Sailor Moon Altered Destiny
Chapitre 3 – Ch-ch-changes
Elle hésite à frapper chez elle, exactement comme avec le téléphone quelques heures plus tôt. La porte finit par s'ouvrir toute seule. Luna est derrière.
« Ne frappe pas, voyons, tu es chez toi. Ça ne fera que rendre les choses plus difficiles. »
Usagi regarde de tous les côtés.
« Co… Comment t'as pu arriver là avant moi ? J'ai pris le métro !
- Si je te le disais, je devrais te tuer, répond Luna avec un grand sourire.
- Et elle ne plaisante qu'à moitié, ajoute Artémis, en pointant le bout de son nez à la porte. »
Une petite précision s'impose. Quand Minako a emménagé chez Rei et Usagi chez Mamoru, Luna et Artémis ont vu là une occasion de vivre enfin ensemble. Minako a ainsi demandé aux Tsukino s'ils accepteraient de prendre Artemis chez eux car Rei ne voulait pas d'un chat au temple qui risquerait d'effrayer Phobos et Deimos, les deux corbeaux sacrés du temple. Ils ont accepté volontiers, peut-être pour compenser le départ de leur fille chérie. Les deux matous peuvent à présent roucouler relativement tranquillement et faire des choses qu'aucun chat n'a jamais fait avant eux.
Entrant sans jamais leur tourner le dos puis reculant jusqu'au salon, elle se cogne contre son père.
« Ravi de voir que tu n'as pas changé d'un poil !
- Comment ça ?
- Toujours aussi étourdie !
- Mmmph ! lance-t-elle, indignée. »
Il lui ébouriffe les cheveux et l'invite à prendre place dans le salon.
« Il est un peu tard mais tu veux du thé ? demande sa mère depuis la cuisine.
- Euh oui… répond-elle en laissant traîner sa voix.
- Avec des daifuku ?
- Oui, pourquoi pas, accepte-t-elle avec un faux détachement et un petit filet de bave au coin de la bouche. »
Quelques minutes plus tard, elle arrive dans le salon avec un plateau.
« Comment se passent tes études, ma chérie ?
- Plutôt bien. Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas sûr que ce soit ma vocation, mais j'y arrive bien et ça me plaît. Alors, je persévère et j'espère un jour trouver un moyen de bifurquer vers quelque chose qui me passionne et qui sera vraiment pour moi une évidence. Même si j'ai du mal et si c'est plus dur que les études d'institutrice, je n'hésiterai pas.
- Tu as drôlement mûri, ces dernières années, Usa-chan. Je suis fière de toi. Et ta mère l'est tout autant. Et nous sommes également fiers de ton autre toi, qui nous protège depuis toutes ces années. »
Ô combien surprise de voir avec quelle facilité ils en parlent, elle ne sait plus où se mettre.
« Ne sois pas gênée, c'est pour cela qu'on t'a fait venir. Il y a quelque chose que l'on voulait te dire. Nous n'avons jamais osé par peur que ça change nos rapports ou la vision que tu avais de nous.
- Oh mon Dieu, vous allez divorcer ? »
Ses deux parents se regardent puis éclatent de rire.
« Mais non, voyons ! »
Ikuko marque une courte pause puis appelle Luna et Artemis qui arrivent rapidement. Elle tapote ses jambes et les deux chats viennent se poser sur ses genoux.
« Tu vas lui dire, alors ? demande Luna.
- Oui, il est plus que temps. »
Usagi ouvre des yeux comme des billes.
« Luna, ça va pas ?!
- Pas de panique, ça fait quelques mois déjà que je les ai surpris en grande conversation et que nous avons discuté de ce que je savais sur toi et tes parents.
- Mais c'est vous, mes parents ! s'écrie Usagi. »
Les larmes montent aux yeux de ses deux parents face à ces mots prononcés si spontanément.
« Ça me remplit le cœur de joie de t'entendre dire cela, mais il y a quelque chose que tu dois savoir. Quand tu es née, ta véritable mère, la reine Serenity nous ait apparu et nous a expliqué brièvement ton histoire. Elle nous a demandé de veiller sur toi car de grandes épreuves t'attendraient une fois adolescente. Elle nous a également clairement fait comprendre que tu étais notre fille, rien qu'à nous. Mais ça, elle n'avait pas besoin de le dire, n'est-ce pas ? »
Usagi ne répond pas et se lève brusquement, envoyant le plateau par terre en se précipitant sur ses parents pour les enlacer. Tous les trois laissent éclater des larmes qui n'ont rien à voir avec de la tristesse.
« Merci… se contente de lâcher Usagi, réellement soulagée de voir que même si tout a changé, rien n'a changé. »
oOo
2h30. Minako et Rei ont discuté une bonne partie de la nuit, arrosant leur conversation avec quelques-unes des bouteilles de la réserve personnelle du grand-père de Rei.
