Hello ! Il est grand temps de poster le chapitre 3 ! Pour ceux qui se demandent, j'écris le chapitre 5 actuellement.
Disclaimer : Hetalia appartient à Hidekaz Himaruya
Cela se passa plus d'une année après la bataille ayant arraché Antonio à Roderich.
En une année, l'assemblée des mages, élites intellectuelles et forces militaires magiques majeures du royaume, s'était organisée différemment. Auparavant axée sur la recherche, elle n'avait en son sein que cinq bataillons magiques d'environ deux cents mages guerriers chacun, force majeure alliée aux armées régulières du royaume. Depuis cette féroce bataille, le royaume tout entier cherchait à développer sa défense en augmentant ses effectifs militaires. De ce fait, l'assemblée des mages avait dû s'ouvrir davantage aux gens possédant une magie moindre, quelque soit leurs origines sociales et ethniques, et les mages chercheurs avaient soit été convertis en mages guerriers, soit en professeurs du fait du nombre conséquent de nouveaux étudiants.
Roderich, au départ mage axé sur la recherche magique, avait déjà été déployé au front, et il avait été décidé de l'envoyer en tant que mage guerrier à une itinérance ayant pour but la défense du royaume et de ses frontières. Au début, il avait été assez réticent. Voyager à travers le royaume pour une durée indéterminée était assez nouveau pour lui qui préférait rester au chaud entre les livres de la bibliothèque, mais ce voyage serait l'occasion de rassembler des informations utiles pour ses recherches directement sur le terrain. Bien qu'il devait faire chaque mois un rapport à ses supérieurs et collègues, Roderich était obligé de repasser par le bâtiment principal de l'assemblée pour un bilan tous les six mois ou tous les ans selon la situation.
Durant cette première année d'itinérance, précisément un an et trois mois après la bataille, le brun se retrouva un jour dans une petite ville au nord du royaume, frontalière avec un petit pays allié.
Accueilli dans la petite ville de Rosemary par son maire, Roderich avait été informé de l'existence d'une branche de la guilde internationale des aventuriers, chose courante sur l'ensemble du continent mais un peu moins populaire au sein du royaume.
Cette guilde était une organisation à vaste échelle qui rendait des services. Les membres de cette guilde prenaient des quêtes assez diverses, allant de la simple escorte à la chasse aux bêtes. Récemment dans la branche du village de Rosemary plusieurs quêtes avaient été émises pour éliminer la même bête, et il semblerait que des aventuriers n'étaient jamais revenus de ces missions.
On soupçonnait cette bête d'avoir des particularités magiques assez importantes et une intelligence supérieure à celle d'une bête moyenne, alors il n'était pas étonnant de constater un nombre conséquent d'échecs. Échouer était une chose, mais ne pas revenir en était une autre.
La bête en question rodait dans les bois près du village, si bien que les habitants avaient peur d'y couper le bois alors que l'hiver s'approchait. Pour Roderich, sauf dans le cas où la bête aurait une résistance à la magie, tuer la créature ne devrait pas être si difficile.
En se rendant à la guilde pour plus d'informations, le brun se cogna malencontreusement contre une personne qui s'était arrêtée au beau milieu du chemin.
"Qu'est-ce que vous fichez planter là ? grommela Roderich.
- Oh ! Excusez-moi monsieur… J'attends mon ami."
Dévisageant le jeune homme, le mage détailla ses cheveux blonds qui lui arrivaient aux épaules et ses yeux bleus pétillants. Il avait à peu près la même taille que lui et une barbe de trois jours sur son visage lisse de toutes imperfections. Assez beau, Roderich en conclut que l'homme devait être noble pour avoir si peu d'imperfections. Cependant celui-ci était habillé comme n'importe quel aventurier, une épée à la hanche et une cape verte sur ses épaules. Le mage remarqua que le sac de voyage du blond était orné d'une rune protectrice assez bien dessinée.
"Vous avez dessiné la rune vous-même ? demanda-t-il en montrant le sac d'un mouvement de tête.
- Ah oui, je l'ai fait moi-même. Je m'y connais assez en magie de protection et malédictions."
Voilà quelque chose d'intéressant à noter pour Roderich, peu d'aventuriers usaient de runes dans le royaume. Peut-être venait-il du pays voisin ?
"Excusez-moi mais vous vous appelez…?"
Avant que le blond ne puisse répondre, Roderich se sentit secoué comme un prunier. La terre tremblait-elle ou n'était-ce que lui ?
"Roderich ! Roderich ! Bon sang, réveille-toi !"
Confus et nauséeux, le brun ouvrit un œil pour voir au-dessus de lui Hungary le secouer.
"Argh… Je suis réveillé ! Stop je vais vomir !"
