pas avoir trop froid. Alors, elles se mirent en marche, se dirigeant clairement vers le centre-ville. Carmen, avec son appareil photo, faisait clairement touriste, alors que la plus jeune du trio restait entre les deux autres pour se faire aussi discrète que possible.

- ACE !

La susnommée se retourna pour voir Nami sortir d'une ruelle, quelques égratignures sur le visage disant qu'elle s'était encore attirée des ennuis.

- Je vous laisse, j'ai un truc à réglé, on se retrouve plus tard, dit la yôkai à ses camarades.

Et sans attendre de réponse, elle rejoignit la jeune rouquine qui devait avoir bientôt quinze ans aujourd'hui. D'un geste de la tête, la brune invita la plus jeune à la suivre vers une boutique de fleur qu'elle avait repéré durant son premier passage.

- J'ai appris que Nojiko t'avait appelé. Je suis désolée pour le désagrément, je ne m'attendais pas à ce qu'elle fouille dans mes affaires et trouve le numéro, s'excusa la rousse.

- C'est bien normal, ne t'en fait pas, Nami-chan. Si j'avais été à la place de ta sœur, moi aussi je me serais inquiétée. D'ailleurs, tiens.

Ann donna une enveloppe à Nami qui l'ouvrit pour voir une épaisse liasse de billets dedans.

- C'est plus que d'habitude, mais quand je vois l'article que tu as sorti à ce sujet, je comprends le montant.

- Et ça m'a permis de trouver une nouvelle affaire pour laquelle tu peux peut-être m'aider. Attention, je ne te demande pas de faire quelque chose de dangereux, seulement de laisser traîner tes oreilles et de me faire un résumer de ce que tu aurais appris.

La journaliste donna un papier plier en deux à la rousse.

- C'est le seul gars en East Blue qui est impliqué dans un vieux complot sur lequel je bosse actuellement. Si tu apprends quoique ce soit, j'achèterai au tarif habituel.

- Et si je trouve des preuves au passage ? se renseigna la demoiselle.

- Alors, je ne te paierais pas.

- HE ?

- Je te le répète, je ne veux pas que tu te mettes en danger. C'est mon travail, et j'ai été élevé pour ce genre de chose. Pas question que je te pousse à risquer ta peau. Tu dois rester en vie, Nami-chan, des gens tiennent à toi, alors, fais attention à toi. Tu ne veux pas que Belmer-san ait de la peine en te voyant mourir.

Les mains de la rousse se crispèrent sur l'enveloppe alors qu'elle baissait la tête pour masquer ses yeux avec sa frange.

- Comment vous savez pour elle ?

- Mon don me permet de voir les morts.

Doucement, Ann s'accroupit pour croiser à nouveau le regard de la rousse.

- Ta sœur te l'a dit, je suis sur le départ, je rentre temporairement chez moi, en South Blue. Mais si tu veux de l'aide, si tu veux que je fasse le ménage, que je te sorte de cette crasse, le numéro de ma mère est dans le papier que je t'ai donné, alors, n'hésite pas.

La zoan se redressa, ébouriffa les cheveux de la demoiselle avant d'entrer dans la boutique de fleur juste à côté. Elle ressortit juste en suivant avec un hibiscus rouge dans sa main.

- Pour qui est la fleur ? Ton amoureux ? se renseigna la rousse avec curiosité.

- Non. Elle est pour mon papa, sourit doucement Ann. Je te dis à bientôt, chibi ?

- Je suis pas une chibi !

Ann se contenta de rire alors qu'elle s'éloignait.

- Tu vas revenir ? demanda avec espoir l'adolescente.

La D. se retourna à moitié vers la demoiselle.

- Ouep. Et je te présenterais quelqu'un avec qui tu t'entendras très bien, j'en suis certaine. Adios, chiquitina.

Et avec un petit geste de la main, la brune s'en alla.

Et comme la première fois, elle trouva un coin obscur où se transformer pour ensuite filer à toutes pattes vers l'échafaud, la fleur dans sa gueule, l'escaladant aisément, avant d'arriver en haut.

