Il fallut dix jours supplémentaires à Lucius pour parvenir à gagner le Ministère et remplir les documents qui allaient autoriser Drago à prendre le nom de famille de sa mère. Il eut également à remplir un papier où il s'engageait à lui verser entièrement son héritage le jour de ses dix-sept ans.

— Ce n'était pas prévu...

— Je sais, mais Monsieur Spinach me l'a conseillé, et mon avocat aussi.

Hermione hocha la tête. Narcissa et elle se trouvaient au fond du bureau, vers la fenêtre, et la Gryffondor avait été invitée en tant que témoin. Au bureau de Julius Spinach, propre sur lui, rasé de près et avec son air hautain habituel, quoiqu'un peu moins hautain qu'avant, Lucius était assis près de son fils, probablement l'une des dernières fois où ils se retrouvaient aussi proches tous les deux.

— Tout est en ordre, Monsieur Malefoy ! dit soudain Spinach en récupérant les feuillets qu'il tapa sur le bureau devant lui. Dès qu'ils auront été visés par mon administration, d'ici trois ou quatre jours, vous pourrez officiellement faire une demande de nouveaux papiers d'identité, Drago. Ou devrais-je dire, Monsieur Black.

Lucius eut un hoquet et quitta sa chaise. Comme il allait transplaner, Narcissa se jeta sur lui et lui agrippa le bras. Il se figea et l'observa une longue seconde avant de relever les yeux et de croiser le regard d'Hermione.

— Je suis désolée... dit-elle simplement en articulant, avant de baisser le nez. J'aurais aimé que les choses se passent autrement. Vraiment.

— Je vous crois et je ne vous en veux pas, répondit la brunette.

Lucius ferma les yeux, détourna la tête puis le couple transplana et un silence pesant s'écrasa sur le bureau.

— Miss Granger... Tout ira bien à présent, assura Spinach en quittant son bureau.

— Je l'espère vraiment. C'est un sentiment tellement atroce que de devoir renoncer à son unique enfant, car c'est le seul moyen pour qu'il soit heureux...

— S'il n'avait pas été aussi buté, les choses auraient pu être autres, Hermione, répondit Drago en se levant.

— Je suis d'accord, répondit Spinach. Même si je n'ai pas le droit de donner mon avis, en temps normal.

Hermione esquissa un sourire. Le jeune couple remercia ensuite l'agent du ministère puis ils quittèrent le bâtiment par la rue et décidèrent de se promener un moment dans Londres pour se changer les idées.

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Excepté Lucius, tout le monde était soulagé que cette triste histoire de combat entre un père et son fils se termine enfin. Narcissa, elle, était mitigée, elle était à la fois heureuse pour son fils, mais aussi extrêmement triste pour son époux, car même si elle ne l'aimait plus comme au premier jour, ils avaient perdu leur fils, il ne porterait plus jamais le nom de famille des Malefoy et la lignée allait s'arrêter avec eux. Sauf si Narcissa acceptait, à plus de quarante ans, d'avoir un second enfant qui sera, lui, élevé sans les erreurs qu'ils avaient commises avec Drago, à savoir être beaucoup trop rigides et l'empêcher de vivre sa vie.

Fin août s'annonçait et dans moins d'une semaine, les jeunes sorciers allaient reprendre le chemin pour Poudlard afin d'y effectuer, pour Ron, Harry, Hermione et Malefoy, leur sixième année. Drago avait préféré rester chez les Weasley durant la seconde semaine d'août, avant de retourner chez les Granger pour les deux dernières semaines, au grand dam des parents Granger qui auraient préféré qu'ils restent avec les sorciers...

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Ce matin-là, alors que la rentrée approchait de plus en plus, Madame Granger s'était levée de très bonne heure mais avait trouvé sa fille et son petit-ami déjà levés, installés sur le patio, en train de lire tranquillement. D'autres enfants se seraient vautrés devant la télévision, mais Hermione avait passé tellement de mois sans la regarder qu'elle n'en avait même plus envie.

