Hello les campeurs ! Comme promis voici la suite des aventures de Sam et Jack ! Vos nombreux commentaires ont été un rayon de soleil pour moi et me poussent à écrire chaque jour !

Pour ceux qui s'interrogent, je ne sais pas encore combien il y aura de chapitres, l'histoire est en cours d'écriture, un pas à la fois, mais j'ai encore pas mal d'idées qui devraient nous mener sur un bout de chemin.

J'écris au fil de l'eau en fonction de mon inspiration, j'ai ensuite un temps de relecture et de correction ce qui explique le temps entre deux parutions. J'essaie de vous donner un travail le plus abouti possible et je vous remercie encore pour votre gentille patiente et vos encouragements !

Bonne lecture à tous !

7

Jour 30

Le temps était frais et sec, un beau soleil cloué dans le ciel.

Jack quitta la forêt, content de sa chasse. Sa gibecière était pleine. Il prit le chemin qui menait chez la vieille Glenda et toqua à sa porte d'un air joyeux. La guérisseuse lui ouvrit et lui offrit un franc sourire en le voyant sur son seuil.

– Jack ! Comment vas-tu aujourd'hui, fils ?

– Bien, Glenda. Tes huiles font des merveilles à mes vieux genoux ! J'ai l'impression d'avoir quinze ans de moins !

Glenda rit doucement en s'écartant pour le laisser entrer dans sa demeure.

– Ce ne serait pas plutôt le fait de ta femme ? ironisa-t-elle.

Jack baissa les yeux pour cacher un léger rougissement. Lorsqu'il releva la tête, Glenda le fixait intensément et O'Neill eut soudain honte de mentir ainsi à la vieille femme.

– Tu sais Glenda… Je dois t'avouer quelque chose… Sam et moi, nous ne sommes pas vraiment mariés…

Glenda le coupa d'un geste de la main :

– Je sais. Vous ne portez pas l'anneau. Mais, vos cœurs sont liés depuis longtemps déjà, même si vos têtes sont parfois un peu têtues !

Jack resta estomaqué et mit quelques secondes à parvenir à faire repartir son cerveau. Lorsqu'il le fit, il bredouilla :

– Je t'ai amené un lapin. Il te fera un bon civet.

Il fouilla dans son sac et en sortit une belle bête au pelage brun et blanc.

– Merci, tu es un brave garçon ! le remercia Glenda en lui tapotant gentiment la joue.

Elle s'éloigna et saisit un petit bocal sur une de ses étagères. Elle le tendit à Jack en déclarant :

– Tu donneras ça à Sam de ma part, veux-tu ?

– Qu'est-ce que c'est ?

– Ne pose pas de question dont tu ne veux pas vraiment avoir la réponse.

Jack lui jeta un regard surpris mais décida sagement de ne pas insister. Il commençait à la connaître et, tout comme avec Teal'c, il y avait des chemins sur lesquels il valait mieux ne pas s'aventurer.

– Merci. Je lui donnerai. Je vais y aller. A bientôt, Glenda. Porte-toi bien.

La guérisseuse le raccompagna à la porte et lui lança tandis qu'il s'éloignait :

– Porte-toi bien mon garçon !

Jack passa le reste du chemin à se demander ce que pouvait contenir le flacon et malgré tous ses efforts, il ne parvint pas à se l'enlever de la tête.

Il arriva devant chez Laira sans avoir vu le temps passer. La femme l'accueillit avec chaleur et l'invita chez elle. Jack lui offrit le second lapin pris dans ses pièges. Il leur restait encore des œufs, du pain et du fromage à la maison et, si le temps se maintenait, il envisageait d'aller pêcher un peu dans l'après-midi.

Laira lui offrit à boire et commença à bavarder tranquillement lorsque Garan entra avec fracas dans la maison en appelant sa mère.

– Que se passe-t-il Garan ?

– La corde du puits s'est cassée. Le seau a dégringolé au fond ! annonça le garçon.

Jack posa sa main sur le poignet de Laira pour lui signifier de ne pas bouger et lui dit :

– Laissez. Je m'en occupe.

Se levant, il sortit à la suite du jeune garçon.

Laira les regarda par la fenêtre.

