Le rendez-vous pris au Ministère des Successions Magiques fut pris en quelques jours, grâce à Arthur et, en apprenant le conflit ou la mésentente concernant l'héritage de Sirius Black, Narcissa rappliqua rapidement, craignant subitement que son plan pour libérer son fils de l'emprise de son père ne capote.

Le lundi suivant donc, les deux sorciers se retrouvait dans l'antichambre de l'Exécutant concerné, inquiets.

— Ne vous en faites pas, Narcissa, je vais régler le problème. Je parle au nom de Harry, il m'a donné des instructions claires.

— En espérant que cela suffise.

— Nous allons expliquer que vous étiez la première à réclamer cet héritage en tant qu'unique membre encore vivant de la famille Black et...

— Il y a mes sœurs aussi, grimaça la femme.

— Bellatrix n'est pas considérée comme vivante par le Ministère de l'Utilisation de la Magie Noire, répondit Arthur en secouant la tête. Quant à Andromeda, elle a clairement indiqué, en épousant un Moldu et en allant vivre là-bas., qu'elle ne voulait plus rien avoir à faire avec les sorciers.

Narcissa grimaça de nouveau puis soupira. Elle frémit quand une porte se fit entendre et pivota. Un homme s'annonça alors et leur décocha un large sourire sur le seuil de son bureau.

— Monsieur Weasley, Madame Malefoy, entrez, je vous en prie, dit-il. Que me vaut votre visite ? J'ai dû déplacer un important rendez-vous pour vous recevoir, j'espère que cela en valait la peine.

— Oui, répondit Arthur. Nous avons récemment reçu, à l'attention de Monsieur Harry Potter qui vit chez nous pendant les vacances d'été, un courrier concernant une ouverture de testament qui contrarie une demande de remise de biens suite à un décès.

Julius Spinach, un homme grand, mince et blond aux yeux verts, observa la femme blonde devant lui et indiqua les sièges devant son bureau. Arthur et Narcissa y prirent place et Arthur tendit ensuite la lettre du Ministère que Harry avait reçue quelques jours plus tôt.

— Hum, oui, c'est un courrier officiel, répondit Spinach en lisant. Je ne vois pas en quoi je peux vous aider, je n'ai pas le contrôle sur ce genre de chose. De plus, ce courrier est au nom de Monsieur Potter, qui est absent.

— Parce qu'il n'a pas désiré se joindre à nous, répondit Arthur en donnant un autre papier, écrit à la main, à l'homme, qui opina lentement. Je parle en son nom.

— Bien, entendu. Dans ce cas, que se passe-t-il avec ce testament ?

Spinach se retourna et récupéra un classeur dans un casier. Il le feuilleta un moment et sortit ensuite un feuillet plutôt mince.

— Alors, Sirius Black, emprisonné à Azkaban il y a dix-sept ans après avoir assassiné en pleine rue et en plein jour un sorcier...

— Sorcier qui est vivant, crut bon de préciser Arthur.

Le Ministre fronça les sourcils.

— En effet, mais cela n'annule pas pour autant la peine et ce n'est de toute manière pas mon domaine, répondit-il, un peu sec.

— Nous ne sommes pas là pour ça, contra Narcissa. Voyez-vous, ce Sirius Black est mon cousin direct. Mon nom de jeune fille est Narcissa Black et, il y a plusieurs semaines à présent, j'ai fait une demande afin de récupérer toutes les possession financières et immobilières au nom de Monsieur Black, détenu à la prison d'Azkaban et aujourd'hui décédé. Étant le dernier membre de la famille Black en vie et en pleine possession de ma santé mentale, l'on m'a certifié que ses biens me seraient remis dans les plus brefs délais or la réception de cette lettre contrarie cela.

Spinach regarda les deux sorciers d'un air perdu.

— Il est pourtant indiqué ici que toutes les possessions de Monsieur Black vont à son filleul, Monsieur Potter... dit-il. C'est le testament qui prime puisqu'il a été rédigé par Monsieur Black en personne peu après son emprisonnement.

— Possessions dont il ne veut pas, intervint Arthur, un peu agacé.

— Et puis-je savoir comment vous le savez ?

Spinach fronça les sourcils, pressentant la longue discussion.

