Chapitre 41 : Tu es important pour moi
J'avais hâte d'aller chez lui. J'eus un peu peur de ne pas pouvoir y aller puisque ma fille était malade, mais finalement ma mère put garder comme prévu. J'aimais toujours aller chez lui puisque je savais que je ne serais pas dérangé par les enfants.
En arrivant, il me demanda de lui crémer le dos puisqu'il avait un tatouage récent et j'adorais le faire. C'était toujours le parfait mélange entre sentir sa peau sous mes mains et l'entendre. Ensuite, il me prit dans ses bras. Comme la dernière fois qu'il avait eu un tatouage dans le dos, j'étais un peu stressé parce que je me connaissais assez pour savoir que j'allais oublier et que je risquais de toucher son dos et lui faire mal. Nous parlâmes brièvement de nos semaines.
Je lui avais demandé de me raconter certaines de ses expériences sexuelles sous forme d'histoire. Je n'avais pas trop pensé à quel moment de la soirée serait opportun. En fait, le moment m'importait peu, j'aimais simplement l'entendre parler et en apprendre plus sur sa vie. Le moment ne fut pas celui-là. Nous nous embrassâmes et les choses évoluèrent.
Je lui avais dit qu'il était fort probable que, si je voulais venir, il faudrait que ce soit dans les 5 minutes suivant le premier moment où il me toucherait les parties génitales et il avait compris le message. Soudainement, je trouvais que ce n'était absolument pas une bonne idée parce que je ne voulais qu'une chose : qu'il me touche! Mais en même temps, je savais bien que j'avais proposé la chose pour une bonne raison. On se retrouvait alors à rejouer à ce jeu de « teasing » sans avoir établi l'existence de ce jeu.
Par la suite, il me fit tourner sur le ventre. J'adorais quand il me faisait bouger. Il se mit par-dessus moi et mit sa bouche sur mon oreille et c'était parfait! Je retrouvais dans cette position ce sentiment de sécurité qui lui était tellement unique. Tout mon corps ne faisait que vouloir qu'il reste comme cela pour toujours, mais en même temps je ne m'en pouvais plus d'attendre qu'il me touche enfin. Heureusement, je ne du pas attendre longtemps – ou peut-être que ça ne parut pas long parce que tout ce qui précédait était aussi trop génial.
Il mit enfin ses doigts sur mon clitoris et mon anus et c'était parfait. Je me dis alors que ça devait absolument être la position dans laquelle j'allais venir si ça avait à se passer. C'était comme quand j'étais seule, mais en version « améliorer » de par sa présence et son action. Assez vite, comme lorsque j'étais seule, je sentis l'orgasme se pointer le bout du nez et soudainement, j'entendis mon inconscient me crier « non! ». En ce moment, j'entendis que j'avais vraiment un blocage par rapport à la chose. Au moins, j'en étais maintenant certaine! Je le laissai continuer en me disant que le moment reviendrait peut-être. Je crus qu'il allait revenir, mais ça ne semblait pas être le cas. Après quelques minutes, je lui dis alors que le moment était passé et nous changeâmes de position.
Lorsqu'il fut en moi, je changeai d'avis : peut-être que le moment n'était pas passé après tout. C'était juste une de ces fois où c'était trop : trop parfait, trop bien, trop « sexually pleasing ». C'était un peu étrange : dans cette position où il me pénétrait, c'était beaucoup plus « sexually pleasing », pourtant je savais très bien qu'il y avait beaucoup moins de change que je vienne dans cette position que dans la position dans laquelle il m'avait placé avant. Il y avait donc une grande distinction entre le « plaisir sexuel » dans le sens de simple plaisir et la « stimulation sexuelle » dans un but d'orgasme, qui en fait se retrouvait à être moins plaisant sexuellement. À quel point la chose était paradoxale!
Lorsque je lui dis que le moment n'était peut-être pas passé, il me demanda s'il pouvait faire quelque chose, ce à quoi je lui répondis de se mettre à genoux. Évidement, dans cette position, je me retrouvais encore une fois complètement hors de moi de plaisir, mais toujours en sachant très bien que l'orgasme ne viendrait pas. Mais ça ne me dérangeait pas : je préférais de loin profiter de toutes les sensations qu'il m'offrait et que je ne retrouverais jamais seule et m'occuper des orgasmes moi-même lorsque cela était nécessaire.
