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J'ai mis l'entièreté de la soirée d'hier pour faire cracher à Luffy ce qui l'avait mis dans un tel état de dépit. À croire qu'à force de mentir constamment à tout le monde à propos de nous deux, ce sale gosse arrive de mieux en mieux à garder les secrets. Quoi que je le comprends dans la situation actuelle : il avait peur que m'annoncer qu'il avait tout balancé à sa putain de psy' me fasse câbler... Et ça n'a pas loupé.
Je me suis peut-être un peu trop énervé. J'ai peut-être abusé de lui faire la gueule au point de lui refuser son câlin de bonne nuit et de dormir dans le salon. Mais putain, nous mettre en danger comme ça, alors qu'on avançait tranquillement et sans le moindre danger jusqu'à ses 18 ans... Je commence à croire qu'il cherche juste ma mort. D'autant plus qu'il n'a même pas voulu me donner les détails, se contentant de répondre à mes questions angoissées par un simple haussement d'épaule dédaigneux bien digne du sale ado rebelle qu'il est.
J'oublie parfois qu'il est avant tout un putain d'ado rebelle. Moins terrible que moi à l'époque, mais tout aussi casse-couilles par moment.
On est donc retournés dans une joyeuse ambiance de guerre froide depuis son levé et je suis étonné qu'il ait quand même accepté que je l'aide à réviser. Je me demande si c'est par réel inquiétude vis-à-vis du Bac blanc qui approche à grands pas, ou par simple envie de vouloir rester près de moi en terrain neutre, mais sans pour autant trouver d'autre alternative moins chiante.
En attendant, on est là, posés sur la table de la cuisine à s'arracher les cheveux sur ses putains de maths auxquelles je bitte toujours que dalle, ma mauvaise humeur étant tournée uniquement vers ses équations de merde, mais j'ai l'impression qu'il prend la moindre de mes remarques acerbes personnellement. Dans tous les cas, la tension dans la pièce est palpable malgré toutes mes piètres tentatives pour rétablir un contact, ne serait-ce qu'avec une petite caresse du bout des doigts. Mais je me fais envoyer bouler par un geste revêche de rejet à chaque fois, à ma grande déception. Alors, la tension monte, je m'énerve toujours un peu plus à chaque nouveau vecteur qui empire également mon mal de crâne et Luffy s'agace en crescendo.
- J'devrais demander à Nami, ça serait plus simple... bougonne-t-il d'une voix qui rase le sol avec sa moue irritée, même si elle m'attendrit plus qu'autre chose.
- Elle serait meilleure que moi, c'est sûr... soupiré-je. C'est pas bien compliqué d'être meilleur que moi t'façon. C'est à s'demander comment j'ai pu avoir mon Bac.
- Par l'opération du Synthèse Pris.
Je ricane malgré la mauvaise humeur clairement tangible dans son ton.
- C'est pas plutôt « Saint Esprit » ?
- M'en fous.
Je soupire encore discrètement. Incompréhensible. S'il voulait me faire la gueule pour de bon, pourquoi avoir accepté que je l'aide... ? Là, j'ai l'impression d'être presque en train de le punir vu comme l'entièreté de son être hurle au rejet. Il me tourne à moitié le dos de sorte que j'arrive à peine à lire son cahier de cours. Ce gros chieur.
- J'vais maudire Papa et Maman de m'avoir refilé un grand frère aussi nul que toi.
- Hey... m'insurgé-je doucement en haussant un sourcil. C'est pas sympa, ça. J'fais ce que j'peux, j'te signale... !
- T'as pas été sympa non plus hier, j'te rappelle, me claque-t-il sèchement avant de se lever pour aller piquer de nouveaux trucs à grignoter dans les placards. T'as fait c'que t'as pu aussi... ?
- Luffy, j'me suis déjà excusé ce matin ! râlé-je, agacé. Il te faut quoi de plus ?! Tu veux que j'te demande pardon à genoux ?!
Il se tourne vers moi avec un regard blasé, les bras blindés de gâteaux, dont un déjà englouti dans ses joues remplies. J'vais les buter, lui et son estomac sans fond.
- ... Pourquoi pas, tiens.
Il se fout de ma gueule. Mais au moins, il se déride.
- Arrête de bouder... essayé-je de ronronner d'un ton plus doux, presque charmeur. Mais s'il faut vraiment que j'm'agenouille devant toi, ça peut s'arranger...
- Nan, répond-il en levant le menton d'un air pompeux tout en reprenant sa place à mes côtés. Ton cerveau parasité par la bite va encore imaginer des trucs, et la session révision va encore partir en cacahuètes... Et tu l'mérites pas.
