Ace avait peut-être dormi deux heures, mais ça ne l'aidait pas des masses avec sa migraine. Il avait lancé un appel au capitaine Toki et attendait que ça décroche en faisant le brouillon de l'article qui devrait laver le nom d'Aarch pour le meurtre de Water Seven.

« Toki en ligne, qui est à l'appareil ? »

Le D. sursauta presque au son de la voix. Il posa son crayon de papier sur la table de la cuisine qu'il monopolisait pour son boulot et se saisit de l'escargophone.

- Bonjour, je vous demande pardon pour le dérangement, mais j'ai un message important à transmettre à miss Portgas D. Amelia. Puis-je lui parler ?

Le denden haussa un sourcil.

« Vous aurez affaire à moi que ça vous plaise ou non. Portgas fait partie de l'équipage, de la famille, ce qui la concerne me concerne aussi. »

- Avec tout mon respect, capitaine, ça fait longtemps que je n'ai pas pu la voir ou avoir le moindre contact avec elle. J'ai pu obtenir ce numéro par miracle, mais si vous avez mieux à me donner, je vous assure que je ne vous dérangerai pas plus longtemps.

« Je n'ai pas eu votre nom, je crois. »

- Appelez-moi le cafard, elle saura de qui il est question.

« Restez en ligne. »

Le combiné fut reposé de l'autre côté et on s'éloigna pour sortir d'une pièce. Ace soupira et reprit son crayon pour reprendre son brouillon. Il tourna une page des notes de son enquête et siffla d'un air menaçant à Strike quand il vint le renifler. Il sortit les griffes pour rendre la menace plus explicite, faisant reculer tristement le gros toutou (un patou lui avait expliqué Carmen) qui tenta ensuite sa chance avec Iro qui dormait sur les pieds de la table, sans plus de résultat. Au moment où l'animal s'en allait enfin, on reprit le denden de l'autre côté.

« Vous avez de quoi noter ? »

La lassitude de la voix laisser deviner à Ace que sa cousine avait hâte de lui parler.

- Oui, je vous écoute.

Avec un petit sourire, le D. nota rapidement sur un coin de son brouillon le numéro qu'on lui dictait.

- Je vous remercie, et encore désolé pour le dérangement.

« Ouais, ouais. »

Et sans plus, le pirate raccrocha. Ace ne s'attarda pas et composa le numéro d'Amelia. Qui décrocha immédiatement.

« Cafard ? »

- Hey, la zorra, t'as oublié que tu avais un cousin ou juste que je me suis barré avec le sloop de ma mère et tout ce qu'il y avait dedans.

« Qu'est-ce que tu as fait à ta voix ? Elle a l'air plus… »

- Masculine ? Tu te souviens de l'idée de Sabo sur mon zoan ? Bah c'est confirmé et utilisé plus que de raison.

« Heureuse de voir que tu as réussi ! Ça va mieux, de ce côté-là, donc ? »

Ace prit le temps de réfléchir.

« Si tu me réponds pas directement, c'est que c'est un non. »

- J'ai toujours mes crises, mais je peux les écourter en changeant de genre. Mais ce n'est que remettre à zéro le minuteur d'une bombe.

« Je vois… »

- Mais je ne t'appelle pas pour ça. J'ai besoin que tu t'assoies et que tu m'écoutes attentivement la zorra. Et je ne veux pas que tu fasses quoi que ce soit d'impulsif, irréfléchi. Surtout que j'ai ton vieux qui se ronge les ongles justes devant moi.

« Alors, pourquoi tu me le dis, si tu te doutes que je vais mal le prendre ? »

- Parce que je le partage dans l'espoir qu'on mette nos cerveaux ensemble pour arriver à notre objectif. Et que je sais que ce que je suis sur le point de te dire, tu le sauras à un moment ou un autre, et que je préfère te le dire moi, histoire d'essayer de faire entrer un peu de bon sens dans ton crâne.

Amelia soupira et s'assit.

« Je t'écoute. »

- J'ai un gros soupçon, très gros, de l'ordre de quatre-vingts pour cent.

« A quel sujet ? »

Bon, c'était au pile ou face.

- Akainu risque de tourner au berserk et faire le tour de la Grand Line. Je veux pas que tu crèves pour rien, 'melia. T'es ma grande-sœur plus que ma cousine. S'il sait que t'es la fille de Javier, il te tuera.

« Onze ans. Et tu attends que je reste sagement assise ? »

- Il m'a élevé comme si j'étais sa gosse, comme ma mère c'est occupé de toi comme si tu étais la sienne. Tu crois que…

Amelia raccrocha.

Ace soupira et jeta son crayon sur la table. Javier disparut, certainement pour garder un œil sur sa fille.

- Averti ta mère, recommanda Roger.

Le fils était déjà sur le denden pour appeler Rouge. Et dès qu'elle décrocha, Ace ne lui laissa pas le temps d'en placer une, il y avait bien plus important.

- Maman… je viens de condamner Amelia à mort.

.


.

Pour ce qui était des tours de gardes sur le Calypso (c'est la Grand Line, il ne faut surtout pas baisser sa garde), Ace se désignait d'office pour les heures les plus sombres. Il avait l'avantage de son zoan, ce qui le rendait plus discret que ses amies puisqu'il n'avait pas besoin de lanterne pour garder un œil sur le large. Dès que l'aube commençait à se pointer à l'horizon, il laissait sa place à Kali ou Carmen, au choix, pour retourner se coucher. De toute façon, en tant que chat, il faisait des micro-siestes tout au long de la journée, donc, il avait rarement ses batteries à zéro et restait plus facilement alerte.

