Elle ouvrit brusquement les yeux et se réveilla en sursaut dans sa couverture. Son sommeil fut affublé de multiples cauchemars, ressassant en boucle les expressions haineuses de ses amis et de ses esprits, de feu embrasant villes et villages terrassés par les ténèbres ou encore par la vision de sol jonché de cadavres. Le corps moite et en sueur, elle avait l'impression d'étouffer par la chaleur qui était omniprésente. Elle aspirait à trouver un peu de fraicheur tandis que son esprit ne désirait quant à lui qu'à enfin pouvoir se reposer, ne serait-ce que pour quelques minutes.
Examinant autour d'elle, la jeune femme s'interrogea sur sa présence en cet endroit, découvrant au vu de l'aménagement très sommaire qu'elle se trouvait dans une tente. A nouveau, elle se sentait désorientée, n'arrivant pas à se rappeler encore une fois du cheminement qu'elle avait pu faire pour se retrouver ici. Ce questionnement laissa doucement place à une certaine angoisse qui bien évidement l'a mis mal à l'aise. Analysant la situation, Lucy se rassura en songeant qu'elle avait dû être placée ici dans cette tente par ses amis après… Après quoi au juste ? Ce débit de réflexion couta chère à la constellationniste qui se vit frapper par un violent mal de tête dont elle se serait bien passé. Par réflexe, elle massa ses tempes douloureuses, essayant de temporiser la monter en puissance de son mal crânien. Lucy prit quelques secondes pour gérer cette souffrance insidieuse, avant de poursuivre l'observation de son environnement, posant ainsi son regard sur une petite fille endormie tout près d'elle. Tournant le dos à la rédemptrice, l'enfant semblait dormir profondément, son corps se gonflant au rythme de sa respiration lente et régulière. Reconnaissant ses cheveux bouclés, elle souffla le prénom de la petite fille du bout des lèvres :
Lucy – Adèle…
Sans crier gare, la vision d'un cadavre remplaça celle de la jeune et frêle Adèle. Terrorisée par ce souvenir qui empiétait sur sa réalité, Lucy tenta de le refouler et sortie en trombe de la tente pour échapper à cette évocation morbide, manquant de peu s'empiéger sur l'un des piquets qui maintenait la tente. Immédiatement, la lueur du jour l'aveugla, la ramenant brutalement vers le monde réel. Par réflexe, elle plaça sa main en visière, attendant quelques instants que sa vue s'adapte à la luminosité. C'est alors qu'elle croisa les regards surpris de Grey et Erza, tous deux assis autour d'un feu. Une odeur de viande grillée parvint jusqu'au narine de la jeune femme, cette dernière remarquant alors que ses amis avaient d'ores-et-déjà préparer de quoi se sustenter. Elle eut alors un relan d'écœurement en sentant cette odeur qui lui rappela sans le vouloir le bucher qu'ils avaient laissé derrière eux à Tahori mais elle prit sur elle et fit un effort pour ne pas fui encore une fois. C'était un campement de fortune composé de trois tentes que les rescapés avaient monté à la hâte la tombée de la nuit au milieu de la forêt de Tahori. Pour Erza, il avait été hors de question de rester sur cette plaine à découvert et à la merci des ennemis. Le feuillage des arbres offrait un camouflage plus que bienvenu permettant à minima de cacher la fumée d'un feu de camp peu conséquent.
Furtivement, Lucy s'assura de l'expression du visage de ses camarades, analysant les moindres traits qui pouvaient être réfractaires à sa présence ou laissant présager ne serait-ce qu'une seule once de haine ou de dégoût à son égard, la moindre chose qui pouvait lui rappeler qu'elle était toujours dans son cauchemar. Elle n'y trouva rien, à part les regards bienveillants de ses deux amis.
Grey – Voilà notre héroïne, dit-il en mâchonnant une brochette de viande.
Erza – Bien dormi Lucy ?
Frottant ses bras pour se défaire du frisson qui avait pris d'assaut son corps en entendant leurs voix, elle se rapprocha lentement, encore craintive de ce qu'elle pouvait rencontrer sur son chemin. Le sourire constant d'Erza finit par apaiser Lucy. L'esprit rassuré, elle décida de s'assoir auprès d'eux, mais les premiers pas qu'entreprit la jeune femme furent subitement douloureux. Son corps venait de lui faire un rappel subtil des nombreuses ecchymoses qu'avaient subi son corps lors de cette mission, s'ajoutant à cela ce mal de crâne persistant et lancinant qui ne semblait plus vouloir la quitter. En s'accroupissant, elle apposa de nouveau sa main gauche sur son front, constatant seulement maintenant la présence d'un bandage entourant son tour de tête, mais aussi un autre qui enlaçait son poignet gauche. Face à ses pansements, de nombreuses interrogations se soulevèrent, laissant Lucy perplexe quant aux événements qui avaient dû se passer. Elle tenta alors de se remémorer l'origine de ses blessures : La tête ? Elle ne se souvenait pas vraiment. Le bras ? Oui. Effectivement, c'était ce fameux sort empoissonné que lui avait jeté… Oh oui, sa rencontre avec Zeref lui revint en mémoire. Tout se bousculait dans sa tête de façon un peu confuse mais tout lui revenait petit à petit. Cependant, elle ne réussit pas à comprendre cette douleur qu'elle ressentait au genou. Sans avoir besoin de le toucher, elle remarqua un hématome qui s'était formé sur le côté de la rotule. Encore gonflé, elle ne pouvait que supposer qu'elle avait dû subir un choc contusionnant son genou mais la grande question qui restait en suspens était comment. La seule réponse que lui apporta sa mémoire fut un trou noir qui l'empêchait pour le moment de se souvenir d'une partie de sa mission.
