Bonne année ! Bonne santé ! Et joyeux anniversaire à Portgas D. Ace. On se retrouve avec un nouveau chapitre qui débute enfin l'enquête sur le cas de Rhyddid Aarch. Et d'autres choses très intéressantes, notamment un retour par South Blue. J'espère que cela vous plaira. N'hésitez pas à me donner votre opinion et à bientôt !

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Smoker avait les yeux fermés, savourant chaque instant dans le lit de la yôkai qui ronronnait sur l'oreiller à côté de lui. Il soupira et fini par ouvrir les yeux, se tournant sur le côté pour apprécier la vue de la brunette nue sous les draps avec lui.

Le ronronnement cessa et la demoiselle se retourna pour le fixer d'un air à moitié endormi.

- Navré, je ne voulais pas te réveiller.

- Je suis un chat, j'ai le sommeil léger. Qu'est-ce qui te garde éveiller ? Un souci dont tu veux me faire part ?

Smoker leva un sourcil à la proposition.

- Les amis servent à ça, rappela la brunette.

Même si le marine esquissa un sourire, le cœur n'y était pas. Elle l'avait ensorcelé. Une amitié avec quelques suppléments n'était pas suffisante pour lui. Mais il craignait de perdre ce qu'il avait déjà en demandant plus alors qu'elle n'était pas intéressée.

- Je me demandais quand est-ce qu'on se reverrait, puisque tu rentres chez toi dès demain matin.

- Je serai de retour d'ici octobre certainement. Mais il faudra faire attention.

- Pourquoi ?

Ann se mit sur le ventre en soupirant.

- Durant l'affaire de l'Éclat Pourpre, j'ai rencontré une fille victime d'un complot de la Marine et du Gouvernement. Et je veux mener une enquête sur le sujet.

- T'es certaine que c'est un complot ?

- Clairement.

La zoan se redressa sur ses avant-bras et fixa Smoker avec sérieux.

- Je vais rouvrir de vieux dossiers, et je ne veux pas que tu en pâtisses. Que ce soit ta carrière ou ta vie.

- Et toi ? Tu n'as pas peur ?

- Je vis avec la mort de milliers d'innocents sur la conscience. Tout ça parce que j'ai survécu à un massacre destiné à me faire disparaître. Si je crève, je pourrais me dire qu'au moins, ce n'est pas pour une erreur de parentage. Et puis, je dois bien ça à mon abuelo.

- Qui ?

- L'oncle de ma mère était un vice-amiral. Il a quitté la Marine suite à une maladie grave développé suite à une escarmouche dans le Nouveau Monde. Il a été l'instructeur et supérieur du Marine dont je réouvre le dossier.

- Je vois. Eh bien, fais attention à toi.

- Je vais essayer de ne pas trop m'attirer d'ennuis.

Ann embrassa sur la joue Smoker avant de se rouler en boule pour dormir.

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Au petit matin, les deux amis se séparèrent. Smoker retournant à sa caserne alors que la D. retournait au sloop en refaisant sa cravate. Elle salua Carmen et Grognonne avec bonne humeur.

- Bonjour tout le monde ! On est prêt à lever l'ancre ? Je suis certaine que Crocus-sensei a hâte de nous voir ! Tu veux toujours pas que je te présente, Carmen ? Kemuri-chan est un amour, tu sais…

Elle s'attendait à l'engueulade du siècle. Crocus ne l'avait pas vu depuis que Morgans l'avait embauchée, alors qu'il tenait absolument à la voir régulièrement pour s'assurer qu'elle ne développe pas le même mal que son père.

- Bonjour, Ace, salua Carmen. Il n'y a plus qu'à partir pour ma part. Direction Reverse Montain.

- ¡Hola muchacha ! salua joyeusement la D. à l'adresse de leur protégée.

Certes, elles avaient un an voir moins de différence, mais avec ce qu'elle avait vécu, l'elfette était si petite, fragile et impressionnable qu'elle en paraissait plus jeune. En tout cas, Ann reçu un bonjour tout bas, du bout des lèvres. Ce qui était en soit une évolution.

La D. grimpa sur son sloop et détacha l'amarre.

- Tu passes devant dans le canal ou j'y vais ? se renseigna la journaliste en faisant des papouilles à sa panthère.

- Je te laisse passer en première.

