Chapitre 27 - La fête de Théo

Notes de l'auteur : Ca ne serait pas une vraie comédie romantique sans Baiser Accidentel !

Bien. Nous en sommes finalement arrivés à la fête de Théo. J'ai attendu de partager ce chapitre pendant longtemps, alors s'il vous plaît, savourez-le (et pardonnez-moi pour les moments de la Belle et la Bête, je suis faible).

Merci comme toujours à ma beta femme-écrivain


Donc. La répression. Elle n'allait, objectivement, pas très bien.

Comme Drago préférait blâmer quelqu'un d'autre que lui-même pour ses problèmes, il rejeta directement la faute sur Granger, qui n'avait pas à lui sourire. Franchement, comment osait-elle. Comportement désagréable. Irréfléchi. Impoli, vraiment.

Granger vivait dans l'heureuse ignorance de sa culpabilité. Au fil des jours, elle s'était habituée à la vie au Manoir avec une facilité surprenante - peut-être parce qu'elle y était rarement. Elle arrivait à temps pour prendre un dîner tardif, la plupart des soirs, et se réveillait de nouveau tôt le lendemain, traînant derrière elle un Drago aux yeux endormis alors qu'elle s'en allait gaiement sauver le monde.

Potter et Weasley rendaient souvent visite à Granger. Tous les trois partageaient de longues conversations jusqu'à tard dans la nuit, s'entassant les uns sur les autres dans tel ou tel salon. Drago ne les rejoignait que lorsqu'il était spécifiquement invité par Granger - il passait assez de temps avec ces deux idiots au bureau et n'appréciait pas de passer davantage de temps en leur compagnie. Il les trouvait également un peu trop attentifs - Potter en particulier. Non pas qu'il eût quelque chose à cacher chez lui.

Même sous la torture, Drago n'admettrait jamais à quel point il appréciait la compagnie - certes sporadique - de Granger au Manoir. La façon dont sa présence remplissait les grandes pièces de chaleur. Le plaisir de sa répartie à l'heure du dîner. Traverser un couloir et savoir qu'elle venait de passer par là, car l'odeur de son savon flottait dans l'air.

Même son chat était un ajout intéressant à la maison. Un fois, tard dans la nuit, un "Mraa ?" au pied du lit de Drago l'avait informé que la créature était entrée dans sa chambre et appelait plaintivement. Puis le chat l'avait regardé avec une sorte d'air penaud et Drago avait réalisé qu'il était perdu. Il l'avait ramené jusqu'à la suite de Granger, avait frappé et lui avait dit : "Je crois que c'est à toi", alors que le chat bondissait en territoire familier. Granger faisait du yoga et portait ces vêtements, elle était en sueur et essoufflée, et elle sentait le sel et la fumée de bougie. Elle s'était exclamé : "Oh ! Pat, mon chéri, tu ne dois pas partir trop loin," et un filet de sueur coulait entre ses seins, que Drago ne regardait pas.

En somme, il n'y avait aucun problème avec le chat.

Drago ne se l'était jamais explicitement admis, mais derrière la répression, dans une partie secrète, stupide et débile de son âme, il souhaitait qu'ils puissent partager des moments plus calmes ensemble, sans être interrompus par des cris de douleur aux urgences ou des étudiants arrogants à son laboratoire. Mais peut-être que c'était mieux ainsi - peut-être que toute autre chose serait de trop.

Il s'était souvent demandé ce qui poussait tant de ses amis au mariage et à l'étroitesse du bonheur domestique. Mais parfois, quand Granger rentrait à la maison, lui souriait avec un "Salut!" et s'asseyait à côté de lui à table, parfois, pendant un bref instant, il comprenait. Ces moments étaient un aperçu de quelque chose qu'il ne savait pas pouvoir envier, mais ils étaient éphémères, ce sentiment disparaissait quand elle allait se coucher, et lui laissait un sentiment de perte de quelque chose qu'il n'avait jamais eu en premier lieu.

Il y eut l'un de ces moments un jour pluvieux d'octobre. C'était un dimanche et, miracle des miracles, Granger et lui étaient à la maison. Au moment où Drago arriva dans la salle à manger, Granger était en train de prendre son petit-déjeuner, même si elle l'informa que c'était un brunch en lui faisant signe de s'asseoir.

Drago demanda du porridge (non fermenté) aux cuisines. Granger était assise les jambes croisées sur sa chaise, une main occupée avec sa fourchette, l'autre avec son ordinateur pliable, entouré de palets argentés.

Drago venait juste de s'installer pour profiter du calme et de sa compagnie quand le moment fut interrompu par la chouette de Théo, qui laissa tomber deux enveloppes identiques sur la table - l'une sur les genoux de Granger et l'autre directement dans le porridge de Drago.

Granger ouvrit la sienne pour découvrir une invitation de Théo. Elle la montra à Drago, qui vit que Théo y avait mis un grand soin : l'écriture était magnifique, le parchemin était de la plus haute qualité, l'encre brillait luxueusement.

Chère Guérisseuse/Professeur/Docteur Granger,

J'ai cru comprendre que tu devais être remerciée/blâmée (?) pour le fait que notre cher Drago soit toujours présent sur cette terre. Quelques amis de Drago et moi-même serions ravis d'avoir l'occasion de célébrer en personne ton tour de force médical. (Je sais que cela peut surprendre, mais il a des amis. Cela dit, ce sera forcément une soirée intime, puisqu'il n'en a que six.)

Si tu acceptes de te joindre à nous, nous te serions gré du plaisir de ta compagnie à la Maison Nott, ce samedi, à dix-neuf heures.

Dans le coin inférieur de l'invitation se trouvait une note : Dress code - Cravate noire.

L'enveloppe détrempée de Drago renfermait une note qui montrait un contraste assez saisissant, griffonnée de la main illisible habituelle de Théo et écrite au stylo-bille.

Cher branleur,

J'ai perdu mon Carnet, donc une missive comme avant. Apéritif chez moi, ce samedi 19 heures. J'ai invité Granger.

Viens ou je te tue.

Bisous,

Théo

P.S. Liste des invités ci-jointe, pour ton information

Une serviette froissée avait été glissée dans l'enveloppe, avec les informations suivantes :

Granger

Pansy + Londu

Blaise

Davies + femme

Luella (absente, à l'étranger)

Flint

Drago je suppose

Drago passa la lettre et la serviette à Granger, qui lut la missive illisible de Théo avec les sourcils haussés. "Mon dieu. Il faudrait presque envoyer ça à Bletchley Park pour le faire déchiffrer. Est-ce que ta correspondance avec tes amis contient habituellement des menaces de mort ?"

"Oui, et nous essayons de nous assassiner une ou deux fois par an ; c'est une sorte de tradition."

Granger hocha la tête comme si cela n'était absolument pas une surprise et se détourna pour examiner la liste des invités. "Y-a t'il des suspects dans cette liste ?"

"Seulement le dernier."

"Mmh. Je sais tout de lui. Et à propos des loups garous secrets, y en a t'il ?"

"J'espère vraiment que non. J'irais en premier et je jetterais un coup d'œil dans leur tête, si tu décides d'y aller."

"Tu me laisserais y aller ?" demanda Granger.

"Je ne suis pas geôlier," dit Drago. "La Maison Nott est aussi bien protégée que le Manoir. Et je serais avec toi tout le long."

Et aussi, Théo lui avait promis de la danse et des étreintes.

Et voilà : un exemple classique de la raison pour laquelle les choses entre les Aurors et les Cibles étaient interdites. Toute son analyse de sécurité était basée sur des putain de potentielles étreintes.