Donc, après une petite heure et demie à dormir à nouveau dans le nid, il s'était levé pour attendre le journal, dehors. La première page le fit sourire vaguement. La seconde, elle ne faisait que confirmer ce qu'avait émis Ace en hypothèse. Un amiral comme Akainu n'était pas du genre à aimer perdre la face. Et Marina qui prend le large alors qu'elle doit être mariée, ça mettait l'homme dans une position inconfortable. Ce qui expliquait l'encadrait dédié à la recherche de la demoiselle, avec une forte somme en récompense pour la moindre information à son sujet.

- Buenos días, salua le D. en rentrant dans la zone cuisine. Journal du jour et courrier.

- Marina devrait rester en cuisinière, commenta Carmen. Les pancakes sont parfaits.

Ace haussa des épaules. Ça lui allait parfaitement. Plus de temps pour écrire ses papiers. Il parcourut son propre courrier après avoir donné le journal aux filles. Il nota une lettre à l'adresse de Carmen, et l'odeur sur le papier disait qu'elle était du quatrième commandant. Il allait la donner à qui de droit quand Carmen s'adressa à la petite nouvelle :

- Marina, fy rhediad bach, regarde ce que tu as là.

La concernée, n'ayant pas compris le dialecte, cessa de chercher à se cacher dans son chien, attrapa la feuille de papier avec sa photo dessus. Le visage se figea net et elle ne bougea pas. Le chien commença même à être inquiet puisqu'il tenta de la faire réagir. Ace haussa un sourcil, puisque non seulement, l'animal cherchait à faire réagir la fille, mais en plus, il demandait de l'aide pour une Marina livide qui ne respirait plus.

- Mesdames messieurs, l'argent de vos impôts sert à financer les intérêts personnels de hautes pontes, marmonna Ace en revenant à son courrier sans s'occuper de la fugueuse. Je vais envoyer un mot au patron pour voir si on ne peut pas rebondir dessus pour décrédibiliser Akainu. Cela nous fera gagner un peu de temps avant qu'on commence notre plan.

Carmen soupira. Elle pinça alors la joue de la jeune fille qui sauta presque à la douleur et les regarda avec de grands yeux.

- … Me planquer jusqu'à ma majorité. Et déballer l'ensemble de sa merde à un journal. Il veut la guerre, pas de problème !

Ace eu un sourire que la demoiselle ne vit pas puisqu'il lui tournait le dos.

- On se calme et on mange, coupa Carmen. Je tiens à mon petit déjeuner en paix.

Elle s'installa dans le siège pour prendre son thé, mais ne put le boire puisqu'Ace lui mit une lettre sous le nez.

- De la part d'un de tes oncles, dit-il.

Puis, il se redressa pour s'asseoir sur la chaise devant laquelle il n'y avait pas de couvert (puisqu'il ne déjeuner pas) et continua de parcourir son courrier. Tiens, Smoker avait répondu.

- Olalala, où pourrions-nous trouver le moyen de contacter un journal, et surtout, un ou une journaliste avec assez de cran pour écrire un papier contre un amiral, je me le demande bien.

- Ace, le sarcasme, c'est pas bon pour la santé, lui pointa Kali en levant enfin le nez de son verre de lait.

- Mais c'est une question qui mérite de se poser, continua le D. en parcourant son courrier.

Lettre de Morgans, justement. Tiens, Nami lui avait envoyé une lettre ? Un truc intéressant en East Blue ? Ace mit l'enveloppe de côté, sur celle de son boss et de Smoker et s'intéressa à la dernière. Juste son nom, pas d'expéditeur. Il la porta à son nez, histoire de voir s'il pouvait reconnaître l'odeur de l'expéditeur… et se mit à rougir comme une pivoine.

Marco.

Marco lui avait écrit. Pas même un jour s'était écoulé depuis l'attaque contre les Tenryuubito et il lui écrivait ? Ace s'éventa avec la lettre pour ne pas se mettre à rire d'embarras ou tourner de l'œil sous l'émotion.

- Alors, je veux bien que ton zoan te donne une vision nocturne, Ace, mais lire au travers le papier, c'est pas encore dans tes compétences, pointa placidement Kali.

Elle se leva pour débarrasser son assiette et laver son couvert.

- Mais, au besoin, je peux te donner une prescription, ricana Carmen. Juste au cas où. Il semble que tu aie pris de la fièvre.

- Calla, siffla le journaliste en virant encore plus au rouge.

Il rangea précieusement la lettre de Marco dans son veston et ouvrit celle de Morgans. Rien de bien intéressant, outre un chèque pour le reportage en direct avec les félicitations et un encouragement plus que pressant à le reproduire. Il y avait aussi quelques questions sur l'avancement du dossier top secret.

- Carmen, j'ai réfléchi à un truc. Si on débarque ensemble à Water Seven, nos amis du Gouvernement sur place vont sentir le coup fourré. On devrait peut-être y aller séparément, marmonna le brun en rangeant le chèque dans son gilet sans manche.

- Je m'en doute, marmonna la médecin. Et on en connait plusieurs qui seront bien trop curieux si on arrive. Surtout avec l'autre.

- Je vais juste voir si l'illusion est toujours active, mais il me touchera pas.

Il… Il avait envie d'être sérieux, en dépit de la distance et du fait qu'ils se verraient peu. Même en ayant découvert sa double identité, Marco était revenu vers lui, avec le message clair que rien ne changeait à ses yeux. Ou plutôt, qu'il avait encore plus envie de tenter quelque chose avec lui. Alors, il n'allait pas foutre ça en l'air pour une nuit de plaisir qui pourrait en plus de ça lui coûter la vie.

- Je propose qu'on s'arrête à San Faldo, c'est un carnaval perpétuel. On ne prêtera pas attention au trimaran, proposa le journaliste. J'y resterai le temps que mon cerveau me demande de changer.

Il ne précisa pas quoi, il savait que Kali et Carmen comprendraient, et la nouvelle le saurait bien assez tôt.

