Sailor Moon Altered Destiny

Chapitre 27 – Winter is Coming

Usagi ouvre un œil quand elle sent que Mamoru lui tape sur l'épaule.

« On avait dit qu'on faisait la grasse matinée.

- Princesse, nous avons du travail.

- Zoizite ? »

Elle empoigne sa broche et le pointe devant son visage, les yeux a moitié fermés.

« Silver Crystal Shards ! »

Zoizite évite les fragments de mouvements agiles du corps qui n'ont rien à envier à Neo. Jadeite, posté dans l'embrasure de la porte, claque des doigts et remet le mur derrière le Shitennou en état. Il est vrai qu'il était très doué pour nettoyer la scène du crime après ses nombreuses mises en scène pour le Dark Kingdom. Cela fait probablement partie de ses pouvoirs. Elle se demande d'ailleurs s'ils agissent comme ceux que de Setsuna.

« Si vous vous posez la question, il s'agit bien d'une vraie réparation, Serenity, pas d'un retour temporaire dans le temps. »

Il a aussi toujours été un fin stratège. C'est assez terrifiant, on croirait qu'il lit dans les pensées.

« Je ne le lis dans vos pensées. Je suis le Koumokuten, celui qui voit tout. Zoizite est le Tamonten, celui qui entend tout.

- Et qui ne tiens jamais sa langue, ajoute Kunzite qui monte la garde devant la porte de la salle de bain, les bras croisés sur le torse, afin de faire face au lit. Je suis le Jikokuten, le gardien. Nephrite, qui est parti glaner des informations auprès de nos alliés au gouvernement est le Zouchoten, celui qui grandit et élargit, idéalement son savoir et sa sagesse. »

Mamoru les regarde.

« Ça ne colle pas à la mythologie bouddhiste. Tu devrais être le Tamonten, Kunzite, le roi du nord.

- Oui, ta grand-mère n'aimait pas trop lire. Elle utilisait surtout ses poings. Je crois qu'elle a fait sa sauce avec la mythologie et les roches et privilégié nos caractères et l'avenir qu'elle voyait pour nous pour nous attribuer ses titres. Après, comme avec les Vestales, la tradition s'est perdue avec la chute du Silver Millenium et du royaume terrestre telle que je l'ai connu. Pour autant que je sache, personne n'est en charge d'entières régions du monde, excepté durant quelques périodes comme l'Empire romain. Pourtant, j'étais en charge du Moyen-Orient, Jadeite de l'Extrême-Orient, Nephrite de l'Amérique du Nord et Zoizite de l'Europe.

- Ce ne sont donc ni Christophe Collomb ni les Vikings qui ont découvert l'Amérique ?

- Eh non, confirme Kunzite. Donc, cet ordre des choses était peut-être la réalité puis elle a été déformée. Le monde est retourné à un état assez primitif après la chute de nos deux royaumes. Une bonne partie de la population a été décimé par la guerre, la guerre civile et les maladies. Beaucoup de choses ont donc dû être redécouvertes et il est possible que l'ADN sélénite et Terrien soit resté dormant. Il contenait même peut-être des informations qui ont pu être reprises et transformées.

- Tu piques ma curiosité, Kunzite. Cela soulève plein de questions sur des pseudo descendants de nos deux royaumes, ce qui expliquerait peut-être toutes les facultés latentes dont font preuve certaines personnes, que ce soient les empathes, les médiums ou simplement les impressions de déjà-vu ou les rêves qui nous semblent prémonitoires. La science les a expliquées mais j'ai toujours eu du mal à y croire. »

Usagi a beau les craindre et les détester au plus haut point tout en sachant qu'ils n'y étaient pour rien, elle peut voir le lien qui s'est créé instantanément entre Mamoru et ses gardiens. Tout comme elle et ses justicières en uniforme…

« Et vous disposez d'artéfacts, comme les Shitennou de la mythologie ? continue Mamoru.

- Pas au sens propre. Ils sont tatoués sur notre avant-bras, à la jonction entre l'avant-bras et la paume de la main. Ce sont eux qui nous donnent nos pouvoirs. »

Il soulève la manche de son manteau et de sa chemise pour révéler un tatouage d'épée. Zoizite montre une ombrelle Usagi est sûre que le manche cache une lame pour la planter dans le dos de son ennemi ou de son prince. Enfin, Jadeite révèle un pinceau et une brosse.

