Hello ! Désolée du léger retard, j'étais un peu malade, mais me voilà !

Et pour info, la reloue que je suis n'aime vraiment pas poster le 15 du mois, en fait... Donc, je vous propose de revenir au 1er, et je vous donnerai donc le chap 40 (40 omg) le 1er août tranquillou !

Quant à ce chap... Halala... Quel mini-arc incroyable dans lequel nous rentrons, mes amis :')
"Enjoy" !


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Je m'étire de tout mon long en grognant de contentement, bien installé dans le canapé. On est pas mal, là. Luffy est rentré de sa dernière épreuve du Bac blanc il y a quelques heures et on va enfin faire une pause sur ces putains de révisions qui me cassaient la tête. Bon, même si Nami avait fini par reprendre le flambeau... Disons qu'on va plutôt faire une pause de Nami. Parce qu'avoir la rouquine fourrée ici quasiment tous les soirs, quel putain d'enfer, sérieusement.

- Content que ce mois de février soit enfin terminé, Lu' ? lui lancé-je d'une voix forte pour qu'il m'entende alors qu'il branle je ne sais quoi dans sa chambre.

- Ouaiiis ! J'ouvre plus aucun bouquin pendant au moins... Au moins deux semaines !

- Eh beh, j'te trouve déjà très raisonnable... ricané-je. À ta place, ça aurait été deux mois...

- Et j'te jure Ace, j'te jure ! continue-t-il sur le même ton, ne m'ayant apparemment pas entendu. Dès que j'ai l'bac en poche, j'ouvre plus jamais un seul bouquin de ma viiiiiiiiiie !

- Okayyy, bon plan ça. Mais tu vas faire comment pour la fac l'année prochaine ?

- Y'a pas besoin de réviser en STAPS : 'faut juste avoir des gros muscles !

Je roule des yeux pour moi-même : fort bien. Il n'écoute donc définitivement rien de ce que je lui dis.

- On étudie des trucs en STAPS, Luffy... Anatomie, sociologie, histoire du sport... Mais là au moins, j'pourrais vraiment t'aider...

Il ne m'écoute définitivement pas. Je l'entends retourner des trucs dans sa chambre et je me demande bien ce qu'il peut foutre, mais ce n'est pas mon problème dans les minutes qui viennent. De toute façon, l'appart' est déjà un dépotoir, avec deux bordéliques comme nous. Un peu plus, un peu moins... Tant que je peux avancer dans la chambre sans me prendre les pieds dans un t-shirt, qu'il s'étale autant qu'il le veule.

- Hey, au fait... Ta pote Nami... Ça va aller, pour elle ? J'pensais que t'en rajoutais quand tu me disais que son beau-père était un enfoiré, mais elle a vraiment l'air de pas l'aimer vu ce qu'elle m'a raconté la dernière fois que j'l'ai ramenée...

- C'était d'ça dont vous avez parlé ? me répond-il enfin d'une voix étonnée. Elle m'a dit le lendemain qu'elle était contente d'avoir « enfin pu avoir un échange constructif avec toi ». T'es pas cool de pas avoir fait plus d'effort que ça avec elle quand elle était là, Ace...

Je lève les yeux au ciel en poussant un long soupir. Calmos hein... Déjà que j'ai accepté qu'elle vienne ici tout le temps, qu'elle reste parfois dormir, et tout ça au détriment de mon introversion ET de ma vie sexuelle... J'aimerais qu'on arrête de m'en demander autant. Je ne peux pas prendre sur moi et faire un effort social en prime vis-à-vis de la même personne. Foutez-moi la paix.

- Et du coup, tu m'as pas répondu... ? insisté-je d'une voix agacée.

- J'suppose que oui... Elle répond toujours qu'elle est habituée à son sale caractère et ses demandes chiantes, depuis l'temps. 'Pi je sais qu'elle va parfois se planquer chez Sanji… T'façon, elle en a plus pour longtemps : dès qu'elle a le Bac, elle se tire de là-bas et « bye-bye Arlong ! », pour reprendre son expression.

