Bonjour ! Heureuse de vous revoir, (même si avec un peu de retard) pour la suite des aventures et surtout, le retour dans le Paradis pour nos héroïnes.

Je veux remercier aussi Miss Green Rabbit pour sa review. Cette fic est vraiment la première fois où je m'éloigne autant que manga et j'apprécie autant les collaborations avec Samy qu'avec Missty, Michelle ou Evanae.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt.

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« Je savais que j'avais eu un bon flair en te confiant ce projet ! »

Ann avait emprunté le denden de Carmen en ce début de matinée pour avoir le retour de Morgans, puisqu'il n'avait pas ce numéro-ci pour la joindre. Et depuis qu'elle l'avait en ligne, il n'arrêtait pas de rire et de la féliciter.

« J'ai eu énormément de courriers à ton sujet. Tu es devenue le portrait du journal, demoiselle ! Tu as su parler à ton public, et d'ailleurs, je ne m'attendais pas à ce que tu connaisses ce vieux sketch sur le Gondwana, la référence était très bien trouvée. »

Ann se contenta de souffler par le nez, allongée sur la couchette sous sa forme animale, les paupières closes, attendant qu'il finisse.

« Tu as touché le cœur des gens. Et ce coup avec le premier commandant ? Superbe ! Le mieux ? C'est que c'était sincère, et ça, nos lecteurs y sont sensibles ! Tu t'es montrée comme une personne généreuse et emplie de compassion. Tu n'as pas choisi pour faire vendre, tu as choisi l'émotion, et c'est encore mieux ! »

- Si vous l'dîtes.

« Je t'enverrais ton chèque avec le prochain courrier. Et dès tes dix-huit ans, j'attends que tu mettes en place un compte bancaire pour faciliter le versement de ton salaire. Un si beau travail, autant de talent… ça mérite salaire, nous sommes d'accord. »

- Hmhm.

« Bien, tiens-moi au courant de la suite. A bientôt, Anabela. »

Et le directeur du journal raccrocha. La D. releva juste assez la tête pour saisir le combiné entre ses crocs et le reposer sur son socle. Elle se laissa aller à nouveau sur ses pattes. Elle commençait à se faire rattraper par la fatigue. Et vu qu'elles allaient devoir ramener le navire au Red Port, il fallait qu'elle reprenne des forces. Shanks avait proposé de les déposer, mais c'était une décision à prendre à trois, et vue qu'Ann savait Kali pas le moins du monde tranquille en présence de trop d'hommes, la D. était encline à refuser.

Elles attendaient donc le retour de Carmen pour en discuter. En sentant la présence de celle-ci en approche, la brune roula hors de son lit pour reprendre forme humaine. Elle offrit une main à Kali sous sa forme de serpent qui l'attrapa en se retransformant à son tour. Toutes deux sortirent sur le pont pour attendre Carmen.

Celle-ci revint rapidement, rayonnante de bonne humeur et clairement plus détendue qu'à l'habitude. Elle était heureuse d'avoir revu sa famille, ça se voyait.

- Je suis là avec les réserves d'un bon repas ! leur dit la médecin en brandissant un sac à provision.

- Merci, répondit simplement Kali.

- Bon, on aborde le sujet compliqué du jour ? demanda Ann. Comment on fait pour retourner à Shabaody. J'aime pas être loin de mon bébé Iro et j'avoue que le confort du Calypso me manque pas mal. Tío Shanks a proposé de nous faire traverser le Red Line.

- … J'ai aussi Oyaji qui a fait la proposition. Et l'ile des Hommes-Poissons est son territoire.

- L'un ou l'autre, ça revint au même pour moi. Tant qu'on me laisse dans mon coin, et que je suis avec vous, ça ira, leur dit Kali en tressant vaguement sa tignasse redevenue noir durant la nuit.

- Shanks me prend encore pour une gosse, après la leçon de morale à laquelle j'ai eu droit hier pour mettre mise ainsi au-devant de la scène, il a perdu son statut de sauveur à mes yeux. Après… suis pas certaine d'avoir laissé un bon souvenir hier soir.

Ann eu une grimace en se remémorant l'incident.

Elle était un cas désespéré, tout juste bonne à servir de blague vivante à une de ses aïeules.

