Euh...

Coucou ! Je suis pas morte !

...Voilà voilà...

Vous pouvez tous remercier Cheschire sans qui ce chapitre n'aurait pas vu le jour avant un moment parce qu'elle m'a foutu un bon coup de pied aux fesses, je l'avoue.

Sinon merci à : sapphyrre, Gun d'Ange, feixia-chan, Zod'a, L'huitre, Yahto Mingan, Pamplelune d'Agrumes, Lassary, chibi-kotori, Syahra, Erowine, , Eve et Zod'a jesaisquec'esttoiEve, Judith Heart, Agrond, Sweet maya, Melissa, storma, suki, makku, King Raven, Lisou Aure, , Blue Dragibus, Miyuki19, Simili D Axel, Passagre, Loupiote, Xangel-15X, Jena-chan et P'tit laiko !

Et bien sûr, un IMMENSE MERCI A MES BETAS D AMOUR ! J'vous aime les filles, Eve et Zod'a !

Lassary : Et tu attends cette suite depuis encore plus longtemps ;) en espérant qu'elle soit à la hauteur ! Et pour ta question, je ne sais plus si je l'ai dit donc je le redis : buririantobaburu signifie bulles éclatantes, tout simplement !

Erowine : Non, je ne t'en veux pas, puisque tu as franchi le pas :) j'aime pouvoir mettre une idée sur mes lecteurs ! Merci en tout cas !

Judith Heart : mais non ne déprime, la suite est là ! Tu me fais rougir de plaisir :3

Melissa : eh bien deux fois : enfin ! Et je ne suis plus en prépa mais ça ne m'empêche aps d'être àla bourre x)

storma : oui oui elle est là :)

: eh oui moi aussi c'est pour ça que je fais toute cette histoire !

Blue Dragibus : décidément je suis douée pour frustrer les gens. Voici la suite tant attendue :)

Passasgre : j'apprécie vraiment ta review ! Mais pas la peine de se mettre dans des états pareils. Je peux mettre le temps mais la suite arrivera toujours.

Loupiote : merci pour la coquille ! Ahhh ça fait plaisir que tu viennes de la cage aux folles :)


Chapitre 20

Il avait hésité : ses lèvres avaient touché les miennes une fraction de seconde, avant de se retirer. Je les avais à peine senties m'effleurer. Je pris une grande inspiration sans pouvoir le contrôler. Et il était revenu. Tout, tout, doucement. Ses lèvres s'emparaient des miennes, chaudes et possessives, puis s'y pressant avec impatience, elles refusaient de me lâcher. Et ma tête qui tournait et ses mains sur mon visage ne voulaient pas me laisser partir, si grandes et si puissantes que mes joues en brûlaient... Il n'y avait plus que ses lèvres et ses mains. Puis sa langue, et mon coeur qui battait follement, son corps qui se rapprochait du mien, nos souffles de plus en plus rapides et...Gin m'embrasse. Gin m'embrase. Je suis en feu.

Délicatement, il me rendit ma bouche, pinçant deux ou trois fois ma lèvre supérieure, la mordant presque, puis il éloigna son visage du mien. Mais pas ses mains. Je n'osais pas imaginer la tête que je devais avoir : les joues rouges, les yeux brillants, un air béat sur le visage...

-Ferme la bouche, dit-il avec un sourire mi-figue, mi-raisin, me ramenant à la dure réalité.

J'obéis stupidement, sans répliquer. Nous nous regardions lorsqu'il enleva ses mains, se détourna, et se dirigea vers la sortie pour récupérer ses affaires. Je le regardai faire quelques secondes avant de réagir.

Quoi ? Comme ça, l'air de rien ? Non. Noooooooooooooon.

-Gin ! M'élançai-je.

Il se retourna. Et me lança son fameux sourire.

- Oui ma douce ?

Je stoppai net, réouvris la bouche. Il ricana, mais sans sa moquerie habituelle. Il était...joyeux ! Je me secouai mentalement les neurones. Ça ne pouvait pas se passer comme ça. Je devais reprendre contenance.

