Sailor Moon Altered Destiny

Chapitre 2 – Exposed (part 1)

Maison de Michiru, Setsuna, Hotaru et Haruka

Quelques mois plus tôt

Hotaru est en train de lire, Haruka lustre sa moto, Setsuna travaille dans son laboratoire et Michiru laisse son esprit vagabonder en observant son miroir. Passé, présent et futur, elle se laisse aller à ce que veut bien lui montrer son talisman. Rien de bien important, juste des souvenirs et quelques joies futures… Elle ne devrait pas mais cela lui apporte tant de joie de voir par exemple les grandes études que fera Hotaru ou les réussites professionnelles de Setsuna.

Allongée dans son transat, un grand chapeau de paille sur la tête, elle finit par commencer à somnoler. Brusquement réveillée par un cri, elle croit se redresser mais elle est déjà debout. Son talisman flotte devant elle. Elle porte son costume de guerrière. Trois ombres à ses côtés. Leurs formes sont vagues mais elle sent leur énergie et surtout l'énergie de leurs artéfacts qui résonnent avec le sien.

Un regard autour d'elle et elle voit une lande désolée se dessiner autour d'elle. Et sur le sol gisent cinq corps.

Puis, un grand flash de lumière et elle se sent tomber. Une intense sphère d'énergie se matérialise mais une main la touche et la lumière s'évanouit, tant sur le globe de lumière que sur l'ensemble du paysage déjà pourtant bien sombre.

Il n'y a plus de guerrières, plus de protectrices, plus de Terre. Plus d'espoir. Plus rien.

Michiru se réveille, pour de bon cette fois. Encore haletante, elle appelle ses amis et leur explique la situation.

« Cette lumière, ce serait le Graal ? Mais comment ?

- Je dois pouvoir vous expliquer ça, entame Setsuna. Suivez-moi dans mon labo. »

Une fois rendues là-bas, elle leur expose le résultat de ses recherches.

« Je pense que c'est donc le rôle de la faux, conclut-elle après de longues explications et qu'elle nous permettra de créer un nouveau Graal…

- Moyennant tout de même qu'on y laisse la vie, commente Haruka.

- C'est ça où on y laisse toutes la vie. Et là, ce sera vraiment terminé.

- En effet, admet Haruka. Et comment saura-t-on quand ça aura lieu ?

- Je suppose que mon miroir se fera un plaisir de nous le dire. Mais en attendant, il faut bloquer le pouvoir de prémonition de Rei. Si elle l'apprend, les Inner Senshi nous empêcheront de le faire.

- Tu comptes faire ça avec ton miroir ?

- Non, c'est toi qui vas le faire. Enfin, nous toutes. Le pouvoir de catalyseur de la faux d'Hotaru va augmenter nos pouvoirs. L'épée d'Haruka est liée à l'air et au ciel et va nous conduire jusqu'à Rei. Je vais localiser son pouvoir et surimposer le mien pour le brouiller, après quoi, toi, Setsuna, tu utiliseras tes pouvoirs pour fermer les portes du futur pour Rei. Tu laisseras quelques brèches pour qu'elle ne se doute de rien. Elle mettra ça sur le compte de ses pouvoirs ou d'un relâchement. »

L'exercice se réalise sans difficultés grâce à Hotaru mais la culpabilité guette. Et très vite vient s'y ajouter la peur, quand vient le jour fatidique…

oOo

Après la bataille contre Chimaera

Au même endroit

À peine rentrée, chacune retourne s'enfermer dans ses activités. Ce qui s'est passé les a chamboulées plus qu'elles ne veulent se le laisser croire. Chacune dans leur coin, et sous réserve de faire leurs « petits trucs », elles font apparaître leur artéfacts puis les transforme sous leur nouvelle forme. Chacune contemple l'artéfact qui leur rappellera à jamais que tout aurait pu s'arrêter aujourd'hui.

C'est quand chacune est perdu dans sa contemplation que la vision de Michiru survient et se transmet aux autres des suites des liens intimes qui se sont créés entre leur talisman. Seule Michiru est capable d'interpréter ce qu'elle a vu. Les autres accourent vers elle, sûres d'une seule chose : l'heure est grave.

« Setsuna, envoie un virus sur le système informatique de vidéo surveillance du stade de Tokyo. »

Voyant son absence de réaction :

« Maintenant, pas dans trois jours ! »

Se reprenant, elle s'excuse et leur explique ce qu'elle vient de voir, après quoi Setsuna court dans son laboratoire s'introduire dans le système informatique du stade pour effacer toute trace du moment où elles se sont transformées après avoir reçu leurs nouveaux pouvoirs.