Égarée dans ses pensées, Lucy ne fit pas attention à Erza qui s'était levée et rapprochée de la constellationniste. Toujours aussi gracieuse, la mage aux armures s'accroupit derrière Lucy et entreprit de changer le bandage frontal de la constellationniste. Dès le premier contact, Lucy tressaillit et s'écarta précipitamment, la crainte s'affichant instinctivement sur son visage.
Surprise par la réaction de son amie, Erza leva les mains en l'air en signe de paix, les laissant bien en évidence afin de rassurer son amie. Voir la jeune femme ainsi l'inquiéta, comprenant que celle-ci avait dû passer un sale moment pour que cette dernière en arrive à avoir ce genre de réaction.
Erza – Ne craint rien, je veux juste refaire ton bandage.
Lucy – Désolée, j'ai cru…
Se rendant compte du ridicule dont elle faisait preuve, elle se rétracta, ne trouvant pas utile de se justifier au risque d'inquiéter la mage aux armures.
Lucy – Non, rien, laisse tomber. Ça ira pour le bandage Erza, ne te fait pas de soucis… Aïe ! Mais qu'est-ce que tu fais ?!
Sans lui demander son avis, Erza venait de saisir Lucy par les épaules, l'obligeant à s'asseoir et s'installer devant elle, bien décidée à refaire le bandage de la blonde. D'une main ferme mais délicate, elle débuta son ouvrage sans laisser le choix à la constellationniste.
Erza – Il faut que je vérifie si l'hématome que tu as à la tête n'a pas grossi. Wendy a dit que c'était le seul risque majeur te concernant. Et puis, il faut bien changer ce bandage que tu as depuis trop longtemps.
Lucy – Trop longtemps ? demanda-t-elle avec incompréhension. Comment ça ?
Grey – C'est pas comme si tu avais dormi plus de quinze heures.
Lucy – Tu plaisantes ?! s'affola la jeune femme.
Grey – Non, et encore toi c'est rien. J'imagine que le chamallow va nous faire bien pire et battre tous les records.
A l'évocation de ce nom, de nouvelles bribes d'images se manifestèrent dans l'esprit de Lucy, lui permettant de se remémorer de nouveaux éléments sur ce qui s'était passé : la plaine, l'attaque de Zeref, la salle de danse, le cri de Natsu, sa voix… Angoissée, la constellationniste ne put s'empêcher de se pencher en avant pour interroger Grey, ignorant tout de la situation.
Lucy – Natsu ? Comment ça ? Il est blessé ?! Que s'est-il passé ? Et Wendy ?! Happy ?
Erza – Arrête de t'agiter comme ça Lucy, sinon je n'arriverais jamais à refaire ce bandage.
La mage aux armures l'attrapa à nouveau par les épaules pour la rasseoir avec fermeté et faire cesser son agitation. Face à l'inquiétude de Lucy, Grey s'évertua à répondre à ses questions afin de calmer cette dernière.
Grey – Happy était KO. Adèle s'est occupée de lui en l'absence de Charuru quand ils étaient réfugiés à Tahori mais il va bien. Wendy dort aussi avec Charuru. Elle a épuisé toute sa magie à vous soigner. D'ailleurs, elle a fini par vous endormir tous les deux avec un sort : Natsu pour qu'il puisse récupérer sans souffrir et toi parce que ton sommeil était agité.
Aussitôt, elle médita sur cette remarque. Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion d'y réfléchir mais elle se souvenait avoir effectivement eu recours à la magie pour combattre le mage noir. Sans compter qu'elle n'avait pas vraiment eu le temps de récupérer de sa précédente cérémonie, il était évident qu'elle avait dû subir quelques désagréments en suite de cela. Elle remercia intérieurement Wendy de lui avoir épargné une nuit de spasmes après le cauchemar qu'elle avait vécu.
Grey – Wendy a soigné les urgences, mais après le combat que nous avons mené, il ne lui restait malheureusement plus beaucoup de magie : d'où tes bandages. Parce qu'il faut avouer que l'autre gros ronfleur a fait fort cette fois-ci.
Erza – Ça, ce n'est rien de le dire, confirma-t-elle tout en poursuivant les soins.
Lucy – Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a fait ?
Erza – Tu n'as rien vu ? s'étonna la mage aux armures.
Lucy – A vrai dire, mes souvenirs sont flous. J'ai du mal à me rappeler exactement de tout ce qui s'est passé.
Grey – Ce naze s'est laissé transpercer par son adversaire et il n'a rien trouvé de mieux que de cautériser sa plaie. Il faut être malade pour faire ça sans anesthésie. Il a dû douiller la flammèche.
Lucy – Cautériser ? Répondit-elle dubitative. Avec quoi ?
Grey – Grâce à son feu.
Lucy – Mais, il est portant insensible au feu, dit-elle perplexe. C'est…impossible.
Grey – Il faut croire que si. Il a dû trouver un moyen puisqu'il ne s'est pas raté.
Erza – Je crois qu'il n'avait pas vraiment le choix Grey.
Grey – Peut-être, répondit-il sans vouloir encenser la démarche du mage de feu. Malgré tout, je dois reconnaître que cette lueur d'esprit vous a sauvez la mise à tous les deux. Sans compter sur Charuru qui vous a retrouvé grâce à sa vision. Vu dans quel état on l'a retrouvé, je pense qu'on est arrivé juste à temps afin de le soigner.
Sous le choc, Lucy ne sut quoi dire. Elle se souvenait de l'avoir quitté au manoir, emportée par la sphère de téléportation, puis vaguement de lui lorsqu'il était venu la chercher près de la falaise... Elle fit le lien entre le cri qu'elle avait entendu au manoir et ce que Grey venait de lui raconter. Il était venu la chercher pour la sortir de là. S'il était dans cet état, c'était uniquement à cause d'elle.
Erza – Ne te fais pas de soucis Lucy, c'est un gars solide, dit-elle en comprenant les remords de son amie. Il s'en remettra vite et aura juste gagné une jolie cicatrice de guerre. Voilà, j'ai terminé celui-ci. Fais-moi voir ton genou.
