[edit : ce chap subit un petit changement de titre après coup, désolée pour ça ! Mais ça change strictement r pour vous, donc tranquillou !]

Hello ! Déso je suis un peu en retard, mais je suis bien là comme promis !

Nous voilà déjà au chapitre 40, quelle blague... J'étais sereine sur le fait que la fic n'allait pas dépasser les 35/40 chapitres à l'origine, je vous le jure... mdr, on en est même pas à la moitié de l'histoire en fait w;

Du coup, j'me suis auto-eue dans mon joli délire des Unforgiven, mais je reste fraiche et on va quand même continuer sur les chapitres flashback ! Vous avez été nombreux à répondre positivement à mes récents questionnements à ce sujet, donc let's go ! Merci encore et en voilà un peu (beaucoup. Il est encore méga long mdr) pour notre plaisir ! Enjoy !


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- Aaaaaaaace !

J'débarque dans la chambre de mon frère en ouvrant la porte dans un fracas. Pas trop étonné d'le retrouver encore en train de ronfler, tiens. J'suis quasiment sûr qu'il est rentré bourré hier soir. En même temps, samedi soir = Ace bourré en règle générale. L'fait qu'il revienne ici que d'temps en temps depuis qu'il est parti à la fac changerait pas ça, au contraire.

J'lui saute dessus en m'marrant et j'arrive à lui arracher qu'un vague grognement. Eh ben ça va pas être du gâteau.

... J'ai faim bon sang.

- Aaaaaace ! Réveille-toi, grosse marmotte ! On doit partir chez Jiji dans une heure et t'es même pas lavé !

Il a l'air enfin d'ressusciter un peu et il cligne difficilement des yeux. Il s'tourne pour me regarder et j'ai l'droit à un mignon p'tit sourire. Moooh.

- Coucou Lu'...

- Shishishi, t'es en vie ?

- J'sais pas...

- Eh bah dommage, tu vas devoir te bouger le fion quand même ! Allez !

J'rebondis sur lui comme un gosse surexcité pour le réveiller un peu plus, mais il me repousse plus franchement d'un air pas content.

- Fais pas ça putain...

- Pourquoi ? T'as peur que j'te casse ton érection matinale ? J'l'ai sentie, hein.

- CASSE-TOI D'MA CHAMBRE !

J'me prends un oreiller en pleine poire et me fais éjecter d'la pièce sans sommation. Ben zut alors. Toujours aussi coincé quand on parle de ça, hein...

- Tu t'es fait mal accueillir, mon trésor... ?

Je tourne la tête vers Maman qui s'tient à l'autre bout du couloir, essuyant une assiette de sa vaisselle tout juste propre. Elle sourit, et moi j'fais la moue.

- Il est trop pas cool avec moi, boudé-je un instant, avant de retrouver immédiatement le sourire. Mais au moins il est réveillé !

- Bravo... ! Voyons maintenant combien de temps il met pour sortir de sa chambre !

- Tu veux parier ? ricané-je. On parie un troisième p'tit déj si j'gagne ?

- Non... ! rit-elle, de son joli rire qui a l'air toujours de s'envoler dans l'air comme une p'tite feuille en automne. Grand-père a certainement encore fait à manger pour un régiment, tu auras assez quand on y sera...

Elle repart terminer d's'occuper de sa vaisselle et j'refais la moue. Ouais j'sais bien qu'on va encore manger comme des gros chez Jiji, mais on part pas avant une heure (même une heure et demie vu comment Ace va être lent à bouger ses fesses), on a encore une demi-heure de route ensuite pour arriver dans son patelin paumé... ça fait beaucoup d'heures à pas manger ça, quand même.

- ... Momaaaaaan, j'fais une nouvelle crise d'angoisse, nourris-m- AÏE !

J'me retourne en frottant ma tête douloureuse que Papa vient d'cogner en passant derrière moi.

- Franchement pas cool, man.

- Tu es grand maintenant Luffy, ces histoires de fausses crises d'angoisse ne fonctionnent plus.

La tête amusée de Maman apparaît à moitié derrière le mur du couloir et Papa lui jette un œil autoritaire lorsqu'il arrive à sa hauteur.

- Et toi tu le maternes trop... Il ne va toujours pas mourir au bout de deux heures de jeun.

- Mais il est si adorable, minaude Maman, regarde-le, Chéri... !

Papa s'retourne sur moi et j'lui fais le plus beau sourire-soleil que j'ai en réserve. Et pourtant... J'continue à penser qu'cet homme a un cœur de pierre, parce que si ma botte secrète fait fondre Maman et Ace à tous les coups, lui s'contente souvent de juste lever les yeux au ciel, comme maintenant.

- Va te préparer Luffy, m'ordonne-t-il vaguement en retournant au salon.

- MONSTRE ! m'étranglé-je, faussement outré. JE SAIS QU'TU M'AS JAMAIS AIMÉ ! J'TE RENIE ! J'VAIS PRENDRE JIJI EN PÈRE DE SUBITUTION !

- « Substitution », mon cœur... rigole doucement Maman avant d'repartir.

- T'échanges la peste contre le choléra toi, bravo... marmonne Ace en ouvrant la porte de sa chambre et en posant sa tête sur la mienne, baillant comme s'il avait pas dormi depuis un mois.

