Merci à Sebferga pour sa dernière review.

Bonne lecture et bon week-end à tous !

Disclaimer: Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.


Chapitre 10 :

Plante ou humaine ?

Genesis avait horreur des missions qui exigeaient de rester en pleine nature.

Contrairement à Angeal, qui aimait bien la végétation, lui préférait le confort de la ville. C'était tellement plus agréable que la boue, les insectes et les plantes urticantes.

Et pire encore, il n'aimait pas les gosses.

Vivement qu'on chope ce type ou qu'on nous autorise à lever le camp !

Au bout d'une heure de surveillance, ce fut son tour d'aller voir les filles pour s'assurer qu'elles allaient bien. Il avait refusé, jugeant que Sephiroth devrait y aller puisqu'il semblait tenir à Morwen, mais Angeal lui avait dit de faire un effort.

C'est pourquoi il se dirigea d'un pas traînant jusqu'aux tentes. Les filles étaient toutes réunies autour d'un tas de bois, sauf la blonde snobe qui s'était enfermée dans sa tente.

« Ah, Mr Rhapsodos ! » dit Jessie. « On essaie d'allumer un feu de camp, mais on n'a pas trouvé de silex. Vous pourriez nous aider ? »

Avec un soupir ennuyé, Genesis arma sa matéria Feu et lança une boule de flammes qui embrasa le tas de bois.

En voyant ça, Morwen bondit en arrière et regarda Genesis avec des yeux ronds.

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda le rouquin.

« Vous êtes un magicien ?! » demanda l'enfant.

« Quoi ? Non, j'ai juste utilisé une matéria », dit-il en agitant son gant, à la base duquel étaient enchâssées deux matérias, une Feu et une Soin. « Tu sais, ces trucs qui permettent de jeter des sorts et faire des invocations ? »

Morwen ne parut pas comprendre ce qu'il disait, mais elle le suivit avec des yeux fascinés tandis qu'il allait s'asseoir sur un rocher, près des tentes.

Voyant qu'elle continuait d'observer ses gants, il en eut assez.

« Vous ne pouvez pas faire quelque chose d'autre pour vous occuper ? Genre jouer à la poupée ou la dinette ? » demanda-t-il aux filles.

« On n'a pas emmené de jouets avec nous », dit la petite Wutaïenne.

« On n'a qu'à jouer à cache-cache », dit Jessie.

« Surtout pas, nous devons vous garder à l'œil », dit Genesis.

« Et si on jouait à un jeu ? Genre action ou vérité ? » proposa Ikura.

« Oh oui, bonne idée ! Alors… Ikura : action ou vérité ? »

« Action ! » dit la Wutaïenne avec aplomb.

« Ok… Fais le chobo sur un seul pied. »

Sans se départir de son air bravache, la fillette se mit en équilibre sur un pied et se mit à faire « kweekwee » en battant des ailes. Morwen et Jessie éclatèrent de rire, tandis que Genesis leva les yeux au ciel.

« Bon, à toi, Jessie : action ou vérité ? »

« Vérité ! »

« D'accord… Est-ce que tu as déjà volé quelque chose ? »

« Euh… Non ! »

« Holà, pas de triche ! Tu dois dire la vérité, tu te rappelles ? »

« Roh, d'accord ! Il y a un an, j'ai pris 10 gils dans le portefeuille de maman, pour m'acheter des chocolats. Mais elle avait prévu de me les acheter ! C'est juste qu'elle avait oublié, alors j'ai été prendre l'argent moi-même, sans lui en parler ! »

« D'accord. À toi, Morwen : action ou vérité ? »

« Euh… Vérité. »

« De quoi as-tu le plus peur ? »

« … Des araignées. »

Genesis éclata de rire en entendant ça.

« Des araignées ?! Mais comment peut-on avoir peur d'une chose aussi petite ?! » ricana le rouquin.

Vexée, Morwen voulut lui parler de « l'incident » à Mirkwood, avant de se rappeler l'avertissement de Sephiroth. Elle devait en dire le moins possible aux autres.

Elle se contenta donc de le fixer en silence, les bras croisés, jusqu'à ce que son rire passe de l'amusement à la gêne, puis au silence. Il faillit bafouiller des excuses, puis détourna le regard.

Cette gosse n'est pas normale ! Mais j'aurai le dernier mot.

« Et si on se racontait des histoires ? » proposa Morwen, désireuse de changer de jeu.

« D'accord ! Qui a une histoire ? » demanda Jessie. « Moi, je ne connais que des pièces de théâtre, alors… »

Devant le silence d'Ikura, Morwen leva la main. Elle avait plusieurs histoires en réserve, que Faelwen avait l'habitude de lui raconter le soir. Mais sa préférée, elle la connaissait par cœur.

