Je sais. Il y a deux jours j'ai dit que je publierai pas avant peut-être un an.
Mais. Voilà. Venir sur ffnet a fait revenir ma fièvre d'écrite semble-t-il. J'ai donc pondu ( tout ) ça.
Alors un grand merci à :
Mon huitre, Haruka-Akatsuki, Haru Maxwell, feixia-chan, Miyuki19, minimilie, Lassary, Caecus.S, meuh-la-vache-jaune ( MA MEUUUUH ! ), Gun d'ange, storma, Syahra, Shiemi0 et iJulia.
Et bien évidemment à supra bêta readeuses qui me motivent : EVE ET ZOD'A ! J'vous aime.
Et merci quand même à sapphyrre, feixia-chan once again, et Gun d'ange once again aussi , mais comme je vais supprimer la note d'information, je vais perdre vos reviews.
Ce chapitre est un grand pas en avant dans la relation Gin/Hana, et je poste avec un peu d'appréhension. J'espère qu'il vous plaira !
Bonne lecture !
Je vais le faire. Je peux le faire.
Allez. Dis-le à voix haute.
-Je vais le faire. Je...peux le faire.
... C'est affligeant.
Je peux paaaaaaaaaaaas ! Comment suis-je censée faire ?
Tu lèves la main et tu toques, me répondis-je à moi -même.
Et s'il est en train de travailler ?
... C'est pitoyable...
TOQUE !
Non.
- Hana-chan !
Merde.
Je me retournai vers Yû, qui n'était de toute évidence pas dans son bureau, et qui me souriait gentiment. Il avait l'air heureux et surpris de me voir là. Nouvelle pique de culpabilité.
- Comment tu vas ?
Il était joyeux. Il faisait comme si de rien n'était.
Comme je ne répondais pas, il s'avança, les sourcils froncés par l'inquiétude. Je baissais la tête, honteuse.
- Yû...
- Je sais ce que tu vas dire, commença-t-il.
- J'suis désolééééééée.
J'appuyai ma tête contre son torse en retenant mes larmes et ma morve. C'était moi qui l'avait engueulée, tout de même.
- Toi alors, dit-il en m'entourant de ses bras.
Comme je ne répondais pas, il me tapota la tête.
- Et si je t'invitais à manger, le temps de se raconter tout ce qu'on a à se raconter ?
J'acquiesçai en lui rendant son sourire.
XxXxXxX
- Donc Kandi a dû partir sans toi finalement ?
- Ouais, j'espère que ça va bien se passer.
- Elle est très forte, m'assura Yû.
- Puis ça fait tellement longtemps que je l'ai pas vue, soupirai-je. Enfin, en dehors du travail je veux dire.
Yû bût le reste de son troisième café. Nous étions installés depuis plus de deux heures. Je grimaçai intérieurement en songeant que j'allais devoir rattraper ces heures le soir-même, à mon bureau.
- Et toi alors ? Comment ça se passe ? Demandai-je.
- Le Gotei est toujours aussi calme, et j'ai tellement de paperasse que je ne suis plus au courant de rien. C'en est presque ennuyant.
- Je m'en fous du Gotei, toi ?
- Je suis totalement guéri, ne t'en fais pas, m'assura-t-il.
Je hochai la tête, rassurée.
- C'était débile notre engueulade, dis-je au bout d'un moment.
- Pas vraiment.
- Tu dois pas avoir honte que je te sauve, Yû.
- J'ai pas honte.
Silence.
- C'est juste que ça aurait dû être l'inverse, reprit-il.
J'attrapai sa main.
- On est tous les deux sains et saufs, c'est ce qui compte, non ?
- Et tu es enfin rentrée, sourit-il.
Une fois de plus, je lui rendis son sourire.
Un papillon des Enfers se dirigea vers moi alors qu'on s'apprêtait à partir.
- Oh non...
- Quoi ?
- Je déteste ces fichus papillons.
Je tendis la main et écoutai le message. J'étais de nouveau convoquée à la première division.