Dans un geste devenu machinale avec la pratique, Ann lança le moteur du sloop, prenant la barre d'une main, la corde de la voile de l'autre. Entre ses pieds, Iro s'était assise pour profiter de l'air qui surgissait rapidement. Un regard derrière montra que Carmen instruisait à leur petite Grognonne comment user des voiles, restant à quelques nœuds derrière le navire plus petit de la journaliste. Avec la lueur du phare de Loguetown, elles se dirigèrent vers la Red Line, droit sur les canaux de Reverse Moutain.

Et sans que la D. ne puisse comprendre, le vent se mit à accélérer, faisant littéralement rebondir le sloop sur l'eau avec cette nouvelle vitesse. Un sourire féroce étira le visage de la demoiselle qui demanda à Iro de rentrer à l'intérieur. Elle laissa la barre un instant pour ajuster les voiles afin de prendre encore plus d'air avant de revenir au gouvernail.

- ¡AY AY AYYYYYY YA ! cria la jeune femme en signe de célébration en levant un poing vers le ciel.

Elle se sentait tellement vivante à cet instant. Sa casquette était coincée dans sa ceinture, laissant ses cheveux flotter au vent comme un étendard d'encre noir.

Note à soi-même, remercier Carmen. Elle était l'explication la plus logique pour cette accélération.

Avec ça, remonter le canal fut une formalité. Se préparant à la descente, Ann éteignit le moteur et ajusta les voiles.

Plouf !

L'atterrissage en haut de Reverse Moutain fit jaillir de l'eau partout et trempa proprement la yôkai sans parvenir à gâcher sa bonne humeur, cependant, la partie n'était pas encore jouée. Rapidement, Ann fila à l'avant et cracha ses flammes éthérées, ralentissant au maximum son embarcation. Elle voyait parfaitement la masse sombre qui grandissait à vue d'œil qu'était l'immense baleine noire Laboon dont son oncle avait la charge. Et juste à temps, son navire s'arrêta, se tournant vers Carmen pour voir comment elle allait gérer. Elle porta la main en visière à son front pour regarder le trimaran littéralement décoller pour finir à quelques millimètres du sloop, arrosant encore plus Ann qui s'ébroua.

- Merci pour l'accélération, tu refais ça quand tu veux ! sourit largement la D. à l'adresse de la capitaine du trimaran.

- Pas de souci. Mais le Calypso peut aller encore plus vite actuellement. C'est un navire de vitesse.

Ce n'était pas le nom du navire sur lequel Amelia s'était embarqué ? Ou peut-être celui de l'équipage ? Ann ne savait pas. Elle confondait peut-être.

Elle porta ses mains à ses oreilles en serrant les dents quand Laboon se mit à pousser un mugissement juste à côté d'elles. Saleté de baleine. Ann manœuvra le sloop pour contourner la la bête et se rapprocher du phare.

Personne.

Ann souffla par le nez. Il faisait chier, le vieux Crocus.

Elle entra dans le navire après avoir attaché l'amarre au cap et composa le numéro du denden de l'ancien. Cela sonna un instant, avant qu'on ne réponde :

« Crocus, j'écoute ? »

- T'es demandé sur la terre ferme, tu peux sortir, s'il te plaît ?

« J'arrive ».

Et le vieux médecin raccrocha. Alors, la D. quitta sa cabine avec Iro. Elle sauta à terre et patienta avec les bras croisés. Bien vite, une toute petite porte dans la baleine s'ouvrit et Crocus apparut sur une chaise longue, posée sur un micro ilot de métal avec juste un palmier. Il vogua jusqu'à la rive où il s'amarra pour ensuite se tourner vers les filles avec un regard sévère alors qu'il se rapprochait.

- Pas l'oreille ! Pas l'oreille ! Tout mais pas l'oreille ! gémit la yôkai quand le vieux médecin la saisit par l'oreille.

Craignant pour sa vie, Iro alla se cacher derrière le mât, sa fourrure changeant immédiatement pour la faire disparaître dans le décor.

- T'as pas l'impression d'avoir loupé plusieurs rendez-vous ? gronda l'ancien pirate. Je dois te rappeler de pourquoi j'exige de te voir deux fois par an, minimum ? Tu crois que parce que Morgans t'a embauché, c'est une excuse pour m'éviter ?

- Pardon ! Pardon ! Pardon ! gémit la jeunette en essayant de défaire la prise des doigts sur son oreille.

Ann jeta un regard à Carmen pour l'appeler à l'aide. C'est donc après s'être enfourné un chewing-gum que la plus vieille consentit à l'aider :

- Bonjour Crocus-san. Ça fait un moment. Comment vous allez ?

