Un grand merci aux nouveaux venus dans les commentaires : Nalu1411 (merci pour ton retour sur le chapitre), L'Encrier (je suis une grande fan de son travail :D ) et Iceboyink ( un vrai plaisir d'avoir échangé avec toi).

Très bonne lecture à tous !


Prenant une profonde inspiration tout en s'étirant, la belle constellationniste se réveilla en douceur au rythme de l'aurore. Dans un état de béatitude, elle resserra un peu plus l'oreiller moelleux sur lequel elle dormait, l'embrassant dans ses bras. La literie de cette chambre était une merveille, un matelas qui épousait les formes à la perfection, un véritable bonheur pour la jeune femme éreintée par ses trop nombreuses missions. Lucy s'étira de tout son long et profita pendant quelques instants de la douceur des draps en soie et du calme qui régnait dans la demeure. Ce fut pour une fois un véritable sommeil réparateur : un sommeil calme, sans cauchemar, sans cri d'effroi de spectres, … rien. Une de ses nuits qui ne lui arrivaient plus que très rarement, une nuit reposante dont il fallait souligner la vertu. C'était peut-être l'une des seules conséquences à faire cette cérémonie spectrale, outre celle concernant son état de santé. A force d'être traversé par ses esprits, il arrivait quelque fois que les émanations spectrales influencent sont sommeils, et cela n'était pas pour égayer ses nuits.

Elle se leva pour ouvrir la fenêtre de sa chambre et profita de l'air rafraichissant du matin. Elle sentait encore l'humidité qui remontait jusqu'à ses narines et les oiseaux chantonnaient gaiement comme à l'arrivée du printemps. Cette bouffée d'air dans un si beau matin ensoleillé revigora la mage prête à affronter cette laborieuse journée. Lucy se mit au diapason, et se sentit d'humeur joueuse. Elle partit à la salle de bain pour se laver et se préparer pour rejoindre le majordome pour le petit déjeuner.

En partant, elle entrouvrit la porte de la chambre de ses compagnons de route et les aperçut tous les deux sur le lit, dormant d'un sommeil profond. Pour preuve, le mage de feu ronflait, bruit qui résonnait même dans le couloir, et son compère ne semblait pas être importuné le moins du monde par ce bruit. Pourtant, il ronflait si fort qu'elle se demandait comment elle avait fait pour ne pas l'entendre depuis sa chambre. En les observant dormir là dans ce lit, elle sentit une légère pointe de nostalgie surgir du plus profond d'elle-même. Elle songea à toutes les fois où Natsu venait en douce s'installer dans son lit avec Happy. Elle repensa à la première fois où il avait osé le faire et à la gêne immense de la jeune adolescente qui sentait son intimité violée dans toute sa plus grande candeur. Même si elle reconnaissait désormais facilement qu'elle avait toujours apprécier ce comportement très innocent de Natsu, car nul doute pour elle qu'il faisait cela sans aucune arrière-pensée, où bien au contraire marquait pour lui une marque d'affection particulière bien propre à lui. Une manifestation sans équivoque de leur amitié profonde, bien que maladroite. Elle mordit l'intérieur de sa joue en se rendant compte qu'elle aurait bien volontiers aimer retrouver cette sensation pour cette nuit, mais mieux valait que cela reste ainsi. Si par malheur il venait à s'incruster un jour où elle était malade, elle pouvait dire adieu à son secret.

Elle décida de les laisser dormir et referma doucement la porte. En descendant pour aller prendre son petit déjeuner, Lucy songea qu'elle se gardait le droit de leur faire un réveil digne de ce nom au moment voulu, un désir de représailles résultant du passé l'animant.

OOoOoOoOo

Rien ne semblait pouvoir interrompre leur sommeil. Le soleil était haut dans le ciel et pourtant, les deux amis ne bougeaient pas d'un fil. Happy était roulé en boule sur un des oreillers, tandis que Natsu dormait les bras et les jambes écartés, s'accaparant de la moindre parcelle du matelas lit qu'on leur avait préparé.

C'est alors que Lucy ouvrit la porte en frappant dedans par un grand coup de pied, ce qui eut pour effet immédiat de faire sursauter les deux partenaires jusque-là encore endormi. Malgré tout, ils se contentèrent de grogner et de se pelotonner un peu plus dans le lit, Natsu enfouissant son visage sous l'oreiller. Déçu du peu d'effet de son entrée et voyant qu'ils ne bougeaient toujours pas, Lucy se rapprocha et souleva l'oreiller, en ne manquant pas l'occasion d'hurler dans les oreilles sensibles du dragon slayer :

Lucy – Natsu ! Happy ! C'est l'heure ! Bougez vos derrières de fainéant avant que je ne vous botte les fesses !

Le son fort et strident de la voix de Lucy fit grimacer Natsu, le faisant sursauter à nouveau, l'obligeant à ouvrir les yeux. Avec ce déplaisant réveil, il constata que Lucy était penchée au-dessus du lit, prenant manifestement un malin plaisir à les réveiller. Les poils tout hérissés, Happy se frotta les yeux, désespérés d'avoir été aussi brutalement réveillé, choisissant alors de râler de bon matin.

Happy – C'est pas humain de faire ça Lucy… Pourquoi es-tu aussi méchante de bon matin ?! Tu ne pourrais pas simplement nous réveiller en nous apportant cafés, croissants et poissons au petit déjeuner ?

La constellationniste dispensa un joli sourire devant la mine déconfite de l'exceed. Depuis tant d'année, elle avait rêvé de pouvoir se venger de tous ses réveils inopinés qu'ils avaient pu lui causer depuis qu'ils s'étaient rencontrés, c'était chose faite désormais. Après avoir apprécié cette vengeance à sa juste valeur, il était temps de mettre un terme à sa nostalgie matinale. En effet, Lucy était toujours déterminée à les convaincre ceci serait leur dernière mission ensemble, quitte à être blessante avec eux. De toute façon, elle gardait toujours au fond d'elle cette rancœur liée à l'abandon qu'elle avait subi, chose qui l'aidait grandement dans sa tâche.

Lucy – Il n'y a rien de méchant, ce n'est pas de ma faute si vous êtes des marmottes. Du coup, on ne vous a pas attendu pour le petit déj' et tu as loupé les poissons préparés spécialement pour toi par le majordome.

Happy – Quoi ? ! S'offusqua t'il. Mais c'est de la cruauté de me dire ça au réveil ! Lucy c'est de ta faute ! Tu aurais pu nous réveiller.

Lucy – Et je suis en train de faire quoi à ton avis …

Natsu – Je m'en fou ! Viens Happy, on va quand même déjeuner ! On a le temps.

Lucy – Très bien, fit elle en haussant les épaules.

La jeune femme blonde se retourna et quitta la chambre, satisfaite de l'accueil qu'elle leur avait réservé. Une bonne journée s'annonçait. Avant la fin de celle-ci, elle serait rentrée chez elle, prendrait un bon bain, et elle serait enfin débarrassés d'eux. Elle pourra enfin choisir tranquillement sa prochaine mission de rédemptrice, en reprenant sa vie solitaire.

Encore sonnés par ce réveil en fanfare et toujours dans le coltard, Natsu et Happy se cherchaient du regard, tentant de trouver chez l'un comme chez l'autre la moindre étincelle de motivation qui les déciderait à quitter ce lit. Et l'un d'entre eux avait encore moins envie de se lever, puisqu'une mission de trois heures de route en calèche inconfortable les attendait. Il s'était rallongé sur le lit, les bras croisés derrière la tête. Lucy avait l'air de bonne humeur ce matin, c'était plutôt bon signe pour lui et Happy. Il n'avait qu'une envie : que tout redevienne comme avant. Natsu commença à s'étendre de tout le long de son corps avant de s'adresser à son compagnon :

Natsu – C'était pas si terrible que ça de dormir dans ce lit en fin de compte.

Happy – Parle pour toi, moi j'ai senti toute la nuit les ressorts me lacérer le dos.

Natsu – Ça va, tu as dormi sur l'oreiller. Et puis, t'avais qu'à dormir sur moi.

Happy – Mais bien sûr, j'aurais fini écrasé sous ton poids, vu comme tu bouges pendant ton sommeil. Je suis sûr que tu ne l'aurais même pas remarqué.

Natsu – Moi je persiste à dire que l'on aurait dû aller dans le lit de Lucy. Son lit était beaucoup plus moelleux.

