Maître des âmes

Chapitre 8 :

Métamorphose d'âme

Alexander sourit en ouvrant la porte d'entrée et en trouvant Sam de l'autre côté. Le loup avait fini par lui demander de passer un peu de temps avec lui pour lui poser des questions. Il sortit avec lui, amusé de voir qu'il n'y avait aucune voiture étrangère en vue.

- Venue à pattes ? rit-il en l'amusant.

- Oui.

- Si ça ne te dérange pas, on va prendre ma voiture pour aller jusqu'en bordure de forêt ?

- Je serai ravi de faire un tour dans une voiture pareille, répondit-il en désignant son luxueux quatre quatre.

Ils montèrent donc et Alexander les emmena dans un coin de randonnée tranquille, garant sa voiture sur un parking. Ils s'en allèrent ensuite marcher un peu en forêt, d'abord dans un silence serein avant que le sorcier ne demande :

- Le Conseil est d'accord pour ça ?

- Oui. Je leur est demandé et j'en fais partie maintenant. Ils sont d'accord sur le fait que tu peux sûrement répondre à certaines questions dont-ils n'ont pas les réponses.

- C'est assez évident. Alors vas y. Pose les. Je ferai de mon mieux pour répondre.

- Est-ce qu'il y en a d'autre ? À part les Quileute ?

- Des métamorphes ? Oui. Il y en a pas mal dans le monde en réalité. Souvent en tribu ou en clan comme vous, dans diverses communautés.

- Tous des loups ? s'étonna-t-il.

- Non. Cela peut-être n'importe quel animal. Je ne connais pas l'histoire exacte des Quileute mais en général, un tel don de métamorphose part de la fusion volontaire entre une âme humaine et une âme animale. Cela peut être n'importe quel animal. J'imagine que ça a été un loup pour vous. On peut l'acquérir comme ça ou alors, ce sont les enfants de métamorphes qui héritent du don. Dans beaucoup de cultures anciennes on parle d'hommes se transformant en animaux. Dit toi que dans la plus part des cas, c'est vrai et il s'agissait de métamorphes comme toi. Une partie existent encore aujourd'hui. Les métamorphes sont une catégorie d'êtres magiques relativement répandue. D'ailleurs, beaucoup de tribus amérindiennes ont ce genre de don.

- Il y a beaucoup de peuples magiques ? À part les métamorphes, les vampires et les sorciers ?

- Oui beaucoup. Prend les êtres de légendes, la plus part existent. En réalité, il n'y en a aucun que je connaisse qui n'existe pas que ce soit réellement en tant qu'être ou qui est issu d'une certaine magie.

- Tout ça est vraiment incroyable.

- C'est vrai. Est-ce que tu arrives à bien maîtriser ta transformation ?

- Je commence à comprendre comment ça marche. Les Anciens m'ont aussi expliqué pour la régénération, les sens, la chaleur…

- Ce n'est pas simple de changer comme ça en si peu de temps.

- Je m'y fais. Quand on y réfléchit, c'est quand même un truc génial. Quel gosse n'a pas un jour rêvé se transformer en animal ? Et moi je peux le faire.

- Oui, sourit-il. Moi j'adore ma magie. J'estime que j'ai beaucoup de chance.

- Il y a pourtant une chose qui m'inquiète. Quand je suis en colère c'est difficile.

- Ce n'est pas ta colère, ce sont tes sentiments en général. Beaucoup pensent à tord que les métamorphes ont des accès de colères incontrôlables. Ce n'est pas tout à fait exact. On ne remarque que les sentiments négatifs. On dit que vous êtes colériques, que vous avez des élans de violence, que lorsque vous détestez quelqu'un ou quelque chose c'est extrêmement tenace… Mais c'est valable aussi pour les émotions positives comme l'amitié, l'affection, l'amour… Tout est plus intense.

- Exactement, dit-il heureux de voir qu'il savait de quoi il parlait.

- Il y a une explication à ça. C'est ce que je préfère chez les animaux, sourit-il.

- Quoi ?

- Tu es pour ainsi dire à moitié loup véritablement. Les animaux ne sont pas les hommes. Ils sont francs, ils ont des émotions plus simples, plus intenses, plus vraies. Ils ne mentent pas et ils ne renient pas ce qu'ils ressentent. C'est une chose purement humaine que de se mentir à sois même, retenir ses émotions, les manipuler parfois. Ta façon de ressentir les choses s'est mélangée à la façon de ressentir d'un animal, d'un loup. Et ta part loup est plus explosive et ne se retient pas dans ce qu'elle ressent. Elle l'exprime en direct comme n'importe quel animal le ferait. Malheureusement, cela rend les sentiments comme la colère bien plus difficile à gérer.

- Je comprend. Est-ce qu'on peut y faire quelque chose ?

- Tu dois apprendre à fonctionner avec ça. Ne cherche pas à retenir tes émotions. Cela ne fera qu'empirer les choses. Réprimer ou enfermer un animal déjà furieux ne fait que le rendre encore plus furieux et dangereux. Alors il ne faut pas chercher à réellement contrôler comme le ferait un homme. En revanche, tu peux être attentif à ce que tu ressens et si tu sens que la colère monte, que tu commences à avoir du mal même un peu, éloigne toi de ce qui te met en colère et cherche autre chose pour évacuer : aller courir, aller taper dans autre chose ou passer ta rage là où ça ne fera pas de mal. Le mieux est de l'évacuer. Tu dois t'efforcer de te mettre à la place d'un loup. Un loup évacuerai sa colère avant de se calmer et dans la plus part des cas, l'épisode est vite de l'histoire ancienne. Le problème avec les métamorphes est qu'ils ont une part humaine et que les humains ont beaucoup de mal à oublier leur colère une fois que le sentiment premier est passé. Il faut t'efforcer d'apprendre à distinguer quand tu arrives à ta limite, partir te défouler quand elle arrive. Mais surtout, apprendre à laisser couler cette colère ensuite, ne pas tenir rancune si ça n'en vaut pas la peine. Si tu le fais, tu vas accumuler encore plus de négatif et ça ne rendra les choses que plus explosives. C'est valable pour tout. Il faut apprendre à gérer et surtout à digérer tes émotions autrement.

- Ok, j'essaierai.

- Tu sais, en magie, pas juste avec les métamorphes, les émotions sont très importantes. La magie est vivante. Ce n'est pas juste un pouvoir ou une énergie sans âme. Elle a un esprit. Elle réagit énormément aux émotions. Beaucoup pensent qu'il faut absolument contrôler. Mais le secret ce n'est pas le contrôle, c'est l'acceptation. Avec le temps, tu pourras certainement beaucoup mieux gérer ça si tu fais attention à comment tu réagis à ce que tu ressens. Tout le monde est différent donc je ne peux pas te donner de consignes précises pour y arriver. C'est un travail que tu dois faire toi même. La seule chose qu'il faut vraiment garder en tête, c'est le principe de la cocotte minute. C'est vrai pour tout le monde mais c'est encore plus vrai pour les métamorphes. Il ne faut pas accumuler les choses négatives sous peine d'exploser. Il faut trouver ton moyen de les évacuer et de les régler. Les animaux ne ruminent pas, ne retiennent pas leurs émotions, ne réfléchissent pas compliqué sur elle. Ils les acceptent et les expriment comme elles viennent même lorsqu'elles sont violentes. Tu dois apprendre à fonctionner avec.

