Maître des âmes

Chapitre 6 :

Les Abeytu

Alexander avait passé la nuit avec les Abeytu. Ils avaient posé des questions sur ses motivations à venir chercher leur enseignement, sur comment il les avait trouvé, sur sa vision des animaux… Mais ils ne lui demandèrent rien sur lui ou sa vie qu'il ne dit pas lui même. Rapidement, Alexander comprit qu'ils ne cherchaient pas à connaître sa vie, ce qu'il avait pu faire ou ces autres choses superficielles que tous voulaient toujours savoir. Non, ils cherchaient à connaître sa personnalité, sa nature et pour cela, des discussions d'allures simples pouvaient suffire. Ils discutèrent et s'observèrent dans une ambiance sereine et chaleureuse, ouverte. Jamais il n'avait connu tel accueil et cela lui fit du bien. Le jeune homme rentra au domaine de Rael au petit matin après avoir obtenu de Dyani l'enseignement de sa tribu et cela le rendit particulièrement heureux. Sa première leçon aurait lieu le lendemain et il avait hâte d'y être. En attendant, il passa une partie de la journée à l'aménagement de sa maison avant d'aller se coucher tôt, faisant une grosse nuit de sommeil avant de reprendre le portoloin pour aller voir la tribu, emmenant Hedwige avec lui cette fois.

Si le portoloin le secoua une fois de plus durement, il se dit que cela en valait largement la peine. Il sourit avec affection quand il entendit Hedwige, crier avec agressivité sur son épaule, sentant ses ailes étendues autour de sa tête contre laquelle elle était blottie. Il percevait son aura protectrice pour lui. Elle était devenue encore plus tatillonne depuis qu'ils avaient quitté le Royaume Unis. Il respira, un genou à terre une nouvelle fois, levant une main tremblante pour la caresser. Doucement, il reprit ses sens pour retrouver le camps des Abeytu. La chef était devant lui avec quelques autres, l'ayant visiblement attendu. Dyani souriait entre affection et amusement en regardant Hedwige sur son épaule.

- Tout va bien ma grande, assura-t-il en se relevant péniblement. Tout va bien ne t'inquiète pas.

Sa tendre amie se détendit, secouant ses plumes et rabattant ses ailes avant de se mettre à lisser ses cheveux de son bec en couinant avec réconfort pour lui. Il sourit et la caressa délicatement en s'avançant vers les présents, les saluant respectueusement.

- Voici Hedwige, présenta-t-il ensuite avec fierté. Désolé pour cet accueil. Cette demoiselle a tendance à oublier les bonnes manières quand elle veut me protéger, s'amusa-t-il en les faisant sourire.

- Cela prouve qu'elle vous aime avec profondeur et sincérité, sourit Dyani. Votre petite sœur est magnifique.

- Elle l'est, approuva-t-il.

La dame lui fit signe de venir avec elle et il la suivit, gagnant un tipi. Il y entra avec elle et s'y installa, la laissant lui servir une boisson de leur tribu. Une autre personne les rejoignit rapidement. C'était un jeune homme qui devait avoir autour des vingt cinq ans. Il était grand, solide et assez musclé. Vêtus comme ceux de son peuple. Il avait de très longs cheveux noirs parfaitement lisses parés de plusieurs ornements de plumes. Il était assez impressionnant pourtant, il avait un visage si doux et paisible que cela faisait ressortir une sensation de paix, de calme, de force tranquille et de bienveillance de sa personne. Il s'assit avec eux en les saluant, souriant légèrement.

- Alexander, je vous présente Nahele, fit la chef.

- C'est un honneur, dit-il avec une inclinaison de tête qui lui fut rendue.

- Nahele est l'un de nos meilleurs guerriers, continua-t-elle. Un grand guerrier mais aussi un grand connaisseur de la transformation animagus. Il l'a lui même apprise lorsqu'il avait quatre ans, dit-elle en le stupéfiant.

- J'ignorai que c'était possible si jeune, remarqua-t-il.

- Les sorciers de votre peuple ont des idées trop arrêtées sur ce qui est possible ou non selon eux, remarqua Nahele.

- Je suis entièrement d'accord avec vous, approuva-t-il sans aucune réticence.

- La transformation animagus n'est pas qu'un pouvoir, reprit Dyani. Le véritable but de cette transformation est de faire corps avec notre part animale. Elle est le pont entre nous et Mère Nature. Vous appelez cela animagus, notre peuple parle d'élévation. Nous considérons que cette transformation est une forme de fusion avec la nature et cette petite part d'elle qu'elle place en chacun de nous. C'est un accomplissement qui nous amène plus près de la compréhension du monde. L'animal est nous et nous sommes l'animal mais avant de ne faire qu'un, nous sommes deux. Il faut se rencontrer et s'accepter l'un l'autre pour fusionner. Cela peut être fait à n'importe quel âge et lorsque cette fusion a lieu, la transformation est naturelle. Votre peuple ne cherche pas à fusionner avec l'animal en vous, juste à prendre sa forme. La potion qu'ils utilisent ne sert qu'à trouver cette forme, provoquer la première métamorphose et ancrer en vous ce processus de transformation. Mais ce n'est qu'un acte purement physique comme si seul l'apparence comptait.

- Je comprend, acquiesça-t-il fasciné par ce discours.

Très attentif, il écouta, tentant de comprendre de son mieux. Il caressait aussi Hedwige qui elle continuait à lisser ses cheveux. Si sa tête lui faisait toujours mal après le portoloin, il n'en n'avait que faire. Hedwige pourtant, couinait avec inquiétude, attirant l'attention des deux indiens.

- Elle dit que vous avez mal, fit Nahele en le stupéfiant.

- Comment le savez-vous ? demanda-t-il.

- J'ai la chance d'avoir le don de comprendre ce que disent les animaux, sourit-il. Elle veut vous soulager.

- Je vais bien ma grande, assura-t-il en la cajolant. Ça va passer.

- Mal à la tête ? demanda la chef .

- Oui. Les transports magiques ne sont vraiment pas une chose facile pour moi.

- Elle est vraiment inquiète pour vous, remarqua le jeune homme en regardant Hedwige l'air touché par elle.

D'un geste de la main, il fit apparaître une de ses potions pour la prendre, montrant la fiole vide à l'oiseau.

- Regarde, j'en ai pris une et ça va passer. Tu es contente maintenant ? demanda-t-il.

Elle lui pinça l'oreille comme pour lui dire de ne pas plaisanter avec cela, faisant rire les deux indiens. Puis elle se blottit dans ses plumes contre lui, l'air apaisée.

- Elle vous adore, fit Nahele. Elle est rassurée. Elle est très intelligente.

- Tellement qu'elle me surprend toujours, répondit-il.

- Vous êtes un clairvoyant magique n'est-ce pas ? demanda la chef le regard perçant.

- Qu'est-ce qu'un clairvoyant magique ? questionna-t-il intrigué.

- C'est très rare. Ce sont ceux qui sentent la magie en eux, qui peuvent presque la voir autour d'eux, la ressentir. Cela rend hypersensible aux magies puissantes et cela rend les transports très difficiles. Il y aurait énormément à dire sur le sujet mais pour dire cela simplement, un clairvoyant est une personne avec un instinct, une perception magique très fine et puissante.