Happy – On en a déjà parlé, c'est pas une bonne idée. Grey serait là, il te traiterait de gros pervers…

Natsu – Hey ! Qu'est-ce que le nudiste vient faire dans là-dedans ! Et puis, d'habitude, tu aimes bien dormir avec Lucy toi aussi.

Happy – Oui mais vu comme elle nous porte dans son cœur, je crois qu'on aurait ruiné toute chance de réconciliation si on avait osé faire ça.

Natsu – Comme si on avait besoin de se réconcilier… Pfff.

Il soupira, blasé par cette idée qu'il était en mauvais terme avec Lucy. Le mage de feu ne concevait toujours pas le fait qu'il ait quelque chose à prouver auprès de la blonde. Il ne voyait pas vraiment en quoi il devait changer son comportement, d'une part, parce que ce n'était pas dans sa nature de changer pour les autres, mais aussi parce que lui, n'avait pas pu avoir de comportement litigieux, puisqu'en tout état de cause, on ne pouvait pas avoir commis une faute lorsque l'on avait tout simplement été porté disparu. Cela l'agaçait profondément, mais se conformait malgré tout à l'avis de l'exceed malgré son opinion divergente, car même s'il cela lui était difficile de le reconnaitre, il voyait très bien que les relations entre Happy et Lucy étaient bien meilleures que les siennes. Il ne pensait pas qu'il allait devoir un jour suivre les conseils de son partenaire pour devoir se rabibocher avec la constellationniste. En toute honnêteté, jamais il n'aurait pensé qu'il puisse un jour ne plus s'entendre. Il espérait bien que ce choix porte rapidement ses fruits.

Soudain, un bruit remonta depuis leur fenêtre entrouverte de la chambre, comme un claquement de fouet, puis résonnèrent les ordres d'un homme :

« Yaaah ! En avant »

Alors s'ensuivit un bruit de roue et de sabot frappant les pavés. Les deux amis se regardèrent, les yeux écarquillés, semblant comprendre conjointement la même chose.

Natsu – Ne me dis pas que…

Happy – Ils partent sans nous !

Natsu – Merde ! Vite Happy, on saute.

Tant pis pour leur petit déjeuner, Natsu ouvrit en grand la fenêtre et se jeta dans le vide rattrapé habilement par Happy en plein vol. Ils constatèrent sans surprise que la calèche avait déjà pris la route, empruntant un chemin de terre. Ils virent Lucy qui était allongée sur le toit de la calèche, jambes croisées et la tête bien confortablement appuyée contre les bagages, visiblement très à l'aise. Happy survola la calèche et déposa Natsu en atterrissant juste à côté d'elle.

Happy – Tu aurais pu nous dire qu'on partait déjà !

Lucy – Mais je l'ai fait.

Happy – Non, tu ne nous as rien dit !

Lucy – Ah bon ?…Je croyais l'avoir fait pourtant.

La jeune femme afficha un sourire mesquin qui ne laissa aucun doute sur le caractère explicite de son omission. Natsu comprenait mieux pourquoi elle lui avait paru si enjouée à leur réveil, elle avait manifestement déjà prévu de leur faire sa petite blague depuis bien longtemps. Mais il ne put s'attarder plus longtemps dans sa réflexion, interrompu brusquement par une de ses nombreuses futures nausées. Il tomba raide sur le toit de la calèche, amorphe, faisant soupirer Lucy :

Lucy – Et voilà, c'est reparti…

Elle se redressa et cala Natsu sans aucune délicatesse sur les valises, bien à l'arrière de la calèche pour qu'il puisse vomir à sa guise, sans pour autant éclabousser les voyageurs de dessous et par l'occasion, ceux du dessus. Ayant enfin positionné convenablement le mage de feu, elle reprit sa position allongée, observant le ciel et les nuages défiler. Happy se cala à son à ses côtés et entama une longue conversation, une conversation à sens unique. Que Lucy veuille parler ou non, le petit exceed avait décidé de discuter au grand damne de cette dernière. Il ne s'arrêta pas de papoter et de déblatérer tout ce qui lui passait par la tête: poisson, Charuru, le combat pour la clé de Caprico, poisson, Charuru, Cana et sa boisson, poisson, Charuru, les changements constatés à la guilde, Charuru… Fatiguée par ce flot de parole, Lucy s'enferma dans sa bulle. Elle avait beau réfléchir, elle ne se souvenait pas d'avoir connu un Happy aussi bavard.

La calèche se stoppa pour faire une énième pause. Le palefrenier ouvrit la porte, aidant comme il put Monsieur Lénord à sortir prendre l'air. Le voyage comporta de nombreux arrêt tel que celui-ci, si bien que Lucy s'interrogea sincèrement si les trois heures de trajet prévu par Madame Lénord avaient bien pris en compte ces si nombreux arrêts intempestifs. Elle jeta un coup d'œil à Natsu qui était à l'agonie. A priori, il avait un mal des transports bien plus important que celui du commanditaire qui se contentait d'avoir quelques nausées de temps à autres. Le fait que la calèche redémarre sans cesse était un véritable supplice pour le dragon slayer.

Natsu – Happpyyy !Tu… Tu veux ..p..pas m'emme..ner en ..volant, s'te…plait ?gémit il péniblement.

Happy – J'ai pas assez de magie pour ça Natsu… Désolé.

Lucy – Mais comment tu fais pour vomir encore alors que tu n'as rien mangé ? C'est affolant. Imagine si tu prends le train pour une mission comportant un trajet de douze heures, je ne sais pas dans quel état on te retrouverait… Tu pourrais peut-être même en mourir qui sait. Ce serait une mort sacrément idiote quand même.

La jeune femme ne remarqua pas de suite l'impact de ses propos, mais Happy vit de suite Natsu se braquer. Le mage de feu avait pris cette phrase directement pour lui. Il avait l'intime conviction que cette phrase était directement lié à son refus de partir avec eux en mission. Pour lui, ça sous entendait qu'il était incapable de l'accompagner, mission de rédemptrice ou non, affichant clairement son intention de ses débarrasser de lui. Non, non et non, Natsu avait décidé que ça ne se passerait pas comme ça. En se redressant tant bien que mal, Natsu s'adressa à Lucy entre deux hoquets de nausées :

Natsu – Oh, ne t'inquiète …pas, ça m'empê…empêchera pas de t'accompagner… et de faire équipe avec toi.

Lucy tourna la tête vers lui et le regarda surprise. Pour une fois, elle avait parlé sans arrière-pensée ou volonté d'exprimer autre chose que ce qu'elle venait de dire. C'était juste qu'elle trouvait ça réellement stupide l'idée de mourir à cause du mal des transports, surtout pour quelqu'un comme Natsu. C'était paradoxal d'être aussi dur de la tête dans un combat et de craindre un truc aussi ridicule que le mal des transports.

Mais outre ce constat, elle réalisa toute la difficulté qui se dressait devant elle, se rendant compte encore un peu plus de la ténacité du mage de feu. Elle avait apparemment tout faux, puisqu'il n'était visiblement pas prêt de la lâcher. Cette détermination qu'elle lisait dans ses yeux, surtout celle dont il était capable entre deux nausées, était incroyable. C'était une qualité qu'elle avait beaucoup estimée par le passé. Elle avait même admiré Natsu pour cette résolution sans faille. Cette caractéristique du dragon slayer la fragilisa, toucher une nouvelle fois par ses souvenirs d'antan. Mais sa décision était sans appel.

Lucy – Encore faut-il que je t'invite à me suivre.

Happy – Tu ne nous a pas invité pour cette mission, pourtant, on est quand même là. Et puis non en fait, ce n'est même pas ça. Tu nous as volé cette mission !

Lucy – Voler ?! Laisse-moi rire, vous me l'aviez proposé, et je l'ai simplement prise… Après, je suis juste parti sans vous. C'est tout ! Et là, vous êtes avec moi, mais je ne me ferais plus avoir, ne vous inquiétez pas pour ça.

Reprenant à chaque seconde passée à l'arrêt un peu plus de vigueur, Natsu se fit violence et se redressa pour faire face à Lucy, bien que difficilement. Il souhaitait pouvoir s'exprimer tant que la calèche n'avait pas repris son trajet c'est-à-dire tant qu'il en aurait encore la capacité.

Natsu – Pourquoi ?... Pourquoi tu fais ça Lucy ? Qu'est-ce qu'on t'a fait pour que tu ne veuilles plus faire de mission avec nous ? Explique-moi, je ne comprends pas.