« Si vous voulez, j'en ai une : l'histoire de Beren et Lúthien. »

Les filles acceptèrent. Morwen entreprit donc de broder le décor, en parlant d'un monde imaginaire appelé la Terre du Milieu, puis les peuples qui y vivaient, avant d'aborder la rencontre de la dame elfe et du mortel.

Bien vite, les filles furent captivées par son histoire. Genesis aussi. Il pivota lentement la tête vers Morwen et fut happée par le récit. Même Feyre sortit de sa tente pour venir se joindre à son public.

Une demi-heure plus tard, lorsqu'Angeal vint pour la relève, il les trouva tous silencieux, écoutant Morwen raconter comment Lúthien arriva, grâce à sa danse et à son chant, à plonger Morgoth et tous ses serviteurs dans un sommeil profond, permettant à Beren de retirer un Silmaril de la Couronne de Fer.

Angeal l'écouta, intrigué autant par l'histoire que le talent de Morwen à raconter. L'enfant se félicita intérieurement d'avoir passé autant de temps avec les elfes, ces derniers étant de très bons conteurs.

Une demi-heure plus tard, l'histoire fut finie. Les filles émirent des soupirs tristes et rêveurs.

« Ce Mandos est vraiment dur, quand même ! Pourquoi ne pas avoir ramené Beren à la vie et l'avoir rendu immortel comme Lúthien ? » demanda Jessie. « Après tout ce qu'il a fait pour obtenir le joyau, franchement ! Il a même perdu une main ! »

Morwen haussa les épaules.

« C'est comme ça. Le Valar de la mort est du genre inflexible. C'est déjà un miracle que Lúthien ait réussi à le convaincre de ressusciter son amoureux… »

« En tout cas, c'est une très belle histoire », dit Ikura. « Tu en as d'autres ? »

Feyre ne put réprimer un bâillement.

« On verra ça demain ! Je sais pas vous, mais moi, j'ai besoin de ma dose de sommeil réparateur. »

« Elle a raison », dit Morwen.

Les filles se souhaitèrent bonne nuit, puis se glissèrent dans les tentes : Jessie avec Morwen, Feyre avec Ikura. Là, chacune s'enroula dans son sac de couchage.

Angeal regarda son téléphone. Il lui restait encore une demi-heure avant que Sephiroth vienne les rejoindre. Il s'assit donc devant le feu et y ajouta quelques bûches pour le raviver.

« Toujours rien à signaler, c'est fatigant », soupira Genesis.

« Moins fort, les filles dorment ! C'est peut-être une mission trop calme à ton goût, mais on a eu droit à une belle histoire. La petite Morwen semble être une conteuse née. »

« Mouais, c'est vrai que son histoire était pas mal… Mais je trouve cette gosse louche. Elle nous cache quelque chose, j'ai l'impression. »

« Qu'est-ce que tu racontes ? C'est vrai qu'elle est étonnamment mature pour son âge, mais… »

« Elle est louche, je te dis. Et je crois que Sephiroth s'en doute. Sinon, pourquoi la garderait-il à l'œil ? En tout cas, je vais me venger de cette gosse. »

« Te venger ? Mais elle ne t'a rien fait ! Et on est en mission, je te rappelle. »

« Oui, je sais ! Mais on peut bien travailler et s'amuser en même temps, parfois. Et je vais profiter du fait que je dois monter la garde plus loin pour trouver quelques araignées que je glisserai dans son sac de couchage. »

Ignorant les protestations de son ami, Genesis s'éloigna avec un sourire malicieux.

Ce qu'il ignorait, c'était que Morwen avait l'ouïe fine. Leur discussion l'avait réveillée, aussi avait-elle entendu Genesis. Elle en fut fort agacée. Pourquoi ne la laissait-il pas tranquille ?

Elle choisit donc de rester éveillée, guettant le moment où il viendrait glisser les créatures dans son sac.

Mais plus le temps passait, moins elle arrivait à rester éveillée. Finalement, il mettrait peut-être son plan à exécution demain ? Dans le noir, ce devait être dur de trouver des araignées.

Rassurée, elle s'endormit. Son esprit glissa dans un rêve agréable.

Elle était de retour à Mirkwood, dans sa chambre au palais. Elle était assise sur son lit, occupée à lire un livre, quand Faelwen entra dans la chambre avec du linge propre qu'elle entreprit de ranger dans la commode.

« Bonjour, penneth ! Que lis-tu ? »

« Un livre sur le royaume de Doriath », dit l'enfant.

L'elfe interrompit son pliage du linge pour regarder Morwen avec inquiétude.

« Je suis désolée », dit-elle avec la main sur le cœur.

« Pour quoi ? » s'étonna l'enfant.

