Gajeel fixa la boulangerie-pâtisserie avec hésitation avant de soupirer ayant les mots de Juvia en tête.
Comme si c'était dans ses habitudes de faire ce genre de chose mais la connaissant, elle l'allait l'embêter jusqu'à ce qu'il le fasse.
Il empoigna fortement la manche de son sac à dos et poussa la porte pour finalement entrer dans le lieu.
Ses pupilles rouges regardaient avec attention ceux présents dans le salon de thé et ainsi trouver la raison de sa venu.
Les ayant capter du regard, il s'avança à leur table et déposa son sac dessus.
— Quel bon vent t'amène Gajeel ? commença un blond à cicatrice.
— Suit pas là par plaisir Luxus.
L'autre individu, aux cheveux bleus et possédant un tatouage rouge du côté droit de son visage le salua et Gajeel lui répondit d'un signe de tête tout en prenant place.
— Sérieusement, vous venez encore ici ? dit-il, blasé.
— Tu sais bien pourquoi, répondit Luxus, les bras croisé.
— T'es même pas obligé de l'accompagner, il peut venir jouer les amoureux tout seul.
Le concerné, Jellal, rougit légèrement.
— Elle est bien dans ta classe ? demanda ce denier.
— Maintenant si, vu que j'ai repris. Et dire que je dois les supporter, soupira Gajeel.
— T'as pas de chance.
— Encore aujourd'hui l'allumette m'a proposé un duel.
— Ils en n'ont pas eu assez on dirait, dit Luxus, un sourire collé aux lèvres.
L'année dernière, encore tous les trois en classe de première, Luxus, Gajeel et Jellal étaient les plus respectés du lycée ou tout simplement, leur force intimidait les élèves et même jusqu'à présent.
Grey et Natsu, les nouveaux de seconde avaient tout de suite voulu se mesurer à eux sans jamais réussir à les déclasser.
Maintenant cette année, vu qu'ils ont Gajeel sous la main, ils essayent d'avoir leur revanche.
— Comme si ça nous intéressait, dit le blond.
— On a notre bac à préparer, renchérit Jellal.
— Et toi, les cours ça va ? Et les profs ? demanda Luxus à Gajeel.
— Se sont les mêmes, ils sont tous chiants.
A part qu'il avait passé toute la journée d'aujourdhui à regarder sa voisine de banc et qu'il c'était défoulé en sport, il y avait rien eu d'exceptionnel.
— Les cours pareils c'est chiant.
— Comme toujours avec toi.
Pour lui l'école était pénible, voilà tout.
— En fait Luxus, je dois te dire un truc.
— C'est quoi ?
— La démone en pince pour toi. Je te le dis parce que Juvia me l'a demandé et je compte pas jouer les entremetteurs, alors tu vas bouger ton cul et gérer comme tu peux.
— Et pourquoi c'est Juvia qui vient te le dire ?
— Mira le lui a demandé vu qu'elle ne pouvait pas directement venir me voir.
— Hum je savais pas que t'étais proche de Juvia.
— Nos parents se connaissent c'est tout. Bref c'est ce que j'avais à dire, faut que j'y aille.
— Arh c'est bon on fait route ensemble j'ai plus rien à faire ici, dit Luxus se levant à son tour en prenant son sac à dos.
Les deux lycéens dirent aurevoir à Jellal qui, était bien décidé à attendre qu'Erza arrive.
L'établissement appartenait aux parents de la jeune fille et depuis que Jellal était tombée amoureux d'elle, il venait ici presque tous les jours directement après l'école pour admirer Erza qui aidait ses parents.
Luxus l'accompagnait juste pour avoir des pâtisseries offert par Jellal.
Et aux derniers nouvelles ils s'étaient un peu rapprochés tous les deux.
L'amour ?
Qu'est-ce que c'est réellement ? se demanda Gajeel qui lui n'a jamais connu ce sentiment.
* * * * *
Monsieur Mcgarden semblait très nerveux, assis sur ce tabouret face au comptoir du bar bien animé à cette heure assez tardive.
C'était vraiment une très mauvaise idée d'être venu ici. Mais refuser aurait été si malvenu ?
Une tapette sur le dos le fit grimacer légèrement pourtant il portait un manteau plutôt large.
— Allez commande à boire. Cest ton tour t'attends quoi ?