- Attends deux secondes avant de partir..commençai-je.

-Ne doute pas un instant que j'ai très envie de rester avec toi, surtout quand tu me fais ce regard-là ; mais il est tard, tu es mal en point, en plus de la longue, longue journée qui nous attend demain.

J'essayai de passer outre ses sous-entendus et ne pus m'empêcher de constater qu'il avait raison. Mon corps tout entier se rappela à moi : il me faisait souffrir et ma semaine avait été tellement longue que j'étais parfaitement capable de m'écrouler de fatigue et de stress.

- Dépêche, faut encore que je t'accompagne à la quatrième, continua-t-il.

Je fermai les yeux en entendant ces mots. Penser aux lits douillets et aux bons soins des infirmiers me faisait vraiment envie, mais je ne pouvais pas me laisser aller. Ou Gin allait encore filer,car ce simple baiser ne ferait pas évoluer les choses si je n'y donnais pas de réponse, et il était très doué pour continuer l'air de rien. Mes nerfs ne le supporteraient pas.

Tes nerfs et ta forme ne sont pas en super état de toute façon.

Je sais, mais je peux pas laisser passer une occasion pareiiiiille ! Tu te rends de ce qu'il vient de faiiiire ?

Mon corps était peut-être fatigué, mais mon excitation était à son comble.

Commence par prendre sur toi et réfléchis-y en chemin, sale groupie.

Je grommellai intérieurement. Awa privilégiait ma sécurité dans l'instant présent. Moi, je pensais à ce qui se passerait après, qui devait être pris en charge maintenant. Pour ne pas faire s'impatienter Gin, je rassemblai rapidement mes affaires et le suivis en hâte, alors qu'il avait déjà grimpé à l'échelle. Je le rattrapai en quelques foulées, tout en restant légèrement en arrière, par habitude. Je me rappellai qu'il n'appréciait pas ça. Cependant, il m'était déjà difficile de rester calme en le sentant si près de moi, alors que mon corps réclamait sa présence et bouillonnait d'attente et de frustration. Je sentais encore la douceur et l'odeur de ses lèvres, sur les miennes, que je ne pus m'empêcher de lêcher. J'aurai voulu plus. Qu'il ne s'arrête pas. Je sentis mes joues s'enflammer – encore – tandis que mon coeur et mon imagination s'affolaient, et jetai un coup d'œil furtif devant moi. Gin était fidèle à lui-même : immuable. Je pourrai croire avoir rêvé. Cela l'amusait-il tellement de me rendre dingue ? Ou estimait-il qu'il en avait fait assez et que je devais continuer ? Peut-être avait-il voulu m'annoncer clairement son point de vue ? A sa façon, certes. Plutôt ambiguë, même. Pourquoi s'était-il éloigné si rapidement ? Et...peut-être avait-il été déçu ? Après tout, il était un vieux capitaine – un peu trop ouais – il avait connu d'autres femmes mieux que moi sur tous les points : plus belle, plus mûre, plus sûre d'elle et plus entreprenante.

Il a fait le choix de t'embrasser alors arrête tes jérémiades ! Pour ma santé mentale.

La mienne, donc.

Mon Dieu, mais qu'étais-je censée faire ?

- Hana-chan, où vas-tu ? l'entendis-je soudain.

Je m'arrêtai et...fis demi-tour. Gin s'était arrêté à un embranchement et m'attendait. Tout à mes pensées, j'avais marché droit comme une automate.

- Aurais-tu pris un coup trop fort sur la tête ? fit-il mine de s'inquiéter.

Je souris et vis ses sourcils s'arquer imperceptiblement, et je compris que mon sourire devait être franchement maladroit.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ? dis-je d'une voix que j'aurai voulu plus ferme.

Je m'attendais à une raillerie. Ou à ce qu'il réponde à côté.

- Toi, que comptes-tu faire ?