Jack examina le puits, les arceaux en métal, l'état de la poulie. Rien d'autre ne semblait abîmé. Il fallait juste descendre, repêcher le seau, changer la corde et le tour serait joué. Evidemment, le passage était étroit et plutôt profond, au moins six ou sept mètres à en juger par le bruit que fit la pierre qu'il y laissa tomber.

– Je ne vais pas pouvoir descendre, c'est trop resserré pour moi.

– Moi je peux ! déclara Garan.

– L'as-tu déjà fait ?

– Oui, mon père me descendait de temps en temps pour nettoyer le fond. J'ai l'habitude !

– Entendu. Va chercher une belle longueur de corde neuve. Je t'assurerai à la descente et te remonterai avec le seau.

– D'accord !

Pendant que Garan disparaissait dans la grange, Jack observa la cour arrière de la maison de Laira à la recherche d'un point d'accroche solide pour sécuriser la corde. Il dénicha un anneau en métal fixé dans le mur de la maison, destiné à attacher les chevaux pour leur vérifier les fers.

Lorsque Garan revint avec un rouleau de corde à la main, Jack lui prit un bout et le fixa fermement à l'anneau avant de laisser Garan s'attacher avec l'autre côté autour de la taille.

Le jeune sauta aisément par-dessus la margelle et se laissa glisser dans le goulot du puits. Jack enroula la corde autour de son avant-bras et lui donna du mou, laissant descendre le gamin sans à coups.

Une fois au fond, Garan lui cria :

– C'est bon, je l'ai !

– Ok, je te remonte ! Accroche-toi !

Jack hissa le garçon sans trop de peine. Les travaux de la ferme, les réparations au village et sur la maison avaient fortifié ses muscles bien plus sûrement que les entraînements au SCG. Pourtant, Jack devait avouer que les combats avec Teal'c lui manquaient…

La main de Garan émergea du puits et s'accrocha au bord tandis que l'autre balançait le seau par-dessus, dans la terre de la cour.

Jack attrapa le gamin par le pull et le hissa en sécurité.

– Merci Jack !

– Quand tu veux, Garan.

Laira ouvrit la porte arrière et leur offrit un sourire rayonnant. Elle tenait un plateau avec des boissons et des sandwichs.

Jack accepta le verre mais refusa la nourriture. Il avait prévu de manger avec Sam. Jetant un coup d'œil à sa montre, il réalisa qu'il devrait bientôt partir s'il voulait la rejoindre à temps.

Mais Laira ne semblait pas disposée à le laisser quitter sa maison.

Garan fila dans la grange pour continuer ses corvées, laissant les deux adultes seuls en tête à tête, dans la cour arrière, à l'abri des regards.

– Je suis heureuse que vous soyez là avec nous, Jack, dit la jeune femme en se rapprochant peu à peu tandis que Jack buvait son verre, l'esprit tourné vers ses pensées.

– S'il y a quoi que ce soit que je peux faire pour vous aider, c'est toujours avec plaisir, lui répondit poliment Jack.

– Eh bien… Il y aurait bien quelque chose mais…

L'hésitation dans sa voix attira l'attention de Jack sur sa jolie hôtesse.

– Quoi ? Dites-moi.

Un sourire mélancolique et doux étira les lèvres de Laira. Elle le fixa dans les yeux, semblant tenter de lire dans l'âme du soldat. Finalement, elle souffla :

– Non, c'est encore un peu trop tôt je crois…

– Trop tôt ? Pour quoi ?

Comme elle ne répondait pas et se contentait de lui sourire un peu plus largement à mesure que sa curiosité était piquée au vif, Jack insista :

– Allez, donnez-moi au moins un indice…

Quelque chose passa dans les yeux de Laira.

Lorsque Jack réalisa qu'elle était tout près de lui, il était trop tard. Elle se penchait déjà.

Il n'avait jamais été du genre à critiquer lorsqu'une jolie femme décidait qu'elle avait envie de l'embrasser. Il avait eu de nombreuses conquêtes avant Sara mais, là, en cet instant, Jack se figea.

