Bonjour à tous, on se retrouve tous aujourd'hui pour les aventures de Portgas, Durgâ et Carmen, et leur enquête pour sauver la mémoire d'Aarch.
Merci encore d'être au rendez-vous et merci à Yuwine pour la review.
Yuwine : Oui, même si Garp peut être con, il peut être utile./ Je suis certaine que Durgâ est contente d'avoir été utile. Et c'est une huile essentiel qui existe vraiment. Je me suis bien marrée en la trouvant par hasard en pharmacie rayon vétérinaire.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt.
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Début septembre 1516
Ace s'était levé tôt le lendemain matin pour écrire un « article ». Quelque chose à donner à la Marine pour justifier son passage sans qu'ils soupçonnent qu'ils bossaient sur le cas Rhyddid. Vu qu'ils n'avaient fait qu'explorer la surface de la situation si particulière de Navarone, c'était Bruno qui s'était chargé de répondre à ses questions. C'est donc avec un brouillon en main et de nouveau son apparence de femme que le D. se présenta pour le petit-déjeuner devant le bureau du vice-amiral qui prenait le repas avec son épouse. Quand il fut autorisé à entrer, il déposa le brouillon de l'article à côté de l'officier et recommença à frotter nerveusement ses poignets l'un contre l'autre pour aider à l'absorption des gouttes qu'il avait remis pour garder son calme.
Curieux, Jonathan reposa son café et prit les papiers sur son bureau pour les lire. Et la surprise se voyait clairement sur son visage.
- Chérie, laisse-nous un instant, je te pris, réclama le roux.
Sa femme se leva, perplexe et accepta de sortir. Quand la porte claqua, le marine reposa ses documents.
- Aucune des questions d'hier n'est allé bien loin sur le sujet de la base, pourtant, vous en avez parlé comme si vous saviez déjà tout dessus. Comment avez-vous fait ?
- J'ai interrogé les bonnes personnes.
- Lesquels ?
- Je préfère ne pas répondre à cette question. Il s'agit de vendre un atout précieux qui peut me sauver la vie, vous pouvez comprendre que je tienne à le garder secret. Mais n'ayez aucune crainte, il ne s'agit d'aucun de vos hommes.
- Garp ?
- Eeeh… non. En attendant, ce papier, il va servir à justifier ma visite, qu'on ne se doute pas que je bosse sur l'affaire Rhyddid.
Le journaliste tendit un stylo au marine avec un sourire.
- Les informations doivent dater un peu, alors, si vous pensez que c'est nécessaire, je vous en prie, faîtes les corrections.
Avec un rire, Jonathan l'accepta et commença quelques rares corrections sur les notes du D. qui attendait patiemment qu'il finisse.
- Peu importe comment vous vous y êtes prise, demoiselle, vous avez un don dangereux si vous parvenez à obtenir des informations comme ça, sans vous adressez à quelqu'un de la base. Très dangereux.
- Je sais, d'où le pourquoi je n'entre pas dans les détails.
Sans compter qu'il avait de la chance. Les Portgas étaient unis comme les doigts de la main. Vivant ou mort, veiller sur les leur était dans leur nature. Alors, ils protégeaient le jeune zoan d'esprits plus amères qui pourraient lui apparaître. Et il en serait éternellement reconnaissant. Il se faisait même la promesse de veiller sur le prochain porteur de ce fruit. Parce que les morts pouvaient réserver d'affreuses surprise. L'article fut rendu à nouveau et Jonathan lui sourit.
- Ce fut un plaisir.
Il tira ensuite un papier de son haut d'uniforme et le donna au D.
- Je n'ai peut-être plus les preuves, mais ce sont les quelques noms dont je me souviens. Ils pourront aider.
- C'est un plaisir de faire affaire avec vous. Ah, et vous devriez recevoir sous peu le News Coo. Je me suis arrangé pour que vous puissiez avoir les nouvelles en dépit de la censure persistante de vos supérieurs.
Alors que Jonathan retenait un rire, Ace tira sur la visière de son couvre-chef et quitta le bureau. La femme avait attendu patiemment dehors et rentra de nouveau dedans avec un regard perplexe pour le journaliste. En sifflotant, le D. suivi son guide jusqu'au trimaran et disparu rapidement à l'intérieur.
- Salut les filles ! On se casse ? salua le journaliste.
- Rapidement serait le mieux. On est prêt au départ en tout cas, lui répondit Carmen.
- Je passe un coup de fil au boss et on est bon.
Il attrapa son denden pour appeler Morgans en jetant un œil dans les modifications fait par le vice-amiral. La conversation avec le patron ne dura pas longtemps. L'interview de Navarone avait donné un quelque chose d'intéressant, mais sans plus. Cependant, il le tiendrait informait. Ils étaient en route pour Water Seven, pour le coup. Donc, il y avait une possibilité de se retrouver là-bas, ce qui l'arrangerait. Il voulait lui demander quelque chose et en face à face pour réduire les risques de voir la conversation interceptée.
Il raccrocha et rejoignit les filles sur le pont pour aider à la manœuvre. Il attendrait qu'ils soient plus loin avant de redevenir un homme.
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Water Seven.
Ann resta sur le pont, accrocher aux cordages, tenant sa gavroche dans sa main libre, observant la citée que son oncle lui avait décrite quand elle était gamine. Ce qui l'intéressait surtout, c'est que c'était là où l'Oro Jackson avait vu le jour. Elle se doutait qu'elle ne trouverait aucune trace de sa construction. Mais…
- Tu ne trouveras rien, ici, lui dit Roger. Ou du moins, rien en rapport avec moi.
En soupirant, ses épaules s'affaissèrent.
Elle trouverait. Elle trouverait l'explication sur la mort de son père. Sur ce qu'il savait.
C'était tout ce qu'elle avait pour faire le deuil de son géniteur.