« Je ne voulais pas que mes fils te fassent du mal. Si tu savais comme j'ai honte ! »

Morwen déglutit avec peine. Ce rêve prenait une tournure bien moins agréable.

« Ce n'est pas ta faute. Je ne t'en veux pas. »

« Le passé ne peut être changé. Je regrette. »

Soudain, la chambre fut plongée dans un brouillard inquiétant. Des ombres se mirent à se mouvoir autour de l'elfe et l'enfant, quand deux longues pattes noires et velues jaillirent de la brume pour saisir Morwen par la taille.

« NON ! » cria l'enfant, en voyant sa nourrice être engloutie par le brouillard.

Haletante, Morwen s'éveilla et tendit la main dans le vide, mais tout avait disparu : la chambre, Faelwen, les ombres inquiétantes…

L'enfant chercha à tâtons jusqu'à trouver une lampe torche et sortit pour s'approcher du feu. Des boîtes hermétiques avaient été rangées là, contenant des provisions et de l'eau.

« Mauvais rêve ? » demanda Sephiroth, assis au coin du feu. « Je t'ai entendue crier. »

« Oui, désolée », dit Morwen.

Le soldat lui fit signe que ce n'était rien, quand il se leva et dégaina son sabre.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » s'inquiéta Morwen.

Le Soldat lui fit signe de se taire, tout en regardant autour de lui.

« Retourne dans la tente », dit-il.

L'enfant obéit et courut s'y réfugier. Elle vit l'ombre du Soldat se mouvoir autour des tentes, avant de finalement rengainer son épée puis s'éloigner.

Rassurée, Morwen voulut se recoucher, quand un cliquetis familier résonna. Celui que faisait les araignées géantes de Mirkwood…

Oh non ! Pas encore, pensa l'enfant avec horreur.

Elle tenta de se calmer, de se dire que c'était sûrement Genesis qui lui jouait un sale tour. Après tout, Sephiroth disait qu'il n'y avait pas d'araignées géantes sur cette planète !

Oui, c'est sûrement une sale blague.

Lorsque le bruit s'intensifia, elle n'y tint plus. Elle sortit la tête de la tente. Là, elle vit une grosse araignée qui l'observait avec une lueur gourmande dans les yeux. Ses yeux luisaient d'un éclat vert familier, celui de la mako.

Persuadée qu'elle était fausse, Morwen toisa la créature en silence. Lorsque celle-ci la saisit au col de son manteau et la souleva devant elle, l'enfant se força à parler calmement.

« Genesis, arrêtez ! Vos blagues sont nulles, vous n'arriverez pas à me faire peur ! »

Le Soldat apparut près de la tente et fit la moue.

« Ouais, ben j'aurais réussi si Angeal n'avait pas ruiné l'effet de surprise ! »

Surprise, l'araignée cessa de feuler pour regarder ce nouveau venu avec étonnement. Genesis pointa son épée pour piquer une de ses pattes arrière et fit la moue en voyant l'araignée repousser son arme.

« Franchement, Angeal, d'où tu sors cette chose ? C'est quoi, une invocation ? J'avais parlé de plusieurs petites araignées, pas d'une grosse ! »

Entendant son nom, son ami sortit de derrière un arbre avec l'air perdu.

« Mais de quoi tu parles ? Je montais la garde de mon côté, moi ! »

Perplexes, Morwen et Genesis regardèrent alternativement le Soldat et l'araignée.

« Non mais si t'es… alors ça, c'est… » réalisa Genesis.

Comprenant qu'il s'agissait d'une authentique araignée sauvage, Morwen n'y tint plus. Elle ouvrit la bouche et hurla de peur.

Ses cris réveillèrent les filles, qui sortirent de leurs tentes et se figèrent en voyant l'araignée, avant de rentrer à l'intérieur pour se cacher sous leurs sacs de couchage.

XxXxXxXxXxXxXxX

Toujours perché dans son arbre, la Main Noire regardait avec délectation son araignée faire son œuvre.

Toute la journée, il avait épié les filles et leurs gardes du corps au campement. Il avait observé leurs jeux et écouté avec attention l'aveu de Morwen concernant les araignées.

Cela lui avait donné l'idée d'utiliser la matéria Portail pour en faire venir une de Mirkwood. Elle n'était pas aussi grosse qu'il l'aurait souhaitée, mais en l'exposant à une source de mako naturelle proche du camp, elle avait gagné en taille et en force, ce qui en faisait un bon atout.

À présent, il regardait les deux Soldats essayer de la tuer sans toucher Morwen.

Ils avaient tenté de lui couper des pattes, mais sa créature était résistante. Elle allait bientôt s'enfuir dans les bois, après quoi il n'aurait qu'à la rejoindre pour emmener son butin avec lui sur Arda… quand un éclat de lumière traversa la clairière.