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Appartement de Usagi et Mamoru

Matin

Usagi se réveille tranquillement. Elle cherche Mamoru mais le lit est vide.

« Plus de place pour moi ! »

Elle se rendort en quelques secondes. Les nouveaux pouvoirs surpuissants, ça fatigue. Elle commence à rêver d'un pique-nique avec ses amis, ses amis sous leur forme de guerrière, les Three Lights, les Starlights, la princesse Kakyu, Mamoru, ChibiUsa… Encore ChibiUsa… Et encore ChibiUsa… Et Galaxia et Chibi Chibi… Ne dit-on pas que tout est possible dans les rêves ? Mais là, quelque chose cloche, comme si une partie de la scène ne devait pas exister et si l'autre partie essayait de lui révéler quelque chose.

Galaxia lui demande de lui passer quelque chose. Elle s'exécute et effleure la main de Galaxia. Le décor change alors et tout le monde ou presque disparaît et Usagi, Galaxia et Chibi Chibi se retrouvent au même endroit que lors de leur précédente rencontre.

« Désolée de m'être immiscée ainsi dans ton rêve mais c'était le seul moyen de te contacter sans me faire repérer. »

Son expression change immédiatement comme si elle regrettait ses paroles.

« Te faire repérer par qui ?

- Chaque chose en son temps. Je suis venu te prévenir que de terribles événements se sont produits suite à ton combat contre Chimaera. Tu comprendras quand tu te réveilleras. Sois sur tes gardes constamment. Je dois pas en révéler plus car je risquerai de changer le… »

Elle se mord les lèvres.

« J'ai bien compris que tu cachais quelque chose mais t'entendre parler de changer le futur et de ne pas me faire repérer me fait me poser encore plus de questions à ton sujet. Je ne te demanderai pas d'où venaient vraiment ces star seeds, mais tu aurais tout intérêt à jouer franc-jeu si tu ne veux pas que je doute de tes bonnes intentions. »

Galaxia se laisse aller à un petit sourire.

« C'est ce genre d'attitude qu'il te faudra avoir. Le passé, le présent et le futur vont s'entremêler et tu vas devoir faire le tri toi-même. Désolée d'avoir si mal feint d'en avoir révélé plus que je ne le voulais mais je voulais semer le doute en toi pour attiser ta méfiance. Sache seulement que tu te retrouveras seule au plus mauvais moment. »

Usagi croise les bras.

« Je me contenterai de ça pour cette fois, mais ça ne fonctionnera pas comme ça à chaque fois.

- Je comprends mais si je te faisais les révélations que tu attends, le futur serait probablement modifié, et pas pour le mieux. Et cela impliquerait également que je sois repéré. Et crois-moi, ce n'est pas ce que tu veux.

- Tout ça pour me dire qu'un grand vilain pas beau va nous attaquer mais que tu ne peux rien me dire si ce n'est de pas accepter des bonbons d'un inconnu ?

- En quelque sorte. Mais le premier ennemi que vous allez affronter, c'est la rançon du succès.

- Quoi ? Mais on n'est pas célèbres !

- C'est là que tu te trompes. Maintenant, réveille-toi et sois prudente. »

Usagi se réveille.

« Au revoir, bonne journée ! marmonne-t-elle. »

oOo

Après avoir traîné quelques minutes pour se souvenir de son rêve qui la fuit déjà, elle se lève pour aller petit-déjeuner, se régalant déjà mentalement à l'idée de profiter des talents culinaires de Mamoru.

Elle passe par le salon, embrasse Mamoru dans le cou. Pas de réaction.

« Tout va b… »

Il lui demande de ne pas faire de bruit d'un geste de la main et lui montre l'écran. Il prend son portable et commence à passer un coup de fil. Il part dans la cuisine. Usagi sent l'inquiétude monter.

« Vendue par le magazine à sensations Tokyo Enquirer, la vidéo a déjà fait le tour de l'archipel en étant diffusée sur de nombreuses chaînes de télévision. Voici la vidéo, issue des caméras de surveillance de la section d'art primitif du musée de Tokyo. »

Il n'en faut pas plus à Usagi pour comprendre et remettre en perspective ce qui lui a dit Galaxia.

« On voit sur celle-ci cinq personnes se transformer en Sailor Moon, Mercury, Mars, Jupiter et Venus et combattre un monstre. Il serait d'ailleurs responsable de la mort de Jun Sakurada et de la disparation de Watanuki Doumeki. Les personnes que l'on voit se transformer ont déjà été identifiées et le secret de leur identité, si bien gardé jusqu'à présent, est à la portée de n'importe qui via un simple moteur de recherche sur le Web.