- De là, je prendrais l'Umi Ressha pour Water Seven. A vous de voir si vous souhaitez arriver avant moi ou après moi. D'ailleurs, fais-moi penser à te faire lire l'ébauche de l'article. Quant à toi, Marina-san, si tu veux parler à la presse de tes ennuis, je peux envoyer une lettre à mon patron pour lui parler de ton cas… sans entrer dans les détails, parce que je suis pas fou au point de lui faire confiance aveuglément.

La concernée releva la tête et eut alors un sourire.

- Merci ! Je vais y réfléchir.

- Bien. Je vais me diriger vers San Faldo, puis, direction Water Seven, intervint Carmen. Et sinon, il faudra peut-être trouver aussi une solution pour toi, Marina. Tu as un pauvre sac de vêtements pour te changer mais pas beaucoup plus. Et ta photo est sur le journal. Bien qu'il soit étrange que tes cheveux soient ainsi.

Kali regarda la photo sur l'avis de recherche, où la demoiselle avait les cheveux détachés. Elle revint ensuite à la fugueuse assise à leur table et à ses tresses. L'elfe pencha la tête sur un côté. La façon dont elles avaient été faites était particulière. Ça lui rappelait quelque chose, mais elle ne saurait dire quoi…

- C'est la photo d'école. Ça donne une idée du nombre de fois qu'il me voit, pas vrai ? Elle a un an. J'ai de quoi acheter des vêtements ainsi que de faire une couleur. Et puis, il me voit toujours en uniforme. La dernière nounou m'a repéré parce qu'il avait mis une Vive Card sur Strike.

- Tu as vérifié même dans les doublures, soupira Carmen.

- Oui, grogna Marina de désespoirs. On avait mis un morceau dans mes sous-vêtements, cousus dans la bretelle. Des salauds obsédés. La marine est remplie d'obsédé.

- Obsédé, je vais pas dire le contraire, mais y'a des chics types… et des bons coups, je plaide coupable, ricana Ace en brandissant la lettre de Smoker. Dieu, il va me mettre une prime quand je vais lui dire qu'on passe de sex friend à juste pote.

- Merci, enfin tu te calmes ! souffla bruyamment Roger de son côté en levant les bras au ciel comme pour le remercier.

- J'ai remarqué aussi que plus les marines sont haut gradées, plus ils ont tendance à laisser de côté leur famille, le vice-amiral Aarch étant l'exception à la règle, continua le journaliste.

- Je dois me sentir visé ? se renseigna Bruno.

- Tu nous feras signe quand tu auras fini de divaguer, lui dit Kali. Je peux, Marina-san ?

Elle tendit une main vers les tresses de la demoiselle à peine plus vieille qu'elle qui fixait auparavant Ace avec horreur.

- Vas-y. Je les fais avec des perles en plus, parfois. Ou des anneaux.

Kali se leva et approcha la tête de la femme, prenant entre ses doigts les tresses, passant le bout de son ongle sur celles-ci comme si elle était devant un vestige archéologique.

- Tu mets les perles généralement à la racine, non ? devina-t-elle avec une voix étrange tremblante.

- Kal' ? appela Ace en sentant que quelque chose n'allait pas avec leur amie.

- … Oui ? paniqua à moitié Marina

- Tu es allée à la Petite Sarkomand ? continua l'elfette en resserrant involontairement sa main sur les tresses entre ses doigts.

- Euh … non ? Jamais ? répondit Marina avec une inquiétude croissante. C'est un ami qui m'a appris à faire les tresses comme ça. Il disait que ça avait une signification lorsqu'on plaçait d'une certaine façon les perles et les anneaux.

- Kali ? appela doucement Carmen.

- Cheveux tressés à l'envers, perles aux racines, anneaux pour servir à les garder plus facilement en place, mais surtout, pour porter les outils utiles à la putain de caste des scribes !

Elle saisit Marina avec force dans sa main, lui aplatissant les joues.

- Qui ? Comment ?! PARLE !

Ace se leva et ceintura la zoan avant que ses ailes ne sortent et renversent tout, et surtout, qu'elle ne fasse pas plus mal à Marina. Doucement, il l'éloigna et l'embarqua avec lui vers le nid. Il s'assit à côté d'elle dans le tas de coussins et de couverture et appela Iro qui se jeta sur la zoan clairement au bord de l'hystérie. Le D. regarda Carmen d'un air perdu alors qu'il essayait de calmer la jeunette. Cela lui rappelait un peu trop que quelques mois avant, elle n'était qu'une junkie sur un trottoir. Elle avait fait certes des progrès, mais c'était encore fragile.

- J'veux pas retourner là-bas… sanglota Kali en s'accrochant à Ace de toute ses forces. Je veux pas revivre tout ça… je… je veux être moi ! Je…

- Shhh… tranquilizate, chica. Quoique tu craignes, je peux t'assurer qu'il faudra nous passer sur le corps. On est une famille, on veille les uns sur les autres.

Il lui caressa doucement les cheveux, faisant résonner un ronronnement dans sa poitrine pour essayer d'apaiser la demoiselle qui pleurait dans ses bras. Carmen vint se joindre à eux et prit Kali dans ses propres bras. Ace se changea alors sous sa forme animale pour se blottir un peu plus contre l'elfe désespéré avec Iro, essayant de lui apporter réconfort et soutien.

Carmen commença alors à chanter doucement, dans sa langue natale. C'était une berceuse, d'après le rythme. Cela lui donnait le même sentiment qu'il avait éprouvé quand sa mère lui en chantait quand il était gamin. Il ferma les yeux et se mit à ronronner encore plus fort.

- Durgâ, chwaer bach, il faudra me passer sur le corps si quelqu'un veut te faire du mal, souffla Carmen pour la rassurer. Et je suis sûre que notre chaton résidant le fera aussi.

Plutôt deux fois qu'une. Kali était de sa famille. Il avait déjà l'ombre de l'erreur monumentale qu'il avait commis en avertissant Amelia, il ne supporterait pas qu'il arrive quoique ce soit à un autre de ses proches. Il y mettrait son sang pour ça.