- Tu vas voir ce que la peste va te faire si tu ne te dépêches pas ! tonne Papa du canapé. Si nous sommes en retard à cause de toi, je te dénonce à Grand-père sans la moindre hésitation... !

- C'est booooon, putain ! râle-t-il en s'traînant vers la salle de bain après m'avoir frotté affectueusement la tête. Tu m'manques tellement pas au quotidien, espèce de tyran...

Il a marmonné, mais j'suis pas étonné qu'Papa et ses oreilles supersoniques l'aient quand même entendu et qu'des menaces sans grande conviction fusent du salon. La porte de la salle de bain claque alors que Papa râle et j'viens m'asseoir à côté de lui sur le canap' en m'marrant. Il continue d'râler, même quand j'pose ma tête sur son épaule.

- J'avais espéré que la distance le rendrait moins effronté... grommelle-t-il.

- T'as trop d'espoirs envers lui.

- Effectivement... J'ai même l'impression que ça empire.

- C'est l'bar ça, j'suis sûr ! Vu qu'il est obligé de parler à des gens tout l'temps, bah il est encore plus relou quand il doit nous parler à nous...

- Bonne hypothèse Luffy, ça se tient.

J'ricane et j'me plonge dans la télé avec lui. Auto-moto, comme tous les fichus dimanches, mais j'vais éviter d'm'en plaindre, au moins c'est pas une chaîne politique... J'me suis toujours demandé si c'était un truc de daron d'regarder des émissions de voiture, parce qu'il parait qu'le beau-père de Nami fait ça aussi, tous les fichus dimanches. J'ferai ça aussi, quand j'serai plus vieux... ?

- On va être en retard... souffle Maman en revenant de la cuisine, ses yeux noisette levés sur l'horloge murale du salon.

- Comme d'habitude quand Ace est là, marmonne encore Papa.

- Tu l'balanceras à Jiji, proposé-je sans quitter la télé des yeux.

- Et comment, je vais me gêner.

Ace ressort de la salle de bain au même moment – les cheveux encore trempés, mais étrangement habillé contrairement à d'habitude, où il kiffe se balader en calbut' même quand il fait -15 dehors... Il est malade ? Mais il nous jette à tous les trois un regard mauvais.

- J'vous entends les Monkey. La branlette m'a pas encore rendu sourd.

- Ace, langage ! s'étrangle Maman.

- Et mets quelque chose sur ton dos, bon dieu ! râle Papa.

Et moi j'suis mort de rire.

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- BLEUE ! lancé-je avant d'cogner de toutes mes forces dans l'épaule d'Ace.

Mais mon poing s'fait réceptionner par sa main la seconde d'après, et une fois de plus, j'regrette amèrement mon geste.

- AÏÏÏÏÏÏÏÏE, LÂCHE-MOI ENFOIRÉ !

- Luffy, langage... soupire Maman à l'avant, sans aucune conviction.

- MAIS IL ME DÉTRUIT LA MAIN ! m'insurgé-je.

- Ace, lâche ton frère, ordonne platement Papa au volant, et franchement, j'me dis que j'suis pas aidé.

- C'est lui qui cherche, répond Ace le plus tranquillement du monde alors qu'il continue d'me broyer les doigts en m'tordant le poignet au passage.

J'me couche à moitié sur la plage arrière pour l'atteindre et j'lui mords violemment le bras pour qu'il me lâche enfin. J'lui arrache un cri d'surprise au passage - très satisfaisant -, mais j'me prends un coup de poing dans l'bras à mon tour. Il me déglingue l'épaule et j'sens bien dans ses yeux qu'il va m'massacrer si j'insiste...

Mais j'insiste, j'm'en fiche. J'me jette sur lui pour le taper et il me cogne encore pour de bon.

- PUTAIN DE PLAIE, TU PEUX PAS CALMER TON CUL DEUX MINUTES ?!

- C'EST TOI QU'A COMMENCÉ À TAPER SÉRIEUSEMENT !

- MAIS C'EST TOI QUI A COMMENCÉ AVEC TON JEU POUR BÉBÉ ! J'VAIS T'BUTTER !

J'me détache pour pouvoir mettre toutes les chances de mon côté, mais comme d'hab', il reste plus fort que moi malgré le free-fight qui m'a fait vachement gagner en muscles, ces derniers temps. Mais j'suppose qu'avec la fac il continue d'faire d'la muscu d'son côté, donc c'est pas étonnant que j'me fasse encore maîtriser... J'entends vaguement Maman râler plus fort et essayer de nous séparer, mais la voiture freine d'un coup et j'm'arrête pour de bon en me demandant pourquoi, les jambes en l'air d'avoir essayé d'choper Ace pour lui faire regretter d'être un gros salaud de bourrin avec moi.

- Luffy, Ace ! tonne Papa en s'retournant. Vous avez respectivement 17 et 20 ans et vous nous poussez encore à faire la police pour un simple trajet en voiture ?! Et après tu oses nous dire que tu es assez mûr pour te gérer toi-même, Ace ?!

- Nan mais pardon ?! s'étrangle le concerné. J'fais que m'défendre et-

- Vous avez intérêt à bien vous tenir devant Grand-père, continue-t-il en nous pointant d'son doigt qui m'calme un peu – le doigt du jugement, on peut rien faire contre lui. L'un comme l'autre ! Sinon je ne ferais rien pour empêcher les « poings de l'amour » !