Il avait craché sa phrase dans un effort ultime, se retenant de dégobiller ses tripes afin de se donner un minimum de crédit à sa question. Le ton était donné, et Lucy continua de l'observer. Elle avait à plusieurs reprises données plusieurs explications quant à son refus mais elle voyait bien que Natsu n'était de toute évidence pas convaincu par ses arguments. Elle avait naïvement pensé que cela suffirait et au pire avait espéré pouvoir échapper à cette conversation si elle devait se reproduire grâce au mal des transports du dragon slayer. Elle avait donc juste besoin de gagner du temps, juste ce qu'il fallait pour que la calèche reprenne sa route et que son mal des transports l'assomme par ses nausées jusqu'à la fin de la mission.

Lucy – En même temps, tu ne comprends pas grand-chose, dit-elle rudement. C'est comme ça Natsu, ne cherche pas.

Natsu – Ça ne me suffira pas comme réponse.

Happy – Lucy…

Lucy – Olala, le grand Natsu Dragneel réfléchirait-il ? nargua t'elle.

Natsu – Arrête de dire ça !

Lucy – Tu veux peut-être que je te fasse un schéma pour t'aider à comprendre…

Natsu – Lucy ! s'exclama t-il de plus en plus irrité.

Lucy – Tu as raison, un dessin serait peut-être plus accessible pour toi.

Natsu – Quoi ? Même ça c'est difficile ? Peut-être devrais-je mimer, répondit-elle sournoisement.

Natsu – Tu vas répondre oui ?!

Elle poussa un râle profond qui en disait long sur les intentions de la jeune femme. Elle se jouait de lui sans que ce dernier ne puisse faire quoique ce soit.

Lucy – Je t'ai déjà expliqué, vous avez disparu pendant sept ans, vous n'êtes plus aussi fort et…

Natsu – Non, ça c'est une excuse, l'interrompa t-il. Oui, oui, on est peut-être moins fort, mais je sais toujours me battre ! Et je botterai le cul à quiconque qui osera me dire le contraire !

Lucy – Ce n'est pas assez.

Natsu – Pourtant, c'est qui qui avait peur de ne plus faire de mission avec nous ? Hein ? Tu te souviens de ce soir-là ? Franchement, ça me déçoit. Avant, tu ne nous aurais jamais laissé derrière. C'est pas l'esprit de Fairy Tail ça ! J'aime pas ce que tu es devenu Lucy.

Enervé par l'absence d'explication de la jeune femme, Natsu se renfrogna et tourna le dos à Lucy, attendant de subir les terribles attaques de la calèche mouvante. Lucy, même si elle fut soulagée que la discussion soit close, c'était pris un véritable poignard dans le cœur. Il avait osé lui renvoyer en pleine face ses souvenirs et l'honneur de la guilde. Elle ? Ne pas faire honneur à Fairy Tail ? La bonne blague! Chaque jour elle faisait en sorte d'être digne de ses camarades, de sa guilde chérie qui avait lutté pendant des années pour ne pas laisser couler la guilde sous les dettes qu'ils avaient contractées pour leur fond alimentant les recherches de l'équipe Tenro. Le choix de devenir une rédemptrice avait sauvé la guilde de bien des manières, mais qu'est-ce qu'un crétin pareil pouvait savoir de ses choses-là ? Être rédemptrice, c'était ça faire honneur à Fairy Tail ! Oui, Fairy Tail redonnait espoir, l'espoir de vivre, de voir un avenir meilleur pour tous.

Et cette soirée… Bien sûr qu'elle s'en souvenait, la ressassant même bien trop souvent depuis leur retour. Cette soirée qui ravivait en elle des sentiments trop douloureux. Elle n'aimait tout simplement pas y repenser. Elle était pleinement consciente qu'elle était injuste envers eux, elle le savait, mais la solitude était sa seule solution. La peur de perdre un être cher, la peur de dévoiler ses secrets, son mensonge, c'était un tout qui ferait que jamais elle ne retournerait en mission avec eux. Comment osait-il lui faire ce reproche ? Lui qui n'a pas su tenir sa propre promesse, ne lui avait-il pas promis de revenir ? Oui, elle s'en souvenait, car elle avait versé tant de larmes en se rappelant de cette promesse. Rien que d'y repenser à l'instant, son cœur se remplit d'une amertume sans pareil, cette aversion refoulée à son égard qui la rongeait depuis. Sans cette promesse, peut-être aurait-elle mieux vécu cette disparition de l'équipe Tenro. Cette stupide promesse qu'elle détestait tant, elle n'avait qu'une envie, lui cracher à la figure tout ce qu'elle avait sur le cœur, sa colère, sa rancœur, le désespoir qu'elle avait vécu, elle le détestait d'être aussi irréfléchi et inattentif aux sentiments des autres.

Toutefois, elle ne fit rien et garda en elle sa frustration. Il ne fallait pas qu'elle cède à son caprice vu qu'au final, elle avait eu gain de cause : la discussion était terminée et c'était bien plus important que son orgueil. Elle devait faire face, comme elle le faisait depuis sept ans, seule avec Cana. Elle ne montra rien, pas une ride de nervosité, aucun regret, pas même une lueur humide dans ses yeux. Enfin, c'était ce qu'elle croyait. La calèche reprit alors son chemin.

Happy avait tout observé silencieusement. Il avait remarqué que sa camarade avait été blessée par les propos de Natsu, tout comme ce dernier par les affirmations de Lucy. Au final, Lucy et Natsu avaient joué et ils avaient tous les deux perdus. Ça lui faisait mal au cœur de voir ceux qu'il aimait le plus au monde se déchirer autant pour une raison qu'il ne saisissait pas. Quelque chose clochait avec Lucy, il en était sûr, et ça allait au-delà de la simple question de la force de Natsu.

Le trajet se poursuivit dans le silence. La calèche fit encore plusieurs arrêts au cours de leurs périples, mais pas un seul mot ne fut prononcé ni par le mage de feu ni par la constellationniste. Happy se désolait de ce malaise permanent qui s'insinuait de plus en plus profondément entre ses amis.

Lorsque la ville d'Onibus fut en vue, un immense soulagement s'empara de la jeune femme. L'atmosphère pesante qui régnait depuis le début du voyage commençait à devenir un poids dont elle désirait se débarrasser au plus vite. De son côté, Happy prit soin de signaler à Natsu que son calvaire allait bientôt prendre fin.

A l'approche de la ville, le chemin de terre se transforma en une jolie route pavée, marquant l'approche prochaine de l'agglomération. De jolies statuts de bois ornaient le bord de la route. Cette ville ressemblait beaucoup à Magnolia, et d'ailleurs, peu de distance les séparait en réalité. Après avoir parcouru un peu la ville, la calèche s'arrêta devant une bijouterie, lieu de leur dernière halte.

Les trois membres de Fairy Tail descendirent du toit pour mettre un terme à la mission. Monsieur et Madame Lénord sortirent également de la calèche. Le teint livide de Natsu et du noble faisait doucement rigoler Happy en imaginant qu'ils étaient peut-être de la même famille.

Madame Lénord – Voilà, notre voyage s'arrête ici. Chéri, va rejoindre mes cousins à l'intérieur pour te reposer. Je m'occupe de tout.

Monsieur Lénord, trop dévasté par ses intestins, ne répondit rien et s'exécuta tel un zombie en rentrant tant bien que mal dans la bijouterie. Le mage de feu le toisa du regard, personnellement satisfait de voir cet homme prétentieux dans le même état que lui. C'était très amusant de savoir que cet homme, d'apparence propre sur lui, riche et orgueilleux, pouvait être lui aussi la pire loque du monde. Néanmoins, malgré cette maigre consolation, Natsu songea que ce fut la pire mission qu'il n'ait jamais eu a effectué : cent pour cent de nausées et de disputes contre zéro baston, un comble pour le dragon slayer.

Madame Lénord - C'est la bijouterie de mes cousins. Nous y séjournons quelques temps. Ils ne me restent plus qu'à aller les saluer. Avant tout, voici votre récompense, 300 000 joyaux comme convenu.

Lucy – Merci, s'inclina t'elle respectueusement.

Madame Lénord – Nous avons apprécié votre compagnie, peut-être que pour notre retour d'ici un mois, nous ferons appel à vous, Dame Lucy.

Lucy – C'est très aimable à vous, mais je ne pense pas que je serais disponible d'ici là. Mais sachez que mes camarades de Fairy Tail pourront assurer le travail aussi bien que nous.