- Je dois y aller tout de suite, annonçai-je.
Yû fronça les sourcils.
- Tu sais pourquoi ?
- Non. Urahara-san a fait son rapport avant même que je ne rentre et je n'ai même pas encore vu le Capitaine. Pour l'instant j'ai juste une montagne de charges administratives à rattraper.
Le travail de shinigami n'est pas aussi palpitant qu'on le croit, même pour un gradé.
- Je t'accompagne ?
- Non tu es déjà en retard.
- A tout à l'heure alors ?
- A tout à l'heure.
Il partit directement en shunpo. J'allais encore devoir me retrouver devant tous ces capitaines... qu'est-ce que j'avais encore fait ? J'étais rentrée ce matin même, reprenant directement le travail, je n'avais croisé personne. Gin n'était même pas venu me voir. Urahara-san avait bien précisé que je n'étais pas comme les…Vizards. Ce mot étrange me rappela amèrement la situation des anciens hauts gradés, et je repensais à ma promesse. Je n'avais aucun scrupule à mentir par omission au Capitaine Commandant. Après tout, il me suffisait d'agir comme si je ne savais rien. Officiellement, je ne connaissais même pas le mot "Vizard". J'espérais simplement ne pas me trahir.
Je m'arrêtai un instant, passant une main sur mon visage, lasse d'avance. J'avais mal au ventre. Puis je regardai ma montre. J'allais être en retard, et mieux valait ne pas contrarier le Sotaichô après les soucis que je lui avais imposés. Je shunpotai.
XxxXxXxX
Arrivée devant l'immense porte, je me permis le temps d'une grande inspiration et d'un recoiffage express avant de faire signe aux gardes qui toquèrent deux fois avant d'ouvrir. Je fronçai légèrement les sourcils pour m'habituer au changement de lumière. Je devais me concentrer pour contrôler mon réiatsu et ne pas me laisser envahir par ceux des capitaines. Ce qui n'était pas une chose facile. Mon propre reiatsu était perturbé par le voyage entre les mondes et la différence de quantité de reiatsu entre le monde réel et la Soul Society. De plus, mes émotions prenaient souvent le dessus.
J'avançai rapidement vers le Soutaichô et m'inclinai devant lui.
- Jyuukai Hana, commença-t-il, membre et l'un des quinzième sièges de la troisième division, tu es convoquée ici pour prendre connaissance du rapport de notre… agent dans le monde réel, Urahara Kisuke, et prendre connaissance des décisions qui en découleront.
Je clignai rapidement des yeux, m'interdisant d'afficher toute expression inquiète sur mon visage. Sur ma droite, j'aperçus Gin qui me regardait sans me voir, comme plongé dans ses pensées.
Je ne savais pas ce que j'étais censée répondre, alors j'inclinai simplement la tête et attendis la suite.
- Dans ses rapports, Urahara Kisuke indique une forte et considérable présence de réiatsu en toi, cependant difficilement gérable de par son étendue, ce qui t'as conduit sur Terre pour tenter d'en découvrir l'origine.
Arrête de me parler de ce que je sais déjà et abrège, pensais-je avec appréhension.
- Fort heureusement, ce passage sur Terre a démontré le fait que tu es une pure shinigami.
J'en suis ravie. Et alors ?
- Mais cela n'éclaire pas l'origine de ces explosions de réiatsu, imprévisibles et donc dangereuses, pour ta vie et celles des shinigamis qui t'entourent.
Je commençai à paniquer. S'ils ne m'envoyaient pas à Karakura, qu'allaient-ils me faire ? J'eus un frisson en pensant à la division scientifique. Ou alors allaient-ils m'enlever Awa ?
- Nous avons décidé, pour le bien commun, que tu dois suivre un programme spécial.
Ça ne m'aide pas vraiment.
-...Quel est ce programme spécial ? M'enquis-je.
- Tu ne peux pas t'entraîner avec les autres shinigamis. Tu t'entraîneras donc avec le Capitaine Ichimaru, dans le but d'apprendre à gérer ton réiatsu, dans une salle d'entraînement adaptée.