Mais ce n'était pas pour ça qu'ils étaient ici. Certes, Ann profitait de l'escale pour rencontrer Morgans, mais principalement, elles étaient là pour faire la révision du navire et surtout… refaire le dortoir. Depuis Navarone, les lits avaient été quasi désertés. Dormir en boule au milieu des couvertures et des coussins rassemblaient en un semblant de nid avaient été… agréable. Une façon de se rappeler qu'elles n'étaient pas seules. Qu'elles pouvaient compter sur les autres quand ça n'allait pas. Pour la première fois depuis qu'elle avait fugué, Ann avait oublié la pression qu'elle subissait en permanence. Cette attente de l'île de la voir mourir pour eux. Pour une fois, elle avait l'impression d'être elle, pas ce qu'on attendait d'elle. Et c'était agréable. Et drôle. Et oui, très confortable. Donc, pour le coup, elles allaient user de ce qu'il restait du dernier salaire d'Ann pour tout refaire. Plus de fluff. Carmen avait dit qu'elle s'en occupait avec Durgâ. Vu que c'était son trimaran, Ann était d'accord pour la laisser faire.
En soupirant, elle s'assit sur un banc de la Blue Station où elle s'était rendue en quittant le trimaran, ignorant royalement l'Umi Ressha qui s'apprêtait à partir.
- Il a réussi, le vieux filou, nota Roger avec un sourire.
Anabela ramena ses jambes sous elle, en tailleurs. Elle tira de sa sacoche son carnet de dessin et commença à dessiner. Carmen avait peu de photos de son père, alors, la nekomata avait l'intention d'utiliser son don pour faire un maximum de portrait du fantôme. Autant mettre à profit l'attente. Morgans devait la retrouver ici de toute façon. Elle arrangea de nouveau sa casquette, jeta un nouvel œil à Aarch qui discutait avec Roger, plissa un œil, et retourna à son dessin.
Le brouhaha de la gare s'apaisa lentement. Des familles, des travailleurs, des touristes… toutes personnes susceptibles de prendre le train, avaient déserté les quais. Il ne resta bientôt plus que les chefs de gare et Ann dans son dessin. D'ailleurs, cela n'échappa certainement pas aux deux employés de la gare qui se mirent à chuchoter entre eux de façon frénétique. Puis, le plus grand et fin des deux donna un coup de coude à son camarade un peu plus rondelet qui se mit à rougir frénétiquement. Il inspira profondément, comme pour se donner du courage, avant de se mettre à glisser à pas chassée pour rejoindre le banc où la D. faisait son dessin. Puis, il resta là, à se balancer d'avant en arrière, les mains dans le dos, son grand képi bien ajusté de son crâne.
Aucune réaction de la zoan.
- Belle journée, n'est-ce pas ?
- Hmhm.
- Vous venez souvent par ici ?
- J'ai dix-sept ans, ossan.
- HIIIII !
Le chef de gare poussa un cri de peur et alla se cacher derrière son collègue. Cela tira un sourire de coin à la jeune femme. C'était rare quand elle donnait son âge, mais huit fois sur dix, c'était suffisant pour faire fuir les gars soit louche, soit pas à son goût. Le reste du temps, elle gardait cela pour elle.
Sa tranquillité retrouver, elle reprit son dessin pour patienter.
- ANABELA !
Le D. releva la tête pour regarder derrière elle en reconnaissant la voix de son employeur. Elle rangea son carnet de dessin, puis sauta par-dessus son banc.
- Bonjour, patron.
Du coin de l'œil, elle nota que les deux chefs de gare avaient recommencé à chuchoter entre eux. Morgans passa une aile affectueuse autour des épaules de sa jeune journaliste et l'entraîna avec lui un peu plus loin.
- Tu voulais donc me parler en personne pour ton nouvel article ?
- Et en privé.
- Je connais un bon coin pour ça.
Et il embarqua la demoiselle au travers la cité, des canaux et des touristes, jusqu'à une zone à l'abandon avec quelques épaves mais personne dans les environs. Un terrain vague avec aucune bonne cachette pour les espionner. C'était parfaitement ce dont avait besoin Ann. Alors, elle donna son article à Morgans qui le lut avec attention.
- C'est dingue les progrès que tu as fait en si peu de temps. C'est un bon article, je peux te faire une place en troisième page, si tu veux.
- Justement non.
L'homme-albatros regarda sa reporter avec surprise. Généralement, tout le monde se battait être dans les premières pages.
- Comme je l'ai dit, malgré les articles que je fais de temps à autre, je suis sur un gros dossier. Un très gros truc. Et c'est une partie d'échec avec des vies en jeu. Je dois faire attention à chacun de mes mouvements pour essayer d'avancer dans cette enquête sans me dévoiler et tout perdre.
Le directeur du journal croisa les bras dans son dos et observa avec attention la demoiselle qui expliquait son plan.
- En interviewant le vice-amiral Jonathan, j'ai réalisé que mon dossier était encore plus gros et plus dangereux que ce que je pensais à la base. Et lui-même est coupé du monde pour s'assurer qu'il ne dira rien. Pour avoir cet interview, il a dû demander l'autorisation à des personnes qui sont potentiellement visées par mon enquête. On attend donc que je sorte un article.
- Je commence à voir où tu veux en venir. Tu veux faire croire qu'on n'accorde pas grande importance à ce qu'aurait raconté le vice-amiral, pendant que derrière, tu nous fais un gros article pour les poignarder dans le dos dès que tout sera prêt.
- Je prépare un dossier important, pas un simple article. Corruption, mensonges, enlèvements d'enfants, esclavages, drogues, trafic d'armes. Tout ça, derrière un seul nom, dans un seul dossier. Je prépare un reportage qui va faire du bruit et éclabousser très haut.
- L'homme qui a refusé de te laisser une chance dans son journal ou même de t'apprendre les ficelles du métier doit s'en mordre les doigts.
- Il a potentiellement plus de dents pour le faire. Il s'est pris mon pied dans la tête durant mes vacances en South Blue.
Le journaliste eut un grand rire avant de regarder à nouveau l'article entre ses plumes.