Laira était ravissante et serait probablement une aimante attentionnée… Mais, l'image de Sam, sa voix, son sourire, occupaient tout son esprit et guidaient son cœur aussi sûrement qu'un compas indique toujours le Nord.

Les lèvres chaudes de Laira effleuraient déjà les siennes lorsqu'un frisson le traversa.

Il ne pouvait pas faire ça à Sam. Il avait l'impression de la tromper.

Voulant malgré tout éviter de blesser Laira, Jack détourna légèrement le visage, permettant à ses lèvres de se poser sur sa joue, au lieu de sa bouche.

Laira laissa échapper un soupir frustré et Jack en profita pour reculer.

– Merci pour l'accueil, Laira mais, je dois y aller. Sam va m'attendre.

Il espéra que la mention de Carter par son prénom ferait comprendre à la femme que son cœur était pris ailleurs. Mais, au vu du regard qu'elle lui jeta, il n'était pas certain qu'elle ait réellement compris le message.

L'espoir était parfois têtu. Il était bien placé pour le savoir…

Jack s'éclipsa comme s'il fuyait un bataillon de Jaffas et fila vers l'école.

C'était le premier jour de Sam en tant qu'institutrice et il avait hâte de voir comment s'était passée sa classe.

Il était encore au bout du chemin lorsque la porte du bâtiment s'ouvrit et qu'une poignée d'enfants en sortit en criant et en riant. Quelques adultes étaient venus chercher les plus petits et s'étaient regroupés au soleil, près de l'école pour bavarder. Les mères enlacèrent leurs enfants et leur demandèrent s'ils avaient appris des choses. Amusé, Jack entendit des voix enjouées raconter avec enthousiasme les leçons du matin. Il sourit. Apparemment, Sam avait déjà conquis les petits cœurs de ses élèves. Il franchit les derniers mètres d'un pas nonchalant, guettant la silhouette de Sam à la porte.

Carter sortit enfin en compagnie d'une jeune fille aux cheveux châtains, fine et élancée. Toutes deux bavardaient et la même lueur d'intelligence et de passion brillait dans leurs yeux. La jeune fille semblait exaltée par la discussion et Jack songea qu'elle ressemblait beaucoup à Cassie. Elle devait avoir à peu près le même âge que la gamine qu'ils avaient laissée derrière eux sur Terre. Il se demanda si Sam avait remarqué la ressemblance…

La jeune fille hocha la tête à une phrase de Sam et, dans un geste franc et innocent, passa ses bras autour du cou de Sam et la serra brièvement dans ses bras avant de s'éloigner en courant en lui disant « à demain ».

Sam aperçut alors Jack et son sourire s'élargit, offrant à l'homme le sentiment étrange et doux qu'il était la chose la plus importante dans le monde de Samantha Carter. Jack refusa de s'attarder trop longtemps sur la chaleur que réveillait en lui cette idée saugrenue…

Il lui rendit son sourire, sans se rendre compte qu'il dégageait la même lumière.

– Alors, cette première journée ? demanda-t-il.

– Ça s'est bien passé… enfin, je crois, dit-elle.

Puis, elle aperçut une maman qui se détachait du groupe de parents et approchait. Sam se tourna vers la salle de classe et s'écria :

– Allez Tommy ! Dépêche-toi, ta maman est là !

– J'arrive, Sam ! répondit une voix d'enfant.

Puis Jack reconnut le galop de petites jambes sur le parquet en bois et un instant plus tard, une tête blonde apparut. Le petit garçon devait avoir six ou sept ans. Il avait des yeux noisette et des fossettes sur les joues. Sam lui ébouriffa tendrement les cheveux et lui dit :

– A demain, Tommy ! Et n'oublie pas de commencer ton exposé pour la fin de la semaine !

– Oui, Sam ! s'exclama joyeusement l'enfant.

Il glissa ses bras autour de la taille de Sam et la serra avant de réaliser la présence de l'homme près d'elle. Il lui jeta un regard curieux puis fronça les sourcils et demanda :

– C'est toi Jack ?

O'Neill s'agenouilla pour être à la hauteur du petit, ignorant le craquement de son genou gauche :

– Ouais, c'est moi. Toi, c'est Tommy, c'est ça ?

