NdA : Olala ça fait un sacré bail que j'ai pas posté ici ! Mais cette fois ci ça y est, je reviens pour de bon (sur cette fic en tous cas) B)

Figurez vous que pendant tout ce temps où vous étiez sans nouvelles, j'ai terminé la rédaction de cette fanfic ! Youhou ! Il y aura 15 chapitres en tout, et j'essaierai de les poster assez rapidement.

J'espère que celui-ci vous plaira, bonne lecture !

...

XIII

Dehors, il faisait un soleil radieux. Les oiseaux chantaient, et les promeneurs sifflaient en réponse. Le printemps s'était bien installé et les arbres sur le parking et devant l'entrée étaient parsemés de petites fleurs blanches. Lance décida que ça lui porterait chance. Ah, Pidge l'aurait sûrement traité de niais si elle l'avait su. Elle, elle ne croyait pas trop en la chance, mais la mama de Lance lui avait toujours dit qu'il était un garçon chanceux, et qu'il avait tout intérêt à y croire. Toute sa famille et ses amis étaient là quelque part, dans les tribunes ; il devrait se souvenir de ne pas regarder, afin de rester le plus concentré possible.

L'ambiance à l'intérieur était bien différente. Un brouhaha entre l'excitation et l'agacement régnait et résonnait sous le grand dôme bleuté, et si les grandes vitres laissaient entrer les rayons éclatants de Mai, elles ne réfléchissaient les bruits de l'intérieur que mieux, dans de grands échos que Lance trouvait d'ordinaire apaisant et mélodieux. C'était un peu étrange, de trouver l'écho du dôme apaisant et mélodieux, le jeune homme en avait bien conscience mais ce jour là en particulier, il comprit pourquoi d'autres trouvaient qu'un tel environnement sonore était étouffant et donnait la migraine. Le stress y jouait aussi sûrement pour quelque chose. Une grande inspiration lui apporta les odeurs de chlore et de shampoing typiques des douches communes qui lui avaient servi tant de fois.

Il expira un petit nuage de buée, tout irait bien. Il participait avant tout pour s'amuser après tout ; aucune pression, aucune raison de s'inquiéter. Peut-être que quand ce serait fini - une fois qu'il aurait gagné - ils pourraient sortir déjeuner tous ensembles ? Lance avait bien mangé ce matin, mais il se connaissait assez pour savoir qu'une telle épreuve le laisserait affamé. Peut-être que Luis avait pu venir finalement ? Il faisait ses études assez loin, mais ce serait bien s'il le voyait botter le cul de ses adversaires en direct et pas sur une vidéo que Papa aurait enregistrée avec son téléphone. Peut-être que Hunk avait fait des beignets où d'autres pâtisseries ? Ses gâteaux étaient les meilleurs au monde ! Peut-être qu'il allait impressionner Keith ? Oh, ce serait bien ! Oh, non pas du tout. Il en avait rien à faire d'impressionner Keith Kogane. Rien du tout. D'ailleurs, est-ce qu-il était seulement venu, tiens ? Lance doutait qu'il fît le déplacement alors qu'il n'y connaissait rien du tout en natation. Il se serait sûrement beaucoup ennuyé, s'il était venu.

Plaxum le rejoignit dans les douches alors qu'il était perdu dans ses pensées. Normalement, les filles et les garçons avaient des douches séparées, mais comme personne n'était vraiment nu et que la plupart des clients étaient des familles, peu de gens respectaient cette réglementation archaïque. Encore moins aujourd'hui, alors que l'endroit avait été réservé entièrement pour la compétition, et que seuls les membres inscrits se baladaient sous les douches et dans les vestiaires, tels des artistes dans les loges et coulisses de leur Plus Grand Spectacle. Lance se sentait comme un artiste, et Plaxum ? Oh, Plaxum était une sorte de... Technicienne, ou de maquilleuse. Elle était sûrement l'artiste de son propre numéro, mais dans leur petite troupe, ils étaient les maquilleuses les uns des autres. Parce que, les maquilleuses n'étaient pas là seulement pour maquiller les artistes ! C'étaient elles qui leur donnaient leur sourire, elles rassuraient et soutenaient, et elles donnaient de la force et motivaient les troupes, et sans elles le spectacle serait gâché !

