La semaine des BUSEs était toujours très stressante pour les élèves de cinquième année, mais aussi très studieuse et les autres élèves essayaient donc de ne pas faire de bruit quand ils sortaient de cours et que les plus âgés étaient en examen dans la Grande Salle.

Ce lundi matin, les cinquième années avaient trois examens, une heure de Métamorphose, puis une heure de potions et environ deux heures d'Histoire de la Magie. Comme prévu, Hermione fut la première à sortir pour chaque examen et lorsqu'elle quitta le dernier, une bonne demi-heure avant la fin effective de l'examen, elle s'assit sur les marches du grand escalier de marbre en soupirant profondément. À sa grande surprise, ce fut Malefoy qui la rejoignit en premier.

— L'Histoire de la Magie, c'est facile, argua-t-il en réponse à la question silencieuse de sa compagne.

Il s'assit près d'elle en soupirant et s'étala sur les marches supérieures. Hermione posa une main sur son genou et il releva la tête avec un sourire.

— Je vais rester ici avec toi, pendant le mois de juillet, dit alors la jeune femme.

— Pas question, tu vas rentrer chez toi, répondit Malefoy en se redressant.

— Drago, on a déjà été séparés durant les vacances d'été, l'année dernière...

— Je sais, mais tant que mon père n'aura pas statué sur mon compte, je ne veux mettre personne en danger.

Hermione rentra le menton et il secoua la tête.

— Je sais que tu protèges ta maison et tes parents, mais...

— Écoute, on va faire comme ça. Je vais rentrer chez moi pour les deux premières semaines de juillet, ensuite, tu viens chez moi. Et en août, on ira chez les Weasley tous les deux. Ok ?

Malefoy fronça aussitôt les sourcils et Hermione sourit.

— Les Weasley comprendront, ne t'en fais pas, dit-elle avant de l'embrasser doucement. N'oublie pas qu'ils sont allés à Poudlard avec ton père, ils savent qui il est, et ils savent aussi ce qu'il est devenu.

— Mouais... On verra à ce moment-là, d'accord ? Je ne veux pas que tu te prives de tes parents pour moi.

Hermione pinça la bouche puis opina.

— D'accord, très bien.

Elle quémanda alors un baiser puis ils attendirent leurs compagnons pour aller déjeuner à Pré-au-Lard, faisant une entorse au règlement, pour une fois, désireux de ne pas encore passer une heure dans la salle où ils venaient de passer cinq heures d'affilée.

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La semaine d'examens fut intense et les cinquième années ne furent pas fâchés de voir arriver le vendredi matin et le dernier examen, celui de Divination. Exemptée de ce cours, Hermione eut droit à un feuillet sur les Runes, plutôt conséquent, et une fois n'est pas coutume, elle ne fut pas la première à terminer. Puis onze heures sonnèrent et tous se ruèrent hors de la Grande Salle qui fut immédiatement replacée en salle à manger.

— Fini ! s'exclama Ron en levant les bras au ciel.

— Enfin, soupira Harry. Et maintenant, une semaine de repos, puis c'est les vacances ! Dis Malefoy, tu vas vraiment rester ici tout le mois de juillet ?

— Ouais, Dumbledore a fait une exception, mais pour le mois d'août, je devrais me débrouiller, mais je pense que j'irais avec ma mère, elle va s'installer dans un appartement à Londres qui appartient aux Malefoy, le temps que mon père règle son dilemme de conscience. Elle ne veut pas rester chez Rogue, il a besoin de rentrer chez lui un peu, lui aussi.

— Tu vas te faire chier... marmonna Blaise. Je te dirais bien de venir à la maison, mais avec mon père, ça sera aussi drôle que chez toi...

Malefoy plissa le nez. Le père de Blaise était un Mangemort et niveau caractère, il était pire que Lucius. Et pas question d'aller passer les vacances chez les Parkinsons, ses parents étaient tous les deux Mangemorts et Pansy allait donc passer les deux mois chez une tante non loin de Southampton.

— Il viendra chez moi les deux dernières semaines, intervint alors Hermione. Et ce n'est pas négociable.

— Chérie... soupira le blond. Je t'avais dit qu'on en reparlerait...

— Eh bien écoute, c'est le moment non ? Je rentre chez mes parents les deux premières, tu me rejoins ensuite, et après, on va chez les Weasley.

Ron sursauta.

— Oh, euh, tu crois ? Mes parents ne vont peut-être pas être d'accord... tenta-t-il.

— Molly comprendra, dit Harry. Elle connaît le père Malefoy, elle sait comment il peut être bien lourd...

Malefoy haussa un sourcil, mais se retint de faire une réflexion. Un professeur s'approcha alors d'eux leur lui intimant d'aller se promener ou d'aller déjeuner, mais de ne pas demeurer ainsi immobile au milieu du hall et le groupe décida d'aller prendre l'air dans le parc.

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Enfin, les vacances d'été tant attendue furent là. Après une semaine à se remettre de leurs examens, les cinquième année avaient, comme tous les autres élèves, fait leurs malles pour embarquer dans le Poudlard Express avec une joie non feinte. Sauf Hermione.