Je vois, bon. Au final, je ne sais même pas pourquoi je « m'inquiète » pour elle... Peut-être que c'était l'expression qu'elle me tirait quasiment à chaque fois qu'on arrivait devant chez elle. Ou alors je commence à m'habituer à elle... ? Pourtant, ce n'est pas vraiment jouasse entre nous depuis la conversation qu'on a eu à la soirée du gothico-émo-anorexique. Mais je suppose que j'apprécie surtout le fait qu'elle aide Luffy à gérer son Bac. Elle est bien plus pédagogue et patiente que moi pour rentrer quelque chose dans le crâne de piaf de mon petit frère. Je commençais à me dire qu'il ne s'en sortirait jamais, avec moi seul...

Par contre, je commence vraiment à me demander ce qu'il fout à côté. On est vendredi soir, j'ai juste envie de chiller tranquillement vu la semaine infernale qu'on vient de passer, teintée d'un stress que je n'avais jamais connu à Luffy. Avec tout ça, je n'ai quasiment pas eu l'occasion de lui grimper dessus et je comptais bien me rattraper un peu ce soir...

- Luuuu' ? crié-je encore, toujours bien allongé de tout mon long dans le canap'. Tu fous quoi ?!

Je l'entends débouler dans le couloir cinq secondes plus tard et redresse la tête : mes yeux manquent de s'éjecter de leurs orbites, bordel de merde.

- ... Qu'est-ce que c'est que ces fringues... ? articulé-je difficilement devant la vision de rêve de Luffy en costard.

Du moins, il a la chemise rouge et la veste noire taillée qui le moulent... Mais qui le moulent... Bordel de merde, j'ai la gorge sèche, là.

- Ça l'fait avec mon jean noir ? maugrée-t-il avec impatience. J'ai pas envie d'mettre le pantalon qui va avec : il me compresse trop les couilles et j'ai pas envie dans tous les cas. La dernière fois que j'l'ai mis, c'était à l'enterrement et... Zut hein.

Je me redresse pour de bon dans le canapé pour le mater un peu mieux, ma langue passant mécaniquement sur mes lèvres pendant que je sens ma queue se réveiller dans mon froc.

- Ça l'fait... Ça l'fait carrément. T'es terriblement sexy, petit frère... Mais qu'est-ce que tu fous avec ça ? Tu me fais une surprise, un truc dans l'genre... ?

Le regard typique de poisson mort qu'il me renvoie m'indique clairement que non, c'est tout autre chose. Mais bon, ce n'est pas comme si j'étais vraiment déçu. Luffy n'est pas tellement imaginatif pour ce qui est des sorties de couple. Il lui manque pas mal de base, j'ai l'impression.

- ... Miiiiince, j'ai oublié de te l'dire ! Shishishi ! C'est soirée avec les copains, ce soir !

Il fait volte-face pour retourner dans la chambre tout en observant encore son jean, me laissant planté là avec ma demi-molle et ma foutue déception.

- ... Pardon ? demandé-je d'une voix blanche. Genre ce soir... ce soir ?!

- Ben ouais ! J'm'habillerai pas comme un pingouin pour le fun, autrement ! C'est Sanji qui a insisté sur le « dress code »... Il m'soule...

Il disparaît à nouveau de ma vue et je serre les dents en me levant pour aller le retrouver d'un pas hargneux.

- Luffy... Je sais que vous avez pas fait de soirée depuis un moment avec les révisions, mais là, j'ai vraiment, mais alors VRAIMENT aucune putain d'envie de sortir...

Il se regarde encore dans le miroir intégré à son armoire quand j'arrive avec ma gueule des mauvais jours. Ses yeux se tournent vers moi.

- ... Oh. Ouais, mais c'est ma faute aussi : avec le Bac blanc, j'ai complètement zappé de t'en parler...

- J'm'en fous que t'aies zappé ou pas, c'est pas grave ça, m'agacé-je. J'ai juste pas envie d'y aller et j'te le dis même net : j'irai pas.

Je le vois hausser nonchalamment les épaules et retourner à la contemplation de son reflet.

- Okay pas de souci, j'comprends ! Ça va faire bizarre, ça fait longtemps la dernière fois que j'ai fait une soirée sans toi...

J'écarquille les yeux : il ne peut pas être sérieux, là.