Il ne souriait pas, mais ses yeux brillaient de malice, sans me donner aucun indice sur ses pensées. Je fus prise au dépourvu. Il me testait. Je décidai alors de lâcher ma bombe, tachant au mieux de ne pas trahir les Vizards.

- Tu sais, lors de mon séjour dans le monde réel, j'ai rencontré des tas de gens intéressants, commençai-je sur le ton de la conversation tout en reprenant le chemin vers la quatrième, Shinji-san, Urahara-san et Ichigo-kun... Chacune des conversations que nous avons échangées étaient passionnantes, pourtant, impossible de leur tirer les vers du nez sur le pourquoi de ma présence chez eux. Ils étaient pourtant tous au courant. Ils avaient ce...point commun, ces trois personnages pourtant tellement différents, vois-tu...

Derrière moi, je sentis Gin se figer.

- Qu'est- que tu as fait ? demanda-t-il d'un ton sans appel.

- Comme je ne suis pas comme eux, le Gotei m'a rapatriée et cet entrainement n'a rien à voir avec le précédent. Ils n'ont pas...la même visée. Pourtant, je ne peux pas les oublier. Et je ne supporte pas de ne pas comprendre. Ce n'est pas parce que l'on m'empêche d'écouter que je suis aveugle ou dénuée de bon sens.

Je me sentis tirée en arrière, par les épaules, et me retrouvai face à Gin. Son visage était à quelques millimètres du mien. Les mains de Gin me tenaient fermement, sans me faire mal. Dans son expression transparaissait une colère sourde et...de l'inquiétude ?

- Tu fouilles de trop vieux dossiers...

Bien sûr, je lui mentais. Je ne pouvais pas trahir Lisa, qui avait pris de gros risques en choisissant de me révéler l'histoire des Vizards. Ou même Kandi, qui, il y a bien des années, m'avait expliqué pourquoi Gin était tellement détesté...Urahara-san aussi pouvait être en danger, ainsi qu'Ichigo et sa famille. Je devais donc lui faire croire que j'avais compris quelque chose d'important, toute seule.

- Dis-moi tout ce que tu sais, ordonna-t-il.

- ça dépend, répondis-je avec la même audace d'antan.

Ses yeux se plissèrent encore plus, si c'était possible, et il eut un mauvais rictus au coin des lèvres, que je ne sus pas lire. Ses doigts se resserèrent sur mes épaules, s'y ancrèrent.

- Il y a quelque chose que moi je veux savoir. Sur la dernière guerre, celle d'Hiver.

Il ne répondit pas, carrant la mâchoire et serrant les dents.

- Quelque chose que j'ai besoin de savoir, avant de penser à un possible " nous ".

Son expression se teinta aussitôt de surprise.

- Si les détails nous sont cachés, il n'est un secret pour personne que tu étais considéré comme un traître aux yeux de tous. Même si c'est cet… ce Capitaine renégat, que tu as trahi. Il n'y a qu'à voir le comportement des autres Capitaines ou de certains vieux shinigamis à ton égard pour savoir qu'ils ne te font toujours pas confiance. Je sais que Shinji-san déteste le Gotei. Comme Urahara-san. Comme Ichigo-kun. Il y a un lien, j'en suis sûre. Ils sont tous shinigamis, mais expatriés.

- Ne me raconte pas ce que je sais déjà, coupa-t-il.

- Ce que j'ai besoin de savoir c'est...si tu avais l'intention de trahir ce Capitaine dès le début, ou si tu étais vraiment un traître pour le Gotei au départ.

Il haussa un sourcil.

- Et pourquoi donc ?

Je le regardai droit dans les yeux.

- Parce que j'aime le Gotei, et que je ne pourrai pas aimer un traître qui a pris plaisir à faire souffrir tant de personnes en même temps, c'est contre ma nature même de shinigami, capitulai-je enfin sans pouvoir m'empêcher de rosir.

Il y eut un instant de flottement, durant lequel je tentai en vain de comprendre la réaction de Gin en scrutant son visage.

