Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour un ce mois de novembre en revenant à Shabondy ! Parce que Aarch, faut nettoyer son nom et c'est pas en se tournant les pousses que ça va se faire. Alors... A l'attaque.
Miss green rabbit : Mais avec graaaand plaisir !
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Six novembre 1516
Kali était plongée dans ses livres ésotériques. De ce qu'Ann avait compris, dans les nombreuses attributions de son dieu, les arts occultes en faisaient partis. Et elle était elle-même déjà familière avant ça avec le concept de la magie, bien avant qu'elle ne morde dans son fruit du démon. La yôkai n'avait pas poussé plus en sachant que le "avant" était trop douloureux pour la jeunette. Ann, quant à elle, était occupée sur la rédaction d'une lettre à Smoker. Ils étaient amis, c'était normal qu'elle garde le contact, au moins par lettre. Seulement, sa concentration fut brisée par Bruno qui apparut brutalement devant elle. Et se jeta sur elle pour lui faire un câlin, mais lui passa au travers.
- Euuuh… y'a un souci, abuelo ? se renseigna Ann.
Kali leva le nez de sa lecture mais la yôkai leva les mains l'air de dire qu'elle ne savait pas ce qu'il se passait.
- J'ai eu des excuses ! expliqua Bruno en se relevant, des yeux emplis d'émotion. Tu te souviens qu'en revenant au navire, y'avait pas un rat sur le pont, sauf le capitaine et le Phénix ? Eh bien, Newgate a fait descendre tout le monde pour engueuler les morts de son équipage ! Et ils viennent tous de s'excuser !
La journaliste resta assise contre le mur, clignant lentement des yeux pendant que son cerveau enregistré ce qui était dit.
- Et ça, c'est parce que tu en as parlé au jeune Marco. Merci infiniment, ma grande. Si je pouvais, je te serrerais dans mes bras.
Le fantôme pleurait presque d'émotion.
- Il te reste ton neveu, tu sais, Bruno. Je suis certain que Javier sera content d'avoir un câlin de ta part, commenta le fantôme d'Aarch en se manifestant.
Chose à ne pas faire, parce que Bruno se jeta sur lui pour l'engloutir dans un câlin qui aurait brisé les os d'une personne vivante, pleurant des larmes d'émotions partout sur son ancien élève. Puis, il disparut. Pas bien loin, parce qu'Ann entendit distinctement les cris de son oncle Javier dans le couloir qui devait lui aussi avoir droit au tête à tête avec le vice-amiral. C'est sur cela que Carmen arriva et nota l'air des deux autres.
- J'ai loupé quelque chose ? demanda Carmen.
- Bruno a pété une durite. Maintenant, c'est officiel, soupira Ann en retournant à sa lettre. Alors, tu te reconvertis en jouet à mâcher pour chien ?
- Je dirais plutôt en rumsteak à goûter pour le gros toutou. Je vais me changer. On arrive d'ici quelques minutes.
Elle récupéra de son sac des vêtements, ce qui correspondait à une courte jupe écossaise avec chemise blanche et corset noir, avant de filer rapidement sous la douche se débarrasser de la bave de chien. Pendant qu'elle se lavait, les deux autres bouclèrent leurs dernières affaires. Ann s'arrêta sur le paquet qu'elle avait trouvé au fond de son nouveau sac.
- Je t'ai dit que tu n'avais pas le droit de l'ouvrir avant qu'on soit sur le Calypso, lui rappela Kali.
- Oui, j'ai bien compris.
Ann soupira et reprit le rangement. Elle se sentait nauséeuse en ce moment, alors, pas mal de chose qu'on lui disait passaient au-dessus de sa tête. Et sentir ses ovaires en plein travail dans leur douloureuse routine de pré-menstruation, ça ne l'aidait pas. Elle fourra d'un geste agacé ses dernières fringues dans son sac au moment où Carmen ressortait avec les cheveux noués en un chignon lâche. La logia s'assit sur le lit qu'avait occupé Kali (et que l'elfe avait fait au carré en se levant le matin en suivant l'exemple d'Ann) pour se mettre ses bottes qui montaient jusqu'aux genoux. Puis sa veste et raccrocha sa faux pliante dessous.
- J'aime ce chien, mais la délicatesse n'est pas son fort, soupira Carmen.
- Je suis pas fan des chiens, gros ou petit, en règle générale, avoua Ann en retirant sa casquette.
Elle entortilla à nouveau ses cheveux pour se recouvrir le crâne, s'assurant que plus rien ne s'échappe de dessus outre les deux mèches noirs habituelle. Elle devrait se faire percer les oreilles. Juste pour voir la tête de sa mère. Elle passa sa sacoche de travail à son épaule et prit son nouveau sac sur l'autre.
- Tu…
Ann s'interrompit en voyant Bruno passait au travers la porte pour faire un câlin à Carmen, puis un à Kali, avant de disparaître à nouveau. Cela devenait ridicule.
- Tu passes devant ? demanda Ann.
- Okay, répondit Carmen après avoir regardé autour d'elle pour s'assurer qu'il n'y avait rien de bizarre justifiant l'interruption d'Ann.
La logia passa donc en première dans les couloirs de bois. Ann était contente d'avoir pu voyager dans un navire pirate, même si ça avait été avec une certaine nervosité et une nostalgie mal venue. Sans parler de l'incident avec Teach ou les fantômes. En arrivant sur le pont, elle nota qu'ils étaient en train de finir d'émerger à proximité de ce que Marco désigna comme la zone sans loi. Ann le regarda pour le remercier mais s'abstint pour détourner la tête et ne pas rire parce que dans l'instant T, le Phénix avait Bruno accroché à lui, et c'était vraiment ridicule.
Avant que le blond ne puisse lui demander ce qu'il y avait de drôle, quelque chose atterrit sur le pont alors qu'ils étaient enfin à la surface. Quelque chose… mais quoi ? Il y avait bel et bien une masse au milieu du pont, mais sa couleur imitant parfaitement le bois faisait qu'identifier l'intrus était difficile. Puis, ça se mit en mouvement.
Et bientôt, Ann termina sur le dos, attaquait par la langue chaude et râpeuse d'une panthère jaune solaire. La journaliste eut un rire et la serra contre elle, avant de l'embrasser affectueusement sur le front.