- Comment ça, j'le mérite pas ?! m'outré-je faussement en comprenant son petit jeu. Alors que je me plie en quatre pour mon adorable petit-frère, prêt à répondre à toutes ses demandes sur le champ, même à l'aider avec ses putains de maths...
Mes mains se frayent un passage sous son t-shirt pour le peloter doucement et je me rapproche dans le but clair de le coller. Et d'essayer de coller ma bouche sur sa peau, aussi. Mais je dois bien reconnaître que je ne vois pas arriver le violent coup de coude dans le bide que je me prends.
- Ace, déconne pas ! J'te fais toujours la gueule ! T'as vraiment pas été cool hier !
Je me frotte le ventre douloureusement en essayant de ne rien laisser paraître, parce que bordel, il a vraiment de plus en plus de force, ce sale môme... Et il compte reprendre le free-fight dès lundi ? Je suis foutu. Il faut que je me remette à la muscu' pour de bon si je ne veux pas me laisser dépasser. Mais pendant que je suis là à m'offusquer intérieurement, Luffy continue en boudant à moitié.
- Même si je savais que t'allais pas être content que j'en parle à Madame Hina... J'veux dire, j'avais déjà signé mon arrêt de mort en prenant ma décision, t'sais. Mais le fait que tu pètes encore un câble comme ça, c'est...
Je n'aime pas son « encore ». Il a trop appuyé dessus.
- C'est quoi ? insisté-je en fronçant les sourcils.
Il pousse un énorme soupir et se lève de nouveau de sa chaise comme une putain de dramaqueen, visiblement prêt à quitter la cuisine.
- C'est quoi ?! répété-je plus fort. Et reste là, on a pas fini tes putains de révisions !
Heureusement pour lui, il s'arrête et fait volte-face. Pour m'envoyer un regard révolté certes, mais au moins il ne prend pas le risque de me faire vriller à nouveau en fuyant dans sa chambre comme un lâche.
- J'comprends que tu sois chamboulé par rapport à tout ça, mais c'est vrai que c'est juste trop, en fait ! tonne-t-il. On s'engueule tout le temps en ce moment !
- Oh arrête d'abuser, soufflé-je en roulant des yeux. On s'est engueulés deux fois en une semaine, et ça y est c'est la fin du monde... ?
- Ouais pardon, attends j'la refais : TU m'as engueulé et TU m'as fait la gueule super méchamment deux fois en une semaine de temps. Ça m'a déjà mis à terre c'que Madame Hina m'a dit, tu pouvais pas juste être compréhensif et t'empêcher de me hurler dessus comme si j'étais un malade mental qu'il faudrait enfermer ?!
- Et on peut ENFIN savoir ce qu'elle t'a dit, cette connasse ?!
- C'est pas la questioooooon ! s'époumone-t-il et je vois ses yeux briller. Ace, tu fais trop chier ! T'étais pas comme ça avant !
Je le vois détaler pour de bon et me lève d'un bond pour le rattraper.
- J'ai TOUJOURS été « comme ça », putain ! J'ai toujours été une putain de bombe à retardement !
Il essaie de me claquer la porte de la chambre au nez, mais j'arrive à la bloquer avec ma pauvre cuisse qui hurle à la maltraitance. Un bon coup d'épaule le fait voler en arrière pour qu'on puisse se faire face. Je me sens bizarre. Je suis en colère, mais pas vraiment. Plutôt déconcerté par son comportement, je suppose.
- J'ai toujours câblé comme je le fais aujourd'hui... continué-je plus doucement, mais sans arrêter de le fusiller du regard. T'étais certainement trop jeune ou aveugle pour en prendre conscience avant, qu'est-ce que tu veux que j'te dise...
- Nan, réplique-t-il encore. C'est encore pire depuis qu'on est ensemble.
J'écarquille les yeux.
- ... T'insinues quoi, là ?
- R-rien... se soustraie-t-il en évitant mon regard alors qu'il semble lutter pour ne pas laisser échapper une petite larme.
- J'suis à fleur de peau parce que j'ai peur qu'on t'enlève à moi, Luffy. J'te l'ai pas assez répété ?! Et cette nana, Hina, elle a le pouvoir nécessaire pour t'enlever pour la simple foutue raison que j'me tape mon petit frère mineur dont j'ai la responsabilité. Alors qu'elle sait rien de rien, en plus !
- Nan, elle en a pas le pouvoir, marmonne-t-il. C'est juste une psy.
- Une psy qui peut balancer si elle juge que ça peut être dangereux pour toi ! Et vu c'que t'es en train de me dire depuis tout à l'heure, j'ai l'impression qu'elle y croit, pas vrai ?! Que j'suis dangereux pour toi ?! Juste parce que j'm'énerve de temps en temps... ?!