L'œil de l'ancien se tourna vers elle, lâchant l'oreille martyrisée de la Zoan. Carmen garda un visage de marbre mais ça se sentait qu'elle n'était pas si rassurée que ça.

- Tiens. Voilà le poussin orageux. Tu n'étais pas censé passer il y a un mois, toi ?

- … soucis sur une île avec une indic qui vendait plus qu'elle n'aidait. Mais la piste a mené à Laos qui…

Et sa justification lui valut un coup de livre sur le crâne. Livre enduit de Haki pour faire bonne mesure.

- Bordel. J'ai pas mérité un coup sur le coin du crâne ! A moins qu'Oncle M t'ait appelé.

- Non. Juste pour te rappeler que lorsque tu prends des engagements, il faut les respecter, justifia le vieux.

- … J'avais dit peut-être ! Bon, je suis là. Et tu m'as rendu mon livre. Sinon, j'ai un truc de East Blue pour toi. Un petit saké dont tu me diras des nouvelles.

De sous sa couverture, Grognonne montra en silence les crocs… ce qui était nouveau. Généralement, elle se cachait sans un mot et se faisait oublier. C'était la première fois qu'elle offrait un semblant de menace, ou d'avertissement, pour avoir la paix.

- Et elle c'est qui ? grommela le vieux en la montrant du pouce.

- Ma nouvelle petite-sœur ! sourit largement Ann.

Cela lui valut un regard dubitatif de la part de Crocus.

- Qu'est-ce que j'ai dit, tío ?

Avec lassitude, il secoua sa tête fleurie et pointa la table devant le phare.

- Je vais chercher mon matériel, va t'asseoir. Et vous m'expliquerez comment vous avez réussi à vous trouver toutes les deux. Bon sang, comme si le monde n'avait pas déjà assez de raison pour marcher sur la tête. Faudra que l'on parle sur un point, Carmen, ensuite.

- Aye, aye, dit la médecin en agitant la main.

- Vieux fou, grommela Ann.

Elle se baissa juste à temps pour ne pas se faire assommer par la chaise longue que venait de lui jeter son oncle médecin.

- Soit pas aussi désagréable avec Crocus, il ne fait que s'inquiéter pour ta santé. Le mal qui me rongeait n'est pas assez connu pour qu'on soit certain que tu ne le développes pas toi aussi, à ton tour, rappela le fantôme de Roger à sa fille qui allait récupérer son dossier médical pour s'asseoir à la table sur le quai.

Et avec la vivacité d'un serpent, leur petite devineresse alla se cacher à l'intérieur du trimaran, ne souhaitant pas attirer l'attention du vieux médecin. Prenant ça pour une invitation, Iro sauta sur l'autre navire et fila à la poursuite de la zoan serpent pour se faire câliner. Carmen, elle, elle en profita pour poser à terre, près de la porte du phare, une caisse avec plein de bouteilles venant d'un petit coin perdu d'East Blue d'après l'étiquette dessus.

Crocus arriva à cet instant et commença un check-up routinier sur la D., poussant sur certains sujets pour s'assurer qu'elle ne développait toujours pas les symptômes de son père. Parfois, il n'hésitait pas à la fixait d'un air dur, comme s'il l'accusait de lui mentir, ce qui n'était pas le cas.

- Je vais bien ! protesta la demoiselle. Mon seul souci, c'est avec des foutus règles douloureuses.

- Là, tu m'en demandes trop, lui dit Crocus en lui prenant la tension.

- J'en demande trop à l'homme qui a gardé en vie pendant trois ans le roi des pirates quand tous les médecins ne lui donnaient pas plus d'un an à vivre… oui…

Elle se prit un coup sur le crâne avec son dossier médical.

- Amènes-toi, Carmen et donnes-moi ton avis, exigea Crocus pour la plus grande surprise de la fille de Roger.

- Ça te gêne ? C'est toi le patient, donc toi qui décide, demanda Carmen.

- Pas vraiment… c'est juste que là, il vient de me mettre un coup de pression. Je suis certaine d'être en bonne santé mais qu'il demande l'avis d'une collègue, c'est pas rassurant, avoua la brunette.

Elle allait jusqu'à se faire régulièrement dépister pour de possibles MST depuis qu'elle avait commencé à avoir une activité sexuelle, et jusqu'à présent, tout était négatif. Qu'avait donc vu Crocus nécessitant un second avis ? Pendant ce temps, Crocus avait ouvert le dossier pour raturer deux trois trucs dessus.