- Je comprend.

- Est-ce que ça va niveau solitude ?

- Niveau solitude ?

- Oui. Je sais que tu dois te sentir seul.

- Comment ? Je ne sais même pas pourquoi moi même, remarqua-t-il l'air perdu.

- Tu es un loup. Le loup est un animal de meute qui n'est pas fait pour vivre seul. Ta part de loup se sent seule et vulnérable sans congénères autour.

- Je n'y avais pas pensé. C'est plutôt logique.

- Lorsque tu ne comprends pas quelque chose, essaye toujours de voir si ça n'a pas à voir avec les instincts naturels d'un loup. Souvent, tu auras ta réponse. Ça va pour l'instant ?

- Ce n'est pas toujours agréable mais je fais avec. Je pourrais rester seul un moment si personne d'autre ne se transforme.

- Il y a des chances pour que ça arrive. Dans le cas d'animaux de meute dans une telle tribu, il est rare qu'un seul s'éveille et reste isolé. Combien de temps ça va prendre ? Impossible à dire, ni qui d'ailleurs.

- Avec les Cullen dans les parages, il y a des chances que ça arrive, fit-il plus gravement. Est-ce que c'est toujours comme ça avec les vampires pour les métamorphes ?

- Non pas du tout, dit-il en le surprenant. Cela vous est propre à vous et votre histoire. Le fait que ce soit les vampires qui poussent votre éveil prouve à quel point l'inimité entre vous est ancienne et puissante. Mais ce n'est pas le cas de tous. Ce qui pousse l'éveil d'un métamorphe, dans la majorité des cas, c'est un choc psychologique qu'il soit traumatique ou non. Certains très rares arrivent à s'éveiller d'eux mêmes. Certains clans ont des conditions à remplir, des rituels. C'est assez différent suivant l'histoire de la famille concernée. Le déclencheur est toujours ancré à votre esprit par votre histoire bien souvent. Et non, les métamorphes ne sont pas systématiquement les ennemis des vampires. C'est même la première fois que je l'entend. C'est pour ça que j'étais surpris quand vous m'avez dit que c'était ça qui provoquait l'éveil.

- Je n'arrive pas à comprendre comment tu peux tolérer les vampires, grommela-t-il. Ils ont fait beaucoup de mal à notre tribu et ils tuent des gens comme du bétail. Ils se nourrissent de sang. Ils sont contre nature.

- C'est complètement faux. Ils ne sont pas contre nature. La Nature et la Magie les ont fait ainsi. Ils sont différents de toi mais ce ne sont pas des monstres. Ils vivent, ils ont une âme, des rêves, des sentiments et ils vivent comme la Nature l'a voulue. Tu peux en penser ce que tu veux mais tu ne me convaincra jamais d'adopter votre point de vue. Si vous pensez cela, comment ça se passe avec les Cullen ?

- Nous avons un traité.

Pendant un moment, Sam lui expliqua leur accord pour cohabiter, Alexander comprenant un peu mieux le semblant de paix qui régnait malgré l'inimité. Pendant un moment, ils se promenèrent en discutant, Alexander faisant de son mieux pour répondre aux questions de Sam sur comment appréhender sa nouvelle condition, comprendre l'énergie qu'il ressentait en lui, mieux maîtriser la transformation… Lorsqu'ils se quittèrent, le loup le remercia chaudement, l'air plus calme et plus serein avec tout ce qu'il avait appris.

Peu après, Alexander alla à Port Angeles pour une après-midi shopping avec Alice, Jasper, Emmet et étonnamment Rosalie qui avait finalement décidée de les accompagner. La blonde était toujours tendue à son égard mais il semblait qu'elle avait accepté de faire un effort, Emmet l'encourageant. Il faisait son possible pour lui faciliter les choses et la mettre à l'aise. Emmet, dont-il se rapprochait beaucoup, appréciant le grand vampire joyeux et joueur, passa l'après-midi à se moquer de lui alors que Alice le trimbalait en tout sens de boutique en boutique, le laissant totalement perdu. Il s'était promis que la prochaine fois qu'il acceptait une sortie shopping avec Alice, il se préparerait, ferait une grosse nuit, un bon repas et veillerait à mettre les chaussures les plus confortable qu'il avait. C'était un vrai marathon avec elle. De manière amusante, Rosalie s'en était mêlée pour lui trouver un style quand il avait avoué qu'il n'en n'avait pas vraiment. Et finalement, ils avaient passé une excellente journée même s'il était rentré absolument épuisé.

À la fin juillet, Alexander eut droit à une surprise qui le toucha profondément. C'était son anniversaire et il était désormais officiellement majeur dans le monde magique. Il ne s'était pourtant pas attendu à quoi que ce soit pour ce jour et il n'avait rien prévu. C'était sans compter sur Charlie qui connaissait son anniversaire et qui avait passé le mot. Il l'avait emmené pique niquer en forêt rien qu'à deux, sachant qu'il aimait ça et il lui avait offert son cadeau. C'était un beau bracelet de cuir masculin, tressé avec des perles turquoises et un médaillon frappé d'un loup. Il avait expliqué qu'il l'avait acheté à la Réserve, qu'il s'était dit que ça lui plairait et il ne s'était pas trompé. Alexander avait été très touché, avait mis le bijou, décidé à ne plus le retirer et à l'enchanter dés qu'il pourrait pour le protéger.

Lorsqu'ils avaient été sur le chemin du retour, Charlie l'avait déposé chez Jacob sans lui donner la raison et là, il avait eu droit à un barbecue dans le coucher de soleil avec un feu de camps, Jacob, Billy et plusieurs de ses amis Quileute décidés à fêter ça ce soir. Charlie était resté avec eux et il avait eu droit à une soirée d'anniversaire absolument mémorable. Jamais il ne s'était autant amusé à cette occasion, jamais il n'avait autant ri. Jacob aussi lui avait fait un cadeau, un beau porte clef là encore fabriqué à la Réserve. C'était une petite chose qu'il avait été gêné de lui donner, craignant qu'il prenne cela pour une babiole sans importance. Pourtant, Alexander l'avait adoré. Il se fichait bien de la valeur de l'objet. Tout ce qui comptait pour lui était l'attention qu'il représentait et la petite pièce de bois sculptée modelant un loup sur un pic rocheux était splendide à ses yeux. Il l'avait fait savoir à son ami et Jacob avait été très touché de le voir presque les larmes aux yeux pour une si petite chose.