Drago ouvrit la bouche pour dire que, tout bien réfléchi, Granger ne devrait probablement pas y aller, mais Granger se tapotait maintenant les lèvres. "Cravate noire. Je vais réfléchir à une robe."

Drago ferma la bouche.

ooo

Drago et Granger s'arrangèrent pour se rendre séparément à la Maison Nott, pour continuer à prétendre qu'ils habitaient chacun dans leur propre maison. Drago devait arriver d'abord pour inspecter les lieux et confirmer qu'il n'y avait pas de vilains loups-garous dans les locaux. Cela se révéla être une bonne idée, car Henriette ayant eu vent de la fête s'était cloîtrée avec Granger tout l'après-midi et le début de soirée.

Quand Drago fut prêt à partir, ni la sorcière ni l'elfe n'étaient encore sorties de la suite des invités. Il n'y eut que Tupey pour voir Drago dans sa tenue cravate-noire resplendissante.

Drago utilisa la Cheminette pour se rendre à la Maison Nott à dix-neuf heures trente. Tandis qu'il se débarrassait de la suie sur ses vêtements, Théo apparut pour saluer son estimé invité. "Merci d'être venu, Drago. Je sais que ce n'est pas quelque chose que tu fais souvent."

Drago et Théo entrèrent dans le salon, où le petit groupe d'invités était déjà en pleine conversation. Drago utilisa discrètement un soupçon de Légilimancie en les saluant. Personne n'avait de mauvaises intentions, à l'exception de Londubat et Pansy, qui avaient l'intention de trouver une salle de bain isolée pour un coup rapide.

"Mon dieu," marmonna Drago, au lieu de "Salut."

"Pardon ?" dit Londubat.

Pansy haussa un sourcil.

"Rien. Comment ça va ?"

Après un bref échange de banalités, Drago se dirigea vers Davies et sa femme, Audrielle. Davies réfléchissait à l'endroit où cacher son nouveau balai pour que sa femme ne le découvre pas ; sa femme pensait au bébé qu'ils avaient laissé vingt minutes auparavant et qui lui manquait déjà, se demandant à quelle heure ils pourraient s'enfuir chez eux sans paraître impolis.

Zabini, en excellente forme physique, avait en tête une brune intelligente. Cependant, avant que Drago ne puisse éventrer l'homme sur place, il remarqua la partenaire de Zabini : Padma Patil, radieuse dans une robe turquoise.

Zabini fit à Drago un de ses sourires insupportablement suffisants.

Les pensées superficielles de Patil concernaient Zabini - principalement qu'il était un peu un connard, mais qu'elle le supporterait parce qu'il était aussi drôle et bon au lit.

"Tu es trop bonne pour Zabini," dit Drago à Patil.

"Oh - Je sais," dit Patil avec un large sourire.

Zabini rit.

Flint était au bar. Ses pensées étaient fixées sur une façon d'amadouer les elfes de maison pour qu'ils apportent les meilleures bouteilles de Théo.

Cela acheva son analyse des invités. Il fut satisfait que Granger puisse se joindre à eux sans danger, et lui envoya un message pour l'en informer.

La réponse de Granger arriva un moment plus tard : Je suis là dans dix minutes. Henriette est un véritable tyran.

Drago commença à frémir d'impatience, mi nerveux (pourquoi ?!), mi amusé.

Flint attira Drago d'un geste de la main. "Qu'est-ce que tu bois ?"

"Un Gin Tonic, et fait le corsé."

L'elfe de maison derrière le bar piailla, "Oui, Monsieur !"

"Donne lui le meilleur de ce qu'à Théo," dit Flint, tapant Drago sur l'épaule. "On fête la survie de Drago ce soir."

Théo marcha à grand pas vers eux et essaya de chasser Flint d'un coup de coude, avec un succès limité. "Pipsy, ne laisse pas cet homme te réprimander, te persuader ou te pousser d'une façon ou d'une autre à ouvrir le coffre-fort."

"Bien sûr que non, Monsieur," dit l'elfe, avec un regard méfiant vers Flint.

"Il a pris des libertés abominables avec ma collection, la dernière fois," dit Théo à Drago. "Horrible garçon."

Flint, nullement intimidé, prit sa boisson et souffla un baiser à Théo avant de rejoindre Davies.

Pipsy l'elfe de maison présenta son Gin Tonic - très corsé - à Drago. Il approuva.

"Une idée de quand on peut s'attendre à ce que ton ange gardien arrive ?" demanda Théo, jetant un regard vers l'alcôve à l'extérieur du salon où dansait le feu dans l'âtre. "Elle a dit qu'elle allait venir."

"Je n'en ai aucune idée," dit Drago en haussant les épaules.

Ils rejoignirent les autres sur les canapés. Drago se mêla aux conversations, mais son attention dérivait sans cesse vers la cheminée.

Il était nerveux. Pourquoi était-il nerveux ?

Finalement, les flammes devinrent vertes et la forme de Granger se matérialisa dedans avant d'être déposée sur la pierre de l'âtre.

"Ah !" dit Théo, qui avait apparemment surveillé le feu avec autant d'attention. "Notre invitée d'honneur !"

Il se leva d'un bond pour faire entrer Granger dans le salon. Elle fut assiégée par Londubat (câlins), Padma (plus de câlins), Pansy (baiser sur la joue) et Zabini (poignée de main ferme).

Drago, étant du genre calme et maître de lui, dont le rythme cardiaque ne s'était certainement pas accéléré, leva simplement son verre vers elle depuis le canapé. Elle lui fit un petit sourire.

Drago tourna son regard vers Flint sans rien entendre de ce que l'homme disait, parce que oh non, Granger portait une robe noire, qui était très décolletée dans le dos, et dont la fente remontait jusqu'à sa cuisse, et ses cheveux étaient balayés sur le côté, montrant la partie de son cou la plus délicieuse, et Flint venait de lui poser une question et il n'avait aucune idée de ce qu'il se passait.

Elle avait une rose dans les cheveux.

"Quoi ?" dit Drago. "Désolé - je ne t'ai pas entendu à cause du bruit de - des glaçons. Dans mon verre."

"Foutaises," dit Flint. Il inclina la tête vers Granger. "Tu es distrait."

Drago lui fit un doigt d'honneur et but une gorgée de sa boisson.

"Ne sois pas grossier avec moi," dit Flint. "Ce n'est pas moi qui me suis transformé en idiot larmoyant au milieu d'une conversation."

"Moi ? Larmoyant ? N'importe quoi. Je suis juste - préoccupé."

"Secoue toi un peu et va la saluer correctement alors, Mr Préoccupé."

"Casse-toi." Drago se leva et marcha à grand pas vers le bar. "J'ai besoin de refaire le plein."

Après les salutations et quelques bavardages, Granger, Londubat et Patil formèrent un petit groupe et commencèrent à parler de… plantes. Passionnant. Pansy se percha sur le bras du fauteuil de Londubat et regarda autour d'elle avec une sorte d'ennui affectueux, entortillant un doigt dans les cheveux de son mari.

Drago voulait que quelqu'un lui entortille les cheveux, mais les mains en question étaient occupées à mimer une description pleine d'entrain d'une sorte de champignon.

Il écouta d'une oreille pendant que Davies demandait à son auditoire actuel s'ils avaient vu les Cannons se faire battre par Puddlemere jeudi ?

"Ne parlez pas de Quidditch," dit Pansy depuis l'autre côté de la pièce. "Ça me gonfle."

Granger eut l'air amusé.

"Occupe toi de doigter ton mari, rétorqua Flint avec un geste brusque. "On chuchotera."