J'sens Ace grimacer et s'ratatiner sur lui-même à mes côtés, exactement comme moi. J'hoche la tête misérablement en boudant, ayant du mal à m'empêcher d'rajouter quand même entre mes dents :

- C'est lui qui tape en premier...

J'me mange une pichenette de Maman dans l'front, lâche un « aïe » sans aucune conviction. Mais son grand sourire amusé m'indique qu'elle est pas sérieuse, et j'sors aussitôt de ma bouderie pour lui envoyer un sourire-soleil.

- Préféré... peste faussement Ace en sortant de la voiture.

- Adopté, lui lâché-je en retour tout en l'suivant.

J'avoue que j'vois pas arriver la béquille en scréd cinq secondes plus tard, qui m'arrache un nouveau cri d'douleur.

- Vous me fatiguez... soupire lourdement Papa, mais il ne nous attend pas pour avancer vers la grande maison de Jiji. Ça sera toujours comme ça quand ils seront adultes... ?

Maman se marre derrière lui en nous regardant.

- Je suis déjà adulte, indique nonchalamment Ace.

- Non, répond Maman et son sourire s'élargit. Tu es tout juste un gros bébé pour moi.

J'manque de m'étrangler de rire en voyant Ace grimacer direct' et ses joues s'empourprer, comme à chaque fois qu'Maman lui fait une remarque dans l'genre. Il est trop mignon, bon sang. Surtout qu'il lui répond pas et s'contente de bouder en enfonçant les mains dans ses poches. Elle a trop un super pouvoir sur lui pour lui faire fermer son clapet, elle est trop forte.

On passe le grand portail de la maison de Jiji – celle qui a vu Papa grandir, la maison familiale. Bon sang, qu'est-ce que j'adore cette maison -, et on est pas étonnés plus que ça d'le voir nous ouvrir la porte d'entrée, avec son grand sourire fier et flippant, probablement super content d'nous voir arriver.

- Bonjour Papa...

- Bonjour Beau-Papa !

Il s'met à rire à gorge déployée, écrase l'épaule de Papa à plusieurs reprises en la lui tapotant, et prend doucement Maman dans ses bras pour lui faire la bise.

- Comment vas-tu Makino ? Mon cher fils est encore de bonne humeur, à ce que je vois...

- Oh, il était de bonne humeur ce matin... Et puis, il y a eu deux petites tempêtes...

Elle nous offre un petit coup d'œil amusé par-dessus son épaule et j'entends Ace déglutir en même temps que moi.

- Encore en train de faire les clowns, vous deux ?! nous « salue »-t-il en mettant ses poings maudits sur les hanches.

- Même pas vrai... ! nous défends-je en marmonnant. Salut Jiji...

- Salut vieille croûte, lâche Ace d'un ton plat.

J'lui jette un œil horrifié. Qu'est-ce qui lui prend... ?! Le point d'l'amour s'abat évidemment sur son crâne dans un fracas et j'ai méga mal pour lui. À croire qu'il a développé des penchants masos, ces derniers temps... J'entends Papa lâcher un « bien fait » médisant pendant que Maman glousse, partagée entre l'inquiétude de l'instinct maternel et l'amusement, comme d'hab'.

On entre enfin. Jiji peste toujours d'un ton absolument révolté de s'être fait accueillir comme ça, mais Ace bronche pas, avec son énorme bosse sur la tête. J'm'approche discrètement d'lui pour lui demander pourquoi il a fait ça. Il me montre Papa d'un coup d'menton.

- Parce que j'parie c'que tu veux qu'cet enfoiré nous aurait balancé dans tous les cas, j'ai fait qu'accélérer la sentence...

Il marque une pause, puis me jette un regard, doublé d'un sourire canaille en coin.

- Et au moins tu t'en prends pas un aussi. Tu pourrais m'remercier d'avoir sauvé tes trois neurones restants, p'tit frère.

... Han. Trop mignon.

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Aaaah... J'suis éclaté. J'ai trop bien mangé. On peut critiquer Jiji autant qu'on veut parce qu'il est un grand-père chelou avec ses poings d'l'amour et son rêve ultime de faire de nous des gardiens de la paix avant tout, mais au moins, il cuisine bien. Et en grandes quantités, s'iou plaît. J'ai l'impression d'avoir refait mon stock de viande pour le mois.

Papa s'est dévoué pour l'aider à faire la vaisselle et j'sais pas où sont passés Maman et Ace. J'erre dans la maison en attendant, histoire de marcher un peu pour digérer.

J'aime trop cette maison. Elle sent un peu la vieille poutre pourrie par endroits, mais d'me dire que c'est l'endroit où Papa a grandi m'fait toujours un petit truc. Jiji est pas forcément un sentimental, mais ça l'empêche pas d'avoir des photos accrochées un peu partout aux murs - bien qu'probablement posés là par Mamie à l'époque. J'ricane devant un portrait d'Papa et sa sœur Betty quand ils étaient p'tits. Bien plus jeunes que moi. J'lui ressemble pas tant qu'ça, j'trouve... J'ressemble plus à Jiji jeune. Limite, c'est Ace qui ressemble plus à Papa... C'qui n'a pas de sens mais qui me fait un peu marrer, quand même. Est-ce que Maman et Papa ont pris Ace parce qu'il nous ressemblait un peu ?

C'est dans c'genre de moments que j'me surprends à me demander à quoi ressemblaient les parents d'Ace, tiens. Ils devaient probablement être beaux-gosses, vu son physique.