Lucy – Je peux encore me baisser pour le faire moi-même Erza.
Les paroles de la constellationniste n'eurent aucun effet sur la belle Titania qui avait décidé de prendre soin de son amie quoi qu'il arrive.
Erza – Tu sais Lucy, être aidé, ce n'est pas un mal, dit-elle d'une voix douce. Cela prouve que l'on a connaissance de ses faiblesses et c'est notamment comme ça que l'on progresse.
Lucy – Je veux bien mais là, c'est de mon genou dont tu parles répondit-elle devant l'absurdité de la chose. Je peux encore me le soigner moi-même.
Erza – Regarde, dit-elle en ignorant sa remarque. Il est sacrément enflé, j'espère que c'est juste sous l'effet du coup et qu'il n'y pas autre chose de plus profond.
Lucy – Je ne me rappelle pas où j'ai pu me faire cela.
Grey – Laisse tomber Lucy, tu es foutu. Erza à enfiler son armure d'infirmière… Très sexy d'ailleurs, fit-il remarquer à Erza sans pour autant baver sur son amie.
Erza – Merci Grey. Lucy… Ça ne va pas ?
Replongée dans ses lugubres pensées, elle découvrait avec consternation son échec lors de cet affrontement contre Zeref. Qu'encore elle perde contre le mage noir, c'était une chose plus ou moins acceptable au vu de sa puissance… Même si, elle devait se l'avouer, la déception était grande. Elle pensait s'être assez préparée à cette rencontre, imaginant même avoir une chance de le vaincre mais la réalité était tout autre. En dehors de cela, le fait que ses amis aient été victime directement de son incompétence la mettait hors d'elle. Grey et Erza n'avaient que des blessures superficielles, mais Wendy et les autres se retrouvaient cloués au lit, tout cela à cause d'elle et de son incapacité à gérer la situation. Et ce qui l'accablait encore plus, c'était certainement la gravité de la blessure de Natsu. Se faire transpercer était loin d'être une blessure banale. Il aurait pu mourir s'il n'avait pas eu la présence d'esprit de cautériser sa plaie. Si Lucy se souvenait bien d'une chose, c'était de leur virulente dispute qui avait précédé la bataille au petit matin à Tahori. Elle l'avait traité comme s'il avait été responsable de tous ses maux, l'engueulant comme du poisson pourri. Elle avait été si dure avec lui et pourtant, lui n'avait pas hésité à venir la sauver encore une fois, quitte à se blesser gravement. La terrible culpabilité l'affligeait tel un train qui lui passait sur le corps. Elle ne savait pas si elle arrivait un jour à dépasser tout cela et à se repentir.
Lucy – Je suis désolée. Je vous cause encore beaucoup d'ennui, tout est de ma faute, dit-elle en baissant la tête, la honte s'emparant de son cœur. Partir avec vous était sûrement une erreur.
Avec compassion, Grey et Erza observèrent la constellationniste. Une profonde tristesse se lisait sur son visage. Cette dernière n'osait plus affronter leurs regards. Les yeux rivés sur le sol, elle serra ses mains posées sur ses genoux, se contractant pour ne pas fondre en larmes.
Erza – Je crois… Que c'est à nous de te présenter des excuses Lucy.
Étonné par ses paroles, Lucy releva la tête en direction de son amie. A dire vrai, elle était loin de s'imaginer ce genre de réaction, s'attendant plutôt à un beau sermon légendaire sur la fraternité entre les membres de la guilde de Fairy Tail, qu'elle a peut-être pu négliger ses dernières années, mais pas aux excuses de la grande Titania.
Erza – T'accompagner est de loin la meilleure décision qui a été prise. Toutefois, nous t'avons volontairement écarté du combat, pensant ainsi te protéger au mieux. Cette option se présentait comme étant la meilleure solution. C'était une sorte de plan de secours qu'on avait envisagé dans l'hypothèse où nous croiserions Zeref. Lorsque Jellal a évoqué la présence possible du mage noir dans la région, il était devenu nécessaire de prévoir un plan de survie. On pensait t'éloigner grâce à Happy et Charuru, les autres restants pour faire diversion pour que tu sois amené en lieu sûr, mais Adèle n'était pas prévue dans le plan. A l'origine, l'un de nous devait fuir avec toi pour assurer ta protection mais en ajoutant Adèle dans l'équation, cette dernière devenait bien évidemment prioritaire pour intégrer le grouped'échappée, en lieu et place de celui qui devait vous accompagner. Il n'empêche que la non prise en compte de cet imprévu nous a coûté cher.
Lucy – Depuis quand ont fui un combat à Fairy Tail ?
Erza – Il est parfois préférable de choisir la fuite que de se faire tuer. Nous ne sommes pas suicidaires, l'important était de tous rentrer à la guilde sain et sauf. De ce point de vu, le plan a fonctionné mais ce ne fut pas la solution idéale.
Grey – On a merdé sur ce coup, on aurait dû rester tous ensemble et combattre l'ennemi en associant nos forces. Nous aurions certainement eu moins de blesser.
Ce mea culpa de la part de ses amis était inattendue mais ne consola pas pour autant la jeune femme.
Erza – Tu sais Lucy, même si nous avions tort, ce n'est pas que nous remettons en cause tes capacités au combat, bien au contraire. Toutefois, si nous avons bien compris une chose dans ce nouveau monde, c'est que ta vie et ton statut de rédemptrice symbolisent l'espoir pour beaucoup de personnes. Comprends-moi bien, je ne cherche pas à alourdir tes responsabilités Lucy.
Lucy – A peine…bougonna-t-elle après ce rappel limpide de ses obligations.
Erza – Mais de ce fait, ta vie est mise à prix, et ça, on ne permettra pas qu'il puisse t'arriver quoique ce soit. Tu es notre amie, tu fais partie de Fairy Tail. Jamais on ne t'abandonnera quelle que soit les charges qui t'incombent.