« Et c'est là qu'il a découvert que j'étais Sailor V… Enfin Sailor Venus parce qu'il a reconnu mes techniques de volley.
- Ouah, j'aimerais qu'un homme me connaisse aussi bien.
- Arrête ! Et Yuichiro alors ? Je suis à peu près sûre qu'il a toujours su que tu étais Sailor Mars. Il est à tes pieds depuis le premier jour !
- Tu crois ?
- Ça crève les yeux ! T'as pas vu comment il est devenu rouge quand tu lui as dit qu'il fallait qu'il s'en aille parce qu'on allait parler garçons ?
- Je pensais que c'était l'alcool.
- Mon œil ! »
Au tour de Rei de rougir.
« T'es mignonne quand tu rougis. »
Sans se l'expliquer, elle devient encore plus rouge. Minako se rapproche et caresse sa joue d'un revers de la main.
« C'est ce que tu aimerais que Yuichiro te fasse ? Qu'il te caresse la joue ? Qu'il rapproche son visage ? Sentir son souffle ? Puis sa main derrière ta nuque ? »
Elle conclut ses mots en posant ses lèvres sur celles de Rei. Le baiser est furtif mais Rei ne la repousse pas. Surprise ou troublée, le résultat n'en est pas moins le même. Minako détache ses lèvres de celle de Rei et vient poser sa tête contre son épaule.
« Zzzz… »
Minako s'endort presque aussitôt. Ne voulant pas la réveiller pour retarder au maximum une conversation potentiellement très embarrassante, elle se contente de s'allonger sur les tatamis de la salle où elles se trouvent et parvient à poser la tête de Minako dans son giron. Elles dorment ainsi. Enfin, en ce qui concerne Minako. Rei, elle, reste éveillée jusqu'au petit matin où elle finit par céder à l'épuisement. Quelques minutes après qu'elle se soit endormie, Yuichiro ouvre la porte de la salle et voit la scène. Sentant une jalousie incontrôlable s'emparer de lui, il claque la porte plus fort qu'il ne l'aurait voulu et s'éloigne rapidement.
Les deux jeunes femmes sont réveillées en sursaut.
« Oh ma tête ! entame Minako. J'espère que je n'ai pas trop fait n'importe quoi. La dernière fois que j'ai regardé l'heure, il était deux heures. Après, je ne me souviens plus de rien. Et toi ?
- Oh, euh… Pareil. On est tombées comme des mouches toutes les deux.
- Bon, deux aspirines, un grand verre d'eau et on s'y remet, hein ? annonce Minako en essayant de prendre un ton convaincu.
- Comme tu dis, acquiesce Rei, n'osant pas la regarder en face.
- Tout va bien ? s'inquiète son amie.
- Je… Oui oui, tout va bien… J'ai pas l'habitude de boire, c'est tout. »
Minako n'insiste pas et la laisse aller se préparer. De son côté, elle se rend dans sa chambre, prend une douche rapide, choisit soigneusement ses habits, prend sa pochette remplie de C.V et son sac à dos débordant de CD de démo et repart arpenter les maisons de disque.
oOo
En début d'après-midi, après avoir essuyé un nombre indécent de refus, de nombreuses maisons de disque allant jusqu'à refuser sa démo, elle rentre au temple Hikawa, découragée. Elle reste discrète pour ne croiser personne et part dans sa chambre. Là, elle reste allongée un moment à ne rien faire et à réfléchir à son avenir. Elle se demande bien évidemment si elle ne devrait pas reprendre ses études ou se chercher un vrai travail. À force de gamberger, elle s'assoupit quelques minutes et se rêve au lycée, à l'époque des Three Lights. À son réveil, elle n'a qu'une idée : réécouter leur CD, persuadée qu'il va lui redonner courage. Elle met la chambre déjà mal rangée à sac pour mettre la main sur le disque et le met dans le lecteur. Quelques secondes avant le refrain, le disque déraille et reste bloquée sur la même séquence.
« My love My love My love… »
Elle arrête le lecteur, excédée par le bruit répétitif.
« Passez aux CD, qu'y disaient… Tu aurais pu bloquer sur des paroles qui ont du sens pour moi, comme, je sais pas, « Chasin' after you » par exemple… Pff… »
My love ? Franchement… S'il y a bien un endroit aussi désertique que sa carrière, c'est sa vie sentimentale. Alors, si c'est un signe, il est bien mal choisi. Elle se laisse tomber en arrière sur son futon.
« Qu'est-ce que je vais faire ? se lamente-t-elle en s'adressant toujours à son lecteur CD, qui, à défaut de fonctionner correctement, sait écouter. Je ne peux pas vivre à son crochet comme ça, sans rien faire… »
Désespérée, elle ferme les yeux pour tenter de faire le vide dans son esprit quand elle entend le grand-père de Rei derrière la porte.
