J'ai creusé mon avance des chapitres ces derniers jours, alors j'ai voulu me (et vous I guess) faire plaiz' en postant ce chapitre plus tôt, exceptionnellement x)
C'est bizarre dit comme ça, mais je le "dédicace" à onepiece522d, parce que ton amour pour cette fic me touche beaucoup trop au jour le jour :) J'espère que ce postage surprise te fait plaisir !
Enjoy !
.
- Ace... ?
Je me réveille dans un sursaut et tombe, légèrement paniqué, sur les grands yeux incertains de Luffy.
- Q-quoi ?! Bégayé-je, encore empâté. Qu'est-ce qu'y'a ?
- Rien rien t'inquiète, c'est pour que tu te lèves... Il est huit heures passées déjà...
Je fronce les sourcils et me relève du canapé en essayant de reprendre mes esprits. C'est rare que je subisse ce genre de réveil en général, avec mon sommeil hyper léger à la noix. À tous les coups, j'étais encore en crise de narcolepsie...
Il faut vraiment que j'aille renouveler mon ordonnance, bordel... J'ai une telle flemme, mais les crises sont de plus en plus rapprochées en ce moment j'ai l'impression.
Je me frotte le visage pour chasser la brume de mon cerveau et avise l'heure sur l'horloge ainsi que le soleil qui se lève à peine par la baie vitrée. J'entends Luffy qui s'active dans la cuisine et j'essaie de comprendre où est le bug dans la matrice.
- Lu'... l'appelé-je sans conviction. On est pas carrément en retard pour le lycée, là... ? Tu commences à huit heures le lundi pourtant, non ?
Je l'entends revenir dans le salon et me jeter un regard presque contrit. Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? Les vacances sont ce vendredi, je le sais. Alors qu'est-ce qu'il a... ?
- T'as complètement zappé en fait, hein... ?
- Zappé quoi ?! Commencé-je à m'agacer.
- L'assistant social. Il arrive à huit heures trente. Ça fait au moins deux semaines que le rendez-vous est pris, Ace...
... Merde.
Je m'éjecte du canapé comme un sauvage pour me planter au milieu de la pièce et faire un 360 sur moi-même. Je vois Luffy qui me regarde faire avec des yeux ronds comme des ballons, mais j'imagine bien qu'il ne voit pas le problème.
Abruti qu'il est : le type qui va décider si c'est sain qu'il reste avec moi arrive dans une putain de demi-heure et absolument rien n'est rangé dans l'appart !
- Ok, calme... Soufflé-je en inspirant à fond. Lu', t'as mangé ?
- Ben, j'suis en train...
- Avale tout rond, dépêche-toi. T'as un quart d'heure maximum pour donner un semblant d'ordre dans ta chambre.
- PARDON ?!
Je ne lui laisse pas le temps de s'insurger plus que je commence à faire le tour du salon pour ramasser toutes les merdes qui y trainent : vaisselle sale et paquets de bouffe vides à même le sol, des fringues éparpillées un peu partout, des cendres, bouts de tabacs et feuilles de mes fumettes disséminés aux quatre coins de l'appart'... On a pas idée de faire plus bordéliques que nous deux, putain. Comment Dragon le maniaque arrivait à supporter la vue de nos chambres, déjà... ?
Ah oui c'est vrai : il ne la supportait pas et essayait de nous forcer à y faire le ménage à fond au moins une fois par semaine.
J'insiste sur le « essayer » : en ce qu'il me concerne, il pouvait bien aller se faire foutre.
Je vois du coin de l'œil Luffy s'activer en râlant dans sa barbe. Il y met la plus mauvaise volonté du monde, mais au moins il se bouge...
Ce rendez-vous est tellement important et moi j'ai réussi à l'oublier comme un con, avec toute cette histoire. C'est aujourd'hui que le glas tombe pour de bon, ou du moins, qu'il va se décider : le mec est censé faire le tour de l'appart et nous interroger tous les deux pour voir si tout se passe bien.
Auquel cas, ils me le prendront.
Et je jure sur ma putain de vie que ça n'arrivera jamais. Il faudra qu'ils me passent sur le corps, si je ne les ai pas butés avant.
Hors de question qu'il vive ce que j'ai vécu ou qu'il atterrisse chez cette espèce de sous-merde de Betty...
Le temps défile à une vitesse hallucinante, mais l'appart semble enfin ressembler à quelque chose à presque cinq minutes du rendez-vous. J'ai tout juste le temps de me brosser les dents et de me passer un coup sur la gueule pour paraître plus frais que la sonnette retentit.
Luffy va ouvrir et je constate qu'il n'est finalement pas plus confiant que moi. Peut-être que ma panique lui a fait réaliser que pas mal de choses allaient se jouer dans les prochains quarts d'heure.
Le mec est en train de monter quand mon regard fatigué se pose brièvement sur mon grinder rangé gentiment à sa place sous la table basse.
... Oh putain.
J'ai tout juste le temps de me jeter dessus pour l'engouffrer dans ma poche que Luffy ouvre la porte pour l'accueillir.
Oh... J'avais déjà oublié sa tête. En même temps, plus banal, tu meures. Il est jeune. Je lui donne maximum cinq ans de plus que moi, à vue de nez. Certainement nouveau dans le métier et éventuellement facile à embobiner, si je la joue fine...