Alors que les deux femmes allèrent se serrer la main, la vitrine de la bijouterie explosa, suivit d'un bruit assourdissant. Le souffle de l'explosion les projeta à terre à plusieurs mètres de là, sans leurs laisser comprendre ce qu'il se passait.

Chacun leur tour, ils se redressèrent à genoux, pour ensuite découvrir une important fumée noire qui s'échappait de la bijouterie. Un homme aux cheveux châtains s'échappa alors de la fumée avec un sac bien plus gros que lui sur son dos, faisant tomber quelques bijoux au passage. La noble cru tout d'abord voir son mari, mais le ricanement de crécelle lui indiqua que c'était quelqu'un d'autre. Cet homme vêtu d'une veste orange et d'un sarouel noir prit la fuite, souhaitant clairement quitter la ville.

Après un geste de la main pour faire disparaitre la poussière devant lui, Natsu s'élança aussitôt à la suite du voleur, suivi de près par Happy, laissant Lucy seule occupée à aider Madame Lénord à se relever. Comprenant leurs intentions, Lucy les interpella pour les empêcher de partir :

Lucy – Natsu ! Reviens ! Happy ! Restez ici !

Lancé dans sa course poursuite contre le voleur, Natsu ne se retourna pas, étant bien trop ravi de pouvoir mettre une raclée à ce malfrat, sachant pertinemment que Happy le suivrait. Quant à Lucy, elle ne pouvait se résoudre à délaisser ses gens, se doutant qu'il y aurait peut-être des blessés à l'intérieur de la boutique, notamment Monsieur Lénord. Elle entendait sa femme crier à plein poumon le prénom de son mari, les larmes de panique commençant à s'amonceler sur son visage. La fumée était trop dense pour que celle-ci puisse rentrer sans s'étouffer dans la boutique, sans compter que des flammes commençaient à s'étendre. A première vue, Madame Lénord n'avait rien ce qui soulagea partiellement Lucy.

Devant à tout prix sortir les personnes coincées là-dedans, la constellationniste serra les poings. Elle devait se dépêcher, Happy et Natsu ne savaient pas sur qui ils pouvaient tomber. Lucy était inquiète, ce genre d'attaque lui disait vaguement quelque chose et ce n'était rien qui puisse la rassurer.

Lucy– Natsu, Happy, faites attention. Attendez-moi.

Elle se releva et tira son t-shirt pour enfouir sa tête au sein du vêtement afin de respirer le moins de fumée possible, puis elle entra dans la boutique afin de commencer l'évacuation des blessés.

oOoOoOoOo

Cela faisait déjà une bonne dizaine de minutes que Natsu et Happy avaient débuté la chasse au voleur de bijoux et malgré cela, ne l'avait toujours pas rattrapé. Il était parti à sa poursuite trop tard, s'étant laissé distancer rapidement. Natsu le pistait essentiellement en suivant l'odorat malveillant du voleur mais devant sa recherche infructueuse, le mage de feu s'agaça, frétillant d'impatience de pouvoir entamer son combat. Happy avait quant à lui pris de ma distance pour repérer le voleur.

Décidé à aider son ami, Happy s'élança et rattrapa très vite le voleur. Il arriva à toute vitesse et se plaça les pates en l'air pour lui barrer le passage. Le malfrat s'arrêta net devant cet animal peu commun et sourcilla devant cette rencontre fortuite.

Voleur – Dégage le matou si tu ne veux pas finir en cendres ! J'ai pas le temps de jouer au gros minet.

Happy – Hey hey ! Je suis trop rapide pour toi. Max speed !

L'exceed prit de la vitesse et fonça droit sur le voleur jusqu'à le percuter tête contre tête. Le voleur, et Happy tombèrent à la renverse sous l'effet du choc, tous les deux sonnés, laissant juste le temps au mage de feu d'arriver.

Natsu – Bien joué Happy !

Happy – Ayyyee…Y a plein d'étoile Natsu…

Natsu – Je me charge du reste Happy. Reste derrière moi.

Happy – Aye aye aye…répondit-il en titubant jusqu'à son ami encore sonné.

Se frottant douloureusement le crâne, le voleur se releva, et comprit de suite qu'il avait affaire à des mages, compromettant sérieusement ses plans de fuite. Il posa son sac et fit craquer ses doigts lentement, prêt à en découdre. Il était plutôt du genre à disparaitre le plus rapidement possible après une opération afin d'assurer son succès, mais lorsque le combat s'avérait être la seule option, il jubilait de pouvoir humilier son adversaire. Serein, il savait que la garde royale, trop occupé par le monde ténébreux, ou toute autre brigade d'intervention, n'arriveraient probablement pas avant plusieurs heures.

Voleur – Si tu n'as pas envie de perdre ton temps tout comme moi, je te conseille de retourner en ville et de continuer tes petites emplettes comme si de rien était.

Natsu – Pas question, je ne vais pas te laisser partir comme ça. Je vais te battre et tu vas rendre tout ce que tu as volé.

Voleur – Ah bon ? J'ai hâte de voir ça, le nargua t'il.

Natsu – Je m'enflamme !

Il n'en fallait pas plus pour Natsu qui s'élança le premier en lançant un poing d'acier du dragon de feu, que le voleur réussit à esquiver en bondissant sur le côté gauche de Natsu.

Natsu – Arrête de bouger comme ça !

Voleur – C'est sûr que si tu demandes gentiment aux gens de se laisser péter la gueule, ça doit être vachement efficace…

Voleur – Raaahh ! Tu vas voir ! Je vais me défouler sur toi !

C'était exactement ce qu'il ressentait, après avoir été malade pendant trois heures et s'être pris le bec avec Lucy, il avait un grand besoin d'évacuer sa frustration. Natsu recommença son attaque à plusieurs reprises, éraflant de justesse le voleur mais qui esquiva à chaque fois les coups de Natsu. Cette proximité dans le combat permit au voleur de contre-attaquer en lançant un coup de pied dans le ventre du mage de feu qui fut expulsé un peu plus loin.

Il toucha à peine le sol qu'il se releva et se jeta à nouveau sur le voleur envoyant un poing d'acier du dragon de feu en pleine face. Avec succès, Natsu brula le visage de son adversaire. Le voleur ragea face à son manque de vigilance et se décida à riposter.

Voleur – C'est à mon tour maintenant. Bombeflammèche !

Le voleur balança sa bombe incendiaire sur Natsu qui n'évita absolument pas le projectile. Celle-ci explosa, se transformant en un gigantesque mur de flammes brulant toute la zone de combat, faisant disparaitre Natsu dans les flammes. Le voleur ne put retenir son sourire réjoui, replaquant ses cheveux gominés d'un air satisfait. Parmi son arsenal, c'était la bombe qui faisait le plus de dégâts, et de la même manière la façon la plus radicale possible pour finir un combat rapidement.

Soudain, il aperçut une masse dans les flammes en train de se gonfler, semblant aspirer toutes les flammes qui l'entourait. Devant ce spectacle insolite, il ne put retenir sa stupeur. Ce mec était littéralement en train d'avaler les flammes de sa bombe de feu. Une fois les flammes toutes englouties, Natsu s'essuya la bouche avec son avant-bras, sentant un regain d'énergie qui n'était pas de refus après la torture qu'il avait subi toute la journée.

Natsu – Miam ! Merci mec pour le repas! Ça tombait bien, je n'avais pas déjeuné ce matin.
Voleur – Mais c'est pas humain ça ! T'es qui toi ?! s'affola t'il.

Arborant un sourire malicieux, Natsu en profita pour lancer un énorme hurlement du dragon de feu qui incendia sur plusieurs mètres le terrain, que le voleur n'eut pas le temps d'esquiver, se prenant en pleine face les flammes brulantes du dragon slayer. Sentant sa peau bruler vifs et grimaçant de douleur, le voleur joignant les deux mains cherchant littéralement à sauver sa peau en créant une nouvelle bombe.

Voleur – Bomberrain !

Une mini bombe prit forme et explosa au-dessus de lui en l'arrosant abondamment, soulageant sa douleur et éteignant les flammes au passage. Le voleur serra les dents en essayant de maitriser la douleur, et ragea d'être devant un type qu'il catégorisa rapidement comme un ennemi puissant et très problématique. Content de pouvoir enfin se dépenser, Natsu joignait les mains et fit de mouvements de droite à gauche, semblant s'étirer et faisant comprendre à son adversaire que ceci n'était qu'un échauffement avant le véritable combat.