L'enfant hocha la tête, apparemment rassuré par la voix calme et bienveillante de l'homme.

Jack lui tendit la main et Tommy la serra comme un petit homme :

– Je suis ravi de te rencontrer, mon gars ! plaisanta Jack, un sourire amusé soulevant le coin de ses lèvres.

Le garçon observa Jack un moment, sans lâcher sa main puis, il déclara :

– Elle est chouette ta casquette !

Sam retint un rire. Jack et sa casquette, toujours rivée sur sa tête, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il fasse soleil…

– Merci !

– Tommy ? appela doucement sa mère.

– Allez, file, fit Sam à l'enfant.

– A demain ! cria Tommy en s'éloignant en courant.

Sam tira la porte de l'école derrière elle avec un soupir amusé avant de refaire face à Jack.

– On va manger ? J'ai faim, déclara O'Neill.

– Avec plaisir ! Ses petits monstres m'ont épuisée !

– Je me suis dit qu'on pourrait peut-être déjeuner près de l'étang, au soleil…

– Excellente idée ! ça va me faire du bien de prendre un peu l'air.

Jack récupéra le panier qu'il avait laissé sous le porche de la maison et rejoignit Sam au bord de l'étang sur le banc en bois qu'il avait installé la semaine précédente. Le soleil de ces derniers jours avait commencé à faire fondre la neige sur les versants les plus exposés. La couche de glace qui recouvrait le lac avait craqué et disparu hormis sur le versant nord, à l'ombre des sapins.

Jack tendit une couverture à Sam pour qu'elle se couvre les jambes et déposa le panier sur une souche près du banc. Il sortit les tranches de pain au lard et le fromage et tendit une belle part à Sam. La jeune femme s'en saisit en le remerciant. Elle avait repris des forces et du poids. Ses joues s'étaient remplies et une adorable couleur rose les colorait à nouveau. Ses yeux bleus étaient aussi lumineux que le ciel. Elle était tellement adorable que Jack en avait la gorge nouée.

Il s'installa à ses côtés sur le banc et fut surpris lorsque Sam étala la moitié de sa couverture sur ses genoux pour le réchauffer. Il accepta sans rechigner, heureux de trouver un prétexte pour se rapprocher un peu d'elle, jusqu'à ce que sa cuisse effleure la sienne.

Sam soupira de plaisir et mordit joyeusement dans son sandwich.

– Alors, que leur avez-vous appris ce matin ? interrogea Jack alors qu'ils mâchaient en silence depuis quelques minutes.

– Eh bien, nous avons fait un peu de lecture et du calcul et puis, j'ai répondu à leurs questions.

– Ah ? Quel genre de questions ?

– Ils voulaient en savoir plus sur notre monde, sur la Porte des Etoiles…

Jack rit doucement :

– J'espère que vous ne leur avez pas expliqué la théorie des trous de ver…

Sam sourit à son tour en se rappelant le mal qu'elle avait eu à la lui faire comprendre, prenant une pomme pour lui expliquer le concept. Elle s'était toujours demandée s'il faisait exprès de ne pas comprendre ce qu'elle expliquait…

– Non. Je leur ai juste dit que c'était une sorte de chemin parmi les étoiles qui me ramenait toujours à la maison.

– C'est poétique, souffla Jack.

– Ouais, je suppose, s'amusa Sam. Et vous, qu'avez-vous fait d'intéressant ?

– Oh, comme d'habitude. J'ai fait le tour de mes pièges. J'ai porté un lapin à Glenda, elle vous salut.

Il tira la fiole en verre de la poche de sa veste et la lui tendit :

– Elle m'a demandé de vous remettre ceci.

Le regard de Sam s'éclaira et elle se saisit du petit récipient en le remerciant. Comme elle le glissait dans sa propre poche, il finit par oser demander d'un ton taquin :

– Elle n'a pas voulu me dire ce que c'est…

Sam baissa les yeux, gênée.

Jack eut l'impression qu'on lui vidait un seau d'eau froide sur la tête.