— Les enfants, je vais en courses, vous voulez venir ? demanda la femme en s'approchant de la baie ouverte qui laissait entrer la fraîcheur du matin dans la maison.

Hermione regarda sa mère en baissant ses lunettes de soleil.

— Drago ? demanda-t-elle. Est-ce que visiter un supermarché Moldu te tenterai ?

Le blond, qui lisait à l'ombre d'un arbre, dans un hamac, observa sa compagne.

— Pourquoi pas ? Je n'y suis jamais allé...

— Alors dans ce cas, nous venons, maman, répondit la brunette. Laisse-nous cinq minutes pour nous changer.

Madame Granger hocha la tête et les deux jeunes sorciers se hâtèrent de gagner leurs chambres respectives afin d'enfiler des tenues moins légères que celles qu'ils portaient pour traîner à la maison. Ils s'entassèrent ensuite dans la voiture et la mère d'Hermione conduisit en silence jusqu'au supermarché le plus proche où elle avait l'habitude de faire ses achats du quotidien.

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— C'est tellement grand.

— Oui, et encore, celui-ci est plutôt petit comparé à certains qui se trouvent à Londres, voire dans les autres pays, répondit Hermione. Maman, on peut prendre des trucs ?

— Oui, mais allez-y mollo quand même, tu sais que je n'ai pas un budget courses illimité.

— Oui, bien sûr, juste quelques curiosités pour Drago, c'est tout.

Celui-ci esquissa un sourire tout en étant un peu confus ; il n'avait aucun sens de la valeur de l'argent, il n'était jamais allé faire des courses pour manger et ne comprenait donc pas bien pourquoi la mère de sa copine se restreignait. Il sortit de ses pensées quand Hermione lui prit la main avant qu'ils se s'éloignent pour s'aventurer dans les interminables rayonnages. Ils trouvèrent rapidement celui des bonbons, biscuits et autres friandises et le Serpentard eut bien du mal à en trouver à son goût, habitué aux friandises de son monde.

— Celles-ci, elles sont bonnes, indiqua Hermione en montrant des bonbons au caramel enrobés de chocolat. Oh tiens, ils en font au chocolat blanc, maintenant ? Je vais goûter !

Malefoy plissa un peu le nez et décida finalement de se rabattre sur les biscuits, des valeurs sûres, même s'il ne connaissait pas la marque.

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Madame Granger quitta le supermarché deux bonnes heures plus tard avec de quoi tenir un siège dans son chariot, comme chaque mois. Elle fit une halte à la boucherie et une à la boulangerie d'où les deux adolescents la virent revenir avec un croissant pour chacun.

— Oh, maman, tu nous gâtes !

— Merci, Madame Granger.

— C'est normal, je n'avais plus fait cela depuis qu'Hermione est partie à Poudlard, alors pour une fois ! On rentre ? demanda-t-elle ensuite.

— Hm, oui, pourquoi ? demanda Hermione en mâchonnant son croissant. Tu voulais encore aller quelque part ?

— Non, mais toi, peut-être ?

— Hm, non, je ne crois pas, Drago ?

— Je ne connais pas grand-chose du Londres Moldu, alors...

— Bon, très bien, alors rentrons, sourit Madame Granger.

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Le reste de la journée se passa tranquillement et quand le soleil descendit enfin sur le pays, autorisant les gens à rouvrir volets et baies pour aérer, le jeune couple s'installa dans le jardin pour un moment de tranquillité pendant que les parents d'Hermione regardaient la télévision dans le salon.

— Dans six jours, c'est la rentrée, tu te rends compte ? demanda soudain la jeune femme.

— M'en parle pas... C'est l'avant-dernière ligne droite, si on se plante ici, c'est fini. Il nous restera la septième année pour essayer de rattraper les choses, mais les dés seront jetés, je pense.

— J'ai déjà reçu des lettres d'admission, tu sais ? répondit la brunette.

Malefoy haussa un sourcil.

— Sans avoir envoyé de candidature ?