Le Tokyo Enquirer a également surfé sur la vague et tiré partie de ses découvertes en en faisant ses gros titres. Il a d'ailleurs vu ses ventes du jour augmenter de 120 %. »

Usagi s'est recroquevillée dans le canapé. Elle veut aller chercher le réconfort de Mamoru mais ne peut détacher ses yeux de l'écran. Et c'est là qu'elle comprend les véritables conséquences de ce qui vient de se passer et des mots pour le moins cryptiques de Galaxia.

« Rejoignons sans plus attendre notre envoyé spécial, Kouji Seo, à la Tokyo Ika Daigaku.

- Oh mon Dieu, Ami…

- Bonjour. Je me trouve actuellement à l'université de médecine de Tokyo où étudie Ami Mizuno, plus connue sous le nom de Sailor Mercury. Nous allons tenter de lui demander son avis sur les évènements qui se sont produits hier. Mlle Mizuno ? Mlle Mizuno ? Avez-vous des commentaires à faire sur ce qui s'est passé ?

- Rien de plus que ce que j'ai déjà dit aux autres journalistes qui n'avaient pas un train de retard. Oui, nous sommes les guerrières de la Lune. Nous souhaitions continuer à agir en gardant nos identités secrètes mais cela n'est plus possible. J'espère que vous aurez le bon sens de ne pas envahir nos vies car si vous le faites, vous nous empêcherez de vous protéger comme il se doit et des innocents y perdront la vie.

- Que pensez-vous des déclarations de…

- Je pense avoir été claire, non ? Je viens de vous donner mon opinion sur la situation. Maintenant, laissez-moi passer, j'ai cours. Merci.

- Bien joué, Ami, applaudit Usagi, retrouvant un peu son sourire. »

La caméra suit Ami jusqu'à ce qu'elle pénètre dans le bâtiment puis se tourne vers le journaliste qui conclut son intervention.

« Comme on pouvait s'y attendre, le refus de communication… »

Les premiers mots enragent Usagi qui part prendre sa douche, espérant se vider l'esprit quelques instants pour y avoir plus clair.

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Appartement de Mako et Motoki

Dix minutes plus tôt

Mako se réveille en sursaut.

« Oh mon Dieu ! J'étais tellement fatiguée hier soir que j'ai oublié de lui dire « oui ». »

Honteuse, elle ne trouve pas mieux que de se mettre à secouer Motoki de toutes ses forces.

« Ah ! Quoi ? Qu'est-ce qui y'a ? Un tremblement de terre ?

- J'ai oublié de te répondre. »

Puis, ponctuant chacun de ses mots par un baiser, elle ajoute :

« Oui… je… veux… être… ta… femme ! »

Ravi, il roule sur le lit pour être au-dessus de Mako. Se faisant, il appuie sur la télécommande restée entre eux et allume par inadvertance la télé.

« …sur celle-ci cinq personnes se transformer en Sailor Moon, Mercury, Mars, Jupiter et Venus et combattre un monstre. Il serait d'ailleurs responsable… »

Tomoki retourne de son côté du lit et regarde le reportage. Une fois celui-ci terminé, tous deux restent silencieux, digérant la nouvelle. Après dix minutes, Mako prend la parole :

« Moto-chan…

- Je sais ce que tu vas dire. Vas-y, je t'écoute.

- D'abord, je veux que tu saches à quel point je t'aime et je veux me marier avec toi. Tu sais exactement comment je veux que soit mon mariage.

- Oui, intime.

- Laisse-moi finir sans m'interrompre ou je n'y arriverai pas. »

Il acquiesce et elle continue :

« Comme tu l'as dit, je veux un mariage intime avec ma famille et mes amis. Et avec ce qui en train de se passer, on ne pourra jamais avoir ça. Je le répète, je veux t'épouser mais j'aimerais attendre que cette histoire se tasse, si bien sûr, tu es d'accord. »

Pour toute réponse, Motoki se lève et vient s'agenouiller devant elle. Il prend sa main.

« Mlle Mako Kino, acceptez-vous de m'épousez, dans quelques mois ou plus et acceptez-vous que nous travaillions comme des forcenés pour économiser suffisamment d'argent pour nous offrir un mariage intime mais qui ferait pâlir une princesse ? »

Elle vient s'agenouiller sur le sol et le serre dans ses bras.

« Oui, je le veux ! »

Ne le lâchant pas, elle ajoute :

« Tu es tellement parfait que des fois, je me demande si tu n'as pas des secrets inavouables…

- Rien de bien méchant. Je suis juste le fils de Rubeus et je vais envahir la Terre. »

Elle éclate de rire, voyant qu'il a bien appris ses leçons sur le passé de guerrière de sa fiancée.