- Veux-tu parler ? Marina peut aussi attendre sur le pont pour ne pas qu'elle écoute. Ou changer de coiffure si tu veux.

Kali secoua la tête avant de refouler un frisson.

- J'ai besoin de prendre l'air.

- Sors avec Iro, alors, recommanda Ace.

Kali se leva du cocon, prit son cardigan dans son placard pour sortir avec sur le pont, suivi par la panthère grise d'inquiétude. Elle n'accorda aucun regard à la fugueuse. Quand la porte se fut refermée, Ace poussa un profond soupir et roula sur le dos en reprenant sa forme humaine, les bras en croix, les yeux fermés.

- Marina-san ?

- … Oui, Portgas-san ? demanda la concernée qui était contre son chien actuellement en quête de réconfort.

Il leva un bras pour lui faire signe de le rejoindre. Marina, bien que presque majeure, était encore assez jeune. Elle se redressa et vint en silence, gardant la tête vers le bas, comme une gamine qui attend sa punition. Quand elle fut à portée, Ace se redressa avec vivacité, lui attrapa un bras et l'entraîna dans un même mouvement dans le nid, où il l'attaqua à moitié avec des chatouilles et le reste du temps avec des gentils coups de coussins.

- Arrête de tirer cette tête de six pieds de long ! grinça le nekomata en continuant l'attaque minutieuse de la nouvelle.

Vu la réaction de la brunette, elle était très chatouilleuse. Parfait, elle serait d'autant plus sensible à des poils de chats. Et comme avantage, il avait deux queues qu'il utilisa judicieusement dans sa torture.

C'est là que quelque chose de blanc et énorme entra dans son champ de vision, suivi par quelque chose de râpeux et baveux qui lui racla la moitié du visage. En sifflant de colère, le D. se retira du nid, montrant les dents au patou joueur qui avait voulu se joindre à eux.

- Stupide clebs.

Il tourna les talons pour aller se laver le visage. Eurg. De la bave de chien. Et Roger se moquait de lui.

- ET TOI TA GUEULE !

Il claqua la porte derrière lui en boudant.

Il se nettoya méticuleusement le visage, allant jusqu'à s'irriter la peau, avant de se sécher et de sortir. Il adressa un regard noir au toutou dans son semblant de panier et tourna la tête vers Carmen.

- Bon... je ou tu parles avec Kali ? demanda la médecin.

- Je te laisse faire… juste un truc. J'ai un soupçon depuis longtemps, mais je sais assez lire entre les lignes pour deviner que le vieux a vu l'île natale de Kal. Et qu'il en a gardé un mauvais souvenir. T'as bien vu la façon dont le vieux joueur l'a regardé à Shabaody…

Il soupira et alla ramasser son sac de travail avant de revenir vers Carmen.

- Le premier qui la touchera… je sais pas ce que je ferai à cet instant, outre qu'il aura pas le temps de lui faire du mal avant que je m'occupe de son cas.

Il resserra sa main sur la tête de sa hache.

- Elle a pas eu une vie facile, mais en dépit de ça, la simple ombre de son enfance l'a mise dans cette état. C'est tout juste si elle ne m'a pas dit vouloir retourner à Laos plutôt que revoir son peuple.

- Ce n'est pas parce qu'elle a l'air d'aller bien, qu'elle l'est, lui répondit Carmen. Kali a réussi faire un long chemin en très peu de temps mais il y a des cicatrices qui peuvent apparaitre n'importe quand. Je le sais car je connais une personne qui, encore aujourd'hui, peut tomber gravement dans une dépression suicidaire. Je vais parler avec Kali. Mais, sois simplement là pour elle lorsqu'elle le demande. Ce sont des petits pas.

Marina passa à cet instant et pinça ses lèvres. Le duo cessa de parler le temps qu'elle retourne à ses affaires, puis Carmen revint vers Ace avec un sourire.

- Mais, elle est bien plus forte que beaucoup de personnes qui ont subi pareil enfer. Soit elle tentera de découper les tresses de Marina, soit demander une nouvelle coupe, ou passer par-dessus et ignorer. Mais il faut beaucoup de temps. Cependant, j'ai envie de déclencher un cataclysme chez ceux qui lui ont fait subir pareille horreur.

Et Carmen sortit un sourire qui aurait foutu la trouille s'il lui était destiné, mais là, ça disait juste que ça allait mal finir pour plusieurs personnes.

- Je peux venir avec ma hache ? demanda Ace avec ses grands yeux innocents de chat botté.

- Allons Ace, je serais déçue si tu ne venais pas avec.

- Faut garder une place pour ma mère. Garp lui-même a peur de sa poêle à paella.

Marina était en train de finir de ranger quand elle entendit la fin de la conversation.

- Garp comme le vieux sénile frappa-dingue aux crackers qui dort avec un ours en peluche ? se fit confirmer la demoiselle.

- Et en caleçon Daffy Duck, compléta Ace avec un mauvais sourire. Il m'a kidnappé quand j'étais gosse pour m'abandonner sept mois plus tard dans une jungle d'East Blue en guise d'entraînement… Ou comment traumatiser à vie un enfant.

- Caleçon en Daffy Duck. Excellent. Bon, ça n'atteint pas le niveau de l'amiral Aokiji avec le caleçon Hello Kitty. Mais pas loin.

Ace se tût et regarda Marina, avant de la prendre par les épaules.

- Marina-chan. Tu es un filon d'or.

Il se précipita vers la table et y jeta son sac qu'il ouvrit un peu brutalement pour en tirer un journal au hasard qu'il ouvrit sur la micro bande dessinée sur les Germa.