Comme quoi, ma malchance peut me lâcher la grappe de temps en temps, finalement.
- Luffy, c'est bien ça ? dit-il tout sourire en lui serrant la main. On s'est vu très rapidement la dernière fois, donc je me permets de me présenter de nouveau : je m'appelle Kaku. C'est moi qui suis chargé de ton dossier jusqu'à ta majorité.
- Ah, oui... Re-enchanté ? balbutie le petit frère.
"Kaku" rit doucement et sa sympathie qui me paraît surjouée m'énerve malgré moi. Il n'est pas moche, pourtant. Il a même un certain charme si on fait abstraction de son nez bizarrement long, mais je crois qu'il a un caractère trop lisse pour moi. Trop monsieur-tout-le-monde, peut-être. Il a l'air d'être le genre de mec qui prend une cuite une fois tous les deux mois pour avoir sa petite dose de fun et retourne à sa vie banale à souhait avec ses habitudes de petit vieux et sa petite gonzesse trop proprette sur elle.
Inintéressant, donc. Et encore plus inintéressant à culbuter.
- Monsieur Portgas, ravi de vous revoir ! s'exclame-t-il en venant me saluer à mon tour.
Je ne peux pas m'empêcher de forcer un peu sur ma poignée de main par réflexe : c'est plus fort que moi. Je suis un mâle alpha dans l'âme et j'ai du mal à m'empêcher de le montrer dès qu'un autre mâle pénètre mon territoire.
Et le territoire, c'est autant Luffy que l'appart. Au cas où il y aurait le moindre doute.
- Désolé de t'avoir fait rater ta matinée de cours Luffy, continue-t-il en revenant à mon frère, apparemment pas du tout désarçonné par mon attitude fermée. J'espère que tu ne m'en veux pas trop ?
- Oh vous savez... Moi ça m'arrange plus qu'autre chose, hein, on va pas s'mentir... !
Et ils se mettent à se marrer ensemble.
... Sortez-moi de là. Pitié.
On s'installe finalement sur la table basse, Kaku prenant instinctivement le fauteuil de Makino, certainement pour marquer une sorte de distance entre Luffy et moi qui nous installons sur le canapé.
- Bien, souffle-t-il tout en sortant son dossier de sa mallette clichée à souhait. Bon, pour commencer, une question basique qu'on a tendance à bien trop souvent oublier : comment vous allez, tous les deux ?
Son ton s'est fait plus sérieux et presque doux à la fin de sa phrase et ça me laisse aussi surpris que Luffy. On s'échange un regard et je crois que ça nous désarçonne autant l'un que l'autre.
- Oh, euh... Bien, je suppose ? Bafouille Luffy en se passant une main nerveuse sur la nuque. La vie... Continue ?
- Oui, c'est sûr. D'ailleurs, le retour en cours n'a pas été trop dur Luffy ?
Je les écoute parler d'une oreille, soupirant le plus discrètement possible face à cette mascarade qui sonne faux comme pas possible. J'ai du mal à dire si ce type en a vraiment quelque chose à foutre de notre bien-être, en vérité. Je le vois qui prend des notes courtes et ça me stresse malgré moi. Le putain de dossier qui nous concerne et qui trône sur la table a l'air balaise. Je me demande ce que peut bien contenir toute cette paperasse...
- Ah, je voulais également refaire un point avec toi sur le suivi psychologique que tu as refusé, à l'entrevue préliminaire. Je te le propose de nouveau, si tu veux.
Je lutte contre moi-même pour ne pas rouler des yeux en maugréant : un suivi psy, bah tiens... Déjà qu'il y a l'autre frigide aux cheveux roses qui s'est carrément ramenée à l'appart' le mois dernier, on ne va peut-être pas en rajouter une couche ? Je me trouve déjà bien gentil d'avoir laissé cette pétasse rentrer chez moi et parler seule avec Luffy pendant plus de deux heures...
J'ai un problème avec ce corps de métier, je n'y peux rien, c'est épidermique. Et qu'on ne me dise pas que je juge sans savoir : des psys, j'ai malheureusement dû m'en coltiner au train pendant une bonne partie de ma jeunesse. Alors je suis bien placé pour savoir que ce sont soit des charlatans qui ne sont intéressés que par le chèque qu'ils encaissent à la fin du mois, soit des névrotiques en manque de sensations fortes qui choppent une putain de gaule dès qu'ils tombent sur des gens encore plus névrotiques qu'eux.
- Nan c'est bon pour ça, lui répond Luffy, pas très à l'aise. Je vais voir la psy de mon lycée. C'est elle qui m'a... Géré quand j'ai appris la... La nouvelle, et... Euh... Ça se passe bien, avec elle...
Je ne peux m'empêcher de lui jeter un petit coup d'œil en biais : il ne m'avait pas dit qu'il était retourné la voir, par contre...
J'espère qu'elle ne lui colle pas des idées stupides dans la tête. Sinon, je jure qu'elle aura du mal à déblatérer ses conneries avec des dents et sa langue en moins.