Il revient à moi avec un petit sourire que j'ai du mal à identifier et s'approche pour déposer un bisou sur ma joue. Mais je suis comme bloqué. Incapable de me sortir de ma torpeur.

- J'demanderai à Franky d'me ramener, j'pense ! dit-il tranquillement, avant de faire une moue de réflexion. Ah... Mais si tu viens pas, faut que j'y aille en bus, et donc que j'parte plus tôt...

Il s'éloigne de moi pour aller récupérer son portable et je le regarde faire, toujours mortifié.

- ... Dis Luffy, c'est juste une putain de blague de mauvais goût, hein ?

- De quoi qu'est une blague ? m'interroge-t-il en clignant des yeux.

- ... Tu vas pas vraiment aller à une soirée sans moi... ? Surtout habillé comme ça... ?!

Il cligne encore des yeux et je peux y lire toute son incompréhension et sa stupidité. Putain mais... Sérieusement.

- Je... Je vois pas le problème, Ace... me répond-il d'un air penaud.

Je lâche un rire cynique malgré moi.

- Nan t'as raison Luffy, y'a absolument aucun problème. Va à ta soirée, amuse-toi, décompresse de ta semaine. Vas-y : j'te retiens pas.

Je me casse sans plus de cérémonie, me retenant de ne pas exploser un truc. Luffy ne répond rien derrière moi, mais j'espère sincèrement qu'il va réfléchir et prendre conscience du magistral coup de pute qu'il est en train de me faire. Rien que le fait qu'il mette du temps à s'en rendre compte me met hors de moi... Non mais j'hallucine. Son égoïsme me rend dingue. Ou sa connerie, je n'en sais rien. Dans un cas comme dans l'autre, qu'il me claque « okay Ace j'y vais sans toi » aussi sereinement me donne envie de tout cramer. Comment il peut être aussi nonchalant, putain... ?! Moi qui n'ai pas arrêté de lui répéter ces derniers jours que j'avais tellement hâte qu'on arrive à vendredi soir pour enfin pouvoir profiter du calme revenu tous les deux, ensemble, bien confortablement installés dans notre bulle...

Je replante mon cul dans le canapé pour me rouler un joint en serrant les dents. Je me suis promis de faire des efforts sur les coups de colère... Parce que, c'est vraiii, ça me fait chier de le reconnaître, mais je le reconnais : j'y vais un peu fort avec lui, ces derniers temps... Le fait qu'on soit enfin ensemble change complètement la donne. Je ne sais pas si c'est mon amour pour lui ou ma trouille qu'on nous sépare qui parle, peut-être un mélange des deux, mais je vrille avec une facilité déconcertante dès que ça nous concerne et que ça ne va pas comme je le voudrais. La naïveté de Luffy n'aide vraiment pas, et je devrais déjà m'estimer heureux qu'on ait pu passer ces deux mois sans réelle embrouille. Ses potes ne sont toujours pas au courant pour nous les briser, la famille non plus, pas de nouvelle de la psy qui aurait éventuellement balancé aux services sociaux : tout va à peu près bien de ce côté-là et c'est parfait. Je ne veux pas que ça parte en couilles d'une manière ou d'une autre. Et surtout pas à cause de mon caractère de merde. J'ai enfin eu ce que je voulais de toute mon âme depuis mes quinze ans, hors de question que je foute tout en l'air avec un putain d'accès de colère démesuré.

Mais quand Luffy fait des bails comme ça... Comment je suis censé prendre sur moi, sérieusement ?!

Je tire sur ma roulée comme pour absorber avec résolution mon calme en fumette. Ça fonctionne moyennement, vu que je continue de le voir faire des aller-retours entre la chambre et la salle de bain tout en me jetant des coups d'œil que je ne rate pas. Mais que je m'efforce d'ignorer. Je suis juste en train de compter le temps qu'il va mettre à réagir, ou au moins à me poser la question... Je suis bien conscient que je me tue les nerfs moi-même en faisant ça. La télé et les enceintes éteintes, il n'y a que le bruit des pas de Luffy, du foutu tic-tac de l'horloge murale et mes inspirations impatientes qui percent le silence. Je perçois même les gosses des voisins d'au-dessus faire leur bringue. Rien de mieux qu'une bonne ambiance silencieuse et angoissante pour me faire vriller un peu plus.