L'araignée s'immobilisa… puis toutes ses pattes se détachèrent de son corps. Elle tomba morte au sol, du sang s'échappant de toutes ses blessures.

Morwen roula par terre et s'éloigna vivement de l'araignée. Elle leva des yeux reconnaissants vers le troisième Soldat, celui aux cheveux d'argent, qui était revenu à une vitesse incroyable pour la sauver.

En voyant cet homme, la Main Noire fronça les sourcils. Celui-là était différent, il dégageait une puissance trop grande pour un simple humain. Cela ne lui plaisait pas. Il allait devoir changer de plan et aller chercher l'enfant lui-même.

XxXxXxXxXxXxXxX

Penché au-dessus du cadavre de l'araignée, Genesis l'étudiait avec une fascination morbide.

« Je n'en avais jamais vu de cette taille ! Vous croyez que c'est la mako qui l'a fait grossir comme ça ? »

« Possible, je ne sais pas », soupira Angeal.

Sephiroth se tourna vers Morwen. Assise près du feu, enveloppée dans une couverture, l'enfant tenait dans ses mains tremblantes une tasse d'infusion chaude. Jessie lui tapotait doucement le dos, tandis qu'Ikura et Feyre regardaient le monstre avec inquiétude, comme s'il allait ressusciter d'un moment à l'autre pour les attaquer.

Soudain, un coup de tonnerre retentit. Sephiroth leva les yeux vers le ciel, puis dit :

« On lève le camp. Faites vos bagages, on part dans un quart d'heure. »

Rassurées par cette nouvelle, les filles se levèrent et se dirigèrent vers les tentes.

« Quoi, déjà ? Mais les ordres… » dit Genesis.

« Tant pis pour les ordres, la sécurité des filles compte avant tout ! Il n'y a pas de meurtrier ici, juste des monstres mutants. »

Angeal regarda Sephiroth avec suspicion. Comme Genesis, il n'était pas dupe. Sephiroth voulait abandonner la mission parce qu'il avait une idée derrière la tête.

« Tu ne nous dis pas tout. Qu'est-ce qui se passe, Sephiroth ? Ce monstre ne t'intrigue pas, on dirait que tu te doutais de son existence », dit Angeal.

Sephiroth demeura impassible, mais intérieurement, il se crispa. Pourquoi fallait-il que son ami soit toujours aussi perspicace ?

« C'est bon, on est prêtes ! » dit Feyre.

Les Soldats se tournèrent vers les filles et virent que toutes avaient fait leur paquetage en quatrième vitesse… sauf une.

« Où est Morwen ? » demanda Genesis.

Soudain, un cri effrayé retentit. Sephiroth n'attendit pas et courut à travers les arbres, suivant l'origine du cri.

Un éclair déchira le ciel, puis la pluie se mit à tomber en averse. Sephiroth jura. Cela allait compliquer les recherches, la pluie pourrait effacer des traces !

Il entendit soudain crier dans son dos et se retourna, fit quelques pas, quand le cri revint sur sa gauche.

« Pourquoi tant de secrets ? » dit une voix.

Le Soldat se mit en garde, cherchant des yeux l'auteur de ces mots. Pourtant, il ne voyait toujours rien.

« Le sort de cette enfant ne vous regarde en rien. »

« … La Main Noire, c'est ça ? Pourquoi vous cachez-vous ? »

Il y eut un soupir, puis une silhouette se détacha de l'obscurité pour s'approcher.

« Comme tu voudras », dit le sorcier.

Il était tel que sur le portrait de Morwen : maigre, pâle, avec des yeux d'un éclat rougeoyant. Vêtu de noir, ses mains se terminaient par des pointes en métal acérées.

« Comment connaissez-vous mon nom ? Est-ce elle qui vous l'a donné ? Je ne le lui ai pourtant jamais dit. »

« Qu'avez-vous fait d'elle ? » demanda Sephiroth.

Avec un ricanement malsain, la Main Noire fit un geste de la main. Dans un tourbillon d'ombre, Morwen apparut près de lui. L'enfant se tenait à genoux dans la boue formée par la pluie, mais elle semblait crispée.

Plissant les yeux, Sephiroth vit que des ombres semblaient voleter autour du corps de l'enfant, l'empêchant de bouger.

« Le Seigneur Ténébreux est déçu, Morwen », dit la Main Noire. « Non seulement tu refuses son offre de le servir, mais en plus tu oses divulguer ses secrets. La punition sera sévère. »

Morwen voulut dire quelque chose, mais ses lèvres semblaient maintenues par une poigne invisible.

Sephiroth voulut lui dire quelque chose, quand il discerna un mouvement dans les buissons, derrière l'ennemi. Angeal et Genesis l'avaient suivi, ils se mettaient en position.