Il sourit. De son énorme, affreux sourire. Se pencha, et susurra à mon oreille, me faisant frissonner :

- A ton avis ?

HhHhHhH

Je n'allais pas tarder à m'endormir. D'un côté, c'était bien, au moins je n'aurai plus à penser, ce qui m'évitait une sérieuse migraine. De l'autre côté, je voulais penser. En même temps je ne pouvais pas m'en empêcher. Je regardai la perfusion plantée dans mon bras et poussai un soupir inaudible. Le somnifère faisait lentement mais sûrement son effet. Je n'avais pas eu besoin de calmants pour mes blessures, mais le petit shinigami de la quatrième était très mécontent quand il m'avait vue arriver en chancelant, écroulée de fatigue à la fois physique et morale. Comme seuls les Capitaines et Vice-Capitaines étaient au courant de notre entraînement, il m'avait mise dans une chambre seule avant d'aller chercher Isane-san. Cette dernière avait exigé de me garder en observation en jetant un regard noir à Gin qui ne sembla même pas le voir. Elle lui ordonna également de me laisser me remettre pendant au moins deux jours. Je ne savais pas si je devais m'en réjouir ou non.

Il était parti sans un mot ou un regard pour moi. Après ma belle démonstration d'assurance, je m'étais révélée incapable de répondre à sa satanée question. Nous avions poursuivi notre chemin en silence, lui avec son éternel sourire goguenard et moi dépitée.

Je pris une grande inspiration tout en fermant les yeux. Le sommeil m'emportait enfin, me permettant de mettre mes réflexions sur pause...

xXxXxX

Je pus rentrer chez moi dès le lendemain matin, avec l'ordre de me ménager. Ce soir, pas d'entraînement. Tant mieux, j'étais toute courbaturée. Et mon esprit n'était pas prêt à affronter Gin. En fait, je désespérais qu'il le soit jamais. C'était quoi cette manie de me retourner mes questions aussi ! Ce mec ne faisait aucun effort, comme si j'étais encore son jouet.

Arrête de t'agiter ainsi, ou ton corps ne pourra pas se reposer.

Mais j'en ai maaaaaaaaaaaaaarre.

Curieusement, moi aussi.

...Surtout n'aide pas ta shinigamie.

J'entendis un profond soupir et brusquement, quittai mon bureau pour me retrouver dans mon monde intérieur. C'est fou ce qu'une bulle est bien plus confortable que ces satanées chaises.

Awa me regardait sourcils froncés, l'air désapprobateur.

-Je te rappelle que je suis une partie de toi, je ne sais pas, me rappela-t-elle.

Je savais qu'elle avait raison. Mais j'avais besoin de me plaindre. Surtout qu'il n'y avait pas Kandi.

-Mais je n'arrive pas à penser à autre chose, même en travaillant !

-D'une, tu n'es pas censé travailler, rétorqua-t-elle aussitôt.

-Ça m'occupe l'esprit. Un peu, me justifiai-je.

Awa ferma les yeux et se pinça l'arrête du nez, signe distinctif que mes gamineries commençaient sérieusement à l'agacer.

-Arrête d'avoir l'esprit occupé par lui alors.

Je ne sus que répondre, abasourdie. Il me semblait que j'étais totalement dénuée de cette capacité. Était-ce réellement possible ? Soudain, le visage de Awa s'illumina.

-Oui c'est ça ! Ignore-le s'exclama-t-elle, toute heureuse de sa trouvaille.

-Ça ne fera pas avancer la choucroute, grinçai-je. Plutôt reculer, en fait.

-Qui sait ? Tu l'as dit toi-même, il ne fait aucun effort. N'en fais pas non plus, argumenta-t-elle.

...C'était peut-être pas si bête que ça.

-Et comme ça, tu travailleras, ajouta-t-elle en hochant la tête.

-Hmph, était la seule chose que je pouvais répondre.

Je la vis du coin de l'œil sourire pour elle-même en voyant ma réaction. En ce moment, elle ne ressemblait plus à une petite fille, mais plutôt à un professeur.