Après quelques minutes, je le tirai vers moi pour le sentir sur mon corps avec ce message sous-entendu que j'attendais qu'il vienne et que je puisse le voir et l'entendre. Et je pus en effet l'entendre. Il vint dans un mélange de sons parfaits et de rires. Évidemment, le simple fait d'entendre son rire me faisait sourire et je ne pus me retenir de commenter : « je vais prendre ça pour un 9/10 alors ». Il répondit que ça faisait presque une semaine qu'on ne s'était pas vu, ce qui faisait que les sensations étaient plus intenses. Il était drôle! Techniquement, ça ne faisait que 3 jours qu'on ne s'était pas vus, mais 4 jours depuis notre dernière relation sexuelle. On était loin de la fréquence qu'on avait au début de l'été. Je vis en ce commentaire que je m'étais habitué à travailler ma patience au courant de l'été, mais lui non. Et, maintenant, il se retrouvait à un moment où la fréquence à laquelle on voulait se voir se rejoignait beaucoup plus. Honnêtement, je me disais parfois que j'aurais pu le voir chaque jour s'il le voulait parce que tout était toujours plus parfait avec lui. En même temps, je savais que c'était faux dans le sens où j'avais des obligations et ça serait bien trop épuisant de le voir plus de 2-3 fois par semaine. Dans tous les cas, j'allais toujours accepter de le voir quand il me le proposait, alors la fréquence restait à déterminer par lui plus qu'autre chose. J'imagine que, comme tout ce qui le concernait, ça tombait bien que la fréquence qui me permettait un juste ballant entre mon envie de le voir et la fatigue tombait dans une fréquence qui lui convenait également.
Comme à l'habitude, nous nous enlaçâmes et nous discutâmes de ce qui venait de se passer. Puis, je lui rappelai qu'il m'avait dit qu'il me raconterait une de ses histoires. Il parut surpris que je lui demande à ce moment. Cela me parut étrange : pour moi, tout moment était parfait pour l'entendre parler!
Il me relata alors quelques expériences en lien avec du sexe en public. J'adorais le voir raconté et l'entendre rire à travers ses mots. C'est comme si je voyais des parties de lui que je connaissais moins : une partie de lui où il riait avec son si parfait sourire qui s'étendait jusque dans ses yeux et une partie de lui qui avait vécu plusieurs expériences sexuelles qui semblaient simplement palpitantes et/ou cocasses et/ou drôles.
Si quelqu'un me demandait comment la conversation avait dévié, je n'aurais pas pu répondre, mais elle dévia d'une manière inconnue nous emmenant à parler de notre propre relation et de ses relations avec d'autres. Il me dit qu'en général les gens qu'il datait plutôt avec détachement lorsqu'il était avec quelqu'un qui se disait monogame, mais qu'avec moi ce n'était pas le feeling qu'il avait. Peut-être que la différence pour moi résidait dans le fait que je me disais avoir une essence monogame et non pas être monogame (pas plus que poly non plus). Personnellement, j'étais plutôt dans un mode « je veux fréquenter quelqu'un avec qui je suis bien » et pour le moment je ne ressens pas le désir de voir d'autres gens. Peut-être que cela viendrait et alors j'aurais la possibilité de le faire. Mais cette réflexion ne changeait rien à la certitude que j'avais par rapport à lui : il avait toujours été la personne avec qui je me sens bien – d'ailleurs j'avais dit à plusieurs reprises que mon sentiment par rapport à lui en était un de soulmate. Je savais qu'il serait toujours dans ma vie pour tout le temps qu'il le voudrait. Je le voyais d'ailleurs avec mon meilleur ami que je considérais également un peu comme mon soulmate : même si lui n'avait pas beaucoup de temps pour qu'on se voie, la journée ou il me demandait qu'on se voie, je lui faisais de la place dans mon horaire.