- C'est une bonne nouvelle ça, souligne Kaku avec un sourire. C'est bien que tu ne restes pas seul pour gérer ça... Mais, si ça ne te dérange pas, on en reparlera plus longtemps un peu plus tard. Pour l'instant, je pense que ça serait bien que je discute un peu seul avec ton frère.
Son attention est reportée sur moi et je ne peux pas m'empêcher de le fixer les yeux dans les yeux alors que Luffy ne se fait pas prier pour se carapater dans sa chambre.
C'est maintenant qu'on va enfin savoir à qui j'ai affaire. Ami ou ennemi ? De mon côté, ou de ceux qui veulent me prendre Luffy... ?
- Comment ça va, vous ? Vous n'avez pas répondu tout à l'heure.
Il me gonfle. Je mettrais ma main à couper qu'il a eu une formation psy, justement. Ce genre de questions insistantes posées avec un air si détaché, je connais par cœur. Qu'il ne croit pas qu'il va pouvoir me baiser aussi facilement.
- Ça va, ouais, lui réponds-je en essayant de ravaler ma mauvaise humeur pour afficher un air décontracté. Comme l'a dit Luffy : la vie continue. On est bien obligés de faire avec. Et on s'entend toujours aussi bien tous les deux, ça aide à affronter ça.
Je m'épate moi-même. C'est dans ce genre de moment que je réalise que les mois passés à faire les yeux doux aux clients du bar pour fidéliser le plus de clientèle possible ont payé : mon jeu d'acteur et d'embobineur des foules prend de mieux en mieux. J'arrive de plus en plus à planquer le Ace qui hait l'humanité toute entière derrière mon sourire charmeur de faux-cul.
Si Makino et Dragon me voyaient à cet instant, je suis sûr et certain qu'ils demanderaient qui je suis et ce que j'ai fait de leur con d'aîné renfrogné.
- C'est super si vous arrivez à vous serrer les coudes entre vous. Surtout que ça ne doit pas être facile, vu votre âge... Il n'y a pas un très grand écart entre Luffy et vous...
- Quatre ans, lui indiqué-je tranquillement en le voyant feuilleter son dossier.
- Et vous vous sentez d'avoir une autorité sur lui malgré ce peu de différence ?
Ça y est, l'entretien d'embauche commence.
Le parallèle me donne envie d'éclater de rire et pourtant c'est exactement ça : dans les prochaines minutes, je vais devoir montrer toutes mes meilleures qualités à ce pauvre type pour le convaincre que je suis la personne la plus à-même à m'occuper de Luffy.
Et j'aurais même pas de salaire ni de prime de risque pour ça... Dieu seul sait à quel point j'en ai besoin, pourtant. Rien que pour mon pauvre cœur en morceaux.
- Je sais pas si... On peut vraiment appeler ça de « l'autorité », commencé-je à lui expliquer en m'enfonçant dans le canapé pour prendre mon air le plus détendu. Je suis l'aîné, Luffy m'a toujours plus ou moins écouté. J'aurais clairement jamais la même autorité que pouvaient avoir nos parents, mais je sais qu'il m'écoutera dans les moments vraiment importants. Il m'a toujours fait confiance et a limite plus souvent suivi mes conseils que ceux de nos parents, alors...
J'me prends à avoir envie de lui sortir le grand jeu : ce mec est certainement à cent pourcents hétéro vu ce que me murmure mon radar à gay, mais du plus loin que je me souvienne, ma belle gueule m'a toujours aidé qu'importait le type et son amour inconditionnel des chattes en face de moi. Alors, je tente un court regard rêveur au loin avant de revenir à lui en profitant du mouvement pour dégager mes cheveux derrière mon oreille, lui offrant au passage mon plus beau sourire de lèche-cul.
- Je me fais vraiment pas de souci sur le fait de le gérer. On communique à la perfection, lui et moi. On se comprend comme on a jamais aussi bien compris personne d'autre. Et je sais qu'il n'a pas envie de partir d'ici. Il serait malheureux loin d'ici, sans moi. Même si c'est juste pour six petits mois...
Kaku me sourit, restant un instant silencieux face à ma tirade.
- ... Je n'en doute pas. Je me suis permis de parler un peu de tout ça avec votre grand-père, Garp, et il m'a dit exactement la même chose.
Le vieux... Il s'est bien gardé de me le dire, ça, l'enfoiré.
... Mais je le remercie de me faire confiance. Car je sais bien au fond de moi que s'il ne m'a rien dit, c'est justement pour voir comment j'allais m'en sortir tout seul.
Et avec moi, il doit être la dernière personne qui a envie de voir Luffy partir en foyer ou en famille d'accueil, et encore moins chez Betty. Sa propre fille, pourtant. Mais je suppose qu'il doit avoir conscience que Luffy serait malheureux chez elle... Elle et Hack ont une mentalité tellement à des lieux de la nôtre, et je ne parle même pas de leur manière d'éduquer des gosses...
- En réalité Ace... Je peux vous appeler Ace ? me demande-t-il poliment alors que j'acquiesce vaguement. Je pense que vous avez bien conscience que tout ceci n'est qu'une simple formalité. D'ici six mois à peine, Luffy sera majeur. Ça ne vaut clairement pas le coup de forcer un adolescent à déménager et à chambouler encore plus sa vie après cette perte tragique pour un si court laps de temps.