- Moi aussi je t'aime, ma grande.
Et Iro se mit à ronronner en réponse, se frottant un peu plus vigoureusement à la D. qui se contenta de rire. Puis, la panthère la laissa pour aller saluer Kali qui l'accueilli avec un sourire à son tour. Marco eut un rire et offrit un bras à Ace pour l'aider à se relever. La yôkai accepta la main et arrangea sa casquette pour garder son semblant d'anonymat.
- C'est un accueil réjouissant que voilà, commenta Izou de son côté du pont.
- Iro, chaton, viens la belle.
Iro, qui fixait Carmen d'un air trahi, revint rapidement vers sa mère d'adoption qui lui frotta la fourrure avec affection.
- On rentre pas comme ça chez les gens, vilaine fille.
La panthère se contenta d'agiter sa queue avec indifférence.
- Deux zoans, une logia et une panthère paramecia, décompta Thatch. Je suis le seul qui se fait du souci à la possibilité que l'une de ces miss tombent à l'eau ?
- Ce sera la même question que lorsque je suis seule, oncle T, pointa Carmen. Et, à part Iro, on a toute un système de bulle en résine à nos ceintures pour la chute possible. Mais si tu veux, j'engage le premier venu qui sait nager pour avoir la paix de tes cheveux blancs. Et ils deviennent nombreux, il me semble. Tu te fais donc vieux ? Je suis surprise.
Cela fit paniquer le cuisinier qui défit sa pompadour pour s'assurer qu'il n'avait pas de cheveux blancs, alors que Marco adressait un regard blasé à sa nièce. D'autres se marraient derrière le commandant de la quatrième flotte.
- Carmen. Ann. Alcool, rappela Kali.
- Tu m'as promis que tu lui donnerais la bouteille, rappela Roger à sa fille en comprenant de quoi parlait Kali. Et avec ce qu'il a fait pour Bruno, tu peux bien le faire.
- Vrai, indiqua Carmen en comprenant elle aussi. Surtout que j'ai de la tequila pour Haruta et le cadeau de Oyaji sur le Calypso. Bon... Iro ? Où Rayleigh a rangé mon bateau ?
- Welcome to Tijuana~ huma Ann alors que Iro la tirait par le bout de son pantalon.
- De la tequila de Tijuana ? D'accord, je vais t'embrasser Carmen, souffla Haruta avant de serrer la jeune femme dans ses bras dans un câlin très énergique.
Il était évident qu'il ne partagerait pas l'alcool en question.
- Et mes olives rouges ? demanda Thatch.
- On n'en offre pas à ceux qu'on aime, lui dit Ann par-dessus son épaule au sautant à terre pour suivre la panthère.
Carmen et Kali suivirent le mouvement. Elles s'enfoncèrent ainsi dans la mangrove, laissant le navire des Shirohige derrière. Les groves commencèrent à défiler, le nombre servant de repaire descendant au fur et à mesure qu'elles avançaient, jusqu'à finir au treize. Cette fois, Iro changea de route pour les mener jusqu'à un bar en haut d'une racine, au grove numéro treize.
Le Rip-Off.
Joyeux.
Après, il s'avérait que le trimaran était amarré à proximité, parfaitement visible depuis les fenêtres. Alors, Ann n'allait pas remettre le choix d'un nom en question.
Carmen prit la tête du groupe et ouvrit la porte du bar simple mais cosy, dévoilant une femme brune sans âge aux cheveux courts. Elle fumait une cigarette tout en essuyant un verre.
- Les trois drôles de dames de retour de leur aventure humanitaire dans le Shin Sekai. Irashai…
- Konnichiwa, salua tout bas Kali en fronçant les sourcils.
Cette femme la faisait tiquer. Elle ne comprenait pas pourquoi. Elle n'arrivait pas à voir pourquoi.
Carmen offrit un sourire en se posant à l'un des sièges.
- Shakky ! Ravie de te revoir.
Oh ! Donc c'était elle la femme de Rayleigh ? Son parrain en avait déjà parlé dans ses lettres, mais Ann n'avait eu aucun contact avec elle. Ni même de photo, raison pour laquelle la fille de Roger n'avait pas capté qui elle était.
La femme posa une tasse de thé devant Carmen, puis deux autres boissons pour les deux zoans restées près de la porte.
- Moi aussi. La Grand Line était plutôt calme niveau tempêtes, en ce moment. Des bonnes nouvelles donc ? Prenez place. Rayleigh ne devrait plus tarder. Une petite affaire à régler avec un acheteur de navire.
-… Quelqu'un a voulu acheter le Calypso, devina la logia.
- Vouloir et pouvoir sont deux mots bien distincts, s'amusa la femme. Mais j'ai apprécié le direct et très beau lancé, jeune fille.
- Kali, Ann, je vous présente Shakky, l'une des plus informées de la Grand Line et des océans en matière d'informations. Si tu veux un tuyau fiable, ne compte que sur Shakky.
La femme eut un rire en agitant la main.
- Ne me présente pas ainsi, j'ai l'impression alors d'être capable de savoir ce qu'il se passe dans la tête de la Marine.
Carmen eut un rire.
- Enchantée de faire votre connaissance, salua Ann alors que Kali avait fait un bref geste de la tête pour toute réponse.
Elle offrit une main à Shakky qui la lui serra.
- Rayleigh m'a régulièrement parlé de vous dans ses lettres.
- Et il n'a que ton nom et celui de tes frères à la bouche depuis quelques temps, sourit la compagne du Mei-ö. J'ai apprécié tes articles, d'ailleurs. Cela m'a rappelé l'époque où je faisais affaires avec ton oncle Javier. Son talent pour se fondre ainsi dans la masse restera toujours un mystère pour moi et le reste du monde.
La porte s'ouvrit à cet instant sur un vieil homme en pleine forme et extrêmement bien conservé pour son âge, avec un air malicieux. Il avait de longs cheveux blancs et une petite barbe. Il s'arrêta dans son geste pour retirer sa cape moutonneuse et cligna des yeux en voyant les trois « drôle de dames » dans le bar.