— Monsieur Potter vit actuellement chez moi, répondit Arthur. Nous avons longuement discuté de tout cela et il ne désire pas s'encombrer d'une vieille maison délabrée dont il ne fera rien, puisqu'il est encore mineur et donc tenu de vivre chez ses tuteurs Moldus, les Dursley jusqu'à sa majorité.

— Comme indiqué dans la lettre, Monsieur Spinach, Monsieur Black est semble-t-il son parrain, mais Monsieur Potter n'est pas lié par le sang à lui, moi si, ajouta Narcissa en haussant les sourcils. Je pense que je passe donc avant, à la fois par le lien du sang mais aussi parce que j'ai réclamé l'héritage bien avant l'exécution testamentaire et enfin, parce que Monsieur Potter y renonce.

Spinach se racla soudain la gorge et s'appuya contre son dossier.

— Bien ! dit-il soudain. Apparemment je n'ai pas le choix, vous semblez avoir tout prévu... Monsieur Potter désire donc refuser l'héritage de son parrain au profit de vous, Madame ?

— Plus précisément, au profit de mon fils, à qui je pensais donner la maison et le peu d'argent afin de commencer sa vie d'adulte.

Spinach pinça la bouche, se redressa et saisit un stylo à bille. Il rédigea quelque chose sur un morceau de papier qu'il plia et le tendit à Arthur.

— Veuillez indiquer à ma secrétaire de vous donner tous les documents relatifs à ceci, dit-il. Quant à vous, Madame Malefoy, votre demande doit être dans nos dossiers, je vais la faire chercher et nous ferons le nécessaire une fois que la renonciation de Monsieur Potter aura été validée.

— Cela prendra combien de temps ?

— En général, six à huit mois. Nous avons beaucoup de dossiers plus importants à traiter, qui brassent parfois des millions de Gallions et souvent des dizaines d'héritiers, vous comprenez donc qu'un petit héritage comme celui de votre cousin n'est en rien prioritaire.

Narcissa plissa le nez et Arthur la sentit contrariée. Avant qu'elle n'offre quelque argent pour accélérer la procédure, il remercia Spinach puis ils quittèrent le bureau et la grande femme blonde laissa sortir son agacement. Elle singea l'agent du Ministère et Arthur ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.

— Allons, ce n'est pas un drame, dit-il. Drago pourra s'installer chez nous pour les prochaines vacances, un enfant de plus ne nous fait pas peur.

— Je ne vous en demande pas tant, Arthur.

— Je le sais bien, mais Hermione et lui sont très amoureux et je suis content de voir qu'elle est capable d'aimer autre chose que les études et les livres. Molly a déjà proposé à Drago de revenir pour les vacances de Noël, et ne vous en faites pas, Lucius ne pourra pas venir sur mon terrain, il est interdit de Transplaner sur toute ma parcelle.

— Intéressant, répondit Narcissa avec un sourire. Des vacances à la campagne ne peuvent faire que du bien à mon fils après tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois.

Arthur hocha la tête, le nez plissé.

— Oui, il nous a expliqué. Je suis désolé que les choses en soient venues à de tels extrêmes, mais Lucius n'avait pas le droit de lever la main sur son fils simplement parce qu'il est tombé amoureux de la « mauvaise » personne. C'est un comportement inadmissible à mes yeux de père, et jamais je n'ai levé la main sur un de mes enfants si ce n'était pas amplement mérité.

— Lucius n'est plus l'homme que j'ai connu, soupira Narcissa. Dès l'instant où le Lord est revenu, il a changé, il est devenu sombre, parano, avide... et quand Miss Granger s'est fait une place dans la vie de Drago, il a vu rouge ! Une « Sang-de-Bourbe » dans la famille, quelle horreur !

— Nous savons tous les deux qu'elle est une sorcière, n'est-ce pas ?

— Oui, bien entendu !

— Bien. Allons chercher ce papier puis rentrons.

Elle plissa le nez en grimaçant puis souffla.

— À la réflexion, j'irais bien boire quelque chose, j'ai besoin de prendre l'air, répondit-elle.

— Avec plaisir.

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Au Terrier, cependant, les jeunes sorciers se fichaient bien se savoir ce qui se passait au Ministère. Tandis qu'une partie du groupe se disputait un bon vieux match de foot dans la cour de la maison, l'autre, composée d'Hermione, Molly et Ginny, préparait le repas et mieux encore, quelques douceurs.