-Tu te rappelles de notre dernière discussion ? lança-t-elle soudain, alors que nous étions chacune dans nos pensées.

Son ton était toujours bienveillant, mais son expression plus sérieuse. Je compris immédiatement.

-Pourquoi je me bats, hein ?

Un silence.

-Tu lui as donné cette réponse, énonça-t-elle calmement.

Je clignai des yeux. De quoi pouvait-elle bien parler ?

- Réfléchis bien.

Et je me retrouvai sur ma chaise en bois.

Merci pour mes fesses.

Un petit rire que moi seule pouvait entendre me répondit.

HhHhHhHhHhH

Il y a bien, bien longtemps…

J'étais dans la cuisine lorsque j'entendis du bruit. Des objets qui tombent, de petits cris.

- Akiko, c'est quoi ce bruit ?

Les mains pleines de pâte et de farine, je me dirigeai vers le minuscule salon, qui faisait également office de chambre, à Akiko et moi. Le futon d'Akiko était tout retourné, ce dernier était tombé, s'appuyant sur son bras égratigné contre le sol inégal. Un autre adolescent, le surplombant de toute sa hauteur, - et sa largeur étonnante - lui faisait face. Il tourna la tête vers moi, un mauvais rictus sur les lèvres, et me vit enfin. Ses yeux se plissèrent en une moue suspicieuse, méfiante. Il fit mine de partir.

- Reste ici, dis-je calmement en posant mon torchon.

Il ne m'écouta pas. Je le rejoignis en deux grandes foulées et lui attrapai le bras, le tordant légèrement. Il laissa échapper un petit cri, furieux.

- Mais lâche-moi sale folle !

- Tu vas me rendre tout de suite ce bouquin. Il nous appartient.

Il se dégagea et ricana.

- Pourquoi il en aurait besoin ? Il sait même pas lire ce morveux !

- Tu ne sais pas lire non plus, Dara, et il tressailla quand je prononçais son nom. Sauf que lui n'a pas le temps d'apprendre il travaille. Je lis pour lui.

Il me jeta un regard méprisant.

- Tu sais lire, toi ?

- Tout à fait. Et bien d'autres choses que tu n'aimerais pas savoir, dis-je tout en accentuant la pression sur son bras.

Il grimaça et lâcha le vieux livre abîmé qu'il avait dans l'autre main. Il partit sans un regard en arrière, en reniflant.

- Akiko, bon sang ! m'énervai-je quand l'autre fut assez loin.

Akiko baissait les yeux, l'air piteux.

- Tu soulèves des kilos par dizaines tous les jours, tu pourrais le remettre à sa place définitivement en moins de deux !

Il se mordit les lèvres, fuyant toujours mon regard.

- J'aime pas taper les gens...puis toi tu leur fais suffisament peur.

En effet, mes étranges yeux clairs et mon air dur éloignaient pas mal les autres, même les indésirables, c'était efficace, pour sûr. Je l'oubliais souvent, n'ayant pas tellement l'occasion de croiser mon reflet dans un miroir.

- Oh excuse-moi nee-chan, dit-il en se levant et en mettant ses bras autour de ma taille.

J'expirai lentement en fermant les yeux, lui caressant distraitement les cheveux. Depuis qu'il avait grandi, il devait se courber pour m'enlacer ainsi. ça me fit sourire.

- Ce n'est pas grave.

Je le sentis hocher la tête contre ma poitrine. Akiko était d'apparence plus jeune que moi, pourtant, quand Akane m'avait accueillie, il était déjà là depuis de nombreuses années. Trop pour s'en rappeler, comme nous tous.

Ils étaient la seule chose qui me faisait tenir à Inuzuri, l'un des plus pauvres quartiers du Rukongaï, abandonné par le Gotei, subsistant par lui-même. J'étais arrivée sans me rappeler quoi que ce soit de ma vie de mortelle. Dans tous les cas, ça ne pouvait pas être pire qu'ici.