- Bonjour mesdames, sourit-il d'un air malicieux. Bien, en récompense pour avoir gardé à l'œil ce magnifique trimaran, qui va se désigner pour mes dettes de jeux ?
- Le jeu est interdit aux moins de dix-huit ans. Je suis ta filleule, j'ose espérer que tu te souviens de mon âge, répondit d'office Ann.
- Vu ce que tu me dois, commenta Carmen. On peut le jouer aux cartes, Seigneur Sombre.
Kali regarda Carmen, marmonnant à nouveau qu'une chance pareille n'était pas normale. Et Rayleigh secoua la tête.
- Je tiens encore aux vêtements sur mon dos. Bien que si tu joues pour moi...
La médecin sourit en présentant sa main.
- Ça marche. Après tout, t'as gardé mon navire sans aucuns avoirs, je peux bien plumer deux ou trois personnes pour une légende comme toi.
- C'est toujours un cas désespéré ! Dieu qu'il ne s'est pas arrangé ! ricana Roger.
Déjà, Rayleigh avait pris le visage d'Ann entre ses mains en souriant.
- Bon sang, Ann. Tu as tellement grandi… seulement, la prochaine fois que tu fais un coup pareil, prend ton denden personnel, je ne suis pas payé pour subir les hurlements de banshee de ta mère qui veut t'avoir en ligne et n'arrive pas à te joindre.
- Je l'appellerai. Rayleigh, laisse-nous te présenter Kali. Notre petite protégée.
La petite elfe hocha la tête alors que le vieux pirate se penchait vers elle en lui serrant la main. Il plissa légèrement des yeux, comme s'il avait capté quelque chose, mais ne partagea pas ce qu'il y avait dans son cerveau. Avec hésitation, Kali accepta la main tendue, avant de se renfoncer sur elle-même.
La plus ancienne frotta la tête de Kali et se tourna vers Shakky.
- Des trucs intéressants à savoir en ce moment sur l'ile ?
- Deux Dragons Célestes en visite.
Ann eut un feulement de chat en colère à la mention de ces monstres. Elle avait lu trop de choses et entendu tout autant pour savoir que s'il y avait bien une caste qui méritait une annihilation, c'était bien la leur. Pour le coup, Carmen attira un peu Kali vers elle d'un geste protecteur. Compréhensible. Même les proxénètes qui l'avait exploité l'avait saisi et mis au travail sous cette étiquette.
Elle était exotique.
Rare, voir même unique.
Elle n'avait pas dit suffisamment de ses origines mais le peu laissait entendre une race isolée sur la Grand Line avec peu de contact avec l'extérieur. Certes, aujourd'hui, Kali pouvait se défendre, mais il valait mieux qu'on ne la remarque pas.
- Oyaji et les autres sont là. Espérons que rien ne se déclenche pendant la présence des uns et des autres, informa Carmen. Bon. On va chercher l'alcool pour éviter une guerre entre pirates ?
- Et une mise en commun pour l'enquête. On a eu l'appel, on peut donc faire sortir le loup du bois, dit sombrement Ann.
- Si je vous demande de faire attention, vous allez m'ignorer, n'est-ce pas ? soupira Rayleigh avant d'adresser un regard sévère à sa filleule. Tu ne pouvais pas être plus Portgas que Gol, demoiselle ?
- Elle est très bien comme elle est, ma fille, Rayleigh ! Arrête de dire n'importe quoi ! s'emporta Roger.
- Eh bien, il y en a un qui est plutôt content de ce que je suis, je vois donc aucun problème. Allons-y les filles avant que le vieux ne trouve autre chose à me reprocher. Et dire que j'avais une bouteille pour toi de la part de maman.
Cela eut le don de faire taire le Mei-Ô. Les vieux pirates, tout pour un peu d'action et du bon alcool.
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Les affaires rangées, la bouteille à destination du vieux pirate offerte à qui de droit, c'est chargées comme des mules qu'Ann et Carmen reprirent la route vers le Moby Dick. Kali était restée derrière, décidant que rien de plus était digne de sa présence divine que leur nid du Calypso dans lequel elle s'était enfoncée avec Iro. Chanceuse. Si ça n'avait pas été pour l'enquête Rhyddid, Ann l'y aurait bien rejoint avant son rendez-vous du soir.
Il ne fallut pas longtemps pour trouver le Grove où le Moby Dick s'était amarré. Aussi un des marines espions de la zone de non-droits. Puisque Ann et Carmen étaient passées par les toits, elles arrivèrent silencieusement par derrière sans trop d'effort.
Un bon coup bien placé et le marine rattrapait des heures de sommeils en retard et elles purent monter en toutes impunité dans le navire. Haruta ne perdit pas une seconde pour sauter sur sa nièce et s'accrocher à elle comme une moule à son rocher lorsque la logia dressa la bouteille de Tequila promise. Quant à Thatch, il regardait la caisse de vins. Même si ce n'était pas les olives, ça lui allait. Marco regarda les différentes caisses posées sur le pont.
- Eh bien. Tu as visité pas mal de choses, on dirait.
- Certaines de ces bouteilles viennent de la cave de ma famille, informa Ann. Si certaines sont si vieilles, rares et chers, c'est parce que c'est des trucs que l'une de mes ancêtres pirates ramenait de ses aventures à la maison, pour les jours de pluies, comme on dit. Ma mère n'aime pas boire seule, donc, elle a plus ou moins insisté pour que Carmen se serve.
- Eh bien, je remercie votre mère pour ce cadeau. Et que si elle veut un saké de la Grand Line, qu'elle le demande à l'un de mes fils ou filles, remercia Shirohige depuis son siège. Je te remercie aussi, ma fille, pour ton présent. Même si ta présence est plus intéressante que la moindre bouteille à mes yeux.
- Merci Oyaji, répondit Carmen. Mais ça me fait plaisir. Et puis, Haruta semble aimer son cadeau.
Elle regarda le pirate avec la bouteille entre les mains. Marco pointa qu'ils devraient peut-être faire plus de descente dans South Blue si ça pouvait acheter le petit commandant de ne pas faire de blague avec Thatch. Carmen pointa qu'on n'avait encore rien trouver pour Thatch. Alors, elle soupçonnait que ce serait pareil pour d'autres. Leur échange fit rire leur paternel alors qu'Ann ouvrait avec précaution une boite imposante. Carmen revint vers le capitaine et annonça :
- J'ai malheureusement une mauvaise nouvelle. Deux Tenryuubitos sont sur l'ile actuellement et pour une durée encore inconnue.