Je hochai lentement la tête. Un millier de questions commençaient déjà à envahir mon esprit, et j'avais du mal à les retenir.
- Bien. Tu t'entretiendras avec ton Capitaine du reste.
J'osai à peine croiser son regard avant de m'incliner et de sortir, de peur de me trahir. Le Sotaichô était une personne très imposante et impressionnante. Son seul reiatsu était comme un étau autour de chacun de mes membres, et pourtant, ce n'était probablement qu'un infime aperçu de ses capacités. Je ne comprenais pas pourquoi mon cas nécessitait l'intervention de sa personne, et encore moins des 46. J'aurais seulement dû en discuter avec Gin. Un shinigami de mon rang avait rarement affaire avec les autres Capitaines.
Pourtant, en l'espace de quelques semaines, j'avais été convoquée deux fois et avait même eu droit à un séjour sur Terre. Alors que je ne devrais même pas exister aux yeux des autres divisions. Je n'avais pas d'importance, je n'étais qu'une shinigamie de niveau moyen parmi tant d'autres.
Pas que j'étais fâchée d'avoir des séances de travail privées avec Gin. Au moins nous aurions le temps de mettre notre relation au clair.
Mais il y avait plus grave.
Comment étais-je censée m'entrainer et contrôler mon réiatsu alors que Awa était totalement absente de mon esprit ?
XxXxXxX
Je rentrai tard chez moi – j'avais six semaines de rapports et autre paperasse à rattraper - et je découvris avec surprise deux messages derrière ma porte. Le premier était de Kandi : elle me rassurait en disant que tout allait bien et promettait une soirée spéciale copines quand nous pourrions enfin nous retrouver, soit dans deux semaines.
Le deuxième était de Gin. Il me donnait rendez-vous à vingt deux heures, le temps que je fasse une séance de médiation avec mon zampakuto pour me mettre en condition.
Sauf qu'il était déjà vingt deux heures trente. Je sursautai, puis gémis d'appréhension.
Merde merde merde.
Je shunpotai en toute vitesse et arrivai en catastrophe. Une fois devant la porte de son bureau, je soufflai pour paraître calme. La porte s'ouvrit. Gin me jeta un rapide coup d'œil de bas en haut.
- T'es en retard et absolument pas reposée comme je te l'avais demandé.
Son ton était sec. Je restai bouche bée tandis qu'il me tournait le dos pour retourner à son bureau. Je secouai la tête et tentai de reprendre contenance.
- Je suis désolée, j'ai énormément de travail et...
- Ne te sers pas du travail comme excuse. Allez dépêche-toi.
Il rangea rapidement quelques dossiers sur son bureau et sortit de la pièce, me frôlant alors que j'étais restée immobile. Il commença à s'éloigner sans m'attendre.
J'observais la porte fermée quand je compris enfin son comportement. Il m'évitait. Mon chamboulement laissa place à un calme froid. Je le suivis, restant soigneusement derrière lui pour éviter la discussion.
Nous marchions en silence. Je fixais son grand dos, sa démarche souple et silencieuse. Il sentait forcément mon regard, qu'on pouvait presque considérer comme de la provocation. Mais il continuait sur le même ryhtme, volontaire, tout en prenant son temps.
Peut-être attendait-il que je craque. Peut-être y prenait-il un plaisir malsain. J'avais pu observer cette face de son caractère dès notre première rencontre, il y a maintenant plusieurs années. Cette facette de sa personnalité pouvait être qualifiée de malsaine, voire sadique.
Et je ne pouvais nier que d'une certaine façon, cela me plaisait. C'était tout de même amusant, d'un certain point de vue, ce jeu du chat et de la souris qui ne laissait aucun répit à mon pauvre petit cœur.
Comparé à Hiraoku, qui n'osait jamais me contredire, voulait tout le temps me faire plaisir. C'en était devenu ennuyant car répétitif.