— Ça sent divinement bon ! Tu es bonne à marier, Hermione !

Hermione piqua un violent fard et referma la porte du four où doraient doucement des cookies.

— C'est donné à n'importe qui de faire des gâteaux... répondit-elle avec un haussement d'épaules.

— Pas dans un four et pas pour les sorciers, sourit Ginny. Toi tu fais ça depuis que t'es petite donc forcément... Tu crois que Malefoy apprécie ça ?

— Apprécier quoi ?

Le silence plomba aussitôt la cuisine et le Serpentard entra dans la maison. Il se servit de l'eau et observa ensuite Ginny et Hermione.

— Que je fasse la cuisine à la Moldue, répondit Hermione en plissant le nez. Molly pense que je suis bonne à marier.

— Oh là, oh là, on se calme mesdames, ce n'est pas à l'ordre du jour ! répondit aussitôt Malefoy.

On le héla dehors et il s'excusa avant de tourner les talons.

— Pourtant, il t'a déjà... commença Ginny.

— Rien du tout. La bague qu'il m'a offerte n'a aucune valeur, sinon sentimentale, rien de plus. Il avait peur de devenir un Mangemort et il a toujours peur de cela. Ça a été une décision hâtive, irréfléchie.

— Irréfléchie, très certainement, répliqua Molly. Croyez-moi les enfants, vous ne vous marierez pas avant d'avoir fini vos études, quelles qu'elles soient, et je sais que Narcissa pense la même chose que moi.

Hermione plissa le nez. Selon ses plans, elle avait encore quatre à six ans d'études et cela reporterai donc un éventuel mariage à ses vingt-deux ou vingt-trois ans. Rien s'insurmontable, en espérant que les chose se tassent avec Lucius une fois le problème d'héritage réglé.

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Durant la première semaine d'août, Harry eu la surprise de recevoir un courrier du Ministère qui l'enjoignait, avant de renoncer au leg de son parrain, à aller visiter la maison dont il avait hérité. Mais quitter seul le Terrier était dangereux par les temps qui courraient et Narcissa fut donc appelée pour les escorter, au cas où, ainsi qu'Arthur. Ils transplanèrent donc tous non loin du Square Grimmaurd, un petit parc verdoyant entouré de grandes maisons particulières bien entretenues toutes habitées par des Moldus. En arrivant devant l'adresse, cependant, ils se regardèrent de travers.

— Voici le 10, et là c'est le 14, le 12 doit donc logiquement se trouver ici, dit Harry en montrant deux grosses maisons à plusieurs étages.

— Il n'y a rien, nota Malefoy. Juste un emplacement vide indiquant une maison abattue...

— Ne t'en fais pas, la maison est protégée par un sortilège, elle est bien là, répondit Arthur. C'est indiqué dans la lettre envoyée au Ministère par Sirius.

— Ah ? Je n'ai pas fait attention... s'excusa Harry.

Arthur haussa les épaules puis poussa le portillon rouillé couvert de ronces mortes d'un terrain vague entre les deux maisons voisines. Aussitôt, une allée pavée apparut sous ses pieds puis l'escalier d'un porche et enfin la maison se montra à ses yeux. Les autres le suivirent et comprirent rapidement le subterfuge, une sorte de bulle magique enveloppait la maison et ceux qui ne savaient pas, notamment les Moldus, n'y voyaient qu'un terrain vague rempli d'immondices.

La déception fut cependant brutale quand la maison leur apparut, tellement différente de ses deux voisines qui avaient été ravalées quelques années en arrière !

— C'est une ruine...

— En effet...

Tout le monde était perplexe. Autant les maisons voisines étaient bien entretenues que celle-ci semblait avoir été bombardée.

— Ça conforte mon idée de vous la laisser, grommela Harry.

— Tu es sûr ? Je peux tout à fait te laisser le titre de propriété tant que Drago n'a pas terminé ses études, ensuite... commença Narcissa.

— Et j'en ferais quoi de ce taudis ? D'une, c'est bien trop grand pour moi tout seul, il y a au moins quinze pièces ; de deux, je n'ai pas suffisamment d'argent ni d'énergie pour la rénover.

Il se tourna vers les deux adultes.