« Minako, c'est pour toi. C'est une maison de disques. »
Elle se redresse d'un coup, son cœur menaçant de sortir de sa poitrine. Elle se lève, ouvre la porte et regarde fixement le téléphone.
« Tu es occupée ? Tu veux que je leur dise de rappeler ?
- NON ! hurle-t-elle, bien malgré elle. »
Elle prend la téléphone d'une main tremblante puis retourne dans sa chambre. Elle attend quelques secondes qui lui semblent durer des heures et pendant lesquelles elle essaie de se calmer. Tout ce qu'elle a lu sur la maîtrise de soi et sur les manières de montrer son assurance lors des entretiens se bouscule dans sa tête. Il n'est plus de temps de réfléchir, il faut agir.
« Allo ? Aino Minako à l'appareil.
- Bonjour, Mlle Aino. Comment allez-vous ?
- Les propositions se bousculent, ces temps-ci, alors tout va plutôt bien.
- Ah oui ? Ce n'est pas pourtant pas ce que j'ai entendu.
- Trouve quelque chose à dire. Rebondis, ne te laisse pas bouffer !
- Oh, désolé, je n'ai pas voulu vous sembler agressif. Je comprends tout à fait la tactique que vous employez mais je sais aussi qu'elle ne fonctionne pas pour le moment.
- De qui tenez-vous ces informations ? »
Ces informations, il les tient d'une bonne dizaine d'autres de maison de disques qui n'ont pas manqué de remarquer ses passages en lumière des derniers évènements. Peut-être est-ce parce qu'elle fait la une des médias mais ils ont remarqué sa venue, ou parfois ses venues. En effet, cette demoiselle ne note pas les maisons de disque ou viviers de talents qu'elles démarchent et les abreuvent de ses CD de démo mal enregistrés. Leur opinion d'elle ? Un seul de ces CD et un seul de ces CV, c'est déjà trop. Pleine de bonne volonté, mais pas de talent. J'en passe et des biens meilleures.
Minako est effondrée.
« Ne pas pleurer, ne pas s'énerver, ne pas claquer la porte, ou dans le cas qui nous intéresse, le téléphone… Quoiqu'on ne peut pas claquer un téléphone… Je prends note des ces critiques constructives, monsieur…
- Saito, de Lolita Records. »
Elle marque un temps d'arrêt.
« Ce silence me laisse à penser que ce que j'ai entendu n'est pas très loin de la vérité. Pour votre gouverne, vous n'êtes jamais venu chez moi et c'est bien dommage car personnellement, je n'ai pas trouvé que votre voix ressemblait à celle d'un chat à qui on a marché sur la queue sur votre démo. Bien sûr, vous n'aviez pas un groupe de qualité derrière vous et vous avez fait les chœurs vous-même sur une piste séparée que vous avez mixée avec ensuite, mais ça reste plus que correct pour quelqu'un qui ne n'enregistre pas dans des conditions professionnelles. »
Minako esquisse bien malgré elle un sourire. Pourtant, après ce qu'on vient de lui dire, n'importe quelle autre personne serait dévastée ou se serait pendue avec ses lacets. Et ça, Yukito Saito le sait très bien car c'est sa marque de fabrique. Trouver celle qui ne sort pas du lot mais qui a ce petit quelque chose en plus ou cette histoire personnelle qui la mettra en première ligne dans les médias et les tabloïds et pourra la faire dépasser les vraies chanteuses par son aura plutôt que par son talent.
Le but est simple : les briser moralement au téléphone quand elles sont à bout, puis glisser quelques compliments anodins qui les feront se sentir spéciales, comparé aux horreurs qu'elles viennent d'entendre, horreurs qui se sortent pas de sa bouche mais qui ne sont que des échos (retravaillés) des autres maisons de disque car lui, il voit un potentiel énorme en elle.
« Si je vous appelle, c'est parce que vous êtes celle dont le monde de la musique a besoin. Moi, je ne vais pas vous ignorer parce que vous êtes Sailor Venus ou la princesse de je ne sais quel royaume oublié dont personne n'a rien à faire. Vous avez ce que je recherche et il me le faut. »
Et là, c'est dans la poche.
« Je vous propose donc de passer demain soir, en fin d'après-midi, pour discuter d'un contrat d'exclusivité pour un single, avec possibilité de transformer cela en album si le succès est au rendez-vous. »
Minako se retient de hurler de joie.
« Nous parlerons également d'une série de clichés pour la magazine « » qui débouchera sur une publication dans un recueil relié consacré aux nouvelles idoles.
- ?
- Oui, c'est un magazine d'otaku dans lequel nous publions des clichés de nos artistes.
- Quel genre de clichés?