- C'que t'as fait avec Torao était pas rien, elle a raison !
- T'ES VRAIMENT ENCORE LÀ-DESSUS ?! explosé-je pour de bon, la haine au bide. MAIS SI T'ES SI TRISTE DE C'QUE JE LUI AI FAIT À TON CHER TORAO, T'AS QU'À TE BARRER D'ICI ET ALLER LUI LÉCHER LE CUL ! PUTAIN DE MERDE !
Je cogne dans le mur à ma droite sans même m'en rendre compte. Je le réalise simplement à la douleur vive qui me brûle les phalanges l'instant d'après et au nouveau trou que le placo a gagné. Merveilleux. Et Luffy bataille pour de bon pour ne pas pleurer. Hargneusement, mais quand même.
- Tu devrais pas réagir comme ça... bafouille-t-il entre deux reniflements. Je l'sais, en plus... Papa pétait un câble après toi quand tu faisais ça, il disait tout l'temps que c'était trop...
- C'est pas TROP ! Ce sale petit connard a cru qu'il pouvait te voler à moi, t'aurais pas eu la haine à ma place, peut-être ?!
- Si, mais pas comme ça !
- J'vois pas c'que ça change !
Il se retient clairement de me répondre quelque chose et ferme les yeux comme s'il se les brûlerait s'il les rouvrait. J'essaie de redescendre de mon côté en faisant les cents pas dans la chambre, bien conscient que je ne fais que lui donner raison en câblant encore comme ça. Mais ce n'est quand même pas ma faute si la simple pensée de quelqu'un d'autre mettant ses sales mains sur Luffy me rend dingue... ?
- Pourquoi tu m'as dit tout ça ? demande-t-il soudainement d'une voix aussi basse que résolue. Ce soir-là, au Nouvel An, y'a des années... Quand tu m'as dit que j'étais « la lumière dans tes ténèbres » ? Que « tu te flinguerais si j'étais pas là »... ? Pourquoi tu m'as dit ça... ?
Je reviens à lui, la surprise d'entendre cette étrange question ayant le mérite de me calmer un peu.
- ... Parce que c'était vrai, mais j'étais probablement trop bourré pour y mettre des formes correctes... Pourquoi tu m'demandes ça, d'un coup ?
Il fait la moue et ça m'emmerde tellement de ne pas comprendre ce qu'il se passe dans sa petite tête supposément vide.
- ... Ça fait longtemps que tu m'aimes... vraiment très fort, hein... ?
Je ne comprends pas ce que ça à voir avec notre discussion précédente, mais ça me parasite tellement le cerveau que je ne trouve rien à y redire. J'ai simplement la gorge sèche et je n'arrive pas à m'empêcher de déglutir.
- ... Oui. Certainement plus longtemps que tu ne le croies...
Je me sens libéré d'un poids infini de dire enfin à voix haute ce que je n'avais jamais dit à personne jusqu'ici, même pas à Marco qui était le plus proche de la vérité. Pourtant, Luffy se renfrogne un peu plus, mais l'instant d'après il est collé à moi, en train de me serrer dans ses bras avec hargne. Je lui réponds automatiquement et ce câlin a quelque chose de salvateur. Car je sens clairement dans sa poigne qu'il essaie d'y faire passer toute l'affection qu'il me porte.
- ... L'amour peut pas être dangereux, murmure-t-il pour lui-même. T'as raison, elle en sait rien...
Je devine qu'il parle de sa foutue psy et je l'embrasse doucement dans les cheveux.
- Non, elle en sait rien. Elle nous connaît pas. Mais j'espère que tu vas finir par me dire quelles conneries elle t'a raconté... ?
Ma bouteille jetée à la mer coule lamentablement quand il secoue la tête en signe de refus. Bon. J'ose espérer qu'il acceptera de m'en dire plus un autre jour... Car pour que ça l'ait retourné comme ça, je n'imagine même pas ce qu'elle a pu lui vomir comme conneries. Le bac et moi-même sommes bien suffisants pour le stresser en ce moment, merci bien. Il n'a pas besoin de ça. Et mes nerfs non plus.
Fort heureusement, je suis rassuré de la paix qu'il rebâtit entre nous en commençant à m'embrasser doucement. Je lui réponds sans trop réfléchir, avide de simplement passer à autre chose et de ne pas continuer à nous enfoncer plus dans cette ambiance merdique.