- J'ignore si c'est bien cela mais ça y ressemble. J'appréhende encore ce don. Je ne l'ai pas depuis longtemps.

- Comment cela ?

- Il semble que j'avais des prédispositions à la chose mais je ne l'avais pas avant. Il y a quelques mois, j'ai eu un grave accident et j'ai reçu un très violent choc à la tête. J'ai été dans le coma et j'ai été amnésique plusieurs mois avant de retrouver la mémoire. Je me suis très bien remis, au-delà de ce que les soignants pensaient possible mais il semblerait que cela ait éveillé certaines choses en moi dont cette sensibilité extrême. Je suis encore en train de m'y faire, d'observer et d'apprendre à connaître cette aptitude.

- C'est un merveilleux cadeau que votre magie vous a fait, sourit-elle. Seul ceux qui sont aimés de la Magie peuvent être clairvoyants. Seul ceux qui l'aiment et son aptes à la comprendre, à faire corps avec elle, peuvent avoir ce don et la voir ainsi. C'est un problème pour les transports magiques mais c'est une capacité incroyable.

- Je le pense aussi. Mais de ce fait, l'usage des transports est très désagréable.

- Vous a-t-on dit qu'il ne fallait pas transplaner vous même ?

- Oui, je fais très attention.

- Bien, approuva-t-elle. Ce don est un don qu'il faut apprendre à lire et à sentir par soi même. Cela ne s'apprend pas, ne s'enseigne pas. C'est aussi naturel que de respirer. Mais je peux vous dire ceci : ne détournez pas le regard et ne luttez pas contre. C'est presque comme si votre magie, la Magie et la Nature autour de vous vous parlaient, vous montraient. Vous pouvez avoir confiance.

- J'ai déjà compris cela par moi même, sourit-il. Et je n'ai jamais eu besoin de cela pour avoir confiance en la Magie.

- C'est certainement au moins en partie pour ça qu'elle vous aime. Bien. Nous disions : votre peuple n'aborde cette transformation animagus que comme une chose physique. Mais l'essence de cette métamorphose est la fusion avec notre âme animale, son acceptation. Une fois cela fait, la transformation physique est si évidente qu'elle n'a pas plus besoin d'être enseignée que l'on apprend à un nourrisson à respirer et à remuer. C'est naturel parce que le corps animal est aussi votre corps et qu'il fait parti de vous. Vous aviez raison de penser que cette potion n'est pas la chose à faire. C'est comme une fusion forcée avec votre part animale qui est mise en cage et rendue muette avec cette méthode. La véritable transformation est plus puissante, plus profonde.

- Cela me semble bien plus logique, remarqua-t-il.

- Cela l'est, sourit Nahele. Les animaux ne sont pas fait pour vivre en cage. C'est une chose que votre peuple n'entend pas la plus part du temps. Cela à tel point qu'ils mettent même leur propre part animale en cage.

- J'ai horreur des cages, grimaça-t-il.

Il avait connu la cage avec son placard chez les Dursley, avec l'image et le rôle dans lesquels on avait voulu l'enfermer. Il ne comprenait que trop quel supplice cela était et il détestait ça.

- Dans ce cas, vous avez déjà le bon esprit pour aborder la transformation comme nous. En réalité, ce n'est pas très difficile et les longs discours sont inutiles. La réussite ou l'échec ne dépendent que de vous et de votre capacité à accepter cette part animale de vous, à vous accepter en réalité, à accepter votre lien avec Mère Nature. Parvenir au but peut ne prendre que quelques minutes, comme cela peut prendre des années. Tout dépend de vous et de votre manière d'accueillir votre part animale lorsque vous la rencontrerez, expliqua la chef.

- Comment puis-je la rencontrer ? questionna-t-il.

- Elle est là en vous. Invitez là à venir vous rencontrer. Invitez là à se joindre à vous pour ne faire plus qu'un, répondit-elle comme une évidence.

- C'est tout ? s'étonna-t-il.

- Il est inutile de chercher des choses et des processus compliqués, s'amusa-t-elle. Cette transformation c'est vous face à vous même. C'est un pouvoir qui peut s'éveiller très naturellement sans professeur pour peu que l'on aille à la rencontre de cette part de nous. Beaucoup de peuples à intelligence dite élevée, de peuples dits civilisés, ont refoulé cette part sauvage d'eux même en pensant qu'elle était une mauvaise chose. En pensant que l'animal devait être réprimé et enfermé, éliminé. Cela a fait qu'avec le temps et la culture, une chose qui aurait dû être naturelle est devenue très difficile à atteindre pour les êtres magiques. Mais ça ne l'est pas en réalité. La vérité est que la transformation animagus n'est qu'une invitation à soi même pour le peu qu'on ouvre cette porte et qu'on l'accepte. Nahele va vous amener à un endroit approprié et vous dire comment faire. La suite vous appartient.

- Merci, répondit-il. Merci du fond du cœur.

- C'est une petite chose que vous auriez pu découvrir par vous même, s'amusa la dame.

- Mais c'est vous qui me l'offrez alors merci.

Elle lui donna un signe de tête et il se leva avec Nahele, Hedwige sur l'épaule. Il suivit le guerrier à l'extérieur et celui-ci le mena un peu en dehors de leur village, quelques regards les suivant sur leur passage. Ils rejoignirent un petit espace entre les arbres où le sol était tapis de mousse. Le guerrier l'invita à s'asseoir au centre et il s'exécuta, l'amérindien s'installant face à lui. Il avait cette expression si douce et calme que s'en était communicatif. Difficile de croire qu'une personne avec un tel regard pouvait être un guerrier. Mais en un sens, c'était beau parce qu'il pouvait s'imaginer un guerrier raisonnable, doté de pitié et de compassion et pour lui, un guerrier devait avoir cela.

- Le meilleur moyen d'entrer en contact est simple, commença Nahele. Votre part animale est en vous. Il suffit d'en prendre conscience et de l'appeler avec sincérité, de vouloir réellement la rencontrer et l'accepter sans condition. Lorsque j'étais enfant, je l'ai appelé en lui disant que je voulais un câlin, s'amusa-t-il en le faisant sourire. Si cette part de vous accepte, elle vous donnera son nom et cela signera votre union définitive. C'est une autre face de vous mais c'est vous. Tous nous sommes plusieurs faces et notre part animale est l'une de ces faces. Fermez les yeux, concentrez vous sur elle et accueillez là. Il faut prendre conscience de sa présence et l'accepter comme elle est sans préjugé.

Il obéit et ferma les yeux. Il paraissait invraisemblable que cela soit aussi simple et pourtant, il les croyait. C'était logique à ses yeux et cela lui paraissait naturel. Entendre que les sorciers s'étaient sûrement imposés des blocages inconscients à cause de leurs préjugés et de leurs idées, de leurs façons de voir les choses et de leur culture était parfaitement vrai pour lui. Il le voyait clairement aujourd'hui. Il n'avait simplement pas imaginé que ça pouvait allait jusqu'à ce genre de chose. Il n'y avait pas pensé, mais il aurait dû et il y penserait à chaque fois qu'on lui dirait que c'était impossible, difficile ou qu'il n'y avait qu'une manière de faire. Parfois les choses étaient simples. Il était peut-être tellement habitué à ce que tout soit compliqué qu'il en oubliait que l'inverse était également possible.