Gin, lui, n'était certainement pas de tout repos.
Nous arrivâmes dans la plus grande salle d'entraînement de la division. J'étais étonnée de cet environnement si familier pour cet entraînement spécial. Mais Gin continua à marcher - la salle était capable de contenir toute la division, elle était immense - et s'arrêta à un point précis. Aussitôt mon ventre se crispa. Mon corps se rappelait parfaitement de la tension et de la douleur subie lors de notre dernier combat, et n'avait certainement pas envie de la revivre. Même si je m'étais améliorée depuis, ce n'était rien face à l'étendue de son pouvoir. Sans compter que j'étais plus que fatiguée et n'avais pas une once de motivation en moi.
Puis Gin ouvrit le sol. J'écarquillai les yeux. Il repoussa le haut de la trappe et descendit.
Je le suivis après une seconde d'hésitation...et eut l'impression de me retrouver au sous-sol du magasin d'Urahara, par lequel j'étais arrivée et était retournée au Gotei. L'endroit était illuminé comme en plein jour, avec la même chaleur factice. L'ambiance était pourtant lugubre. Encore plus avec Gin qui ne m'avait pas encore accordé un seul regard.
J'aurais tellement voulu être dans mon lit.
- Gin, commençai-je.
- Jyuukai-san, peux-tu m'expliquer la raison de ton retard ? Ainsi que ton évidente non-préparation pour cet exercice ?
Il s'adressait à moi sans me regarder, d'un ton si indifférent que je sentis immédiatement mon sang bouillir dans mes veines.
Contrôle-toi Hana ou tu vas partir au quart de tour.
- Comme j'ai tenté de te l'expliquer tout à l'heure, je suis restée tard à mon bureau pour rattraper mon retard, et je...
- Soit, cela part d'un bon sentiment, j'en suis sûr, me coupa-t-il. Mais cela n'excuse en rien..
- Mon zampakuto a disparu ! m'écriai-je, presque hors de moi.
Il se retourna brusquement, le visage crispé. La fine ligne de ses yeux entrouverts me fixaient, m'accusaient. La tension entre nous deux était palpable. Soudain, j'eus du mal à respirer.
Il était en colère. Et c'était bien plus terrifiant que ce que j'imaginais.
Il s'avança à grands pas. Je reculai instinctivement, mais en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il m'attrapa par les bras, les serra. Fort.
- Pardon ? murmura-t-il.
Je crus que j'allais perdre contenance.
- Dans le monde réel, lors d'une de mes méditations, mon zampakuto est...parti, articulai-je faiblement.
J'aurais voulu détourner le regard, mais je ne m'en sentais pas la force. L'ouverture de ses paupières s'élargit un peu plus, et j'y lus de l'incrédulité. Il me serra encore plus.
- Toi, tu n'imagines pas tous les problèmes que tu me causes. Et tu les empires.
Sa voix était tellement froide… Il était maintenant exaspéré.
- Gin tu me fais mal ! dis-je un peu plus fort.
Il me lâcha immédiatement. Je me massai les bras, j'allais avoir des bleus. Il recula de quelques pas, de nouveau lui-même mais toujours aussi tendu.
- Tu ne te rends pas compte, cracha-t-il.
- Comment ça ? C'est toi qui vient de m'écraser les bras !
- Aucune importance.
Mon hoquet de stupéfaction ne sembla pas l'émouvoir une seconde.
- Mais… bien sûr que si ! Tu me tournes autour puis tu me traites comme une inconnue ! lançai-je venimeuse.
Il ouvrit la bouche...puis la referma.
- Alors, vas-y, explique-moi, dis-moi parce que je ne comprends vraiment pas.
Il s'approcha à nouveau, sans répondre. J'essayais de maîtriser les bâttements de mon cœur, et relevai fièrement le menton. Je ne savais pas ce qui le mettait tant en colère, mais moi, si.