« Et j'ai une autre femme et des enfants.

Elle le serre alors très fort dans ses bras.

« Évite ce genre de petites blagues quand je te tiens d'une manière qui peut se transformer en prise de catch.

- Chef, oui, chef. »

Elle desserre sa prise.

« Bon, on va aller se préparer, déclare-t-elle. Il va falloir se lever bien plus tôt si on veut assurer la production de gâteaux dorénavant… Tu peux appeler le fournisseur pour demain pour augmenter les quantités ?

- Je m'en occupe.

- Et demain, il ne faudra pas se contenter de mettre la marchandise dans les frigos quand il viendra livrer à cinq heures. Il faudra aussi commencer à cuisiner à cette heure… »

Comme le dit l'adage, on n'a rien sans rien…

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Tokyo Ika Daigaku

Trois heures plus tard

Le troisième cours de la journée ne va pas tarder à se terminer. Ami lutte depuis le début des cours pour faire fis des bruits de couloir, des regards et de l'attitude des personnes présentes. Ses prétendues amies ne lui adressent pas la parole ou se sont assises le plus loin possible d'elle. En effet, excepté quelques étudiants, il y a un grand vide autour d'elle et ceux qui n'ont pas osé s'éloigner pourraient tout aussi bien être au fond de l'amphithéâtre tant ils sont distants.

Il en faut ceci dit plus pour ébranler Ami. Rien ne saurait lui faire perdre son tempérament ni quitter la salle. Elle doit protéger son image à tout prix, aujourd'hui plus que jamais car les conséquences pourraient être terribles si l'opinion que la population a d'elle et de ses amies venait à changer.

Ceci dit, maintenir une façade devant ceux qu'on prenait pour des amis et qui vous regarde à présent comme si vous étiez une bête de foire n'est jamais chose aisée.

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Temple Hikawa

Au même moment

« Déjà que je n'arrive plus à avoir de visions, il faudrait en plus que je supporte cette foule qui n'en veut qu'à mon statut. Je ne suis pas une idole qui va passer sa journée à signer des autographes, fulmine Rei.

- Moi, je peux le faire ! tente Minako. Une perruque noire et on y verra que du feu.

- Non, commente Yuichiro. Les gens verront tout de suite que tu n'es pas aussi… »

Sentant que Minako l'attend au tournant, il rectifie le tir :

« … posée que Rei.

- En gros, ce qu'il essaie de ne pas dire, c'est qu'une cervelle de moineau ne peut pas se faire passer pour ma petite-fille. »

Minako empoigne le grand-père de Rei par le cou (Nda. : son nom n'a jamais été révélé ni dans le manga ni dans l'anime, donc excusez les répétitions) et lustre son crâne chauve déjà brillant du plat de la main.

« En même temps, tu es aussi colérique qu'elle, donc ça pourrait passer, ajoute-t-il. »

Rei vient Rejoindre Minako pour le torturer. Yuichiro vient mettre son grain de sel, sûr de son effet et las de voir la conversation dévier sans cesse alors que les gens sont massés autour du temple qui tarde à ouvrir.

« Des fois, je me demande s'il n'en éprouve pas un certain plaisir. »

Les deux jeunes femmes reculent avec une exclamation de dégoût.

« Bon, reprend Yuichiro. Pourquoi veux-tu garder le temple fermé ?

- Parce que je refuse de m'exhiber comme une starlette. Je suis une miko, ce n'est pas ma place.

- Bon, intervient le grand-père de Rei. Je vais t'avouer quelque chose dans le seul but de te faire aller dans mon sens. Tu vas enrager et faire ce que je eux que tu fasses juste pour prouver à ton père qu'il à tort.

- Mon père ? s'étonne Rei.

- Oui, Rei. Tu crois que nous gagnons notre vie en vendant des amulettes ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Qu'on est au bord de la faillite ?

- Non, ton père se charge de nous maintenir à flot depuis qu'il t'a laissée ici pour vivre avec moi. On ne gagne pas ou peu d'argent. Si on ne vivait que ce qu'on gagne, on serait à la rue depuis bien longtemps.

- Et tu me dis ça maintenant ?

- Oui, car on a ici l'occasion rêvée de lui prouver que nous aussi, comme lui, on peut réussir. Cette affluence va décroître rapidement mais si on en tire le meilleur parti, on peut gagner de quoi subvenir à nos besoins pour de longs mois. Avec cet argent, on pourra envisager des projets pour amener plus d'argents.

- En vendant mon image de Sailor Mars ?

- Non, en vendant ton image de Rei Hino, miko du temple Hikawa. Certes, certains viendront pour voir Sailor Mars mais ils devront se contenter de Rei Hino. De toute façon, ceux-là partiront bien vite et ne resteront que ceux qui cherchent dans ce temple du spiritualisme et pas de la presse à sensations.