C'est alors le voleur aperçut la marque de la guilde du mage, reconnaissant aisément le symbole de Fairy Tail sur l'épaule droite du jeune homme aux cheveux roses qui s'essuya à nouveau la bouche. Il examina cet être hors du commun, et tout commença à lui revenir en mémoire : un garçon aux cheveux roses avec une écharpe, avalant des flammes et ne les craignant pas, c'était :

Voleur – Salamender…

Satisfait d'être reconnu, Natsu en profita pour en faire la remarque.

Natsu – Ah bah je vois qu'on ne m'a pas totalement oublié, ça fait plaisir !

Le mage de feu plaça les mains sur ses hanches et se cambra, ravie d'entendre à nouveau son surnom. Il n'y portait pas spécialement d'intérêt mais avec tous les bouleversements qu'il avait pu constater jusqu'alors, la moindre référence à ses acquis était plus que bienvenu.

Voleur – Oui, oui, je sais qui tu es Salamender de Fairy Tail… Je croyais que vous aviez disparu, mais ça ne fait rien. Tu ne m'impressionnes pas. J'ai déjà combattu des dragons slayers et je connais très leurs points faibles.

Natsu – Noooonnnn ! Je ne veux pas encore vomir !se protégea t'il en de ses mains en hurlant.

Le voleur, très étonné par la réaction de Natsu, se posa quelques questions sur la bonne santé mentale du garçon qui se tenait devant lui.

Voleur – Je ne sais pas de quoi tu parles mais peu importe. Assume de m'avoir fait perdre du temps, je vais bien m'occuper de toi. Tu vas voir ! Bombersilence !

Le voleur concentra dans ses deux mains une bombe grise à la surface parfaitement lisse et d'apparence très simple, semblant dépourvu de système d'allumage. Il lança sa bombe en direction de Natsu et arrivant à proximité de sa cible, explosa en silence, sans flamme, mais projeta soudainement au loin le dragon slayer par le souffle violent de la déflagration. Alors que la bombe ne semblait pas avoir fait de dégât visible sur Natsu, ce dernier s'accroupit de douleur en se tenant les oreilles.

Happy – Natsu !

Natsu – Aaaaah ! Mes oreilles ! C'est quoi ce son affreux ?!

Voleur – Hé hé, une petite fabrication spéciale. Ses bombes implosent sur elles même créant un choc si rapide qu'il dépasse le mur du son. Et ce son très aigüe ne peut être entendu à la base que par les chiens.

Le lanceur de bombes pouffa de rire, trop content de pouvoir abaisser son adversaire en le comparant à un être primitif comme le chien.

Voleur – Mais ayant eu à faire par le passé à d'autres mages tel que toi, je me suis renseigné et je sais de source sûr que les dragons slayers ont une ouïe exceptionnelle, et malheureusement c'est ce qui va causer ta perte. Ça tombe bien que tu aies croisé mon chemin, j'ai justement une petite revanche à prendre contre Fairy Tail.

Et le voleur enchaina une bombe, deux, trois, lançant sans répit sur Natsu qui tentait tant bien que mal de les éviter pour ne pas entendre ce bruit assourdissant qui était bien pire que le choc qu'elle provoquait. Il réussit à en faire exploser une juste à temps en plein vol en lançant un hurlement du dragon, mais automatiquement la bombe délivra malgré tous ses ultrasons. Les bombes étaient lancées à une vitesse telle que lorsqu'il était projeté à un endroit, une autre arrivait derrière lui pour l'envoyer baladé dans l'autre sens, laissant tout le loisir au mage créateur de bombe de le frapper autant que possible.

La tête de Natsu tournait. Son oreille interne ne répondait plus aux commandes de sorte qu'à chaque tentative pour se relever, il perdait l'équilibre. C'était comme s'il vivait dans un brouillard intense lui brouillant les sens. Malgré une vision dont la netteté baissait de minutes en minutes, il distinguait néanmoins Happy du coin de l'œil qui remuait des lèvres sans qu'il ne puisse percevoir le son de sa voix, et qui pleurait comme il le faisait toujours lorsqu'il s'inquiétait pour lui. « Merde » jura t'il, il était hors de question de perdre contre un nullard pareil. Il devait le battre, coûte que coûte, pour prouver à Lucy qu'il en était capable, qu'il pouvait être là, à ses côtés avec Happy. Pris de vertige, il enrageait de voir son corps ne pas réagir à ses ordres.

Goguenard, le voleur narguait le mage de Fairy Tail qui ne bougeait presque plus. Ce dernier était allongé sur le ventre, son poing frappant désespérément le sol de rage, essayant vainement de se relever. Il avait réussi à battre un dragon slayer, il pouvait être fier de lui aujourd'hui : un casse grandiose et un combat victorieux, que demander de mieux ?

C'est alors que dans la masse de poussière soulevé par les bombes qui avait pris forme derrière le dragon slayer apparut une jeune femme blonde. Cette dernière marcha et se plaça devant Natsu tout en fixant le voleur dans les yeux.

Lucy – Je t'avais dit de m'attendre, Natsu.

Happy – Lucy ! cria t'il soulagé de voir son amie arrivée.

Le mage de feu, qui n'entendait plus que d'une seule oreille, reconnut aussitôt la voix et l'odeur de sa camarade. Malgré la voix sévère de celle-ci qui le réprimandait une nouvelle fois, Natsu afficha un sourire car il sentait l'aura magique que dégageait Lucy, c'était une aura qui allait tout défoncer.

Natsu – Lucy, tu…

Lucy – Laisse Natsu, je vais m'en charger… Toi là-bas !

Elle pointa du doigt l'intéressé, attirant ainsi l'attention du malfrat. Il ne fallut pas longtemps au voleur pour poser un nom sur ce visage qui lui semblait familier. C'était elle, la petite peste qui lui avait foutu une raclée magistrale il y a quelques mois de cela. Convaincu que c'était son jour de chance, il rigola nerveusement, prêt à obtenir sa vengeance directement auprès de la mage concernée.

Voleur – Tiens donc, Lucy Heartfillia. Ou devrais- je dire, Dame Lucy. Quel manque de politesse de ma part, ajouta t'il de son sourire narquois. Comme on se retrouve. Le monde est si petit.
Lucy – Oui Kaitus. Et je regrette déjà de ne pas t'avoir balancé auprès du conseil la dernière fois.

Kaitus – Oh mais ne dis pas ça, moi je suis très content au contraire… Je vais pouvoir corriger directement mes erreurs du passé sur toi !

Lucy – Oh oui, tu as dû être vexé d'être battu par une fille dans un combat à main nue…
Kaitus – La ferme ! cracha-t-il de colère. J'ai évolué depuis. Ne te retiens pas aujourd'hui ! Balance toute ton énergie, je te réserve mes meilleures bombes, approche ! fit-il en la défiant d'un geste de la main.

Lucy – Bien, allons-y. Je vais te faire payer les blessés que tu as faits dans cette ville, et surtout, je vais te faire passer l'envie de t'en prendre à Fairy Tail !

La constellationniste s'élança à une vitesse fulgurante contre le bombier. La colère de Lucy et la concentration de sa magie fit dégager une aura puissante, lui donnant une impulsion rapide à sa course. Enerver ? Oui, elle l'était, il fallait que ce malfrat apprenne une bonne fois pour toute ce qu'il en coûtait de blesser un membre de sa guilde. S'il avait besoin d'une deuxième leçon pour comprendre son erreur, elle allait se faire un plaisir de la lui donner.

Et Lucy courut en direction de Kaitus tout en esquivant ses bombes avec une agilité étonnante, les renvoyant parfois à coup de sceptre à son envoyeur. Kaitus râlait déjà en lui ordonnant de ne pas bouger. Lucy sortit ses clés et appela ses esprits.

Lucy – Portes du zodiaque de la vierge, du taureau et du scorpion, ouvrez-vous !

Immédiatement, ses esprits apparurent, répondant à l'invocation de leur maitresse.

Lucy – Taurus et Scorpio, lancé Tempête de Sable de la Hache d'Aldebaran.

Taurus – A vos ordres nice body !

Scoprpio – C'est parti bébé !

Kaitus fut trop lent pour esquiver la tempête de sable cachant la hache de Taurus qui le frappa en plein dans le torse, lui coupant le souffle instantanément.