Il ferma les yeux et se concentra sur sa part animale. Il y avait souvent pensé et il l'avait souvent ardemment désiré. Devenir animagus, il le voulait depuis longtemps. Cela ne l'effrayait pas du tout et il était même très excité. Petit déjà il rêvait de se transformer en animal pour être libre. Il n'avait jamais perdu cette envie et elle n'avait pris que plus d'ampleur et de sens. Accepter sa part animale ? Il l'avait déjà fait. Cette part de lui avait été la première qu'il avait accepté et c'était pour ça qu'il se sentait proche des animaux et qu'il les adorait. Longtemps il aurait préféré être un animal plutôt qu'un humain. Il avait juste pensé que c'était impossible, puis que ce n'était pas la bonne manière de faire. Aujourd'hui, il savait qu'il avait été idiot et qu'il lui suffisait simplement d'ouvrir la porte et d'accepter cette part de lui.

Alors il le fit, se focalisant totalement là dessus. Il n'imagina pas un animal en particulier. Il ne demanda qu'à celui qui était déjà là en lui d'accepter de le rejoindre. La réponse fut immédiate. Un vent chaud et puissant balaya son être, chargé de magie. Un nom raisonna dans son esprit, le nom de son animagus, un nom qu'il connaissait déjà sans l'avoir réalisé : Rael. Il sourit, se traitant un instant d'imbécile pour ne pas l'avoir compris plus tôt. Il y avait eu pourtant tellement de signes. C'était comme si sa part animale tambourinait à la porte depuis toujours pour qu'il lui ouvre et lui n'avait rien entendu. Jusqu'à aujourd'hui. Il s'en excusa en pensée, jurant qu'il ne serait plus jamais aussi aveugle. Il y eut un éclat de magie plus fort et il sut, il sut qu'il était Rael. Il n'avait pas besoin d'ouvrir les yeux pour sentir et savoir. Une euphorie sans nom le prit pour une raison simple : il avait des ailes !

Il rouvrit les yeux, reprenant contact avec le monde. Un peu plus loin devant lui, Nahele le regardait l'air émerveillé et surpris. Derrière, un peu plus loin, d'autres Abeytu observaient, tout aussi surpris, souriant aussi. Il y eut un petit cri près de lui qu'il reconnu comme un appel et il tourna la tête. Hedwige était là, juste un peu plus petite que lui. Elle roucoulait et il sut qu'elle était heureuse et fière. Elle vint jouer de son bec dans ce qui était désormais ses propres plumes et il frotta sa tête contre elle avec affection. Un instant plus tard, elle s'écartait de lui, ouvrant ses ailes pour s'envoler, le bousculant au passage comme pour le narguer. Répondant à l'invitation, il ouvrit ses ailes et ce fut le plus naturellement du monde qu'il prit son premier envol. Voler, il savait faire, il adorait le faire et il pouvait le faire en dormant.

Un cri d'aigle déchira l'air et il gagna le ciel, suivant sa petite sœur d'âme. Il fut bientôt dans ciel au dessus des arbres, les vents glissant sur lui en une caresse délicieuse. Depuis quand n'avait-il pas volé ? Ce lui semblait déjà si loin. Puis il se souvint. La dernière fois qu'il avait volé avait été sur les sombrals pour aller au Ministère. Il chassa cette pensée, préférant aller jouer dans les nuages avec Hedwige, se gorgeant de cette euphorie et de cette liberté que le vol offrait sans concession. Il roula dans les airs, découvrant son excellente vue perçante. Il joua avec les vents, avec Hedwige, ne pensant à rien, testant ses ailes qu'il avait tellement désiré. Il ne sut combien de temps il fit cela mais il redescendit finalement, retrouvant sans mal le village. Hedwige le suivit et ils allèrent là où ils s'étaient envolés. Nahele était là avec Dyani et quelques autres. Ils les regardèrent revenir avec le sourire. Lorsqu'il fut près du sol, il se concentra à nouveau sur sa forme humaine, découvrant les rubans de lumière dorée qui dansaient autour de lui dans sa transformation. Il se retrouva sur ses deux pieds, vacillant un peu à la sensation. Hedwige vint se poser sur son épaule et il la caressa, souriant de toutes ses dents.

- Nous avons trouvé un nouveau passe temps à faire ensemble ma belle, s'amusa-t-il.

Hedwige approuva d'un petit cri enthousiaste, se mettant à lisser ses cheveux ébouriffés. Il tourna le regard vers la chef, s'inclinant avec respect et reconnaissance.

- Merci, du fond du cœur. Vous n'avez pas idée de ce que cela représente pour moi.

- Cela n'a pas été très difficile ni très long. Nous n'avons pas fait grand-chose, sourit-elle.

- Si. Vous m'avez montré que je devais faire attention à ne pas suivre les chemins que d'autres ont tracés en pensant qu'il n'en n'existe pas d'autre. Vous m'avez montré que je devais tracer mon propre chemin en écoutant ma magie et mon instinct avant toute autre chose. Il y a quelque temps de ça j'ai saisi ma liberté et j'ai décidé d'être mon seul maître, de vivre ma vie comme je voudrai la vivre. Je pensais avoir saisi ma liberté ce jour là. Vous m'avez fait réaliser que j'avais juste commencé à le faire et que j'avais encore énormément à apprendre et à découvrir, bien au-delà de ce que je savais déjà devoir encore apprendre. Et de toute évidence, vous êtes des professeurs inestimables. Alors merci du fond du cœur et, s'il vous plaît, permettez moi d'apprendre un peu plus de vous.

- C'est un très bel animagus que vous avez, répondit-elle en s'approchant. L'animagus révèle notre nature véritable, qui nous sommes et ce dont nous sommes capables, les dons que nous pouvons avoir. Vous êtes un aigle royal absolument magnifique. C'est un animagus extrêmement rare qui a aussi une signification très importante pour notre peuple. L'aigle est puissant et majestueux. Il représente la force, la liberté, le courage, la transcendance, la clairvoyance. Il a une vision claire et surmonte les difficultés, parle avec cœur et vérité. Il est la force divine, le guérisseur et le lien avec les esprits, avec le Grand-Esprit. Il est le roi des cieux. Qu'un aigle vienne à nous est pour nous le signe que le Grand-Esprit nous rend visite, souvent avec un message et il ne vient que si l'on est sur la bonne voie. Votre arrivée est assurément autant chargée de message pour nous que pour vous. Nous vous accueillons avec plaisir, sourit-elle.