La première fleur n'était plus là. Le vent avait dû l'emporter. Ou alors, elle s'était tellement desséchée qu'elle était tombée en poussière depuis le temps.

- C'est pas grave, mon ange, ma tombe est déjà assez fleurie avec un olivier dessus, rassura Roger.

Avec autant de délicatesse que des pattes de chat le permettait, Ann coinça la nouvelle fleur entre deux planches avant de redescendre en entendant le garde de l'édifice siffler pour la chasser de là-haut. Aisément, elle sauta en bas de son perchoir et disparu en courant dans une nouvelle ruelle. Elle s'enfonça suffisamment pour disparaître dans les ombres et être certaine de ne pas être suivi, avant de reprendre forme humaine pour ressortir de sa cachette. Là, elle arrangea sa cravate d'un geste machinale et rejoignit les deux autres qui s'étaient assises sur un banc pour l'attendre certainement. Comme toujours, Grognonne avait l'air de se faire chier comme un rat mort, alors que Carmen attendait avec patience.

- ¿ Vamos ? s'enquit la journaliste.

La plus jeune se leva et manqua de se casser la pipe quand son pied se déroba un instant, avant qu'Ann la rattrape en souriant. Même si ça commençait à aller mieux, l'ancienne junkie conservait des troubles de coordinations et quelques crises de tremblements.

Carmen rangea dans sa sacoche son appareil photo et ferma celui-ci en demandant aux deux autres :

- On m'a parlé d'un bar, pas loin, assez sympa. Un dernier verre et on redescend au navire ?

Avant qu'elles ne puissent répondre, Anabela perçu une menace imminente. Elle attrapa l'elfe et s'écarta juste à temps pour ne pas se prendre un coup. Carmen intercepta l'attaque en sortant sa faux qu'elle gardait pliée généralement sous ses vêtements. Mauvaise idée, en face, c'était Genkotsu no Garp. Et la bicolore sentit vraiment la différence de niveau avec la répercussion du coup dans son arme et les vibrations qui finirent dans ses membres qui tremblaient à présent sous le choc.

- Déconseillé, Du Con.

Avant d'avoir une tête disant qu'elle regrettait ses paroles en notant l'uniforme de vice-amiral.

- C'est à croire que seuls les gorilles sans éducations ont une possibilité de devenir des haut-gradés, nota Anabela. Tu sais, le bonjour, ça existe, vieux cinglé.

Elle s'était placée devant leur protégée. Si en apparence, elle avait l'air décontracté, le fait qu'elle ait déjà retiré sa hache de son fourreau disait qu'elle était prête au combat au besoin.

- Une raison pour attaquer, Marine ? siffla Carmen néanmoins avec agacement.

- T'as du potentiel, mais c'est pas toi que je visais ! ricana l'homme avec son chapeau de chien.

Il pivota vers Ann qui resta droite alors que l'elfe se recroquevillait de peur derrière elle.

- Je me souviens encore de m'être fait remonter les bretelles quand j'ai voulu te prendre en entraînement ! Et te voilà seule en East Blue ! C'est pas ta mère qui m'a fait la morale sur l'éducation des enfants ?!

- Tu m'as enlevé, Genkotsu. J'avais dix ans. Ma mère n'est pas coupable du fait que je sois un peu trop la fille de mon père, au point de vouloir prendre la mer à quinze ans. Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de médire sur elle, cracha la journaliste comme un chat en colère.

- Et je dois préciser qu'attaquer des gens dans la rue est passible d'une amende et que personne n'est au-dessus de la loi ? Et seule ? Merci, mais j'ai l'impression qu'elle n'est pas seule, dit Carmen en montrant autour. Faites-vous ausculter pour vos yeux. Et enlever un enfant à ses parents ? C'est beau comme ça fait tache sur un dossier.