Carmen prit le dossier, le parcourut rapidement sans faire de commentaire, avant de recommencer le check-up de zéro. Mais bien vite, la femme s'écarta pour regarder Crocus en haussant un sourcil.

- À moins qu'elle ait une nouvelle maladie indétectable... Elle est en parfaite santé. Peut-être un poil maigre d'un ou deux kilos mais c'est pas la mort. Elle mange un peu plus de façon régulière et ça se règle de lui-même. Il y a aussi des traces de manque de sommeil, comme toute personne normalement constituée. Voilà mon diagnostic. Cherche pas à la faire devenir hypocondriaque, Crocus.

Là, Crocus prit le dossier et alla directement à la dernière page avec un sourire qui n'inspirait guère confiance.

- Tu vois cette liste ? Si tu la vois développer un seul de ces symptômes, tu m'appelles fissa. Ce qui a tué son père est une maladie encore très méconnue, et on ne sait pas si elle est héréditaire, raison pour laquelle, faut garder cette sale gamine à l'œil.

Avec un sourire un peu plus grand, il referma le dossier et le mit entre les mains de Carmen.

- Félicitation, tu viens de gagner une patiente aussi entêtée que toi ! Je te la confie !

- ¿Perdon ? se fit confirmer Ann.

Crocus lâchait son cas au profit d'une fille qui, même si Ann l'aimait bien, était encore une inconnue ? Même Carmen était perplexe.

- De quoi ? HEY ! Où est ce que tu vois qu'un médecin lance à un autre son patient ? C'est pas un objet. Tu lui as demandé son avis ? s'indigna la femme-médecin.

- Le fait que tu signales ce point montre que tu es parfaite pour le job.

- ¿Seguro ? se fit confirmer Ann.

Elle prit son dossier et l'ouvrit à la première page pour voir que Crocus avait complètement gribouillé sur le nom de son père, le rendant parfaitement illisible. La jeune journaliste regarda les deux médecins, totalement perdu.

- Ce point, c'est à toi d'en décider, jeune fille, explicita le médecin en comprenant la question silencieuse. Je sais qui a formé Carmen et elle a toute ma confiance. Je sais qu'elle te gardera en bonne santé. Et puis, quand on vous voit… je me dis que ce ne peut être que le destin. Allez, je pense que vous avez autre chose à faire que de tenir compagnie à un vieux crouton comme moi.

Toujours perplexe, la D. regarda les papiers entre ses mains, puis referma le dossier et après une hésitation tendit le tout à Carmen.

- Bon, ben puisqu'on a une affaire à régler toutes les deux… tu me prends en charge, sensei ?

Carmen regarda le dossier puis les yeux argenté fendu de la nekomata. Elle soupira, tendant la main, alors qu'un léger sourire se dessina au coin de ses lèvres.

- Donne. Je te prends en charge.

- Parfait, conclu Crocus en voyant les informations changer de main. Donc, en route pour la Grand Line. Enfin le grand saut, Ann ?

- Nop, pas encore. Si je le fais là, Lu' aura ma tête. On va prendre un peu de repos à la hacienda. Surtout que je réouvre un dossier et que Javier nous a laissé des notes qui peuvent aider.

- Je profite, Crocus, fit Carmen. Tu pourras dire aux autres que je vais trainer un peu plus hors de la Grand Line ? Mais je reviens pour l'anniv de l'ancien.

- T'as un escargophone.

- La tomate alcoolique a rendu toute conversation compliquée. Jusqu'à ce que cela décante, j'use d'autres façons pour passer des messages disant que je vais bien.

Crocus hocha la tête puis regarda Ann.

- Puisque je suis désigné comme pigeon voyageur et que je vais l'appeler parce qu'il fait encore des conneries à son âge, t'as un message pour ton oncle ?

- Que Lu' va lui botter le cul et que je prendrais le pop-corn ? Non, juste bonjour, je vais bien. Quoique… j'ai croisé le clown.

L'expression blasé voulait tout dire et fit rire Crocus.

- Je vois. Bon, eh bien bonne vacances les filles.