Plusieurs de l'équipage se tendirent. Ann ne fut pas surprise de la réaction. Elle savait que Shirohige ouvrait les bras aux rébus de la société. Trouver d'anciens esclaves à son bord n'était pas surprenant.
- Merci pour ta nouvelle, dit gravement le capitaine. Que les commandants se passent le mot. Personne seul le temps de notre présence.
En soupirant, elle se releva, un jéroboam de vin entre les mains.
- Ceci… mon père l'a sélectionné pour vous. En toute franchise, je ne vous connaissais pas, donc, j'avais l'intention de la refiler à mon parrain. Mais pour ce que vous avez fait pour mon abuelo, je pense que c'est la moindre des choses. C'est un vieux cru très recherché en South Blue. Surtout sous ce format.
Et elle brandit la bouteille immense entre ses deux mains pour la rendre plus accessible à la hauteur du grand individu qu'était le capitaine.
- Rien ne vous y obligeait, mais vous l'avez fait. En ça, je vous remercie.
Cela tira quelques expressions perplexes sur le pont, outre Marco et le capitaine.
Le capitaine regarda l'objet un instant. Il écarquilla les yeux, voyant ce qu'était la bouteille et regarda alors Ann attentivement et réellement. Elle en aurait mis sa main à couper qu'il venait de capter qui elle était. Vraiment. Finalement, il la mit sur le côté et lui il fit un salut respectueux, baissant le haut de la tête.
- Je suis simplement triste qu'ils aient oublié que nous sommes tous des enfants de l'océan. Je le devais. Après tous, ton abuelo le méritait. Tu seras toujours la bienvenue à bord avec ta jeune amie.
Étrangement, cela lui fit chaud au cœur de savoir ça et ça devait faire plaisir au premier commandant vu l'esquisse de sourire. Alors qu'elle s'inclinait, Ann entendait son père dire que oui, sa fille était la plus belle et la plus intelligente, mais que c'était sa fille, donc, Edward n'avait pas le droit d'essayer de l'adopter.
La journaliste se redressa et ouvrit sa sacoche, dans laquelle elle avait remis les documents et notes qu'elle avait prise sur l'enquête Rhyddid. Que ce soit les documents « officiels » que ce que Garp lui avait remis. Les notes prise par Javier, leurs découvertes de Beleriand, ce que Jonathan leur avait raconté… tout ce qu'ils avaient. Carmen tira à son tour, le petit carnet où elle répertoriait, depuis qu'elle avait commencé à chercher, les informations qu'elle avait obtenues. Et elle le tendit d'abord au Yonkou, puis, voyant la différence de taille entre ses papiers et celle des mains de l'homme imposant, elle orienta sa main vers le premier commandant.
- Si on veut laver le nom des Rhyddid Aarch, je propose une mise en commun. C'est ce que j'ai pu obtenir depuis que j'ai pris l'affaire en main. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est déjà assez intéressant, ne serait-ce que pour savoir qu'on touche à beaucoup et très gros.
Un mauvais sourire étira ses lèvres, dévoilant ses crocs blancs.
- J'ai de quoi salir la réputation de plusieurs personnalités que tout le monde pense « blanches comme neige », mais ce n'est qu'un début.
Le capitaine regarda le tout et ordonna qu'on les laisse pendant qu'ils travaillaient sur l'une des tables du réfectoire. Ce serait assez tranquille pour ne pas être déranger ni espionné. Dans l'immense salle, il n'y avait qu'à présent Barbe Blanche, Marco et les deux jeunes femmes. Cependant, il y avait une nouvelle personne, une infirmière en fait, plus ancienne que les autres. Celle-ci marcha jusqu'à l'ensemble, et clairement, elle pourrait ordonner à Shirohige et celui-ci obéirait.
- Cassandra, c'est l'infirmière en chef du navire et c'est elle qui a enseigné à Marco les bases de la médecine, informa Roger à sa fille en réprimant un frisson. Un démon dans un corps de femme. Elle a vieilli, certes, mais je suis certain que ça ne l'a rendu que plus sadique et garce qu'elle ne l'était avant.
Ann fut reconnaissante de la part de Roja de sa brève apparition pour faire taire son père dans ses gamineries. Parmi les fantômes autour de la table où ils étaient désormais installés, Aarch était assis entre Marco et Shirohige, les yeux et oreilles grandes ouvertes dans l'espoir de déverrouiller sa mémoire bridée par le trauma. Derrière les filles, maintenant que Roger avait été puni au coin par Roja, Bruno avait pris place, les bras croisés dans son dos sous son poncho. Et déjà, le Phénix lisait tout ce qu'elles avaient trouvé, à haute voix pour leur capitaine qui écoutait attentivement pour le coup. De son côté, Ann sortit un calepin pour prendre des notes. Elle en aurait besoin, surtout si les fantômes disaient quelque chose d'intéressant et qu'elle devrait le partager.
- Je savais Aarch plutôt... comment dire cela... Il a enquêté sur des membres du Gouvernement et à déterré des merdes qui serait préférable d'être tut, pour certains, yoi. Tu as quoi, entre les mains, Carmen ?
- Les enquêtes sur des disparitions d'enfants dans toutes les mers, informa la logia. Certains avaient des prédispositions particulières pour le combat. Et en face, des sommes d'argents quittaient les comptes de la marine.
C'est là qu'on décida de présenter Ann et Cassandra :
- Cassandra, voici Portgas D. Ann. Celle qui a dégotté pas mal de chose sur mon père, présenta Carmen.
- Oui. Et rendue en direct Marco aphone. Bonjour, je suis Cassandra.
La grande blonde plantureuse appuya un bras à côté d'Ann sur la table, se penchant un peu trop dans l'espace vitale de la D. pour qu'elle ne se sente pas menacée, sans prendre en compte le regard noir qu'adressa le Phénix à la chef infirmière.
- Tu as peut-être bon cœur, mais tu manques sérieusement d'instinct de survie.