Toujours au sommet de la classe, ce Flint.

Pansy sourit et entama un massage plus vigoureux de la tête de Londubat, qui, de son côté, était devenu plutôt rouge.

Pipsy, l'elfe de maison, servit des hors-d'œuvre et remplit les verres de tout le monde. Flint et Zabini se livrèrent à un bras de fer pour quelque chose (Flint gagna). Davies partagea quelques scandales ministériels, dont un nouveau sur ce qui s'est réellement passé dans la Love Room du Département des Mystères. Théo flirtait outrageusement avec toutes les personnes non mariées, notamment Granger, Patil, Flint et Zabini. (Il avait depuis longtemps déterminé que Drago était une cause perdue, mais il lui faisait néanmoins des avances occasionnelles.)

Lorsqu'il y eut une accalmie dans la conversation, Théo se leva et tapota son verre.

"Je voudrais porter un toast," dit-il, croisant le regard de Drago avec un sourire coquin.

Il y eut du mouvement alors que tout le monde se levait, lissait ses robes ou attrapait son verre, et venait se rassembler en cercle autour de Théo et Drago. Granger fut poussée en avant par Londubat d'un côté et Patil de l'autre.

Incidemment, les cheveux de Londubat étaient maintenant un désastre, et Drago reconsidéra presque son désir d'entortillements de doigts féminins.

"Comme vous le savez," dit Théo d'un air solennel, "notre Drago est atteint d'une forme chronique de stupidité-"

Il y eut des murmures : "Tragique," "Ça me fend le cœur," et "Pauvre malheureux."

"-Une forme chronique de stupidité pour laquelle il n'y a aucun traitement connu. Sa rechute la plus récente impliquait un peu de combat en tête à tête avec un Nundu, suivi par une balade tranquille droit dans un jet de son venin."

Tout le monde secoua la tête devant ce récit poignant. Drago méditait sur le meurtre de Théo.

"Arriva Hermione Granger," dit Théo, levant son verre vers la sorcière en question, qui affichait un air combinant embarrassement et plaisir. "Sauveuse des idiots et championne des crétins depuis, je crois, l'âge de onze ans (c'est à cet âge que tu as rencontré Potter, non ?). Grâce à sa réflexion rapide, ses connaissances et - heu - des trucs scientifiques moldus plutôt complexes que je ne vais pas tenter de vous expliquer, pas parce que je ne les comprends pas, mais parce que vous autres ne comprendriez pas - Drago est toujours parmi nous, libre de continuer à être courageusement stupide pour le reste de sa vie (aussi courte soit-elle ; pas trop courte, nous l'espérons). Et donc je propose de porter un toast - au triomphe de la médecine moderne, aux anciens ennemis et aux nouveaux amis, à Drago Malefoy pour être en vie, et à Hermione Granger pour avoir sauvé sa vie."

Il y eut un "Santé !" retentissant parmi les rires.

Drago se retrouva bousculé, frappé sur l'épaule, tapé dans les côtes, et un idiot issu des cercles les plus profonds de la crétinerie lui ébouriffa les cheveux. Pendant ce temps, Granger était entouré d'une foule délicate de personnes tapotant doucement leurs verres contre le sien.

"Et quand tu auras trouvé un remède à la stupidité, fais-le nous savoir," dit Pansy.

"Sans faute," dit Granger avec un sourire.

"Dis-nous, que penses-tu de Drago, maintenant que tu le connais un peu ?" demanda Théo. "Était-il un bon patient ?"

"On finit par s'y attacher," dit Granger, avec une sorte d'affection latente, comme si Drago était une sorte de parasite qui avait élu résidence sur sa personne et commençait à lui plaire.

"Montre-nous la cicatrice, mec," dit Flint.

Drago, en héros qu'il était, daigna leur montrer. Il défit son nœud papillon, ouvrit son col et il y eut un gratifiant concert de "Oooh !" à cette vue.

"Le bon Professeur pourrait-elle nous expliquer ce qu'on est en train de regarder ?" demanda Zabini, observant le cou de Drago.

Granger, qui surveillait à moitié par-dessus son épaule, se redressa et prit son air Professoral. Elle se posta à côté de Drago (ses talons mettaient son visage à une distance très intéressante du sien, au passage) et commença. "Bien sûr. Ça évolue en un bel exemple de cicatrice de contracture. Vous voyez ici sur les côtés, le rapprochement des tissus ? C'est une présentation typique : les bords de la plaie se contractent autour de la peau endommagée et attirent les tissus voisins vers l'intérieur. Malefoy a de la chance - celle-ci est petite et n'affectera pas sa mobilité, les plus grandes entraînent ce genre de problèmes-"

Drago perdit le fil après ça, étant présentement en voyage interstellaire à cause des doigts de Granger qui caressaient son cou.

Théo secoua la tête devant Drago. "Tu es un véritable forcené. Tu as de la chance d'être en vie, à te pavaner et boire mon meilleur alcool."

Londubat questionna Granger sur les caractéristiques du venin, Patil sur le traitement, Zabini sur l'endroit où il pourrait obtenir du venin de Nundu, pour des desseins qu'il ne pouvait pas partager.

Le cours de Granger s'acheva et ils se mêlèrent, buvant et mangeant.

Drago ne s'embêta pas à renouer son nœud papillon. Un nœud papillon dénoué, une cicatrice et un col ouvert donnaient une sorte de look insouciant qui devait lui aller à ravir.

Un rassemblement commençait à se former à l'autre bout du salon. Drago s'approcha, scotch en main (Flint avait menacé ou charmé Théo pour qu'il ouvre une bouteille de Laphroaig 25), pour voir à quoi était due l'agitation.

Il y avait un cadre doré ornementé sur le mur. Et dans le cadre ?

L'éclaboussure de vin que Drago avait faite au cours de son festival de pleurnicheries futiles un mois plus tôt.

Théo avait ajouté une petite inscription à côté du cadre :

"La Turbulence de l'Âme"

21e siècle

Technique mixte

Artiste inconnu

Théo le regardait avec tendresse. "Tu aimes ?"

"Il y a une certaine élégance," dit Patil, penchant la tête sur le côté.

"Très moderne," dit Pansy. "C'est pour ça que je ne le comprends pas."

"Qu'est ce que tu en penses, Hermione ?" demanda Théo.

Granger examina l'œuvre. "C'est très - heu - expressionniste."

"Kandinsky, mais saoul ?" proposa Patil.

"Pouvez-vous sentir la passion réprimée ?" Théo s'agrippa à son torse. "La confusion ? La frustration ?"

"Il y a quelque chose qui me plaît, là dedans," dit Granger. "Une sorte de - d'ennui."

"Une sorte d'abnégation, je pense," dit Théo, ses doigts sur son menton. "Et toi, Drago ? Tes impressions sur ma nouvelle acquisition ?"

Drago lança un regard noir à Théo, le connard le plus effronté qui ait jamais connu. "Je n'avais jamais réalisé que tu étais un mécène des arts."

"J'aime encourager le génie quand je le vois. Tant de ces jeunes artistes ne connaissent pas leur propre potentiel."

Théo s'amusa encore quelques minutes à interroger les dames sur leurs interprétations de l'œuvre et leurs avis sur le choix des matériaux par l'artiste (il leur fit comprendre que la peinture avait été assez chère, et vieillie 30 ans avant application).

Un Drago irrité se replia vers la sécurité de Davis, Flint et du Quidditch

"Qu'est ce qui t'arrives ? Tu as l'air de quelqu'un dont on a chié dans les bottes." demanda Flint.