Heureusement, Lance et Plaxum étaient là l'un pour l'autre, même s'il sursauta de frayeur en sentant sa main froide sur sa propre épaule nue. Son sourire était presque aussi radieux que le temps ce jour-là, et elle tenta de le déstresser du mieux qu'elle put - et avec une efficacité dont elle avait le secret - avant de le charrier gentiment : « Prêt à te faire atomiser par le Plaxomizator ? — Alors là, tu rêves ! Lancinerator est beaucoup plus rapide et tu le sais. »

Plaxum n'était pas du genre à se laisser battre facilement, et Lance espéra qu'elle arriverait deuxième au chrono. Elle le méritait bien.

...

Un grand coup dans les côtes réveilla Keith - qui n'était pas en train de dormir d'ailleurs - en sursaut. C'était Hunk, l'auteur de cet affront, et alors que le premier s'apprêtait à demander des explications - de manière moins amicale qu'il aurait dû - son agresseur pointa vers le bas, l'air tout excité. « Regarde ! » s'écria-t-il, « Les voilà enfin ! Lance est juste là, tu as vu ? »

Pour avoir vu, Keith avait vu. En contrebas des estrades où ils étaient installés depuis une bonne demie-heure, les nageurs arrivaient au bord du bassin. Keith reconnut quelques uns des amis de Lance, qu'il avait déjà rencontrés, et crut apercevoir quelques visages assez peu familiers pour qu'il ne se rappelle d'où ils les connaissaient... Mais toute son attention fut happée, entièrement, par la figure de Lance quand il l'aperçut enfin, qui discutait avec une jeune fille qui devait avoir leur âge.

Un homme raconta quelque chose qu'il n'écouta pas, puis d'autres choses qui filèrent directement au dessus de son crâne d'ordinaire sérieux et attentif, avant que les nageurs ne se mettent enfin en place. Keith... N'avait jamais vu Lance torse-nu. Et pas juste torse-nu, mais en maillot de piscine ? Dans son short noir et bleu moulant, le corps trempé - sûrement par la douche - mais tonique et élégant... Keith crut qu'il allait s'étouffer en avalant sa salive de travers - sa gorge fut assez habile sans son cerveau pour lui épargner cette humiliation. Alors quoi ? Lance était canon, grande nouvelle ! Quelle serait la prochaine ? Le bleu lui allait vraiment à merveille ? Il avait un corps d'éphèbe ? La tête qu'il tirait quand il était très concentré comme ça était beaucoup trop sexy ? La façon dont ses oreilles sortaient de son bonnet de bain était adorable ? Les muscles de son dos étaient à se damner ? Et ses fesses... ?

Tentant de reprendre le contrôle du cours de ses pensées, Keith toussa un peu dans son poing, l'air de rien. Mais, c'est vrai que Lance avait des épaules plus larges qu'on pourrait penser, en le voyant tout habillé. Et puis, qu'est-ce que c'était que cette drôle de marque pâle là, sur son omoplate droite, une sorte de cicatrice ? Oh... Il y avait un grain de beauté dans sa nuque, il n'avait jamais remarqué.

Le bruit strident d'un sifflet retentit, sortant Keith de sa transe. Décidément, ça devenait compliqué de se concentrer... Devant le bassin, les compétiteurs se mirent en position sur les plongeoirs. Keith n'avait aucune idée de ce à quoi devait ressembler la position, mais il entendait la mère de Lance quelques rangs plus haut s'extasier sur le génie de son fils, ce qui était assez encourageant. Son cœur rata un battement quand il se rendit compte qu'il était là en train de fantasmer sur son ami en bas, devant toute sa famille. Il voulut se faire tout petit, se cacher les yeux, penser à des vieilles grand-mères ou à des petits chiots, mais il n'entendit que plus clairement le décompte de celui qui devait être l'arbitre : « Trois... — Ne regarde pas, ne regarde pas, » se disait Keith comme un mantra. « Deux... — Commence par te calmer, puis tu pourras assister à la course normalement, et il n'y aura rien de bizarre entre toi et la famille de Lance, qui à l'air très gentille... » continuait-il désespérément. « Un... »

Keith craqua au dernier moment, alors qu'il écartait à peine les doigts, il eut le temps de voir Lance fléchir les genoux, et s'élancer comme une fusée dès que le coup de sifflet commença tout juste à retentir aux oreilles du spectateur. Les jambes de Lance battaient l'eau comme si elles voulaient monter des blancs en neige, ses longs bras fendaient avec la rapidité et la finesse du sabre d'un samouraï, et parfois, sa bouche ressortait de l'eau brièvement pour s'approvisionner en oxygène. Le reste du temps, elle était obstinément droite, face contre le sol, dévoilant le grain de beauté de sa nuque à la surface.