Le lendemain, ça avait été au tour d'Emmet de venir le kidnapper pour le ramener chez lui, les Cullen aussi ayant décidé de fêter ça, Carlisle connaissant sa date de naissance. Une fois de plus, il s'était amusé et Esmée avait même fait un gâteau pour lui. S'il fut gâté par eux, ce fut le gâteau fait maison par la dame qui le toucha le plus et cela ravi totalement Esmée. Les vacances se terminèrent sur la même note joyeuse et légère, Alexander sûr que c'était le meilleur été de sa vie. Aussi, il passa très vite et cette fois, à la rentrée, il alla au lycée.

S'il s'était senti un peu anxieux à cette idée, Alice et Emmet étaient ravis de l'avoir avec eux. Le tout avait été d'entrer le premier jour et de passer cette journée. Il n'avait pas mis les pieds dans une école depuis plus d'un an mais il retrouva très vite cette ambiance adolescente superficielle ennuyeuse qui lui rappela qu'il avait fait bien pire dans sa vie que d'affronter ça. Bien entendu, en tant que nouveau de l'année, il avait été l'objet de toutes les curiosités surtout que l'on savait qu'il était le gamin amnésique tombé d'on ne savait où l'année précédente, le protégé du shérif. Si certains avaient tenté de se faire ses amis de manière outrageusement intéressée, il avait renvoyé tout le monde, sentant à quel point cela était surfait. Il n'avait que plus attiré l'attention quand Emmet l'avait presque obligé à s'asseoir avec sa famille à table à midi. Mais finalement, ça ne le changeait pas tellement de Poudlard question ambiance. Seulement, il y avait une chance pour que ça retombe vite ici.

L'année débuta et il reçu très vite ses premiers devoirs magiques envoyés par Saxis avec ses livres et ses cours. Il dut s'organiser à nouveau pour tout faire mais il avait un avantage : avec la sphère, il avait assimilé tout le programme du secondaire non magique et ça incluait les deux années qui étaient devant lui. Il savait donc déjà tout et suivre les cours était facile, il pouvait le faire juste pour l'image. Il s'était vite mis à poser des sorts d'illusions sur ses livres magiques pour les faire passer pour ses livres et cahiers non-maj et les étudier en cours au lycée. Il détournait l'attention des professeurs de lui d'un peu de magie, assurant sa tranquillité. Cela fonctionnait plutôt bien. Il profitait du lycée pour la théorie et il passait à la pratique quand il allait au domaine de Rael. Avec les cours désormais réglés aux cinq jours de la semaine, Charlie s'efforçait au maximum d'avoir son jour de repos le samedi ou le dimanche pour le passer avec lui. Alexander lui avait dit qu'il n'était pas obligé mais il y tenait et cela touchait profondément le jeune homme. Il ne l'avait pas toutes les semaines mais cela se fit régulier. Et c'était donc également le week-end qu'il rendait visite aux Abeytu.

Il s'y trouvait d'ailleurs ce jour là. Cela faisait six mois depuis sa rencontre avec la tribu et il n'avait jamais regretté d'être allé jusqu'à eux. Leur relation s'était énormément détendue et il s'était fait des amis parmi eux. Nahele lui apprenait à tirer à l'arc et à manier la lance à la différence près que, contrairement aux non-maj, les Abeytu y alliaient leur magie. Pourtant dans un premier temps, il ne s'agissait que d'apprendre à tirer et à se servir d'une lance. Alexander n'était d'ailleurs pas peu fier des progrès qu'il avait fait en la matière ainsi qu'en escrime, pensant à se mettre à chercher une épée de mage rapidement. Il n'était pourtant pas question du maniement des armes à cet instant. Doucement, la magie particulière de la tribu revenait dans leurs échanges et ils lui apprenaient.

Cela avait commencé avec des savoirs sur les plantes magiques qu'on lui avait montré, qu'on lui avait appris à soigner. Puis on lui avait enseigné plusieurs choses en potion et ce matin là, on revenait sur la métamorphose animale. Voulant être capable d'aider Sam s'il avait d'autres questions, Alexander avait demandé à Dyani s'il y avait de grosses différences entre les sensations de l'animagus et d'un métamorphe et ils étaient mis à en discuter :

- La différence majeure entre un métamorphe et un animagus est que le premier est issu de deux âmes, le second d'une seule, commença Dyani. La fusion est beaucoup moins évidente pour un métamorphe surtout s'il n'est pas l'originel de la lignée.

- L'originel ? Celui qui a fusionné en premier avec l'âme d'un animal c'est ça ? voulut-il préciser.

- Oui. L'originel est celui qui a fusionné de lui même avec l'animal au début, les héritiers sont les enfants qui ont hérité du don. Dans leur cas, ils fusionnent aussi avec une âme qui était destinée à être l'animal en question mais cela n'est pas volontaire et ils n'ont pas conscience du processus alors la fusion est plus délicate. S'harmoniser avec l'animal, ce qui est fait dans le cheminement jusqu'à l'union pour l'originel, se fait après cette même union pour un héritier. C'est un travail important pour réellement terminer de ne faire qu'un et profiter pleinement et facilement de tout les dons qu'offre la métamorphose d'âme, Mais cela ne s'apprend pas, c'est un cheminement personnel qui doit être initié spontanément par les deux parties. Si cela est fait, il n'y a pas d'immense différence avec un animagus dans les ressentis de la transformation si on exclut les magies et potions qui peuvent fonctionner avec ou contre ce pouvoir. Seulement, une métamorphose d'âme peut être perdue si l'âme animale abandonne son partenaire ou s'ils se séparent. Et il ne faut jamais oublier qu'il y a deux âmes distinctes dans ce cas là. Ce n'est pas la même chose qu'un animagus. Ce sont deux magies différentes.

- Je comprend. Donc si je saisi bien, le plus important est vraiment de connaître son animal à la fois dans sa nature et dans son individualité ? releva-t-il.

- C'est exactement cela, sourit Dyani. Jusqu'à ce que deux ne fassent plus qu'un mais qu'un fasse toujours deux. Comme les deux faces d'une plume.

- Comment cela se passe ? Une métamorphose d'âme pour un originel ? J'imagine qu'il faut au minimum une très bonne entente avec l'animal, voir beaucoup plus.

- Pas forcément, répondit-elle. Parfois, un simple accord, une sorte de pacte peut l'initier comme un échange de bons procédés, un partenariat. Mais dans ce cas, la puissance de la métamorphose n'est pas très grande. Au plus le lien et les sentiments, l'union et l'entente sont forts, au plus la magie est forte. Cela peut partir d'un simple partenariat et évoluer ensuite. En général, si ça n'évolue pas en se renforçant, cela prend fin. Deux âmes ne peuvent rester unies ainsi sans s'harmoniser ou travailler à cette harmonisation.