- Bien, je marche dans la combine. Tu as besoin de quoique ce soit ?
- Des archives des éditions qui ont été sortis entre les années 1491 et 1502.
Elle avait donné volontairement des dates aussi larges pour couvrir un maximum de terrain et cacher aussi ce sur quoi elle travaillait vraiment. Elle ne faisait pas confiance à Morgans. Enfin, juste assez. Suffisamment pour savoir que si elle visait trop haut, il pouvait la vendre pour sauver ses plumes. Cela finirait par arriver. Le tout était de savoir quel sujet serait trop gros pour qu'il ne puisse plus se permettre de prendre les coups pour sa journaliste, aussi prometteuse soit-elle.
- As-tu réfléchi à mon offre ? demanda Morgans, perçant les pensées de la demoiselle devant lui.
- …Oui.
- Je ne vois que toi pour ce rôle.
- Parce que je suis jeune et jolie ? ironisa-t-elle.
- Entre autres. Mais aussi, parce que tu en as les moyens. Tu mérites qu'on puisse associer un visage à tes écrits, de ne pas être une rédactrice anonyme dans la foule.
- De toute façon, je suis tombée sur rien méritant un reportage en direct. Je… écoutez, si un jour, l'idée me vient de faire des directs, je vous ferais signe. De toute façon, je n'ai pas la tête à ça, avec ce dossier. Il va me prendre encore énormément de temps. En toute honnêteté, si j'arrive à le boucler avant la nouvelle année, cela sera un miracle.
- Tu m'as surpris avec Nassau, puis l'Éclat Pourpre. J'attends donc beaucoup de ce mystérieux article. Je te laisse le temps nécessaire du moment que tu me tiens au courant de son avancement. Tu en es encore à la récolte d'informations, n'est-ce pas ?
Ann hocha la tête.
- Eh bien, bon courage.
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En courant, n'hésitant à passer par les toits en Free Running, Ann retrouva ses amies dans les rues de Water Seven.
- J'ai fini de mon côté et j'ai déjà fait un passage en banque pour l'argent du chèque. On va pouvoir refaire la décoration.
Et elle attrapa le bras de Durgâ d'un côté et celui de Carmen de l'autre avec un grand sourire.
- Alors, on commence par quoi ?
- J'ai besoin de racheter deux trois choses. Des vêtements, possiblement, et des objets de décoration. Durgâ ?
- Plantes. Beaucoup de plantes, dit l'elfe. Et une boutique ésotérique.
La demande fit hausser des sourcils la D. qui se tourna vers Carmen.
- Tu sais si on trouve une boutique de ce genre ici ? Si c'est le cas, je devrais pouvoir trouver de quoi refaire un vieux poison de famille. Cela peut toujours être utile, fit Ann.
- Water Seven pourrait te surprendre, dit la bicolore. Je propose qu'on commence par les vêtements et les plantes puis, qu'on reprenne les bulls pour descendre dans la zone inférieure. Mais, plante ? Plante fraîche ?
- Pas toutes, dit doucement Durgâ.
- Iro, vient ma grande, on va les suivre en courant ! Ça va nous faire de l'exercice, encouragea la yôkai.
La panthère prit de l'avance en courant déjà jusqu'à l'autre bout du trottoir pour les attendre en agitant la queue, sa fourrure prenant une teinte jaune solaire.
- Ah, et il faut du chocolat. Avec la nouvelle zone dortoir, imaginez un peu. Une tempête, les couvertures, les tapis, les coussins…
- Et les peluches, insista Durgâ.
- Oui, les peluches, Durgâ. Donc, tout ça… avec un chocolat chaud et une bonne grosse tempête. C'est pas une image de rêve, ça ?
- Vous êtes sur la Grand Line, pas en soirée pyjama, rappela avec amusement Roja derrière les filles.
Le tic qui agita l'oreille d'Ann était le signe qu'elle l'avait entendu mais ne lui répondit pas, même si le commentaire était assez amusant. Pour dire vraie, elles n'avaient pas eu énormément de soucis.
- Bon, allons-y. Actuellement, des charpentiers sont déjà à descendre vers le Calypso. Donc… boutiques !
- YOUHOU !
Et rien ne retint les femmes. Même si Durgâ garda un peu de retenue, c'était bientôt trois jeunes demoiselles qui faisaient du lèche-vitrine. Tout y passa. Elles passèrent une après-midi à rire, à faire les emplettes et les idiotes, ne faisant qu'une pause en fin d'après-midi, à l'heure de la fin du travail de la majorité des gens, pour se prendre une boisson dans un café. Iro était contente d'avoir bien courut et les jeunes femmes avaient des sacs à ne plus s'avoir quoi en faire. Heureusement qu'elles avaient une force au-dessus de la moyenne (Durgâ commençait à s'en sortir pas trop mal de son côté, bientôt, la lance ne serait plus un problème à manier). La seule chose qui avait mis un peu de plomb dans l'aile de cette virée shopping, c'était la présence de gens étranges, des malfrats, clairement, qui les avaient suivis et surveillées tout au long de leur balade.
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La hache à la hanche, un café frappé dans une main, Ann faisait le tour de la ville, suivant Javier et Roger qui étaient déterminés à lui montrer les coins les plus cool et excitant de cet endroit. Certes, cela voudrait dire qu'elle passerait le reste de la semaine à se faire chier, vu que le trimaran serait obligé de rester à terre durant tout ce temps, mais qui sait, elle trouverait bien une idée pour s'amuser ou se défouler. Elle avait entendu parler d'un ring underground dans les environs, alors, échanger quelques coups pourraient se faire.
- Hey, poupée ! T'es seule ?!
Ann s'arrêta et jeta un œil derrière elle. Trois types louches venaient de débarquer derrière elle. Et pas besoin de regarder devant elle pour voir que d'autres coupaient la voie devant elle.
- Poupée n'est pas un terme que j'emploierai pour me définir, messieurs. Je ne suis pas comestible.