Là, elle m'intéresse déjà un peu plus, la girafe. Je préfère largement qu'on joue franc-jeu de cette manière. Ça me donne déjà moins envie de lui arracher la langue.
- Je vous avoue qu'en temps normal, dans des circonstances pareilles, je ne me serais pas autant plongé dans votre dossier... Mais j'ai malheureusement dû me résoudre à m'y attarder un peu plus longtemps et à passer deux ou trois coups de fil... Car, il y a un petit hic dans tout ça que j'aimerais éclaircir avec vous.
Son ton est plus posé, plus mesuré. On croirait qu'il pense marcher sur un fil...
... Pourquoi j'ai l'impression que ça ne va pas me plaire ?
- Vous vous doutez bien que nous avons l'ensemble des antécédents familiaux dans nos dossiers... C'est ainsi que notre attention a été portée sur votre dossier psychiatrique.
... Putain.
Je dois dire que je ne sais même pas comment je ne l'ai pas venu venir, celle-là.
Peut-être parce que toute cette merde est derrière moi depuis des années, maintenant. La dernière fois que j'ai vu un putain de psy, je devais avoir seize ans. Cette ultime entrevue m'avait tellement fait vriller que j'ai dû en venir à menacer Makino pour qu'elle ne m'oblige pas à retourner voir cette pute qui ne faisait que me répéter en boucle des choses que je savais déjà.
J'essaie de garder mon calme et tente de ne pas ciller en ne lâchant pas la girafe des yeux. Après tout, il n'y a jamais eu de rechute « officielle » depuis mon dernier « incident » à mes 14 ans... Autant dire que ça remonte.
Dans les faits, si je la joue bien, je ne crains rien.
- Votre dernière entrevue recensée avec un psychiatre date d'il y a cinq ans... Continue-t-il en zieutant son dossier. Vous en avez revu un, depuis ?
- Non, j'en ai pas éprouvé le besoin.
On se fixe quelques trop longues secondes. Je sens bien qu'il me jauge. Et moi, je bataille pour ne rien laisser paraître... Et je peux garantir que garder une posture posée mais pas trop, c'est beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît. J'ai l'impression que la moindre tension dans mes muscles, la moindre déglutition ou un mouvement d'yeux mal contrôlé pourrait me cramer.
Je me félicite intérieurement d'avoir suivi assidûment les Lie to Me avec Maman à l'époque, même si je ne suis pas certain que ça va réellement m'aider dans les horribles minutes qui viennent...
- Votre dossier énonce clairement un trouble bipolaire durant votre adolescence... Trouble qui vous a apparemment poussé à certaines bêtises répréhensibles... Je peux vous demander pourquoi vous avez arrêté de voir un psychiatre seulement deux ans après qu'on vous ait forcé à en suivre un, du coup ?
... Allez, on inspire un coup : ça va passer crème.
- J'ai arrêté car entre le traitement qu'on m'a donné et le travail qu'on a fait ensemble avec ma dernière psy, je pense que j'ai réussi à me reprendre plutôt bien en main... L'adolescence a pas aidé pour ce qui est de mes conneries, je le reconnais complètement... J'étais...
Je déglutis, c'est plus fort que moi.
- J'ai toujours été un sale gosse, je vais pas vous mentir... lâché-je amer et les yeux baissés. Et couplé à mon trouble de déficit de l'attention, c'était compliqué de me contrôler quand j'avais vraiment envie de péter mon câble. Mais ces deux années de thérapie ont porté leurs fruits, même mes parents me le disaient. C'est d'un commun accord avec eux que j'ai finalement arrêté. J'avais l'impression de tourner en rond, durant les derniers entretiens...
Actuellement, je prie de toute mon âme pour qu'il n'ait pas eu sous les yeux les comptes-rendus détaillés de ces fameuses entrevues. Parce que sinon, autant dire que je suis foutu et que Luffy peut d'ores et déjà faire ses valises, vu comment j'ai fini par faire flipper la psy avec mes coups de sang et mes menaces de mort.
Et il me fixe encore, en plein jugement. Si cette conversation n'avait pas autant de répercussions, croyez-bien qu'il serait déjà au sol en train de chialer dans son propre sang.
- C'est vraiment bien pour vous si vous vous sentez mieux actuellement, me lâche-t-il avec un sourire que je soupçonne faux-cul au possible. Et pour Luffy, également ! Mais, le traitement dont vous parliez... Vous le prenez toujours actuellement ?
Je me retiens de déglutir et ouvre la bouche pour lui répondre, mais il est plus rapide :
- Car si je ne m'abuse... La bipolarité est une maladie qui ne se guérit pas vraiment...
... Fils de pute.
Je peux difficilement retenir un petit sourire narquois : il joue au malin. Il n'a sûrement pas tort.
Mais il va tellement perdre. Parce que ça fait peut-être quelques années qu'il roule sa bosse et qu'il en voit passer de toutes les couleurs, mais moi, je baigne dedans depuis mes huit ans. Je connais le sujet sur le bout des doigts.
Tu ne me baiseras pas là-dessus, mon pote.
.
.