Mais ses embrassades se font de plus en plus agressives et rapidement, je me retrouve plaqué sur le lit sans pouvoir rien y redire. Pas que j'aille m'en plaindre, mais je le trouve bien plus offensif que d'habitude. Nos dents s'entrechoquent douloureusement et chaque morsure qu'il m'inflige ressemble presque à une punition. Je suppose que je l'ai mérité, quelque part... Il est vrai que m'énerver contre lui comme je l'ai fait hier soir n'était pas ce que j'ai pu faire de plus sympa. L'enchaînement avec le week-end dernier est certainement un peu trop violent pour lui.
Je suis tout de même surpris qu'il veuille soudainement transformer cette énergie en sexe brutal, comme s'il cherchait à me rendre la monnaie de ma pièce pour samedi dernier. Intention que je devine en le voyant retirer mes vêtements avec une hâte et une détermination que je ne lui ai que peu connu. Ma surprise ne baisse pas quand il prend en bouche mon pénis déjà dur, toujours aussi brusquement, mais ce n'est rien comparé à sa main qui se glisse soudainement entre mes cuisses.
- Qu'est-ce que tu fais ? m'étranglé-je en redescendant violemment de mon nuage de luxure sur lequel il était pourtant en train de m'emmener planer bien haut.
- J'ai envie d'te prendre, me répond-il d'un air résolu, toujours avec cette expression à la limite du mécontentement sur le visage.
- Q-quoi... ? Et ça t'pète comme ça, d'un coup ?
- Nan. Ça fait quelques jours que j'y pense.
Je blêmis en laissant ma tête retomber dans l'oreiller. Et ben d'accord. Qu'est-ce que je suis supposé répondre à ça... ? D'ailleurs, je me sens incapable de répondre quoi que ce soit. Il m'a vidé de toute combativité avec son air déterminé. J'ai juste envie de céder à ma panique, d'autant plus en le sentant venir me pénétrer doucement de son index.
- Lu-Luffy... ! me réveillé-je, le rouge aux joues malgré moi. Il faut que j'te dise !
Le regard toujours grondant qu'il me renvoie me donne l'impression qu'on a littéralement échangé les places par rapport à d'habitude. Quelle connerie.
- Je... Je suis pas le mec le plus... à l'aise, avec... ça... bafouillé-je comme un adolescent qui découvre les prémices de la vie.
Je me donne envie de me foutre de ma propre tronche.
- Ah bon ? s'étonne-t-il en haussant un sourcil. Tu m'parais pourtant plutôt à l'aise en temps normal...
- Te fous pas de ma gueule, tu sais très bien c'que je veux dire, ralé-je en priant que mon foutu visage reprenne rapidement ses couleurs normales.
Ça a le mérite d'adoucir l'expression de Luffy, qui retrouve enfin une ombre de sourire. Il remonte pour venir retrouver mon visage et dépose un baiser tendre sur le bout de mon nez.
- J'vais être doux, promis...
... Il vient vraiment de me dire ça ?
Bordel, mes joues flambent pour de bon. Se faire « rassurer » à propos du cul par mon cadet pataud comme pas deux. La honte absolue.
Je décide pourtant de le laisser faire et mine de rien, doux, il l'est. Pas autant que moi j'ai pu l'être durant notre première fois, mais il n'est définitivement pas aussi bourrin que j'aurais pu le penser. En plus, j'ai l'impression que le fait de me faire manipuler par Luffy me met plus en confiance.
Je me retrouve bien vite à gémir sous ses gestes, même s'ils me donnent l'impression de n'être qu'une bonne imitation des miens quand c'est moi qui m'occupe de lui. Il galère à trouver ma prostate mais je ne vais pas m'en plaindre vu comme la sensation m'envoie des étoiles dans les yeux dès qu'il l'atteint. J'avais oublié comme c'était bon, si on fait abstraction du reste... J'ai du mal à me retenir de gémir doucement et je crois que ça lui plaît énormément. Je me retrouve à me courber inconsciemment sous ses gestes, pour une fois totalement à sa merci. Je déteste tellement ça d'habitude... Mais là, c'est Luffy. Mon Luffy. Celui pour lequel je pourrais me damner. Celui à qui je confierai ma vie. Celui auquel je m'offre corps et âme depuis qu'il m'a enfin accepté à ses côtés.
Je ne m'étonne donc pas plus que ça de le laisser faire sans trop d'appréhension, du moins si peu par rapport à toutes les fois précédentes où je me suis retrouvé dans cette situation. Ses doigts fins sont maintenant trois à s'être frayés un passage en moi et, même si la sensation reste gênante, voire désagréablement brûlante, il me la fait rapidement oublier avec le bout de ses phalanges qui se plient pour maltraiter ma boule de nerf à répétition. Je me retrouve à batailler contre moi-même pour ne pas me mettre à faire les mêmes vocalises que lui, mes dents se plantant dans ma pauvre lèvre inférieure pour être certain de ne pas me laisser aller.
