Chapitre 14 : Interview et questionnement

Le dimanche matin, Théodore fut réveillé par une pression sur son épaule droite. Entrouvrant les yeux en grognant légèrement, il vit son ami qui était penché au-dessus de lui.

-Si tu veux mon témoignage, c'est maintenant…

Théodore grogna une nouvelle fois en guise de réponse et attrapa sa montre qui se trouvait sur sa table de chevet. 7h30. Qui se levait à une heure pareille un dimanche matin ?

-Laisse-moi cinq minutes…geignit-il en guise de réponse.

L'adolescent se coucha sur le dos et entreprit de s'étirer longuement. Depuis sa blessure récente aux vertèbres, il avait pris cette habitude au risque que son dos le fasse souffrir dans la journée.

Ce n'est qu'aux alentours de 8h10 que Théodore rejoignit Blaise qui était assis à sa table habituelle dans la salle commune. Ses yeux bleus balayèrent l'ensemble de la salle. Il n'y avait pratiquement personne, puis son regard s'attarda un instant près de la cheminée où Harmony dormait encore paisiblement, roulée en boule sous ses couvertures.

-On s'y met ? Je te promets que tu auras tout le temps de l'admirer plus tard…Le taquina Blaise qui avait surpris son regard dévier vers la jeune femme endormie.

Théodore se laissa tomber sur une chaise et attrapa la première plume et le premier parchemin qui lui tombaient sous la main pour prendre quelques notes.

-Franchement ça ne pouvait pas attendre dans la matinée ? marmonna-t-il en réprimant un bâillement.

-J'ai des choses à faire aujourd'hui et je suis certain que toi aussi. Qu'est-ce que tu veux savoir alors ?

-Il y a quelques années, tu m'as parlé du fantôme de l'un de tes beaux-pères qui hantait la maison n'est-ce pas ?

-Exacte ! C'était le troisième il me semble et je devais avoir neuf ans environ. Il est mort mystérieusement empoisonné et le corps est resté un long moment dans la chambre qui se trouve tout au fond du couloir pas très loin de la mienne…

Théodore réprima un haut le cœur. Il y avait quand même d'autre sujet de conversation plus approprié qu'un meurtre à cette heure-ci mais c'était pour la bonne cause après tout. Il voulait absolument avancer dans ce projet d'exposé avant d'être envahi par ses révisions pour les ASPIC.

Alors que Blaise allait continuer son récit. Un froissement de drap attira l'attention des deux garçons. Harmony venait de se réveiller et s'approchait doucement d'eux. Elle se laissa tomber sur la chaise qui se trouvait à côté de Théodore et marmonna doucement en se frottant les yeux.

-Je ne sais pas de quoi vous parlez mais ça à l'air sordide…

-Et encore, je n'ai pas raconté l'état dans lequel il se trouvait quand ma mère à découvert son corps. Enfin, ce n'était pas vraiment une découverte…

Le regard de Théodore alla de Blaise à Harmony. La jeune femme ne semblait pas vraiment surprise de ce que racontait le jeune homme qui venait presque d'avouer explicitement que sa mère était à l'origine du meurtre de cet homme.

Harmony sembla lire son incompréhension et précisa tranquillement :

-Je suis au courant de l'enfance un peu étrange de Blaise…

-ça ne m'étonne même pas, il a la langue tellement bien pendue que je suis certain qu'il doit te parler des heures le matin dans la salle commune avant que je ne me lève…répondit Théodore en taquinant légèrement son ami.

-Ma langue bien pendue aimerait reprendre son histoire !

Cependant, distrait, Théodore avait du mal à se concentrer, trop occupé à détailler discrètement Harmony. Ses longs cheveux châtains qui lui tombaient au creux des reins étaient emmêlés, son teint était pâle et ses yeux encore lourds de sommeil. Elle portait un pyjama de laine rose pâle, qui ne mettait strictement aucune partie de son corps en valeur et qui laissait place à l'imagination…

Après avoir eu cette dernière pensée qui ne lui ressemblait vraiment pas, Théodore se ressaisit en se tortillant nerveusement sur sa chaise et s'excusa auprès de son ami :

-Je suis désolé, continue s'il te plait…

-Le corps est donc resté quelque jour dans cette chambre et peu après l'enterrement, peut-être un jour ou deux, j'ai commencé à apercevoir une ombre dans le fond du couloir. Plus les nuits passaient et plus j'avais l'impression que cette ombre se rapprochait de ma chambre.

-Comment tu as réagi la première fois que tu l'as vu ?