"Aide-moi," dit Drago, lui passant une bouteille.

"Avec plaisir."

Avec l'assistance de Flint et Davies, Drago vida la bouteille chérie de Laphroaig 25 de Théo en guise de revanche.

Quand Théo eut épuisé sa source d'amusement avec les dames, il cria à la cantonade : "On danse ?"

Il y eut des claquements de mains et un cœur de oui. Des baguettes furent levées pour dégager un espace, de la musique commença à s'élever et Zabini enchanta le lustre au-dessus d'eux pour qu'il tourne alors que Théo atténuait les lumières.

La danse ne se déroula pas comme prévu dans la tête de Drago.

Pour commencer, par un coup du destin - ou un accord mutuel secret, il ne savait pas - Granger et lui dansèrent avec tout le monde sauf l'un avec l'autre.

Patil, Audrielle et Pansy firent chacune une danse avec Drago. Pendant ce temps, voir Granger dans les bras de Flint donna envie à Drago de garrotter l'homme avec son propre nœud papillon. La voir entre les griffes de Zabini suscita des projets d'étouffement avec l'un des coussins du canapé. Et Théo - Drago avait presque envie de briser son verre et de le poignarder avec.

Avec Londubat ça allait, cependant.

Il y eut des rotations, des plongeons, il y a eu des soulèvements mal avisés de dames par des hommes à moitié ivres, et une fois d'un homme (Theo) par une femme très ivre (Pansy), il y eut des rires.

Puis Théo, qui semblait bien plus sobre qu'il ne le laissait entendre, attira l'attention sur le fait que Drago n'avait même pas dansé avec sa sauveuse, ce qui était inacceptable. Au grand dam de Drago, Granger et lui furent poussés l'un contre l'autre, et tout le monde se rassembla et dansa avec eux et autour d'eux, et ce n'était pas du tout la vision intime sur laquelle Drago avait abondamment fantasmé.

Granger et lui se tenaient avec raideur. Granger avait l'air ennuyé sous son sourire. Il lui marcha sur le pied et elle marcha sur le sien. Ils grognèrent l'un sur l'autre. Drago dit que ses pieds étaient si petits que s'il marchait dessus, c'était forcément parce qu'elle les coinçait volontairement sous les siens. Granger dit que si elle marchait sur les siens, c'était parce qu'on ne pouvait s'empêcher de marcher sur les pieds de Drago si on était dans la même pièce que lui, étant donné leur superficie.

"Et pourquoi ton nœud papillon est dénoué ?" demanda Granger dans un murmure irrité.

"Parce que tu m'as utilisé comme spécimen pour ta démonstration," murmura Drago.

"Remets-le."

Drago prit cette insinuation que Granger n'appréciait pas son air suave et indifférent comme un affront personnel.

"Remets-le, toi," dit Drago, tout aussi irrité.

"Je ne sais pas nouer les nœuds-papillons."

"Je te montrerai quand on sera libérés de cette tyrannie. Peut-être que tu pourras apprendre quelque chose, pour une fois."

"Moi ? Apprendre quelque chose ? Pour une fois ?"

Le reste de leur danse se poursuivit tout aussi harmonieusement.

Après deux ou trois chansons, ils furent libérés du cercle et purent se tenir un peu à l'écart du groupe, siroter un verre et faire semblant de ne pas être agacés par - hé bien, tout.

Granger mordit dans un samosa comme s'il lui avait personnellement fait du tort. Drago menait une bataille animée avec une gambas.

"Bien," dit Drago, attrapant son nœud papillon. "Puisse que tu t'en soucies tant."

Granger l'observa alors qu'il faisait la démonstration du nœud, avec une sorte d'attention ennuyée.

"Tu as compris ?" demanda Drago.

"Oui."

Drago le dénoua de nouveau. "Montre moi."

Granger recracha dans son verre. "Quoi ? Tu ne m'avais pas dit qu'il y allait avoir un contrôle."

"Noté sur dix."

"Un contrôle ?" Un désastre spécifique nommé Théo apparut à côté de Drago. "Ooh. Voyons voir comment tu t'y prends, Hermione."

"Mais je ne regardais pas - je veux dire, je regardais, mais pas - enfin, d'accord, je vais essayer."

Granger s'approcha et fit une tentative. Drago ne put même pas en profiter, parce que deux autres idiots se pointèrent sous la forme de Zabini et Londubat.

"Qu'est-ce qu'il se passe ici ?" demanda Zabini.

"Elle essaie le nœud," dit Théo.

"De qui ?"

"Drago."

"Ooh."

"Qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda Pansy.

"Ils essaient le nœud," dit Zabini.

Patil arriva. "Qu'est-ce qu'ils font ?"

"Drago et Hermione essaient le nœud," dit Théo.

"J'essaye un nœud, Nott," dit Granger.

Patil eut l'air confus. "Un nœud Nott ?"

"Un nœud papillon," dit Granger avec une grande patience. "Ce genre de nœud. Pas Nott."

Flint arriva. "Qui essaie le nœud ?"

"Hermione. Avec Drago."

"Arrêtez, oh," dit Granger.

"C'est moi Théo," dit Théo.

Drago les informa qu'il les détestait tous.

Granger recula d'un pas et regarda cyniquement son travail. "Je ne suis pas certaine d'avoir réussi."

Drago examina le nœud papillon dans un miroir près de lui. "Six sur dix."

"Comment peux-tu être aussi cruel avec Hermione ?" demanda Théo. "Elle a essayé."

Granger apporta une substantielle contribution positive à l'humeur de Drago en disant : "Je suppose que je vais devoir m'entraîner davantage avec lui."

Drago renoua son nœud papillon selon ses standards habituels et prit note de s'assurer de fournir des occasions à Granger de s'améliorer.

Il y eut une migration de la piste de danse vers le bar pour reprendre des boissons. Tout le monde s'abreuva agréablement de la boisson de son choix. Le scotch coûteux dans les veines de Drago le rendait détendu et langoureux. Pansy et Londubat disparurent pendant un long moment et revinrent légèrement échevelées. Davies et sa femme firent leur sortie par la Cheminette.

Au bar, Théo commença à mélanger des cocktails. Il faisait tourner sa baguette au dessus d'un bol de quelque chose de blanc et mousseux. "Bien. Lequel d'entre vous veut essayer ma nouvelle création ?"

Pipsy l'elfe de maison sortit des flûtes de champagne en cristal, l'air excité. Elle versa une généreuse quantité de champagne rosé dans chacune.

"Quel genre de cocktail ?" demanda Pansy, observant le procédé.

"Ça s'appelle le champagne di amore," dit Théo. "Il n'y a rien d'italien là dedans - je trouvais juste que c'était un nom sexy."

Pansy posa ses coudes sur le bar pour regarder et fut rejointe par Patil.

Granger, l'air curieux et cynique, et garda ses distances.

Théo sortit une petite fiole et la leva. "L'ingrédient secret. Voyons voir si vous vous rappelez bien de vos potions."

Il versa la fiole dans le bol de mousse blanche. De la vapeur s'en éleva en spirales gracieuses.

"C'est de l'Amortentia," s'exclama Patil.

"On s'amuse avec des substances contrôlées, c'est ça ?" demanda Drago.

"Tu es une petite chose effrontée, Théo," dit Flint.

"Mmh. L'Amortentia lui donne un certain-" La bouche de Théo prit le pli d'un Britannique sur le point de parler français "-Je ne sais quoi*. Bien en dessous de la dose effective d'Amortentia, bien sûr - juste assez pour que ça ait un goût délicieux."