Lucy – Virgo, enfonce-le !

Virgo – En êtes-vous sûr Hime-sama ?

Ne s'attendant pas à une demande de confirmation de ses ordres de la part de son esprit en plein combat, Lucy observa son esprit stellaire et remarqua le regard très clairement désapprobateur de celle-ci, chose qui n'échappa pas à Happy et qui l'étonna grandement car Virgo était un des esprits les plus serviables de tous. D'un seul regard Lucy fit comprendre à son esprit que le moment n'était pas le plus opportun pour un débat.

Virgo - Comme vous voudrez Hime sama.

Kaitus eu à peine le temps de respirer à nouveau qu'il sentit le sol se dérober sous ses pieds. Il tomba dans un trou profond où il se foula aussitôt la cheville. Cette femme était vraiment redoutable. Il regrettait d'ores et déjà de ne pas être partit en courant lorsqu'il en avait eu l'occasion, craignant de seconde en seconde que son casse ne tombe à l'eau. Il amorça son ascension du trou pour tenter de passer au plan B : la fuite.

Natsu et Happy avaient regardé le combat fasciné par l'évolution de la mage stellaire. Lucy était époustouflante et semblait maintenant très bien rodée au combat.

Natsu – Tu as vu Happy, trois esprits en même temps ?! C'est énorme ! s'enthousiasma t'il.

Happy – Macao disait qu'elle était l'une des mages les plus fortes de la guilde, c'est notre Lucy !

Natsu détourna son regard de son compagnon pour contempler à nouveau Lucy qui lui tournait toujours le dos. Elle regardait en direction du trou qui s'était formé quelques mètres plus loin. Natsu était fier de son amie et heureux pour elle. Il avait toujours cru en ses capacités, mais elle, avait à plusieurs reprises doutées d'elle sans pour autant abandonner son entrainement. La persévérance étant une de ses grandes qualités. Il voyait aujourd'hui qu'elle avait travaillé dur pour en arriver jusqu'ici et qu'elle avait cette force, cette assurance qu'elle n'affichait pas autant par le passé. Il la regarda si confiante, il ne l'avait jamais vu aussi. Il ne sut trouver les mots mais il savait juste qu'elle était puissante comme jamais, ressentant même qu'elle était loin d'être au maximum de ses capacités. Le combat était de toute évidence terminé, le poseur de bombe ne pourrait très certainement pas aller très loin dans l'état où il se trouvait. Pourtant, Lucy semblait attendre quelque chose. Mais quoi ?

Il n'attendit pas très longtemps pour avoir sa réponse. Elle ferma les yeux, joignit ses jambes tout en écartant les bras sur les côtés, bien tendu. Malgré l'altération de son ouïe, le dragon slayer put entendre Lucy parler.

Ce fut le moment que choisit Kaitus pour sortir de son trou. Il essaya de partir discrètement mais il se retrouva subitement bloqué. Une paroi vitrée lui barrait soudainement le chemin, avant de réaliser qu'il était en réalité enfermé. Kaitus paniqua et hurla :

Horlogium – Sortez-moi de là, dit-il.

Lucy - Pouvoir des étoiles, venez à moi, j'implore votre légende.

Soudain, le mage de feu ressenti un malaise. Il perçut comme un vide qui s'immisçait dans la magie de la constellationniste, avant que cette sensation ne disparaisse aussi vite que venue. Toutefois, il oublia vite cette impression en voyant Lucy plier son bras droit avant de poser sa main sur son cœur, brandissant son autre main vers le ciel. Concentrée, la jeune femme ferme les yeux. L'augmentation de son aura magique faisait virevolter ses cheveux et un vent souffla, remuant les herbes hautes de la prairie.

Lucy – Astre noble, que ta blancheur bénit ce monde.

La constellationniste rouvrit les yeux et abaissa vivement son bras en direction de Kaitus en s'écriant :

Lucy – Rayon lunaire !

Un rayon blanc et extrêmement lumineux partit du bout des doigts de Lucy en direction de Kaitus, relâché au dernier moment par Horlogium qui l'avait maintenu prisonnier juste le temps que le sort atteigne sa puissance maximale. Ce fut la fin de Kaitus qui, les yeux vides, tomba au sol après cette attaque.

Satisfaite, la jeune femme blonde se retourna en direction de ses camarades et leur adressa le premier franc sourire depuis le début de leur aventure. Un large sourire à l'image de ce combat, elle avait l'impression de s'être libérée d'un poids. Ce combat avait fait palpiter son cœur. L'adrénaline était montée en elle dès qu'elle avait vu Natsu à terre. Elle ne supportait pas que l'on touche à des membres de sa guilde, comme tous ses compagnons par ailleurs, et elle mettait un point d'honneur à en faire payer le prix à quiconque se dresserait devant elle. Ce combat avait été jouissif, non pas par sa difficulté mais par la joie de pouvoir utiliser ce qu'elle appelait sa vraie magie. Être rédemptrice utilisait ses capacités de constellationniste, mais sa magie de cœur restait celle de sa magie stellaire Libérer ses pouvoirs qu'elle contenait tant, c'était comme hurler dans une église où l'on réclamait le silence.

Natsu lui renvoya un grand sourire, elle était là sa Luce, devant lui, toute pleine de poussière. Il ne regrettait pas d'être venu, voir Lucy en pleine action méritait amplement le déplacement. Il en oubliait même tous les désagréments passés depuis le début de cette mission. Il aurait tout donné pour revoir ce sourire qu'elle lui adressait à lui et à Happy.

Happy aida comme il put le dragon slayer à se relever. Ils étaient restés bouche bée devant ce pouvoir inconnu que Lucy avait déployé. Ils ne pouvaient que s'extasier devant ce nouveau sort qui pouvait écraser de puissant adversaire.

Natsu – Whaou, Lucy ! T'es devenu vraiment forte ! C'est un pouvoir de rédemptrice ou de contellationniste ?
Lucy – Réponse numéro 2. Ce sort abasourdit ou assomme mon adversaire pendant une longue durée. L'origine de ce pouvoir est le même que l'urano metria.

Happy – Lucy, je te promets de ne plus faire de bêtise ! Tu fais vraiment trop peur… je ne sais pas de qui j'ai le plus peur entre toi et Erza.

Lucy rigola à nouveau devant cette remarque qu'elle prit comme un compliment. Pendant quelques secondes encore, elle savoura, avant de lever ses yeux vers le ciel en silence. Maintenant, elle avait un nouveau problème : rentrer avant que son corps ne la trahisse.

oOoOoOoOo

Elle regardait encore le guichetier, complétement désemparé par ce qu'elle venait d'entendre.

Lucy – Comment ça pas de train avant deux heures ? Vous plaisantez ? Je dois absolument rentrer maintenant.

Guichetier de la gare - Le maire a fermé la gare le temps de retrouver le mage qui a fait exploser la bijouterie Dame Lucy.

Lucy – Mais vous l'avez vu tout comme moi, les services de sécurité sont passés devant nous à l'instant avec le mage menotté ! Soyez sympa !

Guichet – Désolé, c'est la procédure.

Ce contretemps contraria Lucy qui rumina quelques jurons à l'encontre de cet employé. Onibus était une ville très proche de Magnolia qui était sur la ligne ferroviaire en direction de crocus. Rentrer en train lui aurait largement laissé le temps de rentrer chez elle, lâcher au passage Natsu et Happy à la guilde et subir son quotidien maladif. Maintenant que cette solution tombait à l'eau, elle n'avait plus le choix. Rester sur place n'était pas une option envisageable, trop de risque que ses deux compagnons la surprennent en plein délire. Il allait falloir qu'ils rentrent à pied. Elle réfléchit quelques instants, cherchant malgré tout une autre solution, puis après quelques secondes, se décida. Cela allait être juste, mais c'était jouable s'ils partaient maintenant.

Natsu – Alors ?

Lucy - On rentre à pied, Magnolia est à une bonne heure de marche. En train, on y était en vingt minutes, mais tant pis.

Natsu - Youpie ! Pas de train ! Nanana !

Alors que Natsu dansait comme un singe en plein milieu de la place de la ville, il ne s'aperçut pas que Lucy avait déjà pris la poudre d'escampette. Alors que tous les villageois s'amusaient de cet être étrange aux cheveux roses, il s'arrêta quand il entendit Happy l'appeler au loin :

Happy – Natsu, elle est encore en train de partir sans nous ! Ramène-toi !

Natsu – Merde ! J'arrive !