« Nephrite a quant à lui un tatouage de lance. »

Mamoru apprécie d'apprendre à connaître ses gardiens, ne connaissant rien d'autre d'eux que ce qu'il a pu voir sur la Lune récemment et leur passé shakespearien. Usagi, quant à elle, ne supporte pas cette invasion de sa vie privée. Et pourtant, elle essaie, ne serait-ce que par respect pour Mamoru, n'oubliant pas que ses amies sont tout aussi envahissantes. Mais bon, elle a du ressentiment et, contrairement à ce que recommanderait Kunio, l'expert du travail sur soi, elle s'autorise à le justifier et refuse de faire son propre inventaire moral, préférant faire celui des quatre gardiens.

La vie était tout de même plus simple quand il y avait des montres et des généraux à faire tomber. Le bien, le mal, et certains maux qui décidaient de changer de camp. D'autres maux, qui, à présent en gestation dans leurs sphères, n'avaient jamais été maléfiques avant d'être corrompues. Alors, si elle a pu faire confiance aux Amazones, pourquoi pas aux Shitennou ? La peur. C'est très simple. Usagi a peur. Rien n'est plus tout blanc ou tout noir et plus rien ne le sera. Plus jamais.

La tête prête à éclater de toutes ces pensées contradictoires, elle se bouche les oreilles en mettant un coussin sur ses oreilles et tape des pieds sur le lit comme une enfant. Puis il lui vient une idée brillante.

« Sailor Teleport ! »

Elle les envoie tous loin de chez elle.

« Usagi ! Je comprends qu'ils sont envahissants mais tu ne peux pas les envoyer je ne sais où comme ça ! »

Usagi grommelle.

« Oh ça va, c'est joli, Madrid, à cette époque de l'année… grommelle-t-elle.

- Madrid ? Vraiment ?

- Bon ok, j'ai pensé : bateau de pêche avant de les téléporter. »

Elle entreprend de les téléporter dans l'autre sens, oubliant qu'ils ont tous la faculté de le faire. Ils sonnent à la porte quelques secondes plus tard. Jadeite tient un énorme poisson dans les bras.

« Quoi ? Il faut bien manger. »

Kunzite fait la révérence.

« Nous sommes désolés. Nous allons retourner chez nous. Nous ne nous présenterons plus sans prévenir.

- Appelez avant de venir ! les sermonne Usagi. »

Puis, tout bas, elle ajoute :

« Que je puisse disparaître. »

Ils acquiescent puis entrent dans l'appartement juste à côté du leur.

« Ah oui, j'avais oublié de te dire qu'ils ont un mécène au gouvernement. Tadamori Oshima, le ministre de l'Éducation et de la Culture, est un Sélénite.

- S'ils ont fait une porte communicante avec le salon, je mets le feu à l'appartement. »

La cohabitation va être dure. Elle part sonner chez eux.

« Je veux vous attaquer, comme Zoizite l'a proposé.

- Très bien, vas-y. Si l'un de nous était corrompu, les autres souhaiteraient qu'il soit détruit ou purifié pour ne pas entraver notre plan, accepte Kunzite. »

Si seulement il savait que son grand amour était le traître… Le sacrifierait-il pour le bien commun ? Il secoue la tête. Mieux vaut ne pas trop y penser.

Sailor Moon se transforme.

« Phases of the Moon, Make Up ! »

Puis, mettant les mains de chaque côté de sa broche, elle se transforme à nouveau.

« Moon Supreme Crisis, Make Up ! »

Et enfin, elle lance sa nouvelle attaque.

« Moon Princess Georgeous Spiral Rainbow Power Kiss ! »

Alors que l'énorme colonne d'énergie rose et or se forme autour du monstre, les quatre Shitennou restent impassibles. Sailor Moon soupire de soulagement. Zoizite en fait autant mais intérieurement. Le Néant leur a bien dit, à lui et à Umino, qu'il ne les avait corrompu exactement pour cette raison mais vu comme il se lasse vite de ses jouets, il n'était pas sûr de rester en vie. La Senshi n'est pas complètement convaincue et décide de lancer son attaque à nouveau plusieurs fois, au cas où ils seraient résistants et qu'elle doive les avoir à l'usure. À chaque fois qu'elle attaque à nouveau, Zoizite prend un peu plus confiance en lui, se sentant comme invincible. Sailor Moon ne peut pas le tuer. Tout du moins, pas avec ses pouvoirs. Elle pourrait néanmoins le téléporter dans un pilier en béton ou dans un volcan en éruption…

S'il suit le plan du Néant à la lettre et ne fait pas de vagues, il se pourrait que Kunzite et lui y survivent. Kunzite ne voudra plus jamais entendre parler de lui mais au moins il sera vivant.

