Sailor Moon Altered Destiny

Chapitre 28 – À la recherche du temps perdu

Minako se téléporte malencontreusement sur l'eau gelée d'une fontaine. Il fait très froid et elle est pieds nus.

« Évidemment, maugrée-t-elle quand la glace se brise. »

Elle sort de la fontaine et s'étale de tout son long dans la neige, dans un bruyant mouvement accompagné d'un cri surpris. Deux jeunes hommes grelotant, assis sur un banc, sursautent.

« Ce serait pas…

- Je crois bien. »

Andy et Masato courent vers Minako et l'aident à trouver un coin sans neige.

« Certaines choses ne changent pas.

- En effet. »

Minako se passe la main sur la nuque, gênée.

« Désolée d'avoir ruiné vos carrières.

- Désolés de ne pas avoir travaillé plus vite. Si on avait pu sortir le single, une autre boîte aurait pu racheter les droits.

- Au moins, elle ne vous a pas avalés quand elle a dévissé sa mâchoire.

- Tu m'étonnes. On aurait dit Diana, dans la série V. »

Les trois jeunes adultes se regardent et s'écrient d'une même voix :

« Kirby ! »

Ils éclatent de rire. Après une poignée de secondes, elle lève la tête, soudain très sérieuse :

« Alors, vous êtes à la rue ? Ça fait combien de temps ? »

Percés à jours, ils se sentent obligés de dire la vérité.

« Deux jours. On n'a pas été payés ni officiellement licenciés donc pas d'allocations chômage. L'auberge de jeunesse nous a mis dehors quand nos cartes bancaires ont été refusées.

- Vous n'avez pas tenté d'utiliser la carte bancaire pour les urgences qu'ils nous avaient donnés pour les urgences ?

- Tous les actifs de la société ont été gelés... »

Minako affiche un sourire dépitée. Masato, espérant marquer des points, sort un CD de son manteau usé jusqu'à la corde. La boîte est fendue de part en part mais somme toutes, en meilleur état que les locaux de Black Hole Records.

« Toutefois, on a réussi à graver les pistes qu'on avait enregistrés quand les murs ont commencé à trembler. La chanson est presque terminée mais il manque une ou deux pistes. Et une maison des disques. Et un agent. Et de l'argent. Et une campagne promotionnel. Et de la motivation. »

Dépitées, ils baissent les épaules.

« Michiru a déjà enregistré un album, elle pourrait peut-être nous décrocher une session d'enregistrement. Je n'aime pas qu'on me fasse la charité (plus qu'on ne la fait déjà depuis l'an passé) mais ça pourrait nous aider à… J'en sais rien, en fait… »

Andy et Masato désignent les quatre énormes valises sous le saule pleureur à côté du banc.

« Oh, si c'est que ça, on a tout le matériel qu'il faut. On a juste pas de murs à mettre autour. Et s'ils prennent le froid et l'humidité encore vingt-quatre heures, ils ne seront plus utilisables.

- Oh si c'est que ça… répète Minako en allant téléporter le matériel au temple Hino. Par contre, c'est vous que Rei risque de ne pas apprécier.

- Je me charge de la charmer, annonce Masato. »

Minako fait non de la tête.

« Comment dire… Rei mange de l'autre côté du buffet… »

Masato se semble pas comprendre.

« Ben, le buffet, c'est Minako ! explique Andy.

- Oh… Oh ! »

Minako est pivoine, s'imaginant être littéralement le dessert de Rei. À nouveau. Elle pose une main sur l'épaule d'Andy et l'autre sur celle de Masato et les téléporte au temple Hino.

« Je reviens, j'ai une course à faire. »

De la chantilly. On ne vit qu'une fois. Enfin, quelques fois, quand on est une Sailor Senshi.

oOo

Nous sommes le douze janvier. Setsuna scotche le dernier carton. Elle n'a pas menti. Exactement une semaine.

« C'est la fin d'une époque. »

Tant d'ironie dans une seule phrase. Hotaru la regarde téléporter le dernier souvenir de leur vie dans cette grande maison.

« Tu crois qu'on utilise trop nos pouvoirs à des fins personnelles ?

- On verra bien si le Livre des Ombres se corrompt… On a passé à tabac un général de notre ennemi et tu t'amusais à dégoûter des monstres il y a pas si longtemps. On est loin d'être des modèles de vertu. On vient tout de même de s'éviter un camion de déménagement. Reika est là pour les réceptionner ?

- Oui, je me suis entraîné à faire une pyramide autour d'elle.