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Mi-avril 1516

Tijuana était sur le chemin pour Baterilla. Elles avaient fait escale pour que Carmen puisse prendre l'alcool en souvenir pour sa famille. Cela commençait d'ailleurs à faire tiquer la D. de voir qu'elles avaient toutes les deux de gros secrets qui les faisait marchée sur des œufs. A côté, Grognonne avait enfin fini le sevrage, pour la plus grande joie de tout le monde. Ils devaient fêter ça. Mais certainement pas ici. Tijuana était un territoire sans loi que le Gouvernement et la Marine cherchaient en vain à reprendre sous leur contrôle. Au moins, cette absence de loi profitait à certaines industries pour pratiquer des méthodes très controversées dans la production.

Ace avait hésité un moment avant de prendre une bouteille. Petit souvenir pour Smoker. Certains diraient qu'il aurait pu lui ramener des olives rouges de son île natale, mais le yôkai savait leur histoire et clairement, ce n'était pas quelque chose qu'on offrait à quelqu'un que l'on aimait bien.

La bouteille disparut dans sa sacoche alors que Grognonne observait sous toutes les coutures la nouvelle peluche qu'elle avait acheté. L'attention du journaliste se détourna de leur camarade quand quelqu'un venant à contre sens le percuta à l'épaule.

- Oi ! Fais gaffe ! protesta le D. en se retournant pour affronter le malotru.

Il avait clairement le même âge que leur jeune protégée, mais d'une, c'était un homme, et de deux, il avait une bonne stature digne de quelqu'un qui savait et pouvait se battre, et ce, malgré la tenue qui rappelait la noblesse. Quand le haut de forme fut soulevé, dévoilant un visage fin aux grands yeux bleus, le D. faillit pousser un cri de joie.

- C'est quoi ton problème à toi ? T'es au milieu du passage, ça va ? Tu cherches les ennuis peut-être ? gronda le blond aux yeux bleus avec un rictus en faisant face au brun.

- C'est toi qui regarde pas où tu mets les pieds, coño.

Les deux belligérants se rapprochèrent l'un de l'autre, prêt à en découdre.

- Garde mon sac, j'ai une leçon à enseigner à ce petit con, siffla le yôkai.

- Ooooh, j'ai peur ! se moqua son adversaire.

Carmen récupéra la sacoche pour s'éloigner. Juste à temps, cela vira à une bagarre de chiffonnier. Comme quoi, Ace avait bien fait de mettre ses vieilles fringues, parce que Katheline aurait eu sa tête s'il avait abîmé pour si peu un de ses beaux costumes.

Finalement, c'est le D. qui se releva, essuyant le sang de son nez, un rictus sauvage aux lèvres, son pied sur le blond au sol.

- Tu devrais savoir qu'on ne se frotte pas à un Portgas comme ça, ici, dans le South Blue. Ou alors, ta maman a loupé ton éducation.

Et il montra une dernière fois les dents.

Juste l'annonce du nom avait figé les gens autour qui regardèrent à présent Ace comme si c'était le grand méchant loup. Le yôkai reprit sa casquette qui était tombé dans la bagarre et s'en recoiffa pour rejoindre les deux femmes.

- Vamos.

Il rajouta un geste de la tête pour se faire plus explicite.

Derrière, avec une difficulté un peu exagérée, le blond se releva et s'en alla de son côté avec un boitement suspect. Sous son chapeau, impossible de voir le sourire qui jouait discrètement sur le coin de ses lèvres. De toute façon, s'ils s'y étaient mis sérieusement, ça aurait duré plus longtemps et cela aurait donné plus de dégâts.

- Awn ni* Portgas-san, répondit alors Carmen.

Ace essuya un peu de sang de son nez avec le dos de sa main avant de récupérer son sac et de chercher un mouchoir dedans alors qu'ils prenaient la route des navires.

- Ridicule, fini par dire Grognonne avec son menton appuyé sur sa nouvelle peluche.

- Oh, j'assume totalement, sourit férocement le jeune journaliste.

Il sauta sur le sloop de sa mère et jeta un regard vers l'île pour s'assurer que tout le monde était retourné à ses affaires et ne s'occupait plus de lui.

- Après, quand on veut faire des coups tordus au chef de la Révolution, faut ce qu'il faut, avoua le zoan.

Il retira sa casquette et en tira une lettre qu'il montra entre deux doigts. Juste ce mot de son petit-frère valait cette bagarre de chiffonnier.

- La prochaine fois que vous inventez une pareille bêtise pour vous faire passer des messages, je vous pends la tête en bas, par les doigts de pieds à la merci des insectes. Criw o idiotiaid**. Et le pickpocket ? Vous connaissez ?