Ce qui est ironique quelque part, puisque je me laisse déjà complètement aller.
Mes poumons se vident de leur air lorsqu'il se retire de mes chairs et se met autant à poil que moi. Il ne me lâche pas des yeux pendant le processus, et j'ai envie de me jeter sur lui pour dévorer ses lèvres formant un foutu sourire satisfait.
- T'es sacrément beau comme ça, Ace... me susurre-t-il en revenant à quatre pattes à mes côtés, son pénis en main pour lui redonner de la vigueur. C'est pas une vision que tu m'offres souvent...
- Profites-en alors, sale gosse, souris-je avec un air de défi. Et j'pourrais te dire la même chose... T'as mangé quoi ce matin pour avoir autant la confiance ?
Son sourire se fane un peu et il ne me répond pas, redonnant plutôt son attention à son érection qu'il n'arrive pas à relancer. Ok, je crois comprendre ce qu'il se passe dans sa cervelle de piaf... Trop frustré par toute cette histoire et revanchard, il veut me montrer qu'il est capable de prendre le contrôle lui aussi, quelque chose comme ça ? Moi je veux bien, mais ça ne lui va tout simplement pas. Qu'il me prenne s'il en a envie, mais il ne pourra jamais avoir l'ascendant sur moi. Il le sait bien, pourtant. Monkey D. Luffy n'est pas quelqu'un qui aime avoir le contrôle sur les autres, de toute façon. J'ai du mal à comprendre comment il a pu se mettre une telle idée en tête... Dans tous les cas, il m'a trop chauffé pour que je continue à réfléchir bien longtemps et je prends les devants pour l'empêcher de trop penser à son tour. Me redressant pour me mettre à quatre pattes face à lui, j'avale son pénis en laissant glisser ma langue dessus et le long gémissement que je lui arrache me satisfait tout autant que le sentir redevenir dur bien rapidement. Ma bouche remplie s'efforce de lui pomper tout le sang qui gorge son cerveau pourtant si inapte à trop réfléchir, et ça fonctionne bien. Quelques minutes plus tard, le voilà qui arrache sa queue de mes lèvres pour venir la remplacer de sa langue avide.
Maintenant que je lui ai remis les idées en place et que sa brutalité est enfin due à l'envie plutôt qu'une étrange pulsion de contrôle sortie de nulle part, je le laisse se faufiler à nouveau entre mes cuisses avec plaisir, même si la petite appréhension est toujours bien là. Mais ses yeux plus noirs que le plus profond des gouffres et hurlant tellement de désir pour moi me font tout oublier. Oublier à quel point je suis mal à l'aise dans ce rôle, à quel point j'appréhende la douleur fulgurante qu'il va m'infliger alors qu'il tâtonne déjà pour se frayer un chemin en moi, à quel point ce sentiment de mise à nu et de laisser aller complet me terrifie en temps normal, avec n'importe qui d'autre que lui.
Mais encore une fois, mon amour pour lui me surprend. Je ne suis tellement plus le même entre ses bras. Je m'abandonne sans réfléchir, sans chercher à me raccrocher à quoi que ce soit. Car c'est bien à lui que j'ai envie de m'accrocher férocement, et ce depuis tellement, tellement d'années. J'ai planté mon ancre dans sa chair alors que je découvrais cette nouvelle vie à ses côtés, à ma sortie de l'orphelinat, et depuis, je ne l'ai jamais décrochée. Peut-être que ça a parfois été casse-gueule, probablement que ça a souvent été douloureux, sûrement que ça a toujours été irrationnel, absurde, malsain... Mais bordel, ça valait tellement le coup. Aujourd'hui, toutes ces années à souffrir de l'aimer en silence sont enfin merveilleusement récompensées. Je me mettrai à genoux face à lui et j'écarterai les cuisses autant de fois qu'il le voudra. Je sacrifierai ma vie encore et encore. Je renoncerai à cette foutue idée du bar si c'est trop dangereux pour lui, assurément. Shanks avait effectivement raison et je le sais, au fond.
Et je sais aussi que la plupart du temps, je suis peut-être trop maladroit dans ma manière de lui rendre tout ce qu'il me donne. Dans ma manière de l'aimer.
Mais ces sentiments sont définitivement trop puissants. Ils le seraient pour n'importe qui à vrai dire, mais ils sont mortels pour moi. Tellement mortels que pour la première fois de ma vie, je prends un pied monstrueux en sentant quelqu'un me pénétrer, abandonnant le masque, fendant ainsi en deux cette foutue barrière derrière laquelle je me suis évertué à me retrancher toute ma vie pour me préserver des autres. Putain, c'est tellement con de rabaisser toutes ces barrières mentales au simple fait de me faire prendre, mais je sais que c'est extrêmement révélateur du laisser-aller total que j'offre à Luffy.