Par contre, j'ai fouillé toute la maison de long en large et j'retrouve pas l'autre moitié d'ma famille. Ils ont fui parce qu'ils en pouvaient plus d'entendre Jiji brailler ? J'les comprends. Papa a une patience de ouf avec lui.

J'jette un œil dehors et j'les repère enfin, tous les deux posés à la table d'extérieur. On est en octobre, ça commence à grave cailler et on est en plein milieu de la cambrouse : ils sont juste dingues. Mais j'me rappelle qu'Ace assume enfin de fumer devant la famille, c'est vrai qu'ça change la donne. Même si j'comprendrais jamais le niveau de masochisme des fumeurs qui sont prêts à choper la grippe pour leur clope, mais bon.

J'récupère mon manteau et vais les rejoindre. J'ai pas envie d'entendre plus longtemps Jiji critiquer les voisins d'la maison d'en face parce qu'il a plus rien d'autre à faire de sa vie depuis qu'il est à la retraite.

- LUFFY ! Où tu penser aller comme ça ?!

J'me fige sur place à sa grosse voix et me retourne vers lui. Il a l'éponge trempée en main, prêt à m'la balancer à la tronche si j'fais un pas de plus.

- J'vais rejoindre Maman et Ace, kesta ! craché-je hargneusement et Papa m'envoie un p'tit sourire en coin (s'tu veux Popa, mais défends-moi de ce taré sénile plutôt stp.)

- En tongues ?! Tu sais combien il fait dehors ?! Il commence à geler la nuit par ici, je te rappelle !

J'envoie une moue doublée d'un regard suppliant à Papa. Mais le vieux le capte et se tourne vers lui pour le souler à son tour.

- Pourquoi tu le laisses sortir comme ça ?! Pas étonnant qu'il continue ses mauvaises habitudes si vous ne lui dites rien !

- Il est résistant, explique Papa en me couvant fièrement du regard. Et lui répéter les choses ne fonctionne pas : il apprend mieux en faisant ses erreurs par lui-même.

J'lui souris, content qu'il me défende.

- Vraiment ?! Même quand il fait ses erreurs un millier de fois ?!

- ... Ça, c'est un autre problème. Mais c'est le sien, pas le mien. S'il tombe malade, il sait qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui-même.

J'lui souris plus. Traître qui n'en a rien à faire d'la vie de son fils. T'façon je le sais bien : quand j'suis malade, y'a que Maman qui s'occupe de moi. Lui, il se contente de s'moquer de moi avec Ace parce que « j'en rajoute » et que « j'l'ai bien cherché ». Gnagnagna.

- Ben si c'est comme ça j'me tire vraiment ! annoncé-je d'un air résolu en ouvrant la porte. J'vais aller m'perdre dans les champs, vous me retrouverez plus jamais et vous serez bien dég' que l'dernier truc que vous m'avez dit, c'est des critiques !

- LUFFY ! gronde Jiji.

- J't'écoute paaaaaas ! lui réponds-je en m'enfuyant, sous le rire tranquille de Papa.

Insupportables ces vieux !

Ça a l'air bien plus calme du côté d'Maman et Ace, déjà. J'trottine jusqu'à eux et tire une chaise (super froide, au secours) pour m'installer bruyamment à leurs côtés.

- T'as réussi à échapper à la corvée vaisselle ? m'sourit Ace derrière sa clope.

- La corvée « supporter Jiji qui soule », tu veux dire !

- Il fait ça pour te faire sortir de tes gonds, Luffy... rit doucement Maman. Ça l'amuse au fond. Peut-être que tu ne te feras plus avoir le jour où tu réaliseras que vous avez le même caractère...

J'me décroche la mâchoire d'un air outré. J'rêve où elle dit que j'suis pareil que ce vieux phoque timbré ?!

- Le même caractère, la même grande gueule, le même entêtement... rajoute Ace, sans pitié. Et la même cicatrice sous l'œil. Putain de clone, va.

- MAIS J'VOUS ZUT ! Moi au moins j'tape pas tout l'monde dès qu'on est pas d'accord avec moi !

Mon frère m'envoie un long regard super sérieux, ponctué par un nouveau rire de Maman. J'les déteste.

- J'vais finir par croire que c'est moi l'adopté ici, vu qu'tout le monde se ligue contre moi... marmonné-je en croisant les bras sur mon torse, les boudant ouvertement.

- Mais quel abus... ricane Ace qui fait que confirmer c'que j'dis.

Contrairement à Maman qui tend le bras vers moi pour me papouiller doucement la joue.

- Oooh, mon bébé... Personne ne se ligue contre toi, on te rend simplement ce que tu nous donnes...

V'là qu'elle me pince doucement en gloussant, maintenant. Et Ace qui aide pas en m'jugeant de haut en bas...

- Mais quoiiii ?! sifflé-je.

- Tu m'dégoûtes, sale préféré. Même quand elle te clashe, elle trouve quand même le moyen de te caresser dans le sens du poil...

- Et ça va être de ma faute ?! m'insurgé-je et Maman éclate de rire.

- Je fais la même chose avec toi Ace, arrête un peu... répond doucement Maman tout en lui pinçant la joue à son tour. Je me trouve même encore plus gentille depuis que tu n'es plus à la maison...