Nous nous regardions les yeux dans les yeux. Cela aurait pu durer quelques secondes comme plusieurs minutes. Jusqu'à qu'il referme les siens et retrouve son sourire de toujours. Je pouvais l'entendre respirer.
- J'essaie de te protéger, annonça-t-il calmement.
Je haussai les sourcils sans vraiment m'en rendre compte. Je n'arrivai pas à croire ce qu'il venait de dire. Il m'était impossible de nier que Gin avait une sorte d'affection pour moi, je le savais. Mais l'entendre me l'avouer était impensable.
- J'ai passé la matinée à me battre pour toi auprès du Capitaine Commandant. Normalement les cas ingérables comme toi sont...gérés contre leur gré.*
-...Je suis pas sûre de comprendre.
- Tu ne veux pas comprendre, crois-moi, railla-t-il.
- Pourquoi tu fais ça ? dis-je au bout d'un moment de silence.
- Pourquoi je fais quoi ?
- Pourquoi tu me protèges ? Pourquoi tu viens vers moi et fais ensuite comme si de rien n'était ?
Il eut l'air interloqué.
- Petite fleur, tu prends des initiatives ! s'amusa-t-il.
Il reprit un ton plus sérieux.
- Ce n'est pourtant pas si compliqué que ça.
- Comment ça ?
- Bon, je sens comme un air de déjà-vu, lança-t-il, presque joyeux.
Il me tourna le dos, s'éloigna quelque peu, puis me fit face à nouveau.
- Puisque ton zampakuto n'est plus là, il n'y a qu'à le faire revenir comme au bon vieux temps, n'est-ce pas ?
Et il chargea.
xXxXxX
Je me réveillai en gémissant. Une semaine. Cela faisait une semaine.
Une semaine que, tous les soirs, j'allais m'entraîner avec Gin pendant des heures interminables où il me poussait à bout dans le but que Awa apparaisse, comme une vulgaire shinigami de seconde zone. J'avais tout raconté en détail à Gin, et il comptait garder ça pour lui. Dès que j'aurai retrouvé Awa, nous pourrions suivre les ordres du Commandant. Personne d'autre n'était au courant, à part Kandi.
Je me levai péniblement. J'étais pleine de bleus et de courbatures. Entre ces entraînements et ma montagne de travail, je n'avais pas une minute à me consacrer. Je rentrai chez moi à en début de soirée, m'autorisai une petite sieste d'une demi-heure, puis mangeai, et essayai, comme d'habitude en vain, de contacter Awa.
J'en voulais toujours à Gin de la façon dont il m'avait traité lors de notre premier entraînement, cependant nous n'en avions pas reparlé. J'étais consciente d'avoir découvert une facette de sa personnalité que sans doute peu de personnes avaient pu voir : un homme impulsif et inquiet.
D'une certaine façon, j'étais fière d'être la cause de tout cela. Moi, Jyukai Hana, petite shinigamie de la troisième division, avait réussi à mettre un insaisissable et puissant Capitaine dans un tel état. Car, ce jour-là, il avait laissé ressortir ses sentiments.
Mais pas tous : une fois de plus, il s'était défilé tandis que j'essayais de lui parler de ce que je ressentais pour lui. Et, je l'espérais, de ce qu'il ressentait pour moi.
Je soupirai profondément en m'étirant. Un repas léger, une rapide queue de cheval, et j'étais prête. Je m'assis en tailleur, Awa en équilibre sur mes genoux, et fermai les yeux en faisant rouler mes épaules pour me détendre. Un instant plus tard j'étais dans mon monde intérieur, toujours aussi désespérément vide. J'appellai Awa en sautillant d'une bulle à l'autre. C'était comme s'il n'avait pas de limite, j'aurai pu parcourir des kilomètres sans que le paysage ne change : des bulles flottant docilement dans un ciel à peine nuagé. Étrangement, malgré l'absence de Awa, mon monde intérieur restait calme. Elle ne pouvait pas être partie ou il se serait effondré.
Je sortis au bout de quelques minutes, sachant d'expérience que ça ne suffirait pas pour la faire revenir.