La voix froide de la brune fit rire les hommes qui se rapprochèrent rapidement de leur cible.
Sluuuurp
Le son que produisit la paille de la nekomata au fond de son gobelet de papier disait qu'il n'y avait plus de café glacé à boire. Avec un soupir, elle détendit la lanière de sa sacoche pour qu'elle pende très bas sur sa hanche, tombant presque au genou.
Le premier qui eut le malheur de vouloir l'approcher de retrouva envoyer dans le mur, le gobelet de papier et la paille écrasée contre son visage. Le second se mangea un pied et le troisième un coup de la sacoche qui avait été utilisé comme arme et qui se balançait au bout de sa lanière dans la main de la brune.
Un sourire fou étira les lèvres de la zoan et elle se mit à rire comme une dingue alors qu'elle esquivait les coups et les attaques de ses assaillants comme si c'était du vent. Elle prit appuis sur un mur, défiant un instant la gravité pour arriver jusqu'au toit et se projeter vers le ciel avant de se laisser tomber comme une tonne de brique sur un autre homme.
- Halte ! Qu'est-ce qu'il se passe ici !?
Quelqu'un d'autre venait d'arriver dans l'allée. Un homme grand. Et très fort. Ann le sentait, si elle devait se battre avec lui, elle devrait y aller de toutes ses forces. Ce gars était un charpentier au chantier naval, si elle en jugeait sa tenue et le marteau à sa ceinture. Il avait de long cheveux noirs touffu sous un haut de forme. Un pigeon blanc, avec une cravate rouge, se tenait sur son épaule droite.
- Merde ! C'est Lucci ! Cassez-vous !
Et les jouets de la nekomata prirent la fuite en embarquant leurs camarades à terre.
- Tout va bien, mademoiselle ? demanda le pigeon alors que « Lucci » restait aussi immobile qu'une montagne et aussi impassible qu'un glacier.
- Va falloir que je trouve de nouveaux jouets si je veux pas me faire chier pour le reste de mon séjour, soupira la brune.
Elle réajusta sa sacoche, resserrant la lanière, avant de se tourner vers le charpentier. Bel homme, elle le lui accordait. Mais il était dangereux. Il sentait le sang, et le fauve. Une odeur qu'elle associait vaguement à King, généralement.
- Cet homme est dangereux, Ann, rappela à l'ordre Javier.
Sa nièce l'ignora.
A pas lent, elle se rapprocha de l'homme à peine plus âgé qu'elle. Il devait avoir quoi… cinq ans de plus qu'elle, voir à peine plus. Pendant un moment, ils se regardèrent dans le blanc des yeux. Son parfum, en dépit des embruns marins et de la sciure de bois, respirait la violence, la puissance, la force. La sauvagerie. Quelque chose qui mettait ses hormones en overdrive.
- Alors… on peut chacun aller de notre côté, oublier cette rencontre et les questions qui vont avec, et ainsi, sauver ce que l'on veut garder pour nous… ou on peut essayer de faire taire l'autre et provoquer une scène monumentale qui ne fera que causer des ennuis à celui qui en survivra, dit-elle.
Aucune émotion, outre un vague amusement, n'apparut sur le visage du brun.
- Alors nous sommes d'accord. Buenas noches.
Et elle contourna Lucci et son pigeon, une main sur la hache qu'elle n'avait pas utilisé dans son combat contre les idiots qui l'avaient attaqué. S'il pensait l'attaquer par derrière, il allait avoir une mauvaise surprise.
- Café ?
La voix était différente de celle du pigeon. Elle était plus profonde et fit courir un frisson le long de l'échine de la D. qui se retourna immédiatement.
Lucci s'était accroupit pour ramasser le gobelet écraser couvert de sang.
- Glacé, n'est-ce pas ?
Il se releva en formant une boule de carton avec le déchet en refermant simplement de son poing.
- Ah ! Tentative d'assassinat en t'envoyant en l'air avec ta cible ! T'as pas plus original, gatito ?
- Oui. Juste la distraction, pas l'assassinat. Je sais que tu bosses avec Morgans, te faire disparaître serait dangereux pour mon boulot.
Ann passa sa langue sur un de ses crocs avec un sourire et revint vers l'étrange homme.
- Je bosse pour Morgans, justement. Je pourrais chercher à savoir ce qui amène le Gouvernement à se mettre sous couverture à Water Seven.
- Tout comme je serai curieux de savoir ce qu'une jeune journaliste comme toi cherche ici.
- Des coussins, des tapis et des peluches.
Lucci ferma les yeux et secoua vaguement la tête.
- Si tu veux pas que je mette mon nez dans tes affaires, cesse de me titiller. Ou alors, trouve une bonne distraction, souffla la brune.
Au-dessus de leur tête, un orage éclata. Pas de pluie, juste des éclairs qui zébrèrent le ciel avec leur grondement, accompagnant un vent lourd et humide.
Un bras puissant passa autour de ses hanches et l'attira contre la carrure musclée du charpentier. Ainsi coller à lui, elle sentait tout et bien plus encore.
- Je peux bien trouver quelque chose pour te garder distraite.
Ann déglutit, la bouche subitement très sèche alors que la pluie commençait à tomber.
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C'est une journaliste sur les rotules qui retourna au trimaran le lendemain matin. Elle n'avait pas dormi de la nuit. Pas plus que son partenaire. Autant l'un que l'autre avait conscience que l'instant où ils détourneraient les yeux leur serait fatal. Elle lui avait dit. Si elle découvrait pourquoi il était là, et que ça ne lui plaisait pas, il aurait sa hache entre les deux yeux. Alors, dans ce genre de condition, le sommeil n'était pas recommandé.
