Salut les djeuns !
NEUF ANS. Ouais, je sais, c'est long. C'est très long.
Et je ne sais plus comment me servir de FFnet puisque c'est la deuxième fois que j'écris ce message. Zut.
Je pourrai vous raconter en long, en large, et en travers, pourquoi j'ai disparu. Mais je vais plutôt vous raconter pourquoi je suis revenue : depuis un peu plus d'un an, j'ai revu et relu Bleach. J'ai relu mes fanfics préférées, j'ai été emportée comme si c'était la première fois. J'ai relu les adorables reviews que vous m'avez laissé, malgré les années qui passaient. Je n'ai pas toujours répondu, et j'en suis désolée. J'ai été vraiment très touchée par vos mots.
Pensez à remercier Cheschyre et Gun d'Ange, sans qui cette suite et cette publication n'existerait pas.
Avant de vous laisser à votre lecture, un petit avertissement : premièrement, je vous conseille de relire depuis le début (j'ai dû moi-même le faire plusieurs fois aha) car il y a eu de légères modifications pour le bien de l'intrigue. Ensuite, cette fanfic prend une direction qui n'aurait probablement jamais existé si je l'avais écrite à vingt ans. Mais voilà, j'ai bientôt trente ans, et je ne suis plus la même personne. Ou plutôt, je suis moi. Le style, les personnages, ont changé, mais pas que. J'ai essayé que ça tienne la route ! Merci de rester respectueux dans les commentaires.
Je n'ai que cinq chapitres d'avance. Commentez, c'est le meilleur des carburants.
Bonne lecture !
Chapitre 23
Quelques années plus tard
J'émergeai avec un souffle chaud et régulier sur ma figure. Des cheveux me chatouillaient le visage. Je me refusai à ouvrir les yeux, je n'avais clairement pas assez dormi durant la nuit, et mon réveil n'avait pas encore sonné. Je me retournai en bougeant le plus doucement possible, inversant nos positions pour me retrouver en petite cuillère. Un bras passa par-dessus mon ventre et je soupirai d'aise, satisfaite. J'allais attraper la main qui me gênait pour mieux la caler lorsque des mouvements de doigts me chatouillèrent le ventre.
- Arrête, grommelai-je sans grande conviction.
Un rire mal étouffé me répondit. Les chatouilles reprirent de plus belle. Je gesticulais, mais rien à faire. Je me retournai d'un bond, sachant que la lutte était vaine : je ne pourrais pas me rendormir.
- Kandi, t'abuses !
Une tête surmontée d'une queue de cheval rose fuschia et à moitié défaite sortit de sous la couette, un large sourire sur les lèvres.
- Bonjour, susurra-t-elle l'air de rien.
Je me redressai et pris ma meilleure moue boudeuse dans le but de l'attendrir. Kandi m'attrapa par les mains pour m'attirer contre elle et me prendre dans ses bras.
- Je t'ai réveillée ? Demanda-t-elle innocemment.
- Comme si tu ne l'avais pas fait exprès, répondis-je en levant les yeux au ciel.
- Tu sais que j'aime trop nos réveils ensemble pour ne pas en profiter.
- Au détriment de mon précieux sommeil ?
- Je sais comment me faire pardonner, murmura-t-elle en rapprochant mon visage du sien avec ses mains.
Elle avait cette lueur dans les yeux que je connaissais si bien. Immédiatement, je me sentis fondre. Je la laissais faire et elle m'embrassa doucement, caressant mes cheveux rasés sur le côté, s'attardant quelques secondes sur ma cicatrice, comme elle adorait tant le faire. Lorsqu'elle voulut s'éloigner pour reprendre son souffle, je prolongeai le baiser ardemment et ses mains se crispèrent sur mes hanches.
-J'adore quand tu es du matin, souffla-t-elle.
Je me contentai de sourire en grimpant sur elle et… mon réveil sonna. Immédiatement, je tendis ma main pour l'éteindre, sans m'arrêter d'embrasser ma partenaire. Laquelle me repoussa doucement mais fermement.
- Hana, nous ne pouvons pas nous permettre de traîner au lit aujourd'hui, rappela-t-elle avec regret.
Un soupir de frustration m'échappa. Je me levai rapidement pour ne pas céder à la tentation d'envoyer valser mes responsabilités. Enfin, mes nouvelles responsabilités. Je fonçai à la salle de bains me doucher puis me préparer. Quelques minutes plus tard, les cheveux encore humides et serrés dans un chignon sur le côté, j'étais prête. Kandi l'était également, sa queue de cheval refaite sans aucun cheveu dépassant et portant un uniforme de shinigami propre. Elle venait de préparer le thé et accrochait son brassard de vice-capitaine à son bras gauche, lequel portait le nombre treize au-dessous du perce-neige qui représentait sa division.
Je m'approchai dans son dos et passai mes bras autour de son ventre, posant ma tête sur son épaule. Elle serra mes mains un bref instant, puis se dirigea vers notre cuisine pour récupérer le petit déjeuner. Je m'installai à table et remplis nos tasses.
- Ne fais pas cette tête, Hana-chan, me dit-elle une fois assise. On se rattrapera quand je rentrerai de ma mission à Karakura, c'est promis.