Mon Luffy.
Mon unique et si terrible amour...
- Luffyyyy... gémis-je misérablement dans son oreille alors qu'il commence à accélérer la cadence après avoir jugé que j'étais prêt à l'encaisser.
Il gémit en retour et nos joues sont collées l'une à l'autre, mes mains solidement crochetées dans son dos pour être certain qu'il ne m'échappe pas. Quitte à le sentir aussi profondément en moi, je veux le sentir tout entier. La moindre parcelle de sa peau frottant fiévreusement contre la mienne. Et j'ai l'impression que cette proximité exacerbe mon plaisir. Tout le bas de mon ventre s'enflamme comme jamais, je me sens tellement prêt à jouir d'une seconde à l'autre. Pourtant la brûlure est toujours là, à chacun de ses mouvements. Mais elle est reléguée au second plan, mes inquiétudes habituelles à ce propos balayées par la simple pensée rationnelle que c'est bien normal. Contrairement à lui, je n'ai pas l'habitude.
Et puis merde, qu'est-ce que j'en ai à foutre quand je le sens prendre un tel pied en moi... ? Les sons qu'il laisse échapper sont différents de d'habitude. Plus graves, plus rauques, plus traînants. Je le comprends, ce n'est définitivement pas le même plaisir, mais ça n'en reste pas moins perturbant d'entendre ça venant de lui. Et de le voir si maître de lui-même, aussi. Lui qui semble laisser sa conscience s'envoler au loin à chaque fois qu'on fait l'amour au point de me laisser lui faire quasiment tout ce que je veux de lui, cette fois c'est lui qui est dans une certaine retenue. Et qui garde les yeux ouverts. Il évite toujours de croiser mon regard, mais il semble concentré, autant sur son plaisir que sur le mien. C'est grisant de le voir comme ça. De le voir me jeter des coups d'œil brûlants juste avant de fondre sur moi pour couvrir intégralement mon visage de baisers passionnés. Je n'arrive même pas à le suivre, déchiré entre le plaisir de ses va-et-vient qui m'envoient une nouvelle vague de chaleur insensée chaque fois qu'il atteint ma prostate et mon cœur qui menace d'exploser dans ma poitrine sous l'excitation de cet instant exceptionnel.
Exceptionnel, mais que je suis prêt à répéter encore et encore. Autant de fois qu'il le voudra. L'impression de flotter dans une bulle rien qu'à nous ne m'a jamais parue aussi forte. Bloqué ainsi entre notre cher lit et son corps brûlant, dépendant du plaisir qu'il me donne, de la jouissance qu'il fait monter en moi crescendo et que j'ai un mal de chien à contrôler... Il ne m'aide pas avec la peau fine de son ventre qui frotte douloureusement mon érection à chacun de ses mouvements. Je me surprends à répéter son prénom en boucle et l'orgasme montant me fait perdre la tête. J'ai un violent black-out de plaisir au moment où mon corps se relâche entièrement, mon pénis déversant sa semence libératrice entre nous, même si ce plaisir-là est moindre comparé au creux de mes entrailles qui pulse douloureusement sous les coups de Luffy. Aucun son n'est sorti de ma gorge bloquée, en revanche j'entends parfaitement le long gémissement de satisfaction de Luffy, qui ne s'arrête pas pour autant.
Ses énièmes va-et-vient me rendent dingue, autant de plaisir que de douleur et je bataille pour retrouver ma voix et le supplier de mettre fin à ma torture. Je sais qu'il aime que je continue après qu'il ait joui, mais moi je ne peux juste pas. C'est beaucoup trop sensible, la douleur prend de plus en plus le pas sur le reste. La descente est violente, tellement que je me retrouve à fixer le plafond, les yeux hagards. Fort heureusement, Luffy vient à son tour dans un râle aigu déjà bien plus digne de lui.
Il s'affale sur moi sans aucune délicatesse, mais loin de moi l'idée de le repousser. Au contraire : mes doigts glissent paresseusement sur sa peau trempée de sueur et je me love un peu plus contre lui, comme si c'était possible, me gorgeant de sa présence.
J'ai la douce sensation de me sentir soudainement protégé qui monte en moi et qui me déconcerte. C'est peut-être la première fois de ma vie que je ressens ça, et pourtant. Ça ne devrait pas m'étonner : c'est bel et bien là, dans les bras de Luffy, que je me sens le plus vivant. Le plus invincible, le plus en sécurité.
- Serre les dents... chuchote-t-il soudainement dans mon oreille et je devine un sourire dans sa voix.