Elle regarda sa main. Avant de partir, Morgans lui avait refilé un petit anneau de kairoseki qui pourrait l'aider à cacher son zoan au besoin. Elle doutait qu'il ait eu en tête qu'elle allait l'utiliser principalement pour ses aventures nocturnes. Elle l'avait enfilé dès qu'elle avait fini dans un hôtel avec Lucci, et pour une bonne raison. Certes, le gars devait savoir qu'elle était elle aussi un zoan chat, mais sans les attributs signatures, aucun dossier complet ne pourrait être fait à son nom. Autre avantage, cela lui épargnée les remontrances de la famille.
Elle arriva au trimaran pour voir que des idiots avec des étoiles rouge rosée sur leur tenue faisait la serpillère dans les environs, jetés en tas pas loin du matériel de réaménagement. Les ouvriers n'étaient pas encore là, parfait, elle allait pouvoir se prendre une douche et se changer avant de fouiner pour trouver ce potentiel club de combat underground.
- Buenas chicas, c'est quoi les hommes-serpillèrent dehors ? se renseigna la journaliste en posant sa sacoche sur le plan de travail de la cuisine.
- Salut, et ce sont des idiots, répondit l'elfette.
- ...Mais encore ?
- Ils ont cru qu'on avait laissé le trimaran sans surveillance. Je leur ai prouvé le contraire.
- Beau travail ! Tu leur as botté le cul, et ça, ça veut tout dire ! sourit avec fierté Ann.
Elle embrassa Durgâ sur le crâne avant de lui faire un gros câlin. Ceci fait, elle se servit un grand café qui venait de finir de couler.
- Sinon, Carmen, l'orage, c'était en quel honneur ?
- Pas moi, répondit la logia. J'avais un partenaire de lit particulièrement endurant et... juste comme il le faut. L'appart, néanmoins, n'a pas survécu à notre occupation. Je portais mes bracelets pour éviter le pire.
- Je veux bien qu'on soit sur la Grand Line, mais il a débarqué un peu trop brutalement pour être naturel et... pourquoi tu essayes de disparaître sur ta chaise, chiquitina ?
La mention de l'orage avait fait se recroqueviller la jeunette comme si elle cherchait à disparaître. Et quand Ann la prit sur le fait, elle se figea, comme prise en faute.
- C'est toi l'orage ? se fit confirmer la yôkai.
L'elfette hésita, avant de lentement, hocher la tête.
- C'est... giga cool ! sourit largement la journaliste. Tu es badass, cariño et chaque jour en est une preuve supplémentaire !
Si ça continuait, Durgâ allait avoir la tête en feu tellement elle rougissait.
- Si ça continue, je vais t'adopter dans la famille. Et n'ai pas honte d'avoir été puissante. Sois fière de ce que tu es. Ici, on est juste les enfants de l'océan, dit Carmen à l'elfe.
- Oi, mollo ! Ma mère l'a déjà adoptée ! Tu veux la vexer !? protesta Ann en prenant l'elfe dans ses bras.
- Je ne préfère pas être dans la mauvaise liste de ta mère, merci. Donc je m'abstiendrais. Mais l'idée reste la même.
Ann allait lui répondre quand son Haki reconnu son partenaire de la nuit qui arrivait en groupe. Elle attrapa en coup de vent son sac avant de s'enfoncer dans le trimaran pour sortir par un hublot arrière. Elle lui avait pété le nez durant leur nuit d'ébat, alors il risquait d'avoir du mal pour sentir son odeur, mais elle n'allait pas prendre le risque de mettre Carmen et Durgâ en danger suite à cette rencontre. Accrochée à l'extérieur du trimaran, à quelques millimètres de l'eau, elle écouta l'équipe de charpentiers arriver dans le navire. Lentement, veillant à ne pas faire trop de bruit, elle retira l'anneau de kairoseki de son majeur en s'aidant de ses dents. Elle le recracha dans sa seule main de libre et le glissa dans sa poche. Usant de son agilité féline retrouvée, elle courut un instant sur la coque du trimaran avant de rejoindre la terre ferme et prit la fuite vers la ville pour disparaître dans les toits sous son apparence animale. Là, elle s'allongea, espionnant de loin le trimaran. Au loin, elle vit Carmen et Durgâ sortir sur le pont.
- Tu es fière de toi ? demanda l'esprit de Roger en s'asseyant à côté de sa fille.
- Ta gueule.
- Tu dois vraiment te calmer.
- Deux zoans face à face, dont une femelle qui a ses chaleurs… tu t'attendais à quoi ? De toute façon, j'y retourne ce soir.
- Tu te fiches de moi !?
- J'aurais sa peau avant qu'on parte de Water Seven. Ça, ou j'arriverais à incruster mon image tellement bien dans son esprit qu'il ne pourra même plus se masturber sans crier mon nom.
- ANABELA !
- Ce gars, je vais le hanter, le briser. L'ensorceler. Le priver de sa raison. Le rendre fou. Quel que soit la raison pour laquelle il est ici, il échouera. Soit parce que je serais tellement accrochée à ses rétines qu'il ne pourra plus penser à autre chose qu'à moi, soit parce qu'il sera mort.
Le silence de Roger l'alerta, la faisant tourner la tête pour affronter le regard de son père. Et Gol D. Roger était tout sauf content.
- Tu devrais avoir honte de toi.
- De quoi ? De vivre ? De m'amuser ? Ou de pouvoir profiter de choses qui ne sont plus qu'un vieux souvenir pour toi, parce que tu es mort ? Ou alors, parce que je suis une fille, je n'ai pas le droit de profiter de mon corps comme je l'entends ? Dis-le. Vas-y. Je suis une salope ? Une fille facile ? Grand bien te fasse, j'en ai rien à branler.
Et elle recommença à surveiller le trimaran. Sans un mot, Roger disparut avec un lourd regard pour son enfant. Ann s'installa donc tranquillement sur ses pattes avant et ferma les yeux. Après une nuit blanche, une sieste au soleil, elle n'allait pas cracher dessus.
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Ann tenue parole. Pendant une semaine, elle rendit visite à Lucci. Elle avait son odeur après tout, elle pouvait trouver son appartement.