« - Car si je ne m'abuse... La bipolarité est une maladie qui ne se guérit pas... »
Je déglutis à cette phrase et j'me sens me décomposer alors que j'suis même pas dans la pièce.
Je sais que j'devrais peut-être pas écouter cette conversation, mais tout ça me stresse beaucoup trop. Avoir vu l'état de panique d'Ace tout à l'heure m'a fait prendre conscience de la gravité de la situation. J'avais pas réalisé jusqu'ici, mais ce mec peut nous séparer s'il en a envie...
Et même si j'étais plutôt serein à c'propos jusque-là, j'le suis beaucoup moins d'un coup.
Qu'ils en viennent à fouiller dans le dossier psy d'Ace... Ils ont le droit de faire ça, sérieux ? Ça fait tellement longtemps qu'il voit plus de psy que j'en avais presque oublié qu'il était passé par là à un moment donné.
... Et je réalise au passage que j'avais jamais vraiment réalisé qu'il était « malade »...
- Déjà, ce n'est pas une maladie mais un trouble, entends-je répondre Ace d'un ton sec. On peut effectivement pas espérer le guérir avant de très longues années, mais on peut le réguler. Et c'est d'ailleurs pour ça que je continue à prendre mon traitement, bien sûr. Même si j'ai toujours eu un doute sur son utilité réelle car, mis à part quelques rares phases maniaques où j'ai vraiment pété un câble, ma bipolarité n'a jamais été un réel handicap... Il faut pas oublier que j'étais un ado, et les ados, ben ça fait des conneries et ça pète des câbles pour pas grand-chose, parfois.
Il doit tellement fulminer, actuellement... Je peux pas le voir de là d'où je suis, vu que j'suis simplement assis contre la porte de ma chambre entrouverte pour écouter. Mais je l'entends dans sa voix. Il se retient, il se retient tellement...
- Certes, lui répond Kaku, mais vos phases maniaques étaient tout de même... Musclées. En tout cas pour un simple adolescent un peu turbulent.
Un petit silence suit sa remarque et je me doute qu'Ace doit le fusiller du regard.
- ... J'étais pas un « simple adolescent un peu turbulent ». Vous le savez aussi bien que moi vu que ça doit être écrit noir sur blanc dans ce dossier. Avant d'arriver dans cette famille, j'en ai fait plusieurs avec qui ça s'est très mal passé et je reconnais totalement aujourd'hui, avec le recul, que c'était entièrement de ma faute.
Je l'entends vaguement soupirer.
- Mais je suis plus le gamin que j'étais à l'époque... Les années avec la psy m'ont fait du bien, vraiment. Elle m'a permis de mettre beaucoup de choses à plat. Peut-être que j'aurais besoin d'en revoir un parfois pour m'aider à gérer plusieurs choses dans ma vie...
Un nouveau silence et je peux pas m'empêcher de froncer les sourcils.
- ... En fait, j'y pense plutôt sérieusement, en ce moment... souffle Ace d'une voix traînante.
J'écarquille les yeux sur mon parquet : c'est faux, ça. C'est complètement faux, j'en suis sûr. Après que Madame Hina soit passée me voir à l'appartement, on a eu une longue discussion sur le sujet des psys avec Ace, et il m'a dit de but en blanc ce qu'il pensait d'eux. Il les déteste, il les prend pour des charlatans. Sa colère envers eux était tellement palpable que j'ai même pas osé lui avouer que j'étais retourné la voir par la suite...
Alors pourquoi... ?
- Avec tout ce qui nous tombe dessus, je pense que ça me ferait vraiment du bien, continue-t-il tranquillement. Je sais que ça fait du bien à Luffy de parler avec celle de son lycée, en tout cas. C'est le fait qu'il y aille qui m'a fait y réfléchir. Et vu qu'on évoque le sujet ensemble... Ouais. Je pense que je vais essayer de voir si je peux reprendre un rendez-vous avec celle qui me suivait à l'époque.
Est-ce qu'il est sérieux... ? Sa voix est si tranquille, tout à coup. À des lustres du ton tranchant qu'il avait deux minutes avant...
- C'est une excellente idée, Ace. Je pense que ça ne peut que vous faire du bien. Peut-être pourriez-vous même envisager d'aller à une séance avec Luffy ? Ça peut révéler pas mal d'incertitudes sur des sujets qu'on n'oserait pas aborder en temps normal au sein d'une même famille...
- ... C'est pas bête, oui. Ça peut même être une bonne idée... Je lui en parlerai. Comme j'en parlerai à notre grand-père, aussi.
- Votre grand-père ?
- Oui, je m'appuie tout de même pas mal sur lui. J'suis encore qu'un gamin sur tellement de choses, après tout... J'ai encore besoin d'un adulte derrière moi pour me guider sur certains points. Surtout avec la responsabilité de Luffy sur les épaules...
J'me sens me décomposer sur place malgré moi.
Ça aussi c'est faux. Archi et méga faux. Jiji passe son temps à lui courir après pour l'aider, justement, et Ace l'envoie balader dès qu'il le peut. Il arrête pas de dire qu'il est assez grand pour gérer et qu'il en ras le bol qu'on le traite comme un gamin...
... En fait, il est complètement en train de mentir à ce type.