Condamné, Keith se sentit condamné, de la meilleure façon possible.

...

Bien qu'il se débattit comme un diable, Lance ne sut arracher la médaille d'or à la team rivale, et dut se contenter de la contempler pendre au cou du jeune Nemo, concurrent du club de la ville voisine. Non content de ne pas être premier - Nemo était un prodige, après tout - Lance finit troisième derrière Blumfump ! Ce sale traître ! Plaxum elle, était première de la course féminine, et grâce à leurs performances combinées, ils avaient quand même permis à leur club de s'imposer face aux autres. C'était une sorte de victoire, quelque part ; c'est pour ça qu'ils nageaient en club après tout.

« Alors, » le taquina Plaxum de retour sous les douches, tous ensemble, « qui a laminé qui finalement ? ». Lance fit semblant de ne pas avoir entendu, encore amer de s'être fait battre par un gamin de quinze ans et Blumfump, Blumfump ! C'était un vrai patapouf d'habitude, et ça s'était joué à un cheveu ! Celui-ci eut encore le cran de se retourner vers eux tout sourire pour les féliciter : « Bravo les jeunes, vous avez envoyé du lourd ! » Blumfump était étudiant, et avait fêté ses vingt-deux ans en début d'année. « C'est toi qui a été incroyable, » s'exclamait Plaxum, remuant le couteau dans la plaie. « Ils t'ont donné quoi avant de venir ? La façon dont t'as rattrapé Lance au dernier moment, j'ai cru que j'allais faire une crise cardiaque ! ». L'étudiant éclata dans un joyeux rire bien gras que son cadet continua d'ignorer. « Lancey-Lance était distrait aujourd'hui ma belle, sinon je l'aurais pas eu comme ça ! — Ooooh, maintenant que tu le dis... — Alors dis-nous lover-boy, lequel de ces beaux-gosses dans les gradins était Keith Kogane ? »

En entendant ce nom sortir de la bouche de Blumfump - devant les autres participants qui se rinçaient aussi, quoique plus discrètement - Lance sentit le chaud lui monter au visage et son pouls s'emballer. « Non mais comment t'es au courant de ça, toi ?! » cria-t-il plus fort que prévu, avant même de penser à nier. Le sourire qui se dessina sur les visages de ses deux compères était trop tiré vers les oreilles pour signifier quoique ce fût de bon. L'air de rien, Lance tenta de reprendre son shampoing tranquillement, mais le mal était déjà fait, et le sang lui montait à la tête aussi vite qu'il était arrivé en bas du podium ; c'est-à-dire tout de même très vite.

« Je te propose un jeu, » disait Plaxum sous le bruissement de l'eau chaude, à l'encontre de Blumfump. « Si tu devines du premier coup sur laquelle des personnes qui l'ont accompagné Lance crush, je te paye une pinte à la prochaine sortie, et ça a intérêt à être bientôt ! Sinon, tu paies pour moi. » Cette traîtresse, pensa Lance. Tout ça pour une bière gratuite ? Bon, à bien y réfléchir il l'aurait peut-être fait à leur place ; mais il n'y était pas alors il avait encore au moins le droit de grommeler de son côté, non ?

Lance retarda tant qu'il put le moment inéluctable où il devrait sortir de la douche, puis des vestiaires pour rejoindre ses amis et sa famille, mais il était tout fripé et ses dents avaient commencé à claquer, alors bon... Quand il débarqua à l'extérieur, frais comme une fleur, tout sec et tout pimpant, il décida que s'il ne pouvait pas empêcher Plaxum de radoter sur ses amourettes, ou Blum' de lui voler la médaille d'argent sous son nez, il pouvait au moins rendre leur pari nul en faisant comme si de rien n'était et en démasquant Keith avant son camarade nageur. Démasquer Keith, c'était tellement ironique...