- T'as déjà vu ces petits trucs, n'est-ce pas ? Certes, c'est de la propagande pro-marine, mais même si le Gouvernement essaie d'avoir son mot à dire, Morgans tient à conserver ses plumes sur le marché de l'information… imagine une autre petite section, toute aussi drôle, avec des petits facts drôle sur certains membres de la Marine… accompagnés de ce genre de choses…

Il reposa le journal pour prendre son carnet de dessin. Il le feuilleta rapidement avant de monter une caricature de Garp le représentant comme un gros bébé en train de pleurer avec un nounours sous le bras et un caleçon Daffy Duck. Caricature qu'il présenta en souriant à Marina. Elle regarda la planche de dessin, presque les doigts tremblant. C'était comme si on venait de lui mettre un texte sacré entre les mains.

- … Portgas... Je vais t'embrasser. Tu veux savoir quoi ? J'ai passé ma vie là-bas. J'ai autant que la vieille Tsuru sur la marine. Et elle m'en a raconté beaucoup ! J'avais même, pour m'amuser, fait un répertoire sous forme de petites histoires courtes des pires trucs ou les plus drôles. Une seconde. Strike ! Mon sac.

Le chien apporta le sac et elle sortit un autre calepin, plus petit, de couverture noire, avec un diable rouge dessiné dessus qui semblait se moquer du monde.

- Merci ma truffe, dit-elle en caressant la tête de son chien.

Le chien aboya et revint s'assoir au bord du banc pour dormir. Marina se tourna à nouveau vers Ace avec le carnet et un sourire montant jusqu'aux oreilles.

- Tu es doué à quel point pour dessiner des perles ?

Le jeune journaliste se saisit du carnet et le parcourut rapidement, un sourire de plus en plus grand sur les lèvres.

- C'est le début d'un sublime partenariat. Je ne peux pas contacter pour l'instant mon boss, mais je me ferais un plaisir de lui parler de ça. Je te laisse feuilleter le calepin. Il n'y a pas que des caricatures, mais ça devrait te donner une idée de ce que je peux faire.

Il pointa un doigt par-dessus son épaule à Carmen qui était sur le seuil, prête à sortir sur le pont.

- T'éloigne pas, tu dois toujours me donner ton avis sur le brouillon de l'enquête. Iro est avec Kal', tu peux souffler.

- Soit, fais voir le brouillon. J'en profiterais pour voir les notes de Kureha en même temps, accepta la médecin.

Elle s'assit à coté et récupéra le brouillon tendu par Ace. Elle parcourut tranquillement les lignes alors que Marina faisait le tour du calepin de dessins en riant à moitié. Et elle tira, à un moment, son carnet d'écriture et commença à gratter sur la feuille blanche pour la recouvrir de noir.

C'était un partenariat démoniaque qui se formait dans cette pièce.

.


.

Mi-novembre

Ace passa de l'eau sur son visage alors que la chasse d'eau se remettait en place.

Il détestait les boules de poils.

Il se regarda dans le reflet et retint un haut le cœur.

Ils n'allaient pas tarder à débarquer, il n'avait pas le temps de changer son genre maintenant. Il verrait à l'hôtel. Il inspira profondément et secoua ses mains pour éteindre la lumière et rejoindre les dames dehors. Ils n'étaient pas encore sur l'île qu'ils entendaient déjà le son du carnaval éternel de leur destination.

- J'ai un flash-back de Nassau, grogna le D. en réprimant un frisson. On te suit Carmen.

Il jeta un œil vers Kali. Iro ne lâchait pas l'elfe d'une semelle après ce qu'il s'était passé hier. Elle n'avait rien mentionné, conserver son attitude impassible, mais Ace pouvait prétendre la connaître suffisamment pour savoir qu'elle avait mal. Elle faisait la forte. Elle avait fait du chemin, mais la plaie restée béante, croire qu'elle pourrait guérir ainsi, c'était utopiste.

- Possiblement la même merde, confirma Carmen en répondant aux pensées précédentes du yôkai.

Il arrangea au mieux sa casquette sur ses oreilles pour masquer de sa vue les ombres des morts qu'il commençait à entrevoir. Dans son pantalon, il sentait la fourrure de ses queues se dresser. En douceur, on manœuvra le trimaran entre les autres navires

- Hey ! Baby ? Tu veux un vrai homme ? interpella un gars sur le quai.

Dans d'autre circonstance, Ace aurait gueulé parce qu'on osait sous-entendre qu'il n'en était pas un, mais là, il sentait les premières brûlures de sa peau. Il sauta agilement sur le quai quand il fut à bonne distance, et avec l'aide de Marina. Ils payèrent la régie pour la place du trimaran. Le groupe allait se séparer pour leur plan. Carmen et Kali resteraient le temps de faire des achats pendant qu'Ace et Marina allaient passer la nuit ici pour ensuite prendre l'Umi Ressha.

La nièce de Akainu avait voulu respecter sa parole sur partir le moment même où ils poseraient les pieds sur une nouvelle île, mais c'était sans compter sur le sentiment de responsabilité d'Ace et Carmen (et non, Ace refusait d'admettre qu'il était un tsundere). Il était aussi possible qu'un ou deux des arguments qu'il ait sorti viennent de Roger ou Aarch. En tout cas, cela avait été assez efficace pour lui faire comprendre de rester. Iro et Strike resterait avec les deux autres sur le trimaran.

- Vous avez les bébés dendens ? demanda Carmen en se tournant vers les deux qui descendaient.

- Oui maman, lui dit Ace en levant les yeux au ciel.

Carmen fit semblant d'éternuer à ce commentaire et Ace faillit finir dans l'eau du port sous le subit courant d'air. Seuls les réflexes de chat lui avait permis de s'accrocher à l'un des poteaux du port pour éviter la chute dans l'eau.

- Pardon, rhume des foins. L'amarre est à ton goût ?