Je pris mon temps pour aller jusqu'au souterrain. A cette heure-ci, il ne restait que très peu de shinigamis au travail, et je pouvais exécuter tranquillement mes mouvements d'étirements sur le chemin, à la fois pour réveiller mon corps et le préparer aux prochains coups qu'il allait subir.
Comme à son habitude, dès que je refermai la trappe, Gin, déjà arrivé, posait son haori ainsi que son fourreau, et m'offrait à boire avant de se mettre en garde.
Fidèle à lui-même, Gin était sévère sans être injuste, mais n'hésitait pas à me provoquer ou à me montrer mes erreurs en ne mâchant pas ses mots. Il ne me blessait jamais vraiment, ne visait aucun point vital, et pourtant il était évident qu'il avait le dessus sur moi : il se retenait. Je donnais le meilleur de moi-même. Le tenir en respect était déjà une amélioration. Je n'étais pas terrifiée comme lors de notre tout premier affrontement, encore très clair dans ma mémoire. J'étais plus sûre de moi même, et bien sûr plus puissante. Et je savais que je devais le craindre.
Mais nous stagnions.
- Petite fleur, aujourd'hui, un changement s'impose.
Je devins aussitôt méfiante.
- Vois-tu, à cause de ton petit...imprévu, nous prenons du retard. Or, le Capitaine-Commandant me demande déjà des résultats.
Je me raidis.
- Il va donc falloir passer à la vitesse supérieure, si tu tiens à ta peau.
-...C'est-à-dire ?
- Aujourd'hui, combat en conditions réelles.
Je me stoppai net. ça, c'était pas bon du tout.
- Allons Hana-chan, il faut bien que je te stimule ou tu n'es bonne à rien.
- Mais-
Je levai mon zampakuto à la dernière seconde. A travers nos lames croisées, Gin me souriait férocement. Il me susurra :
- De toute façon il n'y a que comme ça que tu fonctionnes : avec des émotions réelles.
Il appuya encore plus fort, et je manquai de flancher. Il n'était pas à fond mais avait laissé tomber toute sa prudente retenue à mon égard.
Je poussai un cri rageur et le repoussai avant de me mettre à distance respectable.
Que pouvais-je faire contre lui ?
- Tu n'as pas le temps de penser. Fies-toi à ton instinct.
Il se jeta à nouveau sur moi et je me décalai sur le côté avant de feinter. Nos lames s'entechoquaient à une vitesse folle et je perdais du terrain à chaque coup échangé.
Je m'avançai soudain et resserai ma main autour de son poignet, stoppant net sa lame. Puis je me projetai en l'air, me servant de son bras comme appui, et visant son visage de mes pieds. Il se baissa en arrière et, tandis que je pivotai, levai mon bras droit, ma lame fondant à toute vitesse sur son cou. Sa main gauche arrêta la mienne, et je tombai au sol en me tordant le bras. Je serrai les dents et roulai au sol pour me relever aussitôt, ne voulant pas le quitter des yeux une seconde.
Gin secouait la tête.
- Qu'est-ce qui t'arrive Hana ? Ta témérité montre ton désespoir, alors qu'avant elle forçait le respect.
- Je ne suis pas désespérée !
- Si tu le dis. Tu penses déjà que tu vas perdre.
Il attaqua et mon épaule blessée me fis gémir en parant son coup. Il recommença, s'acharna.
- Ton attaque était minable, complètement inutile et irréfléchie. Tu ne fais que te défendre faiblement.
- RAAAH !
Ma lame fondit sur son visage. Il esquiva et soupira.
- La Hana que j' ai affrontée il y a des années valait bien mieux que ça. Elle voulait gagner et se fichait des soi-disant évidences comme le grade.
Je me jetai sur lui. Je savais que je ne faisais pas du tout ce que j'aurais dû faire. Je m'énervais sans réfléchir. Mais il n'arrêtait pas de parler et je n'arrivais pas à penser.