- Shanks était plus marquant, hier, lui pointa Carmen en déballant les des boites du sac à provision. Tu as laissé une marque, certes, à l'équipage, qui va rentrer dans les annales. Tu as littéralement cloué le bec à Marco, sans mauvais jeu de mots. Et tu as littéralement lancé en direct ton micro pour donner ton sang alors que tu avais un manque de sucre. Tu as laissé une marque incroyable et du respect. Et puis, j'ai vécu longtemps sur le navire et j'en connais les moindres recoins. Si tu veux te planquer, j'ai des lieux. Et si tu as besoin d'être seule, tu pourras utiliser mon ancienne cabine. Elle ferme à clef.

La logia avait de bons arguments quand elle s'y mettait.

Et le commandant Thatch aussi vu qu'Ann venait de voir littéralement des éclairs au chocolat dans l'une des boîtes. Frais, pas surgelé ou quoique ce soit. Et dans une autre, des simples cookies qui rendirent son odorat à moitié fou.

Elle hésita un instant, puis prit un des cookies pour mordre dedans.

Son cœur s'arrêta de battre dans sa poitrine.

Son souffle s'arrêta.

Lentement, elle baissa la tête pour regarder l'innocent cookie fait maison qu'elle avait à peine grignoter.

Elle… venait-elle de mourir ? C'était la seule explication pour qu'une gourmandise puisse être aussi exquise.

- Le pot de vin est accepté, dit simple Kali en mangeant le sien.

Ann explosa de rire avec Carmen qui ouvrait un thermos. Oui, c'était clairement un pot de vin tout ça. Et drôlement efficace. Bon sang, c'était bien trop bon pour être réel. Elle grimaça en réalisant qu'elle avait déjà fini son cookie et qu'elle venait littéralement de se mordre les doigts en pensant en avoir encore.

Elle jeta un regard à droite et à gauche. Les deux autres étaient trop occupées avec leur cookie actuel pour s'intéressait à elle. La yôkai inspira profondément et tenta de poser une illusion sur les viennoiseries et les cookies, histoire que personne ne puisse les manger à sa place.

- N'essaie même pas, neko, avertit froidement Kali en la fixant avec ses yeux aux pupilles laiteuses si perturbantes.

Crotte de bique, elle s'était faite percée à jour. En boudant, la D. en récupéra un autre.

- Donc, on ramène le navire au Red Port, puis, ils nous prennent à bord, c'est ça ? se fit confirmer Ann.

- Chocolat chaud pour qui ? Et personne ne vous empêche de vous resservir à la condition que vous m'en laissiez. Et oui. On ramène le navire à Red Port et puis, on monte à bord jusqu'à l'ile des hommes poissons. On passe le temps nécessaire pour faire le revêtement ou on se fait remonter par des hommes poissons à Shabaody.

Carmen se servit une tasse avant de se prendre un nouveau cookie avec un éclair.

- Tout cela m'a l'air très appétissant !

Ann fit un bond de surprise, ne s'étant pas attendu à cette manifestation brutale de son oncle qui bavait devant leur petit-déjeuner. Elle posa une main sur son cœur, tremblante.

- Je vais finir cardiaque si je ne le suis pas déjà… Frapper avant d'entrer, c'est trop demander, Javier ?

- Toc toc ?

Ann se prit sa tête dans ses mains. Il y avait des moments où elle détestait son zoan. Des moments comme celui-ci. Qu'est-ce que ça allait être durant le voyage une fois sur le Moby Dick ? Pour le coup, elle n'avait même plus la foi de manger.

- Je vais avertir Shanks de la suite et me préparer à ses leçons moralisatrices, soupira la journaliste.

Elle tira sa casquette gavroche de sa poche, la mit correctement sur son crâne et alla rejoindre le denden dans la cabine. Elles n'avaient pas de chaloupe pour rejoindre les deux grands vaisseaux, alors, elle devait passer par ça.

- Carmen… si ça ne te dérange pas, je préfère garder la nature réelle de mon zoan secrète. Si on pose la question, je suis un serpent à sonnette, rien de plus, dit tout bas Kali une fois leur comparse partit.

- Pas de soucis. Marco aidera si je lui demande. Puisqu'il sait pour toi en t'ayant vu hier. Il est bon pour garder les secrets.

- Merci, souffla l'elfe.