- On s'amuse comme on peut. »

Hotaru essaie d'être une adolescente digne de ce nom mais elle n'y parvient pas. Elle éclate en sanglots et se jette dans les bras de Setsuna.

« Dis-moi que tout va bien se passer, qu'on ne va pas mourir avant d'être mère et fille. Que Michiru et Haruka ne vont pas devenir des étrangères qu'on ne verra que pendant les fêtes et les jours fériés quand elles auront leurs propres enfants. Que tout ira bien. »

Setsuna lui caresse doucement les cheveux.

« À la seconde où l'adoption est finalisée, on réemménage ici. Je t'en fais la promesse. On va s'entraîner et on téléportera toute ta chambre et la mienne en un seul Sailor Teleport et ce sera comme si on n'avait jamais déménagé. »

Hotaru sèche ses larmes.

« Viens, on va taguer "Girl Power" sur la moto d'Haruka. »

Setsuna sort une bombe de peinture rose de son gilet noir à la coupe ample.

« J'ai mis de l'huile pour bébé sur l'archet de Michiru et rempli son étui de talc. Quand elle va l'ouvrir, un pétard va exploser. »

Elles gloussent et partent sur la pointe des pieds faire en sorte qu'on ne les oublie jamais.

oOo

« Mais comment vous allez convaincre le pays de vous laisser tout changer ? On parle de changer la constitution. Ça ne se fait pas aussi facilement que faire venir un pharaon d'une autre galaxie.

- Votre amie Reika nous a briefés en long, en large et en travers sur les changements climatiques et l'influence des attaques de vos ennemis sur le dérèglement des marées et les perturbations de la croûte terrestres. Nous allons présenter ces informations à une heure de grande écoute, répète Kunzite devant la mine réfractaire d'Usagi. Nous allons exposer les faits, utiliser le Power Point…

- Power Point, pas « le » Power Point, corrige Nephrite.

- Nous allons présenter les faits, utiliser Power Point…

- Moi, je veux bien, les interrompt Usagi, mais je peux envoyer Luna leur assurer qu'il y a des Inhumains qui vivent dans un dôme sur la Lune ou un lapin qui fait du mochi mais ça ne veut dire que les spectateurs vont prendre ses dires pour argent comptant. Et puis, ils vont s'écrier : "Ah mon dieu ! Un chat qui parle !". »

Zoizite se met à glousser. Il est bien la dernière personne qu'elle voudrait voir rire à ses blagues.

« Ami, un avis sur le sujet? »

Ah ah ah ah ! Oui, Ami a un avis sur la chose. Ami a toujours un avis sur chaque chose. Ami a tellement de théories dans la tête qu'elle menace d'exploser. Usagi l'a fait venir car elle a besoin de son esprit cartésien. Une petite part de la future reine espère qu'elle va trouver un moyen d'éviter qu'elle n'ait à monter sur le trône. Elle sait qu'elle devra le faire dans cinq mois car nous sommes déjà en février et le processus de modification de la constitution est déjà bien entamé. Le gouvernement Mori II ne tiendra pas la route passé le mois d'avril et de nouvelles élections devront avoir lieu. il faut tout faire pour que le père de Rei ne devienne pas Premier ministre car l'opposition sera alors au pouvoir et la réforme de la constitution ne passera pas, Hino étant un vendu auprès des banquiers et des hommes d'affaires. »

Zoizite tape quelques mots-clés sur l'ordinateur portable de Mamoru et affiche quelques articles de presse.

« Nous avons mis en lumière les indiscrétions de Mori et les scandales de mœurs de son gouvernement afin que Jun'ichiro Koizumi devienne la candidat du parti et que Mori soit évincé. Pour vous donner un exemple concret, Hidenao Nakagawa, la secrétaire général du cabinet, a démissionné quand ses relations extraconjugales, sa consommation de stupéfiants et ses liens avec un parti d'extrême-droite, ont été révélés par Nephrite qui a contacté les médias, pris les photos incriminantes et laissé fuiter les documents. »

Il ferme l'écran du portable.

« Ce n'est pas l'histoire telle qu'elle est censée se dérouler mais nous pensons que c'est pour le mieux. Mori a créé une véritable levée de boucliers dans tout le Japon mais aussi à l'étranger pour avoir décrit le Japon, lors d'une réunion avec des chef shinto, comme "la nation des dieux, avec l'empereur en son centre". Cette déclaration a été vue par certains comme une apologie au statut divin des empereurs japonais d'avant-guerre et a même été jugée « dangereuse » par le chef de l'opposition Yukio Hatoyama. Nous avons pris des mesures pour que son parti l'évince au profit de Koizumi qui sait ce qui se passe et nous a promis son aval. Une motion de censure a été déposée par l'opposition au sein de son parti en novembre 2000 et une autre devrait avoir lieu bientôt qui devrait cette fois-ci aboutir.