Mais quel est le plan du Néant ? Que se passera-t-il une fois que le rituel de la nouvelle Lune aura eu lieu et que le Silver Crystal aura été corrompu ? Que peut-on attendre d'une entité qui tire les ficelles dans l'ombre depuis plus de dix mille ans et dont le nom fait référence à l'ensemble vide, au rien, au vide ? L'idée le fait frissonner bien plus que de mourir de la main ou du sceptre de Sailor Moon mais il doit tout faire pour que Kunzite reste en vie, même si cela signifie la fin de son couple.

À bout de souffle, elle tombe à genoux mais constate qu'elle ne perd pas sa transformation comme avec le Moon Chalice.

Nephrite, qui vient de rentrer, l'aide à se relever.

« Peut-on maintenant avoir ta confiance conditionnelle malgré tes doutes et passer à l'action ? »

Elle bougonne quelque chose et lui lance son attaque en plein visage. Rien ne se passe. Elle se résigne et tend la main vers Nephrite qui la sert.

« Ok. Vous êtes à l'essai. Mais à la moindre incartade…

- À la moindre incartade, les trois autres Shitennou ont pour ordre d'abattre le traître. »

Cette pensée est réconfortante. Au moins, comme ça, le problème Zoizite finira par se régler de lui-même. À coups de parapluie-épée s'il le faut. Enfin, sauf s'il y a une majorité de traîtres.

oOo

« Maman, tu veux venir visiter l'appartement que j'ai trouvé pour Papa et moi ?

- Moi ? Après avoir coupé les ponts avec moi, tu veux que je visite un appartement avec toi ?

- Après tout, tu payes plus de la moitié du loyer, il me semble normal que tu voies le logement.

- Ton camarade a vendu la mèche.

- Non, tu viens de le faire à l'instant. Disons que mes pouvoirs de déduction ne sont affinés ces derniers mois. L'instinct de survie qui prend le dessus. Un tel appartement dans ce quartier, il ne fallait pas être un génie. J'accepte le marché. À une condition.

- Laquelle ?

- Tu viens manger avec nous tous les vendredi soir. Ou une fois par semaine quand tu es au bloc ce soir-là. Tu prends part à ma vie. Tu trouves trois heures par semaines à passer avec moi. Et tu laisses ta blouse dans l'entrée. Et tes gants de boxe. »

Saeko réfléchit quelques instants.

- Deux heures et j'amène le dessert ?

- Trois heures et tu arrêtes d'argumenter. Je suis ta fille, pas un patient qui refuse de manger. »

Elle accepte et, chose extrêmement rare ne s'étant pas produit depuis sa deuxième grossesse, elle s'excuse. Et sourit.

« À vendredi.

- À vendredi, Ami. »

Elle ajoute un timide « Merci » mais sa fille a déjà raccroché.

oOo

« C'est plus agréable qu'une vision du Silence qui se réalise, dis donc, laisse échapper Rei dont la vision de sa première fois vient de finir de se réaliser après un long moment d'extase maladroit.

- Pardon ? s'étonne Minako, interdite. »

Rei panique. Brouiller les pistes. Il faut brouiller les pistes.

« Je disais juste que c'est bien qu'il nous arrive de belles choses. On l'a mérité.

- Oui, c'est vrai, acquiesce sa compagne en l'embrassant dans le bas-ventre et en remontant jusqu'à sa poitrine. Quand elle arrive à ses lèvres, elle met brusquement sa main sur la bouche de Rei, associant les pièces manquantes du puzzle.

« Ne me dis pas que… »

Rei tourne la tête, un peu honteuse.

« Je suis désolée, c'est la première vision que j'ai eue quand j'ai fini mon épreuve du feu. »

Elle lui raconte la rencontre avec le fantôme de sa mère puis l'épisode de la mangeoire et de sa première vision post-Omen.