"On va prendre une microdose d'Amortentia ?" demanda Granger avec un sourcil haussé.

"Seulement si tu en as envie," dit Théo. Il ajouta une cuillerée de mousse blanche à chaque flûte de champagne. "Ne t'inquiète pas, Docteur - dans ces concentrations minimes, tu ne tomberas pas amoureuse de moi. C'est juste un exhausteur de goût."

"C'est insensé de ta part de présumer que nous ne sommes pas déjà amoureux de toi," dit Zabini.

Théo lui souffla un baiser.

La rangée de flûtes de champagne pétillait de rose et de blanc. Théo, sa langue dépassant de ses lèvres sous la concentration, ajouta une vrille d'une sorte de garniture citronnée sur chaque flûte. "Voilà* !"

"Ooh," dit Pansy, prenant la sienne, et en passant une autre à Londubat.

Zabini remua ses sourcils et Patil et lui prirent les leurs. Ils trinquèrent.

Flint descendit la sienne en une gorgée. "Mmm. Prenons-en une autre."

"Tu es censé les savourer, gros bêta," dit Théo.

"Quoi ? On rationne le champagne ?" demanda Flint.

"Pourquoi on rationne le champagne ?" s'étrangla Pansy. "C'est la guerre ?"

Flint se pencha par-dessus le bar et dit, dans un murmure audible. "Fais-m'en une autre et je te dirais quel goût avait la mienne."

Théo fut troublé. Pipsy distribua le reste des flûtes de champagne.

La langueur induite par le scotch de Drago fit place à une appréhension mêlée à un fatalisme paralysant. Appréhension de ce qui allait arriver, et fatalisme parce qu'il savait, au plus profond de son cœur réprimé, ce qui allait arriver.

Pipsy donna à Drago sa flûte de champagne di amore. Il s'éloigna du bar et se cacha derrière la masse commode qu'était Flint.

Il regarda la concoction pétillant doucement. Ridiculement, son cœur battait à tout rompre.

Il n'avait pas besoin de la sentir pour découvrir ce qui l'attendait. Le fatalisme s'alourdit ; l'inévitabilité de ce qui allait arriver était une lente horreur.

Il tint la flûte délicate contre son visage, sentant le pétillement du champagne sur le bout de son nez.

Il inspira. Et voilà : du café, l'air de la mer, de l'antiseptique. Et maintenant, il y avait des notes sous-jacentes plus complexes - du shampoing, de la poussière d'aventure, du Sauternes. L'odeur d'une bougie qui vient d'être éteinte.

Granger dans un verre.

Merde.

Drago s'éclaircit la gorge, regarda autour de lui et essaya d'avoir l'air Détaché.

Granger s'avançait maintenant pour prendre celle que l'elfe de maison lui tendait. Sur son visage on pouvait voir un air de noble horreur, comme une reine marchant vers la guillotine.

Après avoir pris la flûte, elle la tint à hauteur de taille, bien loin de son visage, et se tourna pour papoter avec Patil.

Patil était distraite par la chamaillerie entre Flint et Théo. Granger se rafermit de façon visible.

Drago la regarda lever le verre à son nez.

Elle inspira et eut l'air frappé - comme si une chose épouvantable venait d'être confirmée.

Elle avait à peine eu le temps de se reprendre quand Pansy se tourna vers elle. "As-tu goûté la tienne ?"

Granger, les mâchoires serrées, fit à Pansy une sorte de sourire forcé et prit une gorgée.

"Alors ?" demanda Théo.

"Délicieux," dit Granger d'une voix étranglée.

Quand l'attention du groupe se fut déplacée ailleurs, Granger fixa sa flûte comme si elle envisageait de renverser son contenu sur le sol.

Elle ne regarda pas Drago.

Londubat tint son champagne sous son nez et soupira. "Ma femme après sa douche."

Zabini sentit la sienne. "Mon tour - mmh. Rousse."

"Stabilité émotionnelle," dit Patil, inhalant la sienne avec un rire. "Et bergamote."

"Herbe mouillée," dit Pansy.

"Un feu en plein hiver," songea Théo.

"Du cuir," dit Flint.

"Oooh," dit tout le monde.

"Gin à la prunelle," dit Granger, mais elle mentait.

"Lavande fraîchement récoltée."

"Menthe. Et - basilic écrasé."

"Épluchure d'orange," mentit Drago.

"Chai Masala."

"Nougat."

Théo les resservit en champagne et la foule se dispersa. Les dames s'attardaient au bar. Pipsy claqua des doigts et alluma un feu dans la cheminée du salon, autour de laquelle les hommes se rassemblèrent. Ils rapprochèrent quelques chaises pour philosopher confortablement.

Drago se jeta sur une chaise dans une attitude suggérant une élégance insouciante et un athlétisme viril, au cas où Granger regarderait dans sa direction.

Ils parlèrent de voyage.

Drago sirota son verre.

"Drago le fait bien," dit Théo avec un regard approbateur.

"Faire bien quoi ?" demanda Drago.

"Savourer."

C'était vrai; il savourait. Le champagne était du bonheur dans un verre. L'Amortentia était si légèrement dosée qu'elle ressemblait plus à des souvenirs sur sa langue qu'à des goûts. Cela attirait les sentiments derrière la répression et lui donnait envie de s'en délecter.

Il y avait une sorte de misère pondérée qui accompagnait ce bonheur. Cela lui fit prendre conscience qu'il voulait des choses. Pas seulement des choses évidentes avec Granger - mais des choses plus profondes.

La conversation revint sur les projets de voyage et Drago fut laissé à son savourement.

Il regarda Londubat et se rendit compte que, pour la première fois de sa vie, il enviait cet homme. Il voulait ce que cet imbécile avait. Il voulait être désiré. Pas pour son nom, son argent ou son apparence, mais pour être un homme honnête, parfois stupide. Il voulait que quelqu'un entortille ses cheveux et lui mette ses nœuds papillons. Il voulait que quelqu'un lui prenne la main et l'entraîne sur les pistes de danse, dans les toilettes pour des coups rapides et tout le long du chemin de la vie.

C'était un désir aussi délicieux que douloureux.

Il Occluda avant de s'enfoncer trop loin dans un désespoir abrutissant et auto-appitoyé. (Il n'avait pas besoin des Chartreux et de leurs tourments sournois ; armé d'une coupe de champagne Amortentia, il pouvait amplement se torturer tout seul.)

La conversation se tournait à présent sur les projets de Théo de créer un vignoble.

"Drago ne nous a pas donné son avis comme à l'accoutumée" dit Zabini. "Je pense que ça va être un échec absolu."

"Drago est Préoccupé ce soir," dit Flint.

"Je savoure," dit Drago.

"Laissez-le savourer," dit Théo, plaçant un bras protecteur en travers du torse de Drago.

Les emplacements idéaux pour le vignoble de Théo furent débattus ; certains préféraient la France, d'autres l'Italie, d'autres encore préféraient des lieux exotiques comme la lointaine Californie. Drago relâcha sa barrière d'Occlusion tandis que ses turbulences émotionnelles s'apaisaient.

Les trois sorcières erraient vers le feu dans une petit chaîne, s'accrochant aux bras les unes des autres.

Patil passa un doigt dans les boucles de Granger. "Puis-je me mettre en couple avec tes cheveux ? Ils sont devenus si longs."

"Seulement si je peux avec les tiens," dit Granger, faisant tourner la tresse de Patil autour de sa main. "Je les adore vraiment."

"Joignez-vous à nous, les filles," dit Zabini.

"Chut," dit Flint, se penchant en avant avec intérêt. "Ne les interromps pas. Je veux voir où cela va mener."