Prise au piège dans un tourbillon de sentiment, Lucy demeura silencieuse quelques instants, digérant difficilement les paroles d'Erza. Au fond d'elle, Lucy savait qu'elle avait raison, qu'elle ne s'en serait certainement pas sortie toute seule. Malgré les paroles réconfortantes de son amie, la constellationniste restait assommée par le poids de la culpabilité, notamment concernant Natsu. Elle savait qu'elle aurait du mal à se pardonner ses fautes malgré que ses amis ne lui en tiennent pas rigueur. Toutefois, Lucy savait aussi que comme le disait la grande Erza Scarlett, elle ne pouvait pas abandonner sa mission de rédemptrice et laisser ses sentiments prendre le dessus. Elle se devait encore d'avancer mais la force lui manquait pour franchir cette nouvelle étape de sa vie.
Erza – Est ce que tu te sens prête à nous parler de ce qui s'est passé ? J'imagine bien tes inquiétudes, mais nous avons besoin d'un maximum de détail pour connaître la force de notre adversaire afin de pouvoir le contrer pour la prochaine fois.
« La prochaine fois », ces mots résonnèrent en elle comme un glas funeste. Depuis toujours, elle savait qu'elle serait confrontée à la mort, que ce soit par sa maladie ou en croisant le chemin du mage noir. Aujourd'hui, elle avait réchappé à son sort et penser qu'elle allait peut-être avoir à affronter encore cela un jour l'a fit frissonner d'effroi.
Lucy – Hum… Bien sûr. J'essayerai de me souvenir du plus de détail possible.
Ainsi, pendant une vingtaine de minutes, Lucy énuméra tout ce dont elle se souvenait, parfois de façon plus confuse que d'autre mais au fur et à mesure de son récit, les souvenirs fuyant devinrent de plus en plus précis. Les souvenirs regagnaient leurs places, stimulés par l'adrénaline qu'ils provoquaient chez Lucy.
Erza et Grey écoutèrent avec toute l'attention possible, rejoint entre temps par Charuru qui était sortie de sa tente, réveillée par les voix de ses amis. Ensemble, ils s'imprégnaient des paroles de la rédemptrice, tous dévorés petit à petit par une rancœur recrudescente à l'égard du mage noir.
Erza – Donc en résumé, Zeref t'a questionné sur une porte et a décidé de t'éliminer lorsqu'il a compris que tu n'avais rien à lui dire. Techniquement, c'est une façon assez sommaire pour faire le tri dans les rédemptrices qu'il a pu interroger, ajouta-t-elle écœurée par cette stratégie. Du coup, l'hypothèse qu'il ne soit pas au courant de ta survie est fortement plausible.
Lucy – Je suppose que oui. Pourtant, il y avait des moyens biens plus radicaux pour me tuer.
Charuru – Peut-être, mais au final, le résultat allait être le même. Je l'ai vue dans ma vision et de mes propres yeux : tu allais te jeter de la falaise. Je te garantis que si tu avais chuté depuis cette hauteur, tu n'aurais pas survécu aux rochers abruptes présent en contrebas de la falaise.
Lucy – Sûrement. Je n'ose pas trop imaginer le résultat…dit-elle en refoulant un frisson à cette pensée.
Grey – Il préférait sûrement te faire souffrir avant de t'exécuter, cela ne m'étonnerais pas plus que ça.
Lucy – Seulement, par le passé, cela n'a jamais été son mode opératoire, dit-elle en réfléchissant. Pour les autres rédemptrices, survivre n'a jamais été une option.
Grey – Attend, tu n'en sais rien au final. Y avait-il des témoins ces jours-là ? Personne n'a vraiment vu ce qu'il s'était passé pour les autres rédemptrices.
Erza – Il n'a pas tout à fait tort mais c'est vrai que ce point me laisse un peu sceptique aussi.
Charuru – Peut-être que l'arrivée de Natsu au manoir à perturber ses plans.
Lucy – C'est une possibilité. Je ne sais plus vraiment ce que l'on doit en penser... Il n'empêche que si je n'avais pas contrarié mon destin, il ne serait resté plus que trois rédemptrices au monde dont Yukino à Crocus. La situation aurait vraiment été grave… J'ai un de ses mal de crâne.
L'effort de se remémorer chaque minute de son expérience avait accentué son mal de tête, celle-ci se massa une nouvelle fois les tempes sans vraiment ressentir de soulagement. Le souvenir d'une pierre lui martelant le crâne refit surface lors de son combat avec Zeref, lui faisant maintenant comprendre la raison de sa blessure à la tête et probablement de son mal de crâne également.
Erza – En tout cas, il ne faut absolument pas sous-estimer le pouvoir de ce mage illusionniste. Sa magie défie toutes les lois de la nature.
Charuru– De toute évidence, le piège m'a l'air difficile à éviter même si nous avons désormais la description physique de ce mage. Il nous faudra envisager d'ores-et-déjà une solution si une nouvelle rencontre venait à se présenter.
Grey – Je crois que nous ne sommes pas très adeptes des plans finalement… Le dernier qu'on a élaboré n'a pas vraiment fonctionné comme prévu… J'ai dû mal à l'avouer, mais la stratégie du « on fonce dans le tas » aurait peut-être été plus préférable.
Erza – Même contre une illusion ? dit-elle sceptique.
Lucy – Je ne vois pas comment. Je vous assure, c'était si … réelle. Je pouvais tout ressentir : les choses, les odeurs, voir même le toucher. J'ai vu…
Hésitante, elle déglutit, songeant à cette image qui l'a fit frissonner à nouveau. Elle s'efforça de poursuivre car elle voulait qu'ils comprennent, qu'ils sachent l'emprise que ce monde avait sur elle.
Lucy – J'ai vu le cadavre de Lisanna, vous étiez tous en colère contre moi, mes esprits et…
Grey – Le fait que l'on puisse tous être en colère contre toi aurait pu éveiller tes soupçons, non ?