-Je n'y ai pas vraiment fait attention la première fois et je suis retourné me coucher. Mais quand j'ai remarqué cette ombre plusieurs fois de suite, ça m'a un peu alerté et j'en ai parlé à ma mère…

-Tu n'étais pas effrayé ? Est-ce que tu avais déjà entendu parler de ce genre de manifestation avant de vivre celle-ci ?

-Non je ne peux pas dire que j'étais véritablement effrayé mais juste un peu méfiant. Je ne m'entendais pas spécialement avec cet homme. J'avais déjà entendu parler de fantômes et de tous ce qui va avec, mais ça ne m'a jamais apeuré. Harmony, corrige-moi, si je me trompe mais j'ai l'impression que chez nous ce genre de chose est presque normalisée, ce qui n'est pas le cas chez les moldus…

-Oui, exactement. Être témoin de phénomènes paranormaux, c'est quelque chose d'extraordinaire chez les moldus parce que la plupart sont assez terre à terre et ne parvienne pas à comprendre comment une personne supposée morte peut se manifester de quelque manière qu'il soit…

-Pourtant, d'après ce que j'ai compris dans le livre que le Professeur Carter m'a conseillé, certain moldus ont des capacités de médium ? questionna Théodore, en prenant des notes.

-Oui, d'ailleurs les moldus qui soupçonnent des entités d'errer chez eux, font appel à ce genre de personne.

-Très bien. Et ta mère comment a-t-elle réagit lorsque tu lui en as parlé ?

-Ça n'a pas eu l'air de la perturbée plus que ça et elle m'a immédiatement crut car elle aussi l'avait aperçu.

-Et comment vous vous en êtes débarrassés ? Demanda Harmony qui même si ce genre d'histoire la terrifiait était très intéressée par le sujet.

-Me souvenirs ne sont plus très précis mais il me semble qu'avec un peu d'encens, de la sauge et quelques incantations, l'ombre avait disparu au bout de quelques jours…

Théodore fini de noter les dernières explications de son ami et le remercia. Il était déjà presque 9h30 et les trois Serpentard décidèrent ensuite de se rendre dans la Grande Salle pour prendre leur petit déjeuner.

L'après-midi, Théodore décida d'emmener la jeune femme à la recherche d'une salle de classe vide pour l'entraîner un peu. Ils n'eurent pas beaucoup de mal à en trouver une au deuxième étage.

S'installant à une table, l'adolescent sorti de son sac, le manuel de Sortilège à l'usage des premières années et l'ouvrit à la page qu'il avait repéré.

-Aujourd'hui on va voir un sort un peu plus complexe que les précédents mais qui je pense est tout à fait à ta portée. Il s'agit du sortilège de lévitation pour faire léviter des objets.

Le jeune homme se leva, sa baguette à la main et fit une démonstration à la jeune femme sur le livre qui s'éleva à sa hauteur.

Harmony l'applaudit d'un air admiratif et vint se placer près de la table.

-Il faut que ton mouvement de poignet soit souple et que tu prononces l'incantation distinctement sans oublier de visualiser la finalité du sort…Lui rappela Théodore.

La jeune femme fit un premier essai mais en vain. Elle en fit un deuxième, un troisième puis un quatrième sans résultat. Désespérée, elle finit par se tourner vers son accompagnateur.

-En t'observant je pense savoir où est le problème. Tu prononces correctement l'incantation mais ton mouvement n'est pas assez précis.

Il lui fit voir et refaire plusieurs fois le mouvement complexe du poignet mais Harmony n'y parvenait pas parfaitement, ce qui commença à agacer la jeune femme.

Théodore ne voyait pas d'autre solution que de faire le mouvement avec elle, pour lui montrer la précision exacte du geste du poignet.

-Tu permets qu'on le fasse ensemble ? Je pense que ça devrait t'aider…

Harmony hocha positivement la tête et le jeune homme vint se placer derrière elle, puis vint enrouler ses doigts autour de la baguette de la jeune femme en plaçant sa main gauche sur la sienne. Le contact de ses doigts au-dessous des siens étaient agréable et il se sentait déjà rougir furieusement.