— Je vous l'ai dit, je ne connais pas de Sirius Black et même s'il est désigné comme mon parrain, il est mort à Azkaban, donc je n'ai rien à faire avec lui.

Le ton était dur et le brun tourna soudain les talons et quitta la propriété. Arthur et Narcissa se jetèrent un regard.

— Harry peut être très têtu quand il s'y met, s'excusa Arthur. Je pense que nous pouvons lui faire remplir le document de renonciation sans aucun problème.

— Je n'habiterai pas cette maison avant plusieurs années, de toute manière, répondit Drago en s'approchant. Non seulement elle est en ruine, mais avec mes études, je ne pourrais pas l'entretenir, pas tout seul du moins.

Narcissa baissa le nez en comprenant le sous-entendu. S'il devenait un Black, il n'aurait plus la rente mensuelle que lui versait Lucius en guise d'argent de poche, soit une centaine de Gallions, et devrait sans doute se trouver un travail pour subvenir à ses besoins pendant les six années d'études que demandaient la profession de Magico-Avocat.

— Heureusement, les études sont gratuites à l'Université Magique, acheva le Serpentard.

Narcissa grimaça. Elle avait mis tant d'espoirs dans cet unique enfant ; depuis sa naissance elle avait tout imaginé de son futur, un brillant élève, attentionné, beau garçon, très bien entouré, aimé de tous et surtout de toutes... Et le voilà rendu à seize ans, beau garçon certes, brillant élève, mais alors pour le reste...

— Tout va bien, Maman ?

La femme blonde regarda son fils et lui fit un doux sourire.

— Oui, chéri, ce n'est rien, je repensais simplement à quelques petites choses sans importance désormais.

Malefoy opina puis observa la maison.

— Je pourrais la revendre, si jamais ? demanda-t-il.

— Bien entendu, répondit Arthur. Dès que Harry aura signé les documents et que l'acte de propriété sera à ton nom, tu pourras en faire ce que tu veux.

Le blond serra les lèvres et jeta un regard vers Hermione avant de reporter son attention sur la maison et sur sa mère qui grimpait les marches du porche. En saisissant la poignée, celle-ci lui resta dans la main et Narcissa soupira.

— Ne regrettez pas déjà, sourit Arthur en la rejoignant.

Il poussa ensuite la porte, mais elle résista alors il la bourra d'un grand coup d'épaule et elle céda en craquant désagréablement. Le groupe entra ensuite en hésitant un peu et ils découvrirent un corridor étroit et sombre, poussiéreux qui semblait traverser la maison de part en part. Sur la droite, un escalier à palier permettait de monter au premier.

— Bon sang, ça pue le renfermé ! s'exclama Ron.

— La maison est abandonnée depuis plus de vingt ans, répondit Narcissa. Sirius n'y a plus vécu depuis qu'il a quitté Poudlard...

— Ça se voit, soupira Malefoy. Et ça, c'est quoi ?

Il indiqua le grand carré suspendu au mur sur le palier de l'escalier, recouvert d'un voile noir. C'était sans doute un tableau, mais personne ne se dévoua pour aller soulever le voile et le groupe se dirigea vers une double porte qu'Arthur avait fait coulisser.

— Sympa la salle à manger, nota Malefoy.

— Il y a un escalier ici, dit soudain Hermione, dans le corridor.

Le groupe revint et sous le pan de l'escalier, qui montait, un autre descendait. Hermione testa le bois du bout du pied, puis l'autre, sauta sur la marche de tout son poids et opina ensuite en entamant sa descente.

— Une autre salle à manger, dit-elle, suivie par Harry. Et une cuisine.

Le Gryffondor avait finalement fait demi-tour, sa curiosité piquée, et les deux se mirent aussitôt à fureter dans les placards et découvrirent des restes de nourriture desséchés et rongés par les souris, quantité de conserves en bocaux et surtout, de vaisselle de très bonne facture.

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Tout l'après-midi, Narcissa, Arthur, Ron, Hermione, Malefoy et Harry, explorèrent le 12 Square Grimmaurd en visitant chaque pièce des cinq étages que comptait la maison. Sept avec les cuisines et un grenier.

— C'est blindé de merdes bonnes à jeter ici !