- Koizumi est un Sélénite, je suppose ?

- Non, un Terrien et un de mes conseillers lorsque je gouvernais l'Extrême-Orient, explique Jadeite, mais nous n'avons jamais réussi à éveiller les souvenirs de vie antérieure des Terriens. Nous avons juste une affinité particulière avec eux. Je pense que le jour à Mamoru retrouvera tous ses souvenirs et découvrira la pleine puissance de ses pouvoirs, les Terriens réincarnés retrouveront tout au partie de leur souvenir. Mais assez de politique, revenons-en à nos moutons et à toi, Ami. J'attache beaucoup de valeur à tes idées et j'aimerais savoir si tu as des remarques quant à notre plan et sur comment convaincre l'opinion publique. »

Ami le regarde intensément.

« Vous avez parlé de modifications du futur en faisant élire Koizumi. Cela veut dire que vous savez qui risque d'être élu. Le député Hino ?

- Oui, nous sommes désolés de devoir nous allier à un parti de droite, les politiques du royaume sélénite ayant toujours été libérales à l'époque du Silver Millenium, à partir du moment où la branche de la famille royale de laquelle est issue la reine Serenity est arrivée au pouvoir. »

Ami et Usagi restent perplexes.

« Et avant ça ?

- Le royaume était un empire totalitaire qui vivait en autarcie.

- Oh… se désole Usagi, réalisant que le passé de sa famille n'a rien à envier à son présent.

- Même si ça nous peine au vu de ce passé que je viens d'évoquer, nous devons aller du côté du parti qui domine la scène politique du Japon pour parvenir à nos fins. Sous couvert d'être membre du Parti démocrate du Japon, Le député Hino va faire beaucoup de mal au pays, devenant un Premier ministre aux allures d'empereur qui précipitera la chute du pays en se comportant comme une star plutôt que comme un politicien.

- Donc, vous êtes en lien avec vos futurs vous ou vous avez volé une des clés d l'espace-temps de Setsuna.

– Je n'en attendais pas moins de toi. Tu penses que nous jouons avec le feu ?

- Évidemment mais ce n'est pas là où je veux en venir. Si Usagi vous laisse le bénéfice du doute, j'en ferai autant. »

Elle marque un temps d'arrêt et comprend.

« Vous étiez en lien avec les deux lignes temporelles, celle du gouvernement Koizumi I et celle du gouvernement Hino I.

- Oui, et notre ennemi ayant détruit toutes les lignes temporelles excepté la nôtre, le seul futur avec lequel nous sommes en lien est celui du cataclysme et du gouvernement Koizumi I. Celui d'un monde qui survit aux cataclysmes qui auront lieu le jour de l'anniversaire d'Usagi.

- Ah oui ? Je jour de mon anniversaire, hein ? Tant d'attentions de Voldemort, c'est trop. Vraiment.

- Et comment savez-vous que ce futur avec un Crystal Tokyo et une Usagi sans pouvoirs est celui qu'il nous faut ? c'est peut-être vos agissement qui ont détruit cette ligne temporelle. Takashi Hino est un monstre mais rien se préfigure que ses exactions resteraient impunies et que son successeur ne serait pas notre sauveur.

- Nous n'en sommes pas sûrs mais si l'élection d'Hino était celle qui nous assure une chance de prévaloir, sa ligne temporelle n'aurait pas été effacée lors de la disparition de… ta fille, Usagi.

-Mes filles.

- Oui, pardon. Les lignes temporelles effacées restent effacées pour le moment. Votre ennemi empêche le multivers d'exister et tant qu'il n'aura pas été vaincu, aucun univers parallèle ne pourra renaitre. Ce futur n'est peut-être pas à même de nous sauver mais il est le seul qui existe et notre seul ligne de défense contre cet ennemi. Si vous baissons les bras et acceptons la fatalité, il n'y aura plus de bons ou de mauvais futurs, il n'y aura plus rien.

- Donc, ce que vous me dites, conclut Ami, c'est que ce futur possible est le seul que nous pouvons créer mais qu'il est peut-être exactement celui qui nous tuera tous.

- Oui, et notre seul garde-fou sont les versions futures de nous-mêmes qui nous rapportent chaque petit détail de leur monde qui leur semble changer car ils ont conscience des fluctuations spatio-temporelles.

- Comment cela est-il possible ? Aucun de vous ne semble avoir de pouvoirs sur le temps ? Comment vous contactez-vous ? »

Grand silence.