Carmen ne souriait pas, et les yeux violets fixaient le vice-amiral avec un certain calme inquiétant. L'officier cligna des yeux plusieurs fois, la bouche ouverte de surprise. Puis, Carmen se retrouva avec Garp un peu trop près de son visage. Il se serait pris un mauvais coup s'il ne s'était pas mis à rire à gorge déployer en donnant une grande tape dans le dos de la médecin qui faillit recracher ses poumons sous l'impact.

- Mais oui ! Je reconnaitrais cette façon de parler et ce faciès entre mille. T'es la fille de ce garnement de Aarch les Griffes Pourpres ! Et tu sais te battre, à ce que je vois. Tu ferais une fière marine.

Carmen regarda Garp, puis Ann et Grognonne pour revenir au soldat qui riait. Elle frappa son propre visage violemment au point qu'on avait une marque en travers de son visage.

- … Je vais lui prescrire un aller simple à l'asile, marmonna la médecin. Il est con ou il le fait exprès ? Merci de remuer le couteau dans la plaie, vice-amiral. Et d'y ajouter l'acide et le sel.

Elle se tourna partiellement, tirant la troisième cigarette de la journée pour se calmer.

- Qu'est-ce qui vous amène toutes les deux à Loguetown ! s'enquit Garp avec toujours son grand sourire.

- Je dois vraiment te dire pourquoi je suis ici ? Réfléchi, Genkotsu, fait marcher ta cervelle, pourquoi...? Je sais pas, regarde autour ! s'énerva Ann.

Plus spécialement l'échafaud qu'on pouvait encore voir.

- Ton oncle a pas déjà trouvé mieux pour ce genre de chose ?

Garp avait perdu son sourire et froncé les sourcils. Où était le souci ? Elle avait le droit de voir le lieu d'exécution de son père.

- C'est dangereux pour toi, tu devrais pas.

- Pas plus que d'abandonner un enfant de dix ans au milieu d'une jungle aux mains de maraudeurs. Et avant que tu ne commences avec tes accusations et tes propositions foireuses, non, je ne suis pas la voie de mon père et dommage pour toi, mais pendant encore un moment, le seul marine de la famille sera Bruno. Et non, lui non plus n'a pas l'intention de te faire ce plaisir.

La yôkai resserra sa main sur le manche de sa hache, résistant à la tentation de l'enfoncer dans le crâne de ce marine tout en luttant pour garder son Haki sous clef. Même si elle savait que son père n'aurait pas pu survivre plus longtemps et que s'il était resté, cela aurait empiré les choses, sans Garp, Roger aurait eu une mort paisible à Baterilla, et pas d'exécution publique.

En tout cas, Ann savait qu'elle n'était pas la seule en colère parce qu'un léger vent s'était levé.

- Et pourquoi vous voyagez ensemble ? Cela ressemble à la formation d'un équipage pirate, d'après moi, continua Garp.

- Cela a commencé par boulot et... on peut dire qu'on est devenu amies, répondit honnêtement Ann. Sans compter que, toujours pour le boulot, je réouvre une vieille affaire...

Et elle eut un grand sourire froid.

Cette fois, c'est derrière Carmen que l'elfe alla se réfugier, ne se sentant plus du tout en sécurité derrière la D. qui riait sombrement.

- Boulot ? répéta d'un air perplexe Garp.

- Ace, journaliste pour le SEKEI, se présenta la Portgas en tirant sur le bord de sa casquette.

- C'est toi qui as fait ces articles ?

- Exactement. Et j'ai une mission pour toi, Genkotsu no Garp. Et tu sais que tu ne peux pas dire non, ma simple existence prouve l'incompétence de la Marine et peut être vu comme une trahison de ta part.

Le visage de Garp se rembrunit, il comprenait parfaitement ce qu'elle entendait par là. Il suffisait qu'elle dise qu'elle était la fille de Gol D. Roger pour mettre un bordel sans nom dans une situation qu'ils luttaient pour apaiser. Mais quand elle lui fit signe de se pencher vers elle, il accepta sans broncher.