Donc, quand il sortit enfin à la lumière du jour - qui était magnifique - il embrassa tour à tour chacun de ses amis en s'exclamant chacun de leurs prénoms et en les remerciant d'être venus : « Pidge ! Merci d'être là ! Hunk, mon pote, je t'ai entendu crier t'es le meilleur ! Hé, Keith, c'est super que tu sois venu mec. »

Keith ne devait pas s'attendre à un tel élan d'affection parce qu'il était tout tendu dans ses bras, mais Lance n'y fit pas attention. Comme il ne fit pas attention au regard que se lancèrent Blumfump et Plaxum dans son dos. Il préféra aller saluer sa famille, qu'il n'avait pas si souvent que ça l'occasion de voir après tout. Tout le monde était là, même Luis, c'était pour dire ! Dès qu'il fut assez près, Mama le prit fermement dans ses grands bras chaleureux - bien trop chauds pour le climat actuel - en le couvrant de baisers baveux. Mama sentait la lavande, et un peu le chlore et la sueur à cause du temps qu'elle avait passé dans les gradins. C'était une bonne odeur. « Tu m'étouffes ! » se plaignit-il quand-même pour la forme, alors que Rachel venait ébouriffer ses cheveux et que Marco se moquait de sa troisième place - ce qui était à prévoir.

Comme prévu, Papa avait filmé les courses du mieux qu'il avait pu, et leur petit groupe partit pique-niquer au Lac pour fêter la victoire de leur club. Il y avait la famille de Lance, celle de Plaxum, et d'autres nageurs - quoique moins nombreuses - et puis des amis à droite à gauche de tout le monde. Une bonne vingtaine de personnes se retrouvèrent sur le sable à dévorer les pizzas que les uns avaient commandées ou les autres avaient faites eux-mêmes avant de venir, les salades composées, les quiches, les chips... Une ambiance festive qui fit presque oublier à Lance sa pathétique troisième place.

« Dommage que Kogane n'ait pas pu rester, » vint le consoler Plaxum, un morceau de tarte aux cerises à moitié mangé en main. Elle avait toujours préféré le sucré au salé, Lance était persuadé qu'elle s'était jetée directement sur les desserts sans même accorder un regard au cake au chorizo de Mama. Il haussa les épaules avec nonchalance et répondit : « Il travaille le week-end. C'était déjà cool qu'il ait pu libérer un peu de temps pour la compet'. ― M'ouais si tu le dis. » Elle n'avait pas l'air convaincue et ça irrita Lance plus que ça aurait dû. « Quoi, qu'est-ce qu'y a ? ― Rien, rien... » fit-elle en levant les mains en gage de paix. Le ton de Lance avait été plus agressif qu'il l'avait voulu, mais elle s'en remettrait. « Mais avoue que t'aurais préféré qu'il reste. »

Lance ne répondit rien. Du moins, à l'oral. Son silence fut une réponse bien suffisante pour sa perspicace amie.

...

Il était assez tard quand le nageur rentra chez lui, exténué mais ravi de sa journée. Une seule chose aurait pu la rendre encore plus agréable. Bon, peut-être deux en fait - il aurait pu gagner cette maudite médaille d'or, ça autait été vraiment parfait ! Mais ça en rétrospective, ça n'était même pas si important que ça. Keith aurait dû rester, Lance passait toujours un meilleur moment quand il était avec lui.

Qu'il soit son Samouraï ou qu'il soit Keith Kogane, ça ne changeait pas grand chose finalement. Enfin, si, ça aurait changé beaucoup de choses en début d'année, quand ils ne pouvaient pas se voir en peinture, mais les choses avaient changé depuis, Keith s'était révélé moins énervant que Lance l'aurait cru, et puis... Une fois qu'ils eurent commencé à mieux s'entendre, le comportement de son ex-rival avait évolué. Keith avait montré envers lui, une sorte de douceur surprenante mais tout-à-fait bienvenue.

Depuis combien de temps était-il couché là, dans le noir à fixer l'écran de son téléphone, le doigt suspendu au dessus du bouton « Envoyer », trop hésitant pour y appuyer ? Dur à dire, il était trop focalisé sur son message - son brouillon - pour penser à regarder l'heure, qui était pourtant affichée en haut à droite de l'écran comme il était convention.

Le message qui le tenait éveillé ainsi lisait : « Hey, ça te dirait qu'on sorte ensemble démasqués un de ces jours ? », seulement avant qu'il se décide enfin à l'envoyer - comme il aurait fini par le faire s'il n'avait pas été interrompu - un petit « Ding » résonna, en même temps qu'il recevait un texto inattendu de son Samouraï.

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