- Ace... Ça va ?

Je lui offre enfin un regard alors qu'il est planté dans l'entrée, sur le seuil du salon. Il a même sorti les chaussures, je le crois pas... Il est vraiment prêt à partir. Inconscient de ce qu'il est en train de me faire. Mais quelle putain de blague de...

- Ça va parfaitement. Tout va nickel, pourquoi ? Y'a quelque chose qui t'dérange, Luffy ? lui demandé-je d'une voix glaciale.

- Euuuuh... Ouais ? 'fin, ça me « dérange » pas... Mais j'te sens... Un peu tendu ?

J'ai envie d'exploser de rire. Je pouffe cyniquement sans pouvoir me retenir et tourne la tête vers la fenêtre pour l'ignorer encore plus. Je l'entends gigoter, puis s'approcher... Il a vraiment intérêt à bien la jouer dans les secondes qui viennent, ou je ne donne pas cher de sa peau.

- J'te promets que je rentre vite... murmure-t-il à mon oreille avant de déposer un baiser sur ma joue.

Trop éberlué de ce que j'entends, je le regarde de nouveau pour lui envoyer une expression outrée, choquée. Mais ce petit connard se contente de me sourire tendrement.

- Tu m'fais un câlin... ?

- Va te faire foutre, Luffy.

Merci bien, ça a le mérite d'enfin le faire réagir. Il se redresse brusquement en affichant un air aussi perplexe que blessé.

De mon côté, je m'évertue à lui faire comprendre tout ma rancune et mon sentiment de trahison en le fusillant du regard. Mais lui a l'air toujours aussi perdu. Visiblement, il n'a absolument aucune idée de ce qu'il se passe et de comment réagir.

Mais il finit par simplement reculer, faire volte-face, embarquer sa veste...

Et partir.

... J'ai l'impression que du plomb vient de me tomber dans le bide.

Putain. Il n'a même pas cherché à comprendre. Il ne m'a même pas demandé. Il s'est juste... tiré ? Comme ça ?

Les secondes s'écoulent comme des années, avec toute la douleur de l'attente qui les accompagnent pendant que mes oreilles restent aux aguets, déchirées à compter les tic-tacs de cette horloge de merde et les probables pas de Luffy qui ferait demi-tour après avoir enfin allumé son cerveau.

Je ne sais pas, n'importe quoi. Une réaction sensée, je vous en supplie... Car de mon côté, je suis juste cloué sur place par la stupéfaction et la déception. Je ne comprends pas ce qu'il vient de se passer. C'était certainement la demi-heure la plus incongrue que j'ai vécue de ma vie. Luffy m'annonce qu'il fait soirée sans moi, je lui montre que je suis totalement contre l'idée, il ne réagit pas et se casse...

J'aurais dû l'ouvrir, pas vrai ? Moi qui voulais prendre sur moi pour essayer de redescendre avec la weed et pouvoir ainsi le retenir à peu près calmement, j'ai trop attendu. Non : j'ai trop espéré de lui.

J'oublie trop souvent que c'est terriblement déséquilibré, entre nous. Que là où je lui souffle des « je t'aime » en boucle, les siens se font rares et toujours sur le même ton candide de petit-frère. Que là où je me gorge de chaque seconde passée seul avec lui, lui se plaint régulièrement qu'il ne sort pas assez. Que là où je fais tout pour nous, tout dans le sens de notre couple, que je lui offre cadeau sur cadeau, resto sur resto, lui cède caprice sur caprice, lui ne m'écoute jamais. Lui paraît s'en branler complètement. Lui pense certainement toujours comme si on n'était encore juste des frères avec bonus.

... Deux mois déjà. Deux mois et on en est encore là.

J'ignore combien de temps s'est écoulé depuis qu'il a refermé la porte, mais mes pensées et le silence pesant de l'appart ont raison de mes nerfs : je me relève d'un bond en embarquant la table basse avec moi. Elle se retourne complètement, tout ce qui y trônait s'explosant au sol dans un fracas de casse qui a le mérite de me satisfaire un tant soit peu.

Mais ça ne suffit pas.