- C'est tout à fait logique.

- Il y a la rencontre entre les deux âmes avec le passage d'un pacte du vivant des deux et il y a une autre situation. Mais dans ce cas, c'est encore plus spécifique. Le principe est le même : deux âmes qui se lient. Seulement, cette fois, l'âme de l'animal est celle d'une créature qui a été tué par celui à qui elle s'attache.

- Une âme qui s'attache à son tueur ? fit-il surpris.

- Oui mais c'est aussi plus complexe. C'est extrêmement rare et cela provient souvent d'animaux ordinaires uniques en leur genre, particuliers, intelligents, hors du communs, ou d'animaux magiques. Il ne suffit pas de tuer la créature visée. Si vous allez tuer une créature dans le but d'avoir cette métamorphose, ça ne marchera jamais. Ce ne doit pas être voulu de la part de la seconde moitié. Cela arrive quand une créature meurt dans un duel loyal face à un adversaire qu'elle reconnaît comme puissant, qu'elle admire et qu'elle reconnaît comme son supérieur, qu'elle souhaite suivre et servir, protéger. Il arrive alors qu'elle reste avec celui ou celle qu'elle reconnaît comme son maître. Son âme s'accroche à la personne qui l'a tué. Encore faut-il que le concerné s'en rende compte. On peut vivre toute sa vie avec une telle chose sans le voir et donc, sans jamais pouvoir profiter des possibilités que cela offre.

- Comment peut-on s'en rendre compte ? De la méditation comme l'animagus ?

- Non. Il faut un rituel, expliqua-t-elle. La méditation ne fonctionne pas parce que même si l'âme est là, il n'y a pas encore de lien permettant de communiquer et c'est pour ça qu'on ne s'en rend pas forcément compte. Il n'y a pas de contact entre les deux. Il faut un rituel capable de détecter la présence d'une âme accrochée à l'aura de la personne. Aimeriez-vous le faire pour voir s'il y a quelque chose ?

- Qu'est-ce qui vous fait dire que ça pourrait être le cas ? demanda-t-il.

- Une intuition, s'amusa-t-elle. Avez-vous déjà affronté à la loyale des animaux puissants ou des créatures magiques ?

- Euh oui, confirma-t-il en pensant aux multiples fois où c'était arrivé.

- Alors ça vaudrait la peine d'essayer. Cela peut être très instructif. Nous faisons ce rituel souvent quand un guerrier affronte une créature ou un animal, les chasseurs le font aussi régulièrement. Il faut veiller à ne pas oublier les vies que l'on prend et nous assurer que ces âmes n'ont pas décidé de rester avec nous. Parce que si c'est la cas, il est de notre devoir de veiller sur elles.

- Vous avez raison, sourit-il avec douceur. Comment fait-on ?

Souriant, Dyani l'emmena avec elle, Nahele qui les accompagnait allant avec eux. Sans aucun conteste, Nahele était devenu un excellent ami pour lui, presque un frère avec qui il s'entendait merveilleusement. Ils rejoignirent la clairière où il était devenu animagus et il savait désormais que ce n'était pas juste une clairière. C'était un espace de magie. Il y avait des talismans dans le sol et les arbres tout autour, des écritures magiques gravées dans les pierres. C'était un espace sacré, un espace dédié à la métamorphose animale. Il facilitait le contact avec la part animale d'une personne ou avec les âmes des animaux sauvages magiques ou pas. C'était aussi pour ça qu'il avait été mené là à sa première leçon, parce qu'un être qui ne respectait pas la nature et la magie véritablement ne pouvait pas poser un pied là sans être violemment rejeté. Cela avait été un test pour les Abeytu de le faire entrer ici et une preuve qu'il était capable de comprendre et d'apprendre d'eux de la bonne manière. Une fois encore, il entra, adressant une pensée respectueuse à la magie et à la nature comme il savait qu'il était de bon ton de le faire en venant ici. Sur un signe de Dyani, il alla s'asseoir au centre :

- C'est un rituel assez simple, expliqua la chef alors que plusieurs approchaient pour regarder.

La tribu était souvent curieuse de voir ce que cela pouvait donner lorsqu'il essayait leur magie. Tous avaient été impressionnés par sa transformation très rapide en animagus et par cette forme très symbolique pour eux qu'il avait. Depuis, il leur avait prouvé sa sincérité et était devenu leur ami comme cela faisait bien longtemps que ça n'était arrivé avec un sorcier de son origine. S'ils ne posaient jamais de question sur son passé, ce qu'il avait vécu ou sa magie, ses pouvoirs, ils savaient qu'il était puissant et doué avec la magie. Ils le disaient souvent et ils l'avaient bien vu. Tous étaient donc toujours curieux de le voir faire.

- Que dois-je faire ? demanda-t-il.

- Rien. Je vais me charger de lancer le rituel. Ma magie va créer une sorte de pont entre vous et les âmes potentielles qui pourraient vous accompagner. Elle va ouvrir une porte entre elles et vous.

- Est-ce que ça peut permettre à d'autres de venir ?

- Non, s'amusa-t-elle. Cela ne permet de faire apparaître que les âmes animales liées à vous parce que vous avez pris leur vie dans un combat loyal et équitable, voir, en votre défaveur. Et de telles âmes ne peuvent vous vouloir du mal. Elles ne peuvent se lier ainsi à vous que dans une intention sincère de vous accompagner et de vous aider. Et cela ne peut pas faire venir d'âmes passées dans l'après ou des âmes à intelligence humaine.

- Comment saurais-je ?

- Vous fermerez les yeux et s'il y en a, elles vous apparaîtront. De notre côté, nous le verrons aussi.

- Et s'il y en a ?

- Alors le contact sera établi et le reste dépendra de vous.

- Dans ce cas, allons-y.

Elle approuva et lui demanda de fermer les yeux et de se détendre. Il le fit et il écouta Dyani chanter dans sa langue. Rapidement, il sentit sa magie si belle et sage, pure venir l'entourer. La magie de Dyani était tellement agréable, douce. Elle était comme le vent tiède d'une journée d'été dans la grande plaine. C'était incroyablement rassurant et réconfortant de la sentir mais elle était aussi forte comme le bison qu'elle avait comme patronus. On sentait sa maîtrise et son savoir, son lien puissant avec la Magie. Il se détendit et la laissa faire, ayant toute confiance en elle.