Il lui rendit l'expression, touché, s'inclinant avec respect pour remercier. Rapidement, ils convinrent qu'il viendrait passer du temps avec eux chaque semaine. Pour Alexander, il fut vite évident que lui apprendre à devenir animagus n'avait été qu'un test pour la tribu. Un test qu'il avait passé plus vite qu'imaginé mais un test tout de même. Ils avaient voulu voir ce qu'il était au fond de lui, comment il réagirait à leur mentalité et ils avaient voulu voir ce qu'il ferait lorsqu'il aurait eu ce qu'il était venu chercher. Partirait-il simplement comme tous le faisaient ? Ou agirait-il autrement ? Pour eux, qu'il comprenne et reconnaisse qu'il avait encore tout à apprendre et qu'il demande à continuer était la réponse attendue. L'animagus n'était qu'une sorte d'appât que beaucoup de gens venaient leur demander, leur savoir faire en la matière connu. Mais rare étaient ceux qui voyaient plus loin et s'intéressaient véritablement à eux, à ce qu'ils avaient à enseigner. Pour Alexander, il aurait été stupide et idiot de ne pas reconnaître la sagesse de ces gens.

Aussi, il revint chaque semaine, avec Hedwige, se fichant du désagrément du portoloin même si cela était pénible. Il n'avait pas demandé à apprendre quelque chose de précis et il laissait la tribu lui montrer ce qu'ils voulaient bien lui montrer. Nahele devint son guide en cela. Ce fut en faisant connaissance avec les gens de la tribu qu'il commença, en visitant le village puis en parlant avec eux de leur cuisine, de leurs habitudes, leurs vêtements, leur artisanat… Bref, il ne fut plus question de magie pendant un temps mais juste de faire réellement connaissance.

Avec ce pas en avant, Alexander avait aussi terminé de tout remettre en place dans sa vie et avait obtenu ce qu'il avait voulu. Il se focalisa donc sur ses études, son entraînement, sa maison à aménager, ses nouveaux amis mais aussi sur sa petite vie avec Charlie. Avec l'arrivée du printemps et sa santé fermement stabilisée, Charlie n'eut plus d'objection valable pour l'empêcher d'aller se promener en forêt et de laisser Jacob l'emmener voir la Réserve. Billy fut ravi de l'accueillir chez eux pour la première fois, lui faisant savoir qu'il pouvait venir quand il voulait. Jacob se fit une joie de lui faire découvrir la Réserve, de lui présenter sa famille, ses amis… Ainsi, il rencontra Quil et Embry qui l'accueillirent joyeusement, disant que Jacob leur avait beaucoup parlé de lui. Aller à la Réserve avec Jacob et la tribu devint une habitude. Jacob disait qu'il le tirait de ses bouquins ennuyants et Charlie et Billy l'encourageaient pour qu'il aille s'amuser et qu'il se fasse des amis. Certains membres de la tribu n'étaient pas enchantés de voir un étranger venir mais il s'en fichait pas mal, n'accordant son attention qu'à ceux qui faisaient preuve d'ouverture à son égard. Et il pouvait comprendre que ce n'était pas simple pour la communauté, que là encore, les préjugés avaient la vie dure et qu'ils avaient eux même énormément souffert, voir souffrait encore, du comportement des étrangers.

Bien sûr, Alexander voyait régulièrement Carlisle et même s'il n'avait plus besoin de lui en tant que médecin aussi souvent, le vampire était son ami. Il lui arrivait donc d'aller le voir à l'hôpital. Ils passaient alors une pause du médecin à la cafétéria à discuter. Carlisle avait dit qu'il avait mis sa famille au courant. Il n'avait fait que leur révéler qu'il était un sorcier, qu'il savait donc pour eux, et qu'il avait confiance en lui. Visiblement, le clan était partagé devant cette nouvelle, extrêmement méfiant avec les sorciers. Alexander ne pouvait pas leur en vouloir en sachant comment ils pouvaient être traités. Certains membres du coven avaient une totale confiance en Carlisle et voulaient le rencontrer, s'en faisant une joie. D'autres y étaient totalement opposés, trouvant cela dangereux. Carlisle lui avait parlé de chaque membre rapidement. Visiblement, sa compagne, Esmée, ainsi que son fils Emmet et sa fille Alice étaient enthousiastes. Edward et Rosalie étaient contre et Jasper n'était pas sûr, partagé. Carlisle voulait qu'il rencontre sa famille mais Alexander avait insisté pour qu'ils prennent le temps de discuter pour que tous soient d'accord avec une visite chez eux. Il ne voulait mettre personne mal à l'aise.

Ce jour là, Alexander avait passé la matinée dans sa maison du domaine de Rael. Cela faisait un mois et demi qu'il l'avait et elle était désormais bien plus chaleureuse. Il avait terminé de la meubler et de rendre toutes les pièces utilisables. Il y avait encore un peu de travail de décoration et de personnalisation mais ce n'était que de petites choses. Les beaux jours arrivant, il avait commencé à s'occuper de son jardin. Une bonne partie du domaine était couvert de forêt. Il voulait aménager un peu l'avant de la maison et il avait envie d'ajouter des plantes magiques. Il avait déjà l'intention d'en installer dans le jardin d'hiver et la maison ainsi que dehors même s'il réfléchissait toujours à quoi et comment. Il étudiait les possibilités. Pour cela, il se promenait sur ses terres, visitant. Il avait regardé soigneusement les cartes mais y marcher était autre chose. Enfin, marcher était un grand mot puisqu'il avait vite prit sa forme d'aigle pour voler entre les immenses pins.

Il était posé dans l'un d'entre eux, observant la rivière chantante qui passait là. L'endroit était magnifique avec une petite cascade courant sur un surplomb de roche, quelques pierres et un petit espace, presque un écrin secret au bord de l'eau. Il venait de se trouver son endroit préféré. Il s'imaginait bien faire la sieste là au son de l'eau avec le chant du vent dans les branches. Il pensait à cela quand son attention fut attirée ailleurs. Il tourna la tête et s'envola, suivant ce que son instinct lui murmurait à l'oreille. Il s'efforçait de rester totalement ouvert à sa clairvoyance. Dyani disait qu'il devait l'écouter, que c'était au choix son instinct, sa propre magie, la Magie elle-même ou la Nature qui lui parlait. C'était la vue et l'oreille de la Magie et la Magie ne mentait pas. Il pouvait avoir confiance et il avait confiance.

Il suivit donc cette impression, cette incitation à aller quelque part. C'était comme un faible appel lointain dans le vent, un courant d'énergie qui l'entourait et le guidait, une brise qui traçait un chemin invisible… Ces sensations étaient étranges, très étranges. Il n'arrivait pas à les décrire suffisamment précisément à son goût. C'était simplement là, comme un autre sens, une nouvelle perception et c'était assez fascinant pour lui. Il vola, se sentant presque porté par cette énergie lorsqu'il décidait ainsi de lui faire confiance et de se laisser faire. Rapidement, il fut à la limite de son domaine. Il sortit et il vola encore un moment avant d'entendre des grognements et des gémissements. Intrigué, il se rapprocha, se posant haut dans un arbre pour voir ce qu'il y avait sans se faire remarquer.