« Nous faisons se toucher la même clé dans sa version présente et future pour créer une brèche spatio-temporelle. Ce sont les clés d'une autre ligne temporelle qui n'ont pas la même fréquence que celles de Setsuna. C'est la raison pour laquelle elle ne se rend compte de rien. Ce sont des clés de l'espace-temps et elles peuvent donc exister en dehors de leur univers et se sont pas soumises aux mêmes lois que leur univers. Elles sont néanmoins instables au possible et pourraient disparaître à tout moment. Comme elles n'ont qu'un faible pouvoir magique comparé à par exemple un Silver Crystal, elles ne créent pas un paradoxe si fort qu'il détruirait la réalité lorsqu'elles entrent en contact.

- Je vois. Alors, j'ai peut-être une idée. »

Elle explique son plan.

« Si Setsuna peut utiliser la porte de l'espace-temps pour récupérer une clé du futur auprès d'elle-même à la porte, vous pourrez ouvrir une brèche vous-même avec une clé qui a macéré dans les limbes du temps pendant des millénaires et contacter vos futurs vous au moment du cataclysme. Vous pourrez alors littéralement montrer le futur aux gens lors de la conférence de presse. C'est un pari risqué qui pourrait créer une hystérie collective et, comme Apollo 11, l'opinion publique pourrait croire qu'il s'agit d'un montage réalisé en studio et refuser d'y croire.

- C'est pourquoi il nous faudra faire la conférence après les élections, se rend compte Kunzite. Pour s'assurer d'avoir au moins un pi

- Pas forcément. D'après ce que vous me dites, quoique vous fassiez, Koizumi sera élu. Il n'y a plus que notre ligne temporelle et il nous est impossible de recréer des univers parallèles tant que cet ennemi tire les ficelles. Donc, qu'on le fasse maintenant ou la veille de cataclysme, rien ne changera et il sera élu. Même les vêtements sont optionnels. On pourrait envoyer un singe à votre place ou marcher sur les mains, ça ne changerait rien. Si on peut agir sur certains événements, l'élection n'en est pas une.

- Tout à fait, insiste Jadeite en enfonçant le clou. En l'état actuel des choses, il n'est peut-être pas possible de changer quoi que ce soit. Cela voudrait aussi dire que nous sommes ses marionnettes et que nous amenons le futur dont il a besoin pour détruire le Japon et empêcher l'accession au trône d'Usagi. »

Ou alors qu'il veut qu'elle accède au trône pour qu'elle ne puisse plus utiliser ses pouvoirs, théorise Ami en silence. Usagi, quant à elle, comprend soudain quelque chose.

« Vous voulez dire qu'on est peut-être en train de précipiter ma mort ? »

La main de Mamoru, posée sur l'épaule d'Usagi, se met à trembler et il quitte rapidement la pièce. Il se rend dans la salle de bain et sort un rouleau d'essuie-tout de rechange. Il a choisi volontairement les énormes recharges qui durent des mois même si elles ne rentrent pas dans le dérouleur. Elles sont suffisamment larges pour qu'on puisse taper dessus de toutes ses forces sans rien casser ni faire de bruit. Usagi arrive quelques secondes plus tard et se fige en le regardant faire. Elle s'approche pour l'arrêter et décide stupidement de retirer le rouleau. Il tape alors de toutes ses forces dans le meuble suédois.

« Hé hé… Oups ? »

Usagi n'a jamais entendu Mamoru jurer de la sorte et ses oreilles sifflent. Il éclate d'un rire nerveux proche de l'hystérie mais ne peut s'empêcher de continuer à jurer et à taper du poing sur le meuble. Sa main est probablement cassé mais l'adrénaline l'empêche de ressentir la douleur. Usagi finit par se jeter contre lui et le serre de toutes ses forces. Il essaie de la repousser mais elle bloque ses poignets et l'en empêche. Elle le fixe d'un regard intense et il en fait tout autant. Se laissant aller à leurs émotions, ils se jettent l'un sur l'autre et font passionnément l'amour.

Dans le salon, Les Shitennou et Ami entendent des coups répétés dans le mur qui tremble. Un cadre tombe et se brise et ainsi qu'un bout de placoplâtre.

« Je pense qu'il est temps de partir, fait remarquer Ami. »

Après quoi , ils se bousculent pour quitter les lieux, oubliant qu'ils auraient pu se téléporter.

« Laissez-moi sortir ! s'écrie Zoizite. Les images mentales ! Faites-moi une lobotomie !