- Tu crois que dans le monde actuel, on peut avoir besoin de mikos ? Je veux dire suffisamment pour pouvoir en faire son métier ?

- Évidemment ! Maintenant que tu as décidé de te consacrer à cela, tu pourrais prendre part à des cérémonies shinto, à des processions de mariage ou même apprendre le toyosaka no mai (Nda : danse traditionnelle des miko). Qu'est-ce que tu en penses ? »

Elle réfléchit quelques instants puis acquiesce en silence.

« Je pense que c'est la meilleure chose à faire. »

Elle embrasse son grand-père et part ouvrir les portes du temple.

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Tokyo Ika Daigaku

Pause de midi

Ami sort des toilettes après s'être essuyée les yeux et essaie de se rafraîchir pour cacher ses yeux gonflés.

Un message d'Usagi sur leurs communicateurs leur demande de se retrouver. Personne ne sait où se donner rendez-vous pour avoir la paix mais Usagi explique que, pour une raison qui lui échappe, personne n'est encore venu chez elle.

« Chez toi, chez toi ou chez Mamoru ? ironise Rei.

- Hé ! C'est parce que je ne paye pas (encore) de loyer que ce n'est pas aussi chez moi !

- Mais moi, j'ai rien dit ! Donc, chez Mamoru…

Entendant grogner de l'autre côté du communicateur, elle ajoute :

« …Et toi ?

- Oui. »

Ami coupe la communication.

« Dieu merci… »

Elle attrape son sac et se rue hors de l'université et jusqu'au métro.

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Dans l'amphithéâtre

Quelques minutes avant la reprise des cours

Les ragots vont bon train sur Ami. La plupart des étudiants sont revenus car les cours vont bientôt reprendre. Le professeur ne tarde pas à arriver. Tout le monde conjecture sur le pourquoi de l'absence d'Ami.

« Encore partie sans raison. On va encore devoir payer pour les réparations quand elles vont détruire les rues de la ville… Comme si l'armée ne pouvait pas se charger de ça.

- Elles sont sûrement des contacts. Le gars masqué est sûrement bourré de fric et il paie des pots-de-vin pour qu'elles puissent faire leurs petits trucs sans être inquiétées.

- Il paraît que le mec travaille au gouvernement et qu'il est haut placé. »

Ce ramassis d'inepties pourrait être facilement démonté par n'importe qui ayant un tant soit peu de jugeote mais la rumeur et la mauvaise foi ont ce triste pouvoir d'obscurcir même les esprits les plus ouverts. Face à son quart d'heure de gloire, une personne accédant à la célébrité aura à coup sûr autant de détracteurs que de fans. Et ce ne sont malheureusement pas toujours les gens les plus éduqués qui ont le plus de bon sens, la jalousie guettant toujours.

« Bon, nous allons commencer le cours. »

La porte de l'amphithéâtre claque et une voix l'interrompt :

« Attendez ! déclare une voix. »

Il descend jusqu'au bureau du maître de conférence et prend le micro. Il enlève ses lunettes. Le professeur lui demande de partir mais un seul regard de l'inconnu et il lui laisse parole sans plus rechigner. L'inconnu prend le micro et regarde son audience pendant quelques secondes. Tout le monde se tait, comme captivé.

« Quand Ami Mizuno reviendra en cours, vous l'accueillerez en vous excusant et en lui disant que c'est parce que vous avez un grand respect pour elle que vous n'osiez pas ou plus lui parler. Vous arrêterez de répandre des rumeurs sur elle. Me suis-je bien fait comprendre ? »

Tout le monde acquiesce en silence.

« Vous aurez tout oublié de mon passage quand je quitterai cette salle. »

Approbation générale à nouveau. Il reprend ses lunettes dans sa poche et les remet avant de quitter la salle par les sorties latérales.

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Crown's Jewels

Une demi-heure avant la communication avec Usagi

Ils avaient beau s'y attendre, ils ont du mal à croire l'affluence que connaît le salon de thé. Ils sont obligés de refuser des clients ou de faire attendre ceux qui veulent absolument prendre une consommation aujourd'hui. Certains, pour ne pas dire beaucoup, prennent la consommation la moins chère pour avoir l'occasion de voir celle qui se cache derrière Sailor Jupiter. Coincée en cuisine pour préparer quelques gâteaux simples pour répondre à la demande, elle est néanmoins obligée de faire des apparitions régulières pour satisfaire ceux qu'on pourrait qualifier de touristes.