Bon sang ! Glenda l'avait prévenu à propos de ne pas poser certaines questions…

– Je suis désolé, Sam. Je ne voulais pas avoir l'air curieux…

L'excuse était suffisamment sincère pour que Sam réalise qu'il était vraiment mal à l'aise. Avec un doux soupir, elle croisa enfin son regard et l'apaisa d'un sourire tendre.

– C'est… un truc de fille… expliqua-t-elle.

Devant le regard ahuri qu'il lui offrit, Sam rit carrément, toute gêne oubliée.

Après tout, elle passait le plus clair de son temps hors monde depuis trois ans, entourée de trois hommes. Même s'ils étaient tous extrêmement discrets et respectueux de son intimité, ils ne devaient pas ignorer grand-chose de sa vie personnelle. En plus, Jack avait été marié… C'était quelque chose qu'il devait pouvoir aisément comprendre.

– Je n'avais pas vraiment prévu d'être bloquée aussi longtemps hors monde. Je n'ai pas de médicaments pour… les problèmes féminins.

Jack écarquilla les yeux, comprenant enfin le fond de l'affaire. Un rougissement envahit son cou et l'homme détourna pudiquement son regard vers le lac.

– Oh… ouais… je n'y avais pas pensé… souffla-t-il. Je suis désolé si je vous ai mise mal à l'aise avec ça, Sam.

– Ce n'est pas grave, je suppose que vous connaissez ça…

Il plongea son regard dans le sien mais elle ne put lire les émotions qu'il gardait soigneusement scellées derrière le mur qui protégeait son âme. Après un bref silence, il concéda :

– Ouais… Sara devait parfois rester couchée un jour ou deux…

Il ne parlait jamais de son ex-femme c'était un sujet aussi tabou que son fils.

Sans un mot, Sam glissa sa main le long de son poignet puis enchevêtra ses doigts avec ceux de l'homme. Elle craignit un instant qu'il retire sa main mais, il ne le fit pas et se contenta de soupirer doucement en posant un regard serein sur le lac.

Le repas digéré, Jack sortit sa canne à pêche et s'installa pour attraper leur repas du soir. Il s'attendait à ce que Sam retourne à ses bricolages à la maison mais, elle se préféra rester près de lui.

Alors qu'il s'était assis sur une pierre au bord du lac, Carter s'allongea sur le banc, la tête posée sur la couverture roulée en boule, le visage levé vers le soleil. Elle sommeilla tranquillement et profita de ce moment de calme auprès de Jack. Elle écouta le clapotis léger de l'eau, le bruissement du vent dans les joncs, le bruit discret du poisson en train de mordre.

De temps en temps, Jack jetait un coup d'œil vers elle avant de reporter son attention sur sa ligne. C'était ainsi qu'il s'était imaginé aller pêcher avec Carter à son chalet…

Les pensées de la jeune femme avaient manifestement suivi le même chemin car elle demanda tout à coup en venant s'asseoir sur un rocher, tout près de lui :

– Alors ? Est-ce que ça ressemble à ça de pêcher à votre cabane ?

Jack haussa les épaules, lui jetant un coup d'œil de côté pour lire les émotions sur son visage. Elle était détendue, sincère et curieuse.

– Je suppose qu'on peut dire ça... Mais, je dois vous avouer quelque chose…

– Quoi ?

– Il n'y a pas de poisson dans mon étang.

Sam écarquilla les yeux de surprise et laissa échapper un rire :

– Mais, à quoi bon aller pêcher dans ce cas ?

– Tout est dans l'acte de pêcher, Sam.

En le regardant tirer et relancer paisiblement sa ligne, elle comprit ce qu'il voulait dire. Il avait parfois besoin de tenir le monde à distance et de passer un moment seul, en silence, dans la nature. Elle chevauchait sa moto à vive allure pour se vider la tête sa technique à lui était juste plus… calme.

– J'aimerais voir ça un jour, souffla-t-elle.

– Vous avez refusé les trois fois où je vous l'ai proposé…

Elle baissa le nez et regarda l'eau se rider autour de l'appât quelques secondes avant que le poisson ne morde.

Jack fut distrait par sa prise et se concentra pour ramener le poisson. La bête résista un peu mais, avec patience, O'Neill le remonta et le jeta dans son panier avec les deux autres. Ils en avaient assez pour les faire griller et faire une soupe avec le dernier.