Il fit effectuer le mouvement à la jeune femme deux ou trois fois puis ils essayèrent toujours ensemble sur le livre. Harmony prononçait seule la formule, tandis que Théodore l'aidait avec le mouvement. Le jeune homme craignait de ne pas y parvenir car la jeune femme tenait sa baguette de sa main gauche et il avait dû s'adapter à elle et faire de même alors que d'habitude il tenait la sienne de la main droite…

Pour raffermir sa prise sur les doigts et la baguette de la jeune femme, Théodore dû légèrement rapprocher son bassin qui arrivait au creux des reins de la jeune femme et il regretta aussitôt son mouvement, quand Harmony se repositionna frottant involontairement ses reins contre son entrejambe. Un fourmillement parcourut l'entrejambe du jeune homme, signe qu'il allait très bientôt se retrouver trop à l'étroit dans son pantalon. Heureusement pour lui, Harmony réussi le sortilège du premier coup et Théodore se détacha aussitôt d'elle.

La tête lui tournait et il dû s'asseoir sur la chaise la plus proche.

-Tout va bien ? Le questionna Harmony inquiète.

-Oui, c'est simplement que quelquefois il m'arrive de faire de légers malaises, rien de grave…mentit-il.

-On peut s'arrêter là je pense…

Le Serpentard hocha la tête et respira profondément, tandis qu'Harmony rangeait le manuel dans son sac. Tandis qu'ils marchaient dans les couloirs pour retourner à la salle commune, Théodore tentait de se maîtriser et de rester naturel, ce qui n'était pas chose aisé car à présent son sexe était parfaitement réveillé…

De retour dans la salle commune, il chuchota rapidement à l'oreille d'Harmony :

-Je reviens, je vais chercher de quoi grignoter, j'ai peur de manquer d'un peu de sucre…

Il monta quatre à quatre les escaliers qui menaient au dortoir et se dirigea rapidement en direction des toilettes. Il libéra son membre et entreprit de se soulager en gémissant doucement pour être certain de ne pas être entendu. Il n'avait pas pensé à insonoriser la pièce, trop pressé…

Lorsqu'il eut terminé, Théodore resta un petit moment dans les toilettes pour retrouver une respiration normale. Il avait fini par s'habituer à se soulager presque tous les matins lorsqu'il se réveillait mais c'était la toute première fois que cela lui arrivait à cause d'un contact physique un peu poussé… Le jeune homme devait se rendre à l'évidence. Harmony Marshall lui faisait de l'effet et il était inévitablement en train de tomber amoureux d'elle.

Harmony attendait patiemment dans le canapé que Théodore redescende. Cela faisait presque une demi-heure maintenant. Enfin, elle le vit redescendre deux petits paquets dans chacune de mains. La jeune femme le regarda s'avancer jusqu'à elle et remarqua qu'il avait les yeux un peu plus brillants que d'habitude et que son teint avait pris une légère teinte rosée qu'il n'avait pas. Ce devait être bon signe, signe qu'il n'allait pas tomber dans les pommes à cause d'un manque de sucre…

Le jeune homme s'assit près d'elle et lui tendit l'un des paquets en lui expliquant :

-Ce sont des chocogrenouilles…Elles viennent de chez Honeydukes.

Harmony le regarda secouer le petit paquet avant de l'ouvrit et le questionna avec curiosité :

-Pourquoi tu la secoues comme ça ?

-C'est pour annuler le sort qui les fait sauter de la boite…Lui expliqua Théodore en mordant avidement dans la tête de sa grenouille.

Harmony le regarda l'air attendrie. Il semblait adorer le chocolat. A son tour elle secoua sa boite puis en sortit une grenouille en chocolat et une petite carte.

-Il y a des cartes d'un ou d'une sorcière célèbre dans chaque boite…Certain en font même des collections…Je te donne la mienne si tu veux, j'en ai déjà quatre exemplaires lui dit Théodore en lui tendant la carte de Rowena Serdaigle.

-Merci, c'est gentil…répondit Harmony en lui adressant un sourire timide.

Le lundi matin, la semaine qui débutait était la dernière avant les vacances de Noel. Théodore se trouvait installé au premier rang du cours d'Histoire de la Magie, Harmony à ses côtés quand le Professeur Slughorn interrompit le cours du Professeur Binns en lui demandant :

-Je peux vous emprunter Monsieur Nott quelque instant ?

Le Professeur Binns hocha la tête, tandis que Théodore échangea un regard surpris avec sa voisine.

-Ne t'en fais pas, je vais faire mon possible pour noter ce que tu vas manquer…Lui murmura-t-elle tandis qu'il rangeait rapidement ses affaires.

Théodore sorti de la salle de classe sous les regards interrogateurs de ses camarades et suivit le Professeur Slughorn jusqu'au cachot où se trouvait son bureau. Celui-ci était étrangement silencieux et Théodore avait un très mauvais pressentiment…