Ace retrouve une expression hyper sérieuse - voire triste -, tout à coup. Maman l'imite rapidement en lui rendant son regard et la main de mon frère attrape la sienne pour la serrer fortement.

- ... Je reviens pas assez à ton goût, c'est ça ? lui demande-t-il avec un sourire. C'était pour ça, cet interrogatoire de plus tôt ?

- Tu l'as ressenti comme un interrogatoire... ? s'amuse-t-elle. Désolée... Même après plus d'un an, je ne me fais toujours pas à l'idée que tu sois parti de la maison, je crois...

... Les boules. J'sais qu'Ace manque à Maman presqu'autant qu'il me manque à moi, mais ça m'fait toujours quelque chose quand elle l'exprime à voix haute.

Mais c'est rien comparé à l'effet que ça fait visiblement à Ace, j'crois : il perd soudainement son habituel masque tranquille et j'ai l'impression qu'il est à deux doigts de chialer quand il embrasse la main d'Maman avec émotion.

- ... Tu me manques aussi, Maman... Et je parle même pas de ta cuisine. Même si j'préfère largement mes pâtes carbos aux tiennes.

Elle cligne des yeux d'un air surpris mais rit à nouveau.

- J'ai hâte que tu me les fasses goûter.

- Peut-être la prochaine fois, sourit-il.

- Oui. Et peut-être que tu ne viendras pas seul, cette fois... ?

J'hausse un sourcil pendant qu'Ace l'avise intensément sans rien répondre. Elle parle de Sab' ? Pourquoi ça a l'air de tellement faire freezer Ace, dans c'cas ? Et puis, c'est souvent qu'ils reviennent ensemble pour les vacances ou même en week-end... 'Faut bien qu'il voit sa famille nulle, lui aussi. Et ça fait des économies d'essence, comme aime bien l'souligner Papa.

Mais j'comprends pas trop c'qu'il se passe entre les deux, là : leur échange de regard est un poil trop intense pour que ça cache pas queq'chose. J'ai l'impression qu'ils sont en train de parler par la pensée. La chance... Moi aussi j'veux pouvoir faire ça !

- Qu'est-ce qui vous prend ? demandé-je tout de même, un peu alarmé devant l'expression presque angoissée d'Ace.

- ... Rien, Luffy... sourit Maman en brisant l'échange. Ton frère ne se fait toujours pas à l'idée que sa maman le connaît bien, c'est tout...

Ace s'met à écraser sa clope dans l'herbe mouillée avec une concentration intense. J'sais pas ce qu'elle lui a dit avec ses pouvoirs de Charles Xavier, mais on dirait que ça lui a pas trop plu.

- Moi aussi j'le connais bien t'sais, répliqué-je tranquillement en suivant mon frère du regard. Tellement bien que j'comprends que tu lui as donné une énorme envie d'caca, là.

Ace écarquille les yeux, mais il explose de rire la seconde d'après, rapidement suivi de Maman. Tactique bidon pour lui changer les idées : réussie !

- Makino ! Toi aussi tu t'y mets ?! Vous cherchez à reconvertir mon fils en infirmier à domicile, c'est ça ?!

On s'tourne comme un seul homme vers Jiji qui nous aboie dessus du perron quelques mètres plus loin, Papa juste derrière avec son sourire en coin.

Maman lui répond avec un nouveau petit rire.

- C'est vrai qu'il recommence à bruiner... Mais ne vous en faites pas Garp : il ne peut rien m'arriver ! Vous avez vu comme je suis bien entourée ?

Elle se penche pour nous tirer tous les deux vers elle, toute fière. J'ricane alors qu'Ace lève les yeux au ciel. Il y croit pas ? Ben moi j'y crois à mort. La preuve : j'retire mon chapeau de paille de ma tête pour le planter sur celle de Maman.

- Et voilà Jiji : elle est encore plus super protégée !

Il marmonne dans sa barbe comme le vieux croûton qu'il est, mais Papa sort son portable pour le pointer vers nous.

- Souriez, tous les trois. Vous êtes beaux comme ça.

J'attends pas pour lui obéir direct et j'sens que Maman m'imite avec plaisir à côté. Mais Papa relève rapidement des yeux légèrement autoritaires vers nous.

- Toi aussi, Ace.

- C'est une punition ? réplique-t-il.

- Ça va en devenir une si tu continues de faire ton enfant capricieux. Fais plaisir à ton père, un peu.

J'le vois grimacer de dégoût puis prendre la pose en lui tirant méchamment la langue. J'explose de rire, mais Jiji explose tout court et bondit vers nous pour lui en coller une.

RIP frangin.

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Trois heures plus tard, on est rentrés, enfin. C'est super cool de passer nos aprèms chez Jiji, mais quand il fait moche comme ça et que j'peux pas profiter du jardin, j'vois pas trop l'intérêt... Les trois vieux passent leur temps à parler de trucs d'adulte, et j'suis horrifié de réaliser qu'Ace s'mêle de plus en plus d'leurs conversations. Il devient vieux aussi. Qu'est-ce qu'on va faire de lui ?

J'relève le nez d'ma Switch pour l'observer, justement. J'suis posé sur son lit en l'regardant trier des affaires dans sa chambre, l'cul par terre et la clope au bec.

- J'pensais à un truc...

- Ouais ?

- Tu l'vis bien de parler d'politique avec Jiji et Papa ? Ça s'passe bien la maison d'retraite ? La bouffe est bonne là-bas, j'espère ?