Les battements de son coeur accélèrent. Être entouré d'autant d'alcool était déjà un supplice pour lui, se faisant violence pour résister.
Mais il devait tenir, au moins pour sa fille.
Mathias ouvrit légèrement la bouche et un maigre son daigna enfin en sortir.
— De... L'eau suffira.
Ses deux compagnons se mirent à rire avant que l'un d'eux, un dénommé Wakaba s'exclama :
— Allez, allez, le travail a été très promoteur ses derniers jours. Et puis on là pour enfin te souhaiter la bienvenu dans notre équipe, dit-il, faisant des tapettes d'encouragement sur son épaule qui le firent grimacer.
— C'est notre tournée, trois verres de whisky bien fort, commanda l'autre ami, Macao.
Non il ne pouvait pas se permettre de boire.
Il avança sa main comme pour objecter cette demande mais la commande avait déjà été passé au serveur.
Monsieur Mcgarden se pinça l'arrête du nez lorsqu'on déposa leur boisson devant eux.
C'était tellement tentant. Et s'il prenait juste un peu ?
Ses yeux se fermèrent automatiquement, il ne pouvait pas, pensa t'il, malgré sa gorge sèche.
— T'attend quoi ? Va s'y cul sec.
— Je... Je ne bois.
— Fait pas ta mauviette, faut s'amuser de temps à temps, renchérit Wakaba, montrant le verre vers Mathias.
— J'ai dis que je buvais pas, dit-il, repoussant la main de ce dernier.
Le liquide brun contenu dans le verre tâchèrent leur premier couche de vêtement, le vidant à moitié.
— D-Désolé, j'ai réagis un p...
— T'es excusé si tu termines au moins ce verre. Fait cette faveur à ton aînée.
Le père de Levy ravala difficilement sa salive, les mains moites et le front transpirant, le corps tendu et nerveux.
Il avança sa main tremblante pour saisir le verre. S'il buvait seulement un seul ça devrait aller. Non ?
Avant qu'il ne saisisse la boisson, une main l'arracha.
— Ça va pas de forcer cet homme à boire ?
Les trois hommes se tournèrent vers la femme qui venait d'intervenir.
— Il n'a clairement pas envie. Si vous voulez vous saouler faites le seuls. L'avis d'une personne vous connaissez ?
— De quoi je me mêles ?
— Je suis la barmaid ! Buvez le tout seul ou je vous vire d'ici.
— Tss...
Macao et Wakaba retournèrent à leur verre, frustrés de se priver d'une personne pour leur vilaine causerie.
Cette femme se mit derrière le comptoir et très rapidement, elle prépara un cocktail qu'elle déposa devant monsieur Mcgarden qui le regarda hésitant.
— C'est sans alcool rassurez-vous.
— Merci.
Une boisson neutre allait atténuer son manque.
Il porta son verre à sa bouche quand cette femme s'adressa à lui.
— Vous êtes alcoolique ?
Ce dernier failli s'étouffer avec sa boisson à cette question.
— N-non.
— Non ? Ça m'avait tout l'air. La façon dont vous avez résisté à l'envie de boire pourtant vous en étiez attiré.
— Je ne suis pas alcoolique mais c'est bien vrai que j'ai des problèmes de contrôle. Pourtant avant je supportais même pas son goût, soupira t'il.
— Qu'est-ce qui vous a poussé à boire ?
Monsieur Mcgarden resta silencieux.
— D'habitude ceux qui ont ce genre de problème – la majorité finisse par raconter leurs problèmes au personnel du bar sous état d'ivresse ou non. J'en ai déjà entendu des tonnes depuis des années que je travaille ici. À force ça m'a rendu soucieuse quand j'en rencontre un.
Cette femme, aux cheveux mi-longs d'un bleu sombre et yeux noirs, aux traits simples et d'un maquillage léger, tourna son regard vers ses compagnons engager en pleine conversation tout en buvant.
— Désolée si m'a question vous a mis mal à l'aise, s'excusa t'elle.
— Vous voulez écouter un inconnu ? demanda t'il finalement.
Cette dernière s'accouda au comptoir comme pour dire qu'elle était prête à l'écouter, faisant bouger ses cheveux sur le côté.
— Ma femme est morte, dit-il, répondant ainsi à sa question.
La barmaid fut fort surprise car ses yeux contemplaient l'anneau à son doigt. Il portait encore son alliance ?