- Attends-moi ! crie Usagi depuis la salle de bain J'arrive .dès que j'ai… »

Elle marque une pause et réprime un gémissement

« … terminé. »

Il croise les bras sur le torse et saute par la fenêtre.

« Adieu, monde cruel. »

Il atterrit gracieusement sur le toit d'une décapotable qui se déchire sous son poids.

« Bah voyons. »

oOo

Allongé sur le tapis de la salle de bain avec Usagi, Mamoru semble plus calme.

« Je ne t'avais jamais vu comme ça, excepté quand Beryl t'avait envoûté… Et même là, tu étais froid et calculateur. Rien à voir avec… ça. Comment va ta main ?

- Je ne ressens pas encore la douleur. À moins que ton cristal m'ait soigné ?

- Plus rien ne me surprend alors pourquoi pas ça ? On ne contrôle plus rien de toute façon. »

Mamoru serre les poings puis se détend.

« Je suis désolé. Cette discussion a ravivé mes doutes sur notre capacité à pouvoir accomplir quoi que ce soit face à cet ennemi.

- Je sais. Et même si je prends ça avec beaucoup de sarcasme d'apparente désinvolture, je suis terrifiée. Le futur est le même mais il n'est plus le même. Quand je vais accéder au trône, je ne serai plus la même Sailor Moon que j'étais qui utilisait le Cutie Moon Rod. Est-ce que les événement passés sont linéaires et fixes ou ont-ils été en partie réécrits ? Est-ce que je suis obligé de devenir une reine impuissante piégée dans un cristal dont la fille va risquer sa vie dans le passé ? Je ne veux pas accéder au trône, Mamoru. Ce n'est pas ma place mais j'y suis obligée pour espérer que le reste de l'histoire ne change pas au point de faire disparaître notre univers. »

Mamoru la fixe.

« Quoi ?

- Je te cache des choses en rapport avec la mort d'Helios et le test que m'a fait passer Chibi Mamoru. Mais si je te dis ce qu'il en est, je disparaîtrai avant d'avoir pu faire quoi que ce soit. Il est possible que je fasse un coup d'éclat, mais que ce soit le dernier. Je dois attendre le bon moment mais à chaque attaque, je me demande si c'est le bon moment. Il est possible que je disparaisse quand il attaquera et que si nous sauvons le futur, nous condamnions ChibiUsa si je viens à mourir. »

Usagi a l'habitude. Sailor Galaxia lui fait subir la même chose depuis des mois. Elle soupire.

« Tout pareil… Je me sens moins seule. »

Elle désigne ses yeux de son index et de son majeur puis ceux de Mamoru.

« Regarde-moi dans les yeux, regarde au fond de mon âme et le jour où tu y verras la même connexion que lorsque nous avons fait l'amour pour la première fois, cette union parfaite, cet instant de symbiose torride et d'extase spirituelle. À ce moment-là, révèle au monde ce que tu caches. Et tout ira bien. Je te le promets. »

Cette réponse semble lui convenir et il s'endort dans les bras de sa dulcinée.

oOo

En parlant de secret, Usagi rêve du lycée. Elle n'a pas étudié, elle est nue et au loin , un train ne cesse de rentrer en boucle dans un tunnel. Parmi les élèves, elle aperçoit Shadow Galaxia qui planche sur son examen et qui transpire elle aussi à grosses gouttes. Elle comprend qu'elle essaie de la contacter. Elle se lève donc et se retrouve entourée de rubans roses et touche la joue de la Senshi de son index.

Elle rejoint un endroit familier qu'elle n'avait plus visité depuis la révélation de leur identité.

« Quand on parle du loup…

- On en voit le bout de la queue. Bonjour, Usagi.

- Salut. Tu vas encore me dire que tu as des choses à me dire que tu ne peux pas me les dire sans mourir dans t'atroces souffrances ?

- En effet mais je ne souffrirais pas, mon existence serait simplement effacée. Comme celle de tes filles. Mais je peux à présent visualiser le moment précis où je ne pourrai plus me cacher et où je te révèlerai tout : le jour de ton couronnement. »

Usagi sent comme une lueur d'espoir renaître en elle.

« Est-ce que ça veut dire que…

- Oui, tu devras choisir la voie que tu veux emprunter. Au moment où Kunzite abaissera ton Silver Cristal transformé en couronne pour le poser sur ta tête, je te révèlerai qui je suis vraiment et comment vaincre ton ennemi. Après ça, tu auras un très court laps de temps pour faire ce que je t'ai dit de faire ou tenter de sauver le monde en tant que reine ou trouver une autre voie. Notre ennemi nous fera disparaître moi et Chibi Chibi à la seconde où je te révèlerai son nom et qui je suis vraiment. C'est d'ailleurs ce qui a coûté la vie à tes filles. Elles ont compris à qui elles avaient affaire et elles ont cessé d'exister, purement et simplement, et avec elles, leur univers parallèle respectif. »

C'est donc là où voulait en venir Mamoru. Il a reçu des instructions similaires récemment et ne doit pas vendre la mèche avant probablement ce même instant.