Il commença à saisir lorsqu'il découvrit un loup. Ce n'était pas n'importe quel loup. C'était un loup immense, noir et magnifique, un métamorphe assurément. Aucun loup ordinaire n'avait cette taille même en étant magique. Il n'eut pas le moindre doute sur le sujet, sa sensibilité l'aidant à le deviner aisément. Un Quileute. Il avait un Quileute métamorphosé devant lui. Il ne semblait pourtant pas aller bien. Il tournait en rond, nerveux, paniqué, gémissant et grondant d'angoisse. Il secouait la tête, la frottait avec une de ses pattes, se couchait, se relevait et se cognait dans les arbres. Il semblait complètement perdu, confus, pleurant de désespoir et Alexander comprit. Jusque là, il pensait qu'il n'y avait pas de métamorphe. Le don ne s'était pas éveillé depuis longtemps chez les Quileute d'après le MACUSA. Cela venait visiblement de changer et de toute évidence, il tombait sur la toute première transformation. Seuls les Anciens savaient pour la magie de la tribu, donc ceux qui éveilleraient le don le feraient sans même savoir que la magie existait, que de telles choses existaient. Et soudain, ils se transformaient en loup géant. Il y avait de quoi être désorienté et affolé.

Comprenant pourquoi il était là, il s'envola à nouveau, le loup ne le remarquant même pas dans son agitation. Il s'éloigna de quelques mètres, s'assurant qu'il n'y avait personne alentours avant de se transformer derrière un arbre. Il sortit sa baguette, jetant un sort dans la zone pour que personne ne vienne et que personne ne voit rien. Ils étaient dans un coin perdu mais on n'était jamais trop prudent et il ne plaisantait pas avec ce genre de chose, bien trop conscient des implications. Baguette en main, il alla ensuite vers le Quileute, assuré et serein, voulant l'aider. Il fut vite en vue du loup et il leva les mains en signe de paix. Il ignorait qui s'était transformé mais il savait que même dans cette forme, même avec le loup bien présent lâché pour la première fois, l'humain était toujours là. Cette métamorphose n'était pas la même chose qu'un animagus mais comme l'animagus, le loup et la personne n'étaient qu'un seul être et une seule conscience. Il fallait juste s'harmoniser et se calmer, apprendre à faire avec cette nature qui, contrairement à l'animagus, ne ressortait pas volontairement, en tout cas pas chez les Quileute.

Il leva les mains et resta à distance, faisant volontairement craquer une branche pour attirer l'attention du loup. Les yeux dorés fusèrent vers lui, les babines se retroussèrent et il grogna vers lui, se ramassant sur lui même près à bondir. Mais ce n'était clairement pas de l'agressivité. C'était de la peur, de la terreur même.

- Je ne vous veux aucun mal, commença-t-il doucement. J'ignore qui vous êtes mais peut-être m'avez vous déjà vu à la Réserve Quileute ? Je suis Alexander White, l'ami de Jacob et Billy Black. Je veux vous aider.

Le loup continua à gronder bien qu'il le fit moins fort, gémissant pitoyablement en secouant la tête. Alexander fit un pas vers lui et il se remit à gronder sur lui. Il s'immobilisa alors.

- Je sais que vous êtes effrayé et que vous ne comprenez pas ce qui vous arrive, dit-il doucement. Mais je vous assure que vous n'avez rien à craindre, promit-il avec un sourire doux. Vous n'avez rien à craindre et il y a une explication. Vous saurez tout bientôt. Pour l'instant, vous devez respirer et vous calmer. Cette première transformation doit avoir des allures de cauchemar complètement fou pour vous. C'est normal. Vous devez vous détendre, pria-t-il en se faisant aussi paisible et souriant qu'il pouvait.

Face à lui, le loup sembla se concentrer sur lui, comme s'accrochant à une racine dans sa chute d'une falaise vertigineuse.

- Là, encouragea-t-il. Vous devez respirer et vous calmer. Ce sont votre panique et votre peur qui vous empêchent de reprendre forme humaine. Il faut vous apaiser et vous concentrer sur votre forme humaine pour retrouver votre apparence première.

Doucement, il s'approcha un peu plus sans pour autant lâcher sa baguette, sachant que les émotions des métamorphes pouvaient être très difficiles à contrôler pour eux parfois. Et dans cette situation, le loup avait le droit d'être en peine. Il vint lui faire face avec un pas ou deux de distance et le loup le laissa faire bien qu'il grogne encore un peu, ses oreilles penchées en arrière et ses babines oscillantes.

- Respirez. Respirez profondément, conseilla-t-il en lui montrant un rythme de respiration. Respirez et relâchez vos muscles.

Pendant un moment, la voix aussi apaisante que possible, il tenta de guider l'immense loup noir pour lui faire retrouver ses esprits. Il fallut un moment mais le métamorphe se détendit et se fit moins agité, s'immobilisant, son regard doré planté dans le sien se concentrant sur lui.

- Voilà. C'est déjà mieux non ? sourit-il. Maintenant, il faut vous concentrer sur votre forme humaine pour la reprendre. Vous n'avez rien à craindre. Ce loup surgit brusquement dans votre vie mais il fait parti de vous. Lui est vous n'êtes qu'un seul. On a l'habitude de voir les gens avec plusieurs faces de personnalités. Vous mon ami, vous avez aussi plusieurs apparences. Mais il n'en reste pas moins que le loup est vous et que vous êtes le loup. N'ayez pas peur de lui. Si vous le souhaitez simplement, il reculera et laissera votre enveloppe humaine revenir. Il vous suffit de le vouloir et de vous concentrer dessus.

Pendant plusieurs minutes, il le conseilla et finalement, le loup commença à rétrécir pour reprendre forme humaine, le faisant sourire. Un instant plus tard, il avait un Quileute très nu agenouillé au sol, essoufflé et tremblant. D'un geste de baguette, il fit apparaître l'un de ses propres pantalons, le métamorphosant pour qu'il aille au jeune homme solide. Il lui passa d'un autre sort, rangeant ensuite sa baguette pour s'accroupir devant lui. Il crut le reconnaître, certain qu'il l'avait déjà croisé à la Réserve mais il ne lui avait jamais parlé. Il le laissa respirer et se reprendre à son rythme. Il lui sourit lorsqu'il releva le regard vers lui :

- Aventure incroyable n'est-ce pas ? s'amusa-t-il légèrement.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il.

- Vous vous êtes transformé en loup, répondit-il simplement. Et vous avez paniqué. Ce qui est parfaitement compréhensible.

- C'est impossible, bredouilla-t-il perdu.

- Ce n'est pas impossible et vous n'êtes pas fou, assura-t-il. Vous êtes ce qu'on appelle un métamorphe. Une personne capable de se transformer en animal.

- Comme… un loup garou ? demanda-t-il ahuri par ses propres paroles.

- Non. Un loup garou c'est autre chose. Vous êtes un métamorphe, vous avez le pouvoir de vous transformer en loup à volonté. Vous pourrez choisir de le faire désormais.

- Je n'ai pas voulu ça.

- Je sais. La première transformation n'est pas volontaire. Vous avez réveillé l'héritage magique de votre tribu.

- Héritage magique ?

- Oui. Il y a bien des choses extraordinaires dans ce monde, sourit-il avec douceur. Il y a des personnes qui pourront vous expliquer cela mieux que moi et qui sont plus en droit de le faire.

- Qui ?

- Les Anciens de votre tribu. Ils savent ce qui vous arrive. Ils pourront vous expliquer. Venez, je vais vous remettre sur le chemin pour rentrer à la Réserve. Nous ne sommes pas très loin.