- Je réouvre le dossier Rhyddid Aarch. J'ai besoin de ses états de services et de l'enquête qui a été faite sur sa tête puis sur sa mort. Tu n'as pas besoin que je répète ma menace, pas vrai ?

Alors, elle écarta les bras avec un mauvais sourire.

Elle était une Portgas.

- Tu ressembles énormément à Bruno comme ça, commenta Garp.

Du coin de l'œil, Ann vit le susnommé croiser fièrement des bras.

Notant que Carmen écrasait sa cigarette avec un sourire sur le pavement, Ann reprit :

- Et je suis certaine qu'il doit en être fier. Je retourne chez moi pour quelques temps. Tu connais le numéro de la hacienda. J'attends avec impatience ton coup de fil.

Puis, la Portgas se tourna vers ses deux amies.

- Nous y allons ?

Sans leur laisser le temps de répondre, elle les prit par les bras pour s'éloigner.

- Tu sais, Ann. Je comprends que tu m'en veuilles et que tu en veuilles à la Marine en général. Mais on est pas tous des salauds, lança Garp.

- Je changerai d'avis quand tu t'excuseras pour mon père et quand ma mère, Amelia et moi on aura des excuses d'Akainu pour Javier, lança la zoan par-dessus son épaule sans s'arrêter.

Garp soupira.

- Ce que je veux dire, c'est que tu n'as pas besoin de me faire chanter. En me le demandant gentiment, je t'aurais aidé. Même si tu ne vois pas les choses comme ça, je t'ai vu assez grandir pour te considérer comme de ma famille et je ne veux que ton bien.

Ann s'immobilisa et se retourna pour regarder le marine s'en aller de son côté à présent.

- Ça va aller ? se renseigna Carmen.

- Je crois...

Garp la voyait comme s'ils étaient de la même famille ? C'était… étrange.

Puis, une étincelle s'alluma dans le crâne de la yôkai. L'elfe le leur avait dit il y a quelques jours. Même sans la menace, il aurait accepté. Il était question de Garp ! Au pas de course, tenant les deux femmes par le bras, Ann les attira dans un coin discret.

- Tu fais des putains de prédictions ! siffla Ann en s'adressant à l'adolescente. Tu l'avais deviné, avant même que je dise que je voulais faire chanter Genkotsu no Garp ! Et tu avais prévu que mon article finirait en troisième page !

- … J'ai vu des choses étranges sur Grand Line, mais ça, c'est une première, réalisa Carmen. Et elle n'a pas prévu. Elle a vu. Comme on dit, accuse le danger mais pas celui qui l'annonce. Pardon. C'est… juste une … Bref… tu le savais ?

La demoiselle se recroquevilla sur elle-même avec peur.

- Hey, tout va bien. Tranquilízate, rassura Ann avec une voix douce. On se fait de souci pour toi. On ne veut pas que quelqu'un se mette en tête de te faire du mal pour ce don. Tu nous es précieuse.

Lentement, l'adolescente glissa le long du mur jusqu'à finir recroqueviller au sol, la tête à l'abri de ses bras.

Carmen se mit à son niveau, écartant son arme loin d'elle et approcha la main pour la poser doucement contre l'épaule. La petite pouvait s'écarter si elle le voulait, et ce, facilement.

- Oui. Ann a raison. C'est un merveilleux don mais d'autre personne ne serait pas gentille. J'ai pas d'autre terme. On tient à toi. Tu es un être qui doit être libre. D'accord, Chibi ?

Doucement, Ann s'accroupit à son tour et tendit une main vers l'adolescente effrayée et lui prit la sienne avec douceur, dévoilant en partit le foulard qui masquait ses plumes.

- On est des amies. On ne se laisse pas tomber. On t'a sorti de la merde, on ne te laissera pas replonger dedans. Regarde, la vieille peau, c'est une logia. Ça vaut cher sur le marché. Qui ne donnerait pas ses deux bras pour une arme pareille ? Moi, je suis une nekomata. Zoan mythique. Je ne suis pas encore certaine de tout ce que je peux faire, mais je sais que ça peut se faire des dégâts. On est toutes les trois dans le même bateau. Alors vas-y. Tu l'as vu, c'est ça ?