Les cheveux en bataille, le brun bailla à s'en décrocher la mâchoire avant de s'extirper des couvertures de son lit. Il n'avait pour habits qu'un haut de pyjama mal boutonné et froissé par la nuit ainsi que le pantalon qui allait avec. Fatigué, il se frotta les yeux avant de poser son regard presque ennuyé sur la femme qui venait de le réveiller.
"Quoi ? Il se passe quelque chose ? grogna-t-il en se levant pour se mettre face à Elizabeta.
- Tu rigoles j'espère ? On a une réunion de prévu je te signale."
Cela faisait déjà quelques jours que Roderich avait débarqué dans cet autre monde et il avait à peine pu consulter les souvenirs plus personnels de l'autre lui qui s'étendaient sur plusieurs siècles. Le brun s'était renseigné sur la conduite à adopter à l'intérieur et à l'extérieur de son pays, et étonnamment, il trouva qu'il n'y avait pas autant de choses difficiles à faire qu'il ne l'aurait cru.
Par ailleurs, il avait complètement oublié cette réunion, mais d'après ses souvenirs celle d'aujourd'hui n'allait probablement pas être difficile à suivre non plus. En voyant les souvenirs en rapport avec des réunions récentes, le mage s'était rendu compte que la plupart du temps une certaine nation détournait le sujet de la réunion pour parler de lui.
"Allez, dépêche-toi ! le pressa Hungary en le poussant vers la salle de bain.
- Me pousse pas !"
S'habillant comme le ferait Austria, Roderich ajouta cependant un petit plus aux lunettes qui n'étaient au début que purement décoratives. Magiquement modifiées, elles permettaient entre autres de voir de près ou de très loin sur commande, de révéler les créatures invisibles sans forcer ses yeux avec la magie, et d'identifier les personnes par leur énergie et leur nom associé.
La magie permettait bien des merveilles, et Roderich, en remarquant que le corps d'Austria avait une endurance plus catastrophique que la sienne, avait renforcé temporairement ses muscles pour arriver à l'heure. Hungary avait insisté pour qu'ils arrivent ensemble dans la salle de réunion, qui aujourd'hui se tenait à Berlin.
La salle était bruyante, déjà remplie à plus de la moitié, et Hungary en entrant lui désigna du doigt un homme avec des cheveux vert vomi en pétard et une longue moustache aux extrémités recourbées. Son visage était fermé, et le poing serré, il essayait d'ignorer les moqueries autour de lui, dont celles virulentes de Romano.
"Regarde, c'est cet idiot de Prussia ! rigola-t-elle en attirant l'attention de l'homme aux cheveux vert vomi sur elle.
- C'est de ta faute ?! explosa-t-il en se levant, la pointant également du doigt.
- Moi ? Je n'ai rien fait, pouffa-t-elle en s'asseyant avec Roderich."
Le brun observait avec amusement la scène, se réjouissant de voir que ce Gilbert alternatif n'était pas si différent du sien. Il était content d'avoir accepté la fameuse requête d'Elizabeta, ce spectacle était d'une satisfaction sans égale.
Assis à côté d'Hungary, son autre voisin fut un jeune homme qu'il avait identifié comme Switzerland qu'il salua brièvement.
La réunion n'avait pas encore commencé, et Roderich balaya du regard la salle pour identifier tout ce beau monde. Il y avait d'abord son voisin Germany, hôte de la réunion, ainsi que le petit Veneziano qu'il connaissait par les souvenirs d'Austria. Il vit France, et il s'attarda plus longuement sur sa personne. Ses cheveux étaient blonds et ses yeux bleus, il était l'identique portrait d'un précieux ami qu'il s'était fait dans son monde. Son cœur se serra un peu, cet ami avait connu moult péripéties pour retrouver son petit frère.
La salle commençait doucement à se calmer, Germany hurlant sur America, fauteur de troubles notoire de ce qu'il avait assimilé, et Austria posa finalement ses yeux violets sur Spain.
C'était douloureux.
Il y avait une frappante différence entre le savoir et le voir de ses propres yeux. C'était bien lui. Il le reconnaîtrait entre mille. Le même teint olive. Les mêmes cheveux bruns. Les mêmes yeux verts. Le même sourire.
…
Ne pleure pas… je ne dois pas pleurer.
C'était douloureux car c'était lui.
Ou plutôt, c'était douloureux car ce n'était pas lui.
C'était lui, sans l'être. Ce n'était pas Antonio. Ce n'était pas la moitié perdue de son âme. Mais c'était Antonio. C'était Spain. C'était la personne qui avait un jour partagé un bout de l'existence d'Austria.
Roderich se sentait perdu. Il ne savait pas comment réagir. Devait-il lui parler ? Devait-il l'ignorer ? Comment devrait-il s'adresser à lui ?