Lucy marchait vite, très vite même. Ses pas étaient guidés par une nervosité qui pointait de plus en plus au fils des minutes qui passaient. Elle même avait du mal à garder son propre rythme, mais elle ne tenait vraiment pas à vomir ou à s'écrouler devant Natsu ou Happy. Elle avait réussi à garder plus ou moins la face avec Grey l'autre soir, mais on ne parlait pas de la même quantité de magie utilisée ce jour-là. Invoquer trois esprits et un sort astral allaient lui couter plus cher qu'une simple cérémonie de quelques spectres. Elle savait déjà que sa nuit n'allait pas être de tout repos.

Elle était en tête de la marche, menant la petite troupe à une cadence très soutenue, sans prendre la peine de s'enquérir de savoir si ses compagnons la suivaient. Au début Natsu suivait de près Lucy, il était tellement content de ne pas prendre le train qu'il ne se rendait même pas compte du rythme qu'avait adopté cette dernière, contrairement à Happy qui lui n'en pouvait plus. Cette marche rapide était pour ses petites pattes un véritable supplice et après avoir recouru à plusieurs reprises à sa magie aera pour soulager ses jambes, il n'en avait désormais plus l'énergie.

Happy – On ne peut pas faire une pause ? Je suis naze moi. Ou juste ralentir. S'il vous plaiiiittt ! supplia le petit exceed à bout de souffle.

Lucy – Pas le temps, répondit-elle sèchement, totalement accaparée par ses angoisses.

Happy – Pourquoi ?

Elle avait répondu par automatisme, et se maudit pour cette réponse stupide. Et bien, oui, pourquoi Lucy ? s'interrogea-t-elle. Que pouvait-elle répondre à cela ? Sa priorité était d'avancer sans perdre de temps, et elle n'était pas convaincue qu'une énième dispute soit la solution la plus adéquate à sa problématique. Elle avait peur, peur de s'engager dans une conversation où les questions fuseraient et où elle ne trouverait pas de réponse, comme celle du petit exceed à l'instant. Et elle n'allait rien gagner à part être ralenti par des disputes ou autres chamailleries. Elle s'imaginait déjà Natsu lui attrapant le bras pour lui demander une nouvelle fois des explications sur son comportement et le pourquoi de son refus de partir en mission avec eux. Alors que ferait-elle si de tremblements la saisissaient ?

« Aller Lucy, pensa t'elle, détends-toi et redevient gentille juste le temps du trajet. »

Lucy – Parce j'ai hâte de raconter tout ce qu'on a vécu à nos amis. C'était…cool, hein ?

N'en croyant pas ses oreilles, Happy s'enflamma face à cette élan d'affection que semblait manifester Lucy. Il croisa le regard de Natsu, qui était tout aussi comblé que lui.

Happy – Aye ! le combat fut court mais que c'était beau ! Trois esprits en même temps, c'était génial ! Avant, tu arrivais juste à enchainer trois ou quatre esprits mais à la suite, et là… Trop forte !

Natsu – Yosh ! Je suis d'accord avec Happy. Et toi qui te faisais du souci si je devenais mage de rang S ! Franchement, je suis épaté ! Tu es peut-être plus forte que moi maintenant, quand on sera rentré à la guilde, tu as intérêt de combattre contre moi, ok ?

Loin devant eux, Natsu ne vit pas les rougeurs qui avaient pris place sur les joues de Lucy qui avait hâté encore plus sa marche. Natsu était une tête brulée, qui défierait tout ce qui pouvait lui montrer la moindre once d'opposition. Mais recevoir de tel compliment de sa part, lui, le dragon slayer de feu de Fairy Tail, était quelque chose de jouissif pour Lucy. Elle avait tant travaillé pour cela malgré les barrières que sa maladie avait pu dresser contre elle. Un sentiment de fierté envahit tout son être. Elle en avait rêvé de ce jour où elle pourrait lui montrer ses capacités et lui montrer qu'elle pouvait être une coéquipière de choc. Malheureusement aujourd'hui, ce rêve était devenu illusoire. Elle devait maintenant lui démontrer qu'elle pouvait désormais se débrouiller seule, et que l'équipe ne serait plus qu'un mythe. Ce défi, aussi prometteur soit-il, n'aurait jamais lieu bien entendu. Elle devait utiliser sa magie à bon escient, ce qui, elle devait l'admettre, n'avait pas été le cas contre le lanceur de bombe. Elle aurait pu largement se contenter d'un seul esprit. Le regard froid de Virgo lui revint en mémoire et elle frissonna en pensant au sermon qu'elle allait se prendre par ses esprits. Mais pour l'instant l'important, c'est qu'à cet instant, elle se sentait bien et savourait pleinement sa victoire.

Et pourtant, ça faisait si longtemps qu'elle n'avait pas ressentie autant de plaisir à faire une mission. Et c'était compréhensif, elle vivait dans la peur constante : peur d'utiliser ses pouvoirs, peur de ne pas réussir sa mission, peur de rencontrer Zeref, peur de revenir et de perdre encore quelqu'un de la guilde ... Et là, elle s'était lâchée, juste une fois, la dernière fois peut-être.

Natsu – Je prends ce silence pour un oui ! Ah, franchement c'est vraiment trop cool tes nouveaux pouvoirs. C'est la classe d'avoir une coéquipière comme ça ?! Hein Happy ?!

Happy – Aye ! Lucy a peut-être pris du poids pendant notre absence mais on ne peut pas dire qu'elle a pas travaillé sa magie.

L'intéressé roula les yeux vers le ciel mais préféra s'abstenir devant cette attaque très mesquine.

Natsu - Igneel m'a toujours dit faire confiance à mon instinct, et je suis certain que tu peux être encore plus forte Lucy. Heureusement que tu es restée à la guilde quand il y a eu ses bâtards de Phantom Lord qui sont venus te chercher. Tu n'es peut-être pas à la tête de l'entreprise familiale mais ce que tu es devenu aujourd'hui c'est encore mieux ! Même ton père doit être fier. Une fille rédemptrice et une mage hors pair, il doit se mordre les doigts d'avoir essayé de te forcer à rester avec lui.

Brusquement, la jeune femme s'arrêta. Ne le remarquant qu'au dernier moment, Natsu manqua de peu de lui rentrer dedans. Il arqua un sourcil, ne comprenant pas pourquoi Lucy avait stoppé si soudainement a marche. Que se passait-il encore ? Tout allait bien non ? Il regarda les alentours et ne vit rien à part la plaine qui s'étendait à perte de vue, rien de suspicieux en somme. Avait-il dit encore quelque chose de mal ? Il avait parlé en toute sincérité, pensant réellement faire plaisir à son amie. Devant l'absence de réaction de la mage, il s'approcha de Lucy, inquiet et posa une main bienveillante sur son épaule.

Natsu – Quelque chose ne va pas Lucy ?

Peu habituée à ce type de contact, la mage stellaire tressaillit en sentant les doigts chauds de Natsu se resserrer sur son corps. Encore une fois, le bonheur de l'instant présent s'était volatilisé, la persuadant une nouvelle fois que le bonheur était une chose qui ne lui était pas destinée. Ce garçon avait le don de réchauffer son cœur tout en le glaçant. Même si les relations avec son père étaient toujours restées très compliqué, elle ne pouvait ignorer cette douleur qui restait encore vive. Il avait remué une plaie ouverte qui ne guérirait qu'avec le temps. Pourtant, elle garda son calme, ne pouvant décidément pas lui tenir rigueur de cet impair. Elle posa doucement sa main droite sur celle de Natsu qui tenait encore son épaule et lui répondit d'un ton très neutre.

Lucy - Il est mort… Il y a deux mois.

Le mage de feu écarquilla les yeux, ne pouvant dissimuler le tressaillement de surprise en entendant la nouvelle. La jeune femme sentit la main de Natsu se crisper sur son épaule. Elle n'avait pas le courage d'affronter son regard qui devait surement être empreint de culpabilité. Alors avec douceur, la main de Lucy se resserra sur celle de Natsu, rassurant instantanément le mage de feu. Ce contact invita Natsu à ne rien dire, ne rien ajouter. C'était le premier contact tendre entre Lucy et Natsu depuis son retour. Les mots…Il manquait de mot. Que dire à une amie qui avait décidément tout perdu ?

Remerciant intérieurement Natsu de son silence, elle retira la main chaude de celui-ci de son l'épaule tout en la relâchant lentement.