« Relâchez-la », ordonna Sephiroth.

« Et pourquoi le ferais-je ? Cette fillette ne vous appartient pas. Ce n'est même pas vraiment une enfant ! Et elle n'est pas de ce monde. »

« Vous non plus, vous n'avez rien à faire ici. Pourquoi tuer tous ces gens ? »

« Ah, stupide mortel… Vous vous heurtez à des forces qui vous dépassent ! Je vous aurais bien tué aussi, mais votre âme n'a guère de valeur. Elle ne donnera pas beaucoup de pouvoir à mon maître, quoique… vous semblez différent des gens de ce monde. Quel est votre nom ? »

Sephiroth en eut assez. Ce discours, qui visait surtout à le distraire, n'avait que trop duré.

« J'attends ! Quel est votre nom ? » insista la Main Noire.

« Ton pire cauchemar ! » cria Genesis en bondissant des buissons.

La Main Noire lâcha Morwen pour brandir une longue épée noire. Les lames se heurtèrent dans un nuage d'étincelles.

Sephiroth et Angeal se précipitèrent pour l'aider. Marmonnant une incantation, la Main Noire fit apparaître un bouclier d'énergie noire qui repoussa les trois guerriers. Ces derniers reculèrent pour observer avec attention ce champ de force.

Enfin libérée, Morwen rampa vers les buissons les plus proches, quand la Main Noire tendit une main vers elle.

L'enfant se recroquevilla en gémissant.

« Morwen ! » dit Angeal.

Il s'agenouilla près d'elle et posa une main sur son épaule, quand la Main Noire se mit à parler dans une étrange langue.

« Ghurarmu shirkush' agh azgushu. Zant ya apakurizak. Gûl-n' anakhizak… »

Morwen gémit. Elle se rappelait bien ces mots. Cette incantation que le sorcier avait récitée tandis qu'elle se vidait de son sang…

Soudain, elle eut du mal à respirer. Il lui semblait que sa gorge devenait brûlante. Portant les doigts à son con, elle sentit un liquide poisseux. Elle vit qu'elle saignait. Sa plaie s'était rouverte !

« Qu'est-ce que… ? » demanda Sephiroth.

Angeal se dépêcha de lancer un sort de Soin, mais cela n'eut aucun effet.

« Qu'est-ce que vous lui faites ? Arrêtez ça ! » ordonna Genesis en pointant son épée vers la Main Noire.

Ce dernier répondit par un rire cruel.

« Son âme est maudite, comme celle de toutes mes anciennes victimes. Je peux la tuer quand bon me semble… »

« Alors pourquoi ne pas l'avoir fait avant ?! »

Angeal voulut dire à Genesis de se taire, de faire attention à ce qu'il disait, mais lui aussi se demandait ce qui retenait la Main Noire.

Ce dernier attendit que la fillette lève péniblement la tête pour dire : « Dernière chance, Morwen. Rejoins-moi dans les Ténèbres. »

L'enfant ne put répondre, son sang obstruait sa gorge. Elle pouvait à peine respirer !

« Accepte l'offre de Sauron et tu ne souffriras plus ! » renchérit le sorcier.

Sauron… Celui qui lui avait menti. Qui avait détruit tant de vies comme celle de Celebrimbor et Talion. Qui l'avait regardée mener une vie triste et solitaire à Mirkwood, piégée pour que le roi la livre à Tangadion et ses soldats violents…

Soudain, Morwen sentit un objet dur et chaud sous ses doigts. Malgré la douleur qui embrouillait sa vue, elle reconnut l'éclat dorée de l'Elanor à son cou. Le beau visage de Galadriel lui revint à l'esprit. Elle ne l'avait rencontrée qu'une fois, mais la Dame avait été gentille et sincère avec elle. L'elfe avait tenté de la rencontrer pour l'aider, elle lui avait donné ce collier, envoyé Glorfindel pour l'emmener dans un endroit sûr…

« J… Jamais ! » cracha Morwen.

La main tendue de la Main Noire se serra en un poing qui devint rouge luisant. Aussitôt, Morwen se tortilla de douleur et gémit, laissant s'échapper un ruisseau de sang plus abondant.

« Arrêtez ! » s'écria Angeal.

Mais c'était trop tard. Morwen se vidait du peu de sang qu'il lui restait sous le regard impuissant des trois Soldats. Son corps eut un dernier soubresaut, puis elle tomba amorphe dans la boue.

Vais-je mourir pour de bon, cette fois ? Ou mon âme va-t-elle encore se retrouver coincée dans une fleur magique ? pensa l'enfant.

Elle sentait toujours son corps, lourd et brûlant de douleur. Curieusement, la zone de ses mains en contact avec la terre n'était pas douloureuse. Au contraire, une douce sensation de vie s'en dégageait.