— Dans un accident de voiture, ma fille et elle. J'étais au volant. Ma femme n'a pas survécu et ma fille est obligée de s'appuyer sur une béquille pour marcher.
— Ça vous a rendu coupable ?
Ses mains se mirent à trembler et ses yeux paraissaient horrifiés.
— C'est ma faute, tout est de ma faute. J'aurais... J'aurais dû mieux conduire cette nuit. A cause de moi ma fille est handicapée, sa mère est morte. La voir si triste... J'ai rendu ma fille malheureuse. C'était insupportable de la voir ainsi et chaque nuit je revois cet accident. C'était étouffant, j'étais rongé de culpabilité alors je me suis mis à boire.
Celui-ci passa sa grande main dans ses cheveux bleus turquoise dans un geste nerveux.
— Au contraire, boire n'a fait qu'empirer la situation, j'ai perdu mon travail, j'ai négligé ma fille qui avait du mal à faire son deuil et à s'habituer à son état. Ma situation financière s'est dégradée étant sans emploi. J'avais cependant de grande économie mais je ne pouvais pas risqué de tout investir dans l'opération de ma fille alors que j'avais d'autre responsabilité.
Mathias fit un rire sans joie.
— Me voir boire l'affligeait et j'ai compris que je voulais juste le bonheur de ma fille et je me suis promis de la rendre heureuse. Les souvenirs dans cette maison nous faisait souffrir tous les deux alors j'ai entreprit un déménagement, le nouveau départ qu'il nous fallait. Ici a Magnolia j'ai vidé mon compte pour nous construire une vie, je l'ai inscrite dans une école et je cumule deux emplois dans l'espoir de la revoir marcher.
Il remua lentement son verre, tout en regardant les ondulations du liquide sucrée.
— Je l'ai promis d'arrêter de boire mais y'a des moments où je flanche. Je suis ridicule, pitoyable. Je suis un meurtrier... Je suis un mauvais père.
La barmaid posa une main attendrissante sur la sienne alors que des larmes perlèrent au coin de ses yeux.
— Non, moi je dirais que vous êtes un bon père, malgré votre douleur vous persistez à rendre votre fille heureuse. J'ai vu à quel point ce soir vous avez résisté à votre soif de boire. Et vous êtes loin d'être un meurtrié. C'était un accident, ça peut arriver à tout le monde croyez le.
Mathias retira sa main.
— Ah... Je pensais pas que ça me rendrait aussi sensible, s'excusa t'il, essuyant ses debuts larmes du dos de sa main.
— Vous avez le droit de l'être.
— C'est gentil ce que vous dite mais je ne pense pas que ma fille soit heureuse, à cause de son handicap elle est discriminée à l'école. J'en suis encore le responsable.
— Arh, les jeunes d'aujourd'hui ! Le responsable ce n'est pas vous mais ces jeunes gens, ils ne doivent pas la traiter de cette manière juste à cause de ça. Se sont des choses qui marquent.
Monsieur Mcgarden bu une nouvelle fois sa boisson encore pleine.
— Écoutez si vous voulez vraiment arrêter de boire ce n'est pas juste en résistant à cette envie mais en tuant cette culpabilité quivous a plongé dans cette situation.
— Sans doute, dit-il, fixant son alliance avec douleur.
Une tête se cogna sur le comptoir et tous les deux tournèrent leur regard vers ce dernier qui murmurait des choses incompréhensibles.
— Vos compagnons ont assez bu je crois.
— Il va falloir qu'on rentre. Merci de m'avoir écouté, remercia Mathias.
— Ce n'était rien et puis je vous comprends sur un point, ce sentiment d'être un mauvais parent. J'ai un fils. Mais le plus important c'est de ne pas baisser les bras.
— Ah vous avez un fils ?
— Oui il fait le lycée.
— Ma fille aussi.
— Vraiment ? Quel ly...
— Mathias faut hic... Qu'on rentre hic...
Monsieur Mcgarden fut contraint de s'en aller précipitamment.
Tout en titubant, Mathias et Macao tenaient chacun par le bras Wakaba saoul en sortant du bar.
— Pourquoi vous avez bu autant tous les deux ?! se plaignit le père de Levy, très embêté par l'odeur forte de l'alcool.