- Akiko, je dois aller travailler. Finis le repas et ne m'attends pas. Akane rentrera à la nuit tombée.

Il acquiesça et s'exécuta. Il était difficile de travailler tous les trois, mais nous ne pouvions pas nous en passer. C'était un luxe que d'avoir un logement tel que le notre par ici, c'est-à-dire une maison en bon état, et quelqu'un devait toujours être à la maison pour que l'on ne nous vole pas nos maigres possessions. Je m'essuyai les mains sur un vieux torchon à l'aspect misérable mais propre et essayai de démêler rapidement mes longs cheveux avec mes doigts avant de les attacher. Cela me donnait un air plus strict mais plus propre et sûr de moi. Inutile pour mon petit job de serveuse, convaincant pour les mains trop baladeuses...

Je fermai doucement la porte et partit d'un bon pas, vingt minutes de marche m'attendaient. J'allais vers le cœur du quartier. Là-bas, les maisons collées les unes aux autres, ainsi que les personnes qui s'entassaient comme elles pouvaient, terrées dans ces minuscules habitats. C'était l'heure où le quartier s'agitait, où le monde de la nuit prenait place sur celui du jour. Je resserai les pans de mon kimono, le regard baissé mais vigilant. Inutile de s'attirer des ennuis en laissant de mauvaises rencontres se produire. Je glissai souplement entre les corps comme un chat, sans toucher personne, me frayant un chemin parmi la foule dense. Les étals des marchés se vidaient tandis que des vendeurs d'une autre catégorie s'installaient au cœur des ruelles. Soudain, je sentis une épaule percuter mon bras. Je me dégageai et me retournai pour observer le vieillard qui me regardait d'un air venimeux. Je lui offris mon plus beau sourire hypocrite et m'approchai de son oreille :

- J'ai senti ta main contre ma hanche, ossan, mais c'était inutile, je n'ai pas de bourse sur moi.

Il ouvrit la bouche sans rien dire et je répondis d"un clin d'œil. C'était une pratique tellement courante par ici, que les enfants pouvaient fouiller les poches d'un passant avant même de savoir compter la monnaie. Je me retournai et repris mon chemin sans demander mon reste.

Quelques rues plus loin, j'arrivai enfin à bon port. Je travaillais pour ce bistrot depuis déjà cinq ans – un des rares à tenir aussi longtemps-, même payée une misère. Au moins, mes heures supplémentaires l'étaient et le patron ne faisait pas partie des buveurs. Travailler de nuit retenait toute mon attention.

Le bar était quasiment ouvert vingt quatre heures sur vingt quatre. En arrivant, je fis signe à une de mes collègues, qui hocha la tête en servant sa commande et se dirigea vers la cuisine pour enlever un tablier en piteux état qu'elle me refila.

-Fais gaffe, y a eu du grabuge dans la journée et je pense que c'est reparti pour ce soir.

Oh. Génial.

- Y a pas intérêt je suis d'une humeur massacrante, grommelai-je.

Elle eut un pâle sourire et se dépêcha de partir. Au moment où elle franchit la porte le patron entra.

- Fais attention sur la route si tu veux revenir vivante demain, dit-il en guise d'au revoir.

Hiroshi était un brave homme, et c'était sa façon à lui de nous porter de l'attention.

- Et toi, ce soir, ne te fais pas remarquer. Souris normalement, m'adressa-t-il.

Je haussai rapidement le sourcil. Hiroshi aurait souhaité que je sois plus commode envers les clients, plutôt que de les faire fuir. Je n'étais pas bien grande, et ma musculature était peu visible, cependant, mon air revêche en refroidissait plus d'un.

De plus, je n'avais aucune envie de jouer la parfaite petite cruche. Me contenir de ne pas en prendre un pour taper sur l'autre était un exploit admirable en soi.

- J'essaierai d'être aimable, répondis-je en hochant la tête.

Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour garder un boulot par ici. Il fallait que je fasse un minimum d'efforts, des dizaines attendaient pour prendre ma place.

- Je ne dis pas ça comme d'habitude, ce soir des shinigamis viennent.