Mais c'était trop tard. Granger et Patil se séparèrent l'une de l'autre et où cela aurait mené demeura un mystère tragique.

Pansy observa le groupe des sorciers avec des bras croisés et une hanche basculée. "Vous rejoindre ? Vous avez apporté juste assez de chaises pour vos cinq gros culs."

"Je vais en invo-" commença Londubat.

"Non," dit Théo. Il fit un geste vers les genoux des divers gentilshommes autour du feu. "Il y a plein de place."

Pansy marcha à grands pas vers Londubat avec des mouvements de hanche exagérés et s'écroula sur lui avec une facilité qui témoignait d'années de familiarité.

Une petite pique jalouse pinça le cœur de Drago.

Patil se glissa sur les genoux de Zabini.

Et Granger ? Granger cherchait sa baguette, et était sur le point d'invoquer une chaise, quand Théo remit son courage en question en disant : "Tu ne devrais pas avoir peur de Drago, tu sais. Il est domestiqué. Je suis sûr qu'il ne mordra pas."

Le regard que Granger jeta à Théo était de nature combustive. "Peur ? De lui ?"

Et puis, ivre et pleine de bravade, elle se dirigea vers Drago, se laissa tomber sur ses genoux et lui fit tenir son champagne pendant qu'elle arrangeait ses jupes.

Granger était sur ses genoux. Granger était sur ses genoux.

Drago avait envie de mourir.

Aussi, il se résolut-il à tuer Théo pour la troisième fois de la soirée. Il demanderait du venin de Nundu à Zabini, quand il en aurait trouvé.

Granger s'était assise en travers de ses jambes, ses fesses sur ses cuisses, ses pieds croisés au niveau des chevilles de l'autre côté. Cela offrait à Drago une excellente vue de son profil, y compris le côté de sa poitrine, vêtue d'un tissu noir moulant, précisément au niveau de ses yeux. Drago détourna les yeux pour trouver quelque chose de plus sûr à regarder. Son regard se posa plus bas, là où la fente de sa robe exposait sa cuisse, juste là, près de son entrejambe.

Dangereux. Il regarda les chaussures de Londubat à la place.

Granger était - chaude. Brûlante, même.

"Mords-tu ?" demanda Granger.

"Sur demande," dit Drago avec un petit sourire.

Rien de mal avec un peu de flirt pour s'amuser. Ses amis trouveraient bizarre s'il ne le faisait pas, vraiment.

Cela la désarçonna. Drago classa ça comme une nouvelle méthode pour Taquiner Granger, bien que son exploration semble aussi pleine de dangers pour le Taquineur que pour la Taquinée.

Granger arracha son verre des mains de Drago. Théo, satisfait des arrangements, se détourna pour continuer à être une nuisance ailleurs.

"Théo est au courant de tes envolées créatives induites par l'anesthésie, ou est-ce une coïncidence ?" demanda Granger.

"Pure coïncidence - je peux t'assurer que je ne partage pas ces pensées avec ce genre de personnes."

"Les rêves se réalisent vraiment alors."

"De la façon la plus inattendue," dit Drago, avant de retourner sur un terrain plus neutre. "Henriette a vraiment été un tyran ?"

"Oui. Très insistante sur le noir."

Bien sûr, la petite coquine intrusive.

Drago pouvait sentir le shampoing de Granger, mais il ne savait pas si ça venait de d'elle ou des flûtes de champagne à l'Amortentia qui pétillaient dans leurs mains.

Tout allait bien.

Il n'allait pas avoir une érection parce qu'une femme était sur ses genoux.

Il était un Adulte.

Théo insultait maintenant le goût de Zabini en matière de vin. Patil se joignit à lui avec joie ; apparemment, cela avait été une source de dispute récurrente, et elle avait tout un arsenal de piques toute prêtes.

Granger étudiait Théo avec une sorte de lueur périlleuse dans les yeux.

"Transforme-le en insecte visqueux," suggéra Drago.

"Je pourrais."

"Qu'est ce que vous dites sur les queues ?" demanda Flint.

"Insecte visqueux," dit Drago.

"Qui parle de queue ?" demanda Pansy.

"Drago," dit Flint.

"Typique," dit Pansy.

"Granger va transformer Théo en insecte visqueux," dit Drago.

"Tu peux faire ça ?" demanda Zabini.

"Evidemment," dit Granger.

Théo leva son verre avec un regard méfiant vers Granger. "Santé - juste ce que je voulais : une nouvelle phobie."

"Très Kafkaesque," dit Patil. "Tu vas devoir écrire un livre sur ton expérience,"

"Ces philistins ne comprendraient pas la référence," renifla Théo. "Excusez-moi ; je dois me resservir un verre et incidemment fuir la proximité d'Hermione."

"Elle peut le faire à distance," lança Drago au dos de Théo qui s'enfuyait.

Il sentit les secousses du rire retenu de Granger tandis que les pas de Théo s'accéléraient.

La conversation revint sur le vin. Zabini monta une défense assez solide pour Vermentino.

Granger était sur ses genoux.

Drago essayait de ne pas y penser.

Il donna un avis sur les tanins.

Il avait chaud sous son col. Il desserra son nœud papillon.

Du bar de l'autre côté de la pièce, Théo cria : "Oui ! L'entraînement !"

Ce qui n'était pas du tout la raison du geste de Drago, mais très bien.

Granger commença. "Oh ! Je crois que j'ai déjà tout oublié."

Elle se rapprocha de Drago avec une sorte de concentration ivre. Elle avait dessiné quelque chose de charbonneux autour de ses yeux qui les rendait encore plus attirants. Drago ne la regarda donc pas. Il admirait le plafond. Il sentait de légères tractions ici et là sur son cou alors que Granger jouait avec son nœud papillon.

"Attends," marmonna Granger. "c'est - non - mauvais sens."

Les doigts de Granger firent attention à sa cicatrice alors qu'elle défaisait ce qu'elle venait de faire. Drago se livra à une brève rêverie dans laquelle elle continuait à défaire des choses, en commençant par le reste de ses boutons, puis lui.

Sa queue commença à s'intéresser à la procédure et tressaillit.

Parfait.

Granger regarda l'enchevêtrement du nœud papillon et soupira. "Saloperie. Je n'ai aucune idée de ce que je suis en train de faire."

Drago non plus, donc tout allait bien.

Granger hoqueta, s'enfonça plus profondément sur ses genoux et recommença. Il attendit que son cerveau lui suggère une remarque drôle, mais tout ce qu'il proposa fut : glurkk.

Drago était très reconnaissant.

Si elle se rapprochait et se tortillait encore plus, il fournirait bientôt à Granger la Preuve Solide dont elle avait tant envie.

Au loin, il enregistra les mots d'encouragement de Londubat à Granger.

"Fini," dit Granger.

Londubat l'inspecta et déclara que c'était un beau nœud cette fois.

Granger invoqua un miroir pour que Drago puisse en juger.

Tout ce qu'il remarqua vraiment, c'était son propre reflet, aux yeux sombres, avec une touche de rose sur le haut de ses pommettes. De plus, il avait une mèche de cheveux mal placée.

"Huit sur dix," dit Drago. "Tiens ça pour moi, chérie, je dois arranger ça."

Granger n'était pas une chérie. Elle lui lança un regard tranchant. Il se coiffa juste à temps ; elle transforma le miroir en une monstruosité concave qui le fit ressembler au Scroutt.

Zabini s'éloigna pour retrouver Théo, suivi de Patil.