C'est comme son histoire de traitement, je sais très bien qu'il prend zéro médoc depuis longtemps. Même son traitement pour la narcolepsie d'ailleurs, alors que ça peut être hyper dangereux dans certaines situations... Papa et Maman lui ont suffisamment répété tout le long de sa vie...
Donc tout ce qu'il lui raconte, c'est du flan.
Et j'suis sérieusement en train de flipper, là. J'me demande s'il signe pas notre arrêt de mort en mentant comme ça à une autorité qui pourrait nous séparer. Si ça s'trouve, ce mec a des preuves qu'Ace lui ment... Si ça s'trouve, il a qu'à passer un coup de fil et ils viendront me chercher, là, maintenant, tout de suite...
- Je ne peux pas vous donner tort là-dessus, répond tranquillement Kaku. Mais je suis heureux que vous vous en rendiez compte. J'ai également eu votre tante au téléphone et elle m'avait parlé d'un sérieux problème à reconnaître vos torts et vos faiblesses...
Houlalala, il a aussi appelé Betty ?
J'passe mes mains sur mon visage pour me le frotter avec nervosité. Je flippe tellement, c'est ouf. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure.
Ace, j't'en prie, assure. Ne pète pas un plomb. Maîtrise-toi.
... Je t'en supplie, ne le laisse pas nous séparer...
- ... Si vous avez parlé longtemps avec notre grand-père, il a forcément dû vous dire qu'on rencontre quelques... Difficultés avec notre tante.
... Waoh. Son ton est tellement posé. C'est vraiment mon frangin qui parle, dans la pièce d'à côté ? C'est vraiment le Ace impulsif qui a pas passé une seule journée sans insulter quelqu'un les deux premières semaines qui ont suivi le départ de Papa et Maman... ?
- Effectivement, il m'en a parlé.
Kaku se met à rire légèrement et je me sens écarquiller les yeux de nouveau : il se passe quoi dans cette fichue pièce, sérieusement ?! Je comprends rien du tout... !
- Il n'existe pas une seule famille qui ne rencontre pas des conflits internes quels qu'ils soient dans ce monde, j'ai l'impression... En tout cas, mon métier me le confirme un peu plus chaque jour.
- Aaah, ça... ! rit Ace.
... Ace qui rit. Avec l'assistant social. Sur le ton de la plaisanterie et de la bonne entente.
J'l'ai clairement vu rouler des yeux quand j'ai fait la même chose à son arrivée pour briser la glace tout à l'heure, pourtant. J'vais l'tuer.
- C'est simplement dommage que les enfants doivent subir les vieilles rancœurs familiales... Surenchérit Kaku.
- J'vous le fais pas dire, répond Ace, déjà un peu plus amer.
- Bien. Je pense que j'ai fait le tour. Merci de vous être montré aussi honnête envers moi alors que je ne suis qu'un parfait inconnu... !
Oh non. Si c'est fini pour eux, alors ça veut dire...
- Je vais aller parler un peu avec Luffy maintenant, si ça ne vous dérange pas.
... Au secours.
Ace, me laisse pas affronter ça tout seul... ! J'vais faire une boulette, c'est sûr. J'vais lui dire des conneries. En fait, j'sais même pas c'que je peux lui dire ou pas...
J'me relève d'un bond sur mes jambes pour me mettre à faire les cents pas dans ma chambre en me tenant la tête, alors que je l'entends ranger ses papiers au loin. J'suis censé dire quoi, sérieusement ? S'il me demande pour le traitement d'Ace, j'suis censé lui mentir aussi ? J'vais jamais y arriver, je sais pas mentir ! Et s'il me demande si on dort bien dans notre propre chambre, loin de l'autre, comme de braves frères civilisés... ? Non, faut surtout pas qu'il sache ça ! Et faut pas que j'lui parle de la soirée non plus ! Et surtout pas de l'alcool et des joints ! Et encore moins de...
... Cerveau, très cher cerveau, s'il te plaît, c'est pas trop le moment de repenser à toi et Ace en train de se ROULER PASSIONNEMENT UNE PELLE, MERDE !
- Toc toc !
J'me fige pour pivoter lentement vers ma porte qui s'ouvre sur un Kaku rayonnant. J'essaie de lui offrir un truc qui ressemble à un essai de sourire, mais ma mâchoire est tellement crispée –comme tout l'reste de mon corps d'ailleurs-, qu'il doit plutôt croire que j'suis en train de me foutre de sa poire, là.
- Je peux m'installer sur ton lit ? me demande-t-il poliment.
- Euuuh, o-ouaip, bien sûr !
Il s'assoit tranquillement et se met à zieuter ma chambre avec intérêt alors que je reste planté debout face à lui, à me tortiller les doigts dans tous les sens.
- Je vois que tu es plus dans le camp "rock", s'amuse-t-il en regardant mes posters. J'écoute certains de ces groupes moi aussi.
- A-ah ouais ? Bégayé-je, étonné qu'il me parle de ça précisément.
- Oui, j'aime beaucoup Fall Out Boy. Et Panic! at the Disco, aussi. Tu connais ?
- Euuuh, ouais, mais j'aime moins déjà...
- Chacun ses goûts ! On a l'embarras du choix dans ce qu'on écoute, de toute façon !