« Est-ce que…

- Oui. Tu as bien fait. Il saura quoi faire et quand le faire. Je devrais comprendre votre amour et pourtant, il m'échappe. J'avais moi aussi un amour pur, un amour innocent. Son sacrifice m'a brisé. Et tu connais la suite. »

Usagi la regarde, la bouche ouverte, béate.

« Quoi ? C'est la première fois que tu me vois comme un être humain doué de sentiments ?

- Mais non… Bon, en fait, si. »

Shadow Galaxia sourit, d'un sourire proche de celui de Mona Lisa. Chibi Chibi se met à rire.

« Je passe pour un monstre, et par bien des aspects, j'en suis un. Je sais que tu n'es pas dupe et que tu sais comment je me suis procurée les Star Seeds qui ont permis de sauver les Outer Senshi et de dissimuler la position de mon vaisseau dans l'espace. Me détestes-tu ?

- Je ne te porte pas dans mon cœur mais j'ai torturé Omen au lieu de la vaincre de suite parce que je voulais qu'elle souffre autant que moi du deuil de mes trois filles et ça a failli nous coûter la vie. Je serais bien hypocrite de te jeter la pierre.

- Et je me demande si c'est ma faute si vos pouvoirs ont cessé de fonctionner et si vous avez dévié de vos valeurs de Senshi vu qu'ils sont alimentés par la mort de trois Senshi.

-Ce qui ne te tue pas te rend plus fort… Et, oui, l'ironie de ma phrase ne m'échappe pas. »

Elle désigne ce drôle de vaisseau qui semble infinie et qui ressemble à la salle de l'Esprit et du Temps dans Dragon Ball Z.

« J'alimente ma dérive dans l'espace de cette même énergie qui a sauvée tes amies. Si tu ne veux plus me voir jusqu'à l'instant fatidique, je comprendrai.

- La fin justifie les moyens. »

Elles se regardent et acquiescent en silence. Usagi s'attend à se réveiller dans son lit mais reste dans le vaisseau.

« Il faut que je détruise la porte comme Gotenks ?

- Non, pose-moi juste la question qui te brûle les lèvres.

- Oh… Est-ce que tu es Sailor Sun ? »

Shadow Galaxia éclate de rire.

« Le soleil n'est pas une planète. »

Alors qu'elle regagne son corps et se réveille, elle regarde les sphères du quartet des Amazones et se fait la remarque suivante :

« Oui, et Pallas, Juno, Vesta et Ceres sont des astéroïdes… Et la Lune est un satellite. Qu'est-ce que tu me caches encore, Sailor Galaxia, qui ou quoi que tu sois vraiment ? »

oOo

L'hiver touche à sa fin et le temps Hino ressemble de plus en plus à une garderie pour grands enfants. Masato et Andy ont emménagé, prouvant que le temple Hino est une bâtisse gigantesque qui n'a rien à envier au manoir de Bruce Wayne. Ils ont emménagé et insonorisé une grande pièce avec des boîtes d'œufs en carton. Système D, comme ils disent. Avec un D comme « Démerde-toi ». Encore une fois, selon eux. Avec l'aide de Michiru et le bricolage d'Ami et Setsuna, ils ont créé un studio de fortune. Elles sont d'ailleurs toutes les trois présentes pour les remercier et qu'elles assistent à ce moment historique Et alors qu'Andy appuie sur un bouton d'un geste grandiloquent, il déploie ses deux bras et Minako et Masato viennent lui taper dans la main. Ils se l'étaient promis, alors, ils se lèvent et quittent la pièce en courant en chantant We Are The Champions à tue-tête en courant dans les couloirs.

