Ecriture en écoutant :

Cold - Aqualung & Lucy Schwartz

Le Consentement (Instrumental) Mylène Farmer

12, rue Grimmauld, Londres.

Harry l'embrassait, intensifiant le baiser, lui appliquant une passion dévorante et étrange dont Drago ne savait que faire. Il se sentait paralysé, sa conscience et son corps sensibles à chaque frôlement, chaque choc, chaque caresse, mais son esprit était blanc. Des mains puissantes serraient ses côtes, imprimaient les marques de doigts dans sa chair blanche. Les lèvres chaudes ne quittaient pas les siennes, embrassaient ou mordaient. Une main remonta à son visage, se plongea dans ses cheveux et attrapa sa tête pour le relever. Drago sentait Harry trembler contre lui et ce n'était pas uniquement de désir.

Il connaissait le désir, ce qu'il pouvait provoquer. Tant de mes mains s'étaient posées sur lui, aucune étreinte de lui n'était étrangère.

Mais là, c'était autre chose. Potter semblait chercher quelque chose à travers lui. Le frôlement de ses doigts sur sa peau était trop intime, trop demandant, comme si Potter répondait à une addiction.

Drago refusait de lui faciliter la tâche. Il refusait de le toucher. Son corps restait inerte sous les caresses et les baisers. Dans ce marasme, il se raccrochait à ce qui lui était familier : l'odeur de Potter lui était connue, plus qu'il ne l'aurait cru et ce parfum le ramenait à des temps qu'il jugea heureux. Oui, en ce temps, à Poudlard, il avait été heureux. Malgré tout.

Harry se détacha de lui et Drago prit le temps de l'observer. L'homme devant lui n'avait plus rien du frêle adolescent de ses souvenirs. La forme maigre avait laissé place à une carrure anguleuse, aux muscles saillants aux bras et aux épaules, à la mâchoire carrée et volontaire, et à des lèvres charnues au pli cruel, si semblable au sourire sournois qu'il avait lui-même arborait adolescent.

Harry fit descendre cette bouche pleine le long de son ventre, Drago le sentit trembler contre sa peau. Il s'arrêta à la bande de son pantalon, en un baiser humide, à la pointe de la langue. Drago gardait ses bras de part et d'autre de son corps, le cœur battant furieusement. Seuls ses yeux trahissaient la vie, pointés vers le plafond en agitation furieuse. Harry se releva et déboutonna le vêtement, avant de plonger la main dans son sous-vêtement. Il savait y faire le salaud. Il prit son sexe dans sa main et commença à le branler. Le corps de Drago se crispa sous les caresses et il eut envie de gémir, mais il serra les dents, remuant la tête de droite à gauche pour échapper au plaisir.

" J'ai dit "pas de mensonge" grinça Harry en enfonçant ses ongles dans sa chair.

Et Drago rejeta la tête en arrière en laissant un gémissement dépasser ses lèvres, puis un autre, puis un autre. Harry semblait savoir exactement ce qu'il voulait de lui. Lui faire perdre le contrôle. Il buvait chacune de ses réactions. Ses yeux s'assombrissaient alors qu'il palpait son propre sexe à travers le pantalon. Il se redressa, le regard assombri.

"Viens!"

Il l'attrapa par le bras pour le relever et lui fit monter les escaliers. Draco se laissa mener, anéanti, les yeux sur la nuque de l'homme qui l'entrainait dans le couloir.

Potter ouvrit la porte d'une des chambres et le tira à l'intérieur avant de le pousser sur le lit. Drago atterrit lourdement sur la couette bleue et recula contre les coussins en tête de lit alors que Potter grimpait à sa suite, agrippant ses chevilles puis ses genoux comme s'il craignait de le voir s'enfuir, appliquant ses doigts comme des serres sur ses membres. Il attrapa son pantalon et son sous-vêtement et les fit brutalement glisser le long de ses jambes, l'exposant totalement.

Drago supporta le regard fiévreux de Potter sur sa peau, la gorge sèche.

- Parle ! lui ordonna Harry, sans doute agacé par sa froideur, alors que lui semblait de feu.