Je me figeai instantanément. J'aurai bien laissé ma place ce soir, d'un coup.

- Tiens donc, crachai-je après m'être reprise.

- Pas de déboires, Hana, dit-il d'un ton ferme. Ils sont déjà venus tout à l'heure et reviendront. Ils viennent tout le temps ici et connaissent bien la maison.

- Tu m'étonnes, dis-je, ironique.

- Hana !

Je serrai les poings, furieuse.

- Des hollows trainent dans d'autres quartiers depuis quelque temps. Ils sont là pour les repousser.

- C'est ce que je constate.

Hiroshi se planta bien en face de moi.

- Je sais ce que tu penses d'eux, je sais ce que tout le monde pense. Il n'empêche qu'ils sont là pour faire leur boulot. Ce soir, le bar risque d'être en tension, alors tu te tiens à carreaux, c'est clair ?

Je me forçai à baisser les yeux et hocher la tête. Ce n'était pas à moi de juger de qui pouvait entrer dans l'établissement ou non.

- Foutus aristocrates, murmurai-je pour moi-même. Ils ne sont là que lorsqu'il le veulent bien.

Je secouai la tête et me tapai le front. Au boulot.

Une fois le tablier bien noué derrière mon dos, j'attrapai un plateau et filai en salle. Les clients commençant à arriver.

Le temps passait rapidement. Il y avait toujours de quoi faire ici. Servir, resservir, desservir, nettoyer, slalomer entre les clients et faire la vaisselle quand une collègue prenait le relais une demi-heure.

La nuit était déjà bien entamée quand l'altercation commença. A ce moment-là j'étais dans la cuisine, en train de ranger les plats. J'entendis d'abord des voix s'élever, puis des cris, rendus encore plus audibles par le silence des autres tables qui observaient le petit événement du soir. Hirsohi étant de service directement au bar, la situation allait vite se calmer. C'était un colosse de presque deux mètres qui devait faire au moins trois fois ma largeur, et qui en impressionait beaucoup, même à Inuzuri.

C'était en tout cas ce que je me répétai pour me rassurer, lorsque j'entendis un bruit de verre brisé, et des exclamations. Pour la seconde fois de la journée, je me précipitai la boule au ventre pour voir ce qui se passait.

Non loin de l'entrée, Hiroshi faisait face à un homme presque aussi grand que lui, qui tenait un bout de verre dans une main et, qui de l'autre, repoussait les clients. Hirsohi, le regard noir et fiévreux, lui faisait face, un mauvais sourire sur les lèvres. Une coupure peu profonde luisait sur son bras.

Et merde. Ce n'était pas la première fois que ça dérapait, en salle. Mais toujours entre clients. Qu'Hiroshi mettait dehors d'un grand coup de pied au cul. Les rares téméraires qui avaient cherché à s'opposer à lui le regrettaient sûrement encore aujourd'hui. C'était cela qui faisait que ce bistrot était encore là, avec le même patron, depuis de nombreuses années : l'autorité d' avait été accepté par le quartier et était protégé par ses habitués. Mais ce soir cela ne suffirait visiblement pas.

Je sentis la boule d'appréhension dans mon estomac grossir. Que faire ? La situation pouvait déraper à tout instant, déclenchant un lynchage ou une bagarre générale. Je ne pensais pas être capable de l'aider, malgré ma toute relative force. Je n'accepterai pas de fuir non plus. Impensable d'aller chercher de l'aide, personne ne voudrait se mêler de ça. Les autorités ne serviraient strictement à rien.

- Temeeeee, tu crois qu' tu m'fais peur ? Y en a marre que tu fasses la loi ici !

- Un conseil, va-t-en avant que je m'énerve sérieusement, répondit Hiroshi du plus calmement qu'il put.

L'autre cracha par terre, le regardant furieusement, mais hésitant. L'air semblait crépiter entre eux, la tension montait. Je me rendis compte que je retenais ma respiration.