Nous échangeâmes des coups violents. Je récoltai une estafilade sur la joue, la cuisse, et le flanc. Elles étaient peu profondes mais assez douloureuses pour me ralentir et elles saignaient sans s'arrêter. Gin prit son zampakuto à deux mains et visa ma jambe. Je parai lorsqu'il me lança un coup de pied dans ma jambe déjà blessée. Je tombai à terre. Un autre coup projeta mon zampakuto plus loin. Trop loin. Il pointa sa lame sur ma tête.
Je me redressai et le regardai, venimeuse.
- Tu crois que t' as besoin de Awa pour me vaincre ? demanda-t-il innocemment, tournant la tête sur le côté, tel un chat.
Je répondis sans desserrer les dents.
- Bien sûr que oui.
-...C'est dommage que tu penses ça, petite fleur. Mais si tu y crois, alors bat-toi pour mériter à nouveau ton zampakuto !
Il recula de plusieurs pas. Je me levai prudemment et récupérai mon zampakuto. Je pris le temps de l'observer : elle était totalement indemme, brillante et solide comme au premier jour. Elle n'avait jamais flanché.
- Ne réfléchis plus, me lança-t-il.
Il disparut en un shunpo étourdissant.
Je parai maladroitement mais instinctivement, et répliquai aussi violemment que je le pus avant de me projeter en arrière.
Je levai la main :
- Hadô no sanju ichi : Shakkaho !
Bien sûr il esquiva. Je souris. La boule de feu s'écrasa contre un énorme rocher quelques mètres derrière lui, et provoqua nuage de fumée sombre, en plus de rendre notre respiration difficile. Gin comme moi savions comment économiser notre oxygène, mais ce faisant, nous étions moins efficaces et puissants. Je profitai des quelques secondes d'avantages qu'il me restait avant que la fumée n'arrive jusqu'à moi et me jetai à l'intérieur.
Sur Terre, Shinji et les autres m'avaient combattu dans le noir le plus complet, affirmant que ma peur et ma désorientation étaient capitales pour leur exercice.
Je pouvais les remercier, car je savais maintenant détecter le moindre mouvement autour de moi, comme un sixième sens. Gin n'aurait pas dû prendre la peine de cacher son réiatsu.
J'esquivai la lame qui se glissait vers mon flanc en la devançant et visai la jambe de mon adversaire. Sa main arrêta mon bras sans réussir à le stopper, juste à le dévier. Je sentis clairement mon zampakuto rencontrer la chair. Mon bras gauche arrêta de justesse l'arme pointée vers mon dos. Je ne pus m'empêcher de sourire.
- Tu m' avais caché ces atouts, petite fleur, l'entendis-je me murmurer à l'oreille.
Nos deux bras se battaient contre les deux autres. Il était plus fort, et mon épaule meurtrie commença à céder.
- Mais ça ne suffit pas.
Je sautai et mes pieds frappèrent son torse, nous éloignant l'un de l'autre.
- C'est bien que tu te serves plus de ton corps. Mais ta lame n'est pas qu'une diversion !
J'allais le battre. Je me jetai sur lui, une fois de plus. Il para et contre-attaqua. La force de son coup me poussa à m'éloigner.
Je devais le battre.
Bon, cette fois ça suffit.
Je basculai brusquement dans mon monde intérieur. Awa était assise en tailleur sur une petite bulle Ses traits étaient indifférents, mais son regard fixe semblait me juger.
- Tu es enfin là ! m'exclamai-je, surprise mais tellement rassurée.
Elle redressa le menton, et ses yeux devinrent deux fentes.
- J'ai toujours été là Hana, c'est toi qui ne sait plus voir.
Je clignai des yeux, et la phrase sembla résonner autour de moi. Les bulles étaient agitées d'un tremblement nerveux.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? murmurai-je, inquiète.
- Pourquoi te bats-tu, Jyuukai Hana ? demanda-t-elle d'une voix forte et autoritaire.
- Pour...
...Pourquoi ?
- Je veux être plus forte.