- Je crois qu'on fait une connerie, répondit Drago d'une voix blanche et terne.

Potter eut un rire sombre. Il retira son t-shit et ouvrit son pantalon sans le quitter des yeux.

- Ce n'est pas une connerie, dit-il en se lovant entre ses jambes, brulant contre sa peau, son sexe durcit contre lui. J'en ai envie et ça va se passer.

Il posa sa main sur son visage, le pouce caressant ses lèvres et Drago le vit sourire, peut être le premier sourire sincère depuis qu'il l'avait revu. Drago ferma les yeux pour échapper à ce regard trop passionné à son goût. Et il l'embrassa et il sombra.

Au coeur de la nuit

Drago ne dormait pas, il regardait le plafond. Il écoutait la respiration de Harry qui se calmait, s'apaisait.

Son esprit était blanc. Il ne parvenait à mettre aucun mot sur ce qu'il venait de se passer, sur les sensations entre ses jambes et dans son corps, sur le souvenir fantôme de Potter entre ses cuisses. L'air qui frôlait sa peau, encore humide de sa sueur et de celle d'un autre, le fit frissonner. Mais il ne voulait pas bouger. Pas encore. Il attendait que son corps reprenne vie, ce qui se manifesta par une profonde inspiration par la bouche, et des picotements au coin des yeux, mais il repoussa les larmes. Il n'était pas triste. Pas vraiment. Un goût de gâchis s'attardait au fond de sa gorge.

Reprenant le contrôle de son être, il tourna la tête. Des livres sur la table de nuit de son côté, du baume à lèvre. Quelqu'un dormait à la droite de ce lit.

- Tu vis ici avec Weasley?

Potter grogna, le visage dans l'oreiller.

- Ça ne te regarde pas.

- Je me fous de ton couple, je veux juste savoir si une rouquine en colère risque de débarquer. Il me semble qu'elle maitrise à merveille les sorts d'attaque.

- Aucun risque.

Drago le sentit remuer et il se dit qu'il allait bientôt s'endormir quand il sentit son souffle sur sa nuque et son bras s'enrouler autour de son corps.

Ses dents se plantèrent dans son épaule, sa main glissa entre ses cuisses et il le pénétra à nouveau dans une poussée lente et Drago se mordit la lèvre alors que ses yeux roulaient en arrière derrière ses paupières closes et ses râles s'écrasèrent sur les murs blancs.

Un mois. Je dois tenir un mois.

12, rue Grimmauld, Londres

Au matin

La faible lumière s'insinuait dans la chambre.

Harry se réveilla et trouva le lit vide. Il eut un sursaut puis il perçut un son au rez-de-chaussée qui l'apaisa. Il quitta le lit en rejetant la couette au bas du lit, il prit une douche éclair et descendit prestement les escaliers en direction de la cuisine.

Il découvrit Malfoy au comptoir de la cuisine, une tasse dans ses doigts blancs, le regard absent sur la rue londonienne qui s'étendait derrière les carreaux semi-opaques. Il ne devait discerner que les ombres des passants, mais ceux-ci semblaient captiver son attention. Harry sentit une pointe de jalousie pour ces silhouettes inconnues.

Il se souvenait d'avoir épié Malfoy ainsi, souvent, pendant des mois. Il retrouvait chacun des gestes familiers, cette tension du corps, ses gestes lents et nerveux à la fois, ses lèvres qui s'entrouvraient de temps en temps pour inspirer une légère bouffée d'air dans ce corps anxieux dont le cœur battait toujours trop vite. Et cette solitude en résonance avec la sienne.

La voix blanche le sortit de sa contemplation.

"Passer ton temps à me suivre des yeux en silence, dit Malfoy en posant la tasse sur la table. Il lança un regard torve à l'auror. "Tu n'as rien de plus sinistre à faire?"

Harry secoua la tête avec un rire sans joie devant cette moue de reproche et il s'approcha de lui pour glisser la main sous ses cheveux et caresser sa nuque.

- Toi ici. C'est irréel, soupira-t-il en le humant discrètement.