Alors, elle revint.
Nuit après nuit.
La première fois, Lucci avait ri froidement, brisant encore une fois pour elle son rôle de ventriloque. Il lui avait demandé si elle tombait amoureuse ou addicte. Ann lui avait ri au nez avant de le frapper avec sa hache. Pendant un moment, ils s'étaient battus, s'administrant quelques blessures. C'était d'une certaine fierté pour la D. de savoir que ce Rob Lucci avait plus de mal qu'elle alors qu'il ne portait pas de kairoseki par rapport à elle. Puis, comme si c'était la logique conclusion, ils avaient fini sur le tapis ensanglanté, luttant pour gagner dominance durant leur frénétique copulation.
Au matin, ils quittèrent ensemble l'appartement, pour être certain que l'autre ne l'attaquerait pas dans le dos. Puis, une fois dans la rue, en présence de témoins, ils se séparaient. Lucci ne pouvait pas l'attaquer sans mettre en péril sa mission première et Ann ne pouvait pas non plus le faire sous peine de se retrouver avec une prime facilement évitable et toute une carrière remise en question. Donc, au petit matin, elle retournait au trimaran. Juste le temps d'une douche et d'un change, avant de fuir à l'arrivée des travailleurs puisque Lucci était dans le tas et qu'elle ne voulait pas risquer qu'il découvre son lien avec les autres, surtout quand Durgâ avait pris l'initiative de tout faire disparaître. Le reste de la journée, elle le passait à faire de courtes siestes et à enquêter, cherchant absolument à découvrir après quoi ils étaient.
Lucci dû comprendre qu'elle avait trouvé puisqu'elle se montra plus vicieuse et violente… plus déterminée à le tuer, la septième nuit. Mais comme les précédentes, ce ne fut pas suffisant.
Alors, après une nouvelle nuit blanche de violence meurtrière et de passion sexuelle, ils se séparèrent. Ann savait que c'était l'avant-dernière fois, quant à Lucci, allait savoir. Mais cette fois, elle ne revint pas immédiatement au trimaran. Sous sa forme de chat, elle fila vers le bureau du grand patron de Galley-La : Iceberg.
Quand l'homme arriva à son bureau, il se figea en voyant le yôkai assit dessus. Cependant, la D. se contenta de déposer le message bien en vue, et de se redresser. Elle porta une griffe à ses babines en signe de silence, poussa un peu plus son avertissement écrit vers l'homme, avant de tourner les talons et disparaître par une fenêtre, comme elle était venue.
C'est donc avec une côte cassée, un œil au beurre noir et trop de souvenirs de ce qui avait été une nuit bien sauvage qu'elle revint au trimaran. Elle posa une copie de ses découvertes sur la table de la cuisine, pour que Carmen puisse lire, avant de rejoindre la salle de bain pour se débarrasser de l'odeur de l'agent du gouvernement qu'elle avait encore sur sa peau. C'est donc après s'être changée en des vêtements plus confortables et débarrassée de l'odeur empoisonnée de ce type du CP9 qu'Ann revint dans la cuisine, une serviette encore autour du crâne.
- J'ai laissé un message d'avertissement à Iceberg. En main propre… autant que ma forme animale puisse avoir des mains.
Elle se prit un café et s'appuya nonchalamment contre un mur, essayant de camoufler la précaution de ses gestes à cause de sa côte.
- Tu t'es mise dans une position compliquée, pointa Carmen. Bien... montre-moi dans quel état tu t'es mise. Et ne pense pas dire que ce n'est rien.
Mince, elle s'était faîte percée à jour.
- Si je dis que ça va passer et que c'est rien, tu me crois sur parole ?
- Nous partirons dès demain matin, avec la marée. Avant que l'un des membres du gouvernement vienne faire le ménage à leur façon.
- Alors, petit un, j'avais pas prévu de tomber sur ce gars qui soit tellement à fond dans son rôle de couverture de charpentier ventriloque qu'il viendrait au secours d'une femme en la pensant en détresse, ce qui était tout sauf le cas. Petit deux, attend demain pour les soins, que je lui rende une dernière visite pour le rendre minable. Ou réussir enfin à le buter. Dans tous les cas, ce que tu feras aujourd'hui sera à refaire demain, pour le coup.
Du coin de l'œil, alors qu'elles venaient de rejoindre la zone médicale, Ann nota une seringue pour anesthésie être prise sur l'étagère. Elle se mit à grogner d'avertissement, ses oreilles s'allongeant sur son crâne.
Même. Pas. En Rêve.
Comprenant le message, Carmen reposa le produit pour en prendre un autre. Un anti-douleur à boire.
- Je verrais demain. Bois ça ou sinon, Davy Jones me donne la patience, je risquerais de te poursuivre et t'attacher à un mât ! C'est un antidouleur !
Ann prit le flacon avec attention, l'examinant. Carmen était prête à l'empêcher de retourner à ses conneries, il fallait qu'elle se montre méfiante. Elle déboucha la bouteille pour la renifler avec prudence, avant d'accepter de se soumettre en dépit de l'odeur amer. Bientôt, la douleur de son œil tuméfié et de sa côte furent engourdit et elle tira la langue devant le goût écœurant qu'elle avait à présent. Elle allait s'envoyer un café frappé derrière la cravate pour combattre l'amertume. Avec précaution, elle retira son vieux sweat (vu comment se finissait ses rencontres avec l'agent, valait mieux qu'elle porte des vêtements auxquels elle ne tenait pas particulièrement).
Le soupir de Carmen disait qu'elle était exaspérée si ce n'est déçu du comportement irresponsable de la zoan et du résultat, mais elle lui épargna les remontrances. En ça, Ann lui en fut reconnaissante. Elle avait déjà eu droit au discours moralisateur de Roger et Javier, c'est bon. Quoique ce regard qu'elle lui adressa était bien assez moralisateur pour valoir tout discours. Pas que ça lui fit quoique ce soit. Elle vivait sa jeunesse, après tout.