— Je suis plus sobre que lui... hic, se défendit Macao. Mais tu vas devoir nous conduire hic... J'ai la tête qui tourne, murmura t'il en tenant cette dernière.
Monsieur Mcgarden écarquilla les yeux quand d'un mouvement peu precis, Macao retira les clés de voiture de sa poche pour le lui donner.
— Dépêche-toi. Arh, il pèse... hic... lourd, s'exclama Macao, faisant monter son ami en voiture.
Dévisageant longuement la portière, Mathias monta finalement du côté conducteur après avoir déverrouillé la voiture.
Son coeur se mit à battre follement quand il posa ses mains sur le volant l'occasionnant des difficultés de respiration.
Il desserra donc le col de sa chemise se trouvant en dessous de son manteau ayant l'impression de suffoquer.
Les mains tremblantes, il actionna le moteur et à la seconde, le visage de sa femme apparut, l'accident, sa fille. Cette nuit tragique, tous ses flashs défilèrent dans sa tête.
Il sortit précipitément de la voiture les yeux écarquillés et transpirant.
— Hey tu fiches quoi ? Et *hic*... c'est quoi ce regard effrayé ? demanda Macao, lui aussi sortant de la voiture.
— D-Desolé. Je vous ramènera en taxi.
Jamais plus il ne conduira une voiture, de toute façon il n'était plus à l'aise sur un volant.
— Quoi pourquoi un taxi ? Et ma voiture alors *hic* ?
— Tu la récupéra demain
— Hein ?!!
*
Le poignet de la porte s'abaissa quand celle-ci fut deverouillée et il soupira de bonheur en franchissant le seuil de sa maison, très silencieux tout comme le quartier à cause de l'heure bien avancée.
Le bruit de ses pas raisonnaient dans la pièce silencieuse ou pas tout à fait, il entendant un faible son.
Sa fille ne dormait pas encore ?
Ses pas changèrent donc de direction et plus il s'avançait vers la chambre de sa fille, plus le son devenait net.
C'était un enregistrement de sa femme chantant.
Troublé, il cogna quelques coups à la porte et attendit.
— Levy ?
Elle ne lui répondit pas et il décida d'ouvrir doucement la porte pour guetter à l'intérieur.
Cette dernière était couchée dans le lit sur le ventre sans couverture. Elle s'était sans doute endormi en suivant la musique.
Son père s'avança vers elle et la couvrit avec sa couverture mais Levy sursauta et s'assit dans le lit.
En voyant son père elle s'empressa d'arrêter l'enregistrement qui passait dans son téléphone et essuya ses larmes du dos de sa main.
— Bonsoir papa.
— Tu ne dormais pas alors ? soupira t'il, ayant été prise au dépourvu par ce réveil trop brusque.
— Non je... Je...
— Tu pleurais. Pourquoi tu pleures ? demanda t'il, redressant son visage baissé jusqu'ici vers lui. Qu'est-ce qu'il y'a cette fois ? Il s'est passé quelque chose à l'école ?
— Non c'est que... Entendre la voix de maman me... Elle me manque.
Son père eut un pincement au cœur.
— Papa elle te manque aussi n'est-ce pas ?
— Oui, c'est pourquoi je n'arrive pas à enlever cet alliance, dit-il, la caressant du doigt.
Levy prit son père dans ses bras mais elle brisa un peu trop vite cet étreinte et le regarda les sourcils froncés.
— Tu sens l'alcool.
— Non ne te meprends pas. Un peu d'alcool c'est renversé sur mon vetement c'est pour ça, je n'ai bu acune boisson forte.
On a terminé un peu plus tôt, j'aurais dû rentrer au lieu de suivre mes deux compagnons.
Son père était agent d'accueil dans une petite entreprise le matin jusqu'en soirée et garde en convoyeur jusqu'à tard.
Il posa sa main sur la tête de sa fille.
— Je te laisses vraiment tout seul, désolé. Mais après ton opération j'aurais un seul boulot qui me laisserai un peu plus de temps libre avec ma fille.
Levy sourit.
— Tout s'est bien passé à l'école aujourd'hui ?
— Oui.
Bien que son voisin ne lui avait pas laissé la chance de le remercier correctement pour son aide.
— D'accord je suis rassuré. Endors toi il y'a école demain.
— Bonne nuit papa, souffla t'elle, lorsque ce dernier éteignit sa veilleuse.