Tomoki fait le service. Ils ont à peine le temps d'échanger quelques mots en cuisine quand il vient chercher les commandes. La plupart de leurs conversations éclairs tournent autour du fait qu'ils sont à présent fiancés, même si le mariage est reporté jusqu'à nouvel ordre et ils ont là une opportunité en or de mettre de l'argent de côté,

« Je sais que c'est une aubaine et qu'il faut en tirer partie mais si j'en ai encore un qui fait tomber son gâteau pour que je me baisse pour le ramasser et qu'il profite de la vue, je lui apprends à voler, le prévient Mako.

- Ou on parlera au client sans lui casser les deux bras.

- Ok, mais je compte sur toi.

- Tu as la pêche Melba pour la 2 ? demande Tomoki.

- Oui et la théière de Ceylan. »

Tomoki lui fait un petit signe de tête.

« Ah, c'est l'heure d'aller m'exhiber. Surveille le gâteau dans le jour. »

Elle sort de la cuisine, pose la commande sur le plateau et part en salle, non sans un regard lourd de sens à Motoki.

« Je ne tuerai personne, je ne tuerai personne, je ne tuerai personne… »

Elle apporte sa commande au client, un homme d'une trentaine d'années. Une fois la glace posée sur la table, il prend une cuillère de chantilly et la renverse intentionnellement sur le sol. Mako jette un regard vers les cuisines et voit Motoki appuyé contre le passe-plat. Il n'esquisse pas un mouvement. Elle lui lance un regard noir.

Le client ne cesse de faire naviguer ses yeux entre le sol et Mako, comme pour lui dire qu'il serait tant qu'elle ramasse la chantilly. Elle part en cuisine chercher de quoi nettoyer. Elle ne jette même pas un regard à son fiancé en passant, qui baisse de toute façon les yeux. De retour à la table, elle se baisse en serrant les poings et commence à nettoyer. Elle insiste plus que de raison sur la tâche pour se passer les nerfs jusqu'à ce qu'une main vienne la toucher là où seul Motoki a le droit de la toucher.

La scène n'échappe à Motoki qui se rue dans la salle, l'attrape par le col, le traîne jusqu'à l'entrée et le jette dehors.

« Il a touché les fesses de ma fiancée. Il a de la chance que je ne le frappe pas. Et encore plus de chance qu'elle ne le frappe pas, lance-t-il aux journalistes massés devant la porte. »

Il revient dans la salle de restaurant, sous les applaudissements de la plupart des femmes, moins quelques regards outrés de clients qui quitteront ensuite le bar. Voyant que le sac de la personne est resté sur le siège, il le prend, récupère son dû dans le portefeuille puis retourne à l'entrée, ouvre la porte et lui lance le sac à dos, en ayant bien pris soin de ne pas le refermer.

« La note était de mille yens et elle est réglée. Je suppose que vous n'y verrez pas d'inconvénients. »

Assailli de flashs, il part sans demander son reste, laissant la plupart de ses affaires sur le sol.

Motoki retourne auprès de sa promise et l'embrasse.

« Excuse-moi de ne pas avoir agi plus tôt. »

Puis s'adressant à tout le bar, il ajoute :

« Toux ceux qui sont là pour se rincer l'œil, partez et ne revenez pas. Ceux qui sont venus pour voir Sailor Jupiter, cessez de rêver. C'est un salon de thé ici et rien d'autre. Tenez-vous le pour dit. »

Une partie non négligeable des clients règle ce qu'elle doit et part dans le calme. À peine ont-ils franchi la porte qu'ils sont évidemment assaillis par des hyènes en quête de scoops.

Mais ça, Mako et Motoki n'en ont que faire…

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Maison de Michiru, Setsuna, Hotaru et Haruka

Au même moment

Le téléphone de Setsuna sonne dans son laboratoire.

« Allo ?

- Bonjour Setsuna, c'est Mamoru.

- Bonjour Mamoru.

- Tu dois te douter de ce pourquoi je t'appelle.

- Oui. Je suppose que vous voulez qu'on se retrouve pour discuter de ce qu'il se passe.

- En effet.

- Je refuse. »

Mamoru marque un temps d'arrêt.

« Désolée de ma réponse mais nos identités à nous sont encore secrètes. Vous retrouver, où que ce soit, permettrait sûrement aux médias de faire le lien. Les vidéos de surveillance du stade ne sont plus un problème mais pour nous quatre, la prudence est de mise.

- Je comprends. Cela dit, il faudra bien que l'on puisse se contacter autrement que par moi ou par les visions de Michiru. Autre point, qui a son importance, bien que je ne sache pas laquelle : aucun journaliste ne vient ici. Et aucune mention de mon identité. J'aurais pensé que le lien entre Usagi et son fiancé se ferait rapidement, d'autant que la date du mariage est déjà fixée et donc facile à trouver si l'on fouine un peu.