- Parait que je tiens ça de mon père. Vous pouvez reculer un peu, s'il vous plaît ? grogna Ann avec un rictus. J'ai des crocs et je sais m'en servir.
- Mauvaise idée, grimaça Aarch.
- Ooooh ! Mais c'est que la petite demoiselle essaie de faire peur ! C'est mignon !
Elle attrapa la journaliste par le menton dans une poigne solide et rapprocha encore plus son visage d'elle, fixant droit dans les yeux d'argent liquide de la jeunette.
- Tu as décidément besoin d'apprendre qu'avoir des bonnes intentions ne justifie pas de faire n'importe quoi, surtout avec sa santé. Et je serais ravie de te donner cette leçon, que tu ne seras pas près d'oublier.
- Cassandra, arrête, s'il te plaît, demanda Marco.
Chose à ne pas faire parce qu'elle changea de cible, laissant Ann faire travailler sa mâchoire. La blonde avait de la poigne. L'infirmière contourna la table avec le bruit sec de ses cuissardes et saisit le Phénix par l'oreille qui resta stoïque.
- Et toi, même si c'est pour une urgence et qu'une généreuse donneuse se présente avec des beaux yeux et une belle paire de jambes, tu devrais te rappeler que si on a mis en place des procédures en médecine, c'est pour une raison, capiche ?
Et elle tordit encore plus l'oreille du blond qui resta sans réaction. Comment faisait-il pour l'ignorer ? Si elle n'était pas assez embarrassée et effrayée, Ann aurait applaudi le self-control du commandant.
- Si tu as fini, demanda Shirohige avec un air entendu pour son infirmière.
La blonde regarda le capitaine et croisa les bras.
- Non. Je veux récupérer l'énorme bouteille de vin que tu viens de recevoir.
- Et que tu me la confisques ?! Et puis quoi encore !
- Ton foie, Oyaji, ton foie.
- Foutaise, je vais bien ! Et puis, c'est un cadeau d'un vieil ami !
Confirmation, il savait que c'était de la part de Roger.
- Un vieil ami ? répéta d'un air dubitatif Cassandra.
Ann se cacha la tête dans ses mains pour ne pas grogner alors qu'elle entendait Roger rire comme un idiot à côté d'elle. De colère, Bruno tapa du poing sur la table.
- On cherche à élucider la mort d'un de mes apprentis ! Un peu de sérieux, joder !
L'intention était là, mais venant d'un mort, sans grand effet. Heureusement, Carmen était là pour la mémoire de son père qui était assis à la table avec un air désespéré. Elle tapa du poing elle aussi la table, agitant de la vaisselle et de la décoration des alentours avec son logia avant de dire à la blonde :
- Bien que je conçoive que tu as la santé de Oyaji en tête, tatie, ce qui est parfaitement louable et compréhensible, je pense que l'on a plus gros à s'inquiéter aujourd'hui. Surtout avec ce nœud que mon père, Aarch, a trouvé dans le Gouvernement et que l'on vient de déterrer à notre tour. Alors, si tu veux faire la morale médicale, elle attendra la fin de cette réunion. Sommes-nous clairs, tante Cassandra ?
L'infirmière plissa des yeux avant de croiser les bras. Ann remarqua au passage qu'il lui manquait une phalange au majeur gauche.
- J'accepte de laisser là le sujet… pour l'instant.
Elle pointa un doigt menaça vers sa nièce.
- On aura une petite discussion toutes les deux, sous peu.
Puis, elle monta le doigt vers le capitaine.
- Et tu as intérêt à me trouver une bonne excuse de pourquoi je devrais te laisser cette bouteille.
- Quelle lise l'étiquette, souffla Roger à sa fille. J'ai pris l'alcool que Shirohige déteste le plus. Il va la garder en décoration mais la touchera pas. C'est comme ça qu'il a compris que c'était de ma part. Surtout parce qu'il était, avec Rayleigh et Crocus, le seul à savoir que je comptais descendre pour South Blue. Il a fait le lien.
- Histoire de conclure le sujet, je vous recommande juste de lire l'étiquette, dit Ann en se pinçant le nez. Maintenant que la récréation est finie, on peut commencer ?
Elle commençait à avoir une migraine ave ces conneries.
- Vous avez quoi, vous, de votre côté ? demanda-t-elle finalement en attrapant son crayon.
Cassandra s'absentât un instant puis revint avec un dossier médical assez ancien. Elle le dressa devant les autres.
- On va commencer par la base. Voici le dossier d'Aarch que j'ai personnellement fait. Si j'ai bien vu, la marine a fait une autopsie. Il restait un des vice-amiraux les plus réputés dans le Nouveau Monde, dit-elle.
- Il a dit avoir été approché, une fois pour devenir l'un des candidats au poste d'amiral, yoi.
- On est des loups, pas des chiens avec une jolie laisse qui mordent et aboient sur demande de gros porcs, comme tous les amiraux, cracha Bruno.
- Je ne suis pas un loup mais un griffon, pointa Aarch. Et comme les loups, me mettre une laisse est tout sauf une bonne idée.
- Mais, suite à ses enquêtes, son nom n'a jamais été nommé à nouveau. Et puis, il a refusé, continua Marco en chaussant ses lunettes en disant qu'il revenait.
- C'est une image, gamin, s'exaspéra Bruno. Je suis du sable, tu sais mettre une laisse à du sable, Aarch ?
Ann commença à faire des exercices de respiration pour garder son calme. Elle n'entendait plus rien de ce qu'il se disait à leur réunion. Elle ne remarqua même pas que le Phénix était revenu avec ce qu'il avait réuni dans la propre enquête de leur équipage.
Non.
Ce qu'elle percevait, c'était deux défunts ex-marines qui débattaient sur un sujet stupide alors qu'ils essayaient d'avoir une conversation sérieuse.
- Jonathan, ainsi que Kuzan, avaient une très belle blague pour des félins et une litière, rappela Aarch.
- Tu cherches des ennuis, toi. Et tu vas vite les trouver.
Une veine palpita sur la tempe de la journaliste et son poing se serra en tremblant sur son crayon.