Ça ne suffit pas... Le fauteuil de Makino à ma gauche y passe aussi, ainsi que la bibliothèque dans le coin du salon qui se retrouve à terre et provoque un bordel monstre.

Visiblement, je ne réalisais même pas que j'étais en train de hurler à m'en arracher la voix. Ma gorge est soudainement douloureuse, le silence retombe encore, et je crois que ça va me rendre dingue pour de bon. J'envoie des éclairs de rage à l'horloge murale et l'arrache de là pour l'envoyer valdinguer à travers la pièce. Je ne veux plus l'entendre, putain ! Quitte à ce qu'elle me rappelle le putain de vide de mon existence, qu'elle le fasse en silence, merde !

Je shoote dans le cendrier de toutes mes forces et l'envoie s'exploser dans le mur de l'entrée.

Pas encore. Ça ne suffit pas encore.

Alors mon poing se fracasse dans ce même mur. Pas encore, malgré la douleur qui explose dans ma main. Je recommence plusieurs fois, aveuglé par la rage. Je m'entends vaguement hurler encore, vomir des insultes que je ne me serais jamais pensé capable de vociférer à son encontre. Les traces de sang sur le mur en béton me ramènent vaguement à la réalité, ainsi que les coups furieux frappés à la porte. Je reconnais la voix du voisin d'en face. Hors de question que je lui ouvre, sinon il crèvera. Il crèvera, et moi je finirai en taule pour meurtre au premier degré, sans avoir eu l'occasion de m'occuper de Luffy pour l'énorme coup de pute qu'il est en train de me faire.

J'essaie de reprendre le contrôle de ma respiration désordonnée, mais le silence est encore là. Grondant. Assourdissant. Lourd. Écrasant. J'ai l'impression de porter soudainement une tonne de plomb sur les épaules. Et le voisin continue de frapper et de hurler derrière la porte. Ne pas lui ouvrir. Ne surtout pas lui ouvrir.

- Je vais appeler les flics, je vous préviens ! Déjà qu'il se passe vraiment des choses bizarres dans vot-

- FERME TA GUEULE ET BARRE-TOI ! hurlé-je en mettant un énorme coup de pied dans la porte.

Je n'attends pas de constater si je lui ai fait suffisamment peur pour qu'il se casse enfin et vais me réfugier à grandes enjambées dans ma chambre. J'ai envie de tout cramer pour de bon, mais c'est une mauvaise idée. Je le sais. Je le sais. Mais je sens aussi la pulsion qui roule dangereusement dans mes veines. Il faut que je l'évacue avant de faire une connerie. Heureusement, je sais que mon briquet doit traîner parmi les débris renversés avec la table basse. Malheureusement, je sais aussi que je le retrouverai facilement, et je sais où sont rangés les autres, ainsi que les allumettes. Un fumeur a toujours du feu de secours à portée de main. Alors un fumeur incendiaire... ? C'est pire, croyez-moi.

Je claque la porte de ma chambre derrière moi et essaie de reprendre une profonde inspiration en ignorant tant bien que mal mon cerveau me rappelant la présence des allumettes dans le tiroir de ma vieille table de chevet. Il faut que je lutte, sinon je vais perdre le contrôle. Et si je perds le contrôle et vais au bout de mon idée, je perdrai Luffy pour de bon. Et ça, cette idée-là... Elle n'est pas envisageable. Pire que l'insupportable, ça me donnerait juste envie de me laisser crever dans les flammes avec le reste de cet appartement infernal.

À la place, je m'installe plutôt sur mon banc de musculation flambant neuf, acheté cash quelques jours plus tôt. Me dépenser va me faire du bien pour évacuer, je le sais. Une bonne baise serait probablement encore plus efficace, mais cette option-là est envoyée aux oubliettes illico. Même si je sors pour mettre le grappin sur Luffy, il ne faut pas que je fasse ça. Malgré ma haine actuelle envers lui qui atteint des sommets que je n'imaginais pas possibles, je n'ai pas le droit de me venger sur lui et de lui faire le moindre mal. Pas comme ça.

Mais je me vengerai quand même. Ou du moins, je lui apprendrai ce qu'il en coûte de jouer aux cons de cette manière.