Perdu, le jeune homme approuva, se levant pour le suivre. Ils marchèrent doucement en silence, Alexander laissant le Quileute reprendre ses esprits. Il le laissa faire, comprenant que ce n'était pas facile pour lui. Un moment plus tard, ils arrivaient en vue d'un chemin de la Réserve.

- Voilà. Vous devriez pouvoir rentrer sans problème. Allez voir les Anciens et dîtes leur ce qui vous est arrivé. Ils vous expliqueront.

- Merci de m'avoir aidé, fit-il alors qu'il se détournait déjà.

- Ce n'est rien. Vous savez, ce pouvoir que vous avez est un don incroyable. Chérissez le même si je sais que pour l'instant, vous n'y comprenez rien. Au revoir.

Le jeune homme lui donna un signe de tête, encore un peu désorienté. Il se détourna pour reprendre sa route et Alexander profita du premier arbre imposant pour se transformer en aigle et repartir. Quand le Quileute se retourna, une question sur le bout de la langue, Alexander avait disparu sans laisser de trace. Après cette rencontre, il fut évident pour Alexander qu'il allait rapidement avoir des nouvelles des Quileute. Le loup irait voir les Anciens, il leur parlerait de lui et ils voudraient savoir qui il était et comment il savait pour eux. Très vite, cela se confirma. Il avait trouvé le loup le jeudi en fin d'après-midi et le lendemain soir, Billy l'appelait. L'homme avait la voix bien plus tendue et grave qu'à son habitude à son égard. Il lui demanda s'il acceptait de venir chez lui ce soir et il accepta, sachant parfaitement ce dont il s'agirait. Il prit sa voiture à la nuit tombée. Billy savait que Charlie était de garde cette nuit et, se voulant discret lui aussi, il en profitait pour le faire venir.

Lorsqu'il arriva chez Billy, un feu de camp avait été allumé un peu plus loin dans la clairière et plusieurs personnes étaient là. Quatre étaient assis autour du feu dont le loup qu'il avait rencontré la veille. Jacob n'était nul part en vue et il était évident qu'il avait dû être écarté de cette réunion d'une manière plus ou moins subtile. On se tourna vers lui alors qu'il descendait de sa voiture et rangeait ses clefs dans sa poche. Calme, le dos droit, détendu, il avança vers eux. Tous avaient l'air particulièrement sur les nerfs en le regardant venir.

- Bonsoir, salua-t-il tout de même avec un doux sourire.

- Bonsoir Alexander, rendit Billy mal à l'aise. Merci d'être venu.

- C'est normal. Les explications sont de rigueur. Cela devait finir par arriver. Mais avant cela, j'aimerai savoir à qui je parle. J'imagine que tous ici savent déjà qui je suis alors si vous pouviez avoir l'amabilité de me dire qui j'ai face à moi.

- Bien sûr, répondit-il Billy. Voici Harry Clearwater, Quil Ateara et tu as rencontré Sam Uley.

Le jeune homme lui donna un signe de tête, l'air encore un peu perdu dans tout cela et il lui sourit avec réconfort.

- C'est un plaisir, salua-t-il. Je vais immédiatement répondre aux deux questions principales que vous vous posez. Premièrement, je ne suis pas un danger pour vous, je ne vous veux aucun mal et je ne révélerai pas votre secret. Deuxièmement, je suis un sorcier. C'est comme ça que je le sais.

- Un sorcier ? releva Sam ahuris alors que les trois Anciens avaient une moue de compréhension. C'est quoi un sorcier ?

- Une personne capable d'utiliser la magie, répondit Alexander.

- Alors vous n'êtes pas aussi amnésique qu'on le dit, posa Quil suspicieux.

- Je l'ai été. Cet accident lorsque je suis arrivé à Forks m'a réellement rendu totalement amnésique au point que je ne savais même plus ce que j'étais . Mais ma mémoire est revenue à la nouvelle année.

- Vraiment ? fit Billy stupéfait. Est-ce que Charlie le sait ?

Alexander eut un sourire intérieur. Billy n'était visiblement pas au courant et cela voulait dire que Jacob avait gardé son secret même pour son père. Cela n'était pas rien à ses yeux et il eut une pensée reconnaissante pour son ami. Les seuls au courant du retour de sa mémoire étaient Jacob, Charlie, Carlisle et son clan puisqu'il avait dû leur dire pour leur expliquer comment il savait qu'ils étaient des vampires. Personne d'autre ne savait parce qu'il avait préféré taire cela et continuer son intégration tel quel.

- Oui. Charlie l'a su dés que j'ai moi même su. Je lui ai dit immédiatement même si, comme vous vous en doutez, je n'ai pas pu lui dire ce que j'étais. Mais, magie mise à part, il sait qui je suis et d'où je viens, ce que je fais ici. Je lui devais évidemment la vérité.

- Alors pourquoi vivez vous encore avec lui ? demanda Harry. Pourquoi ne pas être rentré chez vous ?

- Parce que c'est ici chez moi. Le soir où j'ai eu cet accident, je venais d'arriver à Forks pour potentiellement y trouver un nouvel endroit où vivre. Cela ne s'est pas passé comme je l'imaginais mais c'est ce qu'il s'est produit. Charlie m'a offert plus qu'un foyer et c'est ici chez moi désormais.

- Et votre famille ?

- Il n'y en a pas. Je suis émancipé depuis un moment et le peu de famille que j'avais est décédé. C'est suite au décès du dernier de mes proches que j'ai cherché à changer d'air et que je suis arrivé ici.

- Pourquoi Forks ?

- Parce que c'est en forêt et que j'adore ça. Parce que c'est isolé et que je déteste le monde. Parce que ce n'est pas trop loin du Canada qui est un pays que j'apprécie. Parce qu'i la fois l'océan et la montagne. Parce que c'est tranquille et que c'était tout ce que je recherchai.

- Il n'y a aucun sorcier ici à notre connaissance, remarqua Billy.

- Je suis le seul en effet. Mais cela m'indiffère. J'ai passé plus d'années avec des gens sans magie qu'avec mes semblables. J'ai grandi en dehors de ce monde là. Je n'ai su que très tard ce que j'étais alors je suis aussi à l'aise d'un côté que de l'autre. Charlie m'a offert ce que je recherchai : un foyer et une maison. Lorsque je lui ai dit que j'avais retrouvé mes souvenirs et ce que je faisais là, je comptais partir et trouver un appartement ou autre chose.

- Mais Charlie t'a dit de rester, sourit Billy. Il t'aime comme un fils.

- Et je l'aime comme un père. Magie mis à part, Charlie sait tout ce qu'il faut savoir sur moi. Cerise sur le gâteau, Forks est aussi plaisant que je me l'imaginai. Donc, je suis resté.

- Cela n'a rien à voir avec la tribu ? demanda Quil toujours méfiant.

- Non. Cela n'a absolument aucun rapport avec vous. Je savais que vous étiez là avant d'arriver mais cela ne tenait guère plus d'une information sur qui sont mes voisins.

- Les sorciers te l'ont dit ? demanda Billy.