Puis soudain le colosse poussa un cri de rage et arma son poing en direction d'Hirsohi.

La suite se passa très vite. Un homme à la silhouette floue s'interposa entre les deux hommes, et stoppa le poing du client ivre uniquement avec le plat de sa main. De l'autre, il envoya valser l'homme en le touchant à l'épaule, ce dernier s'écroula avec fracas.

J'aurai cligné des yeux que je n'aurai pas vu ce qu'il s'était passé. Les clients s'agitèrent, murmurèrent. L'intervenant était un shinigami. Il prit la parole et tout le monde se tut instantanément devant sa force tranquille et pleine d'assurance :

- Monsieur, je vous prie de cesser ce combat stérile et de rentrer chez vous afin d'éviter de vous ridiculiser plus que nécessaire.

L'autre se releva en jurant, puis croisa le regard de son nouvel adversaire. Il se recula, l'air effrayé, puis se détourna sans demander son reste.

- Le spectacle est fini, rasseyez-vous et retournez à vos conversations.

Il ne vérifia pas s'il était obéi et se tourna vers Hiroshi.

- J'espère que vous n'êtes pas blessé...

Le shinigami jeta un œil sur la blessure du gérant.

- Rien de bien sérieux, heureusement, mais je peux appeler un de mes collègues si ça ne va pas.

Hiroshi le considéra, l'air sceptique. Finalement il répondit :

- J'ai vu pire, ne vous inquiétez pas. Mais asseyez-vous donc et prenez commande avec vos amis.

Le shinigami sourit et acquiesça tantdis qu'Hiroshi retournait au bar et essuyait son bras. Deux autres shinigamis que je n'avais pas remarqué entrèrent à leur tour, mais ils étaient habillés différemment : eux n'avaient pas de cape blanche. Le premier regarda alors autour de lui, et chercha une place dans la salle bondée. Puis son regard s'arrêta sur moi et il sourit avant de s'avancer. Les deux autres le suivirent. Je me rendis compte que je n'avais pas bougé d'un millimètre depuis que j'étais arrivée en salle.

Le shinigami passa à côté de moi en me frôlant, et j'entendis le bruit des chaises qu'on tirait pour s'asseoir.

- Mademoiselle ?

Je me retournai, le cœur battant. Hana, reprends-toi enfin, ne les regarde pas comme des bêtes de foire.

- Pouvons-nous commander ?

- Euh oui, bien sûr ! Que désirez-vous ? demandai-je en reprenant contenance.

Je clignai plusieurs fois des yeux. Je voyais étrangement flou...

Je pris la commande et me dirigeai vers le bar pour la transmettre à Hiroshi en ayant la sensation d'être hors de mon corps. Le sol semblait se dérober sous mes pieds...

- Hana, ça va ? s'inquiéta Hiroshi en me voyant.

- Je...je sais pas trop, je me sens tellement fatiguée d'un coup.

- Tu transpires et tu trembles. Tu devrais peut-être rentrer chez toi.

- Non, passe-moi les verres, ça va aller, dis-je en me secouant la tête pour m'éclaircir les idées.

Je retournai les servir et me rendis compte qu'en effet, mon plateau tremblait et que j'avais le souffle court.

Le capitaine à la cape blanche me sourit à nouveau.

- Merci de votre efficacité mademoiselle.

Et il se leva, s'approchant de moi pour me prendre le plateau des mains et le poser.

-Mais...!

- Je ne voudrais pas que vous le fassiez tomber, dit-il toujours en souriant.

Il s'approcha encore et je sentis ma vision se brouiller sérieusement tandis que mes oreilles bourdonnaient. Je reculais maladroitement. Une main attrapa mon bras.

- Je tiens à vous dire que vous êtes très intéressante, jeune demoiselle, je suis ravi de vous rencontrer. Je suis le capitaine Aizen Sôsuke, et vous ?

- Que...

Trou noir.

TO BE CONTINUED


Voilà j'espère ne pas vous avoir déçu avec cette suite ! Dites-le moi dans les reviews :