Lentement, elle remonta le long de ses bras, jusqu'à atteindre son cœur. Ce dernier avait ralenti, prêt à s'arrêter, quand l'énergie de la terre l'atteignit. Morwen sentit avec surprise la vie remonter le long de ses membres et atteindre son cou, refermant la plaie.

Papillonnant des yeux, elle tendit la main vers Sephiroth. Surpris, ce dernier s'agenouilla.

« Morwen ? »

« Je… respire. »

La Main Noire parut stupéfaite.

« C'est impossible ! »

La surprise fut telle que son bouclier disparut. Réalisant soudain l'ouverture qui s'offrait à lui, Genesis en profita pour lancer une boule de feu sur le sorcier.

Ce dernier eut juste le temps de lever le bras pour éviter que les flammes touchent son visage.

Il adressa un bref regard à Genesis, puis reporta son regard sur Morwen.

« Mais qu'est-ce que tu es ? » souffla le sorcier du Mordor.

Morwen ne put répondre, tant elle était faible. La Main Noire regarda les trois Soldats et l'enfant, puis sortit une matéria de sa tunique.

Un portail apparut dans son dos et l'aspira, le faisant disparaître.

Restés sous la pluie, les trois Soldats et l'enfant observèrent l'endroit où il avait disparu dans un silence tendu.

XxXxXxXxXxXxXxX

Le retour à Midgar se fit dans un silence oppressant.

Tout le monde était soit effrayé, soit fatigué. Morwen était les deux.

Installée dans une voiture conduite par Sephiroth, on l'avait allongée sur une banquette, enveloppée dans une couverture chaude et installée dans une voiture isolée des autres enfants, afin qu'elle puisse respirer.

Angeal se tenait près d'elle et prenait parfois son pouls, mais il avait un air sombre qui ne rassurait guère Sephiroth. Pourtant, lorsque ce dernier jetait un coup d'œil dans le rétroviseur, il voyait Morwen cligner des yeux ou bien légèrement bouger la tête.

Le Première Classe savait qu'il aurait dû ramener tout le monde au bâtiment Shinra pour un débriefing avec ses supérieurs, mais seul l'état de la petite comptait.

Aussi, il conduisit la voiture jusque chez lui, tandis que Genesis menait l'autre véhicule au QG.

Arrivé chez lui, Sephiroth prit délicatement Morwen dans ses bras et, tandis qu'il marchait vers le salon, il demanda à Angeal d'appeler le médecin qui l'avait examinée au Bâtiment Shinra.

« Pourquoi tu veux qu'il vienne ici ? Pourquoi ne pas emmener la petite à l'hôpital ? » demanda Angeal en composant le numéro.

« Je ne veux pas qu'Hojo s'approche d'elle. »

Une fois allongée sur le lit dans la chambre d'amis, Sephiroth écarta la couverture pour examiner le cou de l'enfant. La plaie s'était refermée de façon inexplicable, sans magie ni rien.

« Bon, le médecin arrive bientôt, mais Sephiroth… Je ne sais pas si on doit la conduire à l'hôpital. »

« Pourquoi ça ? »

« J'ai tenté plusieurs fois de prendre son pouls sur le chemin du retour. Et je n'ai pas senti le moindre battement. »

« Ça n'a pas de sens, Angeal, regarde-la ! Elle respire. »

« Oui, mais… »

On frappa à la porte. Le docteur entra. En voyant l'enfant couverte de boue et de sang, il prit l'air inquiet. Heureusement, seuls ses vêtements en étaient couverts, la plaie s'était refermée dans les bois.

Il sortit un stéthoscope et entreprit de vérifier ses battements de cœur. Il attendit une minute et parut surpris, puis inquiet.

« Hum… Inspire à fond ? »

Morwen obéit et inspira une grande goulée d'air. Le docteur lui demanda de répéter l'opération plusieurs fois, puis secoua la tête.

« Dis-moi, petite… Est-ce que tu manges de la viande ? »

« Hein ? Pourquoi vous me demandez ça ? »

« S'il te plaît, réponds. »

« Euh… Non. Je déteste, ça me rend malade. Je suis végétarienne. »

Et c'était la vérité. Morwen ignorait pourquoi, mais depuis qu'elle s'était réincarnée, elle avait horreur de la viande. Pourtant, elle adorait ça dans son ancienne vie.

« Et je suppose que tu ne prends pas de lait non plus ? »

« Euh… Quand j'étais bébé, si, mais j'ai arrêté très vite, car on s'est aperçus que ça me rendait malade aussi. »

« Alors, que bois-tu ? »

« Euh… De l'eau et du jus de fruits. Mais pourquoi toutes ces questions ? »

« Je me le demande aussi », dit Sephiroth.