Posté en bordure de l'espace sacré, tous regardèrent la magie de ce rituel bien connu d'eux prendre forme. Une brume légère apparut autour du sorcier, reluisant légèrement. Elle vint danser autour d'Alexander, le caressant, s'imprégnant de lui et de ce qui pouvait l'accompagner. Après un instant, elle se mit à grossir et à grandir et ils sourirent. Il y avait bien quelque chose comme leur chef le pensait. Maintenant, la brume devait prendre la forme de l'animal attaché à lui pour se révéler et créer le lien. Seulement, cela ne se passa pas comme ils en avaient l'habitude. La brume grossit et grossit encore. Aucun animal n'était si gros à moins qu'il ne s'agisse d'une baleine ou d'un éléphant mais ils doutaient fortement que ce soit le genre d'animal que le jeune homme ait pu affronter. Cela ne pouvait qu'être une créature magique de grande taille. Elle prit encore de l'ampleur et se scinda en deux masses distinctes pour encadrer Alexander. Peu à peu, les formes se précisèrent pour montrer ce dont-il s'agissait.

Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils comprirent à quelles créatures ils avaient à faire. D'un côté, il y avait un gigantesque basilic et de l'autre, un magyar à pointes très impressionnant. Les deux créatures de brumes se penchèrent pour effleurer doucement le sorcier du bout de leur nez, restant un moment avec lui avant de s'évanouir lentement. Un fin filet de brume s'échappa de chaque créature pour s'infiltrer dans le corps d'Alexander, illustrant l'ouverture véritable du lien et son acceptation par les trois parties. Puis tout s'évanouit et revint à la normale, tous stupéfaits par ce qu'ils venaient de voir. Il y eut un moment de silence et lorsque Alexander rouvrit les yeux, un sourire léger habillait ses lèvres et les larmes baignaient ses yeux.

Alexander avait en effet été profondément touché de voir apparaître dans son esprit ces deux créatures. Des créatures prodigieuses qu'il n'avait jamais voulu tuer. Les choses, et surtout les autres et leurs petits plans, les avaient contrains à s'affronter et à en arriver à cette tragédie. Le basilic avait été forcé par Voldemort, il le savait. Il l'avait tenu sous son joug pendant des décennies. Quand au dragon, cela n'avait pas non plus été de guetté de cœur. Jamais il n'avait voulu les tuer mais c'était arrivé et on pouvait dire qu'il les avait en effet affronté à la loyale. Maintenant, il semblait qu'elles l'avaient suivies et qu'ils pourraient peut-être faire autre chose que chercher à s'entre tuer. C'était une agréable, très agréable suite à ces épreuves traumatisantes dont-il faisait encore des cauchemars. L'idée de les avoir à ses côtés et non plus contre lui, l'idée qu'elles aient pu vouloir le suivre malgré ce qu'il leur avait fait était très réconfortant.

Il releva le regard pour trouver ses amis Abeytu totalement stupéfaits et choqués, silencieux. Dyani fut la première à se reprendre, souriant avec chaleur devant les larmes d'émotions qui embrumaient ses yeux. Il se releva en les essuyant, s'avançant vers elle :

- Merci de m'avoir permit de voir qu'elles sont là et de m'avoir permis d'établir le contact. Vous ne pouvez pas imaginer ce que ça représente.

Elle lui donna un signe de tête et l'entraîna à nouveau avec elle près du feu de camps, tous les rejoignant.

- Vous mon jeune ami, fit la chef, vous êtes un guerrier plus puissant que je ne l'imaginai. Je me doutait qu'il y avait quelque chose mais pas cela et encore moins deux. C'est rare et c'est encore plus rare avec de telles créatures. Le fait qu'elles soient là prouve que vous les avez combattues loyalement et honorablement.

- Je n'ai surtout pas eu le choix lorsque c'est arrivé, répondit-il doucement.

- Avec quelle magie avez vous pu les vaincre ? demanda un guerrier. Un basilic et un magyar. Ce sont des créatures parmi les plus puissantes et dangereuses du monde.

- Je n'ai pas utilisé de magie à proprement parlé. La basilic avait été lâché sur moi par un mage noir. Je n'avais plus de baguette, je ne savais pas encore utiliser la magie sans baguette. J'ai d'abord eu un coup de main. Un phénix est venu m'aider. Il a crevé les yeux du basilic.

- Vous êtes lié à un phénix ?

- Non, mais j'étais loyal à la personne qu'il servait. Cette personne l'a envoyé m'aider. Le phénix à crevé les yeux du basilic mais il m'a quand même poursuivis. Nous avons joué au jeu du chat et de la sourie dans un dédale de souterrains un moment mais finalement, j'ai dû lui faire face. J'avais une épée, dit-il en commençant à relever sa manche droite. J'ai combattu le basilic avec elle. Mais il n'y avait pas de point faible à sa peau. Alors j'ai profité du moment où il a voulu me dévorer pour transpercer son palet de l'épée et son crochet m'a atteint le bras ici, dit-il en montrant la cicatrice. Les larmes du phénix ont neutralisé le poison.

Il y eut un moment de silence stupéfait autour de lui, tous s'imaginant le combat que cela avait été. Quel guerrier pouvait se vanter d'avoir tué un basilic ainsi avec une simple épée ?

- Êtes vous certain que ce phénix ne vous est pas lié ? demanda Dyani. Un phénix ne fait pas cela pour un autre que son maître.

- J'ai toujours eu une très bonne relation avec ce phénix. Il se trouve que la plume de phénix qui est dans ma baguette est la sienne. Il m'a aidé et sauvé la vie mais il n'est jamais venu se lier à moi.

- C'est très étrange, dit-elle. Ce n'est pas normal. Aucun phénix ne fait ça même si son maître lui demande.

- C'était il y a déjà plusieurs années, remarqua-t-il simplement. J'ai recroisé ce phénix mais il n'y a rien de plus.

- Et le dragon ? demanda Nahele.

- Le dragon, il n'y a pas eu de magie au sens direct non plus, répondit-il. Je l'ai affronté dans les airs, sur mon balai. Elle me chassait. Elle était bien décidée à me dévorer, s'amusa-t-il. C'est en pur vol que cela s'est passé. Elle allait m'attraper, j'ai utilisé le ravin dans lequel nous volions pour la pousser à l'erreur de vol et ça a marché. Elle était tellement concentrée sur moi qu'elle ne l'a pas vu venir. Elle a percuté les roches entre lesquelles je me suis faufilé et cela a causé une chute mortelle pour elle. Elle a bien failli m'entraîner avec elle. J'ai évité le crash de justesse.

Là encore, il y eut un moment de silence.

- Pas étonnant que votre animagus soit le roi des cieux si vous êtes capable de vaincre un dragon sur son propre terrain de la sorte, remarqua la chef. Ce sont en effet là des combats qui justifient totalement qu'elles se soient accrochées à vous. Vous avez gagné leur respect et leur affection de toute évidence.

- Pourtant j'ai pris leurs vies, même si je ne l'ai jamais voulu et que j'aurai aimé qu'il en soit autrement, sourit-il tristement.