... Sérieux, il me fait quoi, là ? Il me drague ou quoi ?
On se fixe un instant les yeux dans les yeux, lui tranquille et moi aussi halluciné que paniqué.
- Détends-toi Luffy, promis, je ne vais pas te manger... ! Je veux juste qu'on papote un peu toi et moi pour voir comment tu vis ton quotidien en ce moment.
J'déglutis bruyamment, plus décontenancé que j'le voudrais. J'ai pas peur des inconnus pourtant, au contraire. J'suis toujours le premier à sauter sur les gens sympas pour qu'ils deviennent mes potes, mais là...
Ouais. J'dois bien le reconnaître : j'ai peur de ce mec.
Peur de c'qu'il pourrait nous faire, à moi et à Ace.
- Assis-toi, tu seras peut-être plus à l'aise... ?
Il me montre ma chaise de bureau et j'm'effondre dessus par automatisme.
- Alors, ça se passe bien la cohabitation avec Ace... ? Tu ne te sens pas trop perdu ?
Son sourire et son regard sont encourageants. Ça m'détend un peu malgré moi, mais j'ai tellement peur de laisser échapper une bourde...
- Euuh... O-ouais, ça va, je... Enfin... Ça a été dur le premier mois, surtout. Depuis qu'je retourne en cours, ça va un peu mieux... J'sais qu'Ace m'attend à la maison, alors...
- Il n'a pas encore retrouvé de travail, je suppose ?
J'veux mourir. Au secours.
- Euuh... N-non... lâché-je en baissant les yeux.
- Hey ne t'en fais pas Luffy, je ne demandais pas ça pour juger ! répond-il à la hâte. C'est difficile de trouver un travail quand on est jeune ! Et au contraire, dans cette situation, vu que votre grand-père vous aide financièrement, c'est peut-être aussi bien pour toi qu'Ace ne soit pas pris par un nouveau travail pour le moment... !
Je relève la tête pour lui envoyer un regard étonné. C'est moi ou il est... Super gentil, en fait, ce mec ?
- L'important c'est que tu arrives à surmonter tout ça au mieux... ! Ace est important aussi, bien sûr, mais toi tu es jeune et tu n'avais pas encore ton indépendance... C'est d'autant plus compliqué pour toi de faire la part des choses, n'est-ce pas ?
- ... Ouais... Peut-être...
- Ça se passe bien au lycée ?
- Ouais, nickel...
- Tu y as beaucoup d'amis ?
- Ouais... Enfin j'ai ma bande. Ils ont été super présents pour moi ces dernières semaines, c'est cool...
- C'est génial. Les amis c'est important. Et du coup, la cohabitation avec Ace, ça se passe bien aussi... ? Il n'y a pas de problème non plus de ce côté ?
J'ai du mal à suivre et j'comprends pas pourquoi il change aussi vite de sujet. Surtout que j'aurais voulu qu'il évite ce sujet-là, précisément...
Bon sang... Tout s'joue maintenant et j'me sens cloué sur place, à pas arriver à faire autre chose que d'le fixer droit dans les yeux en me laissant bouffer par ma panique intérieure.
- ... Luffy... ? Il y a un souci avec Ace ?
- N-NON ! NON Y'EN A PAS !
... Merde. J'ai hurlé.
Plus louche tu meures... Oh bon sang de bordel de... J'vais tout faire foirer juste à cause d'un bisou à la con, j'en peux plus !
Bon ok, respire mon brave Luffy... Que feraient Usopp et Nami dans cette situation ? Ils sont les deux meilleurs menteurs que j'connaisse et j'ai eu l'occasion de les observer plusieurs fois à l'œuvre...
Mais à la différence du NUL QUE J'SUIS, ils savent mentir, eux au moins !
Oh, attends voir... Un moment avec Usopp me revient en mémoire, tout à coup... Le jour où il essayait justement de m'entraîner à mentir et que j'galérais... Il m'avait donné un conseil qui m'avait marqué : « Les meilleurs mensonges sont ceux qui disent des demi-vérités ».
- Luffy... ? me rappelle doucement Kaku. S'il y a un souci avec Ace, c'est le bon moment pour en parler, tu sais... Il n'est pas là, c'est juste entre no-
- Y'a pas de problème avec Ace, le coupé-je un peu violemment et hyper résolu. Enfin... Si, en fait, y'en a un... Y'en a un en ce moment, mais c'est un petit truc stupide...
Je déglutis de nouveau, le regard rivé sur le sol pour le fuir.
- On... On s'est disputé hier soir, c'est pour ça... Mais c'était pour... Pour pas grand cho-chose...
Incroyable, j'sens ma bouche partir toute seule sur le côté dès que je m'éloigne d'la vérité. C'est juste ouf d'être pas doué à ce point-là.
- ... Tu es sûr que ce n'était pas grand-chose... ?
Ok. Une demi vérité. J'en suis capable, je l'sais.
Je peux l'faire.
- Oui, c'était rien. On s'est embrouillé à cause... À cause d'une bêtise que j'ai faite. J'ai... Euh...
J'ai envie d'me jeter par la fenêtre en constatant la première de mes bêtises qui me vient à l'esprit.
Mais malgré tout, je prends une immense inspiration et j'me lance.
