Et nous voilà à la fin~
Bonne lecture !
Lors de son appel bihebdomadaire avec sa cousine, Lavio lui avait raconté les dernières péripéties en date, dont le passage de Link aux urgences puis l'hôpital. Il n'avait pas fallu plus pour que l'affaire remonte jusqu'à ses parents et que le propriétaire fut appelé.
Et maintenant, ils avaient un radiateur électrique fonctionnel, avec une réduction du loyer pour le mois actuel, et la promesse officielle d'une recherche active pour remplacer les défectueux. Enfin du concret, donc.
Autre bonne nouvelle, Link avait pu retourner en cours, chaudement habillé, et avait eu l'agréable surprise de découvrir ne pas avoir acquis trop de retard depuis le début de sa maladie.
Leur quotidien s'était donc amélioré et leurs plus gros obstacles n'étaient plus. Bien sûr, il leur restait les tracas de tous les jours : la mauvaise isolation de l'appartement, les courses toujours trop chères, les locataires qui salissaient la buanderie commune, l'installation électrique qui laissait à désirer… Mais leurs santés n'étaient plus en danger, pour le moment, et c'était franchement le plus important.
Ils avaient pu reprendre leur petite routine, mais avait adopté l'habitude de partager le même lit. En effet, il y avait de l'amélioration, mais ça restait un petit chauffage pour toute la surface du logement. Il valait mieux condamner l'une des chambres et continuer de profiter de la chaleur corporelle de l'autre.
En tout cas, c'est ce qu'ils énoncèrent à voix haute. Et ce qu'ils gardèrent secrètement au fond de leurs pensées ? Et bien, c'était la même raison, sauf qu'ils refusaient de la prononcer, intimidés par le poids qu'elle pourrait peser sur leur relation.
— Rentrer chez soi, après une longue journée venteuse dans un amphi glacial et se baigner dans une vague tiède, le rêve, déclara Link un soir.
La porte à peine passée, il avait balancé son sac derrière la porte, quittant ses bottes dans un équilibre précaire, se débarrassant de son manteau et de son écharpe d'un même mouvement, les accrochant au porte-manteau surchargé, pour mieux s'écrouler sur le vieux divan, soupirant d'aise.
Derrière lui, un peu moins démonstratif, Lavio sourit, amusé par les tendances de divas de son petit ami, rangeant ses affaires de façon plus… conventionnelle.
Il alla se préparer un thé, plaçant leurs gamelles du déjeuner dans l'évier pour le tour de vaisselle prochain, écoutant d'une oreille distraite les récriminations diverses du blond envers ses camarades, les enseignants, l'université et l'administration, pêle-mêle.
Quand il revint avec sa tasse chaude, Link n'avait pas bougé d'un pouce, toujours allongé de tout son long sur l'assise. Après avoir sécurisé sa boisson, il le fit se décaler en fourrageant dans les mèches blondes, obtenant des plaintes sur ses tentatives pour le décoiffer. Lavio avait-il la moindre idée du temps qu'il prenait pour arranger artistiquement chacun de ses cheveux (oui, c'était même la raison principale pour laquelle ils devaient se lever plus tôt qu'ils ne le pourraient, car son temps personnel dans la salle d'eau était juste ahurissant) ?
Loin de s'en offusquer, il s'assit à son tour, sortit son ordinateur de cours et entreprit de relire ceux du jour, vérifiant qu'il avait bien tout en mémoire et qu'il n'avait pas fait d'erreur de frappe comme ça pouvait arriver. À ses côtés, les plaintes n'avaient pas fini, faisant office de bruit de fond, jusqu'à ce qu'ils cessent. Ça, associé au mouvement des ressorts, c'était le signe que son voisin l'avait imité et avait sortit sa propre machine. Jetant un œil pour vérifier, il ne put empêcher son sourire niais de s'afficher en remarquant les lunettes correctrices qu'il avait chaussé. C'était sûr pour lui, Link était dans cette horrible posture pas ergonomique, preuve qu'il était entièrement absorbé par ce qu'affichait son écran et absolument pas attentif à ce qui pouvait se passer en-dehors. Même pas son petit ami à cinq centimètres de lui, l'observant comme d'autres contemplaient une portée de chatons pas encore sevrés.
Il détestait cette vue, se hérissant comme le vieux matou qu'il était, n'hésitant pas à lui balancer le premier truc à portée de main à la tronche, trop embarrassé pour jurer correctement.
Adorable, définitivement.
Au fond de sa galerie photo, protégés par un mot de passe, Lavio collectionnait des photos de ces moments, volés à l'insu de son compagnon qui préfèrerait sans doute s'immoler par le feu si jamais il en apprenait l'existence. Entre autre, on pouvait y retrouver quelques clichés de son visage au repos - pris initialement pour prouver à Hilda que Link ne fronçait pas toujours les sourcils - d'autres de bonheur innocent - qui le rajeunissait considérablement - certains de ces moments de concentration - l'apaisement qui s'en dégageait avait un effet bénéfique sur ses nerfs en période de stress - et quantité d'autres de ces facettes dont l'hylien avait trop honte pour les assumer, hurlant comme un putois quand il avait le malheur d'en faire la remarque.
Même cette réaction était mignonne !
Malheureusement, il devait s'en détacher les yeux, autant parce qu'il avait son propre travail personnel à effectuer que parce qu'il avait appris à la dure à quel point il n'était pas discret du tout dans ses espionnages. Et, par les trois déesses, il apprécierait beaucoup que la soirée continue d'être aussi calme qu'elle avait commencé.
Quand il éteignit son ordinateur, il soupira lourdement sa fatigue, rejetant la tête en arrière, se frottant le visage. Autant il appréciait ses études, autant il avait du mal à saisir toute la théorie derrière.