Elle jeta un œil vers le Moby Dick. Il y avait quelque chose de mauvais là-bas, qui la mettait sur ses gardes, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

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Premier novembre 1516

Le Red Port était un point important de la Grand Line, mais Ann savait qu'ils ne pouvaient pas s'attarder. Pas quand un Yonkou se proposait de jouer les taxis pour les conduire de nouveau à l'archipel. Peut-être qu'à un moment, elle parviendrait à convaincre Carmen et Kali d'y faire une escale plus longue. Qui pouvait dire les secrets que regorger un endroit aussi particulier. Après…

Ann leva le nez vers la Red Line qui surplombait l'île.

Il y avait cette odeur dans l'air qui lui donnait envie de vomir.

Elle rapporta son attention vers l'homme qui avait mis à disposition le navire à la demande de Morgans quand il lui mit un nouveau document sur le nez. Elle le lut avec attention (déformation professionnelle de sa mère qu'elle avait rapidement choppé au vol) avant d'apposer sa signature. Ceci fait, elle ajusta sa sacoche de travail et mit son sac de voyage sur son épaule pour rejoindre Carmen et Kali. Elle était toujours aussi nerveuse de se rendre sur le navire du Yonkou, mais bien moins que la première fois. Après, elle n'avait pas revu le Phénix depuis, donc, elle ne savait pas si elle aurait toujours son comportement de débile profonde ou si elle aurait un minimum de niaque cette fois.

- J'espère que l'on ne va pas avoir de problèmes entre ici et Shabaody. Et encore moins à Shabaody, commenta Carmen qui fixait elle aussi le sommet de la Red Line.

- Vamos, souffla la journaliste à ses amies.

Elle commençait à se sentir mal sur cette île.

Alors, elles se mirent en route pour rejoindre le port et donc, le navire des Shirohige.

- Bonjour mesdemoiselles, salua Haruta qui les attendait avec un homme à l'allure très féminine et très élégant dans son kimono rose pâle et sa peau blanche comme neige qui détonnait avec ses cheveux noirs comme le charbon.

- Comandante, salua Ann en tirant un peu sur la visière de sa casquette à l'adresse de Haruta avant de s'incliner poliment devant l'autre homme.

Izou, voilà, elle se rappelait de son nom. Commandant de la seizième flotte.

Kali eut un geste sec de la tête, restant en retrait derrière ses deux amies. Ann lui attrapa un instant le poignet pour la rassurer.

- Ta cabine est toujours utilisable. Faites pas attention aux idiots à bord, dit Izou en s'adressant à Carmen.

Idiots à bord ? Cela voulait tout et ne rien dire. Cela pouvait promettre le meilleur comme le pire.

- On va poser nos affaires dedans et on a un lieu où aller ? fit Carmen pour tout commentaire.

- Le capitaine vous invite à le rejoindre pour discuter alors qu'on descend vers l'ile Gyojin.

Chouette, une entrevue particulière avec Shirohige. Tout ce qu'Ann voulait (veuillez prendre note du sarcasme). Finalement, accepter l'offre de Shanks aurait été une meilleure idée.

Bien vite, une fois à bord, Ann sentit un intense sentiment de nostalgie en mettant le pied sur le navire. Elle se revoyait courir sur le pont du Demonio avec sa cousine, rendant à moitié fou Javier pendant qu'elle montait comme un singe dans les cordes et les voiles alors qu'elle n'avait que quatre ans. Faisant le cochon pendu avec Amelia en se suspendant à la figure de proue du navire.

Mais ce n'était pas l'équipage de son oncle et encore moins son vaisseau. Et c'est ce rappel qu'elle ne revivrait plus ces moments d'innocence et de joie enfantine lui fit saigner une blessure qu'elle essayait en vain de faire cicatriser. Parce que c'était Javier, avant qu'elle ne morde dans son akuma no mi, qui avait été le plus proche de ce qu'était un père, à ses yeux.

Elle suivi sagement Carmen, avec Kali, dans les couloirs, qui leur présentait les points importants du navire. Les dortoirs d'une partie de l'équipage, les réserves des cuisines, une salle de recueillement pour rendre hommage à leurs morts quand ils étaient en mer et qu'ils ne pouvaient rejoindre leur cimetière. Il y avait quelques photos sur les murs, rendant les couloirs du navire un brin conviviaux.

Puis, elles arrivèrent à une zone que Carmen leur présenta comme le quartier des commandants, leur disant qu'ils dormaient par deux voire trois par cabine… sauf Marco.