Lucy – Non ! réagit-elle avec force devant ce sous-entendu. J'ai été surprise au début, je me suis posée de nombreuses questions mais je n'arrivais pas à faire fonctionner correctement mon cerveau. J'étais comme dans une bulle narrative qui dirigeait tes moindres pensées. Ce n'était pas que des mots, il y avait toujours un contact physique qui se faisait et qui me laissait croire que tout était réelle. Cela a commencé avec mes esprits, ils ont tous…
En se rappelant de ce passage de son cauchemar, Lucy eut brusquement un flash, ou plutôt la vision d'une porte éclatante cerné par d'immense montagne. C'était une image flou et succincte, ou plutôt une arche qui baignait dans un océan de lumière… Que venait faire cette arche dans son rêve ? Quelle était la cohérence avec l'ensemble de ses visions lugubres ? Son subconscient avait-il fait le lien entre l'interrogatoire de Zeref et ce monde irréel ?
Ses amis attendaient en silence que la constellationniste termine sa phrase sans que celle-ci ne vienne. Face à cette subite absence de la blonde, Grey l'interpella pour l'inviter à poursuivre son récit :
Grey – La terre appel Lucy...
Lucy – Hum ? Oh non, je… J'ai juste un peu de mal à parler de tout ça. J'y étais vraiment prisonnière tout en étant complètement consciente, une sensation très étrange.
Erza – Du coup, j'ai du mal à comprendre. Comment es-tu sortie de ce rêve ?
Lucy – Je ne sais pas… C'était probablement la fin du sort que m'avait lancé le mage ou la présence de Natsu qui m'a peut-être aidé à émerger.
Charuru – Pendant ta transe, tu as dit que tu entendais sa voix. Il y avait donc encore un lien avec le monde qui t'entourait même si tu n'en étais peut être pas pleinement consciente. Je suis presque certaine que ta blessure au genou dont tu ne te souviens pas a été faite pendant cette illusion. Tu disais des choses insensées, que tout le monde te détestait. J'ai aussi tenté de te parler, mais tu n'as pas vraiment réagi. Est-ce que tu t'en souviens ?
Lucy – Tu étais là aussi Charuru ? s'étonna-t-elle à cette remarque. Je suis désolée, ce passage est assez flou dans ma tête…
Charuru – Oui j'étais là, je t'ai appelé, mais rien, aucune réaction.
Erza – Ou bien elle n'a voulu réagir à la voix de Charuru et n'était réceptive qu'au son de la voix de Natsu.
Le mage de glace sourit à cette remarque pertinente et pleine de vice de la part d'Erza sans que Lucy ne réagisse en premier lieu sur cette phrase qui ne l'interpellait pas sans outre mesure. Ce n'est seulement qu'en croisant le regard empli de malice de la mage aux armures et le regard goguenard du mage de glace qu'elle médita sur le sens de ses propos. Dans la seconde suivantes, les joues de Lucy s'empourprèrent, gênée par les allusions et les regards insistants de ses camarades.
Lucy – Dis pas n'importe quoi ! Charuru devait être trop loin de moi pour que je l'entende, c'est tout. Oui, c'est cela, Natsu était juste à côté. Faut pas vous faire d'idées !
Charuru – Est ce que je m'amuse à lui dire que j'étais également juste à côté d'elle ou pas ? Dit-elle taquine en direction d'Erza et de Grey.
Erza – Pas besoin de te justifier autant tu sais.
Croisant le regard conquérant d'Erza dont le sourire mesquin s'agrandissait au fil des secondes sur ses lèvres, Lucy comprit que cette remarque n'avait pas été lancé au hasard. Instantanément, elle fit le lien avec la petite taquinerie qu'elle avait eu avec Erza au sujet de Jellal. Certainement une petite vengeance personnelle de la part de la mage aux armures concernant son propre sujet fâcheux. Qui se frotte à Erza Scarlett s'y pique. Comprenant cela, la voix de Lucy se radoucit aussitôt.
Lucy – C'est de bonne guerre… Je ne dirais rien de plus à ce sujet.
Erza – Bien, répondit-elle victorieuse.
Lucy – Très bien !
L'affaire étant close, Lucy resta assise quelques instants auprès du feu, songeant encore à ces affreux cauchemars. En y repensant, elle ne put s'empêcher de passer une main sur sa sacoche, celle qui gardait précieusement ses esprits si chers à son cœur. Se laissant tenter, elle détacha la sacoche contenant son trousseau de clefs de sa ceinture et les regarda. Les flammes se reflétaient légèrement dans le métal de chacune des clefs, lui donnant l'impression qu'elles étincelaient de milles feux. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, en pensant tendrement à eux : « Alors il ne me déteste pas, hein ? » songea-t-elle avec bonheur. Et l'une après l'autre, elle fit passer ses clefs d'un doigt à l'autre pour chacune d'elle, les contemplant avec amour, jusqu'à ce qu'un doute vienne s'immiscer dans ses pensées. La constellationniste recompta une fois ses clefs, et puis deux, et encore une troisième fois pour être sûre avant de chercher la clef qui manquait à l'appel.
Le bruit cuivré et incessant des clefs alerta ses compagnons de campement. L'inquiétude laissa rapidement place à la panique. Il était impossible de ne pas ressentir ce stress qui habitait la rédemptrice, ses yeux laissant entrevoir l'affolement qui submergeait la jeune femme :
Erza – Que se passe t'il Lucy ?
D'une voix tremblante, Lucy répondit à son amie en ravalant sa salive :
Lucy – C'est pas possible, il me manque une clef…C'est…Oui c'est Plue, j'ai perdu la clef de Plue !
Grey – Tu es sûre, elle n'est pas dans la tente par hasard ? Peut-être que tu l'as décroché dans l'agitation de son sommeil.