La seule réaction d'Ace fut d'hausser des épaules.

- On est des mecs, on est comme ça. Et puis, on a passé une partie de notre enfance commune à se bagarrer. C'est un peu notre façon de se dire bonjour. On a rendu ma mère presque folle à cause de ça.

Et c'était d'ailleurs comme ça qu'ils avaient fini plus d'une fois en corvée de lessive, réparation et de reprisage à l'époque. Amelia était toujours dans le fond à se moquer d'eux. Au moins ils pouvaient se vanter de savoir monter un mur et faire du béton.

- Bon, si on a un vent favorable, on sera à Baterilla en fin d'aprem.

Et il détacha l'amarre.

Grognonne secoua la tête avec lassitude et rangea sa nouvelle acquisition pour aider Carmen. Ace fit un bond en arrière avec Iro en voyant quelque chose passer devant ses yeux. La panthère se cabra en montrant les crocs, sa fourrure virant au bleu électrique sous la peur. Le D. fit un effort pour calmer son cœur et ramassa ce qui s'était planté à un cheveu de l'endroit où sa tête avait été un instant avant.

Un bistouri.

Il tourna la tête vers la médecin, pas du tout amusé. Ne savait-elle pas qu'il ne fallait pas faire peur comme ça à un chat ? C'est cardiaque comme bestiole. Il relança l'objet pour qu'il se plante entre les pieds de Carmen et détourna la tête en gonflant les joues.

- C'est la façon de saluer de ma tante. Mais elle, elle vise plus bas. Et pour le vent, je m'en charge.

Bientôt, les voiles furent déployées et ils prirent l'océan, direction Baterilla. Le vent se leva avec l'aide de Carmen.

Prendre la route pour son île faisait bizarre. Cela faisait bien deux ans qu'il n'y était pas retourné. Qu'il n'avait pas eu à se plier aux attentes de ses habitants qui espérait de lui qu'il meurt pour eux comme ils étaient morts pour lui. Il s'était sentit libre. Alors, y retourner, même si c'était pour voir sa mère et son frère, ce n'était pas ce qui lui plaisait le plus. Si ce n'était pas pour les victimes de la traque pour sa peau, il aurait tourné le dos à cet endroit à jamais. Mais il le leur devait, malheureusement. Le cycle avait eu un début, mais tant que l'île existerait et qu'il y aurait au moins un Portgas, cela ne prendrait pas de fin.

Ils filèrent dans le soleil, sous la cagnasse qui montait avec l'astre dans le ciel. Pour essayer de se rafraîchir un minimum, le jeune homme alla jusqu'à ouvrir sa chemise. Pourquoi pas, après tout, il était sous sa forme d'homme, donc, il ne risquait pas de se faire engueuler pour jouer les exhibitionnistes.

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Le soleil commençait à décliner quand les premières silhouettes des îles se montèrent. Lâchant la barre, Ace alla à l'avant de son navire et porta une phalange à sa bouche pour se mettre à siffler un rythme bien voulu. Le son traversa l'eau et pendant un instant, rien ne changea. Il allait recommencer quand un sifflement lointain lui répondit. Il hocha la tête et retourna à la barre.

- Baterilla fait partit d'un groupement d'îles n'appartenant pas au Gouvernement Mondial, expliqua le jeune journaliste. Alors, on se méfie des navires qui s'approchent des côtes. J'ai juste signalé qu'on vient en paix, qu'on se retrouve pas avec la flotte de la milice sur la route.

- Compréhensible, approuva Carmen. Surtout avec la marine qui peut ne pas hésiter à venir lorsque ça commence à sentir le roussi pour « mettre de l'ordre ».

- Ils sont déjà venus plusieurs fois. Et c'est littéralement dans notre port que mon oncle Javier a été tué par Akainu avant qu'il ne soit amiral, gronda le jeune homme.

Il manœuvra, passant devant le trimaran, ajustant les voiles et sa course. Il passa deux îles, un navire de la milice qui leur offrit un salut de la main, avant de se rapprocher de Baterilla. Une marée de vert depuis le large, qui, plus ils se rapprochaient, se dévoilait comme les feuilles des oliviers. Puis, le port et la ville se présentèrent. En plissant des yeux, Ace prit une rapide décision et contourna l'île pour l'ouest, s'éloignant du port, avant de se rapprocher de la côte quand ils ne purent plus voir la civilisation. Il n'y avait à présent qu'une silhouette solitaire sur le haut de la falaise qui se détourna en les voyant approcher.