Il lui montra les dents en sifflant pour toute réponse avant de redescendre sur le quai. Note à soi-même, la prochaine fois qu'ils reverraient Marco (et c'était une certitude qu'ils se reverraient, Ace y mettrait le prix pour ça), le D. allait faire le nécessaire pour obtenir un maximum de matériel de chantage contre Carmen.

- Vamos, chica. On prend l'hôtel rapidement et ensuite, tu pourras te payer les vêtements que tu veux, grommela le chat de mauvaise humeur.

Et sans attendre de réponse, son sac de change sur l'épaule, sa sacoche de boulot pendant sur la hanche opposée, il se mit en marche pour rejoindre un hôtel bon marché. Marina se dépêcha à sa suite. Ils marchèrent en silence jusqu'à atteindre un hôtel bon marché.

- Je te laisse lui parler, demanda le D. alors qu'ils s'approchaient de la réception.

- Pourquoi ? demanda Marina.

- Plus tard. Je te demande pas de payer, juste de lui parler.

Marina haussa des sourcils et s'adressa au réceptionniste. Une chambre et deux lits. Séparés, les lits, insista Marina quand on leur demanda s'ils étaient un couple. Les clefs en main, Ace grimpa rapidement les marches pour rejoindre la chambre modeste au dernier étage. Même avec la fenêtre fermée, il serait difficile de dormir.

- On pourrait prendre directement le chemin de Water Seven, non ?

- J'ai des trucs à faire qui nécessitent que l'on fasse escale ici. Et tu dois te changer avant qu'on te reconnaisse à Water Seven. Le CP9 est en mission infiltration là-bas. Ouvre la porte.

Alors que Marina se mettait à insulter prodigieusement un certain Spandam et toute la cohorte, elle déverrouilla la porte. Puis, aussi vite que le flot s'était déversé, il s'interrompit. Ace la regarda. Elle avait l'air perdu dans ses pensées. Presque nostalgique. Il ne poussa pas. Même si la curiosité le tuait (curiosity kills the cat, après tout), il avait assez de retenu et d'éducation pour ne pas pousser.

- Je vais prendre une douche, annonça-t-il en posant sa sacoche de travail sur l'un des lits.

- Je vais faire mes achats.

- Garde la clef, alors.

Il prit son sac de change pour s'enfermer dans la salle de bain. Il se dépêcha de se déshabiller pour se jeter sous l'eau. Il ouvrit tellement le robinet d'eau froide qu'il manqua de le dévisser. Les deux mains plaquées contre le carrelage fendu de la cabine de douche, il serra les dents, respirant entre elles. Son échine ondula alors que son squelette puis ses muscles se changeaient.

Un soupir féminin de soulagement s'échappa d'entre les lèvres de la yôkai qui ferma l'eau. Elle se savonna rapidement et se rinça à l'eau tiède cette fois, avant de sortir de la douche. Elle s'enroula dans une des serviettes miteuses de l'hôtel, se sécha rapidement et se mit son pyjama fétiche. Cadeau de Luffy, mais jamais elle lui avouerait qu'elle l'aimait cette tenue. Le pantalon était large, suffisamment pour s'adapter à sa morphologie masculine autant que féminine. Et le haut, c'était un hoodie en pilou gris dont la capuche était décorée de deux petites oreilles de chat.

Oui, juste pour ces oreilles adorable, Ann n'avouerait jamais à son frère qu'elle adorait cette tenue.

Bien au chaud dans son pyjama, elle revint dans la chambre que Marina avait désertée pour faire ses achats.

- Tu vas justifier comment le fait que tu restes plus longtemps que l'enquête pour l'article ? demanda Roja en apparaissant sur le lit, à côté du sac de sa descendante.

- Simple. Je prépare un livre, ne l'oublie pas, lui rappela Ann en prenant son sac. Juste pour ça, j'ai toutes les justifications du monde.

Elle ouvrit son sac et sortit son denden professionnel. Elle alla se poser dans un coin de la chambre, assez bien placé pour avoir la porte et la fenêtre en vue pour ne pas se faire attaquer ou agresser, et posa l'escargophone par terre. Son doigt hésita un instant, avant de composer le numéro d'Amelia.

« Le numéro demandé n'est plus attribué. »

Chiotte.

De dépit, elle raccrocha.

- S'il lui arrive quelque chose, Javier nous le fera savoir, relativisa Roja.

- J'aurais jamais dû lui en parler.

- Elle l'aurait su à un moment ou un autre.

Ann soupira et prit son carnet de dessin. Elle aurait préféré sa guitare, mais il fallait faire avec. Cela aurait été trop encombrant. Elle tourna les pages jusqu'à en avoir une nouvelle et hésita un moment. Son regard tomba sur la silhouette fantomatique de gardien silencieux qu'était Bruno et elle eut un sourire. Par curiosité, Roja se pencha par-dessus son épaule. Elle resta un moment perplexe, avant de se mettre à pouffer de rire pour la plus grande perplexité de l'autre fantôme.

- Pourquoi vous riez ? se renseigna-t-il.

- Pour quelqu'un qui porte le surnom de Quiet One, t'es bien bavard, pointa avec amusement Ann.

Et Bruno lui adressa un regard vexé alors qu'Ann se concentrait sur son dessin. Elle attendait Marina pour appeler Morgans. Il fallait qu'elle soit là pour parler de l'idée au boss.

Elle avait commencé une caricature d'Aokiji quand la porte s'ouvrit. Marina entra dans la chambre. Elle avait ajouté des mèches dans ses cheveux, les décorant avec du vert, du bleu et du mauve. Elle avait aussi changé ses vêtements. Son haut était une sorte de blouse noir, semi transparent par endroit, avec une large capuche qu'elle s'était mise sur la tête. Elle avait aussi des manches si longues qu'elles se finissaient autour de ses majeurs. Elle avait aussi changé son pantalon pour prendre un jean plus trash.

- Je commençais à me demander si tu t'étais pas perdue dans le carnaval, pointa Ann.