- Cela leur fait une raison de plus. Dans la mort, elles l'ont su. Elles ont su que vous n'aviez pas voulu cela et que vous regrettiez. Maintenant vous savez qu'elles sont avec vous, prêtes à vous aider, à vous prêter leurs force et leurs pouvoirs, à marcher à vos côtés. Elles vivront avec vous.

- J'aime cette idée. Seriez-vous d'accord pour m'expliquer comment je peux… ?

- Apprendre la métamorphose d'âme ? termina-t-elle. Avec plaisir. C'est pour des personnes comme vous que cette magie existe, pour ceux que des âmes loyales ont choisies. Nous vous apprendrons et vous pourrez avoir un avenir plus beau avec vos deux amies.

Il sourit, la remerciant comme il ne cessait de le faire depuis qu'il la connaissait. Ce fut à partir de ce jour qu'il commença à travailler à la métamorphose d'âme magique. Il devait alors faire deux choses primordiales : faire connaissance avec l'âme de la magyar et l'âme de la basilic, la méditation étant alors le meilleur moyen, et il devait apprendre à connaître leurs physiologies et leurs fonctionnements, leurs pouvoirs. Chaque jour avant de dormir, il se plongeait dans l'état méditatif enseigné par les Abeytu, le contact désormais établi lui permettant de passer du temps avec ses deux amies. C'était un peu étrange que de se retrouver dans un espace psychique avec ces deux impressionnantes créatures. Cette fois, elles étaient tout à fait calmes près de lui. La basilic avait récupéré ses yeux mais leur pouvoir n'agissait pas dans cet état. Ils s'appréhendaient tout les trois et en parallèle, Alexander étudiait tout ce qu'il trouvait dans ses livres sur elles pour apprendre à mieux les comprendre.

Les semaines coulèrent, l'automne revenant et Alexander aimait sa vie. Il continuait à côtoyer tout ses amis. Il s'était de plus en plus proche d'Emmet et finalement, de Jasper aussi. Il avait fallu plus de temps à l'empathe pour s'ouvrir un peu mais la patience et la compréhension du sorcier avaient fait leur œuvre. Il se sentait proche des deux frères même s'il n'aurait su dire pourquoi exactement. Alice était égale à elle même, toujours ravie de le voir et de passer du temps avec lui. Et elle semblait particulièrement heureuse de le voir avec Jasper. Rosalie s'était peu à peu détendue elle aussi même si elle n'était pas son amie pour autant. Edward continuait à se méfier et à rester à distance, ne lui parlant quasiment jamais. Lui même l'ignorait, ne voulant pas perdre son temps avec ce qui avait tout d'un imbécile pour lui. Il n'appréciait pas vraiment le télépathe mais cela n'avait pas grande importance. Bien sûr, il voyait Carlisle régulièrement, le médecin restant son ami le plus proche dans le clan et il passait aussi du temps avec Esmée lorsqu'il allait chez eux, la dame rayonnante et maternelle lui faisant du bien.

Il passait aussi énormément de temps avec les Quileute, avec Jacob en particulier. Parfois, il allait avec Sam pour discuter, le loup trouvant un peu de réconfort auprès de lui, auprès de quelqu'un qui pouvait comprendre un tant soit peu. Cela était particulièrement vrai depuis qu'il avait parlé à Émily, son imprégnée. Il avait su qui elle était pour lui dés qu'il l'avait vu après sa transformation. Mais ce n'était que récemment qu'il lui avait parlé, à l'approche d'Halloween en réalité. Et cela ne s'était pas très bien passé. Craignant de blesser Leah, l'ancienne petite amie de Sam, Émily avait rejeté en bloc la possibilité d'être avec lui, de faire cela. Cela avait déclenché la colère de Sam qui avait perdu le contrôle et qui avait blessé la jeune femme dans sa colère. C'était Alexander qui l'avait ramassé à la petite cuillère.

Billy l'avait prévenu de ce qu'il s'était passé et lui avait demandé de retrouver Sam disparu en forêt depuis. Il avait facilement retrouvé le loup paniqué et en souffrance d'avoir blessé sa compagne destinée. Il l'avait aidé, rassuré et depuis, il était souvent avec lui à tenter de le soutenir et de l'apaiser, le loup terrifié de recommencer. La situation n'était pas facile pour Sam. Il n'avait aucun aîné pour le guider, se retrouvait à porter la protection et l'héritage de sa tribu à lui seul du jour au lendemain. Il apprenait sur le tas, était seul alors qu'il était un animal de meute. Alexander trouvait qu'il s'en sortait plutôt très bien malgré tout et si c'était malheureux, il n'était pas vraiment surpris qu'il y ait un dérapage. Il passait plus de temps avec lui depuis et il l'avait poussé à retourner voir Émily, à s'excuser et à tout lui expliquer. Les choses n'étaient pas encore réglées mais il ne pouvait rien faire pour ça. En revanche, il pouvait être là pour Sam. Jacob s'était aperçu qu'il passait du temps avec lui et il avait tendance à se montrer un peu jaloux, ce qui amusait beaucoup Alexander touché par cela. Aussi, il s'était efforcé le rassurer son ami.

Lorsque la fin d'année approcha, une chose vint chambouler un peu le quotidien désormais bien réglé d'Alexander. Charlie lui avait annoncé que sa fille, Isabella, allait venir vivre avec eux à la mi janvier, lui demandant si cela ne le dérangeait pas. Il avait souris à l'homme en lui assurant qu'il n'y avait aucun problème. Cela semblait rendre Charlie si heureux et il comprenait. Il lui avait déjà parlé de sa fille et cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Alors qu'elle vienne vivre à Forks était une grande joie pour lui. Il n'allait certainement pas s'y opposer d'une quelconque manière. Il n'en n'avait pas le droit. Pourtant, la chose l'avait tendu et angoissé. Charlie était comme un père pour lui mais Isabella était sa véritable fille. Savoir qu'elle venait pour un bon moment le terrifiait parce qu'il craignait de perdre Charlie, de perdre leur relation et de perdre son foyer tant aimé. Peut-être que tout changerait si elle venait, peut-être que Charlie ne voudrait plus de lui chez lui… De nombreuses craintes s'étaient allumées. Mais il avait fait comme si de rien n'était et n'avait rien dit à personne.

Il avait plutôt décidé qu'il ferait de son mieux pour que ça se passe bien et qu'il n'y ait pas de raison pour que Charlie ne veuille plus de lui. Il l'avait donc aidé à tout préparer. Il s'était occupé de nettoyer la chambre de sa fille, de mettre de nouveaux draps, de remplacer ce qui devait l'être, fait de la place dans leur petite salle de bain… Bref, il avait tout fait. Il avait passé les fêtes de fin d'année avec Charlie en espérant que l'année suivante, il en serait toujours de même. Il avait continué sa vie et ses études et de ce côté, il était heureux de pouvoir dire sans arrogance qu'il avait énormément progressé. Ainsi libre de travailler et de s'entraîner à son propre rythme, il avait avancé comme jamais et il était fier des sorts très complexes qu'il était parvenu à maîtrisé particulièrement en défense que cela soit pour le combat ou la protection. Il y avait non seulement cela mais aussi tout les autres sorts et magies utiles qu'il avait appris.

