Mais ca va pas du tout ca ! j'ai oublié de poster le chapitre de la semaine dernière... Donc le voila, avec une semaine de retard. Désolée pour l'attente ! Bonne lecture !


Chapitre 9

La pluie battait, les éclairs tombaient, et le tonnerre grondait tout autour de lui. Il ne savait plus où regarder. Cet endroit était différent, il n'était pas silencieux. Il n'avait rien à voir avec ce qu'il avait pu voir avant cela. Il trouva tout de même rapidement le début d'un schéma, des racines, puis un peu plus loin un arbre. Mais chaque pas qu'il faisait était douloureux, il lui était difficile d'avancer, comme si quelque chose l'empêchait de regarder plus loin.

"Miss Granger ?

- Oui," dit-elle la voix tremblante.

- Tout va bien ?

- Oui, enfin, je n'en sais rien, dépêchez-vous."

Il fallait absolument qu'il sorte d'ici. Qu'il parte, c'était comme ancré dans sa peau. Chaque partie d'elle lui disait qu'il n'avait rien à faire là, qu'il trouverait des choses qu'elle ne voulait pas montrer.

"Vous devez vous calmer.

- Je n'y arrive pas..."

La mâchoire serrée, elle tenta de trouver une respiration plus lente. Se calmer, il fallait qu'elle se calme. Mais avec Snape à quelques centimètres de son cou, elle n'y arrivait pas.

"Si vous voulez que je fasse vite, il faut vous calmer.

- Comment ? Demanda-t-elle, tremblante.

- Pensez à autre chose.

- Comme quoi ?

-N'importe quoi, ce que vous voulez."

Son corps commença à se contracter, et il se sentit tiré vers l'arrière.

"Trouvez un ancrage, quelque chose que vous appréciez, un endroit où vous vous sentez bien."

Et elle vit. La maison de ses parents, le salon avec son canapé bordeaux confortable, elle assise dessus, un livre entre les mains et la pluie battant sur les vitres. Le feu dans la cheminée devant elle, craquait. Le vinyle de son père jouait une musique douce et calme, du jazz. Petit à petit, l'étau se relâcha, sa respiration se calma. Elle chassa rapidement le pincement au cœur que lui procurait ce souvenir pour se concentrer sur l'ambiance chaleureuse. C'était un soir, pendant les vacances de Noël il y a quelques années. Tout avait tout à coup paru normal. La maison n'était pas beaucoup décorée, mais la crèche avait été installée dans un coin. Un petit sapin, quelques guirlandes. L'odeur d'un repas chaud et réconfortant. Elle se laissa envahir par toutes ces sensations.

Snape put avancer plus facilement, l'orage s'était calmé. Quelques éclairs zébraient encore le ciel et la pluie tombait toujours sans le mouiller pour autant. Il pouvait bouger à nouveau. Il finit par arriver devant l'arbre. Certaines branches étaient plus grandes que d'autres, plus épaisses ou plus fines. Il regarda à terre et vit des branches mortes, quand il les inspecta, il ne remarqua d'abord rien, il approcha sa main et ramassa l'une d'entre elles. Il fut envahi d'un flot continu de tristesse tellement puissant qu'il lui fit monter les larmes, il ne savait même pas qu'il était encore capable de pleurer. Il sentit ses larmes se confondre avec la pluie. "Ce ne sont pas tes sentiments", se dit-il. "Ce ne sont pas tes souvenirs." Quand cela s'arrêta, que les sensations du souvenir disparurent, il regarda au-dessus de lui et vit d'où venait cette branche morte. Plein de petites branches poussaient à l'endroit de la cassure, des feuilles sortaient ici et là, comme pour embellir une affreuse amputation. Il voyait en temps réel la création de nouvelles feuilles et d'autres se faner.

Il grimpa dans l'arbre, essaya par tous les moyens de ne pas trop ressentir les émotions de la jeune femme, sans réellement parvenir à les bloquer. Quand il fut arrivé aussi haut que possible, il inspecta l'arbre. Puis il sut, il ne trouverait rien ici, c'était un arbre. S'il avait été malade, il n'y aurait pas eu seulement quelques branches cassées, mais l'intégralité qui aurait été touchée. Alors, en faisant attention à ses pas, il descendit et revint à lui.

Il sentait toujours au fond de lui toutes les émotions de la jeune fille. Comment, en étant si jeune, pouvait-elle supporter autant ? Comment autant de tristesse pouvait vivre dans une vie pour l'instant si courte ? Un sentiment protecteur s'empara de lui qu'il chassa aussitôt.

Quand il regarda Hermione, elle avait fermé les yeux.

"Miss Granger ?" dit-il doucement.

Elle ouvrit les paupières et le regarda.

"Que s'est-il passé ?

- Il se pourrait bien que l'amour ait un lien profond avec la magie. Mais ce n'est pas cela.

- Sommes-nous vraiment obligés de continuer ? Demanda-t-elle avec un peu d'appréhension dans sa voix.

- Vous vous sentez mal ?

- Non, ça va, mais nous avions déjà écarté tous les facteurs extérieurs, je ne pense pas qu'inspecter chaque recoin de mon esprit soit vraiment utile. Si quelque chose m'avait touchée, vous l'auriez déjà vu.

- Je cherche autre chose." Répondit-il, pensivement.

Cela faisait plusieurs heures qu'ils étaient là. La nuit était complètement tombée, et Hermione avait mal aux pieds, au dos et aux jambes d'être restée aussi longtemps dans la même position sans bouger. Elle luttait de plus en plus contre une fatigue qui lui indiquait d'aller dormir.

"Nous passons à côté de quelque chose," dit-il.