Il tourne lentement la tête vers moi pour m'envoyer un regard glacial. Une trousse frôle de peu ma tête l'instant d'après et j'me marre.

- Va te faire foutre, putain de gosse ! J'entends parler d'politique non-stop chez moi avec le blondinet de merde qui veut faire un remix de Mai 68 à la fac ! Évidemment que j'ai d'la matière pour en parler, maintenant !

- Chiant, commenté-je en revenant à mon jeu. Papa va finir par vouloir t'embaucher au Parti, ça va être incr'.

- Tu déconnes, mais il parle déjà d'engager Sabo... ricane-t-il. Mais il ira bien se faire foutre pour que je m'intéresse à son taf. Ça a l'air beaucoup trop chiant.

- Ouaip. Ton taf à toi a l'air mieux.

- Et comment... J'peux picoler tous les soirs si j'veux : quelle belle vie.

J'relève encore les yeux vers lui, amusé, bien qu'ma maigre sagesse m'chuchote que c'est pas forcément si drôle que ça.

- Heureusement qu'les parents ont pas entendu ça... commenté-je.

- Tu m'étonnes. J'suis pas sûr que Maman kifferait avoir un deuxième Shanks sur les bras.

J'grimace un instant mais me reconcentre plutôt sur mon boss dans Mario Odyssey. J'ai pas forcément envie d'parler d'ça. C'est déjà assez relou et pénible à vivre, comme réalité.

Le silence revient mais j'aperçois qu'Ace a fini son tri, c'qui veut dire qu'il va pas tarder à décoller pour rentrer, comme il avait prévu. Preuve en est qu'il refait son sac.

J'ai encore un pincement au cœur malgré moi. Ça fait pourtant plus d'un an qu'il est parti... J'vais m'y habituer un jour, ou pas ?

Mais soudain, Papa déboule dans la chambre, le visage super fermé.

- Ace, bon dieu, râle-t-il et j'le sens mal direct', vu son ton grondant. Je viens d'avoir un message de Sabo qui me dit que tu n'as toujours pas réglé ce problème de tuyau d'évacuation bouché ?!

Ace se fige en entendant ça. Il s'met à toiser Papa avec ses yeux mauvais que j'connais bien. Oh bon sang.

- ... Mais il est pas sérieux de t'envoyer un message pour ça ?! J'vais l'enculer, putain de fouille-merde !

- Ça fait plus d'un mois que ça traîne ! argue Papa. Je peux comprendre qu'il ne soit pas ravi d'avoir un tuyau qui traîne constamment dans son lavabo ! Pourquoi tu ne t'en es toujours pas occupé ?!

- Mais parce que j'avais autre-chose à foutre, putain !

- Comme quoi, vu que tu ne vas plus à la fac ?!

- Mais j'fais plus d'heures au taf, j'te rappelle ! Et j'vais p't'être pas faire ça quand j'rentre le soir à 3h du mat' ?!

- Parce que tu n'as jamais de jour de congé, évidemment... s'impatiente Papa alors qu'Ace termine hargneusement son sac.

- Mais au pire, de quoi je me mêle, en fait ?! Tu vis pas avec nous que j'sache !

- Ça dérange Sabo et tu t'es engagé à le faire, gronde Papa, commençant à vraiment devenir mauvais. C'est toujours la même histoire Ace : tu nous rabâches que tu as 20 ans, que tu es adulte et autonome, mais tu fuis toujours le moindre problème auquel tu te heurtes...

- ON PARLE D'UN PUTAIN DE TUYAU BOUCHÉ, SÉRIEUSEMENT ! hurle-t-il pour de bon et j'me planque derrière ma console.

J'devrais p't'être fuir la bataille... Mais ils me bouchent le passage. Pas trop envie d'bousculer Papa et de leur rappeler mon existence : ça serait des coups à c'qu'Ace lui claque qu'il me traumatise. Il l'a déjà fait, ce débile. Alors que c'est tellement pas vrai.

C'est plutôt lui qui « m'traumatise » à gueuler comme ça pour rien.

- C'est juste un petit problème qui fait écho à tous les autres, Ace... continue Papa, restant évidemment toujours bien plus calme de son côté.

- VA TE FAIRE FOUTRE AVEC TON ÉCHO D'MERDE, DRAGON ! J'AI DÉJÀ ASSEZ DE MERDES À GÉRER COMME ÇA POUR VOUS ENTENDRE ME PRENDRE LA TÊTE POUR UN TRUC AUSSI DÉBILE !

- Langage, bon sang !

- MAIS TA GUEULE AUSSI AVEC ÇA !

Il le bouscule pour sortir d'la chambre avec son sac sur le dos et j'me redresse d'un bond. Il me souuuuuule quand il leur parle comme ça...

- Ace, stop... essaie de le calmer Papa en l'suivant dans l'couloir. Tu ne vas pas partir là-dessus. Calme-toi et réfléchis-y un instant...

- Me dis pas de me calmer quand c'est toi qui viens me casser les couilles !

- Qu'est-ce qui se passe, encore... ? entends-je Maman soupirer du salon.

- Rien Makino, c'est ton putain de mari qui m'les brise pour rien ! siffle Ace.

- ACE ! tonne Papa pour de bon, et j'peux finalement pas m'empêcher d'les rejoindre, parce que bon sang : entendre mon père qui hausse la voix... Juste, non.