- Oh, ne vous faites pas plus bête que vous ne l'êtes, Mlle Aino. Vous savez comme moi que la promotion des idoles passe à coup sûr par la publication de photos « suggestives ». »
Autre technique : lui parler d'égal à égal. Elle est intelligente mais il faut le lui rappeler. Cela aide à faire passer certaines pilules.
« Oui, bien sûr, j'en suis consciente, mais je ne suis pas sûre de pouvoir faire ce genre de photos et continuer à être crédible comme Sailor Venus.
- Et c'est tout à votre honneur. Cela dit, passé un certain temps, il faut savoir ce que l'on veut : vivre bercé par ses illusions de grandeur ou ouvrir les yeux et voir le monde tel qu'il est vraiment. Si vous ne faites aucune concession, je me dois de vous dire que votre carrière d'idole mourra dans l'œuf. Je n'ai pas d'intérêt financier de ce côté-là. Ce magazine coûte bien souvent plus cher à produire qu'il ne rapporte. Cela dit, la population otaku est une grande consommatrice d'idoles et sans ces magazines qui satisfont de basses pulsions, ils ne regardent même pas les produits que nous lançons. C'est triste de parler de produits, je vous le concède, mais c'est bien le mot pour cette frange de la population. Ces otakus seront un socle de fans non négligeables et ce n'est qu'ensuite que viendront se greffer de vrais fans de votre musique. »
Un mensonge par-ci, par-là n'a jamais tué personne.
« Ce sont là beaucoup de choses à digérer. Je vous laisse réfléchir ? Mais pas trop longtemps. Vous n'aurez qu'à vous présenter dans nos locaux, à Akihabara, demain à 17 heures, si vous êtes d'accord. Vous n'aurez qu'à mentionner mon nom et le vôtre, je m'assurerai qu'on ne vous refoule pas à l'entrée.
- Très bien, M. Saito. Je vais réfléchir à votre proposition.
- En espérant que vous ferez le bon choix. Bonne soirée.
- Pareillement, a-t-elle le temps de répondre avant qu'il ne raccroche. »
Dernière règle : ne pas laisser la place aux questions. Car si elles doutent au téléphone, elles ne viendront jamais, aussi alléchante que puise être la proposition.
oOo
Sa première idée : appeler Ami, donc l'esprit cartésien saura la conseiller. Elle prend son communicateur, hésitant à utiliser le cristal de Setsuna, après avoir découvert ce qu'elle a fait à Rei.
Pas de réponse. Elle le laisse « sonner » assez longtemps, sachant que son amie va lui remonter les bretelles s'il a sonné durant ses cours. Pas de réponse. Elle doit être occupée. Après tout, elle avait déjà un emploi du temps de ministre avant que les médias ne s'en mêlent, il n'y a pas de raison que cela aille en s'arrangeant.
Mako doit avoir un batteur électrique dans une main et un plateau dans l'autre car elle ne répond pas non plus.
Usagi doit l'avoir oublié sur le bord du lavabo, ce matin, comme d'habitude. Et si elle appelle Rei qui se trouve à vingt mètres d'elle, elle va goûter au feu sacré de très près. Elle préfère se rapprocher d'un des murs et coller son visage contre la paroi.
Rei donne une de ses premières séances de divination. Cela fait partie du plan à court terme pour renflouer les caisses du temple et se libérer de l'emprise financière du député Hino. Elle déteste monnayer ses dons, mais faute de mieux, pour le moment, elle profite du bouche à oreille qui va plus vite que la lumière grâce aux médias.
Minako écoute ce que dit la personne. Prenant une voix très masculine d'outre-tombe :
« La bague est tombée derrière la commode…
- Qu'est-ce que… C'est une blague ?
- Non, c'est un vagabond qu'on a recueilli il y a quelque temps. Mais on va le piquer ce soir. La séance est à mes frais pour le dérangement. Que ça ne vous empêche pas de revenir. On s'occupera de ce « désagrément » pour que vous ne soyez plus dérangée. Après tout, on a une cave, il faut bien qu'elle serve. »
Cette cliente ne reviendra pas mais la personne à blâmer n'est pas celle qu'on pourrait soupçonner. Minako sort de sa chambre. Rei en fait autant.
« Qu'est-ce qu'y a ? J'ai oublié mes saucisses dans le barbecue hier soir ?
- Cours.
- Y'a du feu autour de toi comme dans les mangas…
- Cours. Vite.
- J'ai rendez-vous pour parler d'un single demain.
- Rappelle-les. Tu ne pourras pas y aller les pieds devants…
- Les pieds devants ? Oh… »
Elle commence à reculer.
« Je dois aussi faire des photos pour , ajoute-t-elle. »
Rei se raidit en entendant ce nom.