- Ah. Tu commences à comprendre à quel point cette idée était mauvaise? dit Drago en ignorant les picotements de plaisirs des doigts sous ses cheveux.

- Non, je ne pense pas, répliqua Harry dans un souffle.

Drago détourna les yeux en secouant la tête. Il échappa à la main d'Harry d'un sec mouvement de recul.

- Il y a une pièce que je pourrais occuper? dit-il en s'éloignant de lui pour aller prendre son sac qui reposait sur une chaise.

- Choisis.

Harry fit apparaitre son manteau d'auror et palpa la poche droite où le collier des malfoy était toujours en place.

- Je dois y aller. Sois là ce soir.

Il n'attendit pas la réponse et transplana.

Centre des Aurors

Harry était assis à son bureau devant un dossier dont il lisait les grandes lignes. Il comprimait ses tempes avec ses doigts tandis que les pages défilaient sous ses yeux sans qu'il ne les touche, alors que des plumes s'activer sur trois blocs-notes qui volaient toujours de lui, recueillant ses notes, ses observations et ses interrogations. On frappa à sa porte et le crissement des plumes sur le papier s'interrompit. Potter ouvrit la porte d'un léger mouvement de la main et ne leva pas les yeux du rapport quand l'auror Liams et son jeune co-équipier Presley entrèrent dans le bureau.

"Aucune trace de l'ensorceleur" commença Liams de sa voix grave en s'approchant de son supérieur, "mais on a une liste des objets qu'il a achetée chez Borgin. Tous sont susceptibles d'avoir été enchantés dans le même but que le collier."

Harry prit la feuille que lui tendait l'inspecteur magique et grimaça devant l'étendue de noms, plus d'une trentaine d'objets.

- Beaucoup de bijoux et de vêtements… commenta-Harry en parcourant le feuillet du doigt.

- Les objets doivent être portés pour que le maléfice soit le plus efficace possible.

Harry leva des yeux circonspects vers l'inspecteur.

- En est-on sûr ?

Liams tira sur son épaisse moustache en se tournant vers son coéquipier.

- C'est l'observation des mages des maléfices que nous avons consultés." Le jeune homme à sa droite acquiesça et les yeux de Liams revinrent sur Potter. : "Mais puisque nous n'avons qu'un seul spécimen en notre possession, nous ne pouvons rien exclure."

- Faites-en un descriptif, photo à l'appui quand cela est possible, dit Harry en lui rendant la liste.

- On peut la diffuser dans la gazette du sorcier? intervint Presley, s'attirant l'oeil réprobateur de son coéquipier.

- Non, surtout pas, répondit séchement Harry, si nous montrons que nous avons la liste des objets possiblement enchantés, notre suspect saura que nous sommes sur sa trace et il disparaitra. Nous ne pouvons pas courir ce risque.

- Ça veut dire laisser de pauvres gens sous emprise, insista Presley. C'est de l'esclavage déguisé, rien de plus.

Harry ressentit une légère décharge dans le dos et une sensation de dégoût à cette évocation. Les idéalistes le fatiguaient. Ils lui rappelaient trop celui qu'il avait été.

" Notre seule chance de l'attraper est qu'il continue à se fournir chez Borgin, déclara-t-il sur un ton plus rude. Il se tourna vers Liams. "Notre agent est toujours sur place ?

- Oui, et pour le moment, aucune nouvelle.

- Et la meurtrière ? demanda Potter, ignorant le regard en biais du jeune Presley.

- La suspecte, rectifia Liams, a été placée à Saint Mangouste en attendant son procès. L'auror Moran lui a conseillé de plaider non coupable et on lui a trouvé un avocat. Nous avons signalé un accès de folie à la presse sans parler de l'enchantement pour éviter que notre homme sache que nous sommes sur sa piste. Nous avons aussi demandé au juge de ne pas fixer de date de procès, comme vous nous l'avez demandé.

- Bien. Ce sera tout, messieurs.

Les deux hommes le saluèrent d'un hochement sec de la tête et Liams ouvrit la porte du bureau pour laisser passer son coéquipier et sortir à sa suite. Il garda la porte ouverte le temps qu'une note en avion pénètre dans le bureau.