- Oui. Les sorciers connaissent votre existence et vous connaissez leur existence et celui du secret magique. J'ai été informé pour que je sache où étaient les limites du secret ici. Rien de plus, rien de moins. Ce que je sais tiens à peu de choses : qui dans votre tribu est au courant et quelle est votre nature. Donc je ne sais que seul le Conseil Tribal et les métamorphes éveillés connaissent le secret, le vôtre ou le mien, et que vous avez un héritage magique de métamorphe loup. Cela s'arrête là. Je me doutais qu'un jour viendrait où je devrai vous en parler.

- Pourquoi ? demanda Harry. Vous auriez pu le garder pour vous.

- Je suis partisan de l'honnêteté même s'il est vrai que je l'aurai probablement gardé pour moi si je n'étais pas devenu ami avec Jacob et avec Billy, si je n'avais pas commencé à devenir ami avec plusieurs membres de la tribu et que je n'avais pas été accueilli ici.

- Est-ce à dessin que vous êtes venu à nous ?

- Non. Le destin a voulu cela. Je suis devenu ami avec Jacob et Billy bien avant de retrouver la mémoire et la suite n'est que le fruit des évènements. Mémoire ou pas, j'ai toujours été sincère dans mon amitié. Si je n'ai rien dit sur le fait que je savais avant, c'est pour plusieurs raisons. Premièrement, vous auriez trouvé cela atrocement suspect. Je le sais parce que j'aurai trouvé ça suspect à votre place. Deuxièmement, il n'y avait pas de loup éveillé et donc, même si vous étiez au courant du secret magique, vous n'étiez pas véritablement membre du monde magique. Et cela voulait dire que je devais limiter au maximum les informations que je pouvais donner sur les sorciers. Vous dire que je savais impliquait de vous dire que j'étais un sorcier et c'était déjà sur la limite de l'acceptable.

- Pourquoi ? demanda Sam qui tentait de suivre.

- Comme votre tribu garde son secret, les sorciers gardent le leur, lui expliqua-t-il. Nous ne sommes pas autorisés à parler de cela à des êtres non magiques. Votre tribu est un cas particulier dû à son héritage magique dormant. Le Conseil sait pour transmettre les informations nécessaires à ceux qui pourraient s'éveiller. Mais le Conseil n'est pas magique. Je suis autorisé à parler avec eux à partir du moment où des métamorphes sont éveillés et que la tribu remet un pied dans le monde de la magie de manière indéniable. Pour tout cela, je n'ai rien dit même si je n'étais pas à l'aise avec cela. La loi est la loi. Le savez-vous ?

- Oui, répondit Billy. Nous même n'avons jamais connu de sorciers mais ce savoir se transmet. Il est dit que votre loi du secret est intransigeante.

- Elle l'est. J'aurai des ennuis si je ne la respectais pas. Donc c'est indépendant de ma volonté. La situation a néanmoins changée avec l'éveil de monsieur Uley. Maintenant, je peux vous parler mais à vous uniquement et comme moi, vous êtes tenus de le garder secret.

- Sinon quoi ? demanda Quil.

- Cela se saura immédiatement. Des sorciers viendront, feront la leçon à celui qui a brisé le secret et effaceront la mémoire de ceux qui ne doivent pas savoir.

- Ils peuvent faire ça ? fit Sam.

- On ne garde pas un secret tel que celui de la magie sans avoir ce genre d'outils. Cela arrive bien plus souvent que vous ne le pensez que des non magiques voient leur mémoire effacée parce qu'ils ont vu ou entendu ce qu'ils ne devaient pas. Cela ne fait aucun mal. Ils oublient simplement ce qui doit l'être.

- Il est dit qu'il est impossible de briser le secret sans votre accord, fit Billy.

- Et c'est vrai. Votre tribu a toujours su garder son secret en son sein donc elle n'a jamais eu à faire aux sorciers de cette façon. Il y a une marge de tolérance pour vous pour les Quileute non magiques ou les gens véritablement liés à la tribu. Toute votre tribu pourrait être au courant que cela resterait acceptable pour les sorciers. Mais pas plus loin. Le secret nous protège tous et je pense que c'est une notion que votre tribu comprend.

- Oui, approuva Billy.

- Vous n'aurez aucun problème avec les sorciers tant que le secret perdure et que les limites sont respectées. Les Quileute n'ont eu que peu de contacts avec les sorciers et c'était il y a longtemps parce que tout a toujours été respecté. Si cela continu, ça ne changera pas. Ma présence ne change rien. Je n'ai pas l'intention de créer de problème. Je suis simplement venu vivre ici sans autre intention que d'avoir une vie calme en gardant mon secret. Ma rencontre avec vous n'était pas voulue et je n'ai aucune intention négative à votre égard. Je n'ai que ma parole à donner pour cela.

- Ta parole me convient, sourit Billy en le touchant. Je sais que tu es quelqu'un de bien, tu l'as déjà prouvé et je comprend pourquoi tu as agi ainsi. C'est même parfaitement logique.

Il regarda les autres qui approuvèrent bon grès mal grès, Sam tentant encore de tout suivre.

- Comment avez-vous trouvé Sam dans la forêt ? demanda Harry.

- Pure coïncidence même si j'ai plutôt tendance à croire que le destin joue plus que le hasard. Mais cela n'est que ma vision des choses. En le voyant, j'ai compris ce qui lui arrivait et j'ai décidé de l'aider.

- Pour quelle raison ? demanda Quil.

- Parce qu'il n'est pas dans ma nature de passer mon chemin quand quelqu'un a des problèmes sous mes yeux. Je ne suis pas un métamorphe mais je sais comment fonctionne la transformation et à quel point elle peut être déstabilisante la première fois surtout quand on ne sait pas que c'est possible. Je savais comment l'aider à se calmer et à se retransformer. Comme il était parti, il aurait couru jusqu'à épuisement complet, peut-être pendant des semaines, avant de s'épuiser assez pour se retransformer probablement en s'évanouissant on ne sait où. Et personne ne mérite de subir une telle épreuve.

- Merci, fit Sam. J'ai vraiment cru que je devenais cinglé, rit-il en amusant tout le monde.

- Je m'en doute. Si d'autres métamorphes s'éveillent, vous serez là pour les aider cette fois, remarqua-t-il.

- Charlie m'a dit que vous étiez proche du docteur Cullen, remarqua ensuite Billy.

- En effet. Il est un ami à mes yeux.

- Vous devriez vous éloigner de lui et de sa famille, fit Quil grave.

- Pourquoi ? demanda-t-il bien qu'il entrevoit où ils allaient en venir.

- Les sorciers connaissent-ils les vampires ? demanda Harry en le faisant pouffer. Quoi ?

- Veuillez m'excuser mais je n'aurai pas cru entendre cette question. Bien sûr que les sorciers connaissent les vampires.

- Les Cullen en sont et ils sont dangereux, posa Quil.

- Avez-vous un problème avec les Cullen uniquement ou avec les vampires en général ? demanda-t-il pour éclaircir la situation.

- Qui n'aurait pas un problème avec de tels êtres ? demanda Sam incrédule. Ce sont des tueurs morts et buveurs de sang humain. C'est pour les combattre que les loups existent, pour protéger la tribu et protéger les humains. C'est le retour des Cullen qui a déclenché ma transformation.