De suite, Lucy se précipita en direction de son couchage, réveillant au passage Adèle qui grogna de mécontentement. Lucy fouilla dans les moindres recoins, bousculant même la jeune enfant, pour finalement ressortir bredouille et terrifiée.
Marchant d'un pas pressant et désorienté au sein du campement, Lucy était désormais morte de peur, saisit par un très mauvais pressentiment. Aussitôt, ses amis se précipitèrent vers elle, prêts à l'aider, comprenant que tout cela n'était pas normal.
Erza – Calme toi Lucy, s'affoler n'arrangera rien. Quand t'es-tu servi de ta clef pour la dernière fois ?
Lucy – Je ne sais pas, je… C'est flou… Je n'y arrive pas, je ne sais pas, je ne sais plus. Je…
Face à la panique qui tenaillait Lucy, Erza prit les choses en main et attrapa la constellationniste par les épaules afin de lui montrer qu'elle était là et qu'elle comptait bien résoudre ce problème avec elle.
Erza – Ecoute moi Lucy, il faut d'abord te calmer…Respire avec moi.
Elle obligea la blonde à soutenir son regard malgré la peur qu'elle pouvait lire dans ses yeux. Elle inspira profondément, invitant Lucy à faire de même, chose qu'elle fit progressivement en écoutant la voix douce et posée d'Erza. Après plusieurs respirations, Erza relâcha légèrement sa prise, ayant enfin capter l'attention de la constellationniste.
Erza – Voilà, c'est ça Lucy. Et maintenant concentre toi. On va aller doucement et tu vas essayer de te rappeler la dernière fois où tu as vu Plue.
Luttant contre ses angoisses, Lucy appliqua tant bien que mal les consignes de son amie, essayant de garder son sang-froid et de se souvenir. Agrippée à son trousseau de clef contre elle comme si sa vie en dépendait, la constellationniste se fit violence pour ne pas céder à la folie. Elle collait tout contre elle son trousseau de crainte de perdre à nouveau une clef. Comment avait-elle pu perdre une clef ? C'était impensable. Elle forçait sur sa mémoire mais rien ne lui venait à l'esprit. C'était le vide sidéral dans sa tête. Enervée, elle se frappe le front avec son trousseau, cherchant un moyen quelconque de faire revenir ses souvenirs, jusqu'à ce que :
Lucy – Je crois que … Oui, c'est ça ! J'ai invoqué Plue quand j'étais sous le sort de l'illusion ! s'écria-t-elle en se réjouissant d'avoir mis le doigt sur ce souvenir. Mais…
Grey – Mais quoi ?
Lucy – Il n'est pas venu à mon appel…
Réfléchissant à toute vitesse, elle ne vit qu'une seule possibilité.
Lucy – J'ai dû faire tomber sa clef en l'invoquant. Elle a dû rester là-bas à Tahori. Je dois aller le chercher !
Erza – Tu ne vas nulle part Lucy, répondit-elle avec fermeté. Tu es encore blessée et on ne repartira pas en plein jour sur cette plaine. On est trop à découvert. D'autant plus que tu n'es pas certaine que la clef de Plue soit réellement là-bas. A supposer que ce soit bien ça, personne n'ira la chercher à ta place. Nous irons quand…
Lucy – Hors de question que je reste là ! s'écria-t-elle indignée. Je n'abandonnerais pas Plue ! J'ai dû faire tomber sa clef sans faire exprès, il faut que je la retrouve. Sinon, je ne pourrais jamais plus me regarder dans un miroir.
Paniquée mais déterminée, Lucy n'attendit pas l'autorisation d'Erza pour s'enfoncer à travers la forêt en prenant la direction de la plaine de Tahori. C'était sans compter sur Erza qui la stoppa en s'interposant devant elle.
Erza – Non Lucy.
Lucy – Merde Erza ! J'en ai rien à foutre de ton avis !
Erza – On risque gros en allant là-bas !
Lucy – Je suis la propriétaire des clefs qui ouvre la porte des esprits que je possède ! Je suis la gardienne de ses clefs ! Mon devoir est de les protéger.
Erza – Je sais mais…
Lucy – Je t'en supplie…
Perdant espoir, Lucy avait lancé cette dernière supplique afin de faire fléchir son amie. Apposant son poing sur l'armure d'Erza, elle tapa sans force dessus en tremblant, l'énergie s'étant évaporée après tous ses efforts. La mage aux armures resta figée, consciente de la détresse qui submergeai Lucy, se laissant frapper par ce geste désespéré. Les mots de Lucy résonnèrent dans le cœur d'Erza qui connaissait parfaitement le lien qui unissait Lucy et ses esprits. C'était comme si on lui demandait à elle d'abandonner un compagnon sur le champ de bataille. Touchée, Erza serra les poings et changea d'avis, ne pouvant se résigner à attendre un moment plus propice. Titania se décida finalement pour accompagner la constellationniste dans sa quête.
Erza – Grey, je te confis le camp.
Grey – A vos ordres chef. Faites attention.
Aussitôt, Lucy entama un sprint et suivit de près par Erza, oubliant même son genou douloureux. Guidée par ses sentiments, elle avançait sans réfléchir en direction du monolithe qui bordait Tahori. La forêt était à plusieurs kilomètres du village et le chemin lui parut interminable mais l'adrénaline refit surface lorsqu'elle aperçut au loin le fameux rocher, celui d'où elle aurait dû vraisemblablement tomber de la falaise. Elle était prête à fouiller toute la plaine si nécessaire, elle retrouverait Plue coûte que coûte.
Une fois sur place, elle s'abaissa directement à quatre pattes entamant la recherche de la fameuse clef d'argent, suivit d'Erza qui en fit tout autant. Toutefois, Lucy était tellement obnubilée par la recherche de sa clef que sa méthode était laborieuse, celle-ci procédant à une fouille bien trop minutieuse du sol, tandis qu'Erza ratissait la zone de façon large. Par chance, l'herbe n'était pas très haute, leur laissant une chance de repérer de loin cette objet brillant dans les fourrées. Après quelques longues minutes de recherche, c'est cette dernière qui retrouva en première la clef de Plue. Erza s'approcha de l'objet brillant mais avant qu'elle ne s'abaisse pour la ramasser, elle put malheureusement faire un terrible constat : la clef de Plue était brisée. La mage aux armures s'accroupit pour ramasser les deux parties de la clef et ne bougea plus, abattu par sa triste trouvaille.