— Deux semaines, dit Malefoy.

— C'est long.

— Je t'en prie, tu es restée célibataire pendant seize ans, sourit le blond.

Hermione lui tira la langue.

— Ce n'est pas la même chose et tu le sais très bien.

— Oui, je le sais. Mais ne pense plus à moi et profite de tes parents, tu as la chance d'en avoir qui s'aiment.

La Gryffondor pencha la tête en serrant les lèvres puis elle embrassa le Serpentard une longue seconde. Le contrôleur du Poudlard Express siffla soudain en fermant les portes des wagons une à une, et la jeune femme se hâta de rejoindre ses amis dans la voiture la plus proche.

— Je t'écrirai, dit Malefoy.

— J'y compte bien. À dans deux semaines !

— En voiture ! Attention au départ ! hurla alors le contrôleur.

Le train souffla un panache de vapeur et se mit en branle. Le quai s'éloigna rapidement et Hermione gagna le wagon où Ron et Harry s'étaient installés, non sans un petit pincement au cœur.

— Vous venez, Drago ?

Malefoy pivota et découvrit Rogue qui l'attendait, un peu plus loin sur le quai.

— Où donc, Monsieur ?

— Votre mère est arrivée, elle désire vous parler.

— Elle est au château ?

— Oui, pour la journée.

— De quoi veut-elle me parler ?

— Rien de grave, juste voir avec vous l'agencement de son appartement, afin que vous vous sentiez chez vous autant que possible.

Malefoy fronça les sourcils puis suivit Rogue et ils remontèrent au château en silence. Le blond était le seul élève à demeurer à l'école pour le mois de juillet. Il savait qu'il allait s'ennuyer, mais il n'allait rester que deux semaines, car il avait finalement accepté de rejoindre Hermione chez ses parents pour les deux dernières semaines du mois. Bien sûr, restait aux Granger d'accepter, mais Hermione connaissait suffisamment ses parents pour parvenir à ses fins.

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Deux semaines ce n'est pas si long que ça, quand on y pense, mais pour Malefoy, tout seul au château, c'était très long. Il n'avait que les Elfes de maison pour discuter, et quelques-uns des fantômes. Il déjeunait à l'unique table installée au centre de la Grande Salle, entouré des professeurs et parfois de sa mère, mais il vit arriver le second samedi de juillet avec un immense soulagement. Pis encore quand Hermione lui annonça qu'elle avait réussi à convaincre ses parents pour qu'il vienne passer les deux dernières semaines de juillet avec eux.

— Il n'y a qu'une condition.

— Laquelle ?

— Interdiction formelle de faire la moindre magie, tu y arriveras ?

La jeune femme avait débarqué à Pre-au-Lard en utilisant une cheminée du Chemin de Traverse. Malefoy l'avait rejointe chez Madame Rosmerta.

— Ça devrait pouvoir se faire, répondit-il. Je n'ai quasiment pas utilisé ma baguette depuis la fin des examens...

— Bon, tant mieux alors, parce que mes parents ne sont pas allergiques aux sorciers comme les Dursley, mais ils ne sont pas à l'aise, ils ne comprennent pas bien, donc si on peut leur éviter ça au maximum, c'est idéal.

Malefoy opina. La Gryffondor proposa alors qu'ils partent, qu'elle avait dit à ses parents qu'elle rentrerait pour le déjeuner. Ils remontèrent donc à Poudlard et pendant que le blond faisait sa malle, la jeune femme alla saluer les professeurs et demander la permission d'utiliser la cheminée du Directeur. Cinq minutes plus tard, ils étaient sur le Chemin de Traverse.

— On va rentrer chez moi en bus, annonça Hermione. Tu sais ce que c'est ?

— Oui, je ne suis pas ignare, mon amour... Cependant, je ne l'ai jamais utilisé, comme tu peux t'en douter.

— Il faut une première fois à tout.

Malefoy la singea puis ils quittèrent la vaste allée marchande et sortirent dans les rues bruyantes de Londres en plein samedi matin. Malefoy plissa immédiatement le nez sous l'odeur nauséabonde des automobiles, mais il ne dit rien et Hermione lui prit la main. Ils traversèrent la route et se rendirent à la station de bus la plus proche.

Pendant que sa compagne regardait le panneau des lignes et des arrêts, Malefoy observa les alentours. Il n'avait jamais vraiment mis les pieds dans le Londres Moldu, en général, il restait sur le Chemin de Traverse, suffisamment vaste pour ne pas risquer de croiser un Moldu, sauf ceux relatés à des sorciers, bien entendu. D'un regard neutre, il suivit une dame avec une poussette et un bébé assis dedans qui mâchonnait quelque chose. Le poupon le regarda de ses yeux bleus et le Serpentard esquissa un sourire. Hermione lui prit soudain le bras et il la regarda.

— Je suis trop jeune, si c'est ce que tu as dans la tête, dit-elle en tirant la langue.

— Oh non, loin de moi l'idée de vouloir des enfants un jour !

— Ah non ? Jamais, jamais ?

— Non, pas jamais, mais pas avant des années encore !