"Je suppose que je me suis améliorée, au moins" dit Granger, mais il était clair que cela irritait son esprit de je-sais-tout de ne pas avoir obtenu de meilleures notes.

"C'est plutôt amusant de t'apprendre quelque chose, pour changer."

"Il y a beaucoup de choses que j'aimerais que tu m'apprennes."

"Oh?"

"Ce sort de détection magique," dit Granger à voix basse. "Celui que tu as utilisé à mon cottage."

Drago dit, d'une voix tout aussi basse, "Seulement si tu m'apprends cette commande runique – celle que tu as utilisée sur les flèches."

Granger y réfléchit, un doigt sur sa lèvre. Puis elle s'approcha, sentant délicieusement bon, et murmura : "Très bien. Mais en échange, tu dois m'apprendre le sort de protection géodésique."

Il n'y avait rien d'excitant dans le sort de protection géodésique, et pourtant, Drago se retrouva à serrer la mâchoire pour réprimer un frisson alors que les mots traversaient son oreille et allaient directement jusqu'à son entrejambe. Il était à moitié dur.

Drago avait une dernière demande, si privée qu'il fit signe à Granger de se rapprocher encore plus. Une de ses boucles effleura sa bouche alors qu'elle se penchait.

"Alors tu dois m'apprendre L'Ordinateur," dit Drago.

Granger haleta. "Espèce d'extorsionniste."

"Je sais."

"Tu devras trouver une meilleure monnaie d'échange ; les secrets de l'Ordinateur sont trop grands."

"Oh? Je vais devoir réfléchir à ce que je peux offrir d'autre."

Granger passa une main sur son bras. Elle avait la chair de poule.

Ce qui était terriblement satisfaisant, mais aussi, potentiellement, un problème.

Ces questions pédagogiques ayant été négociées et réglées, chacun but une gorgée de champagne.

Drago jeta un coup d'œil autour de lui et fut heureux de découvrir que personne ne prêtait attention à eux. Flint expliquait à Londubat qu'il était banni de Fortescue. Drago n'avait pas compris le reste de l'histoire, qui aurait pu l'intéresser en temps ordinaire, mais ce n'était pas un temps ordinaire. Pansy somnolait sur l'épaule de Londubat.

Flint marmonna qu'il avait désespérément besoin d'aller pisser et se leva.

Londubat porta Pansy jusqu'à l'un des canapés.

Granger fit tournoyer le reste de son champagne dans sa flûte et regarda le liquide rose pétiller.

"Pelure d'orange," dit-elle, pensive.

"Oui ?" demanda Drago.

"Qu'est-il arrivé à ton café au caramel ?"

"Qu'est-il arrivé à ton eau de Cologne de luxe ?"

"Tu a menti."

"Toi aussi."

"Pourquoi ?"

"Toi, pourquoi ?"

"Je suppose que c'est - plutôt privé."

"Oui."

Granger, chancelant un peu sur les genoux de Drago, but le reste de son champagne. Elle déglutit. Une goutte resta sur sa lèvre, qu'elle essuya du bout du doigt.

Glurkk.

Drago détourna le regard jusqu'à ce que ça soit sans danger, puis son regard revint sur elle.

Son visage était maintenant proche du sien. Son regard était doux, ivre, rêveur.

"Je déteste que ça ait si bon goût," dit Granger. Elle en avait l'air dévasté. Sexuellement dévasté. Elle pressa le bout de son doigt entre ses lèvres.

Drago finit son propre champagne pour se distraire. Le regard de Granger se posa sur sa bouche et remonta à nouveau vers ses yeux.

"Je déteste absolument le mien. Si ça peut - te réconforter," dit Drago.

"Bizarrement, c'est le cas."

Drago bougea sous prétexte de - se sentir plus à l'aise, ou quelque chose du genre. En conséquence, Granger se rapprocha de lui.

Il pouvait sentir le renflement de sa poitrine contre son torse. La masse de ses cheveux était coincée entre eux et lui chatouillait le cou.

Et il y avait la force gravitationnelle de Granger - la chute vers elle, l'attraction. Sa bouche était à deux pouces de la sienne. Ses yeux étaient chauds. Il pourrait glisser une main derrière son cou et - dieux, vu la façon dont elle se penchait, il n'aurait même pas besoin de la tirer vers lui, elle tomberait simplement sur lui, et ce serait - ce serait -

Granger cligna des yeux, expira et recula.

Ce serait une mauvaise idée. Oui.

"J'ai trop bu et je n'ai plus les idées claires," dit Granger, mais on aurait dit qu'elle parlait pour elle-même plutôt qu'à Drago.

"Je n'ai jamais pensé moins clairement de ma vie," dit Drago.

Granger se redressa. La chaleur dans ses yeux s'éteignit. Elle était en train d'Occluder.

Drago fit de même. C'était probablement la bonne chose à faire. C'était mieux que de lui rouler une pelle au milieu de la fête de Théo, en tout cas.

Ils regardèrent autour d'eux et découvrirent qu'ils étaient seuls. Toutes les chaises étaient vides. Granger était assise sur ses genoux sous un bien mauvais prétexte, mais maintenant, il n'y avait absolument plus aucune raison pour cela.

Il y avait des voix provenant du foyer de Cheminette juste à l'extérieur du salon. Les gens se préparaient à partir.

Avec une vigueur soudaine et paniquée, Granger sauta des genoux de Drago. Elle se dirigea vers le bar, où elle demanda à Pipsy une eau glacée, qu'elle avala rapidement. Puis elle laissa tomber le verre sur le bar et, le dos raide, regarda dans le vide. Pipsy demanda si tout allait bien, Mademoiselle ? Granger, d'une voix tendue, dit que tout allait bien.

Drago attendit assez longtemps pour s'assurer de la dissipation de toute Preuve Solide, puis se dirigea vers le groupe à la cheminée. L'Occlusion l'aidait à afficher l'air général d'insouciance qu'il souhaitait montrer alors qu'il se joignait aux adieux.

Granger les rejoignit, l'air relativement calme, et fit également ses remerciements et ses adieux. Londubat, portant Pansy, disparut dans la cheminée, suivi de Zabini et Patil, puis de Flint.

Drago attira Théo dans le salon sous un prétexte quelconque, afin que Granger puisse se rendre au Manoir par Cheminette sans être entendue.

"Tu étais un moins misérable salaud que d'habitude ce soir", dit Théo.

"Tu es un petit con intrusif," dit Drago.

"Je suis content que tu aies passé un bon moment."

"J'ai détesté chaque instant."

Théo sourit. "Casse-toi chez toi, Drago."

Drago lui fit un signe de la main et se dirigea vers la cheminée.

Il espérait que Granger ne s'était pas enfuie directement au lit pendant sa conversation avec Théo. Ils avaient des affaires inachevées.

Il voulait avoir sa foutue danse.

ooo

Drago sortit de la cheminée pour trouver Henriette qui assistait Granger dans l'époussetage délicat de sa robe.

Henriette nettoya également Drago, puis leur souhaita à tous les deux une bonne nuit, avec une sorte d'agaçant pétillement dans le regard.

"Bien," dit Drago, redressant son nœud papillon. "C'est bien que tu sois encore ici."

Granger eut l'air sur ses gardes. "Pourquoi… ?"

Drago prit son bras et l'emmena à grands pas hors du petit salon de la Cheminette.

"Où va -" haleta Granger.

"La salle de bal."

"Mais pourq-"

"Je veux une vraie danse."

"Mais nous-"

"Non, c'était nul."

Granger ne fit aucune autre objection et se laissa entraîner, ivre et l'air poliment confus.