-Pourquoi ?
- Parce que...
Awa se déplaça et se planta juste devant moi, si proche que nos nez se seraient touchés.
- ça ne suffit plus, Hana. N'as-tu donc rien appris ces dernières semaines ? Te bats-tu seulement pour toi et ta fierté ? Tu n'as pas besoin de gagner.
Je restai interdite.
- Si tu veux juste devenir plus forte, je refuse de te servir.
- Mais-
- Ce n'est pas comme ça que ça marche. Et tâche de me montrer plus de respect que la dernière fois.
- Awa ! m'exclamai-je. Tu..tu comprends pas je-
- J'ai fait ce que j'ai fait pour te protéger Hana. Quand je t'offre mon pouvoir, c'est pour te protéger. Mais ne me considère pas comme un dû.
Je sentis une larme rouler sur ma joue. Puis une autre.
- Awa...je comprends pas.
- Gin cherche à te protéger. A te protéger de toi et à te protéger de ce que pourrait te faire le Gotei, parce que tu es spéciale Hana. Ce n'est pas contre lui que tu dois gagner. La seule personne que tu dois surpasser, c'est toi-même. De cette façon, tu pourras surpasser n'importe qui.
-...Pardon Awa.
- Tous les shinigamis ont un moment d'égarement. Que ça ne devienne pas une habitude.
Je hochai faiblement la tête.
- Alors, pourquoi te bats-tu, Jyukai Hana ?
Son oeil valide me regardait sans jugement aucun. Ma première pensée fut pour Kandi. J'écartai son visage de mon esprit. J'avais décidé d'entrer à l'Académie bien avant de la rencontrer. C'était à l'époque de ma vie où je vivais à Inuzuri. C'était après que…
-...Je ne sais pas, dis-je tout bas, refoulant ces pensées indésirées.
- Pour l'instant tu dois sauver ta peau, non ? Le reste viendra en temps voulu...
Mon monde s'évapora alors que Awa embrassait mon front. Je compris en reprenant mes esprits qu'il ne s'était pas passé plus d'une seconde durant le combat.
- Ôkasen ! lançai-je.
Le sort dispersa la fumée qui commençait déjà à s'évaporer. Gin et moi étions de nouveau visible l'un pour l'autre. Je redressai mon zampakuto et la caressai du bout des doigts.
C'est bon de te retrouver.
Toi aussi.
Pardon.
Il faut bien que je te donne une leçon de temps à autre. Mais tu as d'autres problèmes à régler et je suis là pour t'aider à les résoudre.
Gin s'élança vers moi. Je m'avançai à mon tour en feintant vers les jambes. Sa lame esquissa un mouvement pour parer, mais je remontai plus vite et visai son flanc. Il stoppa la lame à main nue. Je mis toute ma force dans mon bras, mais il ne bougea pas d'un millimètre.
- Attention, Hana.
Son zampakuto fonçait vers mes côtes. Je levai la tête, le regardai dans les yeux et déclamai :
-Eclate, Bakuhatsu-tekina awa !
Des dizaines de bulles s'arrêtèrent à quelques centimètres de sa tête, ses bras, son dos, et ses jambes. Dans mon dos, une énorme bulle avait stoppé et repoussé le zampakuto de Gin en le faisant rebondir. Elle me frôlait, mais n'avait pas explosé. Je ne pus empêcher le sourire victorieux que je sentis apparaître sur mon visage.
Gin me sourit en retour, comme si nous n'étions absolument pas en plein combat.
- Je suis fier de toi Hana.
- Tu ne peux plus bouger, dis-je sans changer d'expression.
- Ah bon ? fit-il, prenant un air faussement étonné.
Et il s'approcha de moi, nos corps se frôlant. Mon coeur s'affola, ma respiration aussi. Il lâcha son zampakuto et mit ses deux mains sur mon visage.
- Je suis fier de toi Hana.
Et il m'embrassa.
Heureuses ?
Reviews pour une hypokhâgneuse qui va souffrir ?