Cette journée était super jusque-là, bon sang...

Quand j'arrive, Papa est devant la porte d'entrée pour essayer d'empêcher l'frangin de partir. Ils s'affrontent tous les deux, les yeux dans les yeux, Maman au pas du salon qui sait encore pas si elle devrait intervenir ou pas.

- Ne pars pas là-dessus, nous n'avons pas fini, lui demande Papa, à nouveau calme. Si cette stupide histoire de tuyau traîne parce que tu as des soucis, nous devrions en parler...

- Est-ce que tu t'rends seulement compte de la débilité de cette « conversation »... ? lui répond Ace, super proche de lui malgré qu'Papa fasse presque une tête de plus. On parle d'un putain de tuyau de merde et tu r'mets encore toute ma putain d'existence en question !

- Ace... souffle Maman.

- J'essaie de prendre les choses dans l'ordre pour aller dans ton sens. Comme toujours, explique Papa.

- J'ai toujours pas envie que t'ailles dans mon sens, Dragon.

- Et moi je ne veux que t'aider, et tu le sais.

- Si tu veux tellement m'aider... ricane horriblement Ace. Paie-moi un plombier, comme ça Sabo sera content et arrêtera de se liguer avec toi contre moi pour me PÉTER LES COUILLES !

- Personne ne se ligue contre toi ! contre Maman. Arrête de t'énerver Ace ! Tu vois bien qu'il n'y a aucune raison pour que ça soit le cas !

- La raison, elle est dans ce PUTAIN D'APPART' ! Casse-toi d'là, Dragon ! Tu vas pas m'empêcher de rentrer chez moi, quand même ?!

Cette fois, j'vois clairement Papa prendre la mouche et ça loupe pas : il chope Ace par le t-shirt et le tire avec lui jusqu'au salon. Maman s'décale pour le laisser faire, parce que c'est beaucoup trop habituel, comme scène...

Mais la différence maintenant, c'est que j'ai l'réflexe d'accourir pour aider mon père. Ace se débat et beugle pour qu'il le lâche, mais il lui fera pas d'mal... Ça l'empêche pas de faire galérer Papa à le contenir, par contre. Alors qu'il veut juste le forcer à s'asseoir pour l'calmer et qu'ils discutent. On la connaît par cœur, celle-là.

J'colle donc ma Switch dans les mains d'Maman au passage et j'file un coup d'main à Papa pour forcer Ace à planter ses fesses dans l'fauteuil.

- PUTAIN, LÂCHEZ-MOI ! hurle encore Ace, mais il est enfin assis et il bouge plus dès qu'on s'éloigne, même s'il s'est recroquevillé sur lui-même.

Papa m'envoie un coup d'œil d'remerciement clair, mais qui m'indique aussi que j'dois les laisser gérer, maintenant... Ça aussi, j'connais trop. J'm'éloigne donc pendant que Papa s'assoit dans le canapé pour faire face à Ace. L'frangin dit plus rien, mais il lui envoie des éclairs par les yeux.

- Quel est le problème ? entame doucement Papa, son ton tout chou de retour.

- Va chier.

- Tu ne dis jamais que tu as des ennuis pour rien, je te connais. Tu sais que nous sommes là pour t'aider.

- J'ai jamais dit que j'avais des emmerdes.

- Tu as dit que tu avais « d'autres choses à gérer », c'est éloquent.

- Depuis quand t'es psy', Dragon ? 'Faut vraiment que t'arrêtes de décortiquer tout c'que j'dis.

- Je suis obligé de faire ça, Ace. Si je ne le fais pas, c'est impossible de prédire un minimum ce que tu as en tête et d'agir en conséquence.

- Et encore pour la putain de millième fois : personne te demander d'agir en conséquence en fonction de c'qui se passe dans ma vie... !

- Si, intervient encore Maman d'un ton autoritaire, les sourcils froncés. C'est notre rôle de parents, pour la « millième fois ».

Ace lui renvoie un regard brûlant.

- Te mêle pas d'ça, Makino.

- Ne me parle pas comme ça, Ace.

Il serre les dents et trouve plus rien à dire. C'est quand même dingue qu'elle soit la seule qui arrive un minimum à lui faire fermer sa bouche...

Elle se penche vers lui et pose doucement une main sur son épaule, même si elle perd pas son air sévère. J'en ai des frissons dans l'dos... J'sais pas comment Ace fait pour l'affronter aussi souvent, cuilà. Le peu d'fois où j'me le suis mangé dans la face a suffi à me calmer à vie.

- Je n'ai pas tout compris à ce qu'il se passe, mais excuse-toi au moins auprès de Dragon pour toutes les horreurs que tu viens de lui dire, pour commencer. Et ensuite... Si tu n'as pas envie de parler de ce qui te tracasse, il n'y a pas de problème. On ne va pas te forcer.

- Ah ouais ? Et vous venez de faire quoi à l'instant ? ironise-t-il. Avec l'aide de Luffy en plus, j'hallucine...

Il m'jette un œil, me repérant évidemment bien même si j'suis planqué au fond du couloir. J'lui tire la langue en réflexe, mais il s'contente de me fixer deux secondes avant d'détourner le regard sans rien d'plus.

Héhé. Moi j'me prends jamais de reproches directs, par contre. Quelle belle vie d'être moi.

- Tu sais très bien que nous n'aimons pas que tu partes sur une dispute... lui répond Maman. Imagine qu'on ne se revoit jamais après ça.