Jack replia sa canne et reporta son attention sur Sam qui n'avait pas répondu. Elle comprit qu'il attendait une réponse. Elle hésita entre le mensonge de convenance ou la vérité nue. Elle opta pour la seconde.

– Je n'avais pas assez confiance…

Il parut blessé et répondit aussitôt, sans lui laisser le temps de poursuivre :

– Je vous promets que je ne ferai jamais rien qui vous mettrait en difficulté, Sam !

Elle rougit en réalisant qu'il avait mal interprété le sens de ses paroles :

– Oh, non ! Bien sûr que non, Jack ! Je voulais dire… Je ne me faisais pas assez confiance…

Et soudain, toute trace de colère ou d'inquiétude disparut tandis que l'homme ressentait un délicieux frisson le traverser.

Elle avait eu peur d'être seule avec lui. Bon sang, il adorerait qu'elle perde son légendaire self-contrôle avec lui !

Les souvenirs embués d'une Sam sous l'emprise du virus des Atteints lui revirent en mémoire. Il se souvint brusquement du délicieux petit débardeur qu'elle portait ce jour-là et de la façon dont elle avait écrasé sa bouche sur la sienne comme pour le posséder. Il se rappelait comme si c'était hier du contact de son corps sous le sien et du baiser qu'il avait déposé en douce dans son cou pour la calmer avant de l'emmener à l'infirmerie.

Il avait toujours cru ce qu'avait dit Janet : Sam avait recherché en lui un mâle alpha.

Mais, peut-être qu'il y avait aussi autre chose ? Peut-être qu'au fond…

Avant qu'il puisse poursuivre ses réflexions, elle ajouta après un bref silence gêné :

– Et puis, il y a bien assez de rumeurs comme ça je crois…

Son rire était forcé et il devina que, malgré son air dégagé, cette situation la blessait.

Ouais, le moulin à rumeurs du SGC fonctionnait à plein régime les concernant !

Au début, dès qu'il surprenait une conversation déplacée sur leur compte, Jack grondait, menaçait et tempêtait. Mais, Daniel lui avait rapidement fait remarquer que son attitude surprotectrice vis-à-vis de Sam pouvait avoir l'effet inverse en attirant encore davantage l'attention sur eux. Teal'c avait donc pris un relai discret. En général, il suffisait que le Jaffa jette un regard noir alentours et les conversations s'éteignaient immédiatement.

Mais, Jack n'était pas naïf il savait qu'être une femme dans l'armée, au surplus une femme aussi belle et brillante que Sam Carter, n'était pas chose aisée. Il y avait toujours un imbécile pour faire courir le bruit que vous deviez votre place aux faveurs d'un gradé.

– Je suis désolé pour ça, Sam…

– Vous n'y êtes pour rien.

Avec un ton plus léger, elle ajouta :

– Je n'avais qu'à pas me jeter sur vous dans les vestiaires dès mon premier mois au SGC !

Il lui offrit un sourire joyeux, un peu canaille.

– Cela aurait été dommage… C'est l'un de mes meilleurs souvenirs, la taquina-t-il.

Le rire de Sam se mêla au sien et durant un bref instant, le monde s'effaça et disparut autour d'eux.

Puis, se sentant assez détendue pour s'ouvrit aux confidences, elle osa demander :

– Et si on restait coincés ici pour toujours ?

Jack referma doucement sa main sur la sienne et répondit :

– Eh bien, je suppose qu'on pourrait connaître pire situation. Nous avons un toit au-dessus de la tête, de la nourriture dans nos assiettes et de l'eau chaude pour la douche !

Sam hocha vaillamment la tête, un sourire éclairant son visage soudain un peu mélancolique.

– Nous aurions pu tomber sur un monde envahi par les Goa'ulds, nous faire capturer et torturer, ajouta Jack pour la réconforter. A l'heure qu'il est, au lieu de profiter de ce beau paysage, nous pourrions être en train de croupir au fond d'une geôle humide et glacée…

– Ou nous aurions pu tomber sur une planète glacée comme lorsque nous étions en Antarctique, ajouta Sam en entrant dans son jeu.