« Et tu voulais me cacher que ta première vision avait été sur notre couple ? Sur notre première fois ? Tu te rends compte à quel point ça prouve que nous sommes liées. C'est tellement beau et romantique. Même si Ami dirait qu'historiquement, le romantisme, c'est pas ça. Je… Je… »

Une larme d'une telle sincérité qu'on croirait qu'elle va devenir le Silver Crystal coule de sa joue et roule au creux de la poitrine nue de Rei à peine cachée par les draps. Jamais Minako n'a connu cela avec un homme. Elle ne se savait pas aimer les femmes avant de découvrir ses sentiments pour Rei et si elle se pose la question de savoir si elle est bisexuelle, elle a une certitude : elle est amoureuse de Rei. Elle a fait l'erreur de dire « Je t'aime » bien trop vite par le passé alors elle se garde bien de lui avouer pour le moment. Cette fois-ci, elle veut le montrer par ses actes en s'investissant sans avoir peur, sans être un curieux mélange de distance et d'étouffement comme elle a pu l'être par le passé.

C'était d'ailleurs leur première fois. Hommes ou femmes, elles ont toutes les deux découvert assez maladroitement les émois du sexe lesbien et du sexe au sens large.

Minako la regarde avec tendresse et désir puis, brusquement, elle assemble les pièces du puzzle.

« À quoi ressemblaient les deux hommes ? »

Rei est offensée, pensant qu'elle retombe dans ses fantasmes masculins. Elle se raidit mais devant l'insistance de Minako, elle décrit les deux ingénieurs du son.

« Oh mon dieu ! Ce sont Masato et Andy. Tu sais, les deux ingénieurs du son qui se prenaient pour ce qu'il n'était pas. Ils sont le seul lien avec ce qui reste de ma chanson et de ma carrière, c'est-à-dire pas grand-chose. Il faut que j'aille leur parler. Ils t »ont dit dans quelle direction ils habitaient ? »

Rei tend le bras pour désigner l'extérieur.

« Tu me montres quoi, là ?

- L'horizon ? Le monde ? »

Minako semble dépitée mais elle refuse de se laisser abattre. Elle embrasse Rei bruyamment plusieurs fois.

« Merci pour une si belle première fois. On n'avait aucune idée de ce qu'on faisait mais c'était parfait. Je… Je… »

Elle fixe ce corps de rêve pour l'ancrer dans sa mémoire. Ne surtout pas dire « Je t'aime » et ne pas lui laisser le temps de répondre.

« Tu crois que je peux me téléporter vers eux si je les imagine dans mon esprit ?

- Peut-être mais si tu ne sais pas où ils sont et que tu te téléportes dans le mur à côté d'eux, tu ne le feras qu'une fois. »

Minako est déjà habillée. Elle lui dit au revoir d'un signe de la main et se téléporte.

« Tes chaussures… Il neige dehors. »

oOo

Vêtue d'un anorak matelassé vert à imprimé camouflage, Mako est à genoux dans son petit jardin, pensive. Elle regarde l'endroit où se tenait Yggdrasil il y a moins de quarante-huit heures. Ail, An et Fiore lui manquent.

Ou alors…

Elle se repasse le films de ces deux derniers mois. Elles ont failli mourir un paquet de fois mais ces deux derniers mois n'ont rien à voir avec le reste de leurs combats et son dernier affrontement fut bien différent de celui du reste des Sailor Senshi. Là où ses amis ont affronté Omen et Nemo, deux puits de noirceur sans fond, elle a affronté son plus grand ennemi : sa mortalité. Sailor Jupiter a toujours été un roc capable de soulever des montagnes et elle a dû laisser tomber ses défenses et se livrer à cœur ouvert. Littéralement.

Malgré ce côté garçon manqué qui lui a valu une mauvaise réputation dans son premier collège, elle est aussi cette femme fleur bleue qui croit si fort au prince charmant qu'elle l'a rencontré et ils se sont fiancés. Telle une célèbre tueuse de vampires, elle n'est cependant pas et n'a jamais été la demoiselle en détresse que l'on sauve. Elle voulait rencontrer le prince charmant et elle l'a fait mais quand il fut temps de quitter le château de la sorcière, c'est elle qui tenait les rênes du cheval et qui galopait sur la plage en le sentant serré contre elle. Mako emprunte plus à Jeanne d'Arc qu'à Aurore, la Belle au bois dormant. Mais quand même un peu, la robe à froufrous rose mis à part.

Entre fantasme et réalité, une question lui trotte dans la tête : lui manquerait-il autre chose ? Quelque chose qu'elle repousse depuis plus de deux mois… Elle continue à fixer la petite plante dans son pot qu'elle est censée repiquer depuis une heure comme si elle allait lui donner la réponse.