- Connaissait Aarch, il doit forcément avoir une cache ailleurs. Il était… Jonathan… C'est un vice-amiral, encore, non ? Vous avez réussi à interroger et avoir des réponses honnêtes d'un marine, yoi ? s'étonna Marco en parcourant ce qu'elles avaient réunis.
- J'ai passé l'âge, Bruno-san, il reste peu que vous puissiez encore faire, pointa Aarch.
- J'ai été ton instructeur, gamin, je peux…
- ¡CALLAD ! craqua Ann en se levant d'un bond. Si vous voulez faire vos putains de gamins, faites ça ailleurs ! Si vous ne l'avez pas réalisé, y'a des gens qui essaient de bosser ici ! Et je me tourne surtout vers toi, l'abrutit de service ! C'est ta mémoire qu'on essaie de nettoyer ! Tu devrais être le premier à te concentrer sur ce qu'on raconte au lieu de débattre stupidement sur des affaires de loup, félin, sable ou que sais-je ! Cela commence à bien faire ! Vous êtes des vice-amiraux, plus des enfants !
Elle se rassis en sortant son anneau de kairoseki de sa poche qu'elle enfila, se coupant de son zoan. Puis, elle réalisa que tout le monde la regardait. Elle se racla la gorge, enfonça un peu plus sa casquette sur son crâne et se rassit calmement.
- Pardon. Soucis de zoan. Nous disions donc ? demanda-t-elle avec une petite voix.
- Qu'il est possible que mon père ait planqué encore plus de dossiers quelques parts, répéta Carmen en étalant les dossiers. Mais on a déjà une bonne base, non ?
Elle commença à les ranger dans l'ordre chronologique des évènements. Enfin, de ce qu'ils avaient, pendant qu'Ann prenait de façon automatique les notes sans même regarder ce qu'elle écrivait.
- Ce que je vois surtout, c'est qu'on a éliminé des personnes pour planquer des choses. Certaines des morts ont permis alors des interventions sur des territoires. Il a même enquêté sur le cas de la ville Blanche.
- Flevance ? s'étonna alors Marco après un regard inquiet pour Ann de l'autre côté de la table.
- Oui. Il n'était pas médecin mais il a vu un truc étrange. Regarde ça. C'est un dossier d'une des victimes.
Marco attrapa le papier et fronça les sourcils avant de pousser un juron violent qui fit même sursauter Cassandra. Celle-ci se retrouva avec le document entre les mains et on pouvait dire que les prochains membres du Gouvernement Mondiale qui allaient passer entre leurs mains allaient très mal terminer. Ann reprit de son côté le dossier que Garp lui avait refilé.
- Un souci ? demanda alors Barbe Blanche.
- Le saturnisme est un empoisonnement. Pas une maladie contagieuse. Attendez, fit Marco.
Il tira une feuille de papiers et une plume du sac sur le côté et commença alors à marquer les listes d'empoisonnement et ceux de maladies comme la peste ou la tuberculose qui étaient contagieuses.
- Le saturnisme est principalement reconnaissable, selon les papiers donnés par le Sekai Seifu, par la réduction de l'espérance de vie de l'individu et l'apparition de taches blanches. La Ville Blanche est connue pour son plomb. Et il est clair que celui-ci était toxique au point de tuer la population qui a fait son commerce autour.
- Empoisonnement au plomb. Ils n'ont jamais su qu'il était toxique, continua Cassandra.
- J'ai confirmé avec Kureha. Je lui avais envoyé le dossier. Et P'pa a découvert cela. Mais, je ne suis pas sûre si c'était avant ou après le massacre de Flevance. Ace ?
- Garp en a parlé dedans, donne-moi un instant, je retrouve le passage.
- Garp ? Genkotsu no Garp ? Tu lui as demandé des informations ? s'étonna Shirohige.
Ann haussa des épaules pendant qu'elle continuait de feuilleter rapidement le dossier.
- Je l'ai fait chanter, pour être plus précise. Comme je l'ai déjà dit, je suis prête à mettre ma tête sur le billot pour mes proches et Carmen entre dans cette catégorie. Là, j'y suis. C'était avant. Bien avant. Il avait été contacté par le docteur Trafalgar. Il avait demandé à se rendre sur place pour mener une enquête, mais on le lui avait refusé.
Elle sortit son calepin qu'elle ouvrit rapidement avant de trouver ce qu'elle cherchait.
- Suite au massacre, on a des rumeurs d'un survivant et peu après, on a…
Elle revint au dossier de Garp, mais cette fois, elle regardait des notes qu'elle avait rajouté avec.
- Chūsa Rosinante, sous couverture auprès de Joker, se baladant avec un gosse qui porte clairement les marques de cet empoisonnement, et cherche un médecin… sa mort coïncide avec la disparition de l'ope ope no mi.
Avoir une ligne directe avec les morts, ça aidait vraiment dans les enquêtes, parfois. Vu qu'elle avait douze/treize ans au moment des faits, elle ne pouvait pas vraiment avoir fait l'enquête elle-même. Mais poser la bonne question à un mort qui aime fouiller partout et on trouve pleins de petits détails très croustillants.
- Même si tout le monde à cette table déteste Joker, ce n'est pas sa façon d'agir, même si le lien est intéressant, pointa Shirohige. Il n'est pas à inclure dans notre affaire du jour.
Carmen hocha la tête, étant d'accord. Marco reprit le fil de pensée :
- Aarch se récupère un dossier d'un des morts de Flevance et enquête quand même dessus, yoi. Car il ne prend pas la réponse comme la bonne parole. Mais, trop tard ou on le fait taire avant.
La logia poussa le dossier de Flevance de côté, puis, sortit les mouvements d'argents qui avaient été trouvé et les dossiers de kidnapping.
- On a aussi les preuves, à présents, sous la forme de livres de compte, que plusieurs du Gouvernement trempent dans l'enlèvement d'enfants aux quatre coins des mers.
Shirohige gronda assez fortement pour qu'on ait des tremblements dans le navire. S'il y avait bien une chose qu'Ann savait, même en étant une gamine banale de South Blue, c'est que les enfants, c'étaient sacrés pour Shirohige. Bruno lui avait d'ailleurs dit que dans la Marine, certains disaient que le Moby Dick était un orphelinat flottant. Alors, pour le coup, la colère du Yonkou était compréhensible et Ann la rejoignait parfaitement.