« ? Ce magazine affligeant qui traîne toujours dans la chambre de Yuichiro ? Mais tu es inconsciente, ma parole ! »
À la mention de son nom, Yuichiro sort la tête de sa chambre.
« Oh toi, retourne lire tes magazines de pervers ! »
Il ne lui en faut pas plus pour disparaître.
« Et toi ? Tu as déjà ouvert un de ces magazines ? Yuichiro, donne-moi en un. Un propre ou tu pourras te chercher un nouveau logement. »
Une main sort de la chambre, tenant un exemplaire du torchon incriminé. Rei l'ouvre et colle une image bien suggestive sous le nez de Minako.
« C'est cette image que tu veux qu'on associe à ta carrière d'idole ?
- Le producteur m'a dit que c'était pour attirer des otakus qui me permettraient de vendre des singles, d'assurer un album et créer ensuite une véritable base de fans.
- Mais tu ne vois pas qu'il aurait dit n'importe quoi pour voir l'image de Sailor Venus rattachée à sa maison de disques ?! »
Rei regrette instantanément ce qu'elle vient de dire.
« Sailor Venus ? Alors tu crois que c'est tout ce qu'il a vu en moi ? Une figure publique ? Je ne peux être dans la chanson que parce que je sauve le monde et pas parce que j'ai du talent ?
- Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire !
- Et pourtant, c'est ce que tu as dit.
- Je ne veux pas que tu dégrades ton image avec ces photos. Si ça ne marche pas avez eux, tu ne retrouveras jamais de travail dans ce domaine…
- Oui, parce que je n'ai pas de talent.
- Non ! Ne fais pas semblant de ne pas comprendre ce que je veux dire !
- Ah, parce qu'en plus de ne pas avoir de talent, je suis stupide, hein ? Eh, bien, regarde. Mlle Stupide fait son sac et elle part d'ici. »
Elle jette un maximum d'affaires dans son sac de voyage et se dirige vers la porte.
« Je passerai prendre le reste demain, si ce n'est pas trop tard. Sinon, fais-en ce que tu veux, peu importe. »
Rei n'a pas le temps de la retenir qu'elle est déjà loin. De rage, elle jette le magazine dans le feu sacré et part dans sa chambre.
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Si Ami ne répond pas, c'est que ses amies « retrouvées » l'ont invitée à boire un verre. Elles semblent à présent passionnées par sa vie. Sûrement un peu trop. Elle commence donc à se montrer discrètement méfiante, pensant qu'elles finiront peut-être par vouloir profiter de son statut de célébrité… Ou que quelque chose de plus louche se trame, comme c'est trop souvent le cas, comme à l'époque du collège ou un montre de Green Esmeraude avait tourné tous ces camarades contre elles… Ils pourraient s'agir ici de l'effet inverse, se prend-elle à penser, et ce pour lui faire baisser sa garde.
Il en faudra plus pour piéger Ami Mizuno.
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En ce qui concerne Usagi, elle aime tout simplement bien la nouvelle sonnerie de leur communicateur qu'a installée Artemis alors elle le laisse souvent sonner trop longtemps pour l'écouter… Les explications les plus simples sont souvent les meilleurs.
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Mako s'est écroulée dans les cuisines peu après la fermeture du salon de thé. Motoki l'a retrouvé alors qu'elle revenait péniblement à elle. Elle a dit que tout allait bien, qu'elle avait juste un peu trop tiré sur la corde.
Les urgences auxquelles son fiancé a tenu à l'emmener l'ont confirmé.
« Mlle Kino a fait une chute de tension importante. D'après son dossier médical, elle a une tension qui voisine les 13,5, ce qui, sans être alarmant, et un peu plus élevé que la moyenne et celle-ci est tombée à 9. Ce n'est probablement pas symptomatique mais il faudra la faire surveiller dans une pharmacie pendant quelques jours, même si vous vous sentez mieux. Une bonne nuit de sommeil vous fera sûrement le plus grand bien. »
Il continue sur un discours qui énerve grandement Mako. Il part en effet sur l'influence de sa santé sur ses potentiels combats et les conséquences drastiques que cela pourrait avoir. Partagée entre l'envie de lui dire de s'occuper de ses affaires ou de taper du poing dans le mur, elle se contente d'acquiescer et de lui adresser un sourire plein de sous-entendus.
Après quoi, elle repart avec Motoki, lui promet à lui de se reposer et lui fait jurer de ne pas en parler pour le moment aux autres. Et si elle croise les doigts dans le dos quand elle fait cette promesse, cela ne signifie probablement pas grand-chose car Mako est forte. Mais jusqu'à quel point pourra-t-elle lutter contre son propre corps ?
oOo
Rei hésite longuement puis se rend dans sa chambre pour se changer. Elle prend ensuite son sac à main et part d'un pas décidé.