Motoki arrive alors dans le jardinet, la sortant brusquement de ses songes éveillés. Elle sait ce qu'elle doit faire. Elle arrache deux tiges fleuries d'une plante et court vers lui. Elle le serre dans ses bras.

« Tu me fais confiance ?

- Toujours. »

Elle les téléporte. Devant la mairie de leur quartier.

« Tu te rappelles quand je disais que je voulais attendre ?

- Oui.

- Je ne veux plus attendre. »

Un franc sourire apparaît sur le visage de Motoki.

« Tu ne fais pas ça parce que…

- Parce qu'il manque quelque chose à ma vie ? Si. Toi comme mon mari. Je n'ai que faire du mariage en grande pompe mais oui, tu pourras porter ton beau costume et moi une belle robe… blanc cassé parce qu'une robe blanche, ce serait hypocrite. »

Elle le regarde, lui est son sourire digne d'un Pac-Man.

« Et toi, tu as des doutes ?

- Aucun.

- Alors, allons-y. »

Ils entrent dans la mairie et enregistrent leur mariage qui, au Japon, est une simple formalité qui manque d'émotion et de panache. Le document en question, le kon-in-todoke est rapidement enregistré auprès de l'État-civil quand ils y apposent leur tampon personnel, le hanko. Comme une lettre à la poste. Ou un formulaire à une fonctionnaire de l'État désabusée.

Êtres un garçon manqué a ses avantages. Elle a passé suffisamment de temps dans les bois pour savoir faire une bague à partir d'une tige de plante. Rien ne les y oblige mais ils procèdent à l'échange des alliances et improvisent de très courts vœux, copiant ainsi le mariage occidentale plutôt que shintoïste.

« Motoki Furuhata, je te donne cette alliance improvisée. Elle sera le signe visible de notre amour. Telle le roseau, elle pliera mais ne rompra pas. Qu'elle soit le symbole de notre amour. Jusqu'à ce que la mort nous sépare.

- Makoto Kino, je te donne cette alliance qu'il faudra faire sécher dans un livre pour la conserver. Qu'elle soit la promesse d'un amour infini, sans bornes et sans peurs. Jusqu'à ce que la mort nous sépare. »

Ils s'embrassent sous le regard vide de l'employée qui regarde l'horloge au mur.

« Je crois qu'on est mariés.

- Je le crois aussi. Ça manque de… de… »

La fonctionnaire ouvre le tiroir de son bureau et sort une langue de belle-mère dans laquelle elle souffle puis lance une poignée de confettis.

« Mazel Tov ! Vive les mariés ! SUIVANT ! »

Ils éclatent de rire, s 'embrassent puis Mako les téléporte devant chez eux.

« Pourquoi devant ?

- Porte-moi pour entrer dans la maison. »

Motoki la prend péniblement dans ses bras, fait un demi pas et s'étale de tout son long. Motoki n'est pas du genre à se sentir émasculé par une inversion des rôles et aidant Mako à se relever, saute dans ses bras. Elle entre sans problème dans leur logement avec son mari dans les bras, une nouvelle fois dans l'hilarité générale.

oOo

« Madame Meioh…

- Mademoiselle.

- Mademoiselle Meioh. Pourquoi voulez-vous adopter mademoiselle… Tomoe ? Personne ne va vous en prendre la garde, elle n'a aucune famille et vous vous occupez bien d'elle.

- Et personne ne voudrait la garde d'une jeune fille poursuivie par des démons qui peut apporter l'Apocalypse en abaissant sa faux, hein ? Elle restera mon problème, quoiqu'il arrive, c'est ça, car personne ne veut de la patate chaude ?

- Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'émets simplement des réserves quant au fait de vous engager dans des procédures complexes quand vos vies sont déjà tellement… remplies ? Elle sera majeure dans deux ans. Jour pour jour. Et, encore une fois, personne ne va vous la prendre.

- Laissez-moi vous poser une question : avez-vous peur qu'un monstre débarque et que le bâtiment s'écroule ? attaque Setsuna, bien trop remontée pour montrer patte blanche.

- Évidemment ! À la moindre vibration un peu trop forte, j'ai envie de me jeter sous la table. Toutefois, là n'est pas la question. Je suis là pour faire mon travail et j'espère bien que vos sentiments personnels n'influeraient pas votre choix de la personne à sauver en premier ?