"Du courrier, chef ! ", l'interpela Liams avant de partir.

La feuille fila à travers la pièce et atterrit sur le bureau, juste devant Harry. Elle se déplia sans qu'il ne fît un geste :

Puisque tu n'as pas pu venir diner hier soir, tu pourras te libérer pour le déjeuner aujourd'hui.

Ce n'est pas une question.

12h, même restaurant.

Ron.

Harry laissa échapper un râle et jeta le mot dans ma corbeille.

Pause méridienne Londonienne

Harry transfigura son manteau d'auror en sa veste de cuir noire et enfonça son chapeau jusqu'à ses yeux pour dissimuler au mieux son visage. Il souffla bruyamment en descendant les escaliers, exaspéré.

Il ne prenait pratiquement jamais de pause le midi, préférant récupérer chaque jour le même sandwich au poulet commandé au secrétariat et le dévorer tout au long de l'après-midi sans interrompre son travail. Il survivait grâce à la cafetière ensorcelée qui enchainait la production d'élixir de noir jusqu'à ce qu'il quitte le bureau. À toute heure de la journée, son bureau empestait le café brulant, dont l'odeur était pour Harry aussi revigorante que le liquide qui envahissait constamment son estomac.

Il n'avait ni le temps ni l'envie de s'enfermer au restaurant. Mais il ne pouvait pas refuser l'invitation de Ron.

Arrivé devant l'enseigne montrant une tête de licorne bleue, il se rendit compte qu'il avait de l'avance sans regarder sa montre, car l'église tardait à carillonner. Jamais il n'aurait dû se presser ainsi. Non seulement il avait de l'avance, mais il savait que Ron ne serait jamais à l'heure !

Après avoir fait les cent pas, il finit par s'adosser au mur. Il s'étonna de s'attarder devant la carte. Il se demanda ce dont il avait envie. Ce qui ne lui était plus arrivé depuis…

"Hey !"

La voix enjouée de Ron le sortit de sa réflexion et il eut un demi-sourire en voyant le jeune homme roux en veste de tweed marron et pantalon beige se diriger vers lui, avant de le prendre dans une courte embrassade.

" Salut, dit Harry en posant une main paresseuse dans son dos. Toujours aussi ponctuel.

Ron grogna en le repoussant, balaya sa remarque d'un revers de main sans perdre son sourire.

"Tu aurais pu rentrer, j'ai réservé !"

Harry haussa les épaules et Ron roula des yeux à la manière d'Hermione avant de l'entrainer dans la salle du restaurant.

À la suite du serveur, ils trouvèrent la fameuse table un peu à l'écart où Harry ne serait pas dérangé par des regards indiscrets. Ils commandèrent deux bières et ils discutèrent de banalités avant que Harry ne pose la question qui le taraudait.

"C'est Hermione qui t'a demandé de déjeuner avec moi ?

Ron finit de boire une gorgée de sa bière ambrée et posa son verre en secouant la tête.

- Non j'en avais envie, tu n'as pas encore réussi à m'écœurer de ta présence." Harry eut un petit rire et Ron continua : "On a du mal à te croiser ces temps-ci. Ou plutôt toi et moi on se voit jamais et tu croises Hermione au ministère de la Défense.

- J'ai beaucoup de travail.

- Et Hermione non ?

- Tu sais ce que je veux dire.

- Pas vraiment, mais bref. Non ce n'est pas Hermione qui m'envoie. J'avais envie de te voir.

Harry pinça les lèvres et acquiesça doucement sans regarder son ami. Il n'avait rien à répondre à cela.

- Comment va Ginny ? demanda soudain Weasley, avec une brusquerie volontaire.

La question prit Harry à contre-pied, et il hésita.

- Bien, finit-il par dire, espérant que le serveur reviendrait bientôt pour le sortir de cette conversation. Elle a rallongé son séjour. Elle fait ce qui la passionne.

Ron fit rouler sa langue dans sa joue et hocha doucement la tête.