Alerté par le silence soudain d'Erza, Lucy se retourna et vit son amie immobile qui tenait dans sa main sa précieuse clef. Une immense joie surgit en elle et Lucy se précipita vers Erza mais son sourire s'effaça instantanément lorsqu'elle arriva à ses côtés. Terriblement navrée pour son amie, Erza lui adressa juste quelques mots, des mots qui brisa la jeune femme :
Erza – Je suis désolée Lucy…
Délicatement, Erza déposa les bris de la clef dans les deux mains jointes de la constellationniste qui laissait ses larmes s'écoulées le long de son visage, abattue par cette cynique découverte :
Lucy – Plue… Ce n'est pas vrai…Plue…Non...
Refusant de croire la réalité, Lucy serra fort de sa main droite un des bouts de sa clef avant de tendre son bras devant elle.
Lucy – Ouvre-toi ! Porte du chien, Nicolas !
Et une terrible sensation envahit sa poitrine, ravivant d'authentiques douleurs, les mêmes que celles qu'elle avait pu ressentir dans son cauchemar, celles qui l'avait purgé de tout espoir lorsqu'elle avait invoqué son esprit et que Plue n'avait pas répondu à son appel : Plue n'était plus là…
Lucy – Ouvre-toi porte du chien, Nicolas ! cria-t-elle en sanglot. Aller Plue ! Reviens ! Ouvre-toi porte du chien, Nicolas !
Devant la souffrance de son amie, Erza laissa échapper une larme, observant silencieusement Lucy s'acharner dans son invocation. Il ne restait plus beaucoup de temps avant que son amie ne soit littéralement anéantie par la disparition de cet être si cher.
Tremblante, Lucy continuait à tendre son bras encore et encore, appelant Plue sans relâche, mais la profusion de ses sanglots l'empêchait maintenant de prononcer des paroles cohérentes, enfouissant désormais son visage dans la paume de sa main gauche. Doucement, Erza attrapa la main droite de Lucy tout en lui abaissant le bras pour lui faire arrêter cette torture qu'elle s'infligeait. Doucement, elle caressa son avant-bras, espérant non pas apaiser la peine de son amie mais lui apporter simplement tout le soutien qu'elle pouvait lui offrir. Il n'en fallut pas moins pour Lucy pour tomber dans les bras de son amie.
Lucy – Qu'est-ce que j'ai fait Erza ? demanda-t-elle à son amie désemparée. Mon dieu, qu'est-ce que j'ai fait...
Accrochée comme une furie à l'armure de son amie, Lucy enfouissant son visage contre le métal froid, incapable de rester solide sur ses jmabes. Les larmes dévalèrent sur son visage sans s'arrêter et Lucy s'agrippa à Erza pour ne pas sombrer. Erza resserrait son étreinte au fil des minutes, tentant de rester forte afin d'épauler au mieux son amie dans cette épreuve, mais les efforts fournis par la mage aux armures n'étaient pas suffisants pour calmer sa peine et Erza le savait. Ce n'était pas un simple chagrin mais un désespoir profond qui lui déchirait les entrailles. Se sentant responsable, Lucy cria, dévastée à l'idée qu'elle ne puisse plus jamais revoir son esprit. Une propriétaire indigne, laissant penser à la jeune femme que si celle-ci ne l'avait pas invoqué dans ce maudit cauchemar, Plue serait toujours là auprès d'elle.
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Attendant impatiemment leurs camarades, Charuru et Grey s'étaient cloisonnés dans le silence, s'occupant machinalement du campement pour occuper leurs esprits inquiets. Ce semblant de calme trahissait en réalité leurs inquiétudes quant à l'avenir qui se profilait devant eux. Ils aspiraient à la paix et au calme, à retrouver la joie de se sentir entouré de leurs proches, de leurs amis, profiter simplement des siens. Leur absence se comptant en heure, Grey ne cacha pas son soulagement en apercevant les deux femmes revenir au campement. Toutefois, le visage livide de Lucy lui fit comprendre que les chaleureuses retrouvailles entre amis auxquels il avait aspiré seraient encore relayé à plus tard. Ni Charuru, ni Grey, ne surent quoi dire, les mots paraissaient si faibles en cet instant, si amer… La démarche apathique de Lucy navra la petite chatte blanche. Elle ne savait pas vraiment ce qu'il s'était passé, mais voir Lucy aussi dévastée étant suffisant pour elle pour ne pas venir poser de question, la finalité étant finalement la même : Lucy avait perdu une de ses clefs stellaires.
Prenant place côte à côte auprès du feu, Erza et Lucy se murèrent également dans le silence pendant plusieurs minutes. Erza avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour consoler la jeune femme, mais en vain et elle le comprenait si bien. Même pour elle, l'idée de ne plus voir cette boule de poil charismatique lui brisait le cœur. Elle connaissait l'importance que Lucy accordait à ses esprits. Ce n'était pas de simples serviteurs, ils étaient bien plus que cela. Des êtres à part entière, ayant leur propre libre arbitre, des sentiments, que Lucy estimait à leur juste valeur d'égal à égal, des amis. C'était une double peine. Elle n'osait imaginer la peine que devait éprouver Lucy en tant que maîtresse mais aussi en tant qu'amie qui avait perdu un compagnon.