Marina s'arrêta sur le seuil et recula.

- Pardon, je me suis trompée de chambre.

- Utilise tes yeux, chica.

La fille s'arrêta et regarda la yôkai qui retira la capuche de son pyjama pour être plus facilement identifier.

- …Portgas-san ?

- Non, la bâtarde de Gol D. Roger.

- Ce qui revient au même, pointa Roja.

Marina ouvrit la bouche avant d'échapper ses sacs au sol.

- J'ai perdu la tête ? T'étais un mec avant ? J'ai pas rêvé pourtant. Mais Ivankov c'est pas échappé ? Une drogue peut faire ça ? Non. Ce n'est pas capable de faire cela une drogue. T'inquiète pas. On va appeler Carmen, paniqua Marina. Enfin … C'est normal ? Dis-moi que c'est normal et le jus que j'ai pris était pas rempli de drogue...

Calmement, Ann leva un doigt et pointa la porte derrière la demoiselle qui semblait sur le point de s'arracher les cheveux.

- Sierra la puerta, por favor.

Pas besoin de traduire, la demoiselle ferma la porte derrière elle et s'assit contre.

- Tu connais les histoires sur les nekomata ? demanda plaisamment Ann en fermant son carnet de dessin.

Elle le rangea soigneusement dans son sac et reprit son denden.

- Eh bien… ce sont des chats… démoniaques, non ? Avec deux queues.

La yôkai lui adressa un regard qui disait clairement « no shit Sherlock ».

- Et ils jouent des tours ?

- Des tours ? Chica, les nekomatas sont méchant. Mauvais. Avec un certain attrait pour la viande humaine. Déjà, généralement, les nekomatas, ce sont des chats qui ont atteint un âge très avancé. Limite des centenaires. Et c'est à ce moment-là que leur queue se divise. Dans certaines légendes, on raconte que les gens ont si peur d'eux qu'ils vont jusqu'à couper la queue de leurs chats avant qu'ils ne deviennent trop vieux, s'ils ne les tuent pas directement. Ce qui les rend si redoutables, c'est leur capacité à prendre forme humaine. Des humains méchants, vulgaires, immondes. De vieilles femmes. Le cliché de la méchante sorcière. D'autres arrivent à se faire passer pour des membres de la famille à laquelle ils appartiennent. Jusqu'ici, tu me suis ?

La demoiselle hocha la tête.

- Donc, comme je viens de le dire, les vieux nekomata pouvaient devenir de vieilles et méchantes femmes. Maintenant, met ce don dans les mains d'une fillette… tu obtiens donc un garçon. Ça fait clic ?

Elle avait un petit sourire de coin en faisant tourner son doigt sur sa tempe pour demander si ça se connectait dedans.

- … Ton fruit du démon te fait changer de sexe quand tu veux... Tu pouvais pas le dire avant que je pense être tombée dans la troisième dimension ? Enfin... Je m'attendais pas à ça.

- Je passe mes journées à parler à des morts, excuses-moi d'avoir perdu une certaine notion de la réalité, lui dit la yôkai en haussant des épaules. Tu sauras donc que je suis genderfluid. Donc, je me représente, Portgas D. Anabela, et si tu es une gentille fille, tu pourras m'appeler Ann un de ces quatre. Sur un autre sujet…

Elle attrapa le denden et composa le numéro de Morgans.

- Patron ?

« Ah ! Ma journaliste favorite ! Que me vaut cet appel, Ann ? »

- Pour deux raisons. Vous vous souvenez de ma demande concernant mon article sur Navarone ?

« Pour ton mystérieux gros dossier ? Tu te lances enfin ? »

- Je vais faire un article appât pour faire sortir le loup du bois. Donc, attendez-vous à ce que l'on cherche à étouffer tout ça.

« Ecoute, tu ne m'as pas déçu, jusqu'à présent, mais tu me parles de ce dossier depuis un moment, sans me donner la moindre idée de ce sur quoi tu travailles, il serait temps que tu cesses le mystère. »

- Je cherche à laver le nom d'un marine qui a servi de bouc-émissaire pour de nombreux crimes du Gouvernement, raison de ma précaution. Je commence ce dossier par résoudre les meurtres et assassinats mit sur son dos. Et si mon instinct est juste, ça va vite bouger. Vous saurez très vite si ça vaut le coup suivant qui se manifeste. Et sachez une chose, si ça vous convient pas, tant pis, je refilerai l'article à un autre journal… peut-être même le salaud édenté en South Blue.

« D'accord, d'accord. Donc, je dois attendre un article sous peu. Et tu avais autre chose, c'est ça ?»

- Un sujet plus jovial, je dirais…

Elle jeta un œil vers Marina et revint à son denden.

- Durant mon chemin pour revenir à Water Seven, j'ai rencontré quelqu'un qui a autant d'histoires sur les Marines que la vieille Tsuru. C'est très bête, et je peux comprendre que pour un journal aussi sérieux…

« Arrête de tourner autour du pot. Tu penses à quoi ? »

- On a les petites bandes dessinées sur la Germa qui mettent la Marine sous un beau jour. Pourquoi ne pas rebalancer cela et rendre la neutralité au journal par des petites caricatures sur des traits plus ou moins amusant de certaines grandes figures. Comme Garp qui dort avec un ourson en peluche et qui a des caleçons Daffy Duck.

« Mmmh… envoie-moi des exemples de ton idée et je verrais. Ce sera tout ? »

- Non. Disons que l'avis de recherche publié sur la demoiselle, l'autre jour, m'a donné une idée pour un autre article, mais ça attendra très certainement que je finisse le dossier.

« Ne me déçoit pas. »

- Oui, patron.

Et Morgans raccrocha.

- Bien. Je propose qu'on commande et qu'on se couche. T'as des projets sur Water Seven ou tu vas rester avec moi ?