- Il-il a appris que j'avais trompé mon copain pendant une soirée avec un mec et j'ai recouché avec ce mec y'a pas longtemps à une autre soirée et il m'en veut autant d'avoir fait ça que d'être retourné dans les bras de ce mec parce qu'en plus le mec il savait très bien que j'avais un copain et du coup ils pensent tous que c'est juste un pourri de m'avoir dragué comme ça et que j'suis trop bête de lui retomber dans les bras et que j'devrais vraiment arrêter de l'voir mais moi j'ai du mal à m'en empêcher parce qu'il est quand même vachement sex-
- Ok ok ok, j'ai saisi ! Me coupe Kaku en mettant les mains devant lui, soudainement un peu plus paniqué. Haha, tu as un sacré débit de parole quand tu t'y mets... !
... Ça a marché ?
Il me croit ? Vraiment ?
- Tu veux qu'on en parle un peu plus en profondeur, peut-être ? Les relations amoureuses à ton âge, ça peut vite être pesant...
Il me sourit et j'me sens me décomposer encore, mais vraiment pas pour les mêmes raisons pour le coup.
... Il veut que j'lui parle de Kidd ? Et il a vraiment utilisé le terme « relation amoureuse »... ? J'suis pas amoureux d'ce crétin, hey ! J'le trouve juste beaucoup trop sexy pour ce monde !
- N-nan, c'est bon... J'vais pas vous embêter avec ça.
- Tu es sûr ? Ça ne me dérange pas si tu en ressens le besoin, vraiment !
- Nan c'est bon, j'vous assure ! Répété-je et j'm'en veux de me mettre à rougir.
Pourquoi il insiste, ce relou ? Il veut quand même pas que j'lui raconte la manière dont Kidd me claque les fesses, non plus ?!
Holala, j'ai le cerveau qui part dans tous les sens. Et mon estomac qui s'met à gronder d'un coup à cause du stress.
- ... Tu n'as pas mangé ce matin ?
- Si. Mais ça va être l'heure de mon deuxième p'tit déj'.
Il éclate de rire et moi j'suis toujours raide comme un piquet sur ma chaise.
- Bon, si tu as les problèmes d'un adolescent comme tous les autres, je suppose que tout va pour le mieux, alors...
J'écarquille les yeux en le voyant ramasser sa mallette pour se lever tranquillement.
... Quoi, c'est tout ? Il va pas me poser plus de questions sur Ace et tout ?
- Je te laisse tranquille, m'annonce-t-il tout sourire. Si tu as le moindre souci, tu peux me contacter à tout moment. Et continue bien d'aller voir ta psychologue tant que tu en éprouves le besoin.
Il sort de ma chambre et j'me sens...
Libéré.
Woh.
Je saute de ma chaise en l'entendant échanger quelques mots avec Ace et je les retrouve dans l'entrée tous les deux.
- Je n'ai pas besoin de plus, ne vous en faites pas. Tout me semble aller pour le mieux, il n'y a pas de raison que Luffy parte d'ici.
Je vois le visage d'Ace s'éclairer de soulagement comme je l'ai rarement vu et ça doit être pareil pour moi, j'suppose.
- Prenez soin de vous tous les deux et n'hésitez pas si vous avez le moindre problème. On peut vous fournir des aides financières et des appuis, donc si vous n'arrivez pas à retrouver de travail ou que vous rencontrez des soucis administratifs...
- J'hésiterai pas, vous en faites pas, lui répond Ace hyper sérieusement.
- Ce fut un plaisir en tout cas, rajoute Kaku en nous serrant la main à tour de rôle. Tâchez de rester soudés comme vous l'êtes, c'est important dans une famille.
Et il part. Aussi vite qu'il était arrivé.
... J'me sens con, tout à coup. Est-ce qu'on a particulièrement assuré, Ace et moi, ou est-ce qu'on avait juste aucun souci à se faire depuis le début et qu'on a paniqué pour rien... ?
J'en sais rien. Tout c'que je sais, c'est que le regard qu'Ace et moi échangeons est... Hmm...
... Il a entendu mon monologue sur Kidd, pas vrai ?
... J'crois qu'on va avoir des trucs à se dire, lui et moi...
.
- Green Day – Basket Case -
.
Je n'y connais pas grand chose sur les démarches pour gérer un mineur qui vient de perdre ses parents avec assistant social et tout, je ne vais donc pas me vanter un seul moment du réalisme de tout ce chapitre... ^^' Et en ce qui concerne la bipolarité, pareil, je peux ne pas être tout à fait exacte sur certains points malgré mes recherches parce que je suis pas psy, mais j'ai vécu (très longtemps) avec une personne bipolaire, donc je sais ce que ça donne au jour le jour.
Et je ne pensais pas que ce passage prendrait un chapitre entier... J'espère que le rythme n'est pas trop plat et que ça n'allonge pas inutilement l'histoire :/ J'ai conscience que ça n'avance pas vite entre les frangins, mais j'pense que c'est bien aussi de faire durer le suspense !
Un grand merci à vous d'être de plus en plus nombreux au rendez-vous, et je vous dis à dimanche prochain pour le chapitre 15 ! (oui oui je pète pas non plus le rythme avec mon postage impromptu x) )