Le visage enfoui dans ses bras, Lucy n'avait que faire du monde qui l'entourait. Elle cherchait à comprendre comment elle avait pu en arriver là, comment sa précieuse clef avait pu ainsi se briser, telle une vulgaire branche. Une peine immense avait transpercé son cœur, une douleur tranchante qui ravivait d'anciens souvenirs, se rappelant tour à tour les personnes qui avaient disparu de sa vie. Pourquoi…Ce mot tournait en boucle dans sa tête, ne comprenant pas l'injustice que lui faisait subir ce monde.
Sentant revenir une armée de larme picoter ses orbes marrons, Lucy décida de se lever afin de s'éloigner et prendre l'air. Malgré les réticences émises par Grey qui voyait d'un mauvais œil le fait de laisser la constellationniste seule, Lucy le refoula d'un mouvement de tête, éprouvant un besoin vital d'intimité.
Erza – En allant chasser tout à l'heure, j'ai repéré un point d'eau dans cette direction. Il m'a l'air un peu marécageux, mais je sais que tu apprécies ce genre de chose.
Lucy – Merci, Erza, répondit-elle faiblement la voix tressaillante.
Toutes ses attentions que l'on lui accordait pesaient sur son âme blessée. Ils étaient tous au petit soin pour elle, comme un cristal susceptible de se briser à tout moment, chose qu'elle avait l'impression d'être à cet instant. Elle avait voulu prouver au monde sa force et elle n'avait rien gagné, bien au contraire. La maîtresse des clefs n'avait pas su protéger son esprit. Elle avait failli à son devoir, tout gâché... Qui était-elle pour prétendre sauver le monde des spectres et de Zeref ? Ce poids était subitement trop lourd à porter, elle devait s'éloigner pour pouvoir libérer sa peine à sa guise sans culpabiliser et toute marque de pitié. Alors elle marcha sans réfléchir dans la direction indiquée par Erza, seule avec les réflexions qui lui fustigeaient le cerveau. Lucy se fraya un chemin à travers la broussaille, jusqu'à arriver à ce fameux point d'eau. Elle continua d'avancer jusqu'à cet étang, qui s'était formé aux abords d'une rivière qui devait très probablement se jeter un peu plus loin dans la mer.
Elle s'arrêta juste au bord, et détailla le fond de l'eau, une eau pas aussi trouble que dans un vrai marécage, si bien que son visage fatigué s'y reflétait presque parfaitement. Sans réfléchir plus longtemps, elle ôta l'ensemble de ses vêtements et immergea progressivement l'ensemble de son corps nu, avançant dans l'eau émeraude jusqu'à y plonger la tête. Elle resta sous l'eau en apnée, le plus longtemps possible : des secondes, une minute, deux minutes jusqu'à ce que la pression sur ses tempes soit trop forte et que ses poumons ne compriment trop sa cage thoracique. Elle sortit alors sa tête brutalement de l'eau, inspirant par la même un grand coup, de manière très saccadé, laissant dévaler à nouveau un flot de larmes qui se perdirent dans l'eau ruisselante. Cette mission était un lamentable échec. Elle avait tout perdu, prenant la mesure de toute sa vanité en ayant osé songer un jour pouvoir vaincre Zeref. Elle avait naïvement pensé pouvoir délivrer le monde de ses tourments le jour où elle rencontrerait le mage noir, se disant que s'il disparaissait, le monde pourrait faire disparaître les spectres et l'ombre de la menace qui pesait continuellement sur les rédemptrices. Au lieu de quoi, ses amis avaient souffert pour elle et elle avait perdu un de ses esprits. C'était bien plus qu'une simple déception, c'était un choc violent, une virulente désillusion qui l'a ramena vers la dure réalité. Si elle n'était pas capable de vaincre le mage noir et donc mettre un terme au cycle funeste engendré par les spectres, à quoi servait sa vie ? Pourquoi lutter depuis temps d'année contre sa maladie si la finalité de sa vie n'était que l'échec ?
Les larmes coulèrent de plus en plus nombreuses, sans aucun contrôle possible pour la constellationniste. C'étaient des larmes authentiques, des larmes de passion et non pas celle qu'elle versait habituellement après ses cérémonies…C'était ses larmes, ses larmes à elle. Lucy était en train de réaliser tout ce qui venait de se passer. Elle venait de comprendre qu'elle avait failli mourir, qu'elle n'aurait pas dû être là à noyer son chagrin dans cette mare et réalisa avec effroi qu'elle n'était en fin de compte pas prête à cette éventualité. Mais surtout et ce qui était encore plus grave pour elle, c'était que son excès de confiance l'avait conduite à perdre Plue. Les clefs d'argent se trouvait couramment dans le commerce, mais chaque clef était différente : plusieurs clefs du chien mais un seul Plue, un unique que Lucy ne retrouverait jamais.
Elle frissonna de froid ou d'angoisse, Lucy ne se posant pas la question. La peur assaillit ses entrailles, l'empêchant de contrôler la moindre larme qui perlait sur ses joues. Elle avait désormais caché son visage dans ses mains tremblotantes. Elle ne voulait plus perdre qui que ce soit. Elle ne voulait pas mourir, ni comme ça, ni autrement. et malheureusement, elle savait qu'elle allait revivre ça, d'une manière ou d'une autre, soit par la faux funeste de Zeref, soit par l'épée de Damoclès qui pesait sur elle. Dans son malheur, elle releva la tête et planta son regard dans le ciel profond, saluant ce dernier de ne pas lui avoir ôter une nouvelle fois ses amis.
Lucy – Je suis désolée… Plue… Tellement désolée... Pardonne-moi.
Voilà, à ma dernière publication, je n'ai pas fait attention... c'était l'anniversaire de la première parution sur ce site de cette fiction, alors bon anniversaire à ma fic !... Bah quoi ? Moi j'aime bien, je suis fière d'être arrivée jusque là tout en maintenant un rythme régulier :)
Merci à ce qui continue d'ajouter l'histoire dans vos favoris, j'espère que l'histoire conitunue de vous plaire et j'espère vous voir toujours nombreux à lire/commenter cette histoire.
A bientôt !