- Je parie que les enfants sont pris pour l'une des organisations secrète de la Marine pour en faire de bons petits soldats obéissants, bien conditionnés, siffla Carmen. Cipher Pole, par exemple. Sinon ? Du côté de la mort de mon père ? Tu vois quoi, Cassandra ?
L'infirmière mordait l'ongle de son pouce, clairement agacée par quelque chose.
- C'est un compte rendu banale, fait par un marine banal avec une patte bien graissée en billets. Les données ne correspondent même pas à Aarch. Enfin, pas toutes. Ici, on indique qu'il a une quantité de drogue létale dans le sang. C'est plus un « suicide » qu'une mauvaise prise. C'est une dose, dix fois plus concentrée qu'une seringue peut prendre. Et, regardez.
Elle tourna le dossier, montrant le rapport de la dernière visite médicale du soldat, juste avant son départ de Bélériand. Quelques semaines avant sa mort. La majorité passait au-dessus de la tête de la D. mais le froncement de sourcil de Carmen disait que ce n'était pas bon.
- Ma petite, tu sais ce que donne comme particularité, le fruit du démon du griffon ? demanda Cassandra à Ann.
- Escucha bien, vieja bruja, quand je prends un dossier, je fais mes devoirs jusqu'au bout. Je ne fais pas le job à moitié, s'énerva la journaliste. Tu veux que je te parle de quoi ? De la régénération infernale des zoan mythiques ? Ou de la quasi-impossibilité de pouvoir empoisonner un griffon ? Peut-être de ce dernier point, ce qui laisse donc supposer que soit on a fait une substance juste pour le vice-amiral Rhyddid en y ajoutant de l'extrait de kairoseki, soit il était menotté quand il a reçu la dose léthale, parce que je doute qu'il y ait quelqu'un assit à cette table qui puisse un seul instant penser qu'il aurait accepté gentiment de crever et laisser sa fille unique derrière.
Marco et Shirohige regardèrent Ann comme si elle était folle et qu'elle n'allait pas tarder à finir en morceaux. Cassandra avait les yeux froncés et la main s'approchant alors de la poitrine. Carmen dressa son dossier en protection de son visage, par réflexe, principalement. Ann eut un rictus de défi. Son zoan était peut-être sous clef, mais les mimiques restaient là.
- Qui traites tu de vieille, gamine ? J'ai fait pleurer le roi des pirates dans les jupons de son second. Veux-tu que je te passe au même traitement ?
Au lieu de répondre, Ann décida de se montrer raisonnable. Et cela revenait à donner le côté médical à quelqu'un de raisonnable justement, aka Marco. Elle tendit la main vers le dossier encore entre les doigts de Cassandra quand Shirohige intervint avec un sec rappel à l'ordre :
- Cassandra. Viens au point que tu voulais avancer.
L'infirmière eut un regard si noir que Carmen chercha une porte de sortie la plus proche. Marco contemplait clairement le temps qu'il lui faudrait pour sauter par l'un des hublots, de son côté. Néanmoins, indiquant clairement que ça n'allait pas se terminer ainsi, la blonde reprit :
- Oui. Le griffon est impossible à empoisonner. Donc, même une drogue ne pourrait rien lui faire. Le cocktail utilisé avait plusieurs composants à ce que j'ai repéré. Il est mort d'une insuffisance respiratoire, avec un ralentissement du cœur et une hypoxie du cerveau.
- Donc, clairement, on voulait qu'il ne se relève pas. C'est tout sur le dossier médical ? D'autres points à mettre sur la table ? demanda calmement Ann.
- C'est tout, pour l'instant. Le corps a été mis quelque part et on ne peut faire de contre autopsie.
- On le retrouvera, mais ce n'est pas la priorité pour l'instant. Cela fait longtemps, Carmen, dit doucement Ann à son amie. Je doute qu'on puisse trouver encore aujourd'hui quoique ce soit en faisant une autopsie, sans compter qu'il y a le risque de passer après un autre médecin légiste, et donc, que certains indices soient abîmés. On verra pour lui offrir un enterrement décent, parce que oui, il y a toujours un corps, n'oublie pas, I have friends on the other side.
Elle adressa un regard sérieux à son amie, lui faisant bien comprendre que tant qu'elles n'auraient pas le corps, l'enquête ne s'arrêterait pas. Ce n'était pas la priorité du moment, sans compter que cela pourrait alerter ceux qui ne voulaient pas qu'on rouvre le dossier. Une fois le message passé, elle prit le dossier consacré aux meurtres qu'on avait mis sur le dos d'Aarch et qu'elle s'était constituée. Elle le mit sur le côté, rangea proprement les autres dans un coin, avant de répartir les pages qui l'intéressait sur la totalité de la table. C'était des fichiers concernant les victimes, le pourquoi et le comment de leur mort, et un début d'enquête qu'elle commençait à mener pour prouver qu'Aarch n'était pas traître.
- Mon idée est simple. Présenter un appât pour faire sortir le loup du bois. Je suis miss tout le monde, qui vient tout juste de montrer son visage en tant que journaliste. Personne de bien inquiétant. La seule personne qui pourrait me menacer est incapable de se rappeler de pourquoi je suis dangereuse, raconta la journaliste. Donc, si un reporter se met à publier dans le journal sur le vice-amiral Rhyddid, plus précisément, qu'on lui a attribué des morts en tant que bouc-émissaire, ça va faire mouche. J'ai déjà publié un article qui peut s'en rapprocher. Certes, le nom de Rhyddid n'a pas été énoncé dedans, mais le vice-amiral Jonathan a été mis au placard parce qu'il a fait ses classes et savait lui aussi des choses sur tout ça. Et je l'ai interrogé…
- Donc, tu mets un panneau sur ta tête disant que tu mets ton nez là où il n'a rien à y faire et tu attends de voir ce qui va mordre à l'appât, yoi, comprit Marco.
- Et tu feras quoi une fois cela fait ? demanda froidement Cassandra.
- Le faire parler. Obtenir une piste suivante, pousser l'adversaire à faire une erreur.