Drago poussa les énormes doubles portes de la salle de bal. Les elfes gardaient chaque pièce du Manoir prête à être utilisée à tout moment et la salle de bal royale ne faisait pas exception. Dans la pénombre, le sol en marbre blanc brillait et la multitude de miroirs qui recouvraient les murs scintillait. À l'extrémité sud, les fenêtres s'étendaient du sol au plafond jusqu'à disparaître dans l'ombre.

Drago agita sa baguette vers les plafonds voûtés. Huit énormes lustres en cristal s'allumèrent, s'abaissèrent et commencèrent une lente rotation. Leurs lumières se reflétaient en brillant sur le marbre poli et les miroirs.

Un autre coup de baguette et les sons d'un orchestre résonnèrent dans la salle de bal.

Granger poussa des exclamations de sa façon habituelle, ravie, les lèvres entrouvertes, qui donnait tant de plaisir à Drago.

Il sentit un sourire apparaître sur son visage. "C'est tout à fait splendide, n'est-ce pas ?"

"Oh oui!"

Drago prit une des mains de Granger dans les siennes, posa l'autre sur sa taille et commença à la guider dans une valse avant qu'elle ne puisse devenir Grangerienne et lui poser trop de questions, comme par exemple était-il devenu fou.

Ils dansèrent quelques pas prudents. Il lui jeta un coup d'œil pour voir si elle avait l'intention de fuir le fou – mais elle suivait ses pas, l'air méfiant, mais curieux. Elle l'avait déjà regardé de cette façon une fois auparavant, lorsqu'il avait charmé toute une cohorte de médecins moldus dans ce bar d'Oxford. Un regard agréablement surpris et se demandant mais qui-êtes vous monsieur.

Comme en Provence, sa taille était chaude sous sa paume. Sa main dans la sienne était douce. Elle était légère lorsqu'ils bougeaient et, cette fois, il n'y eut pas de piétinements des pieds de l'autre.

Drago les regardait danser dans les miroirs - la façon dont sa silhouette se blottissait si confortablement contre la sienne, la façon dont sa robe bougeait au rythme de leurs mouvements, effleurant ses jambes lorsqu'ils se retournaient. Il s'adonnait sans vergogne à l'admiration de ce kaléidoscope d'angles à travers lesquels se délecter d'elle. S'il regardait devant lui, c'était le creux entre ses omoplates nues, dans le miroir là, à gauche, c'était la courbe de ses fesses, s'il baissait les yeux, c'était des cils foncés, des joues rouges et des lèvres roses.

Elle se rapprocha alors qu'ils tournoyaient et se pressa contre lui, et c'était magnifique. Il ne la laissa pas s'éloigner à nouveau ; sa main glissa jusqu'au bas de son dos et la maintint là. Elle le regarda avec un sombre émerveillement, puis baissa les yeux, se mordant la lèvre.

La musique s'intensifia. Autour d'eux, la salle de bal tournait, les étoiles aux fenêtres brillaient, les lustres dansaient leur propre danse aux doux tintements et répandaient leur splendeur dans la pièce.

Ce fut un moment d'enchantement, d'harmonie, de rêverie lumineuse. Leurs yeux étaient remplis de lumière, leurs oreilles du crescendo des violons et leurs cœurs l'un de l'autre.

Ceci - ceci était ce qu'il avait voulu.

Il leva le bras et elle s'éloigna de lui, et ils ne furent plus joints qu'au niveau des doigts, puis elle se retourna contre lui, si près qu'il la sentit reprendre son souffle.

La lumière était à nouveau dans ses veines - le soleil de Mabon, incandescent, glorieux, gonflait autour de son cœur et lui coupait le souffle.

Elle se retourna de nouveau et, cette fois, resta dos à lui, pressée contre son torse, ses fesses contre son aine. Leurs yeux se croisèrent dans l'un des miroirs, mais c'était trop intense pour qu'ils soutiennent leur regard et ils détournèrent à nouveau les yeux.

C'était maintenant à son tour de s'engager dans un soulèvement un peu hasardeux, ce qu'il fit, la tenant autour de la taille, la soulevant dans les airs. Il la fit tournoyer alors qu'elle était en l'air, prenant plaisir à son exclamation de surprise, à sa prise sur ses épaules. Elle vola au-dessus de lui avec un éclat de rire.

Lorsqu'il la fit redescendre, elle s'accrocha à lui, riant, l'éclat d'une joie sincère dans les yeux. Il ressentit une joie telle qu'il n'en avait jamais ressenti auparavant. La légèreté en lui était sublime.

Les bras de Granger étaient autour de son cou. Elle était si proche de lui qu'il avait envie d'exploser.

Le sentiment était rare - précieux - déchirant. Elle était radieuse. Elle lui coupait le souffle. Elle était tout ce qu'il voulait.

Les lumières s'atténuèrent. La musique se calma.

Ils s'arrêtèrent de bouger et restèrent dans cette étreinte de deux amants, le souffle court, les yeux sombres, l'un contre l'autre, attendant.

"Granger, je-"

Elle leva les yeux.

Il ne dit rien de plus. Il était en train de tomber.

Il n'avait pas besoin de la bague pour sentir que son cœur battait à toute allure. Il pouvait sentir sa pulsation contre son torse. Le sien battait dans une course identique, trop vite, si vite qu'il en avait mal.

Il était saturé d'endorphines et saoul de trop d'alcool et de trop peu de bon sens. Les lèvres de Granger étaient entrouvertes. Elle le regardait comme si elle allait l'embrasser. C'était - impossible. Ça ne pouvait pas arriver.

Maintenant, ses doigts étaient sur la mâchoire de Drago.

Il se pencha vers elle - elle l'attirait doucement.

Son baiser fut une douce question.

La réponse de Drago fut de la serrer et de l'attirer vers lui. Elle haleta contre ses lèvres alors qu'il lui rendait son baiser.

Enfin. Putain, enfin.

Leurs bouches se rencontrèrent avec la pression du désir, de trop de champagne, de je déteste que ça ait si bon goût.

Seulement, maintenant, ce n'était plus l'Amortentia qu'il goûtait ; ce n'étaient pas ces bouffées parfumées et artificielles - c'était elle. C'était réel. Et le champagne n'avait été qu'une piètre imitation, maintenant qu'il avait la vraie contre lui, respirant en inspirations saccadées contre sa bouche, ses doigts s'agrippant à sa chemise. L'Amortentia ne parlait pas de la douceur de ses lèvres, des frissons, des doigts accrochés à son col, d'une sorcière délicieuse, aux joues rouges, vacillante, pressant sa bouche souriante contre la sienne.

Elle tremblait légèrement, tout comme lui, dans un mélange euphorique d'adrénaline, de nervosité et de retenue.

Elle s'écarta et pressa son visage contre son cou. L'intimité de ce geste fit repartir son cœur dans une nouvelle frénésie. Les bras de Drago l'entourèrent. Elle était fine et délicate et tremblait délicieusement.

"Je n'ai toujours pas les pensées claires," dit-elle, sa voix basse et rauque, ses mots caressant sa cicatrice.

"Devons-nous - devons-nous blâmer la boisson ?" demanda Drago dans un demi murmure.

"Oui," souffla Granger avec soulagement. "Faisons ça. On en a bu - beaucoup ."

"Et c'est certainement ce qui cause des - des comportements imprudents."

Il entendit le son magique de son rire. "Evidemment."

Ils se regardèrent l'un l'autre.

Il pensa qu'il pourrait mourir de bonheur si ses lèvres mouillaient de nouveau les siennes.

Ce qu'elles firent.