Il y a bien sûr des cours, notamment de cuisine et on entend les saladiers des gens surpris tomber et des plats se fracasser sur le sol. Mako et Rei sortent, très énervées. Quand elle voit Minako courir avec le CD dans sa belle jaquette fraichement imprimée, elles laissent tout tomber et rejoignent cette course pleine d'allégresse qui les conduit à faire un tour d'honneur dans la cour en soulevant Minako au-dessus de leur tête. Même Setsuna, Michiru et Ami, pourtant connues pour faire preuve certain détachement et de pragmatisme cèdent et les rejoignent. Elles trouvent Usagi et Mamoru venus rendre visite à Rei, qui, même s'ils n'ont aucune idée de ce qui se passe, se joignent à ce moment d'allégresse. Les larmes coulent sur leurs yeux tellement ils sont contents de relâcher la pression quelques secondes sous les regards amusés de leurs élèves et des gens venus pour utiliser la fonction première du temple. C'était déjà vrai avant mais ça l'est encore plus depuis le retour des Shitennou. Ils n'ont pas souvent l'occasion de simplement être heureux et de littéralement « péter un câble ». Peu importe si un journaliste les prend en photo (et un journaliste s'étant fait passer pour un élève est en train de les prendre en photo), ils ont besoin de ce moment et personne ne les en empêchera. Leur ennemi saura de toute façon bien leur pondre un article laudatif sur des personnes vraies qui ne se cachent derrière un quart d'heure de gloire, ou quelque chose de cet acabit.

Quand l'euphorie et les accolades s'épuisent d'elles-mêmes, la troupe se rend compte d'où elle se trouve. Un « Hé hé ! Oups ! » collectif ne fonctionnerait pas. Par contre…

« Et pour la future idole Minako Aino, hip hip…

- Hourra ! »

L'effet escompté est atteint. Étant tous tournés vers les élèves, ils ne voient pas arriver une personne derrière eux qui tape sur l'épaule de Minako d'un geste timide… et se retrouve plaqué au sol, un avant-bras sur la gorge l'empêchant de bouger ou de respirer.

« Umino ?! »

Minako desserre sa prise et l'aide à se relever. Incertaines, elle préfère demander :

« Je te serre dans les bras ou pas ?

- Allez, soyons fous mais ne me casse pas une côte. »

Elle le serre dans ses bras, heureuse de revoir un vieil ami.

« Désolée. Si on n'est pas méfiantes, des bâtiments s'écroulent.

- Oui, j'ai cru comprendre. »

Il lui tend une carte de visite.

« Je vous en prie, ne détruisez pas mon bâtiment. »

Minako lit la carte.

Umino Gurio

Producteur/Directeur du label No Future

Si elle le pouvait, elle ferait des yeux ronds comme des billes comme on en fait dans l'animation japonaise.

« Toi, producteur ? Je te voyais plutôt…

- Dans un box dans un centre d'appels ? »

Touché.

« Et tu es là pour…

- Faire de toi une star mondiale. Non, je plaisante, nous ne sommes pas dans une série télé sur Nickelodeon. Je souhaiterais reprendre les rênes de ta carrière et comme tu t'en doutes, je ne peux pas prévoir le futur. »

Oups. Lapsus. Si, il peut prévoir le futur car il est déjà écrit et il a déjà lu le tome les concernant.

« Si tu veux bien de notre maison de disques, bien sûr. Chat échaudé craint l'eau froide et tu veux peut-être t'auto-produire en indépendante. Je ne te le recommande pas mais je peux comprendre que tu aies peur du succès et que tu te complaises dans l'échec pour justifier de ne pas oser prendre de vrais risques. »

Touché. Minako partage bien son opinion même si elle n'ose pas se l'avouer. Umino a toujours été perspicace mais là, il serait presque cruel.

« J'ai cru comprendre que tu avais fini d'enregistrer ton premier single ? Qui est libre de droits vu que ceux qui en détenaient les droit sont…

- Morts. Tu peux le dire. La grande méchante a mangé et/ou absorbé tous les employés… et les comptes en Suisse de la société.

- Mangé ? Vous avez affronté Kirby ?

- C'est exactement ce qu'on s'est dit ! s'écrie Minako, surprise. »

Minako se détend. Il vient de marquer un point mais il n'a pas de mérite, il les espionnait dans le parc.

« Donc, il y a un single que je pourrais écouter ?

- Oui.

- Et est-ce que je pourrais l'écouter ?

- Oui… Enfin, la décision n'appartient pas qu'à moi. »

Elle regarde les deux ingénieurs du son qui acquiescent vigoureusement, bien incapables de cacher leur joie.

« Ok. Suis-moi. »

Le reste du groupe les regarde comme des chiens qu'on laisse seul pour partir au travail mais ils doivent retourner à leurs cours respectifs pour prouver à nouveau leur sérieux après cet écart empreint de folie. Minako conduit Umino dans la « salle d'enregistrement ». Rei n'ayant pas de cours, Minako l'invite également :

« Allez, viens aussi ! »

Ils arrivent dans la pièce de fortune et Umino semble impressionné par cette installation.