Un bruit sourd résonna suivit d'un juron et Ron se frotta le crâne. Hermione l'interrogea du regard et il opina avant que la jeune femme ne reporte son attention dans une caisse remplie de vieux vêtements. Elle la repoussa ensuite, posa ses mains sur ses hanches et soupira.

— On a du boulot.

— C'est tout à jeter, je viens de dire, objecta Ron. Ça ira sur le trottoir.

— Pas sans trier, il y a probablement des choses qu'on peut réutiliser ou revendre. Ça aidera Drago à reprendre pied une fois que son père aura accepté de le renier. Cette maison a besoin d'être réaménagée, elle est abandonnée depuis plus de vingt ans, elle a besoin qu'on s'occupe d'elle un peu.

— Si mes parents me chassaient de la famille, je ne sais pas ce que je ferais et j'en serais sans aucun doute très contrarié.

— Techniquement, ils ne le chassent pas, Lucius le renie, ce n'est pas tout à fait pareil, mais Drago a quand du mal à l'accepter comme l'ultime solution, avoua la brunette. Mais à part tuer son père, je ne vois pas d'autre alternative pour qu'il soit tranquille, pour que nous soyons tranquilles, lui et moi.

Ron opina sans répondre. À la fin de l'année, cela ferait deux ans que sa meilleure amie et son pire ennemi sortaient ensemble, et il n'arrivait pas encore à s'y faire. Il avait appris à connaître Malefoy depuis le temps, mais il ne comprenait pas ce qu'Hermione lui trouvait. Il était pétri de défauts et imbu de sa personne, et pourtant, elle était folle de lui...

— Tu vivrais dans cette maison ? demanda alors le rouquin.

— Peut-être, même si elle est beaucoup trop grande pour seulement deux personnes.

— Tu sais, Malefoy pourrait la louer pendant que vous faites vos études, suggéra alors Ron. Ou au moins quelques chambres, à des étudiants sorciers, par exemple. Il la fait rénover pendant qu'il est encore un Malefoy, profitant de sa rente, et une fois qu'il sera un Black, il aura une maison neuve avec une douzaine de chambres à louer. Il pourrait même faire des appartements et avoir plusieurs locataires en même temps, donc encore plus de loyers qui tombent chaque mois.

Hermione regarda son meilleur ami et haussa un sourcil.

— Ce n'est pas une mauvaise ça, répondit-elle. Ça pourrait lui fournir une rente mensuelle pendant quelques années, et comme il aura une chambre sur le campus... On pourra d'ailleurs sans doute se partager la même chambre vu qu'on est ensemble, ça divisera le prix du loyer en deux, ça sera encore mieux.

Ron ne répondit rien. Il allait aller à la même université, il n'avait pas le choix, lui, et l'idée qu'il allait encore se coltiner le Serpentard pendant encore quatre ans lui donnait la nausée.

— Weasley, Hermione ! Où vous êtes ?

— Tiens, quand on parle du loup... grogna le rouquin. Grenier !

Des pas se firent entendre et Malefoy apparut à la trappe et regarda autour de lui.

— Cette maison est bien trop grande pour une seule personne, dit-il en se hissant sur le plancher.

Il se frotta les mains et plissa le nez.

— Je suis sûre qu'il y a des trucs à utiliser dans ce fatras, dit Hermione. Et le reste, on pourra le revendre, les meubles surtout. Tu sais, on était en train de se dire que tu pourrais la louer cette baraque, pendant que tu es à l'Université. Les chambres séparément à des étudiants, ou bien faire des appartements sur chaque étage et louer à des familles, pourquoi pas ?

Désireux de ne pas tenir la chandelle, Ron annonça soudain qu'il allait rejoindre Harry et quitta le grenier. Malefoy l'observa puis se tourna vers sa compagne.

— La louer ? À qui ?

— N'importe, des étudiants, des familles, des inconnus, mais des sorciers, par contre, répondit la rouquine en haussant les épaules. Ça te ferait un peu d'argent qui rentre tous les mois et tu pourras plus facilement payer ta part du loyer de la chambre d'étudiants.

Malefoy haussa un sourcil et la jeune femme entoura sa taille de ses bras.

— Ma part du loyer, hein... dit-il avec un sourire en coin.