C'est là qu'Ace décida de sauter à l'eau, se tenant avec précaution au bord. L'eau arrivait aux mollets du jeune homme qui poussa son sloop jusqu'au sable.

- Et nous y voici. Benvenido en Baterilla. La hacienda est un peu plus haut sur la falaise. Il y a un escalier qui y mène, d'où le choix d'accoster ici et éviter le port, justifia le Portgas.

Carmen venait d'atterrir dans le sable avec leur devineresse quand il expliqua cela. Alors, la médecin informa juste qu'elle allait sécuriser son trimaran. Cela laissa assez de temps au jeune homme pour récupérer certaines de ses affaires (dont sa guitare, il y tenait bien trop, c'était un cadeau de Javier après tout). Iro ne les avait pas attendu. Elle avait repéré King un peu plus loin et à présent, les deux félins roulaient dans le sable ensemble pour célébrer leur réunion.

- Prêtes pour des vacances ? demanda Ace quand Carmen eut fini sous le regard attentif de Grognonne qui s'était enroulée dans un châle.

- Oh oui, pour ma part. Et toi, chibi-grognonne ?

Le haussement d'épaule était une réponse dont ils commençaient à avoir l'habitude.

Alors, avec son chargement, les chaussures dans son sac pour faciliter la marche dans le sable, il mena les deux femmes jusqu'à l'escalier dans la façade de la falaise. Il jeta un bref coup d'œil à l'entrée de la grotte et la montra du pouce.

- Vous allez où vous voulez pendant votre séjour, juste, évitez la grotte.

Et il commença à escalader les marches jusqu'au sommet qui les fit déboucher droit dans l'oliveraie et ses fruits qui ne seraient pas encore prêt pour la récolte pour encore un moment. De là, on voyait tout juste le toit rouge de la hacienda. Il nota cependant que leur protégée fixait étrangement les arbres, avec une certaine répulsion. Il hésitait à lui demander si elle avait une mauvaise expérience avec ou si par le plus grand des hasards, elle connaissait leur secret. Quant à Carmen, elle s'était arrêtée pour regarder étrangement les oliviers auteur d'eux sans faire de commentaire.

Il hésita un instant à lui demander si quelque chose n'allait pas, avant de faire comme s'il n'avait rien vue, et de reprendre la route au travers les arbres et les fleurs sauvages.

Et cinq minutes plus tard, la hacienda était pleinement visible, même s'ils n'y étaient pas encore. En tout cas, il voyait parfaitement sa mère taillant les buissons d'hibiscus avec un panier à ses pieds pleins de légumes.

- C'est pas ma famille qui l'a construite, se défendit le jeune journaliste avant qu'on ne dise de lui qu'il était plein aux as. Quand on a chassé la famille royale et ses proches conseillers, chaque famille de l'île s'est choisi une baraque, alors, les Portgas ont pris la plus éloignée. On a juste travaillé d'arrache pieds pour l'entretenir.

Rouge se retourna à cet instant et posa ses ciseaux de jardinages, croisant les bras avec une expression blasée à l'adresse de son fils.

- Coucou ! Je suis rentré ! salua joyeusement Ace.

- Je vois ça, dit sa mère. Je devrais te consigner dans ta chambre pendant le prochain siècle, pour avoir eu le culot de profiter du départ de ta cousine afin de fuguer…

- ¿Pero ? devina son fils.

- Tu es bien trop le fils de ton père pour rester en place, j'aurais dû m'en douter. J'aurais préféré que tu m'avertisses avant de fuguer, ça m'aurait évité des cheveux blancs.

- Où donc ?

Ace fit mine de chercher les cheveux blancs pour se prendre une claque à l'arrière du crâne. En soupirant, Rouge se tourna vers ses invitées.

- Bonsoir, je suis Portgas D. Rouge, la mère de ce petit idiot. Merci d'avoir gardé un œil sur lui, sourit-elle avec sa douceur coutumière.

En regardant sa mère, le jeune réalisa à quel point le temps avait passé. L'image qu'il conservait d'elle la montrait si jeune et rayonnante, et là, les rides commençaient à se montrer. Discrète, certes, mais elles étaient là. Et en effet, les premiers cheveux blancs s'étaient manifestés. Comment en deux ans, cela avait pu se manifester ? Avait-elle raison et était-il la cause de ce subit vieillissement ?