Mon esprit embrumé se demande ce qu'il veut dire par là et je comprends au moment où il se redresse et commence à se retirer lentement de moi. Il essaie d'être délicat, mais ça ne m'empêche pas de laisser échapper un geignement de douleur. Et même libre, alors qu'il s'assoit mollement à côté de moi pour reprendre son souffle, la tête ailleurs, je lâche un long soupir d'inconfort, grimaçant de cette sensation de vide qui côtoie l'infâme brûlure tant redoutée.
Quelle idée d'être gay, sérieusement...
- Ça va... ? s'enquit Luffy en s'allongeant de nouveau à mes côtés pendant que moi, je n'ose pas bouger un seul muscle.
- Je survis... soufflé-je lamentablement.
Je m'étonne de son manque de réponse et le regarde : son expression désolée m'arrache un rire, qui m'arrache lui-même une nouvelle grimace. Je me redresse légèrement pour attraper son visage entre mes mains et frotter nos deux nez l'un à l'autre.
- J'ai pas l'habitude, contrairement à toi... Mais c'était bien. Très bien, même.
Je l'embrasse passionnément sans attendre et il semble rassuré. Il se pose plus confortablement à côté de moi pour continuer notre baiser, l'approfondir même, bien qu'il soit plus tendre qu'autre chose. Il y met fin doucement et me regarde d'un air bizarre. Je ne pose pas la question, je sens bien qu'il va prendre la parole de lui-même.
- ... Je sais pas c'qui m'a pris, finit-il effectivement par avouer en baissant la tête avec une moue désolée.
Je ris.
- Moi j'ai une bonne idée de ce qui t'es passé par la tête... chuchoté-je en glissant les doigts dans ses cheveux. Mais on s'en fout. C'est pas grave.
Il m'interroge de ses grands yeux noirs.
- ... On a pris notre pied tous les deux, c'est le principal, éludé-je, pas motivé à lui répondre.
Et surtout pas motivé à lui expliquer qu'il y a une histoire de dominance entre nous deux et qu'il a soudainement eu envie de la contrebalancer. Pour le moment, je préfère juste continuer de gentiment décéder de mon côté. Une bonne partie de mes muscles me donne la sensation que je viens de faire le marathon de New York sans préparation. Je suis épuisé, et le fait que je n'ai presque pas dormi de la nuit ne doit pas aider. J'ai presque envie de m'offrir une petite sieste, mais je vois Luffy se lever du lit, hésiter, puis se tourner vers moi pour hésiter encore.
- ... Tu viens prendre une douche ?
- T'es cruel avec moi, ricané-je. Tu viens de me tuer et tu m'demandes encore de faire un effort aussi horrible que de marcher jusqu'à la salle de bain ?
- J'te porte si c'est qu'ça, propose-t-il avec un sourire en coin.
Je hausse un sourcil intéressé.
- Chiche. Est-ce que tu vas arriver à ne serait-ce que me soulever... ?
- J't'en prie Ace, ricane-t-il. On sait que t'es un gros tas, mais quand même : 'sois pas si dur avec toi-même...
Je bondis pour essayer de le choper et lui infliger je ne sais encore quoi pour lui faire ravaler ses paroles, mais je ne réussis qu'à m'étaler lamentablement sur le ventre, le haut du corps qui pend dans le vide et mon pauvre cul trempé hurlant à la souffrance. Luffy se fout éhontément de ma gueule et j'ai juste la force de lui brandir mon majeur que je rêverais de lui mettre pour de bon.
Mais il revient vers moi pour m'attraper par les bras et me hisse sur son dos. Je me marre en le laissant faire, absolument pas motivé à l'aider. Je consens tout de même à enrouler mes jambes autour de ses hanches et le voilà qui m'emmène à travers le couloir. Avec une certaine aisance, je dois le reconnaître. Ses jambes flageolent un peu, mais je dois bien avouer qu'il a pris du muscle, le p'tiot.
- Tu vas bientôt pouvoir me porter d'un bras si tu reprends le free-fight...
- Y'a pas de « si », souffle-t-il bruyamment en arrivant dans la salle de bain. J'reprends lundi, ça va être trop bien, j'vais certainement un peu chialer les deux premières semaines... Mais t'inquiète que dans pas longtemps, j'pourrais carrément te porter et t'mettre à terre, ouais !
Je le laisse m'abandonner sur le sol de la salle de bain, ne l'aidant toujours pas pour la descente. En résulte une nouvelle vague de douleur dans mes reins quand mes fesses heurtent douloureusement le lino frais. Je l'ai cherchée celle-là...