À m'ignorer comme si j'étais une espèce de sale merde agaçante qui n'est qu'un problème de plus dans sa vie.

À ne même pas penser à moi et à ce que je veux une seule putain de seconde.

Tout tourne toujours autour de lui, lui, et encore lui. Toujours lui, lui et ses putains de potes... Ce putain de Zoro, cette connasse de Nami, PUTAIN ! J'espère qu'il va bien s'amuser avec eux, tiens ! Un « dress code », putain, je t'en filerai des idées de merde pareilles, Sanji... Qu'est-ce qui lui a pris de le faire s'habiller comme ça ?! Putain. Ils ne vont quand même pas sortir en dehors du Sunny, pas vrai... ? Si Luffy sort comme ça... En l'état actuel des choses...

Je me redresse subitement de mon banc, essoufflé et en sueur, réalisant que je me suis niqué un bras en enchaînant les développés-couchés trop brutalement. Mais je n'ai absolument rien à foutre de la douleur quand une angoisse d'une puissance que je n'ai jamais connue monte en moi pour se mêler à ma rage.

Il va me tromper. Absolument tous les éléments sont réunis pour qu'il le fasse. Il suffit qu'ils sortent et qu'ils croisent CE mec... Ce fameux mec, que je devrais retrouver pour rayer son existence de la surface de cette planète et m'assurer ainsi un état mental bien plus serein... Putain. Cette espèce de merde dont je ne connais ni le nom, ni le visage, mais dont il m'a teeeellement vanté les mérites... Celui avec qui il a pris « un putain de pied comme jamais », il paraît ? Putain. Putain putain putain. Il ne m'a jamais fait un compliment pareil, à moi. Je suis sûr qu'il pense parfois à lui quand on baise. Et là, s'ils sortent et qu'il tombe sur lui, c'est sûr et certain...

... Je ne le supporte pas. C'est inconcevable. Je vais juste devenir fou si ça arrive. Je nous tuerai tous les deux, histoire de montrer au monde entier qu'il est à moi. Juste à moi. Tellement à moi qu'il n'a pas le putain de droit de m'abandonner comme une merde pour aller passer du temps seul avec SES PUTAINS DE POTES DE MERDE !

Je réalise à moitié ce que je fais, mais je me retrouve avec ma veste et mes chausseurs enfilées sommairement, ainsi que mes clés dans la main. Il faut que je trouve mon portable avant, et il était sur la table basse... Elle vole de nouveau pour échouer près des immenses baies vitrées de la terrasse, et je le retrouve, mais avec l'écran complètement fracassé. Cet enfoiré n'affiche plus rien. J'aperçois à peine un bout du haut de la tête de Luffy que j'ai mise en fond d'écran, le reste n'est que bandes de couleurs striées qui ne font qu'augmenter un peu plus mon angoisse.

Je lui fais manger le mur encore une fois dans un cri de frustration et la seconde d'après, la porte de notre apparemment claque derrière moi. Je dévale les marches quatre à quatre en pestant contre moi-même : pourquoi je ne l'ai pas retenu, putain... ?! J'aurais dû sortir de mon putain d'état catatonique et le poursuivre dans les escaliers, le ramener dans l'appart quitte à lui casser un bras ou une jambe. Je l'aurais cloué sur son matelas, forcé à rester là, quitte à l'attacher à son lit. Et je lui aurais probablement arraché ses vêtements pour le marquer et lui rappeler à qui il apparti-

Je serre les dents en m'efforçant de chasser cette idée. La porte du hall s'éclate contre le mur et j'entends vaguement le bruit de la vitre se craqueler, mais je suis trop aveuglé par ma haine pour m'en préoccuper. Je ne me préoccupe ni de la famille que je croise et du gamin que je manque de renverser en le bousculant brutalement, ni de la voix de la vieille Jora derrière qui me gueule après que je suis un délinquant jusqu'au bout.

Si je ne retrouve pas Luffy, c'est son appart' à elle que je fais cramer pour de bon. Depuis le temps que j'en rêve.

Je monte dans la voiture et démarre sans même attacher ma ceinture, prenant la direction du Sunny. Je vais le ramener par la peau du cul. Et si je me vautre en chemin et que je crève la tête enfoncée dans le pare-brise comme Makino, ça ne sera qu'un putain de retour de karma dans sa sale gueule de petit enfoiré de traître.