Le médecin parut gêné face au regard sévère du Soldat, puis s'écarta de la petite avec un soupir.

« Je peux vous parler en privé, Sephiroth ? »

Le Soldat fit signe à Angeal de rester avec la petite. Ce dernier fit signe qu'il avait compris et vint s'asseoir près de Morwen pour lui offrit un sourire rassurant.

Le médecin suivit Sephiroth dans la cuisine et là, il reprit la parole.

« J'ai analysé les échantillons de sang et de peau de l'enfant. Cela va vous paraître fou, mais… elle n'est pas humaine. J'avais remarqué que ses cellules présentaient des similitudes avec celles des plantes, mais tout à l'heure, quand j'ai voulu écouter son cœur, je n'ai rien entendu. Je crois que cette enfant n'en a pas. »

Sephiroth écarquilla les yeux.

« Mais c'est impossible ! Elle respire et elle saigne. »

« Oui, mais… je crois que son organisme s'apparente plus à celui des plantes. Et ce qu'elle a dit sur son régime alimentaire le confirme aussi. Elle ne prend pas de lait parce qu'il contient de la graisse et du cholestérol. Par contre, vous avez déjà mis du sucre dans l'eau des fleurs pour les garder en vie plus longtemps ? Elles adorent ça. Pareil pour la viande, c'est trop gras. Elle dit qu'elle ne mange que des fruits et des légumes. Les plantes qui poussent dans la terre y puisent leurs nutriments à l'aide de leurs racines. Quand elle les mange, je crois qu'elle absorbe les mêmes nutriments que si elle avait des racines pour se les procurer. »

Le Soldat regarda le médecin avec inquiétude. Il se rappela la façon dont Morwen avait planté ses doigts dans la terre boueuse alors qu'elle se vidait de son sang. Elle avait paru se régénérer en faisant cela, comme une plante qui enfouit ses racines dans le sol pour se nourrir…

« Je crois que c'est pour ça qu'elle n'a pas succombé à l'afflux de Mako. Son organisme semble plutôt l'avoir absorbé, comme une plante qui boit l'eau. Oh, je me demande si elle a vraiment besoin de respirer, en fait ? Peut-être que sa peau absorbe le dioxyde de carbone et recrache de l'oxygène ! »

Tandis qu'il parlait, les yeux du docteur s'illuminaient d'excitation et ses joues devenaient rouges. Cela ne plut pas du tout à Sephiroth, qui avait passé toute son enfance entre les mains de scientifiques le traitant comme un vulgaire cobaye de laboratoire. Il connaissait cette agitation fébrile, celle de gens désireux de trouver des réponses par n'importe quel moyen, même ceux dépourvus de morale.

« Sortez d'ici », dit Sephiroth.

« Quoi ? Mais… »

« Sortez ! Et si vous touchez ne serait-ce qu'un mot de tout cela à Hojo, je m'occuperai personnellement de vous. Vous avez ma parole. »

Face au regard glacial et la voix menaçante du Soldat, le médecin prit peur et s'enfuit sans demander son reste.

Lentement, Sephiroth rejoignit l'entrée du salon. Il trouva Morwen endormie, la tête posée sur l'une des cuisses d'Angeal. Cette vision lui fit mal. La petite avait l'air si inoffensive, si… humaine !

Lentement, son ami souleva la tête de Morwen et la reposa sur le canapé avant de se lever.

« Alors ? » demanda-t-il dans un souffle.

Sephiroth haussa les épaules.

« Elle va bien… mais le médecin affirme qu'elle n'est pas humaine. »

Il lui résuma les informations émises par le praticien. En entendant ça, Angeal lança un regard surpris à Morwen.

« Elle serait une plante ? »

Sephiroth haussa les épaules. Peu importe que ce soit vrai ou faux, cela ne résolvait rien au problème.

« Va retrouver Genesis, je dois parler à Morwen. »

« D'accord… mais vas-y doucement, elle a vécu une rude épreuve. »

Une fois seul, le Soldat s'approcha et secoua doucement l'épaule de Morwen. Celle-ci ouvrit les yeux et se redressa en bâillant.

« Il est temps que tu me dises la vérité ? » dit le Soldat.

La fillette perdit son air endormi pour un autre plus grave.

« Tu n'es pas d'ici, n'est-ce pas ? » devina Sephiroth.

« … Non. Je viens d'un autre monde. »

Avec un soupir, le Soldat s'assit à côté d'elle. Morwen essaya de lire son expression, mais ses longues mèches de cheveux argentés cachaient ses yeux.