- Parce que vous pensez que je vous sauverais en premier ? Les enfants d'abord. Je ne cherche pas à recevoir de faveurs de vous en vous cirant les bottes. Je veux juste que vous fassiez votre travail sans nous discriminer parce que nous ne sommes pas une famille conventionnelle. »

Elle la toise quelques secondes pour lui montrer tout le bien qu'elle pense d'elle.

« Et puis, vous êtes l'assistante sociale ou la psychologue ? De quel droit me dites-vous quoi faire ou quoi penser ? Quoi que vous fassiez, quoi que vous décidiez, nous n'avons que deux mots à dire et nous nous retrouverons, où que nous soyons ?

- Sailor Teleport ?

- Dai Suki*. » (*Je t'aime.)

L'assistante sociale se lève et tend le bras pour serrer la main de Setsuna.

« Je crois que nous avons terminé. »

Setsuna se lève brutalement en faisant crisser sa chaise et lui serre la main un peu plus fort qu'elle ne le voudrait. Elle se retient de faire un mouvement brusque vers l'avant pour intimer qu'elle pourrait laisser échapper un coup de tête. Elle a tout fichu en l'air, inutile d'en rajouter et de finir au poste de police. Toutefois, qui pourrait lui en vouloir ? On ne fait que leur mettre des bâtons dans les roues depuis le début de leurs démarches. Nous sommes le six janvier 2001, c'est l'anniversaire d'Hotaru qui fête ses dix-huit ans et Setsuna est prête à exploser. Cela fait seulement cinq jours et elle a déjà envie de tout envoyer valdinguer, les choses comme les gens.

Le temps presse. Elle le sent. Elle le sait. Ni l'une ni l'autre n'a lâché la main qu'elle serre chaque seconde un peu plus fort comme si elles faisaient un bras de fer. L'assistance sociale pose alors sa deuxième main sur celle de Setsuna et sourit.

« J'ai adopté mes trois enfants et j'ai souffert au moins autant que vous pour ce faire. Vous avez toutes les qualités requises pour être maman. Vous êtes une tigresse. J'appuie votre candidature à cent pour cent et je vais faire de mon mieux pour que le dossier avance. Sans vous accorder aucune faveur du fait de votre statut de Sailor Senshi comme vous nous l'avez fait comprendre lorsque vous êtes passée à la télévision. »

Setsuna se sent brusquement très fatiguée, comme si on venait de retirer toute la pression qu'elle s'infligeait depuis presque une semaine.

« Par contre, les instances auxquelles vous avez eu et allez avoir affaire ne voient pas d'un bon œil les situations de vie non conventionnelles. La présence d'un couple homosexuel sous votre toit sera un frein et entraînera peut-être un refus, voire une volonté de placer Hotaru dans une famille d'accueil ou un foyer si vous tapez trop fort dans le guêpier. Personne ne voudrait d'Hotaru et c'est bien triste car c'est une jeune femme formidable mais le gouvernement n'aura aucun scrupule à la placer dans le système.

- Si je comprends bien, vous êtes en train de me dire que j'aurais plus de chances si j'emménageais seule avec Hotaru dans le logement de fonction auquel j'ai droit avec mon travail au laboratoire de recherche scientifique ?

- Oui.

- Nous aurons déménagé la semaine prochaine. »

Setsuna la remercie pour son honnêteté et sort de la salle pour rejoindre ses amies dans la salle d'attente. Affichant un sourire amer, elle leur explique la situation. Hotaru baisse les yeux.

« Si c'est trop pour toi, on peut tout arrêter. Après tout, elle a dit qu'aucune famille ne voudrait de moi à part vous trois. Donc, on est tranquilles. Et si on arrête tout, ils n'essaieront pas de me mettre en foyer de groupe pour nous séparer.

- Oui, pour le moment, parce que notre ennemi semble tenir le gouvernement à bouts de bras mais si nous parvenons à le vaincre, ils vont venir renifler de notre côté et je suis sûr qu'ils nous enlèveront ta garde pour t'étudier, voire faire de toi une arme. Je pense parler pour le groupe en disant que je ne veux pas vivre dans un monde dans lequel vous êtes loin de moi. »

Hotaru sent cette douce chaleur dans son corps qui amène un sourire au bord des larmes. Et sa langue de vipère d'adolescente pleine d'hormones.