Les soins se firent en silence. Sans un mot, Carmen désinfecta les diverses plaies de la jeunette. Puis, une crème cicatrisante là où c'était nécessaire. Elle appliqua un cataplasme spécial pour la côte cassée avant de rajouter un bandage pour protéger la dose de pommade supplémentaire. Puis, toujours sans un mot, la médecin s'en alla fumer sur le pont.
En soupirant Ann se rhabilla et sortit à son tour de la pièce pour rejoindre la médecin. Durgâ dormait encore dehors, confortablement installée contre le flanc d'Iro. Un vent froid de neige s'était levé, mais pas le moindre flocon à l'horizon. Et la bicolore fixait la ville avec froideur avec sa cigarette au bec. Doucement, Ann s'approcha de son dos et l'enlaça doucement par derrière. Une de ses queues s'enroula vaguement autour du genou de la plus âgée.
- Merci. Merci de t'en faire pour moi, de soigner mes blessures… Je te demande juste de me faire confiance. Pour cette fois.
Elle bougea légèrement sa tête et une de ses oreilles se retrouva appuyée entre les deux épaules de la médecin. Celle-ci se retourna, attrapant alors Ann contre elle, frottant ses cheveux.
- Je te fais confiance mais ça ne veut pas dire que je suis inquiète ou que je conçois ce que tu as décidé de faire, lui dit la plus vieille. Mais ne te brûle pas trop vite. Profite de ta vie, mais ne te brûle pas. Et puis, je suis mal placée pour te réprimer, j'ai moi-même profité d'un agent du gouvernement comme partenaire enthousiaste d'une nuit. L'autre, celui que tu pourchasses, me donne juste envie de le tuer. Alors, fais attention. Et ensuite, lit pour la semaine lorsque tu rentreras de la dernière fois. Nous avons un accord ?
- Nous en avons un, sourit la jeunette en resserrant le câlin.
Elle ferma les yeux d'un air paisible.
- Je sais pas vraiment comment ça a fini comme ça… on était là, face à face. Deux zoans. On savait ce qu'était l'autre. C'était soit tout foutre en l'air dans une bagarre pour faire taire l'autre, ou s'ignorer. Mes hormones ont eu raison de nous deux. Mais… j'ai découvert quelque chose ce soir-là, pendant que j'étais avec lui. J'ai le doigt sur quelque chose, Carmen. Sur une capacité de mon zoan. Et si j'ai bien deviné, j'ai peut-être trouvé un moyen d'user sa patience et sa santé mentale, sans être là. Si je retourne chaque soir, c'est pour essayer de deviner comment je pourrais procéder avant de faire sauter le kairoseki et de me mettre au travail.
Ann recula d'un pas.
- Tu sais… la première nuit, j'ai réalisé un peu tard les risques que cela pouvait représenter qu'il sache que je suis une nekomata. Il avait littéralement une vue parfaite sur mes deux queues. Mais le temps que je mette la main sur l'anneau de kairoseki que Morgans m'a refilé, et c'est comme s'il ne les avait jamais vu. Et c'est ça que je cherche à accomplir.
Cette fois, Ann lâcha la logia, continua d'essayer de mettre des mots sur une idée, un soupçon, une expérimentation. Quelque chose d'incertain qui lui trottait sérieusement dans le crâne.
- Dans diverses légendes que j'ai lu, on parle des nekomata comme des yôkai qui arrivent parfois à se faire passer pour des proches de leur victime. Pas au même titre que les kitsunes, mais je pense avoir découvert le comment et si je m'y prends correctement, Rob Lucci sera ma première victime.
La logia remit la cigarette entre ses lèvres, réfléchissant longuement. Puis, elle finit par prendre une décision qui soulagea grandement la D. qui avait craint que Carmen se mette sur sa route pour la protéger.
- Tu t'y tentes et lorsque nous serons loin, on verra comment cela fonctionne vraiment. Et est-ce que tu peux faire cela en sens inverse ? Enfin, je parle des personnes conditionnées. Excuse, je vois le côté médical de ce que tu impliques. Prenons déjà une base, réussir à contrôler cela. Ensuite, tu verras les applications que tu souhaites en faire.
La logia tira une petite boite de sa poche pour écraser son mégot dedans avant de pointer la cabine.
- On en discutera aussi avec Durgâ. La petite semble pouvoir aussi savoir comment t'aider pour ça.
- Je suis pas petite… grommela la concernée qui semblait plus si endormie que ça depuis son nid avec Iro sur le pont du trimaran.
L'elfette se redressa et s'étira, faisant craquer sa colonne au passage, avant de se relever. Iro s'étira tout aussi voluptueusement, bailla, puis se roula à nouveau en boule pour continuer sa sieste.
- Alors, j'ai tout entendu… et suivant le résultat de l'expérimentation, on aura une idée de comment elle procède, et donc, une possible réponse à donner à ton esprit de médecin, Carmen. Bon, on va voir nos nouveaux quartiers ou je retourne dormir dans mon coin ?
Elle masqua partiellement son bâillement de sa main, mais cela ne couvrait pas assez les crocs à venin de celle-ci.
- Va pour les quartiers, approuva Carmen.
Ann se retrouva contaminée par le bâillement de la plus jeune alors qu'elles suivaient Carmen dans le trimaran pour voir ce que les travaux et la redécoration avait donné. Dans leur idée, la zone dortoir devait être divisée en deux. Et c'est ce qui avait été fait. La première partie était pleine de nouveaux rangements et de placards en bois gravés, s'accordant parfaitement avec les tapis aux multiples couleurs apaisantes. L'éclairage était désormais assuré, outre les hublots, par des lanternes comme on pouvait en trouver en Alabasta. Au milieu de tout ça, une petite estrade montrait le bout de son nez sous de nombreux tapis servant de support à des dizaines de coussins et couvertures. Sur les murs, dans une ambiance palais des milles et une nuit, on pouvait deviner des étoiles.