Est-ce que c'était la paranoïa de penser que la logia avait fait cette précision avec des arrières pensées ou Ann voyait des sous-entendus partout ? Dieu que son cerveau aller la tuer.

- On dort dans la cabine d'en face, leur dit Carmen en montrant la porte face à celle de la cabine du premier commandant. À côté, Izou s'y trouve. En face, Thatch. C'est à ce dernier que l'on doit le petit déjeuner.

Non, Ann ne s'excuserait pas pour le nez cassé. D'une, elle n'aimait pas être traitée comme une idiote ou une poupée de porcelaine. De deux, il avait essayé de la faire chier pendant qu'elle bossait. Donc, non, même si ses cookies étaient à damner un saint, elle ne s'excuserait pas pour la rencontre entre le nez et sa hache.

Carmen fini par ouvrir la porte. Il y avait trois lits, un classique et deux en mode superposé. On avait une petite étagère avec quelques livres au-dessus du lit solitaire, et sur une autre, une grosse peluche en forme d'oiseau qui attira immédiatement l'attention de Kali. Ann nota un bureau laissé à l'abandon avant de s'intéresser à Carmen qui venait de jeter son sac sur le lit superposé du haut.

- Installez-vous avant que l'on ne visite le reste, recommanda Carmen. Si vous avez des questions, hésitez pas à me les poser avant que l'un des commandants ne puisse retenir les commères.

- Choisis, moi, je suis un chat, je dors n'importe où, invita Ann à l'adresse de Kali.

L'elfe hésita, puis elle choisit le lit sous Carmen. Ann jeta son sac sur le dernier et serra nerveusement ses mains autour de la bretelle de sa sacoche de cuir dont elle ne se séparerait pour rien au monde.

- Bon. On a le droit de porter nos armes ou pas ? commença à se renseigner la journaliste.

Carmen réfléchit avant de répondre :

- Eh bien, oui. Mais, si vous attaquez l'un des membres de l'équipage sans réelle raison, elles seront confisquées.

- Logique, marmonna Kali en s'asseyant sur son lit.

- Est-ce qu'il y a des lieux dont l'accès ne nous est pas autorisé ? continua la D. en mettant ses mains dans ses poches.

- Oui. La cabine du capitaine sauf si vous y êtes invité. Il est fortement déconseillé de descendre dans la poudrière. Même si vous vous ferez arrêter par l'un des pirates présents. Le dortoir de la seconde division… Pour diverses raisons et principalement pour votre santé. Les cuisines le sont aussi ainsi que le royaume des infirmières. Je crois que j'ai fait le tour.

- Santé ? répéta la yôkai. Pourquoi santé ?

- On va dire que l'on a quelques cas de happy trigger dans le dortoir. Et un que je préfèrerais que vous ne croisiez jamais. Si vous voyez un homme, plutôt corpulent, un bandana sur la tête et une hygiène dentaire douteuse, rejoignez rapidement un commandant.

- Je vois de qui elle parle et c'est déjà fait, intervint Roger. Tu lui as littéralement balancé le micro dans la figure. Cherche un mec avec un œil au beurre noir qui te refile la gerbe et tu l'auras trouvé. Et c'est bien la seule occasion où je ne broncherai pas si c'est derrière cette tête de plume que tu vas te cacher.

Ann regarda son père en levant un sourcil, décida de ne pas s'attarder plus, et revint à Carmen.

- Est-ce que le vagabondage est autorisé ou il y a un couvre-feu ? Mon oncle en avait imposé un sur son navire, donc, je préfère me renseigner.

- D'ailleurs, les repas sont à présence obligatoire ou on peut rester cacher ici ? demanda Kali avec un maigre espoir.

- Il y a un couvre-feu. L'équipe de quart est la seule autorisée sur le pont à partir de 22h30 sauf exception autorisé par le commandant de quart. Et pour les repas en cabine, il faut faire la demande en début de journée aux cuisines pour qu'ils préparent le plateau pour le midi et le soir.

- J'aurai dû accepter l'offre de Shanks. Bon sang ça va être chiant… soupira la journaliste. Bon, allons voir le capitaine des lieux.

Elle espérait que le trajet jusqu'à l'île ne serait pas trop long ou elle allait vite faire des conneries.

- Je pense qu'il n'y a plus de questions, on peut y aller, marmonna Kali comme si l'idée même de se socialiser l'écœurait.