Happy – Lucy, on ne…

Lucy – Je sais. Avançons, si vous le voulez bien. Ça ne sert à rien de ruminer le passé.

Elle reprit sa marche rapide, suivit sans aucune contestation par Happy, puis de Natsu. Ce dernier avançait en se tenant la main qui avait été au contact de sa coéquipière inconsciemment. Il la regardait, comme si quelque chose s'était déposée sur elle. Son instinct ne l'avait pas trompé, la peau de Lucy était extrêmement douce, appréciant malgré sa bavure ce contact. Il releva les yeux et observa son amie avancer comme si de rien n'était. Il s'en voulait terriblement. Alors que tout semblait allez au mieux depuis le combat, il avait tout gâché en rappelant à son amie de mauvais souvenirs.

Perdre un parent était toujours difficile, il le savait. On vivait par la suite sans repère. Comme lui, Lucy était désormais orpheline, à la différence que pour lui, il gardait l'espoir de retrouver un jour Igneel. Le sort semblait s'acharner sur son amie, exécrant un peu plus encore ce nouveau monde. A cet instant, il aurait tout donné pour revenir en arrière et faire en sorte que l'examen de rang S n'ait jamais lieu. Ils auraient pu tous ensemble affronter les épreuves, se soutenant et empêchant cet avenir sinistre se produire.

Le reste de la route se fit en silence. Lucy ne se réjouissait pas de ce passage de la journée, mais cette mise au point avait au moins eu pour effet positif de terminer le trajet sans autres questions, permettant à nos compagnons d'avancer plus vite que prévu. Elle leva la tête et distingua au loin le sommet de la cathédrale de Magnolia. Elle attrapa discrètement de sa main gauche son bras droit qu'elle replia contre elle. Ses doigts commençaient à être douloureux au niveau des articulations, tandis que sa main gauche ne pouvait retenir quelques tremblements. Elle avait merdé, il fallait qu'elle se le dise. Depuis deux mois, elle avait réussi à ne pas utiliser ses pouvoirs en dehors de ceux de rédemptrices, et là elle avait balancé toute la sauce, et il n'y avait finalement rien de bien glorieux à cela. Elle savait qu'elle devait s'économiser, pour espérer tenir le plus longtemps possible, au moins le temps d'assurer la sécurité de la guilde le temps que la problématique des spectres soit résolu. Elle était terrorisée à l'idée de laisser ses compagnons de guilde sans défense.

Plus tard, lorsque Lucy posa enfin le pied sur le premier pavé de la ville, elle se retourna, croisa ses mains dans son dos, et sourit gentiment en découvrant l'air déprimé de ses deux compagnons de route.

Lucy - Faite pas cette tête. C'est pas la fin du monde.

Happy – Plus facile à dire qu'à faire.

Malgré ses airs moqueurs, le petit exceed était le plus sentimental de tous, celui qui malgré ses blagues foireuses, éprouvait le plus d'empathie. Lucy le savait. Voir Happy ainsi la désolait, mais que pouvait elle bien faire d'autre.

De son côté, le mage de feu releva la tête et planta son regard dans ses yeux marrons qui pétillaient comme jamais depuis leur retour. Il voyait bien qu'avec son maigre sourire qu'elle essayait de faire bonne figure, de les faire déculpabiliser, ce qui marchait plus ou moins bien. Etre là pour elle était probablement la meilleure chose à faire. Natsu sourit en retour, espérant réellement lui apporter un tant soit peu de réconfort. La mission n'avait pas été bien difficile mais il l'avait trouvé mentalement épuisante. Natsu espérait que malgré les remontrances et les erreurs, ils allaient enfin pouvoir faire la paix.

Natsu – Tu viens ? On va à la guilde.

Lucy - Allez-y sans moi. Je vais aller me reposer un peu. J'ai hâte de retrouver mon lit. Passer le bonjour à tout le monde.

Happy – Aye ! A demain Lucy.

Lucy se retourna et commença à courir, mais elle s'arrêta lorsque Natsu l'interpella.

Natsu – Lucy ! Tu peux compter sur nous !

Happy – Aye !

Elle ne répondit rien, leva seulement sa main droite en signe de salut et reprit sa course, tandis que Natsu et Happy prirent la direction opposée.

Lucy se retourna un peu plus loin pour vérifier que personne ne la suivait. Se sentant en sécurité, elle flancha un instant et tomba à genou sur le sol en se rattrapant de justesse pour ne pas s'écrouler complétement. Elle connaissait par cœur les rues de Magnolia, et elle savait là où elle pouvait prendre quelques instants pour souffler. Cette petite rue non passante était un de ses coins fétiches pour ses retours de missions, et elle ne se privât pas de faire une petite halte pour essayer de reprendre pied. Un spasme la secoua et elle décida de reprendre sa route malgré ses jambes vacillantes. Arrivant bientôt à destination, elle due prendre la rue principale qui menait à chez elle où plusieurs passants remarquèrent son allure chancelante.

Passant 1 – Oye Dame Lucy ! Vous avez apparemment bu un petit coup de trop encore ! Vous avez un peu trop fêté le retour de l'équipe Tenro ?

Bien que des vertiges l'assaillaient, Lucy prit la peine de se tenir droite et de sourire chaleureusement à son interlocuteur.

Lucy - Et oui ! Excusez-moi !

Passant 2 – Vous avez besoin d'aide ?

Lucy – Non…hic ! fit-elle semblant. Ne vous inquiétez pas. Merci quand même.

Elle s'étonnait toujours de voir les passants lui sourire lorsqu'elle se retrouvait à dériver dans les rues dans cet état, à préciser que tout le monde la pensait dans ces moments-là fortement alcoolisée. Malgré son statut de rédemptrice, personne ici à Magnolia ne semblait la juger ici, ce qui était à la fois source de réconfort mais aussi très pratique. Lucy tentait au mieux de cacher son mal être et elle préférait largement qu'on la croit soule plutôt qu'en train de dépérir. Elle avait compris depuis bien longtemps que l'alcool était une stratégie de défense redoutable, permettant de cacher bien de ses problèmes derrière un verre. Et feindre l'ivresse lorsqu'elle était malade n'était pas bien difficile.

Se rapprochant doucement mais certainement de son objectif, elle aperçut enfin son appartement qui n'était plus qu'à une cinquante mètres. Sa vue se floutait de plus en plus au fil des pas qu'elle posait difficilement l'un devant l'autre. Au loin, sur la rivière, le batelier lui hurla :

Batelier – Pas de bêtise sur le muret Dame Lucy !

Cette fois-ci, Lucy ne répondit pas par manque de courage, n'imaginant même pas une seule seconde avoir la force de s'aventurer sur ce maudit muret, ayant tout juste assez d'énergie pour grimper les escaliers qui menaient jusqu'à son appartement. Une fois devant sa porte, elle s'appuya contre le bois et se laissa glisser contre elle, se retrouvant assise sur le pas de la porte. Elle y était presque, encore un tout petit effort et elle pourrait enfin se reposer en lieu sûr. Sa respiration devenant de plus en plus difficile, la constellationniste faisait au mieux pour ne pas perdre connaissance face au manque d'oxygène. Elle ressentait sa magie, ce flux instable qui s'échappait de son corps, sensation des plus désagréable pour une magicienne. Les défaillances de son corps s'accéléraient brusquement, son cœur s'affolant de plus en plus devant le manque de régénérescence magique. Souhaitant ardemment vivre son mal être dans son lit, elle ramena sa sacoche devant elle, cherchant vainement ses clés d'appartement. Une fois trouvées, elle les souleva pour les rapprocher de son visage pour y voir plus clair, les mains tremblantes, et jura en alternant une à une les clés gauchement entre ses doigts.

Lucy – Ah merde, c'est pas celle-là… Putain, je ne vois rien, fais chier.

Un voile noir allait et venait devant ses yeux, l'empêchant de distinguer nettement son trousseau de clés. Elle ne sut comment, mais elle finit par trouver la bonne et elle réussit à l'enfoncer dans la serrure. En ouvrant la porte, elle fut saisie d'une violente crise de spasmes qui contracta son corps si violemment qu'elle ne put retenir un petit gémissement de douleur. Elle rampa sur quelques mètres, puis repoussa sa porte du bout du pied, sans parvenir à la fermer complètement. Tout ce qu'elle voulait, c'était rejoindre son lit, mais elle comprit que pour cette fois-ci, elle n'en n'aurait pas la force.