- … avant... avant je voyais. Les premiers temps. Mais je ne comprenais pas... mais là... c'est la voix... elle... elle commence à revenir... j'ai dû mal à l'entendre, mais... elle me dit des choses. C'est elle qui m'a dit pour la troisième page... et pour Genkotsu...

Un zoan serpent avec des plumes d'or et un don de prescience... elle avait vu ça, quelque part.… attendez... d'où ça lui parlait...

- Ok, je vais me couper la main. Carmen, on s'est gourée.

- De ? se renseigna la médecin.

- J'ai dit que je mettrais ma main à couper qu'elle avait elle aussi un zoan mythique. C'est pire. Elle a un zoan mythique qui tient du divin. Son zoan est un foutu dieu ! Elle est plus proche de Sengoku à ce stade que de Kaidou ou moi !

Elle regarda la plus vieille.

- C'était au programme d'Histoire de South Blue. Le royaume de Bliss a découvert trois siècles auparavant de nouvelles îles sur la Grand Line. Elles étaient moins avancées dans la technologie guerrière et en plus d'avoir une culture, histoire et religion différente... elles avaient énormément d'or. Alors, ils les ont réduits en esclavage sous couvert de les civiliser. L'une de ces îles étaient polythéistes. L'un de leur dieu était un serpent à plumes. J'ai oublié quelques détails, les cours sont chez moi, mais je sais qu'il était le père de l'humanité pour eux, et le patron des occultistes ainsi que des devins... Là, ce sont mes oreilles que je mets en jeu en disant que c'est ça son fruit. Que notre petite protégée a le fruit de ce dieu.

Carmen hocha la tête en regardant néanmoins que personne ne les écoutait.

- Je ne suis peut-être pas aussi calé sur l'histoire de South Blue, mais tu viens de me rappeler d'une histoire de North Blue. Norland le menteur qui parlait d'une cité recouverte d'or. Il a parlé aussi de ce fameux serpent dans un de ses passages. Et la voix que tu entends... À mon avis, c'est le lien avec le Serpent à Plume. Il te parle, mais c'est brouillé, pour l'instant à cause des drogues. Bon. Rentrons avant que des personnes ne viennent épier notre conversation. Mais, il va définitivement être nécessaire de t'apprendre à te battre. T'es d'accord, Chibi-grognonne ?

Gardant la main de la demoiselle entre les siennes, Ann se releva, l'entraînant avec elle.

- Ça va bien se passer. Tu es entre amies, ici. On ne te laissera pas tomber. T'es entre de bonnes mains. Enfin, autant que ça peut l'être avec deux barjottes comme nous deux.

- Ann. Être barjot est un pré-requis pour la Grand Line. On est juste dans les clous, commenta Carmen. Ça aurait pu être pire. Elle aurait pu être à la charge de l'autre fêlé de Garp. Ou encore pire, la guenon reptilienne égocentrique… Bref. Tu nous as nous. Et ne t'inquiète pas, ce n'est pas dans ma nature de laisser quelqu'un que je considère comme une amie dans le fond du trou. Alors… qu'en penses-tu ? Tu pourras nous supporter assez longtemps ?

La jeunette hocha la tête en tremblant légèrement.

- Allez, je vous raccompagne, avant que le temps ne vire à l'orage, encouragea Ann.

Elle passa un bras affectueux autour des épaules de la jeunette en souriant.

- Une dernière course à faire avant de rentrer ? se renseigna Carmen.

- Qui implique un marine. Si tu veux que je vous présente, pas de souci, je lui mets un dix sur dix. S'il avait été blond aux yeux bleus, je lui mangerais dans la main. Vu que je l'ai essayé, je peux te filer deux trois astuces.

Et la nekomata tira la langue à la logia qui éclata de rire.