- A part visiter la ville, pas grand-chose. Peut-être récupérer de nouveaux carnets pour écrire et trouver une poste pour envoyer mon dernier livre.

- On va rester ensemble. Pour ta sécurité, sauf si tu veux que le CP9 te ramène chez tonton. Tu me diras, ça devrait les détourner de la saleté qu'ils sont en train de faire. Bon…

Ann ouvrit un des tiroirs de la table de chevet, et en sortit plusieurs menus.

- Alors, tu veux manger quoi ? Y'a deux trois restaurants qui livrent et vu l'état de la salle de bain, j'ai pas envie de tester le room service.

Elle offrit les menus à Marina.

.


.

Elles avaient pris le lendemain le premier train pour Water Seven. De là, le plan d'Ann était simple. Obtenir l'accès aux archives de la part du maire. Sur le chemin, elles s'étaient arrêtées à un bureau de poste pour que Marina puisse envoyer son dernier livre et qu'elle puisse acheter un nouveau carnet d'écriture. La journaliste en avait pris un aussi. Elle commençait à entendre et bosser sur tellement de sujets et de rumeurs qu'elle était quasi sur la fin de son actuel.

Puis, il fut temps de rejoindre les bureaux du patron local et fondateur de Galley-La Compagnie. Avant d'entrer, Ann fit signe à Marina de cacher son visage avec sa capuche en enfonçant un peu plus sa casquette sur son visage.

Elles se présentèrent devant le premier dock pour qu'on les prenne en charge et attendirent. Marina stressait comme jamais à la vue de Rob Lucci, avant de réaliser que celui-ci avait des cernes sous les yeux, digne d'entrée dans le livre des records et un air épuisé et vitreux. Cela laissait supposer à la D. que son illusion marchait encore très bien.

Rapidement, un blond avec un cigare débarqua pour leur demander ce qu'elles voulaient.

- Je suis Ace, journaliste pour le SEKEI. Je prépare un article qui nécessite un accès aux archives de la ville et certainement deux trois questions pour Iceberg-san.

- Journaliste ? Vous êtes tous des charognards.

- Je préfère me nourrir de décadence et d'injustice plutôt qu'ennuyer les honnêtes travailleurs... Raison pour laquelle je cherche à accéder aux archives.

- Venez avec moi et me lâchez pas d'une semelle.

Ann ajusta sa cravate et avec un bras autour des épaules de leur nouvelle protégée, elle suivi l'homme, un certain Pauly, qui les mena jusqu'au maire de la ville et directeur de la compagnie. Ils le trouvèrent plus loin avec sa secrétaire qui puait le Gouvernement Mondial, discutant avec des clients. Ils attendirent donc respectueusement qu'il finisse avant qu'on ne s'adresse à eux.

- Patron. La gamine fait partit de la presse et elle voulait vous voir.

- Portgas D. Anabela, dit Ace, journaliste pour le SEKEI depuis deux ans, présenta la blonde à forte poitrine qui servait de secrétaire. Originaire de Baterilla, South Blue, elle a fait ses débuts dans la presse avec un article niveau lycée sur un trafic d'êtres humains organisé dans son océan par la Marine, pour se faire repérer par une informatrice locale du nom de Roja…

- .. et je n'ai pas l'intention d'écrire une biographie, merci, coupa Ann. J'ai une carte de presse qui fait tout le boulot.

Les yeux de la blonde se plissèrent mais elle ne répondit rien, surtout que l'ouvrier de chantier était trop occupé à l'engueuler sur sa tenue « dévergondé ».

- Navré pour Kalifa, son professionnalisme a tendance à être poussé un peu trop loin, excusa Iceburg. Qui est la charmante rouquine qui vous accompagne ?

Ann retint un sourire. L'illusion était parfaite.

- Nami est ma conseillère comptable et juridique.

- Enchantée, sourit Marina sans poser de question sur le faux nom ou pourquoi on la prenait pour une rousse. Je me dois d'ailleurs de vous informer, madame, qu'en vertus de nombreux article de lois, vous pourriez être arrêtée pour harcèlement et usage d'information personnel sans accord des parties concernées.

- Je peux ? sourit simplement la D. en se saisissant du calepin auquel la femme s'était référée pour commencer à parler d'elle. Merci.

Elle ne s'attarda que sur ce qui la concernée elle, arracha les feuilles en question et les plia soigneusement dans son poing avant de rendre l'outil de travail à sa propriétaire.

- Je tiens à ma vie privée, se justifia la journaliste.

- Votre métier rend votre justification quelque peu hypocrite, pointa Iceburg en haussa un sourcil.

- Je ne mets pas mon nez dans la vie privée des gens, je ne fais que dénoncer des injustices et des crimes.

Le bleu la regarda un instant avant d'agiter son doigt comme s'il venait de capter quelque chose.

- C'est vous, non. Ce reportage en direct pour le SEKEI. La femme qui a coupé la parole au bras droit de Shirohige en personne juste pour donner son sang.

La façon dont la demoiselle se mit à rosir était plus qu'une confirmation. Et cela fit rire le maire de la citée.

- Belle intervention, en tout cas. Donc, en quoi puis-je vous aider ?

- Vos archives, dit simplement la journaliste en resserrant sa cravate pour retrouver sa contenance.

- Mes archives ?

- Les archives de la ville, oui. D'un côté, je prépare un article sur un vieux crime que l'on a attribué au mauvais coupable et de l'autre, des registres aussi historiquement corrects que possible.

Elle croisa les bras avec un air on ne peut plus sérieux en dépit de ses rougeurs.

- J'ai décidé de devenir journaliste parce que je sais qu'on nous cache des choses et que j'estime mon devoir de les découvrir et les partager au plus grand nombre.

- Toute vérité n'est pas bonne à dire.

- Peut-être, mais comment peut-on apprendre de nos erreurs, si on ne sait pas ce qui a été fait avant ?