« Cette Main Noire… Qui est-ce, exactement ? »

« Un sorcier au service d'un esprit malveillant qui s'appelle Sauron. »

« Et pourquoi en a-t-il après toi ? Quel lien as-tu avec eux ? »

« Sauron est… un fantôme, je crois. Il était vivant, autrefois, mais il a été blessé d'une façon qui fait qu'il est plus proche d'un spectre que d'un être vivant. La Main Noire a utilisé la magie pour voyager dans des mondes et tuer des gens nés le 29 février, parce que les âmes nées à cette date seraient une plus grosse source d'énergie que d'autres. »

« Toi aussi ? Il veut te tuer pour redonner des forces à ce Sauron ? »

Morwen passa la main sur sa gorge.

« Non, je… j'ai déjà été tuée. Mais mon âme a été mise dans une fleur, pour une expérience. Sauron essayait de se fabriquer un nouveau corps pour se réincarner, sauf que je suis revenue à sa place. Avant, j'étais une humaine de trente-six ans. »

Sephiroth fronça les sourcils.

« Tu veux dire que tu te souviens de ta mort ? »

La main sur sa gorge, Morwen baissa tristement les yeux.

« Je me souviens de toute ma vie d'avant, oui. »

Elle lui résuma sa vie sur Terre : son ancien nom, sa famille, son travail en tant que chargée d'accueil dans un musée… Face à l'afflux de noms de pays et villes inconnus, Sephiroth fut légèrement déboussolé, mais il eut le sentiment qu'elle n'inventait rien. Elle parlait de manière calme, assurée, sans la moindre hésitation.

« Donc, tu dis que des dieux, enfin des… Valars, ont interféré avec l'expérience de Sauron et fait en sorte que tu te réincarnes avec tous tes souvenirs dans ce corps, pour empêcher Sauron de le prendre ? »

« C'est à peu près ça, oui. »

Sephiroth resta silencieux après cela, le regard perdu dans le vide.

Finalement, il se leva. En le voyant marcher vers la sortie, Morwen prit peur.

« Où vas-tu ? »

Le Soldat s'arrêta. Toujours de dos, il pivota doucement la tête vers elle, puis répondit :

« Faire le nécessaire. »

Il sortit, la laissant seule dans la maison. Morwen regarda autour d'elle, puis s'enroula davantage dans la couverture. Elle serra fort son médaillon dans ses mains en priant les Valars.

Pourtant, rien ne se passa. Pas de portail, pas de vision ni de rêve pour la rassurer.

Malgré la fatigue, elle essaya de rester éveillée. Si jamais des troupes de la Shinra débarquaient pour la coffrer dans un laboratoire, elle voulait être prête à se battre !

Pourtant, la fatigue eut raison d'elle. Elle dormit d'un sommeil de plomb, jusqu'au petit matin. Sephiroth vint la réveiller à six heures, avec un dossier dans les mains.

En voyant ce tas de paperasses dans ses mains, Morwen fut curieuse et inquiète.

« C'est quoi ? »

« Un dossier de demande de tutelle. Je vais avoir besoin de ton aide pour le remplir, il faut qu'on trouve des mensonges crédibles pour remplir certaines cases. »

Fatiguée, Morwen mit quelques secondes à déchiffrer le sens de ses paroles.

« Tutelle ? Tu veux dire que… »

« Je ne peux pas te laisser entre les mains d'une famille d'accueil normale, je doute fort que tu arrives à donner le change. Et je dois surveiller le docteur qui t'a examinée, sans parler du fait que la Main Noire pourrait revenir n'importe quand. Alors, je vais devoir te surveiller. J'ai réussi à convaincre le président qu'une adoption pourrait expliquer aux médias le fait que tu sois sous ma surveillance continue. Et puis, il juge que c'est une bonne publicité : le Héros de la Shinra adopte une pauvre orpheline de Midgar. »

Il avait fini sur le ton de la plaisanterie, mais loin de partager son amusement, Morwen prit l'air méfiant.

« Pourquoi tu fais ça ? Tu pourrais me confier à un orphelinat. Ils ont des orphelinats ici, non ? Ce serait pas plus simple ? »

« En un sens, oui, ça le serait. Mais je te l'ai dit, tu es différente. Et… je sais ce que c'est que d'être différent. »

Morwen le regarda sans comprendre. Cela lui fit étrangement chaud au cœur qu'elle ne partage pas l'avis que la plupart des gens avaient de lui. Elle semblait vraiment ne pas voir en lui tout ce qui inquiétait les autres.

Bien sûr, venant d'un autre monde, elle ne devait pas avoir conscience de ce qui était normal ou non ici.

« Alors ? Tu es d'accord pour que je continue de veiller sur toi jusqu'à ce que la Main Noire soit hors d'état de nuire ? »

Morwen parut hésiter, puis lui sourit.

« Je veux bien, oui. »

Souriant, Sephiroth s'assit à côté d'elle et ouvrit le dossier.