- Je crois que c'est Haruta de quart, ce soir. Et puis, il faut une journée pour atteindre l'ile de Gyojin. On va pouvoir assister à l'immersion en fait. Ensuite, on est libre de faire ce que l'on veut, leur dit Carmen.

Ann pourrait peut-être négocier le droit de vagabondage avec lui.

- Je passe devant.

Si ça voulait dire qu'elle allait faire partir le comité d'accueil sur leur route, ça lui allait parfaitement.

Pendant que Carmen gérait ce qu'il se passait au dehors, Ann se tourna vers Kali.

- Ça ira ?

- Restez à côté et je devrais gérer. Juste…

- On te laisse pas.

L'elfe soupira avec un air soulager.

- Rappelles-toi que tu es une divinité. Tu peux les vaincre, leur apprendre qu'ils te doivent du respect. N'hésite pas à le leur apprendre.

Un sourire crispé fit apparition sur le visage de la brune avant de disparaître. Quand Carmen leur fit signe qu'elles pouvaient sortir, les deux zoans arrangèrent ce qui masquait les attributs qui trahissaient leur manque de contrôle sur leurs dons et suivirent Carmen au-dehors. Elles marchèrent en silence pour rejoindre le pont et l'immense siège où s'était assis Shirohige pour admirer le spectacle. Sur le chemin, Ann posa une main sur la tête de sa hache, la faisant virer au noir, en guise d'avertissement pour ceux qui la fixait elle et Kali de façon un peu trop insistante. Elle attrapa un bras de son amie de son autre main et força un rapprochement vers Carmen. Elles s'arrêtèrent au niveau du Yonkou, regardant l'équipage se préparer à l'immersion.

- Aaaaah que de nostalgie… sourit Roger.

- Il y a bien trop longtemps que je n'ai pas vu tel spectacle, approuva Roja.

Sur une rambarde proche, Ann remarqua que Bruno s'était approché du bord pour mieux voir, les yeux emplis de curiosité et d'émerveillement. Et la moitié de l'équipage le remarqua. Ann sentit son cœur s'arrêter. Ce qu'elle pensait être la moitié de l'équipage était des fantômes. Et ils avaient reconnu le Portgas comme un défunt Marine. Ils commencèrent à former une masse sombre et menaçante qui se rapprochait d'un air dangereux de l'homme qui les regarda avec panique.

- Abuelo… appela doucement Ann avec crainte.

Dieu merci, les Portgas même dans la mort, ça restait uni. Aussi, ce fut un beau groupe qui se mit en protection entre les défunts Shirohige et Bruno, avec Roger dans le tas qui tonnait d'un air menaçant et Aarch qui avait l'air mécontent. Finalement, Bruno disparu sans faire plus de vagues, mais la D. avait fait son opinion.

Elle détestait ce navire et plus encore ses morts.

Elle ne réalisa que bien plus tard qu'ils s'étaient bien enfoncés sous l'eau. Elle avait été si obnubilée par l'incident qu'elle avait loupé une partie du spectacle. Elle le réalisa quand il s'avéra qu'un homme-poisson parlait avec Carmen. Ce devait être le fameux Namur. Elle continua de surveiller l'affrontement fantomatique entre le clan Portgas et les morts locaux, bien trop inquiète par les possibilités que l'énergie et les sentiments des défunts ne provoquent un phénomène Poltergeist.

- J'en connais un qui doit être ravi de votre travail. Bien que la jeune Portgas a commencé assez haut dès son premier article. Dommage qu'il ait été mis en dernière page, yoi.

Ann ne put s'empêcher de sursauter. Elle était si obnubilée par le drama fantomatique qu'elle ne l'avait pas remarqué se rapprocher, pourtant, là, Marco était tout proche. Elle retint son rictus. Ça lui apprendrait à être attentive à son environnement.

- Mon père devrait se pavaner comme un paon en fait, commenta Carmen. Hey, Ace. Tu veux savoir comment un marine a terminé presque adopté par Barbe Blanche ?

Le capitaine eut un rire en commentant que ça devait être le cas même si Aarch réfutait l'évidence qu'il était membre de l'équipage à temps partiel.

- Cela semble vous amuser de pouvoir raconter cette histoire et nous sommes vos invitées, faites-vous plaisir, souffla la journaliste.