- C'est la présence de vampires qui déclenche les héritages de loup ? questionna-t-il.

- Bien sûr. Vous ne le saviez pas ? demanda Quil.

- Je sais que c'est un évènement important qui déclenche la transformation mais je suis très loin de tout savoir. Si je comprend bien, vous êtes des ennemis des vampires ?

- Depuis bien longtemps, répondit Billy. Leur venue près d'ici déclenche les transformations pour défendre la tribu.

Alexander soupira, comprenant ce que cela voulait dire. Si les Quileute étaient en conflit avec les vampires depuis longtemps, cela serait déjà difficile à discuter. Mais si en plus c'était l'approche de vampires qui déclenchait les transformations… Il savait qu'une telle transformation nécessitait qu'une condition magique soit remplie, qu'un évènement traumatique ait lieu ou qu'une chose précise se passe, une chose importante. Si c'était l'instinct protecteur inconscient des Quileute contre les vampires qui provoquait la transformation, l'inimité entre eux devait être profonde, extrême et presque viscérale. Lui qui espérait éviter les conflits de ce genre…

- Je vois. Je ne connais pas votre histoire. Je connais vos caractéristiques et celles des vampires. Je sais ce qu'ils sont, comment ils fonctionnent, comment ils se nourrissent… Je sais. Mais ne comptez pas sur moi pour rejeter les Cullen parce qu'ils sont des vampires. Cela n'a pas d'importance à mes yeux, dit-il en les choquant.

- Ce sont des tueurs, fit Quil.

- Les Cullen ne boivent pas de sang humain. Ce ne sont pas des tueurs. Mais ce n'est pas l'important. Même s'ils tuaient pour se nourrir, cela ne ferait pas de différence à mes yeux.

- Quoi ? fit Harry.

- Vous avez bien entendu. Les vampires ne sont pas des monstres. La nature et la magie les ont ainsi fait. Tuer pour se nourrir, c'est ce que font tout les prédateurs de cette planète. C'est naturel. Que l'être humain soit le gibier n'y change rien pour moi. C'est la loi de la nature. Bien sûr, si je suis attaqué par un vampire, je me défendrais. Mais je ne m'en prendrai pas à un vampire parce qu'il a tué l'une de ses proies naturelles pour se nourrir. C'est ainsi que la vie fonctionne. L'humain n'a simplement plus l'habitude d'être la proie. L'humain n'est pas au dessus des lois de la nature et a ses prédateurs aussi. Cela ne sera jamais un problème pour moi. Je n'aurai un problème avec un vampire que s'il devait tuer par cruauté, plaisir ou autre du genre. Mais se nourrir, se défendre ou défendre les siens en cas d'extrême nécessité n'est pas une raison de les chasser sans distinction et ça ne le sera jamais.

- Et si l'un de vos proches était tué par un vampire ? demanda Harry.

- Je serai anéanti mais je ne détesterai pas les vampires pour autant, comme je n'en voudrai pas à un lion de m'attaquer si j'allais me promener dans la savane. Votre inimité avec les vampires... j'imagine qu'un jour vous avez été attaqué par l'un d'eux ou plusieurs.

- Oui. Il y a eu beaucoup de morts.

- Les coupables ont été punis ? questionna-t-il.

- Oui.

- Alors cela devrait s'arrêter là à moins que vous ne soyez à nouveau attaqué. Je pourrai comprendre que vous attaquiez un vampire s'en prenant à l'un des vôtres mais pas à n'importe quel vampire sous prétexte qu'il mange ce que la nature lui ordonne de manger.

- C'est complètement fou. Ce sont des meurtriers, fit Sam.

- Tous nous le sommes pour le peu que l'on estime chaque vie, et pas uniquement celles des humains, à leur juste valeur, répondit-il. Si un vampire tue un humain pour se nourrir, il fait ce que tout les prédateurs de la terre font de plein droit. Si vous vous tuez un vampire pour seul motif qu'il est un vampire, vous êtes un meurtrier raciste, dit-il en les choquant.

- Vous êtes cruel, fit Harry.

- Cruel ? grimaça-t-il. Si c'est ce que vous pensez libre à vous. Pour ma part, je crois que ce qui est bien et mal n'est pas si simple à distinguer qu'on le dit. Je pense que rien n'est fondamentalement bon ou mauvais. Chacun est à même de décider ce qu'il sera. Mais ce n'est certainement pas notre espèce, ce que nous mangeons ou la manière dont la nature a décidé que nous devions vivre qui fait de nous des monstres ou des êtres bons. Si cela était ainsi, ce serait trop simple et trop injuste. Vous pensez ce que vous voulez et je ne vous dicterai certainement pas votre conduite ou vos pensées. Chacun est libre de choisir son chemin et ce en quoi il veut croire. Seulement, personne n'est libre d'imposer sa vision du monde aux autres. Alors prenez en note que contrairement à vous, je n'ai rien contre les vampires en tant que tel, que ça ne changera pas et que je suis et resterai ami avec le docteur Cullen aussi longtemps que je ressentirai de l'amitié pour lui.

Il commença à se détourner, leur souriant pourtant :

- Pensez de moi ce que vous voulez, je n'ai pas honte de mon esprit. Quoi qu'il en soit, pour moi rien ne change avec tout ceci si ce n'est que vous savez maintenant que je sais.

- Alexander ? appela Billy. Imaginons que Jacob soit attaqué par un vampire en ta présence, le défendrais-tu ?

- Évidemment, répondit-il sur le champs. Je reconnais et respecte le principe de proie et de chasseur. Cela ne veut certainement pas dire que je laisserai quelqu'un, et encore moins un ami ou une personne aimée, n'importe qui d'ailleurs, être attaqué et mourir si je peux la défendre. Ce que je dis c'est que je ne tuerai pas de vampires par anticipation ou par vengeance, que je n'en tuerai pas pour sauver quelqu'un si je peux faire autrement et que ce n'est pas impérativement nécessaire. Les proies ont aussi le droit de se défendre et leurs congénères de défendre les leurs. Alors bien sûr que je le défendrai. D'ailleurs, vous pouvez retirer le « par un vampire » de la phrase. Je défendrai Jacob s'il était attaqué par n'importe quoi, dit-il en le regardant dans les yeux.

Billy sourit l'air soulagé et il y eut un moment de silence.

- Je vous ai dit tout ce que j'avais à dire, posa Alexander. Malgré cette divergence de point de vue, j'espère que vous pourrez encore croire en ma sympathie pour vous et en mon amitié pour toi et Jacob Billy, sourit-il. Bonne nuit.

Il s'en alla vers sa voiture et aucun ne le retint. Bientôt, le moteur ronronnait à nouveau et il était parti. S'il craint un moment d'avoir perdu le contact avec les Quileute avec cela, voir Jacob venir le chercher très joyeusement le lendemain, sans aucune remarque particulière, lui fit comprendre qu'ils ne lui étaient pas fermés. Ils auraient certainement besoin de temps pour se faire pleinement confiance mais Billy n'aurait pas laissé Jacob venir le voir si le Conseil avait décidé de le déclarer indésirable.