- En effet. Je suis d'accord avec toi. Pour ce qui est de la communication, je vais réfléchir à quelque chose. Je te rappelle. »

Elle raccroche. Elle tend la main et appelle son artéfact. Le sablier apparaît. Après bien des déboires, elle parvient à manipuler la sable à l'intérieur et utilise ses nombreuses machines, certaines venant d'un autre temps, pour parvenir à es fins. Elle rappelle ensuite Mamoru et lui annonce qu'elle passera seule.

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Appartement d'Usagi et Mamoru

Quelques heures plus tard

Peu après avoir contacté ses amis, elle prend et repose le téléphone à de multiples reprises. Elle compose le numéro, repose le combiné, le reprend, hésitant à passer le coup de fil. Mamoru arrive derrière elle et l'enlace.

« Appelle-les. On ne sait jamais de quoi demain sera fait.

- Tu as raison. »

Elle compose le numéro et appelle enfin.

« Maman ?

- Usa-chan ! Je parie que tu gambergeais autour du téléphone depuis dieu sait quand…

- Je… Mais non. Enfin, si.

- On ne la fait pas à sa maman chérie !

- Oui, répond-elle d'une petite voix.

- Tu veux me parler de ce qu'on entend partout aujourd'hui et de ces centaines de journalistes et de fans qui rôdent autour de la maison ? »

Usagi acquiesce.

« Tu sais que je n'ai que le son et que quand tu fais « oui » de la tête, je ne peux pas deviner ce que tu essaies de me dire ? »

Usagi se retourne.

« Et pas la peine de te retourner, je suis pas chez toi. Je te connais comme si je t'avais faite, c'est tout. »

Usagi ne réagit pas à la dernière phrase que sa mère vient de prononcer, trop heureuse de voir qu'elle se comporte toujours comme avant.

« Quand tu auras un peu de temps, tu pourras passer à la maison ? Ton père et moi, on aimerait bien te parler. »

Usagi n'ose pas répondre.

« Ne t'inquiète donc pas. On veut juste être à tes côtés durant ces épreuves que tu traverses.

- Très bien. Je passerai en fin d'après-midi. »

Usagi raccroche, rassurée.

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Maison des Tsukino

Au même moment

Après que sa fille a raccroché, Ikuko baisse les yeux. Kenji est à ses côtés et lui pose une main sur l'épaule.

« Il faut bien qu'on lui dise.

- Oui, je sais mais je regrette de lui avoir menti. Elle va avoir un choc quand elle va apprendre ça. J'ai tellement peur qu'elle doute de notre amour pour elle…

- On a juste voulu lui éviter de s'inquiéter plus que de raison parce qu'elle en a déjà gros sur le cœur. C'est tout. On ne pensait pas à mal.

- Oui, je sais, répète-t-elle, à court d'arguments. »

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Appartement d'Usagi et Mamoru

Quelques minutes plus tard

Rapidement, tout le monde arrive. Comment Luna et Artémis, venus seules depuis leur lieu de résidence, ont pu appuyer sur l'interphone, vient se rajouter à la liste des mystères félins non expliqués…

Luna commence par expliquer qu'une fois transformées, les gens les voient mais ne se souviennent pas de leurs visages. Certains ne seraient même pas capables de dire si ce sont des hommes ou des femmes.

« Même pas avec le costume ? s'étonne Usagi.

- Ça ne veut rien dire, explique Mako. Vous n'avez jamais lu Kore Wa Zombie Desuka ? Il y a un ado zombie qui se transforme en Magical Girl.

Tout le monde la regarde d'une drôle de façon.

« C'est très drôle, vous savez… Bon, je me tais… »

Luna continue en expliquant que si on les voit se transformer, en vrai ou, dans le cas qui nous intéresse, sur vidéo, cela rompt la magie de protection de l'identité inhérente à leurs pouvoirs.

- Oui, et accessoirement, on voit notre visage avant la transformation… ajoute Rei.

- Oui, aussi, admet Luna, se sentant un peu bête. »

Rebondissant pour ne pas répéter le fiasco qu'a connu Mako quelques minutes plus tôt, elle enchaîne :

« Bon, j'ai quelque chose pour toi Usagi. »

Comme lors de leur première rencontre, elle effectue une pirouette arrière et le stylo qui lui servait à se déguiser apparaît.

« Oh, je l'avais complètement oublié.