À distance, il gérait ses affaires avec les gobelins, y remettant de l'ordre lentement, suffisamment lentement pour ne pas se faire repérer dans les affaires. Cette fois, son année de cours lui paraissait beaucoup plus simple et il parvenait à faire son travail sans problème. Il s'agissait de sa dernière année de cours obligatoires dans le monde magique et il avait bon espoir de décrocher son diplôme avec des notes plus que respectables. Il n'y passait peut-être pas autant de temps qu'il le fallait encore sa vie et ses autres entraînements, ses autres affaires mais il n'était pas inquiet quand à sa réussite. Le MACUSA continuait à le renseigner sur ce qu'il se passait au Royaume Unis et même en Europe maintenant. Il semblait que les choses s'envenimaient là bas et que le conflit s'étendait même si, à l'étranger, cela se faisait encore dans l'ombre. Mais dans les îles britanniques, les choses sérieuses commençaient réellement. Cela n'était pourtant plus son problème. Son problème était justement de s'assurer que tout cela reste loin de lui. Il avait appris la mort de Fudge sans grande tristesse et son remplacement pas Scrimgeour. Mais d'après le MACUSA, le Ministère britannique n'était plus que pantin dans les mains des uns et des autres. Il n'avait aucun mal à le croire.

À la nouvelle année, il put fêter le premier anniversaire du retour de sa mémoire et il était heureux de voir comment cette année c'était passée. Il avait pu redresser la barre et il avait énormément avancé, appris, grandis… Il avait refait sa vie, il avait des amis, une famille, un foyer et tout ce dont-il pouvait rêver. Il avait sa vie en main, sa place dans ce pays était claire et nette, assurée. Il avait tout et son avenir ne l'inquiétait pas. Son seul problème était la guerre britannique mais il avait bon espoir que Voldemort la termine assez vite pour qu'on ne vienne plus le chercher.

Le jour où Bella devait arriver, Alexander s'était réfugié au domaine de Rael. Aussi puissant qu'il était, malgré tout ce qu'il était, sa venue le terrorisait. Il craignait de perdre son père et il angoissait à l'idée de voir comment cela allait se passer. De manière inattendu, sa peur de se retrouver seul, d'être abandonné, lui avait ce jour là permis de réussir une chose sur laquelle il travaillait depuis des mois maintenant. Dans sa vaste salle d'entraînement, pour la première fois, il était parvenu à se transformer en magyar puis en basilic. Sa peur de la solitude de perdre sa famille l'avait instinctivement poussé à resserrer le lien avec ses amies d'âmes et avait terminé de lui permettre d'atteindre la transformation. Cela avait au moins eu le don de le détendre et de le rendre infiniment heureux. Avec cela, il avait enfin appris le noms des deux créatures. La basilic se nommait Bastize et la magyar Malgorm.

Maintenant qu'il avait terminé la fusion avec elles, il ne lui restait plus qu'à renforcer cette fusion pour la maximiser et pouvoir se servir de ses pouvoirs au maximum. Sa première préoccupation était évidemment de maîtriser les yeux de Bastize ou de trouver un moyen de les bloquer s'il se transformait, histoire de ne tuer personne par mégarde. Cela, il y pensait depuis longtemps et il avait trouvé une solution. Il avait ensorcelé un bandeau de cuir à mettre sur ses yeux lorsqu'il se transformerait. Il était enchanté pour s'adapter à sa forme de gigantesque basilic et il était fait pour bloquer totalement ou partiellement le pouvoir de ses yeux sans l'empêcher de voir à travers normalement. Il n'aurait qu'à le vouloir pour laisser passer son pouvoir pour tuer ou juste pour pétrifier. Il n'avait certainement pas oublié cette possibilité et avait fait en sorte que le bandeau puisse aussi être un filtre capable de provoquer la pétrification. C'était aussi pour ça qu'il avait du filtre de mandragore en réserve au cas où. Ce pouvoir là pouvait être très utile.

Ce fut donc un peu apaisé par cette réussite qu'il reprit le chemin de la maison. Charlie avait dû arriver avec sa fille et lui avoir offert son cadeau : la vielle camionnette rachetée à Billy. Une camionnette qui n'était pas là à son arrivée mais la voiture de Charlie était là. Il rentra, tendu, regardant à l'intérieur comme si un monstre allait surgir. Charlie apparut rapidement, l'air décidé à commencer à préparer le dîner et il sourit avec amusement.

- Je vais m'en charger, annonça-t-il. Cela vaut probablement mieux.

- Tu as raison, s'amusa le shérif en le laissant faire. Tu as passé une bonne journée ?

- Oui, très bonne en faîte, sourit-il. Isabella n'est pas là ? demanda-t-il avec tension.

- Elle est partie rouler un peu avec la camionnette. Jacob lui donne un petit cour. Elle ne devrait pas tarder à revenir. Je lui ai montré sa chambre.

- Est-ce que ça s'est bien passé ? questionna-t-il en se mettant au travail.

- J'en sais rien, soupira-t-il. On n'est pas doué pour ça tout les deux.

- Ça ira j'en suis sûr, rassura-t-il. Vous avez juste besoin de vous retrouver et de refaire connaissance.

- Tu as sûrement raison.

Un silence léger s'installa entre eux, comme souvent. C'était une chose que Alexander adorait chez Charlie: il était capable d'écouter et de parler quand c'était nécessaire mais le silence paisible lui allait aussi très bien. Il terminait le dîner lorsque du bruit retentit dans l'entrée et bientôt, Isabella apparaissait. Alexander l'observa, y trouvant une jeune fille tout à fait ordinaire de dix-sept ans. Soudain, elle semblait bien moins effrayante. Elle le fixa l'air méfiante et surprise et il se demanda si Charlie n'avait pas oublié de parler de lui. Le shérif réagit pourtant au bout de quelques instants, se levant de sa chaise pour venir se mettre entre lui et sa fille.

- Bella, voici Alexander dont je t'ai parlé tout à l'heure. Alex voici Bella.

- Enchanté, sourit-il en lui tendant une main qu'elle serra avec hésitation. Justement le dîner est prêt. Tu rentres juste à temps.