- C'est à dire ?

- Votre esprit est logique, mais votre magie s'enroule avec tous ces nœuds. Ce n'est pas normal.

- Disparaître n'est pas normal non plus."

Il l'inspecta alors avec minutie. Il devait y avoir quelque chose qui empêchait la magie d'Hermione de correctement se déplacer. Il prit ses mains en faisant attention de ne toucher aucune ligne. Pourquoi ne s'étendait-elle pas normalement ? Si la magie représentait la personne que l'on est, celle de Miss Granger ne devrait pas être autant enroulée sur elle-même avec autant d'incohérence. Il regarda, puis il la vit, cette minuscule ligne qui causait tant de problèmes.

"Que faites-vous ?" l'interrogea-t-elle.

Mais il ne lui répondit pas. Au lieu de cela, il approcha sa baguette de sa main d'où partaient presque toutes les lignes lumineuses, et la déplaça au-dessus. Elle le regarda faire et enfin, elle aussi le vit. Un filament noir, il brillait lui aussi mais très faiblement. Entouré de tous les autres, il était presque invisible.

"Qu'est-ce que c'est ?

- Je ne sais pas, répondit-il presque en chuchotant."

Alors, il répéta la même chose que toutes les autres fois, délicatement, comme s'il touchait de la soie, il démêla. Puis, quand il comprit le chemin du fil noir, celui-ci s'enroula tellement entre toutes les branches, restant pourtant proche de sa main, faisant le tour de ses doigts, touchant chaque partie de sa magie au point où il influençait tout ce qu'était Hermione Granger dans son ensemble. Puis, il approcha son doigt, pourtant il n'en avait pas envie, il voulait plutôt le fuir à tout prix. Il focalisa son esprit dessus, laissant passer au-dessus de lui toutes les pensées parasites qui lui venaient et entra dans ce nouveau monde.

Cette fois-ci ce n'était pas Hermione Granger, rien qui ne lui ressemblait. C'était autre chose. Une magie, mais pas la sienne ou bien si, il la reconnaissait un peu sans savoir pourquoi.

Il était incapable d'expliquer où il était, car il n'y avait pas vraiment d'endroit. C'était simplement de la magie. C'était à la fois un écho de la sienne, comme si elle vibrait en même temps que celle d'Hermione, et d'une autre chose. C'était à la fois extérieur et profondément ancré en elle, c'était elle sans l'être vraiment. Mais surtout, il ressentait une profonde peur. Une peur sourde et incontrôlable mais tout de même calme et froide. Pas de grande crise de larmes, pas de violence ou de pique d'adrénaline qui ferait paniquer n'importe qui. Ce monde était doux. Cette peur était là comme une vieille amie que l'on connaît trop bien. Il n'y avait rien à voir ici, mais il avait une piste. Il resta quelques instants de plus, profitant du calme. Il se laissa envahir par ce sentiment qu'il connaissait et qu'à cet instant il n'appréhendait plus.

Enfin, il sortit et regarda la jeune femme. Il plongea ses yeux dans les siens et y vit l'acceptation. Elle le regardait vraiment, à travers tous les masques qu'il portait. Ses barrières s'étaient totalement volatilisées quand il était entré dans le fil noir. Elle pouvait y voir de la douleur et une extrême tristesse. Le poids du passé les écrasa tous les deux et elle l'aida, pendant ce moment où il lui montrait qui il était vraiment, à le porter avec lui. La magie d'Hermione brillait toujours autour d'elle, les fils commencèrent à vibrer tout doucement. C'était imperceptible. Aucun des deux ne le remarqua, ils se regardèrent, les yeux dans les yeux, leurs respirations s'accordèrent.

"Avez-vous peur ?

- Tous les jours." affirma-t-elle.

L'océan qu'était l'esprit de Snape oscilla d'une manière qu'il n'avait encore jamais ressentie. La peur déclencha cette fois ci un mouvement de recul et il s'éloigna, remit rapidement son occlumencie à sa place, ne comprenant presque rien de ce qui venait de se passer.

"Tenez. Cela devrait arrêter les effets de la potion.

- Vous avez terminé ? demanda-t-elle.

- Oui."

Elle la but et s'effondra instantanément sur place.

Elle ne l'avait pas senti, mais sa magie avait été si fortement utilisée que son corps en avait pris un coup. Il l'avait rattrapée, évitant qu'elle ne se blesse, l'installa sur le canapé et la recouvrit d'une couverture.

La nuit était bien avancée et il décida lui aussi d'aller dormir. La jeune femme ne se réveillerait pas avant plusieurs heures.

Couché sur le dos, regardant le plafond, il réfléchit à tout ce qu'il avait vu dans la magie de Granger. Elle était organisée, méthodique mais surtout puissante. Elle était capable d'accomplir des choses qu'elle-même ne savait pas. Elle n'était pas consciente de sa force et lui non plus n'en avait pas conscience avant cela. Ce fil noir était leur première piste. Il ne ressemblait à rien qu'il ne connaisse vraiment. C'était une forme de magie, basée sur une peur profonde. Mais ce qui était le plus surprenant, c'est que ce n'était pas seulement la peur de la fille, elle était mêlée à celle de quelqu'un d'autre. Il était sûr d'avoir déjà senti cette magie, qu'elle lui était connue. Mais il ne savait pas d'où. La disparition de la jeune femme venait à la fois d'elle-même et d'une autre entité.

Il commença à réfléchir à ce qu'il pouvait faire. Il devait commencer par ce qui venait d'elle. Cette peur que ressentait Granger devait venir d'un souvenir ou de plusieurs. Elle avait dû être déclenchée par quelque chose.