Risquant un œil vers son compagnon, Lavio constata qu'il avait à peine cillé depuis la dernière fois, complètement dédié à il-ne-savait-quoi. Alors, il décida de tenter sa chance et de poser sa tête sur son épaule, les yeux fermés.
Il n'obtint aucune réaction, ni positive, ni négative. Tout juste eut-il un « hum » en commentaire. Enhardie par l'absence de rejet, il ramassa ses jambes sous lui et s'appuya contre son côté, toujours sans parler.
Link était quelqu'un d'assez économe de ses moyens, bougeant de manière efficace, ayant gommé les mouvements inutiles de sa gestuelle. Par bien des aspects, ça lui rappelait certains membres de sa famille qui faisaient de même. Mais en l'occurrence, ça rendait sa position sûre et presque confortable car il bougeait peu, lui permettant de rester ainsi sans le déloger involontairement et douloureusement.
Les yeux toujours clos, il se sentait légèrement dériver, bercé par les cliquetis émis par les touches du clavier et quelques marmonnements. Il n'eut donc aucune surprise quand il rouvrit les paupières quelques temps plus tard, secoué par son reposoir de fortune, lunettes et machine rangés.
— Tu as faim ou tu préfères directement aller te coucher ? chuchota-t-il, presque à son oreille.
— Existe-t'il une option qui me permettrait de rester ainsi ?
— Laisse-moi attraper des provisions et tu pourras même utiliser mes genoux, offrit-il.
Bon prince, Lavio se redressa, le libérant. Il chassa le sommeil de ses paupières en les frottant et alla vider son thé froid dans la cuisine, y retrouvant son petit ami qui réchauffait des restes, l'air aussi fatigué que lui. Il l'enlaça par derrière, l'embrassant sur le crâne.
— Je te fais aussi une assiette ?
— Mmh, non. J'ai plutôt faim d'autre chose.
Link ne lui fit pas la grâce d'une réponse ni d'une de ces œillades agacées comme il en avait le secret, mais la pointe rougissante de ses oreilles le vendit plus efficacement que n'importe quoi d'autre.
L'accompagnant dans ses mouvements, il ne le libéra pas de son étreinte, se retrouvant rapidement de retour dans le salon où ils s'installèrent plus confortablement.
Au lieu de suivre la proposition alléchante plus tôt, le lolien décida plutôt de prendre place en allongeant ses jambes sur l'assise, accueillant son colocataire contre lui. C'était un peu inconfortable, son dos reposant en grande majorité dans le vide et le divan étant trop étroit pour leurs jambes, mais il s'en moquait, ses mains reposant autour de sa taille et sa tête revenant sur son épaule, nullement gêné par les déplacements effectués pour se nourrir. Quand il eut fini et déposé son assiette au sol, Link se tourna difficilement dans son étreinte, s'allongeant plus franchement sur lui, son visage à moitié enfouie dans les plis de son pull, comme s'il envisageait à son tour de s'endormir ici.
— Tu sais, si tu décides de commencer ta nuit, tu serais bien mieux dans le lit, commenta Lavio en jouant avec quelques mèches.
— Aucun matelas au monde ne pourrait supplanter celui-ci, répliqua-t-il d'une voix somnolente.
— Tu vas me faire rougir, flatteur.
Mais ce petit saligaud lui pinça un gros bourrelet de tissu et un peu de peau au passage, occasionnant un piaillement de protestation.
— On peut pas faire plus confortable avec tout ça.
— Que… Enfoiré ! Retire ça tout de suite !
— C'est si gentiment demandé.
Quand il se retrouva rapidement torse nu, il eut besoin de quelques secondes pour comprendre qu'il s'était fait eu, son petit ami l'observant d'en bas, les bras croisés en appui sur la peau dévoilé, le menton posé sur ses poignets, un sourire de requin aux lèvres.
L'instant tout en tendresse s'était envolé avec ses habits, définitivement, s'il devait en juger la lueur taquine habitant les yeux bleu bondi.
— Maintenant que nos arrières sont protégés, que dirais-tu de me réchauffer par toi-même ? proposa-t-il sans ciller.
Lavio tenta d'avaler sa salive mais il s'étouffa avec à la place et se mit à tousser violemment. Quand ça alla mieux, il avait l'impression d'avoir pris feu sous la honte qui le consumait. Mais contre toute attente, Link s'était contenté de hausser un sourcil, patientant. Et, après réflexion, après plusieurs semaines de nez congestionné et de toux persistantes, il serait bien le dernier à prendre offense d'une pareille réaction.
Un peu pataud, il se pencha sur lui, scellant leurs lèvres alors qu'il l'attrapait par la ceinture de son pantalon pour le faire glisser contre lui pour les mettre à niveau, passant sous l'ourlet de ses hauts pour leur faire vivre le même sort que les siens : rejoindre le tapis de la pièce dans un ordre approximatif qui les fera sans doute grincer des dents quand il faudra les ramasser.
— Jusqu'où as-tu l'intention d'aller ? souffla-t-il à son oreille.
— Aussi loin que tu décideras de le faire.
Link ne détourna pas le regard quand il y plongea le sien, mais son visage se colorait définitivement. Pour lui sauver la face - et parce qu'il était incapable de s'en passer - Lavio décida de l'embrasser, encore et encore, lui volant son souffle pendant que leurs caresses n'avaient plus rien de sage.
Et c'est ainsi que se conclue ma participation au NaNoWriMo et au Sicktember de 2022 !
Si vous l'ignoriez, une version se déroulant dans le monde du jeu existe, "Sicktember 2022" !
Merci à tous ceux m'ayant lu et qui me liront dans le futur et à une prochaine (ノ◕ヮ◕)ノ*:・゚✧
Voracity Karn