Elle ne dit rien mais vint s'asseoir avec eux, prenant la troisième chaise qui avait été ajoutée à la petite table de la cuisine pour son arrivée. Alexander servit le repas et sa première parole fut pour faire remarquer qu'elle était végétarienne. Charlie sembla l'apprendre en même temps que lui. Il lui assura qu'il y ferait attention pour les prochains repas. Ils mangèrent dans une ambiance très étrange et tendue, dans un silence beaucoup moins confortable qu'ils en avaient l'habitude et Bella regagna sa chambre rapidement. Charlie avait l'air profondément mal à l'aise et il l'était lui aussi. Cette nuit là, il ne parvint pas à dormir vraiment, tendu et anxieux mais il se dit que les choses iraient mieux avec un peu de temps. Le lendemain, il se leva tôt pour faire le petit déjeuner pour tout le monde. Charlie ne tarda pas à apparaître, le remerciant avec gratitude comme à chaque fois avant de s'asseoir avec lui pour manger. Isabella apparut un peu plus tard, juste à temps pour avaler quelque chose avant de devoir partir pour le lycée. Gênée, elle lui demanda s'il voulait qu'elle l'emmène au lycée avec sa camionnette.

- C'est gentil mais non merci, répondit-il avec un sourire doux. J'ai ma voiture et comme ça, je ne te retiendrai pas si nous n'avons pas le même emploi du temps. C'est plus simple de prendre chacun la sienne si tu veux pouvoir faire autre chose en quittant les cours.

Elle approuva et ils prirent leurs affaires pour aller au lycée, Charlie sortant avec eux. Alexander salua le shérif comme à chaque fois qu'il partait puis il alla vers son quatre quatre garé juste devant quand Bella allait vers sa camionette. Il vit la jeune fille avoir un temps d'arrêt en le voyant prendre cette voiture et il se dit qu'elle devait être surprise qu'elle soit à lui. Tous l'avaient été au début. Il n'en fit pas grand cas et se mit en route pour le lycée.

Cette journée fut… assez amusante pour lui. Pour la première fois de sa vie, ce n'était pas lui le centre d'attention et il put regarder ce que ça donnait de l'extérieur. Isabella n'avait pas l'air très à l'aise voir pas du tout. Comme on avait pu le faire pour lui, beaucoup de monde lui sauta dessus à la différence près qu'elle se fit une joie de s'intégrer et de se faire des amis. Si elle était assez discrète, elle n'était pas très différente des autres adolescents d'ici, des autres adolescents qu'il avait connu à Poudlard. à l'heure du déjeuner, il retrouva Emmet dans le couloir comme souvent, le rejoignant lui et sa famille pour aller vers le réfectoire. Il salua Jasper et Alice d'étreintes amicales, offrant un sourire doux et une salutation à Rosalie et il dit bonjour poliment à Edward. Ils prirent ensuite le chemin de la cantine comme à l'habitude. Il y entra avec eux, repérant rapidement Bella assise avec le pire groupe de commères de leur année. Il n'était pas vraiment surpris alors que le même groupe avait tenté de lui sauter dessus en premier aussi à la rentrée. Il ignora et alla se chercher à manger avec les autres pour ensuite rejoindre leur table, tournant le dos au reste de la salle.

- Alors c'est elle ta nouvelle coloc ? s'amusa Emmet.

- Oui, sourit-il pauvrement.

- La rencontre s'est mal passée ? demanda Jasper.

S'il ne pouvait pas sentir ses émotions, il était bien assez expérimenté pour en deviner une part. Jasper était quelqu'un de bien plus sensible qu'on pouvait le croire et de très attentif à son entourage. La plus part du temps, il était discret, ne disait rien et ne se mêlait pas des affaires des autres. Il était une belle âme et c'était une chose que Alexander appréciait chez lui.

- Pas vraiment. On a à peine échangé trois mots, répondit-il. L'ambiance était très étrange. J'imagine qu'il faudra du temps pour faire connaissance.

- En tout cas elle s'intéresse à nous, s'amusa Emmet entendant parfaitement les autres.

- Qui ne s'intéresse pas à vous chaque jour de la semaine ? s'amusa Alexander en les faisant rire. Tous si magnifiques et inaccessibles, dit-il théâtralement en faisant pouffer Emmet.

- Tu sais qu'ils te trouvent aussi beau que nous et au combien plus mystérieux monsieur l'amnésique, ricana le brun.

- J'ai horreur d'attirer l'attention, grommela-t-il.

- C'est raté, sourit Jasper. Mais il semble que tu ne sois plus que troisième sur la liste après nous et elle, dit-il en parlant de Bella.

- Pourvu que ça dure et que je chute encore dans la liste.

- Aucune chance que ça arrive si tu restes avec nous, fit Rosalie.

- Il doit bien avoir un inconvénient à avoir des amis dotés d'un minimum de maturité, soupira-t-il en amusant la blonde à laquelle ce genre de blague plaisait.

Ils mangèrent, ou presque pour certains, Emmet s'amusant à lui rapporter ce qu'il se disait sur eux dans la salle. Et Isabella n'était franchement pas différente des autres dans son intérêt flagrant pour les Cullen. Cependant, cette après-midi là, une autre chose particulière se révéla. Alexander retrouva Edward en biologie. Comme à son habitude, il alla s'asseoir au fond de la classe, sa magie lui permettant de persuader le professeur de le laisser travailler seul. Edward ne se méfiait que plus de lui, conscient de ses détournement d'attention magique en cours. Il semblait persuadé qu'il s'en servait ou s'en servirait contre eux pour les manipuler lui et sa famille, qu'il s'était servi de la magie pour s'attirer l'amitié d'une part de sa famille. Alexander avait eu beau tenter de lui expliquer, il ne voulait rien entendre.

Il alla s'asseoir alors que les autres entraient, Edward déjà installé, puis Isabella entra et s'arrêta un instant devant le ventilateur. Ce fut alors que sa sensibilité magique, sa clairvoyance de plus en plus fine, attira son attention sur Edward. Il sentit, comme s'il pouvait la voir, la soif du vampire s'enflammer. Le télépathe lutta visiblement pour se contenir et Alexander le vit se tendre plus encore lorsque Bella vint s'asseoir à côté de lui. La jeune fille regarda son voisin et il sut qu'elle appréciait ce qu'elle voyait. Mais elle sembla aussi se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Durant tout le cours, Alexander surveilla, près à user de sa magie si Edward craquait. Il tint pourtant de manière admirable et ce temps permit à Alexander de comprendre ce qu'il y avait, sa clairvoyance lui permettant de deviner : chanteuse. Le sang d'Isabella appelait Edward comme l'ambroisie des dieux. Cela allait poser problème. Pourtant, le vampire se maîtrisa de manière prodigieuse forçant le respect. Dés que le cours fut terminé, il bondit hors de la pièce pour s'éloigner et Alexander se détendit. Il n'était peut-être pas spécialement proche d'Edward mais il ne pouvait que l'admirer pour ce qu'il venait de faire, mesurant l'ampleur de la tâche. En revanche, cela promettait des complications et il le réalisa en regardant Bella.