« Les articles de presse vont s'écrire tout seul. La Sailor Senshi qui a produit son premier single dans un temple shintoïste. En marchant littéralement sur des œufs. Enfin, des boîtes d'œufs. »

Minako glousse.

« On dit glisser sur des œufs.

- Non, la reprend Umino. On glisse sur des peaux de banane, pas sur des œufs. »

Umino fait remarquer que certaines choses ne changent pas, Minako n'ayant jamais été capable de citer une expression ou un proverbe sans en changer les termes et le sens.

« Pourquoi "No Future Records" ?

- Oh, j'ai toujours été fan des Sex Pistols. »

Rei et Minako dévisagent Umino.

« Rei ?

- Oui, Minako ?

- Umino serait-il devenu…

- Intéressant ? »

Umino essaie de ne pas le prendre personnellement.

« Parce que bon, on te voyait plutôt tenir un site qui revend des petites culottes usagées. »

Andy et Masato sont livides. Est-ce une manière de parler à son futur patron ? Pourtant, Umino ne s'en offense pas.

« Derrière mes gros cul-de-bouteilles, il y a plus à découvrir qu'un geek de vingt-et-un ans toujours puceau. »

Grand silence. Le double sens de la métaphore des lunettes empêchant ses pouvoirs de persuasion de s'exprimer leur échappe mais pas la pique leur rappelant que, comme pour elles, l'habit ne fait pas le moine.

« Désolée, Umino. Je suis contente de te voir et de l'opportunité que tu m'offres. Je te présente mes excuses. »

Il éclate de rire.

« Ce n'est rien. Vous m'avez ramené au collège l'espace d'un instant mais je ne devrais pas m'énerver de la sorte. J'ai une femme, un enfant et un boulot qui me met à l'abri du besoin et c'est plus que je peux en dire de la plupart des personnes dans cette salle. »

Le coup de grâce.

« Bon, j'ai pu assoir mon autorité et mettre une distance avec l'artiste comme on me l'a appris en école de management. Maintenant, je peux me montrer humain à nouveau. Minako, je serais ravi d'écouter ta chanson. Pas de moqueries sur nos vies respectives et tout ira bien. »

Minako s'exécute et remet le casque à Umino qui se demande s'il est allé trop loin. Probablement. Toutefois, il sent un certain respect du groupe. Ils sont amis mais il est là pour faire son travail. Il écoute avec attention la chanson et fait quelques suggestions. Andy et Masato sont d'accord et réalisent quelques-unes des modifications qui peuvent être faites sur-le-champ pour montrer de quoi ils sont capables au producteur.

« Voilà, c'est beaucoup plus proche de ce qui marche en ce moment. Vous faites du bon travail. Je vous remets ma carte. Si vous cherchez un nouveau boulot, que Minako nous rejoigne ou non, No Future Records serait ravi de vous compter parmi ses employés. Notre maison de disques est garantie sans monstres, à l'exception du capitalisme. »

Andy et Masato acceptent la carte d'une main tremblante.

« Minako, je te laisse réfléchir. J'espère que tu nous choisiras. Tu as du talent mais il te faut dorénavant un manager si tu veux pas être une étoile filante et ne faire qu'un single. »

Il lui serre la main et quitte la pièce. Il traverse le long couloir du temple. Quand il tourne et qu'il est sûr qu'il n'est plus visible, il tombe à genoux et se tient le poitrine. Il a du mal à respirer et peine à reprendre sa respiration. Il a lancé l'engrenage et le pied de Minako est déjà pris dedans. Elle n'a aucune chance d'en sortir vivante. Jouer ce rôle, pas celui de l'impresario mais celui de l'ami qui vous veut du bien, lui donne tellement la nausée qu'il vomit violemment. Paniqué, il cherche un mouchoir dans sa poche et, surpris, trouve un paquet de mouchoirs en papier. Ne se souvenant pas l'y avoir mis, il remercie la force qui a veillé sur lui. Il essuie tant bien que mal le vomi et le met dans son attaché-case. Il voit alors un petit papier plié en quatre qui a dû tomber quand il a sorti le premier mouchoir. Bien que tâché de sécrétions, il reconnaît l'écriture de Naru :

« Tu éternuais beaucoup hier et comme tu n'en as jamais sur toi, j'ai pris les devants. Mets ton écharpe. Je t'aime.

Naru-chan

Il se met à pleurer à chaudes larmes, se retenant de crier de douleur, et part en courant. Qui est le vrai monstre dans cet histoire ?

À suivre…

Bah, j'ai rien de spécial à dire. Les choses avancent et les événements s'accélèrent. L'étau se resserre.

Miguel NOCHAIR