Du coin de l'œil, elle nota qu'Aarch avait abandonné la dispute pour bouder sur un attaquant qui l'avait confiné sur le Moby Dick.

- Seulement… est-ce que le mort en question voudrait que vous racontiez cette histoire ? Je pense que la question mérite au moins une ou deux minutes pour qu'on s'y intéresse.

Ne pas regarder Marco, ne pas regarder Marco, ne pas regarder Marco.

Bien entendu, son étrange commentaire ne passa pas inaperçu. Soit elle était la première à refuser au capitaine de raconter une de ses histoires. Soit la remarque était bizarre. Ce fut donc le silence. Jusqu'à ce que la voix de velours liquide de Marco se manifeste après avoir réfléchi à la question.

- Il refuserait. Principalement parce qu'il a été blessé en protégeant un pirate d'un autre.

Il y avait une étrange émotion dans sa voix. Ann aurait mis sa main à couper que c'était lui. Elle perçu Aarch remercier Marco de ne pas s'étaler sur l'histoire. Ouep, le Phénix était définitivement le pirate qui avait été sauvé.

- Bon... si vous... commença Carmen.

Ce qu'elle allait dire, personne ne le saurait, elle venait de se recevoir un ballon de baudruche plein de peinture sur la tête. La peinture coula sur le coin de son visage, couleur bleu et jaune. Avec des plumes qui avaient été ajoutées au mélange. Le coupable ? Le quatrième commandant qui avait un grand sourire fier de sa blague.

Carmen le regarda, puis revint vers les autres.

- Voulez-vous m'aider à noyer un idiot ?

Et laisser Kali sans protection ? Quoi que… c'était une occasion de s'entraîner. Ann eut un geste de la tête, l'air de dire de commencer la chasse, et se concentra en respirant profondément. Son but était simple. Faire croire que le pont était plus long et plus large que le commandant pouvait penser. Et si elle ne réussissait pas, alors, elle laisserait à Kali sa chance.

Sans se déconcentrer, elle garda le contrôle sur l'illusion pendant que Carmen usait de son logia pour poursuivre le commandant au travers le pont. Jusqu'à s'arrêter en réalisant que le cuistot sprintait comme un fou vers la bulle.

- Va falloir le repêcher, dit doucement Ann en regardant le gyojin aussi perplexe que tout le monde sur le sprint illogique du roux.

Et comme elle l'avait voulu, il fit un plongeon hors de la bulle. Heureusement qu'ils n'étaient pas encore trop profond, sinon, il aurait été écrasé par la pression. Prévenu par Ann, Namur avait déjà plongé pour aider son camarade à revenir à bord avant que le navire ne soit trop loin.

- Au poil. Merci, remercia Carmen alors qu'elle revenait en nettoyant la peinture de son visage.

- Je ne vois ABSOLUMENT pas de quoi tu parles, Carmen, vraiment.

Le petit sourire satisfait sur le visage de la journaliste, tout juste visible malgré sa casquette, disait le contraire. Et n'importe qui pouvant voir les fantômes aurait vu Roger se placer derrière elle en hurlant un fier « That's my girl alright ! ».

Au moins, cela eut le don de détendre l'atmosphère vu que tout le monde se moquait à présent du cuistot qui revenait, dégoulinant d'eau, pour se plaindre et râler sur ce qu'il s'était passé. Cependant, la yôkai ne pouvait pas s'empêcher de sentir sa fourrure se dresser sur sa colonne. Elle avait l'impression que quelqu'un la fixait un peu trop intensément.

- Tu fais des conneries, tu dois t'attendre à des réponses, Thatch, répondit le vice-capitaine aux plaintes de son ami et frère commandant.

Carmen afficha l'air le plus innocent à sa disposition, ce qui tira un rire même au capitaine.

- Et sinon, ma fille. Tu as prévu de faire visiter l'ile à tes amies ? Se renseigna Shirohige.

- Si on est sur l'ile, il n'y a pas de raison de ne pas le faire.

- Je dois te montrer quelque chose d'important, mon ange, intervint Roger. Donc, avant tes plans, tu me laisses te montrer ce truc, après, tu fais ce que tu veux.

Cela avait tout intérêt de valoir le détour, sinon, Ann allait trouver le prêtre le plus proche pour organiser un exorcisme. Elle aimait son père, mais parfois, il était chiant.