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Minako sonne chez ses parents. Elle n'a pas remis les pieds ici, ni tenté de prendre contact avec eux depuis qu'elle a claqué la porte, six mois plus tôt.
Quand elle leur a annoncé qu'elle abandonnait ses études pour se consacrer à sa carrière d'idole, ils lui ont clairement posé un ultimatum. Soit elle continuait à étudier, soit ils lui coupaient les vivres. Elle a opté pour la seconde option. Après une semaine dont elle préfère ne pas se souvenir, elle a ravalé sa fierté et a demandé à Rei si elle pouvait l'héberger gratuitement, la nourrir et la blanchir.
Si faire cette demande lui a coûté, ce n'est rien comparé à ce qu'elle s'apprête à faire. Quand la porte s'ouvre, elle est accueillie par le sourire de convenance propre à sa mère et auquel ont droit tous les invités. Ceci dit, quand elle voit sa fille, le sourire devient vite ce regard lourd de sous-entendus qui a poursuivi Minako toute sa vie.
« Je vois que tu n'as pas changé de style vestimentaire.
- Bonjour, Maman. Oui, je vais bien. Ça me fait plaisir de te voir, moi aussi.
- Oh, ne joue les accusatrices, tu veux. C'est toi qui a claqué la porte et qui n'a pas donné signe pendant six mois. Si ce n'était le journal télévisé qui nous rebat les oreilles de ton identité secrète, je ne saurais même pas que tu encore vivante.
- La faute à qui ? Sûrement pas à Papa qui se laisse mener par le bout du nez par sa femme et qui se tue à la tâche pour assurer ton train de vie de princesse.
- Mais c'est qu'on a pris du bagou. Entre donc, je vais aller chercher ton père dans son bureau et nous continuerons cette merveilleuse conversation ensuite. »
Elle l'invite à rentrer d'un mouvement de bras et la gratifie d'un « Après vous, mademoiselle. » dont le sarcasme est palpable.
Elle retire ses chaussures et se rend dans le salon qui n'a pas changé d'un iota. Aucune photo d'elle. Beaucoup de photos de sa mère au bras de célébrités lors de galas et de banquets. Minako se refuse à imaginer que certaines de ces stars aient pu prendre plus qu'une simple photo avec sa mère mais les images s'imposent malgré elle.
Heureusement, son père arrive rapidement. Ses yeux brillent à la vue de sa fille et il s'approche d'elle pour l'étreindre. Sa femme lui barre le passage en tendant son bras et en lui indiquant par la même occasion le fauteuil de l'autre côté de la pièce. Il s'exécute sans broncher.
En bon adjudant, elle s'assoit en dernier après avoir scruté des yeux le terrain.
« Bon, je suppose que tu as besoin d'argent.
- Chérie, enfin !
- Oh, s'il te plaît ! À force de la couver et de lui bourrer le crâne avec ton travail, elle a fini par croire qu'elle pourrait y arriver comme ça, en claquant des doigts. Et regarde où elle en est. Elle revient la queue entre les jambes, six mois plus tard, et pourquoi, à ton avis ?
- Elle peut s'exprimer toute seule et elle revient pour accepter de reprendre ses études si vous l'aidez à participer à des castings. Je ne comprends pas qu'avec un père agent de stars, vous m'ayez toujours refusé une chance d'essayer de percer. Et par « on », j'entends toi, Maman. Je te laisse le choix des études, des cours, de l'université. Fais de moi ce que tu veux mais laisse Papa m'aider à entrer dans le monde du show-business après mes études, si j'en ai toujours envie et si tu n'as pas tué ce qu'il me restait de volonté et de talent. »
Sa mère lui lance un regard dédaigneux.
« Talent ? s'interroge sa mère, reprenant les mots de sa fille. Mais ma pauvre, la seule chance que tu as de passer dans le journal, c'est après avoir lancé tes petites lumières ridicules sur un monstre. Ton seul talent, c'est d'être Sailor Venus. »
Sa dispute avec Rei lui revient en tête et elle réalise soudain à quel point elle a été stupide de s'emporter quand tout ce que voulait Rei, c'était lui éviter ce genre de scène. Détruisant alors toute chance de jamais renouer les liens avec sa famille, elle se lève et s'approche de sa mère :
« C'est au moins une chance de plus que toi de passer dans les journaux. Quand je ne vois toutes ces photos, je ne me dis qu'une chose : je préfère de loin ma vie à ta carrière d'actrice ratée qui a toujours été morte de peur à l'idée que sa fille lui fasse de l'ombre. »
La gifle part aussitôt et résonne dans le salon.
« Voilà qui est clair. Au revoir, Maman. Papa, si un jour tu décides d'ouvrir les yeux, tu auras toujours une place dans ma vie. Même si je t'en veux de n'avoir rien fait pour empêcher tout ça. »
Elle leur tourne le dos et laisse les larmes couler silencieusement. Elle regagne le hall d'entrée, met ses chaussures et part. Elle franchit le portail du jardin et voit Rei qui porte à l'épaule son sac de voyage.