« Oui, enfin, on va être à l'autre bout de la ville et on sera effectivement séparées. »

Il en faut plus pour déstabiliser Pluton, qui, après des millénaires seule devant la porte de l'espace-temps n'a rien à envier à une adolescente en termes de langue bien pendue. N'avoir qu'une porte à qui parler et/ou Shadow Galaxia qui, si elle n'est pas une porte, est un vrai mur, peut générer quelques frustrations et des réparties cinglantes.

« Vois le bon côté des choses. Elles vont peut-être te faire une sœur ou un frère.

- Une immaculée conception ? Après avoir vu la Lune… Neptune is gonna meet Uranus… ajoute Hotaru en anglais. »

Toutes deux éclatent de rire. Bien que gênées qu'on parle des limites de leur couple (car oui, elles aimeraient un jour avoir accès à la procréation médicalement assistée), elles ne peuvent que se joindre à l'hilarité générale, entre double-entendre sur la prononciation rapide du mot « immaculée » et le jeu de mots vaseux sur Uranus et l'arrière-train. Setsuna et Hotaru sont faites pour être mère et fille. Les deux planètes aux confins du système solaire ont toutes deux affronté et vaincu l'isolement pour renaître, au propre comme au figuré. Elles se sont trouvées, sont entrées en collisions et se complètent à présent. Ce ne sont pas ces regards complices qui prouveront le contraire.

oOo

« Je n'ai même pas eu à intervenir pour faire hypnotiser l'assistante sociale. Les Outer Senshi se scindent en deux sans même que j'aie à lever le petit doigt. Si c'est pas parfait ! Umino, tu peux rentrer voir ton moutard, je n'ai pas besoin de tes services ce soir. Mais dès demain, monsieur le producteur, on relance la carrière de la crécelle. On va avoir besoin d'elle pour hypnotiser les masses et être sûrs que le Japon vote favorablement lors du référendum. Que veux-tu ? C'est la vie ! »

oOo

Regardant la scène de loin, Umino a le cœur serré. L'idée qu'il va devoir les aider à obtenir cette adoption pour ensuite amener le rituel de la nouvelle Lune et les détruire pour sauver sa famille le révolte. Tuteur de la princesse Serenity durant le Silver Millenium et son ami tout au long du collège, il va devenir le bourreau qui laissera tomber la lame qui mettra fin aux Sailor Senshi.

Il ne souhaite qu'une chose : que Sailor Moon soit obligée de le vaincre avant qu'il ne soit contraint de mettre à exécution le plan du Néant. Il veut que sa famille survive. C'est tout ce qui lui importe. Sa personnalité ne présente pas cette facette désintéressée qui définit à bien des égards Sailor Moon. Il est égoïste et il le sait. Tout comme Zoizite, il serait prêt à tuer pour protéger sa famille. Et si on ne l'arrête pas, c'est ce qui se passera. Tout comme Zoizite, il sait que son couple n'y survivra pas mais il n'en a que faire. Il est aussi déterminé que le Shitennou. C'est probablement pour cela que le Néant les a choisis. Les trois font la paire.

Umino est devenu l'ennemi à l'abattre. Mais le mettre hors d'état de nuire signifierait pour Sailor Moon ou ses Senshi de tuer un humain. C'est pourquoi il n'a aucun espoir de rédemption. S'il fait quoi que ce soit pour aider les Sailor Senshi, le Néant tuera Naru et sa fille. Et le Néant ne tuera ni Naru ni Ryoko. C'est une certitude. Il tuera la Terre entière mais pas sa famille.

L'hiver vient. L'hiver approche. L'hiver est déjà là.

À suivre…

Je sais que la correspondance entre les Shitennou et la religion bouddhiste n'est pas exacte mais j'ai trouvé une version qui suit presque l'idée que j'avais, excepté pour Jadeite et Nephrite que j'ai inversés parce que je trouvais que celui qui voit tout, c'était plus Jadeite que Nephrite, car c'est lui qui a ramené le plus d'énergie à Metalia. Comme les Shitennou ne rentrent pas bien dans aucun des moules, excepté les quatre animaux, les symboles et les gardiens des quatre orients dans la constellation chinoise ( /guide/les-quatre-animaux-sishou_ ), j'ai préféré faire ma petite sauce assez proche de cet article : what-is-the-buddhist-connection-with-the-four-kings-of-the-dark-kingdom/

Allez, continuons maintenant.

Miguel NOCHAIR