— Je me disais qu'on pourrait vivre ensemble sur le campus... dit-elle doucement. Tu sais, au moins on ne serait pas séparés tous les soirs, et en plus, ça serait plus pratique financièrement de partager un loyer plutôt que d'en payer deux entiers...

— Es-tu en train de sous-entendre que nous pourrions emménager ensemble de manière officielle ?

Hermione se mordit la lèvre avec un sourire.

— Mais on a encore deux ans à faire à Poudlard avant ! dit-elle en se détachant du Serpentard.

— Merlin tout puissant... ronchonna le blond. J'ai l'impression de passer ma vie à attendre, tu sais ?

— À m'attendre moi ?

— Non, pas toi, tout. D'abord, je devais attendre que tu aies accepté mes bonnes actions pour me rendre mon cadeau de Noël, ensuite, j'ai dû attendre que mon père arrête d'être mauvais envers toi pour respirer, maintenant je dois attendre que Potter signe le document de renonciation d'héritage, et ensuite je vais devoir attendre que mon père accepte de me renier, puis...

— Là, là ! coupa Hermione en rigolant. Un être humain passe un quart de sa vie à attendre quelque chose, dit-elle. Un quart ! C'est vingt-cinq ans, tu te rends compte ?

— À une vache près...

Hermione rigola en secouant la tête. Malefoy entreprit alors d'inspecter les meubles entreposés sous des draps et en découvrit plusieurs qui seraient tout à fait vendables à des sorciers, voire à des Moldus, et d'autres qu'il semblait aimer et pourrait redescendre dans la maison.

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Le soir même, quand la famille rentra au Terrier, Harry s'abîma dans le document qui allait transférer les biens de Sirius à Narcissa Malefoy. Il lut tout, sans pour autant tout comprendre, avant de signer en bas de chaque page.

— Et voilà. Le document où je renonce officiellement à l'héritage de Sirius Black.

— Je vous remercie, Monsieur Potter.

Narcissa prit la lettre et décocha un doux sourire au jeune homme qui inclina la tête.

— Je pourrais te louer une chambre, si jamais ! lâcha alors Malefoy en croisant les bras.

Le Gryffondor sourit et secoua la tête.

— Fais-en ce que bon te semble, pour le moment, je dois encore vivre chez mes Moldus, et une fois que je serais majeur, je tâcherai de trouver un truc sur le Chemin de Traverse. Il y aura bien une bonne âme pour louer une chambre de bonne à Harry Potter !

Tout le monde se mit à rire puis Narcissa remercia Arthur et quitta le Terrier par la cheminée. Molly annonça alors qu'elle avait fait des gâteaux et que le thé serait servi dans quelques minutes, enjoignant tout le monde à aller se débarbouiller après avoir passé une bonne partie de la journée à remuer la poussière.

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Les jeunes gens n'eurent cependant pas le loisir de discuter plus longtemps de l'ancienne maison de la famille Black, car deux jours plus tard, quatre grosses enveloppes arrivèrent au courrier, avant le petit-déjeuner.

— Les résultats des BUSEs...

Arthur observa les enveloppes. Les enfants étaient encore tous couchés et il déposa les courriers aux places des quatre adolescents sans y toucher.

— J'espère que Drago a eu de bons résultats, répondit Molly en surveillant des toasts.

— Pourquoi lui et pas ton fils ? interrogea son mari.

— Allons, chéri, tu sais très bien que Drago doit avoir tous les BUSEs pour que son père accepte de le renier... Oh Merlin, dit comme ça, cela sonne tellement étrange ! Je n'ose même pas imaginer dans quel état je serais si je devais faire une telle chose pour l'un de nos enfants !

— Merlin merci, nous n'aurons jamais à le faire, soupira Arthur. Narcissa a beaucoup de courage, elle ne quittera pas Lucius, mais elle aime son fils plus que tout et l'écarter de leur famille pour qu'il puisse vivre comme il l'entend demande énormément de courage à une mère.

Molly opina en silence. Elle entendit alors parler dans les étages puis ses enfants apparurent, suivis par Hermione, Malefoy, puis Ron et Harry. Les quatre pâlirent en voyant les enveloppes posées sur la table.

— Les résultats de BUSEs, souffla Hermione en prenant sa lettre.

— Allez, ouvrez tous ensemble, suggéra Fred en apparaissant à leur suite. Ça sera moins difficile pour les autres.