« Il était derrière le buisson, comme lorsque tu es venue au temple nous demander de t'installer chez nous. Je suis allée le chercher et j'ai attendu que tu ressortes. Je serai bien venue de tirer par la peau du cou à l'intérieur mais je pense que tu avais besoin de les confronter.
- Pourquoi est-ce que tu es la seule… qui me comprenne comme ça ? articule-t-elle avec difficulté entre deux sanglots. »
Elle se jette dans ses bras. Elle se laisse aller un long moment puis lève les yeux vers son amie :
« Est-ce que ça veut dire que je peux revenir au temple ?
- Est-ce que ça veut dire que tu vas laisser tomber cette proposition de travail délirante ? demande Rei.
- Oui, bien sûr.
- Alors, bienvenue chez toi. Et une dernière chose, Mina. Tu ne te souviens toujours pas de la fin de notre soirée d'hier ?
- Non, toi non plus ?
- Oh, moi, je t'ai menti. Je bois du saké avec mon grand-père depuis mes quatorze ans, alors, je me souviens très bien de ce qui s'est passé.
- Et qu'est-ce qu'il… »
Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase que Rei recrée la scène, à la différence près qu'elle est cette fois-ci à l'origine du baiser. Comme pour une amnésique, cet élément déclencheur ravive sa mémoire et tout lui revient brusquement.
« Hier soir, c'est toi qui m'as embrassé. Je ne sais pas où j'en suis mais ça ne m'a pas laissé indifférente. Je ne suis pas en train de te faire une déclaration ou quoi que ce soit, mais j'aimerais qu'on y réfléchisse et qu'on en reparle quand les choses seront un peu plus calmes. Et surtout…
- Quoi quoiqu'il se passe, que ça ne change rien être nous, continue Minako, qui commence à bien connaître son amie. »
Rei sourit et lui passe une main sur l'épaule. Minako en fait autant et toutes deux partent pour le temple, bras dessus, bras dessous, sans se douter de ce qui se passe au même moment, quelques mètre plus loin.
oOo
En rentrant chez elle, Usagi s'étonne de nouveau de ne voir absolument aucun journaliste. Comme l'a fait remarquer Mamoru, c'est on ne peut plus étrange.
Quand elle sonne car elle a oublié ses clés, elle ressent une étrange sensation.
« Y a quelqu'un ? lance-t-elle à la ronde. »
Pas de réponse mais un bruit étrange retentit et une voiture part à grande vitesse. Elle prend sa broche en main et rappuie frénétiquement sur le bouton de l'interphone.
« Hé, c'est bon, je suis là, la houspille son fiancé. J'étais sous la douche.
- Ouvre, y'a quelqu'un dehors.
- Oui, c'est le principe de la rue.
- Ouvre, vite ! »
Sans quitter la rue des yeux, elle pousse la porte du dos quand le petit grésillement lui indique que la porte est démagnétisée. Elle ne la laisse pas se refermer naturellement et la pousse de toutes ses forces. Inquiet, Mamoru est descendu en robe de chambre et en pantoufles.
« Qu'est-ce qui se passe ?
- Je ne sais pas. J'avais l'impression qu'on m'observait alors j'ai demandé s'il y avait quelqu'un. Et là, j'ai entendu un drôle de bruit et une voiture est partie rapidement.
- J'appelle la police.
- D'accord. Mais cette sensation que j'ai ressentie, je l'avais déjà ressenti auparavant. Je ne sais pas ce qu'elle représente mais je crois que ce n'était pas naturel.
- Ah. Ce n'était qu'une question de temps…
- Comme tu dis. Si j'ai pris ma broche en main plutôt que mon spray anti-agression, c'est qu'il y a une raison. »
Il acquiesce et l'invite à monter. La menace se montrera bien assez tôt et si elle a besoin d'une voiture pour fuir, elle ne doit pas être bien dangereuse. Enfin, espérons.
oOo
La menace en question s'est faite remarquer malgré les précautions prises pour passer inaperçue en masquant son énergie magique mais c'était sans compter sur Sailor Moon. Sentant qu'il allait être découvert, il a utilisé ses pouvoirs pour créer une lame d'énergie, même si celle-ci lui rappelle de très douloureux souvenirs, forçant ainsi l'entrée d'une voiture d'une manière peu discrète et partant avec celle-ci en utilisant un autre de ses pouvoirs, le tout afin de se faire passer pour un journaliste. Il se doute qu'aucun des deux ne sera dupe mais sa fuite brouillera les pistes pour le moment.