Il lève les yeux au ciel à cette éventualité. C'est vrai que ça serait con.

- Excuse-toi auprès de Dragon, demande encore Maman. S'il te plaît.

Ace jette un œil dans la direction d'Papa. Mais j'le vois venir à quatre kilomètres...

- Désolé d'être honnête, Dragon.

J'crois qu'on affiche tous le même air blasé en réponse. Mais Papa prend les d'vants :

- Laisse tomber, Makino... Tu ne veux pas nous parler, alors ? insiste-t-il auprès du frangin.

- Nop.

- C'est parce que ce qui te chagrine n'est pas si grave, j'espère ?

- Nop.

- Dans ce cas, il n'y avait aucune raison pour que tu t'énerves à ce point pour un simple problème de tuyau, n'est-ce pas ?

Ace le regarde à nouveau droit dans les yeux. Sa mâchoire est super serrée, j'ai l'impression qu'il pourrait lui sauter à la gorge à tout moment. Heureusement que j'sais qu'il le fera jamais... Ace est beaucoup d'choses pas cools, mais il est pas violent envers les gens.

- Sabo se tourne vers moi parce que tu ne lui laisses pas le choix, et tu le sais, continue Papa. Tu ne veux pas parler quand tu as des problèmes : très bien. Toi et ta mère avez raison, je ne devrais pas insister si tu n'en as pas envie. Mais bon sang Ace, quand tu exploses aussi facilement comme ça, je ne peux pas m'empêcher de me demander s'il n'y a pas quelque chose derrière qui te met sur les nerfs de base...

- Tu as le droit d'être en colère, lui rappelle doucement Maman. Mais c'est toujours non pour te défouler sur nous.

- Mais je suis pas en colère, putain de merde... ! râle-t-il encore. J'ai rien ! J'ai pas de problème ! Je vis ma meilleure vie depuis que j'ai arrêté la fac ! Donc arrêtez d'me les briser avec vos discours de Positive Parenting, pitié !

Cette fois, Papa pousse un long soupir agacé.

- Bien sûr... Tu n'as jamais rien, tout va très bien dans ta tête...

- Exact.

Papa lui envoie une expression vraiment énervée. Il secoue la tête, clairement dégoûté, mais il finit par soupirer longuement.

- J'essaie de comprendre ce qu'il se passe là-dedans pour t'aider... explique-t-il en pointant vaguement la tête d'Ace du doigt. Mais tu ne fais rien pour m'aider moi à y arriver... J'aimerais tellement que tu le fasses, pourtant...

L'frangin lui répond rien. Il a plus l'air décidé à répondre, là.

Papa soupire encore et il finit par s'lever.

- Allez, arrêtons les frais pour ce soir. Vas-y : je ne veux pas « t'empêcher de rentrer chez toi. »

Ace ricane sinistrement et s'lève à son tour.

- À la bonne heure. Et à la prochaine pour une nouvelle prise de tête, les Monkey.

- M'inclue pas d'dans wesh, pesté-je alors qu'il arrive vers moi.

- TG toi, sale traître, m'claque-t-il, mais j'sais bien qu'il est pas sérieux cette fois.

Il me chope la tête un peu brusquement pour déposer un baiser dans mes cheveux, mais il est évidemment pas chaud pour un câlin d'au revoir. Et ça m'soule. Il va m'manquer malgré l'fait qu'il soit un énorme relou insupportable qui rend fou mes parents, ce débile.

- À la prochaine, petit-frère... Fais gaffe à toi, souffle-t-il quand même tout doucement avant d'avancer vers la porte pour sortir.

- Toi aussi...

L'ambiance est nulle, encore une fois. Maman est plantée au milieu du couloir pour le regarder partir, l'expression super triste. Papa fait les cents pas dans le salon, plutôt énervé d'son côté.

Mais Ace s'arrête sur l'pas de la porte et jette un œil derrière son épaule.

- ... À plus, Maman.

- À bientôt Ace... Fais attention sur la route.

- T'inquiète.

J'préfère ça. Même si elle a pas eu l'droit à un bisou elle, mais bon.

Ça s'ra pas la première fois non plus. Mais ça m'serre quand même le cœur de voir son air tout triste quand Ace referme la porte... J'vais vers elle et j'la prends dans mes bras, profitant que j'sois maintenant plus grand qu'elle pour faire plein d'bisous sur sa tête.

- Déprime pas. Il a été super chou avec toi tout l'aprèm, c'est déjà ça !

- Oui... sourit-elle en répondant à mon câlin. Mais ton père n'a pas tort : ça serait si bien si c'était aussi facile de lui parler que ça l'est avec toi...

Papa soupire lourdement à côté pour valider. Ah, ça...

Mais bon, c'est Ace. On l'changera pas d'sitôt.

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- Athletics – I -

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J'étais un peu en roue libre sur ce chap, je le reconnais, d'où le fait que ça soit encore si long ! Mais j'ai bien entendu vos avis sur ces chapitres flashbacks, donc je me suis dit que je pouvais y aller... x)

Et au cas où vous vous demandez pourquoi cette journée précisément, qui est environ trois semaines avant le début de la fic... C'est tout simplement la dernière journée que la famille a passé ensemble, réunis tous les quatre... et donc la dernière fois qu'Ace voyait ses parents. Voilà voilà. (J'aime l'ironie.)