C'est Carmen qui remarqua qu'en fait, ce n'était pas une estrade sous les coussins, mais une piscine. Et sur les rebords, on avait des rangements aptes à accueillir des vêtements, des armes ou des objets tels qu'un réveil ou des livres de chevet. On avait même fait un rangement juste pour les chaussures et les espadrilles de la D. y finirent rapidement avec les chaussures de Carmen et les sandales de Durgâ. L'instant suivant, le nekomata sautait joyeusement dans ce nid qui n'attendait qu'elles. En moins de deux, elle était au milieu des coussins, des couvertures et des peluches de Durgâ. Elle roula un instant sur le dos avant que sa côte se rappelle à elle, alors qu'elle s'étirait avec le ventre à l'air. Alors, elle se roula en boule, le museau reposant sur ses deux queues qu'elle tenait entre ses pattes avant et elle ferma les yeux en ronronnant. Elle avait beau se noyer au milieu de tout cette… fluffiness, elle était en paix. Détendue.
Un rêve devenu réalité.
Son ronronnement devint plus fort, montrant à quel point elle aimait ce nid de bien-être. Une queue de serpent se glissa à son tour dans le tas de coussins et couverture avec un soupir de bonheur de Durgâ alors que Carmen avait plongé dans tout ça avec joie.
Ouep, les filles étaient heureuses de ce réaménagement.
.
.
- Tu m'attendais.
Ce n'était pas une question et la réponse allait de soi. Il était deux heures du matin et Lucci était toujours réveillé. Son pigeon Hattori était dans son nid sur la cheminée de chez lui alors que l'agent lui-même était assis contre un mur, lisant un livre à la lueur l'ampoule nue du plafond. Il n'y avait plus de meubles en état dans son salon et ne parlons pas de la chambre à coucher. Cette Ace, cette journaliste qui se tenait à présent en souriant sur le rebord de sa fenêtre, ne lui avait laissé aucun repos et n'avait reculé devant rien pour le soumettre. Cela faisait une semaine qu'il ne dormait plus et son esprit commençait à lui dire que c'était trop.
Il remarqua immédiatement les oreilles de chat sur le haut du crâne de la femme qui s'avançait à présent jusqu'à lui. Elle ne se cachait plus sous kairoseki. Le combat allait être plus intéressant encore.
- Tu sais que tu peux être utile au Gouvernement avec des capacités comme les tiennes.
- Plutôt me noyer, répondit sans la moindre hésitation la jeune femme.
Lucci se leva, se préparant à un assaut… qui ne vint pas.
Pourtant, en dépit de ses sens qui l'alerter d'un danger imminent, il ne se passait rien. Elle restait là, souriante, au milieu du tapis encore marqué par leurs activités de la nuit dernière.
- Je suis venue te remercier de ta… coopération, sourit-elle d'un air malicieux.
- A quel sujet ?
- Tu le sauras bientôt.
En un instant, elle était devant lui, ses doigts jouant avec le tissu blanc du tee-shirt du charpentier.
- Très bientôt, gatito.
Le léopard dans l'esprit de Lucci était obnubilé par une chose : le parfum enivrant de l'autre zoan. Cela lui rappelait leur rencontre. Ce même parfum. Plus par instinct qu'autre chose, il referma sa prise sur la brune qui n'eut aucun mouvement de réaction. Quand il voulut l'embrasser sous la passion naissante, il se prit un coup dans son nez déjà cassé.
- Mon premier baiser, je le réserve pour quelqu'un de spécial, et je ne suis pas désolée de froisser ton égo en te le refusant, lui dit la journaliste.
Les doigts de la femme remontèrent le long des bras musclés de l'agent du gouvernement qui s'était penchée sur elle. Plus ses mains montaient, plus celles de Lucci descendait sous les vêtements de celle avec qui il avait couché toute la semaine.
Il s'immobilisa seulement en sentant des griffes se planter dans son cuir chevelu. La journaliste avait enfoncé profondément ses doigts dans les cheveux touffus et long du faux-charpentier et avait sorti les griffes. Avec force, elle l'attira jusqu'à elle, suffisamment pour que ses lèvres soient à deux doigts de l'oreille de l'homme.
- Te souviens-tu, Lucci ? Le premier soir, tu as vu quelque chose de particulier, sur moi. Est-ce que tu t'en rappelles ?
L'agent fronça les sourcils. Quelque chose de particulier ?
- La fourrure ?
Le rire lui dit que c'était une mauvaise réponse.
- Tu as tes mains sur mon cul, Rob Lucci, pourtant, tu n'as même pas réalisé de quoi je parle. C'est amusant.
Les bretelles qui retenaient le pantalon de l'agent glissèrent des épaules musclées de leur propriétaire sous le sourire malicieux de la brune.
- Laisse-moi te poser une autre question, Rob Lucci du CP9… est-ce que je suis ici ?
Lucci se redressa. Il avait envie de dire que c'était une question stupide, après tout, il était sur le point de la baiser, mais il y avait quelque chose dans cette interrogation qui le mettait sur ses gardes.
- Est-ce que tout ceci est réel ou est-ce le fruit de ton imagination ? continua Ann avec un plus grand sourire.
Le temps d'un battement de cil et le léopard n'avait plus personne entre ses bras. Il sentit un poids sur son dos et une main chaude et griffu contre sa carotide.
- Tout ceci est-il réel ou est-ce que je joue simplement avec tes nefs ? Cela pourrait être simplement une illusion.
- Tu es une zoan chat, tu ne devrais pas avoir ce genre de don.
- Quel naïf tu fais, alors que pour avoir toi aussi un akuma no mi, tu devrais te douter que les apparences sont régulièrement trompeuses. Ce n'était pas parce qu'on a couché ensemble une semaine durant que tu sais tout de moi.
La langue de la brune joua un instant avec un des lobes d'oreilles du brun figé.
- Tu aurais dû me tuer le premier soir. Sans toi, je n'aurais pas développé ce don fort utile.