Ainsi découvert, il comprend que sa présence ici depuis quelques jours n'est pas une bonne idée, tout du moins pas sous cette forme. Doit-il se préparer à révéler son identité ? Il doit y réfléchir sérieusement.
Il revient sur les lieux quelques heures plus tard. Il renforce le dôme psychique qu'il a créé quelques jours plus tôt et qui empêche les médias, les fans et autres stalkers à la santé mentale douteuse de s'approcher. C'est la moindre des choses qu'il puisse faire avant de révéler son identité et pour commencer à racheter ses crimes passés.
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« Bon, ça aura pris quelques heures de plus mais me voilà libre à nouveau. Tout ça grâce à cette chère Galaxia. Tu as cru pouvoir changer le futur en jouant avec tes petites star seeds ? Grand mal t'en a pris. Tu n'as fait que le précipiter. Je me chargerai personnellement de te remercier avant de te renvoyer au néant. Oh, mais que je suis bête… C'est moi le Néant ! »
Dans le fond de l'immense salle d'où sort cette voix semblant venir de partout et de nulle part à la fois, quelques personnes esquissent un petit rire et quelques paires d'yeux menaçants semblent s'illuminer.
« Toi, là-bas ! »
La voix ne le montre pas du doigt mais il sait que c'est à lui qu'on s'adresse. Il ne daigne cependant pas répondre. Un bruit sourd retentit alors tandis qu'il tombe à terre en proie à de terribles convulsions.
« Quand JE donne un ordre, on l'exécute. Ton nom ?
- Al… Aleister Crowley…
- Enchanté. Je vais te laisser agoniser le temps que je te dise ce que tu vas faire pour moi. Si tu meurs, tant pis. Je trouverai bien un autre vampire. Tu vas donc aller attaquer les guerrières et mordre Sailor Moon. Vu sa puissance, elle ne se transformera pas en vampire mais elle sera contaminée et sera prête pour la suite de mon plan. Approche maintenant. »
Il s'approche et une brume noire l'entoure. Il en ressort en pleine possession de moyens et étrangement plus docile.
« Tu vas aller attaquer les guerrières. Je t'ai confié une partie de mon énergie afin de pouvoir infecter Sailor Moon à travers toi. Tu ne révèleras rien de moi ou de mon plan où tu te consumeras sur l'instant. J'ai introduit une pilule d'eau bénite dans ton corps. Si tu me trahis, elle explosera et tu mourras. Ai-je été clair ?
- Oui, Maître.
- Allez, disparais. »
Il s'enroule dans sa cape et disparaît.
« Cela vaut pour vous aussi. Je vous ai réunis pour me servir. À la moindre incartade, je vous retire vos pouvoirs et vous envoie servir de chair à canon devant les guerrières. Hors de question que je me salisse les mains pour vous achever. »
Il appelle ensuite deux autres personnes qui s'agenouillent devant lui.
« Vous, vous allez enfin me servir à quelque chose. Depuis le Silver Millenium que je vous garde sous le coude, il était temps. Toi, tu vas rejoindre tes compagnons et les surveiller. Nous mettrons le plan de longue haleine en marche très prochainement. Quant à toi, tu vas continuer à garder les gens que je t'ai désigné sous contrôle un maximum de temps. La liste ne va pas tarder à grandir alors, tiens-toi prêt. Tu ne te présenteras pas de tout de suite aux guerrières. Que ce soit l'un ou l'autre, sachez qu'au moindre faux-pas, je vous prendrai ceux qui vous sont chers.
- Oui, Maître, acquiescent-ils d'une seule voix.
- Bien, vous pouvez vous retirer. »
L'homme à lunettes part de façon naturelle et l'autre disparaît d'un tourbillon de pétales de roses roses.
À suivre…
La famille de Minako est très peu décrite dans le manga. Manifestement, elle est décrite dans le manga Sailor V (je l'ai lu il y a longtemps et je m'en souviens plus… Merci WikiMoon !) : la mère est une biatch qui trouve que son mari ne gagne pas assez d'argent et qui passe son temps à rabrouer sa fille. Bref, une famille de rêve. J'ai donc exploiter ça et fait du père un agent de stars pour corser un peu plus leurs relations.
On sait que le père de Rei est un politicien. J'ai décidé d'en faire un député au cas où je décide de le faire intervenir plus tard. Qu'on se le dise, je ne décide pas de mon intrigue en fonction de l'alignement des planètes, mais comme pour les parents de Minako, ce serait intéressant de le faire apparaître, sans l'intégrer au premier plan de l'intrigue.
Les combats arrivent, rassurez-vous. J'avais besoin de lancer l'arc Minako car il va articuler toute la suite.
Et, oui, il s'agit bien de pétales de roses de couleur rose. La couleur des pétales est importante et je ne savais pas comment le dire autrement sans faire une phrase lourde…
Miguel