- C'est la rupture parfaite en somme : elle oublie de rentrer et toi tu oublies de l'attendre.

- Ron, souffla Harry avec lassitude.

Weasley leva les mains devant lui en signe d'apaisement.

- Ça ne me regarde pas tu as raison. Tant qu'aucun de vous deux n'en souffre…

- Aucun de nous deux ne souffre, pointa sèchement Harry.

- Parce qu'aucun de vous deux n'en a quelque chose à foutre, renchérit Ron. Dis-moi honnêtement que tu serais malheureux si Ginny rompait avec toi ?

Harry ne répondit rien, il fit glisser ses doigts sur son verre et attrapa les gouttes de condensation, le regard et le cœur vides, ignorant les yeux fixes de Ron. Son inquiétude le gênait. Il n'avait pas besoin de cela.

Le serveur arriva bien trop tard pour sauver Harry et Ron annonça.

- Je voudrais la salade jambon, mozzarella et toasts d'avocats." Il rencontra le sourcil haussé d'Harry. "Je commence à faire attention, souffla-t-il en caressant son ventre et Potter secoua la tête avec un demi-sourire.

- Très bien, dit le serveur au sourire aimable, bien que forcé. Et pour monsieur, comme d'habitude?

La question prit un instant Harry au dépourvu et il eut un sursaut.

- Heu non, désolé je n'ai pas choisi.

Il s'agaça de voir l'étonnement de Ron et du serveur. Celui-ci reprit rapidement son sourire avant de faire disparaître son calepin et sa plume.

- Très bien, je vous laisse la carte et je reviens prendre votre commande.

- Donne-moi la carte s'il te plait, souffla Harry en tenant la main vers Weasley.

Ron la lui donna lentement, suspicieux.

- Quoi? s'enquit Potter, en parcourant les pages, ne supportant plus les yeux qui le scrutaient.

- Rien, c'est la première fois que tu prends autre chose qu'un steak frites… depuis des années.

- Oui et bien … là j'ai envie d'autre chose.

Sur le chemin du 12 rue Grimmauld, Londres.

Il était tard. Harry avait enchainé les rapports et la dernière réunion des aurors s'était éternisée. La plupart des questions des inspecteurs concernaient les journaux et ce qu'ils pouvaient ou non divulguer sur les affaires. Potter avait l'impression de n'être qu'un attaché de presse, son travail avait une dimension bien trop politique à son goût. Monter les échelons ne lui avaient apportés que des emmerdes et beaucoup moins d'action.

Il s'était arrêté à deux rues de sa maison pour prendre deux hot-dogs et des frites au food truck du coin. Il n'avait pas vraiment faim, mais il n'était pas du genre à sortir une casserole. Et il n'était pas seul ce soir.

Il prit le sac en plastique en remerciant le vendeur et descendit la rue vers Grimmauld. Le chemin lui parut d'un coup très silencieux et désert et sa main se resserra sur les poignées de plastique.

Alors qu'il arrivait en vue de sa maison aux volets fermés d'où aucune lumière ne s'échappait, quelque chose lui fit accélérer le pas. Il ne sut pourquoi, mais une angoisse sourde prit possession de ses tripes.

Le cœur battant, il grimpa les marches du perron, ouvrit la porte de la maison, et rentra dans un silence de mort.

Il avança et alluma la lumière, mais vit que le salon était vide, la salle à manger vide, impeccable et immaculée.

Son esprit était noir, paralysé. Ses mains étaient secouées de tremblements. Il hoqueta, soudain la respiration lui manqua quand il entendit un bruit provenant de la cuisine.

Il se précipita et trouva Malfoy, assis à la table, en jeans et chemise, une tasse à la main, devant une pile de journaux ouverts aux pages économiques.

Quand il aperçut Potter dans l'encadrement de la porte, il leva nonchalamment les yeux vers l'horloge de la cuisine.

- Il est si tard que ça, commenta-t-il sans émotion.

Un cri lui échappa et sa tasse à café éclata sur le sol quand Potter se retrouva sur lui, renversant la chaise au passage.

Il attrapa Malfoy sous les cuisses et l'accola brutalement au réfrigérateur.