Hermione rigola puis indiqua du menton un bus rouge qui approchait.

— Il est pour nous, celui-là. Viens.

Le blond opina et quand le bus à impériale s'arrête près d'eux, ils montèrent en silence et se glissèrent vers le fond de l'engin.

— Il manque un étage, mais on dirait le Magicobus.

— Tu l'as déjà pris ? demanda Hermione, étonnée.

— Non, mais tout le monde le connaît, sourit Malefoy.

Le bus se remit alors en route en secouant ses passagers et le jeune couple descendit quatre arrêts plus loin.

— Ma maison est au bout de cette rue, dit Hermione.

— C'est mignon ces maisons toutes identiques... Je n'ai pas l'habitude de demeures aussi petites.

— Petites, tu sais, c'est suffisant pour trois personnes, répondit la brunette avec un sourire. Dans le même sens, je trouve le manoir bien trop grand pour vous trois.

— De ce côté, je suis d'accord, mais que veux-tu, privilège de sang-pur...

Hermione tira la langue puis, main dans la main, ils remontèrent le lotissement silencieux et parvinrent rapidement à une petite maison blanche au jardin bien entretenu. Ils avaient à peine passé le portillon que la porte d'entrée s'ouvrit sur une femme brune aux cheveux tirés en arrière.

— Drago, je te présente, ma mère, Eleanor Granger, dit la brunette. Maman, voici Drago Malefoy.

— Enchantée de te connaître enfin, Drago, répondit Madame Granger en tendant la main. Venez, entrez, nous allions passer à table. Tu as un bagage, Drago ?

— Oui, dans ma poche...

Madame Granger haussa un sourcil et Hermione opina. Ils entrèrent dans la maison, saluèrent Monsieur Granger puis Hermione annonça qu'elle montrait sa chambre à Drago puis qu'ils redescendaient.

— Ma chambre ? chuchota le blond alors qu'ils atteignaient l'étage.

— Tu ne croyais quand même pas que tu allais partager la mienne ?

Malefoy ne répondit rien et Hermione poussa une porte blanche.

— Ma chambre est juste là, et celle de mes parents, là-bas. La porte au milieu, c'est la salle de bains commune.

Malefoy opina, s'approcha du lit et regarda autour de lui.

— C'est sympa, dit-il. Un peu étroit, mais pour des vacances, c'est très bien.

— Si tu viens avec moi chez les Weasley en août, tu comprendras ce que veut vraiment dire le mot étroit, sourit Hermione. Dépose tes malles et redescendons manger, j'ai la dalle.

— Moi aussi.

Malefoy plongea alors ses mains dans ses poches et déposa deux miniatures de malles sur le sol. D'un geste de la main, Hermione leur redonna leur forme initiale puis ils rejoignirent les parents Granger dans la cuisine.

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Durant le reste de la journée, Malefoy s'installa dans la petite chambre d'amis des Granger. Hermione avait voulu rester avec lui pour l'aider, mais il l'avait encouragée à aller en commissions avec sa mère, ainsi il pouvait profiter un peu de la maison vide et visiter, le père d'Hermione étant allé regarder du football chez les voisins...

Quand la brunette et sa mère revinrent du supermarché, elles trouvèrent Malefoy dans le patio, à lire. Sans qu'on le lui demande, il entreprit d'aider les deux femmes à ranger les courses puis Hermione lui proposa d'aller faire un tour dans le quartier.

— Il n'y a aucun sorcier qui vit dans ma rue, dit-elle alors qu'ils passaient le portillon du jardin. Chez Harry, il y a une Cracmol qui habite en face, Harry pense qu'elle le surveille, mais bon, il n'a pas vraiment le loisir de l'observer, selon lui c'est une vieille folle avec des chats.

Malefoy esquissa un sourire.

— Comment va ta mère ? demanda alors Hermione.

— Pour ce que j'en sais, bien. Elle vit toujours chez Rogue, mais elle est en train de négocier un appartement à Londres avec d'autres Malefoy, pour laisser sa maison à notre cher professeur, qu'il en profite un peu pendant le mois d'août.

Hermione opina et serra sa main sur celle du Serpentard.

— J'ai envoyé un hibou à Madame Weasley, ce matin, dit-elle alors. Je lui ai expliqué notre situation, mais elle doit bien se douter que nous sommes ensemble, je pense, et je pense qu'elle va vouloir en savoir plus sur les raisons de ta présence chez moi pendant les vacances d'été.

— Et je serais ravi de lui raconter. Tu sais, Mione, les Weasley sont peut-être des sorciers pauvres, mais ils ont raison sur beaucoup de choses concernant les Moldus. D'accord, beaucoup n'ont aucune idée que nous existons, et on a bien vu ce que ça a donné dans le passé, mais...

— Ne t'en fais pas, ils comprendront, sourit Hermione. Ils connaissent ton père, ils étaient au collège en même temps que lui ou presque, ils savent à qui ils ont affaire, et ils savent qu'avec moi, toi, tu ne deviendras jamais comme lui.

Malefoy esquissa un sourire et ils reprirent leur promenade jusqu'à ce qu'il fasse trop sombre et décidèrent de rentrer.