- Je pense... entamé-je pensivement en admirant ses propres fesses tendues sous mon nez alors qu'il se baisse sur la baignoire pour allumer l'eau. Déjà, que tu as définitivement un cul d'enfer. Et ensuite, que toute une vie te suffirait pas pour arriver à m'battre un jour, mais c'est beau de rêver.
Il m'empêche de lui pincer un de ses magnifiques bouts de chair rebondie en me claquant la main et se tourne vers moi, les poings sur les hanches. Moi je veux bien, mais il est toujours à poil et je suis toujours assis par terre. La vue est assez magnifique.
- C'est toi qui rêves ! J'te ferais remarquer que tu fais juste trois pompes et demies quand t'en as la motiv', c'est-à-dire pas super souvent, vieux feignant ! Et arrête de mater ma bite comme ça !
- C'est toi qui cherches aussi... me marré-je avec un sourire en coin. Et c'est pas parce que tu me vois pas faire du sport que j'en fais pas, hein. T'es en cours toute la journée. Tu crois que j'fais quoi pendant c'temps là ?
- Tu roupilles, répond-il sans une ombre d'hésitation.
- ... Oui nan mais d'accord, mais quand j'dors pas ?!
- Tu fumes et tu t'branles les couilles.
- ... L'opinion que tu as de moi est extrêmement décevante, petit-frère.
- Ouais on lui dira. Sinon, tu t'relèves un jour pour grimper dans la baignoire ou quoi ?
J'étire le cou pour constater que ladite baignoire est en train de se remplir d'eau.
- Mais tu parlais juste d'une douche tout à l'heure... ronronné-je d'un air moqueur.
- Eh ben j'ai changé d'avis, râle-t-il en me mettant un petit coup de pied dans les côtes. Allez Aaaaace, bouge !
- Mais et tes révisions ? Tes pauvres maths délaissées... ?
Il soupire lourdement, sa mine agacée se muant en une expression légèrement honteuse.
- ... Nan mais j'vais demander à Nami, hein.
J'éclate de rire : ouais, c'est certainement mieux pour tout le monde.
J'accepte donc sa main tendue pour me relever et j'enjambe la baignoire pour me plonger dans l'eau chaude, très vite rejoint par Luffy. C'était une drôle de matinée et j'ai la nette impression que la question d'avoir parlé de notre relation à sa psy est loin d'être terminée, autant pour ladite psy qui risque de balancer, que pour lui qui a l'air d'avoir encore quelques trucs à ruminer... Mais en attendant, je continue de penser que quelques disputes de temps en temps ne sont rien comparées à des moments aussi merveilleux qu'un bain chaud à deux, juste après une séance intense de sexe. Luffy se glisse entre mes cuisses encore une fois, mais simplement pour poser son dos contre mon torse et s'allonger sur moi. Son soupir d'aise m'arrache un sourire et je laisse mes doigts glisser au hasard sur sa peau immergée.
Tout est parfait en cet instant. Et je jure que si cette nana fait quoi que ce soit pour tenter de nous séparer et nous enlever ces moments... Je la tuerai. Je tuerai tous ceux qui se mettent en travers de notre perfection.
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- Nekfeu & Vanessa Paradis – Dans l'univers -
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Alors, euh, bon. Ce chapitre était celui de la grosse reprise de la fic après quelques mois en stand-by, et j'ai l'impression que ça se ressent beaucoup dans le texte... Dans tous les cas, j'avais envie de faire une micro session révision, j'avais envie de vous donner du cul (et en profiter pour casser le code cliché et ridicule du « on est soit uke, soit seme, mais pas les deux », bon sang...) J'ai rempli les deux options, tout cela est parfait. À peu près.
Sinon ! Je voudrais lancer un petit sondage :
- Appréciez-vous les chapitres des dizaines/flashbacks, avec Makino et Dragon ? (je ne vais pas me vexer si c'est non, chacun kiffe ce qu'il veut !)
- Et si oui, avez-vous des idées ou des envies de ce que vous aimeriez y lire ?
Actuellement, j'en ai encore deux qui sont quasiment prêts (le 40 et le 50 du coup), mais je pèche pour la suite... ! Je me demandais donc s'il valait mieux que je m'arrête là vu que j'ai raconté peut-être tout ce que je voulais y raconter, ou si je continue avec des idées qui viendraient éventuellement de vous, ça peut être sympa ! Je ne garantis évidemment pas que je mettrai toutes les idées à exécution si ça ne m'inspire rien, j'en suis désolée d'avance en ce cas, d'autant plus qu'on ose espérer par ici que la fic ne va pas vraiment s'étaler sur cinquante chapitres de plus... ! Si on pouvait au moins éviter de dépasser les 70... même si je n'y crois pas trop :')
Merci de votre attention ! À la prochaine !