"Potter ! "souffla Drago et Harry l'embrassa, dévorant ses lèvres des siennes, cajolant sa langue. Ses mains qui le caressaient ne tremblaient plus. Elles parcouraient avidement chaque centimètre de peau qu'elles pouvaient s'offrir sous la chemise dont elles arrachaient les boutons.

Les doigts glissèrent dans la soie des cheveux de Drago et les prirent en une poigne féroce. Son corps écrasait celui du garçon dont les pieds ne touchaient pas le sol. Il se sentit durcir et massa son bas-ventre contre celui de Malfoy à travers leurs vêtements, aspirant les soupirs du garçon contre sa bouche.

Il quitta ses lèvres, le souffle court, les yeux assombris.

"Tes bras, autour de mon cou" souffla-t-il et Drago s'exécuta, libérant un peu son poids sur Harry qui en profita pour ouvrir leurs pantalons et libérer leurs sexes.

Quand il serra son membre dans sa main moite, Drago cria à son oreille, et ses cuisses se resserrèrent autour de lui. Quand son sexe glissa contre celui de Malfoy, ses yeux roulèrent dans son crâne et il rejeta la tête en arrière, secoué de plaisir, avant d'entreprendre un va-et-vient brutal entre leurs deux corps.

Rapidement, ses jambes cédèrent et ils se retrouvèrent sur le sol. Harry allongea Malfoy sur le carrelage, enfouit son visage dans son cou, les dents plantées dans sa chair et reprit son mouvement de balancier entre les cuisses frémissantes.

Les gémissements de Drago envoyaient des décharges de plaisirs dans tout son être, aussi puissant que l'extase de sa queue contre la sienne.

Il releva la tête, posa son front fiévreux contre celui du garçon et prit les deux verges dans une seule main. Les ongles de Drago s'enfoncèrent dans sa chemise et ses côtés, les dents serrées, la tête rejetée en arrière, le dos cambré et en quelques mouvements de sa main, ils se libérèrent entre leurs deux corps.

Ils restèrent étendus sur le sol de la cuisine, le son puissant et rapide de leurs respirations envahissait la pièce. Harry était assis, le dos contre le réfrigérateur tandis que Drago gisait à terre, les bras relevés au-dessus de sa tête, le pantalon et la chemise ouverts, des trainées blanches sur sa peau, la respiration haletante.

Harry l'observait, dessiné de ses yeux la fine courbure de sa mâchoire, ses lèvres pleines, ses formes fines et osseuses, sa poitrine qui se soulevait par tressaut.

Combien de temps le regarda-t-il ainsi sans bouger ?

Le garçon finit par ouvrir ses grands yeux gris sur le plafond alors que sa respiration redevenait calme. Harry crut voir un voile de tristesse passer sur son visage.

"J'ai l'impression qu'on est deux naufragés", souffla Malfoy avec douceur, les prunelles grises sur le luminaire de la cuisine.

Non, plus maintenant, pensa Harry.

"J'ai ramené des hot-dogs" dit-il et il eut presque envie de pouffer devant la mine interrogatrice et révulsée de Malfoy. "ça se mange" précisa-t-il.

Toujours allongé sur le sol et n'ayant aucune intention de se lever, Malfoy secoua doucement la tête.

"Les moldus sont vraiment étranges."

Harry sentit un sursaut, ses mains se remirent à trembler et sans savoir pourquoi, il rampa jusqu'à lui et l'embrassa, caressant son visage et sa gorge du bout des doigts.

Il s'écarta doucement, ses yeux dans ceux de Malfoy, qui le regardait avec prudence, cherchant à résoudre une énigme secrète.

"Arrête de me sourire comme ça, soupira soudain Drago.

- Comme quoi? murmura Harry.

Drago ouvrit la bouche, mais Potter posa les doigts sur ses lèvres.

"Non. Ne réponds pas."

Drago se tut et Harry se releva, titubant sur ses jambes.

"Je vais prendre une douche", déclara-t-il soudain, et il sortit rapidement de la cuisine en essayant de cacher les tremblements de ses mains.