Hermione grimaça, quitta son fauteuil un instant puis revint avec des enveloppes dans la main.

— Université Magique de Londres, Université Tira Kabila, en Ecosse, l'Institut Magique Corolaggio, en Italie, et enfin, l'École Supérieur des Arts Magiques de Liège, en Allemagne.

Malefoy prit les lettres une par une pour les lire et ses sourcils se haussaient plus haut encore à chaque lecture.

— Par Merlin, ce sont toutes des écoles, pas prestigieuses, mais très bien placées ! Tu vas répondre ?

— Honnêtement, je ne sais pas, j'avais prévu d'aller à l'Université Magique de Londres, comme tout le monde, et puis comme tu y vas, nous ne serions pas séparés, mais je me tâte, maintenant...

— Tu as encore deux ans pour te décider, répondit Malefoy. Et tu sais, je comprendrais si tu veux aller ailleurs. Je pourrais sans doute me faire inscrire là-bas aussi, nous avons des notes quasi similaires, mais encore faut-il qu'il y ait de la place.

— C'est ça...

Hermione plissa le nez.

— Si nous n'étions pas ensemble, laquelle te tenterai le plus ? demanda alors le blond.

— Laquelle ? Honnêtement, l'École Supérieure en Allemagne.

— Pour quelle raison ?

— Déjà, c'est un pays où beaucoup parlent anglais, donc je ne serais pas forcée d'apprendre l'allemande tout de suite, ensuite, c'est toujours ça de pris, une langue supplémentaire, sachant que je parle anglais, français, gallois et un peu d'espagnol.

Malefoy opina et observa le blason de ladite école avant de rendre les lettres à sa compagne.

— Quoi qu'il en soit, on doit d'abord dégomme la septième année et avois tous nos ASPICs et ensuite seulement on prendre le temps de choisir une université. Et puis, si on doit être séparés, alors qu'il en soit ainsi, nous sommes des sorciers, nous pourrons Transplaner ou utiliser un Portoloin pour nous voir quand nous en aurons envie.

Hermione sourit et entendit alors son père quitter le salon en souhaitant bonne nuit à tout le monde. Elle jeta un coup d'œil sur la pendule de la cuisine et proposa à Drago qu'ils en fassent autant, ou tout du moins qu'ils montent finir la soirée dans la chambre de la jeune femme.

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Après des vacances d'été plus que paisibles, quoique qu'émaillées par les problèmes familiaux de Drago Malefoy, désormais tenu d'être appelé Drago Black, comme le stipulait ses niveaux papiers d'identité, la première semaine après la rentrée à Poudlard fut un peu plus mouvementée, car il fallait retrouver un rythme correct, se coucher et se lever tôt, réapprendre à se concentrer, pour certains, tandis que pour d'autres, retrouver les amis perdus de vue pendant deux mois semblait bien plus important que tout le reste...

Alors qu'elle se trouvait à Gryffondor, contente de retrouver cette seconde maison si confortable et apaisante, Hermione eut la surprise de voir apparaître une lettre dans la cheminée, recrachée sur le tapis. Ce fut Neville Londubat qui la récupéra pour elle, assis sur ledit tapis, en train de lire au chaud.

— C'est de Dumbledore, dit alors la jeune femme, étonnée, quand il la lui tendit.

— Il te veut quoi ?

La jeune femme brisa le cachet de cire et déplia le rouleau, fronçant les sourcils.

— Oh bah ça alors... J'ai été choisie pour être Préfète-en-Chef !

— Sérieux ? s'exclama Harry. Montre !

Il lui arracha presque la feuille des mains et la lut à mi-voix en marmonnant.

— Bah ouais, c'est bien ça, ils t'ont choisie pour ton exemplarité ces dernières années, et tu feras équipe avec une fille de Serdaigle. Ça veut dire que tu vas avoir une chambre rien que pour toi, tu te rends compte ?

Hermione referma la bouche et secoua la tête.

— Non, je ne me rends pas compte pour le moment... avoua-t-elle. Qu'est-ce que je dois faire ?