La brunette hocha la tête et déchira le papier brun.

— De toute manière, toi, tu as tout réussi, lâcha Harry en sortant le feuillet de sa propre enveloppe.

— Crois-le ou non, mais pour la première fois de ma vie, je ne suis pas du tout sereine quant aux résultats de mes examens ! répliqua la jeune femme en plissant le nez.

Ron et Malefoy ouvrirent leurs enveloppes en silence et chacun parcourut les feuillets pendant que Molly leur servait leur petit-déjeuner.

— Alors ? demanda Arthur au bout d'un moment.

— Recalé en Défense, répondit Ron en grimaçant. Et en Potions. Et en Divination.

— Quelle note ?

— Des P...

— Bon, ce n'est pas grave, répondit Molly. Tes frères ont faire pire et je sais que tu vas te rapprendre l'année prochaine.

— Je vais essayer du moins.

— Très bien. Harry ? demanda Arthur.

— Recalé en Divination et en Histoire de la Magie...

— Ce n'est pas grave, assura Arthur. Et vous deux ?

Hermione était étrangement silencieuse.

— Mione ? demanda Harry.

— Je... Je ne sais pas si je lis bien...

Le brun prit le feuillet et le parcourut.

— Il y a quoi qui cloche ? demanda-t-il. Tu as des Optimal partout...

— C'est justement ça qui cloche... Je...

Molly sourit alors et posa ses mains sur les épaules de la jeune fille.

— Tu vois qu'on peut tout à fait concilier les études et les garçons, dit-elle.

— Je... Pourtant j'ai à peine travaillé cette année, je... Excusez-moi.

Hermione quitta la table et sortit dans la cour. Molly serra les lèvres.

— Et toi mon grand ? demanda-t-elle ensuite en regardant Malefoy. Oh, quelle triste mine...

— J'ai été recalé, dit le blond en jetant le feuillet sur la table. C'est terminé, je vais devoir retourner au manoir et je deviendrai un Mangemort à la fin de Poudlard.

Il quitta aussitôt la cuisine pour disparaître dans les étages de la maison. Harry prit le feuillet et le parcourut.

— Il a des O partout sauf en Astronomie, dit-il. Pourquoi est-ce qu'il réagit comme ça ?

— Lucius a demandé à ce qu'il ait tous les BUSEs s'il voulait que leur deal soit accepté, répondit Arthur. Il a échoué.

— Non, Arthur, répondit Molly. Il n'a pas échoué, il a eu tous ses BUSEs.

— Non, Madame Weasley, c'est marqué là... répondit Harry.

— Harry chéri, crois-tu que nous autres sorciers adultes nous nous servons quotidiennement de l'Astronomie ? À moins de vouloir se diriger dans cette voie plus tard, l'Astronomie ne nous sert absolument pas une fois sortis des études.

— Donc... Il a réussi ?

— Je pense que oui. Il a tenu parole, répondit Arthur. Il suffit juste de réussir à le convaincre, puis de convaincre Lucius.

— Ça sera le plus compliqué, je pense...

— Narcissa se chargera de cela. Moi je vais lui parler de l'Astronomie, sourit Molly en tournant les talons.

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Quand Narcissa fut mise au courant que son fils avait obtenu la note optimale dans tous les cours lors de ses examens, excepté en Astronomie, elle rejoignit Arthur et Molly sur le fait que cette matière ne servait qu'en de très rares occasions à un sorcier adulte. Elle fut donc invitée à boire le thé dès le lendemain dimanche et parvint à convaincre son fils que l'Astronomie ne dérangerait pas Lucius et qu'il serait de ce fait contraint d'accepter le marché qu'ils avaient passé ensemble.

— Il a respecté sa part du contrat, à lui de tenir la sienne.

— Et s'il refuse ?

— Il sait déjà ce qui l'attend, répondit Narcissa. Un Notaire et un avocat se tiennent prêts pour briser mon mariage avec lui et lui prendre tout ce qu'il possède, légalement, bien entendu.

— Comment avez-vous fait ? demanda Molly, surprise.

— Je me suis renseignée et étant donné que j'ai un enfant non majeur, si je divorce de Lucius maintenant en prouvant que le fait qu'il soit un Mangemort n'est plus compatible avec une vie de famille saine et stable pour mon fils, il lui devra son héritage en avance, et à moi, la moitié de sa fortune, comme il en a été déterminé dans notre contrat de mariage. J'aurais également la moitié du manoir et trois maisons de vacances.