C'était peut-être pour cela que, malgré cette essence monogame qui m'habitait, il s'était tout de même attaché à moi. Je ne fus pas surprise qu'il me dise qu'il ne me datait pas avec détachement, j'avais moi-même vu le changement s'opérer, mais ce ne fut pas moins un choc. Un choc positif. Comme si, encore une fois, avec ses simples mots, il me confirmait une fois de plus que j'étais à ma place avec lui. Je l'avais toujours dit : dans ses bras, j'étais chez moi, j'étais là où je devais être, j'étais avec la personne avec qui je devais être. Et je ne m'en lasserais jamais! Sans se rendre compte de la puissance que ses mots avaient sur moi, il ajouta qu'il savait qu'on se verrait encore dans 2 mois, tout comme il savait qu'il verrait celle que j'appelais sa meilleure amie ou son père. On était donc passé à « on ne peut jamais être sûr de rien » à « je suis sûr qu'on va encore se voir dans 2 mois ». Et ces mots tombèrent comme un cadeau dans mes oreilles, un cadeau qui signifiait encore une fois l'importance qu'on avait l'un pour l'autre et la durabilité de notre relation. Je lui dis que de toute manière je savais très bien que si notre relation en venait à se terminer, ça ne viendrait pas de moi et, pour la première fois, je le vis chercher/réfléchir à savoir s'il pouvait concevoir qu'il déciderait de mettre fin à notre relation. Pour la première fois, c'était comme si la chose lui apparaissait difficile à concevoir.
Dans cette discussion, à la fois il y avait un côté très rassurant, mais il y avait un côté épeurant. Il y avait un côté ou je réalisais de plus en plus l'importance qu'il avait pour moi, un côté ou je réalisais à quel point je serais dévasté si jamais il décidait qu'on ne se verrait plus, un côté qui trouvait cela aussi épeurant de savoir que c'était réciproque et que j'avais alors ce pouvoir (ou disons cette possibilité inenvisageable) de lui faire de la peine si jamais je décidais d'arrêter de le voir (ce qui était stupide dans le sens où je savais que ça n'arriverait jamais, mais la réalisation de la chose était quand même vertigineuse). J'étais habitué à avoir de l'importance pour des personnes « obligées » d'être en ma présence (comme ma mère ou mes enfants) et pour une rare fois je sentais qu'il entrait dans cette même catégorie de personnes. Autant j'avais toujours dit qu'il rentrait dans la catégorie de mes amis, autant il y avait ici une distinction. Je n'avais jamais eu cette crainte/peur de me dire « qu'est-ce qui arriverait si je ne voyais plus mes amis ». Évidemment j'en serais dévasté (et à l'inverse, eux seraient dévastés qu'on ne se voit plus), mais il y avait quelque chose d'inexplicable dans cette distinction. Tranquillement, il commençait à prendre une grande place dans ma vie; il devenait tranquillement une partie de ma famille.
Et j'avais déjà vécu la chose. J'avais une de mes amies que je considérais maintenant un membre de ma famille, mais, avec elle, ça avait été différent. Elle était entrée dans notre famille de par sa relation avec tout le monde! Elle avait autant une relation avec moi, avec ma mère, avec mon grand-père et sa sœur. C'était alors tout à fait naturel de la considérer de la famille. C'était devenu une personne qui aurait toujours une chambre chez nous, qui serait toujours la bienvenue partout ou ne serions et qui serait toujours la bienvenue lors des fêtes, comme Noël. Et tranquillement, je voyais que j'avais ce même sentiment de « famille que j'ai choisie » avec Mage. La différence était que ce sentiment ne venait uniquement de ma relation avec lui (puisqu'il n'avait pas de relation avec d'autres membres de ma famille). C'était encore une fois un peu épeurant de penser à toute la place qu'il prenait maintenant dans ma vie alors qu'un an au par avant je ne le connaissais pas. En même temps, n'était-ce pas le propre de la famille ou des enfants? Pour eux aussi je me retrouvais souvent à me demander comment ils pouvaient prendre une si grande place dans ma vie alors que je les connaissais depuis peu.
De toute cette réflexion, j'entendis encore la voix de mes amies me dire « mais voyons, écoute-toi parler, tu es en amour avec lui! ». Mais je restais sur ma position : il était très important pour moi, je l'aimais vraiment, mais je ne me considérais toujours pas en amour avec lui. De plus en plus, cette distinction entre « en amour » et « aimer » semblait floue. Certains éléments distinctifs que j'avais donnés semblaient peut-être maintenant se retrouver dans ma relation avec lui, alors pourquoi je ne me considérais pas « en amour » avec lui? Parfois je me demandais si ce n'était pas une simple question de volonté, serait-ce simplement que je ne veux pas être en amour avec lui, que je n'en vois pas la nécessité? Je ne pouvais pas répondre, mais je savais une chose : ce que nous avions était parfait! Je savais aussi qu'être en amour ou pas ne changerait jamais rien pour moi dans le sens ou j'allais toujours avoir avec lui ce dont j'avais besoin parce qu'il était cette personne faite sur mesure pour moi!