Elizabeta lui mit un coup de coude dans les côtes, et le brun se plia en deux de douleur.
"Mais tu es folle ! murmura-t-il furieusement en se massant les côtes.
- Concentre-toi, c'est pas le moment de se lamenter !
- Je ne me lamente absolument pas… grommela-t-il en se tournant vers la personne qui avait la parole."
La réunion lui sembla avoir duré des heures. Il n'avait pas décroché un mot, écoutant avec un regard désabusé le fameux America qui bouleversait les sujets de ladite réunion, Germany qui hurlait pour le retour à l'ordre, Veneziano qui… restait lui même, England et France qui se battaient entre eux, Prussia qui lui avait jeté une boulette de papier en pleine poire, Hungary qui l'avait vengé, Spain qui avait décidé d'embêter Romano, celui-ci lui hurlant qu'il le détestait mais en fait pas tant que ça, et tout cela n'était qu'une partie du capharnaüm que fut cette réunion.
Sortant de la pièce parmi les derniers, Roderich se sentait mentalement épuisé. Il avait noté beaucoup de choses, le brun prenait à cœur de s'adapter à sa nouvelle vie. Le mage ne repartait pas de zéro dans ce monde, ayant le corps et les souvenirs d'Austria ainsi que la merveilleuse aide qu'est Elizabeta sa nouvelle amie, mais il devait pour le moment jouer un rôle devant ses nouveaux camarades. Il ne pouvait décemment pas du jour au lendemain se pointer à une réunion et faire de la magie devant tout le monde ou saluer France comme il l'aurait fait avec son ami Francis. Roderich ne pouvait encore moins se permettre de regarder Spain comme il avait regardé Antonio. La relation entre Austria et Spain était terminée, et Spain ne le regardait pas de cette façon.
Perdu dans ses pensées, Roderich ne s'aperçut pas qu'il s'était arrêté de marcher vers la sortie et qu'Elizabeta lui avait dit qu'elle rentrait chez elle, et lorsqu'il reprit ses esprits il n'y avait plus personne dans le couloir.
Dehors, le brun remarqua que les rues de Berlin étaient assez bondées et il se demanda comment il allait retrouver son chemin pour retourner chez lui. Austria n'avait pas un excellent sens de l'orientation, et cela le tuait de l'avouer mais lui aussi se perdait assez souvent, même dans la bibliothèque où il avait passé la majorité de son temps à l'assemblée des mages.
"Bon… murmura-t-il en cherchant un endroit isolé du regard des humains."
S'il ne savait pas où il était, Roderich restait un mage. Il existait bien plusieurs moyens pour rentrer chez lui, comme invoquer une porte reliée à sa maison ou simplement s'y téléporter. Il voulait certes s'adapter à ce nouveau monde et faire profil bas mais il n'allait quand même pas se fatiguer à se perdre jusqu'à chez lui. Vraiment, il plaignait Austria. La magie facilitait tellement la vie.
Une fois chez lui, passant par la porte qu'il appelait simplement "la porte magique et pratique", Roderich laissa tomber sa veste par terre et retira ses chaussures négligemment avant de s'écrouler sur le canapé. C'était plus dur qu'il ne l'avait pensé. Il s'était surestimé. Il se sentait si faible. On ne pouvait pas rester de marbre en voyant la personne qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la personne qu'on avait aimé pendant plus de quarante ans, pas vrai ? Oui, mais ce type, il ne t'aime pas. Touché. Il ne le connaissait pas vraiment, même avec les souvenirs d'Austria. Ces stupides sentiments, on devrait les enfermer à double tour dans un coin. C'était peut-être la solution. Du coup, on fuit ? Ce n'est pas de la fuite. Bah si, un peu quand même. Tais-toi, je sais ce que je dis. Je suis toi, gros malin.
"Je suis vraiment pathétique pour mon âge, soupira-t-il en mettant sa tête en arrière."
Roderich avait une nouvelle vie mais il ne savait pas quoi en faire. Le brun avait passé quarante ans à faire des recherches, il avait eu un but, et au final tout cela avait été vain. Se ressassant le passé, le mage n'était même pas capable de vivre dans le présent. Les mots n'étaient rien sans les actes.
Il ne pourrait jamais oublier Antonio, et s'il ne pouvait pas être avec lui aujourd'hui, Roderich n'avait qu'à faire croiser une fois de plus leurs chemins. Tant pis si la relation ne sera jamais la même. Il n'était pas seulement Roderich, il était aussi Austria désormais ! Une nation n'avait pas besoin de s'embarrasser de sentiments humains. Puis, même une simple amitié lui suffira amplement… pas vrai ?
Et voilà, c'est tout pour ce chapitre. N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé.