- J'ai quelque chose à faire une fois sur l'île. J'ignore combien de temps ça me prendra, donc, on verra après pour une visite, Carmen ? sourit d'un air contrit la D. à son amie.

Il ne pouvait pas baisser d'un ton, le cuistot du dimanche ? Il commençait à lui faire mal aux oreilles. Et même Kali commençait à contempler l'idée de le mordre et de l'empoisonner.

- Pas de souci, assura la logia apparemment immunisée au boucan des commandants. On pourra visiter ensuite ou avant. C'est comme tu veux. Et puis, j'ai un magasin à montrer à Kali. Tu pourras profiter pour aller voir ce que tu as à aller voir. D'acc ?

- Cela me va parfaitement.

- Que la coupable se dénonce ! accusa Thatch en surgissant dans le trio.

Kali alla se mettre directement dans le dos d'Ann pour ne pas rester à proximité du commandant alors qu'Ann croisait les bras.

- Coupable de quoi ? On n'a rien fait. Si tu n'es pas capable de bien apprécier les distances, je te conseil de voir un spécialiste, pas de t'en prendre à des innocents.

- Ok, c'est toi, j'en suis certain, grogna le cuisinier dans une attitude qui le rendait encore plus ridicule avec ses cheveux défaits dégoulinant partout sur sa tenue.

- Quoi donc ? Je n'ai pas bougé d'ici. Avant d'accuser, il faut des preuves, caballero. Tu sais ce qu'on dit ? Pas de corps, pas de crime. Trouve-moi un corps, et on en reparlera. Ah et, petit détail. Le blanc, mouillé, c'est translucide. Un choix discutable de sous-vêtement n'est pas quelque chose qui mérite une place dans les faits divers, je te recommande donc de te changer.

Clairement, les sous-vêtements d'un pirate était la dernière chose qui l'intéressait outre peut-être ceux qu'un certain blond, mais vu qu'elle était incapable de rester cohérente quand il lui parlait, il valait mieux qu'elle ne s'attarde pas sur la pensée.

- Sinon, je peux être charitable et te sécher mais … proposa la logia.

Le sourire que Carmen offrit indiqua qu'elle allait tous sauf être charitable avant qu'elle n'enchaîne :

- Et puis, tu accuses mes amies de quoi ? Après tous, qu'est-ce qu'elles ont fait à part regarder ton plongeon dans l'eau ? Si tu pensais que le pont était plus long, je suis sûre que Cassandra serait ravie de te faire un checkup des yeux. T'en penses quoi, Oncle M ?

- Vu la vitesse à laquelle il est rentré dans l'eau, je devrais la prévenir de préparer un créneau, yoi, accorda le Phénix.

- Faux frère ! Izou ! Ils sont méchants avec moi !

L'okama baissa le journal, haussant un sourcil, avant de le remonter pour ignorer le cuistot dégoulinant d'eau. Haruta en remit une couche, mort de rire.

- Faudra que tu me donnes l'adresse de fournisseur de caleçon. Les cœurs, ça va, je te commanderais des nounours.

- Bande de gosses, rit Carmen.

Oui, des gosses, ça Ann voulait bien l'admettre, mais cela ne la débarrassait pas de ce nœud dans l'estomac. Surtout après ce qu'il s'était passé avec son oncle. Amelia lui avait régulièrement dit de cesser de s'intéresser aux morts et de se concentrer sur les vivants, mais ce n'était pas elle qui attirait les regards étranges quand elle parlait à un esprit en le pensant vivant. Elle soupira en se massant la nuque, glissant sa main dans son dos, sous sa chemise, jouant un instant avec la bande de fourrure qu'elle avait là avant de laisser retomber sa main. Elle ne pouvait pas rester ainsi, sur le pont, pas quand l'hostilité des morts la prenait aux tripes. Elle voulait les déchirer, défendre les siens, mais elle n'avait aucun pouvoir contre eux, ou du moins, pas à sa connaissance.

Elle s'inclina poliment devant le Yonkou, prétextant se sentir nauséeuse, et retourna à la cabine avec Kali qui sauta sur l'occasion pour s'éclipser aussi.

- Neko ? Tout va bien ? demanda doucement le serpent alors qu'elles étaient seules sur le chemin de la cabine de Carmen.

- J'ai envie de frapper plusieurs personnes et malheureusement pour moi, elles sont mortes, grommela Ann.

La main à peine perceptible dans son dos lui offrit un maigre soutien.