Quoique le froid avait eu quelques avantages…

– Ou pire encore ! Sur une planète désertique ! répliqua-t-il.

Sam le fixa avec des yeux surpris :

– Je croyais que vous aimiez bien Abydos ?

– Non, j'aime les habitants d'Abydos. Pas ce fichu sable qui s'insinue partout ! Leurs tempêtes de sable sont une vraie plaie !

Sam laissa échapper un éclat de rire clair et joyeux qui fit trembler de joie le cœur de Jack.

– Skaara est un gosse vraiment génial, vous savez. La première fois que nous sommes allés sur la planète, il avait ces yeux qui s'émerveillaient de tout. Ma lampe torche, mon stylo bille, mon briquet, tout était magique pour lui… Il m'a immédiatement rappelé Charlie.

Sam retint son souffle, surprise du cours de la conversation. Jack ne la regardait pas, il contemplait l'eau calme de l'étang mais il n'avait toujours pas lâché sa main.

– Sans lui et Daniel, je ne serais pas là aujourd'hui, avoua-t-il à voix basse, si bas qu'elle crut avoir rêvé sa confession.

Elle avait toujours deviné, après avoir lu les rapports confidentiels de mission, qu'il était parti dans l'espoir de ne pas revenir. La mort de son fils était encore trop fraîche et il se sentait trop coupable pour pouvoir envisager de vivre dans un monde où Charlie n'était plus.

– Et puis, je vous ai rencontrée, et Teal'c ensuite, et même si je ne le méritais sans doute pas, j'ai retrouvé une famille, murmura Jack en posant à nouveau ses yeux bruns sur elle.

Sam se noya dans le chocolat chaud de ses iris, si tendres, si complices et remplis d'un désir qui lui coupa le souffle. Sam entremêla ses doigts aux siens en un acquiescement silencieux.

– Qu'est-ce qui vous manquerait le plus, Sam ? demanda-t-il après un long moment.

Sam soupira puis répondit sans hésiter :

– Cassie et Janet…

Ouais, elles lui manquaient aussi. Tellement.

– La gamine de tout à l'heure… dit-il.

– Mary ?

– Oui. Elle ressemble un peu à Cassandra, je trouve.

– Je l'ai remarqué aussi.

– Quoi d'autre ? souffla-t-il.

– Mes plantes… La Jell-o bleue… Mon labo aussi je suppose. Et de votre côté ?

– Facile ! Ma cabane et les Simpsons ! J'espère que Teal'c pensera à m'enregistrer les épisodes que je manque… Et la bière aussi ! Leur boisson locale est vraiment infecte !

Sam rit de ses bêtises et Jack sentit son cœur frissonner sous la douceur de son sourire.

– Vous croyez que si on reste ici suffisamment longtemps, Daniel fera mes rapports en retard ? s'amusa-t-il à demander encore.

– Je ne crois pas, non...

Le mot « Monsieur » flotta sur ses lèvres mais, elle le ravala au dernier moment.

A la place, elle se pencha vers lui.

Jack observa ses yeux bleus qui descendaient et s'attardaient sur sa bouche puis remontaient pour accrocher son regard. Il vit la pointe de sa langue sortir et humidifier ses lèvres dans un geste machinal et sensuel alors qu'elle envisageait sérieusement l'idée de l'embrasser.

Il oublia de respirer lorsque ses lèvres douces et chaudes effleurèrent enfin les siennes.

Le baiser était doux et timide, à peine une caresse. Jack y répondit avec la même tendresse, se retenant pour ne pas la brusquer. Elle était une flamme vive et merveilleuse et il avait peur de la faire disparaître en respirant trop fort.

Sam recula lentement, éloignant un peu son visage du sien pour scruter ses yeux. Il lui sourit, apaisant ses craintes, avant de combler l'espace entre eux et de déposer un autre petit baiser sur sa bouche. Puis, il se leva, l'entraînant après lui.

– Nous devrions rentrer, le soleil est en train de descendre et il va bientôt faire froid.

Sam se pencha pour ramasser le panier et ils reprirent le chemin de leur maison sans se lâcher la main, conscients que les choses étaient en train de changer.

A suivre…

Alors, ça vous a plu ?