- Tu as fini par ne plus t'en servir, alors je l'ai repris. Tu n'en avais plus besoin. Mais les choses ont changé et il pourrait te servir. »

La conversation se poursuit sur leurs histoires personnelles. Quand le sujet des Outer Senshi et du fait que leur identité est toujours secrète est évoqué, Mamoru explique que les gens feront rapidement le lien entre leur groupe et lui-même mais peut-être pas avec les outer si elles se tiennent à l'écart. Il rajoute qu'il a contacté Setsuna dans l'après-midi et qu'elle va passer d'ici peu.

« Tu l'as appelé ? Tu as son numéro ? demande Usagi avec une pointe de jalousie dans la voix.

- Oui, on a toujours été en contact depuis la fin du combat contre Galaxia. J'étais censé faire le lien entre nos deux groupes mais le combat contre Chimaera a prouvé qu'elles jouaient un double jeu, même si elles ne pensaient pas à mal. Bref, j'en ai profité pour la contacter et lui demander de ne plus s'isoler comme ça. Elle refuse, au nom des trois autres, je suppose, mais elle m'a dit qu'elle passerait. »

En effet, peu de temps après, elle arrive. Après avoir brièvement expliqué pourquoi elles souhaitaient se tenir à l'écart, elle fouille dans son sac à main, en sort des tas de trésor aux tailles les plus fantaisistes et leur tend des chaînes avec des pendentifs en forme de cristaux rouges.

« C'est du sable cristallisé de mon sablier. Comme mon talisman me donne à présent le pouvoir de contrôler le temps et l'espace, nous les utiliserons pour nous contacter. Ils sont reliés entre eux par les pouvoirs de mon talisman et ne réagiront qu'à vos pouvoirs, à la différence de vos communicateurs que n'importe qui pourrait utiliser ou espionner. Nous ne devons pas être vues avec vous en civil pour préserver nos identités et surtout ne pas nous contacter par les voies classiques. Je ne sais pas pourquoi seul cet endroit n'est pas assailli par les journalistes mais ça cache quelque chose. »

En repartant, elle touche l'épaule de Rei et libère son pouvoir de vision grâce à son talisman, qu'elle avait gardé dans son sac, et qui est relié à leurs deux cristaux et aux trois autres Outer Senshi.

« Je suis désolée, s'excuse-t-elle mentalement. »

Mais sitôt a-t-elle rendu son pouvoir à Rei que celle-ci à une vision dans laquelle elle voit ce qu'ont fait les Outer Senshi pour bloquer ses pouvoirs. Elle gifle Setsuna.

« Considère qu'on est quittes. On se bat côte à côte mais nous ne sommes plus amies. »

Setsuna part sans rien ajouter. Rei explique la situation à ses amis. Elles gardent le silence mais certaines d'entre elles comprennent Setsuna, preuve qu'elles ont mûri et qu'elles comprennent les enjeux de leurs batailles et les sacrifices qu'elles impliquent.

oOo

Ami repart avec réticence vers sa faculté pour un cour tardif en laboratoire. Elle pourrait décider de sécher mais si ses amies l'apprenaient, elles se douteraient tout de suite de quelque chose étant donné sa réputation… Et puis, passer deux heures à sa cacher volontairement dans un monde où elle doit maintenant le faire contre son gré, ça ne vaut pas le coup.

Ceci dit, quand Ami entre dans la salle, elle est accueillie à bras ouverts. D'abord méfiante, elle cède à l'ambiance générale, trop heureuse de voir la tension du matin disparaître, et surtout, trop heureuse pour se méfier…

oOo

Peu de temps après que ses amies sont parties, Usagi part en direction de chez ses parents. Le coup de fil a beau l'avoir rassurée, elle appréhende énormément et ne peut se défaire de ce sentiment d'inquiétude qui n'a rien à voir avec la révélation de son identité…

À suivre…

Voilà un chapitre bien long et sans combats dans lequel je me suis senti obligé de préciser où se passait chaque scène vu l'imbrication des différentes scènes dans le temps. Je voulais que la vidéo du musée soit diffusée sur YouTube mais c'était faire un trop gros anachronisme. En effet, même si je ne dis pas quand se passe exactement l'histoire, elle est dans la continuité de leurs années de lycée donc à la fin des années 90, si ne m'abuse.

Cela dit, si on avait pu employer YouTube et Facebook comme outil de diffusion de la vidéo, on aurait vraiment pu montrer la vitesse à laquelle, de nos jours, les ragots se diffusent et restent gravés sur la toile…

Bref, n'attendez pas de combats dans le prochain mais d'autres bouleversements ! Et sans que ça paraisse, j'ai donné plein d'indices sur ce qui va se passer, certains inconsciemment. En effet, en relisant, je me suis rendu compte que certains choix de mots étaient extrêmement révélateurs !

Miguel