- Dydd da*** Mrs. Bonjour. Je suis Rhyddid Carmen, médecin. Un plaisir de faire votre connaissance, madame, salua Carmen en s'inclinant respectueusement.

Grognonne s'inclina en silence, sans rien dire. Rouge regarda son fils qui lui fit bien comprendre de ne pas demander. Elle se trouverait un prénom, il le savait. Il n'allait pas la pousser ou lui en imposer un. Rouge s'avança vers elles et posa une main douce sur le bras des filles, toujours avec un sourire doux.

- Je suis enchantée de vous rencontrer. Sachez que tant qu'il y aura un Portgas dans cette maison, vous serez ici chez vous. Peu importe vos soucis, vos ennemis et vos vies, notre porte vous sera toujours ouverte.

Ace l'avait jamais réalisé auparavant, ayant que trop rarement vu sa mère se confronter à des gens extérieur de l'île, mais elle avait un instinct qui pouvait faire froid dans le dos. Et sa façon d'ouvrir sa porte, comme ça, sans question, en disait long. Il allait demander à son père si c'était pour ça qu'il l'avait choisi quand quelque chose de gelé chuta sur lui, suivi d'un bruit de plastique et du noir. Il était trempé jusqu'à l'os.

- Oh, un chat mouillé, se moqua une voix à l'étage.

Impassible, le jeune journaliste retira le seau sur sa tête et fixa sombrement Luffy qui se tenait sur la rambarde de la coursive de l'étage, souriant fièrement à son frère aîné avec les poings sur les hanches.

- Je vais t'en foutre des chats mouillés, Luffy, feula Ace.

Il allait se changer pour sauter sur son frère quand sa mère se racla la gorge.

- Tu toucheras deux mots à ton frère plus tard, jeune homme. Après avoir rangé tes affaires, par exemple. Luffy, descend s'il te plaît.

- D'accord !

Luffy sauta immédiatement de l'étage, toujours souriant.

- Bonjour ! Moi, c'est Luffy et je serai le Roi des Pirates !

- Rhyddid Carmen, médecin, se présenta Carmen. Enchantée Luffy. Voici Chibi-grognonne. Enfin, c'est le surnom qu'on lui donne jusqu'à ce qu'elle se choisisse un nom.

Et elle offrit une main à Luffy qui la lui serra avec bonne humeur. Puis, la devineresse s'approcha à son tour et lui offrit une main.

- Je suis heureuse de faire ta connaissance, Joy Boy.

Pour une raison qui échappa à Ace, Roger se mit à hurler de rire en se tapant sur les cuisses en répétant « je le savais ! ».

- Ace, cariño, quelque chose ne va pas ? demanda sa mère.

- Le vieux a pété un plomb. Rien de nouveau.

- Pas surprenant vu qu'il a des racines à la place de la cervelle, commenta Luffy. En tout cas, j'adore tes plumes, Grognonne ! Et toi, t'as de jolis cheveux !

- Et toi, t'as vraiment besoin de te calmer, reprocha Ace à son petit-frère. Et je sais ce que tu es sur le point de dire. Réfléchis. Tu veux prendre le risque de te faire frapper par trois femmes ?

Luffy sembla réfléchir, puis avala ses lèvres, retenant la remarque qu'il devait réserver à son frère et qui aurait pu se retourner contre lui.

- Pendant que ces messieurs continuent leurs bêtises, je vais vous montrer vos chambres, invita Rouge en ignorant les deux jeunes qui se chamaillaient dans la joie et la bonne humeur. Ah, et Ace. Ray-san t'a envoyé une lettre, tu penseras à lui répondre, d'accord ?

- Je veux bien que les mouettes postières soient rapide, mais comment a-t-il eut le temps de savoir que je rentrais à la maison et donc m'envoyer du courrier ici, depuis Shabaody.

- Peut-être parce qu'un oiseau n'a pas à craindre les Calm Belt, proposa Rouge. Il y tient à son filleul, tu crois quoi ? Venez les filles.

Le vent tomba littéralement. Pas un souffle. Rien.

- Ray ? Comme Silvers Rayleigh ? L'ancien second de Roger qui vit à Shaboady ? On parle bien de celui-là ? demanda Carmen d'un air interdit.

- Peut-être bien, sourit énigmatiquement Rouge en tournant les talons. Allez, c'est par ici.

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*Allons-y (gallois)

**Bande d'idiots

***Bonne journée