Putain, s'il me trompe... S'il me trompe... S'il approche de la moindre personne, je... Je vais...

Je grille des feux et manque effectivement de me manger une voiture, mais j'arrive en entier à la colocation de ses trois connards de potes. Et j'ai l'impression qu'une nouvelle chape de plomb s'abat sur moi quand je réalise au bout de deux bonnes minutes avec le doigt enfoncé sur le bouton de la sonnette que personne ne me répond.

... Il a osé leur dire de m'ignorer ?!

Je recule pour essayer de repérer leur balcon, mais c'est compliqué pour le peu de fois où j'y suis allé. Je tourne en rond devant l'immeuble comme un lion en cage, maudissant ces connards de ne pas me répondre, maudissant ma connerie d'avoir éclaté mon portable, maudissant Luffy de me pousser à bout de cette manière. Mais un miracle se produit lorsque je vois un voisin sortir et j'accours pour m'engouffrer à l'intérieur. J'ignore l'ascenseur en montant les escaliers quatre à quatre et tambourine à leur porte une fois que je suis devant.

Je frappe, et frappe encore, allant jusqu'à coller des putains de kicks dans le bois.

Ils ne sont pas là... Ils ne sont pas là, putain. Je suis assez lucide pour bien comprendre que l'appartement est complètement silencieux et qu'aucune lumière ne perce sous l'embrasure de la porte. Mon poing s'abat encore sur le bois et je m'entends vaguement hurler à nouveau. Je n'ai aucune putain d'idée d'où ils sont, maintenant. Et je n'ai aucun moyen de les contacter. Ça va me rendre fou. Ils sont probablement sortis en ville... Mais je ne vais quand même pas faire tous les bars de la ville pour les retrouver... ?

Ma respiration s'emballe : j'ai l'image de Luffy en train de se faire prendre par un connard sans visage qui me brûle l'âme derrière mes paupières fermées. Je sens à peine la main qui se pose sur mon épaule et sursaute lorsqu'elle me secoue franchement.

- Monsieur, vous allez bien... ? couine une femme que je n'ai jamais vu, probablement une voisine. Est-ce que je dois appeler les pompiers... ?

Je la bouscule pour me tirer de là.

Si, je vais le faire.

Je ferai tous les bars, tous les restos, toutes les boites de nuit de cette putain de ville s'il le faut, mais je promets que je vais retrouver Luffy. Je vais le trouver, le ramener, et l'enfermer chez nous pour qu'il n'en sorte plus jamais. Je menacerai ses potes s'ils m'en empêchent, je les butterai. Je déménagerai à l'autre bout de la planète avec lui sans rien dire à personne si quelqu'un essaie de me le prendre de nouveau. Je lui ferai comprendre qu'on est plus importants que tout le reste, lui et moi. Ce qu'on représente, ce qui nous lie, est plus important que l'entièreté de sa vie. Qu'il me tuerait s'il me quittait. Il me tuerait s'il me trahissait. Il me tuerait s'il m'abandonnait.

Et il ne voudra jamais avoir ma mort sur la conscience, pas vrai... ?

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- Linkin Park – Hit the floor -

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Ce chapitre est très court... Mais je pense que vous devinez pourquoi. (t'façon on est plus à ça près pour le découpage chaotique des chapitres, hein :'D)

Heureusement qu'Ace ne dit pas tout ce qu'il se passe dans sa tête, sinon il serait probablement enfermé, là où il ne pourrait faire de mal ni à lui, ni aux autres... Malgré tout, je pense que toutes les pensées horribles qu'il a envers Luffy dans ce chapitre sont surtout teintées d'une rage qu'il ne peut pas contrôler... Et d'ailleurs, sa pyromanie dans ce chapitre est (encore) romancée. Aucune idée de s'ils ont vraiment ce genre de pulsion quand ils ont un coup de rage, ne prenez pas ça comme vérité surtout !

Et juste pour vous prévenir : on entre dans un long « arc » qui ne va pas être très jojo... Faites coucou au côté « hurt », le côté « comfort » part un peu en vacances !