— Je ne comprendrais jamais les riches, soupira Molly en secouant la tête.

Narcissa lui décocha un sourire.

— Être riche ne veut pas forcément dire être heureux, Molly, répondit-elle avec un sourire pincé.

Un silence s'installa et les Weasley échangèrent un regard. Ils n'avaient jamais été riches, mais leurs enfants n'avaient jamais manqué de rien, contrairement à Drago qui était clairement en manque d'amour parental...

— Je vais parler à Lucius dès ce soir, annonça alors Narcissa. En espérant que je puisse le convaincre que l'Astronomie est hors-jeu pour un sorcier adulte, je pense que je pourrais faire changer les papiers d'identité de mon fils d'ici la rentrée.

— Dumbledore en sera averti automatiquement ?

— Non, mais je lui enverrai un courrier pour lui expliquer la situation.

Molly opina puis soupira.

— Nous voyons enfin la fin de cette histoire, dit-elle. Hermione et Drago vont être soulagés, et même si c'est un prix très cher à payer pour votre fils, je pense que c'est le mieux pour lui.

— Je le pense aussi, même si j'aurais aimé que les choses se passent différemment.

— Nous aussi, assura Arthur. Mais dites-vous que votre fils va reprendre le nom de l'illustre famille Black et le continuer, comme vous l'auriez fait si vous n'aviez pas épousé Lucius ; comme Sirius l'aurait fait s'il n'avait pas joué au con et voulu venger la mort de Lily et James.

Narcissa pinça les lèvres dans un sourire triste puis observa sa tasse de thé, silencieuse. Elle la vida alors, s'excusa, puis quitta le Terrier par la cheminée. Molly soupira.

— Tout se termine enfin, dit-elle. Nos enfants entrent en septième, sixième et cinquième année à Poudlard, et Hermione et Drago vont enfin pouvoir être tranquille et quitter l'ombre menaçante de Lucius...

— En espérant que les Mangemorts ne prennent pas le dessus sur notre monde avant qu'ils ne soient adultes et tout ira bien, acheva Arthur en prenant la main de sa femme qui lui sourit doucement.

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Après avoir quitté le Terrier, Narcissa retourna au manoir Malefoy, mais quand elle entra en transplanant, elle trouva l'endroit vide. Du moins, en apparence, car elle dénicha son mari dans la chambre de leur fils, assis sur le lit, une photo entre les mains.

— Tu as l'air si triste...

Lucius sursauta et la regarda. Il reposa le cadre photo et se passa les mains sur le visage.

— Je le suis, répondit-il. Je sais que je vais perdre mon fils, mais je n'ai pas le choix. C'est mon fils ou toi...

Narcissa serra les lèvres, contourna le lit, et s'agenouilla sur le tapis devant l'homme en tendant un feuillet.

— Les notes des BUSEs sont arrivées chez les Weasley, je suis passée chercher celles de Drago, dit-elle. Excepté l'Astronomie, il a tout réussi haut la main.

Lucius prit le papier, observa la première page une seconde, puis le jeta sur le lit derrière lui.

— Tu ne vérifies pas ?

— À quoi bon ? Si je ne tiens pas ma part du marché, je perdrais mon fils pour toujours, il ne me fait déjà plus confiance parce que je ne peux pas supporter qu'il soit amoureux d'une fille de Moldus, alors si en plus je perds le peu de confiance qu'il a encore en moi, je ne pourrais plus me regarder dans un miroir sans...

Narcissa lui prit les mains et les porta à sa joue un instant avant de relever la tête.

— Accepte de signer le document qui autorise Drago à changer de nom de famille, dit-elle. Je t'ai fait une promesse, Lucius, je resterai avec toi, quoi qu'il arrive, si tu le laisses partir sans faire de scandale. Nous avons échoué et nous devons l'accepter.

— Je ne veux pas le perdre...

Les larmes glissèrent sur les joues pâles de l'homme et se perdirent dans une barbe hirsute de plusieurs jours. Narcissa soupira, se redressa, et le prit dans ses bras en fermant les yeux, mâchoires serrées...