- C'est déjà ce que je faisais en faisant parler de la fille du traitre dans les différentes mers. Il était clair que quelqu'un suivait mes traces. Grâce au Calypso, je vais loin et rapidement. Mais, l'idée de Ann permettra de faire prendre des décisions plus drastiques et donc, de faire des erreurs, commenta la médecin. Et, en mettant ça dans le SEKEI, on a alors un pouvoir en plus face à ceux qui veulent faire taire : Les populations de lecteurs.
Ça ne plaisait clairement pas à Marco, vu l'expression. Mais c'était la décision des filles.
- J'ai déjà récupéré toutes les éditions du SEKEI pour l'enquête… j'ai vu large dans les dates, histoire que même Morgans ne sache pas sur quoi je bosse vraiment, informa Ann. Sans compter que j'ai déjà fait le choix de mon premier dossier.
Elle sélectionna l'une des victimes dans le tas et l'agita.
- La victime est originaire de Water Seven. Et elle est morte là-bas. Et d'après moi, c'est le parfait lieu pour tendre un piège. Pour la simple et bonne raison que le CP9 est en mission sous couverture là-bas. Soit on devra envoyer une équipe réduite et discrète, soit mettre un terme à leur mission pour m'avoir. Et dans les deux cas, ça me va très bien.
Elle croisa les jambes et appuya son menton sur un de ses poings avec un sourire.
- Mon argent sur une équipe extérieur. Ils ont l'air sur un trop gros coup pour risquer la couverture des agents sur place.
- Et je mets aussi mon pari sur le sien, renchérit Carmen.
Marco regarda les différents dossiers en réfléchissant. Shirohige regarda, pour sa part, un autre dossier qu'il avait pris dans le tas.
- Faites une copie de cela que Marco gardera, au cas où. Et pour reprendre ce que dirait ton père, Carmen… Que la chasse commence.
- Suis-je la seule qui voit qu'elles vont se mettre en danger avec leur décision ? demanda Cassandra.
- Non, soupira Marco. Mais mieux vaut être supporter qu'opposant car la situation pourrait encore plus les mettre en danger.
Cassandra n'était vraiment pas d'accord mais soupira avant pointer Carmen du doigt :
- J'apprends que vous avez trouvé la mort stupidement, je vous tire des griffes de Davy Jones pour vous tuer moi-même. C'est clair ?
- Oui.
- Puis-je me permettre d'exposer une autre partie de mon plan ? demanda Ann avec un sourire sanglant.
Sans attendre de réponse, Ann se tourna vers Carmen.
- Tu te souviens de mon petit-frère, Luffy ? Tu as conscience qu'il n'est pas un Portgas par le sang, on est d'accord ? D'après toi, qu'est-ce qu'il a comme ascendance intéressante qui peut aider dans notre affaire pour d'un côté, rajouter un peu de protection et de l'autre mettre un niveau de difficulté à l'ennemi ? demanda innocemment la fille de Roger.
- J'ai le droit à combien de tentatives ? demanda Carmen après réflexion.
- Si avec ce que tu sais déjà, tu devines pas du premier coup, je donne directement la réponse.
- Un cousin de Shanks le Roux ? J'ai pas vraiment d'autres personnes en tête en fait.
- … je pense que si ça avait été le cas, j'en connais un qui devrait vraiment faire attention à l'éducation des hommes de sa famille, et que Shanks aurait moins fait la tête quand Luffy lui a chipé l'akuma no mi. Mais non. Je pense à quelqu'un qui serait ravi d'avoir du linge sale contre la Marine et le Gouvernement Mondial. Dragon de la Révolution. Et j'ai déjà commencé à lui envoyer une copie de certains éléments. Pas tout, certes, mais assez pour lui donner l'eau à la bouche. Donc, il est fort probable que bientôt, ma petite personne ne soit pas assez intéressante pour le Sekai Seifu. En d'autres termes, il est possible que la Révolution utilise ces informations contre eux.
Elle n'était pas pour rien la nièce de Javier la Araña. Ce genre de manigance était leur héritage.
Et puis, elle faisait confiance aux personnes dans cette salle. Et son instinct lui faisait rarement défaut.
Il y eut un silence long. Chacune des autres personnes de la pièce contemplait le vide en silence. C'était une façon de lâcher une bombe, et Ann était assez fière de la façon dont elle l'avait présenté. Carmen tira son paquet de cigarette et Cassandra ainsi que Marco tendirent la main pour en prendre une.
- … et dire que Garp a engendré l'ennemi du gouvernement mondial. Et que le petit-fils est parti pour devenir pirate, termina Carmen. Eh beh… la famille de dingue.
- Garp ?! s'étrangla la blonde.
Elle prit son visage entre ses mains en marmonnant après des idiots qui ne devraient pas avoir de descendance et Garp faisait partie de la liste. Dans certaines circonstances, Ann aurait été d'accord, mais là, sans lui, elle n'aurait pas eu de frères, donc, elle était plutôt contente, même si Luffy l'avait fait tourner en bourrique plus d'une fois.
- Maintenant que la bombe est lâchée, reprit Carmen. J'approuve le plan totalement. Le linge sale du Gouvernement Mondial ne devrait pas rester dans le placard.
A ce stade, le linge sale serait lavé, aéré, amidonné et reprisé avant d'être replié avec soin.
- Et Dragon le fera à cœur joie, yoi, marmonna Marco qui s'était allumé la cigarette avec une de ses plumes
Il tira un instant dessus, sous l'air sombre d'Ann, avant de conclure :
- Carmen, change de marque.
- Va prendre ton kiseru et m'embête pas avec ma cigarette maison, lui dit la jeune femme. Bien… je crois que l'on a un programme, Ace ?
- J'ai dit tout ce que j'avais à dire. Il ne me reste plus qu'à faire les copies nécessaires pour tout le monde et envoyer le nécessaire à l'autre lézard qui n'assume pas son sperme, informa Ann. Si personne n'a rien à rajouter, je vais donc me mettre au boulot.
Elle regarda tout le monde, mais personne n'avait rien à rajouter. Alors, elle se leva et réuni tout ce qui avait été mis sur la table pour le ranger dans sa sacoche. Elle avait un rendez-vous ce soir-là, donc, elle commencerait les copies pendant ce temps-là, avant de se préparer.