— À mon avis, tu n'as rien à faire.

Le groupe se retourna vers Parvati Patil qui s'approcha.

— Ta malle et toutes tes affaires viennent de disparaître de notre dortoir, je venais te demander si c'était normal ; je viens de comprendre. Félicitations.

— Merci, sourit la brunette. Je dois y aller, vous pensez ?

Une flamme jaillit soudain de la cheminée en faisant sursauter Neville.

— On dirait que oui, répondit-il en montrant le papier roussi qui venait de voleter jusque sur ses genoux. C'est marqué « Retrouvez-nous au troisième étage, suivez le feufolet. »

— Un feuf-... Oh !

Une boule rouge apparut soudain au milieu du groupe et Hermione rentra le menton. La petite créature s'approcha presque jusqu'à lui toucher le nez puis recula et s'agita.

— Je dois te suivre, il paraît ? demanda la jeune femme.

Le feufolet s'agita de nouveau et Hermione regarda ses amis.

— Bon, on se voit au dîner, alors, répondit-elle.

— Félicitations, dit alors Ron.

— Merci.

D'autres complimentes montèrent ici et là quand elle quitta la Salle Commune de Gryffondor et, une fois dans les escaliers mobiles, elle souffla puis emboîta le pas à la petite créature magique...

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— C'est presque trop grand.

Hermione observait l'appartement qu'elle allait partager avec Sue Li, une Serdaigle de sixième année, comme elle. Elle ne l'avait encore jamais rencontrée, croisée de temps en temps dans les couloirs, mais elles ne s'étaient jamais adressées la parole, une chose désormais résolue puisque la jeune femme d'origine chinoise était présentement en train d'installer ses affaires dans sa chambre.

— Vous avez carte blanche, pas de couvre-feu, et autorisation de retirer des points aux maisons, indiqua McGonagall. Je compte bien évidemment sur votre discernement pour faire cela avec bienveillance. Toutes les infractions ne justifient pas un retrait de points, et si vous avez un doute, n'hésitez pas à contacter un professeur.

— Bien entendu, répondit Hermione. Si vous nous avez choisies, c'est que vous avez confiance en nos capacités, quelles qu'elles soient.

— Exactement. Une dernière chose, vous êtes bien entendu tenues d'assister aux repas avec vos camarades, ainsi que tous vos cours, en plus des rondes avec les professeurs, au moins deux soirs par semaine, ensemble ou non. Vous pouvez vous arranger entre vous comme vous l'entendez.

Sue Li sortit de sa chambre.

— Nous pouvons alterner ? demanda-t-elle en regardant Hermione.

— Bien entendu, sachant que le samedi et le dimanche, vous êtes exemptées de ronde avec nous. Faites-moi parvenir un planning type pour une semaine, afin que je puisse vous intégrer avec un professeur.

— Ça sera fait.

McGonagall opina puis quitta l'appartement et Hermione grimaça.

— Je pensais que Dumbledore serait présent, dit-elle.

— Moi aussi... Il paraît qu'il passerait beaucoup de temps en dehors de l'école ces derniers temps, répondit la Serdaigle.

— Ah ouais ? Tu sais ça comment ?

— Mon père, il est Auror, et il dit qu'il reçoit beaucoup de signalements de sorciers disant qu'ils ont vu le Directeur de Poudlard ici ou là...

— Tu penses qu'il y aurait un truc qui se trame avec Tu-Sais-Qui ?

Sue Li haussa les épaules.

— Mon père ne nous dit rien et c'est tant mieux, on vit assez dans la crainte comme ça en ce moment, ce n'est pas la peine d'en rajouter.

Hermione opina puis annonça qu'elle allait ranger ses affaires ; Sue Li lui indiqua qu'elle retourna à la Salle Commune de Serdaigle et qu'elles se retrouveraient dans la soirée pour mettre le planning au point.

Je vais continuer à l'appeler « Malefoy » dans la suite de l'histoire, ce sera plus simple pour tout le monde.