Un sourire coquin accompagnait ses paroles. Je grommelai une nouvelle fois, la bouche pleine. Une fois ma bouchée avalée, je lui répondis :
- Ce n'est pas ça. J'aurai aimé que tu sois là pour ce week-end, c'est tout.
Un air de culpabilité s'installa sur son visage, et je regrettai immédiatement mes paroles.
- ça aussi on le rattrapera.
- Je sais, répliquai-je un poil trop vite.
- Je dois remplacer le Capitaine tant qu'il est en convalescence, je n'ai pas le choix.
- Je sais, je suis désolée.
Kandi se leva et s'approcha de moi, posant sa main sous mon menton pour me relever la tête en douceur.
- Désolée, répétai-je. Je n'aime pas te savoir loin de moi aussi longtemps. Surtout pour une mission classée secret défense…
- Secrète ne veut pas dire dangereuse. J'ai hâte de pouvoir t'en parler.
Elle se pencha pour m'embrasser.
- Mais peut-être que tu en entendras parler tout à l'heure… rajouta-t-elle avec un clin d'œil.
Charmée, je lui répondis d'un franc sourire. Elle arrivait toujours à m'apaiser. Quand on vivait avec un haut gradé de la treizième division, il fallait s'habituer à ses allers-retours dans le monde des humains. Tant mieux, j'aurai l'appartement pour moi toute seule pour les dix prochains jours !
Dur d'être une introvertie en couple avec une extravertie, pas vrai ?
Tu fais bien de parler, toi et Kandi vous faîtes la paire. Jamais tranquille !
Un rire mental me répondit. Je souris et finis rapidement mon petit déjeuner. Je ne devais pas être en retard à la réunion des haut gradés.
HhHhHhHhHhH
Quelques shunpo me suffirent à rejoindre les locaux de la troisième division. Même si je devais me lever plus tôt que lorsque je logeais dans mon petit appartement de fonction attenant à la caserne, je ne regrettais pas ma décision d'emménager avec Kandi lorsqu'elle celle-ci me l'avait proposé un an auparavant. Il y avait de nombreuses résidences dans le Seireitei, et il était agréable de ne pas être perpétuellement entourées de shinigamis, surtout durant les jours de congés. Et puis, nous étions chacune à mi-chemin de nos divisions, ce qui nous évitait de parcourir le Seireitei en long, en large, et en travers plusieurs fois par semaine, comme à l'époque où nous vivions encore séparément.
Je me dépêchais de parcourir les couloirs menant à la salle de réunion officielle. Celle-ci n'était utilisée que pour les annonces officielles, et pouvait contenir l'ensemble des hauts gradés, du Capitaine jusqu'aux vingtième sièges, contrairement à la salle dite "de convicialit", plus petite qu'occupaient les sièges deux à neuf de façon hebdomadaire. Je m'arrêtai devant la porte fermée sans y croiser personne. Étais-je en retard ? Je tendis l'oreille : rien. Ma perception du reiatsu s'activa, et je sentis deux personnes approcher dans mon dos.
- Hana-chan ! Toujours bonne première à ce que je vois, plaisanta Yû. Il me claqua la main dans le dos lors d'une brève accolade.
- Jyukai-san, dit respectueusement Hosuro Toma, le troisième siège.
- Troisième siège, répondis-je en inclinant la tête.
- Vous ne vous appelez pas encore par vos prénoms ? s'étonna, une fois de plus, mon ami.
Nous rougîmes en même temps.
- Quand même, vous allez bientôt vous voir encore plus souvent…
- Chut ! m'exclamai-je, ce n'est pas encore officiel.
- Ce le sera dans les dix prochaines minutes, argua Yû en me tirant la langue.
- Oui mais tais-toi, les autres arrivent.
Hosuro s'était contenté d'observer notre fausse dispute, un demi-sourire sur le visage, mais l'air ailleurs. Je l'avais toujours connu avec un air déprimé, et si je le croisais de plus en plus souvent avec l'augmentation de mes missions, nous échangions rarement autre chose que des banalités ou des informations en lien avec notre travail. Ce rapport cordial me convenait totalement. Je savais que Yû l'aimait bien, et qu'il leur était arrivé de boire des coups avec d'autres gradés pour décompresser après une mission dans le Rukongaï.
Rapidement, les autres sièges arrivèrent, et le troisième siège ouvrit la salle afin que nous puissions tous nous installer en attendant le Capitaine. Toma et Yû, qui étaient bien sûr au courant du programme, restèrent avec moi près de la porte comme si de rien n'était. La tension commençait à monter pour moi.
- ça va aller, Hana-chan, dit Yû.
Il avait lui-même l'air de se demander si c'était une question ou une affirmation.
- Tu sais que je n'ai jamais aimé être le centre de l'attention. Et puis, personne ne s'y attend.
Étrangement, Hosuro m'adressa un sourire bienveillant.
- Détrompe-toi, m'assura-t-il. Toute la division t'apprécie et reconnaît ta valeur. Tu as eu plusieurs fois l'occasion de faire tes preuves. Et puis, personne-
Une présence soudaine l'interrompit, nous faisant tous trois sursauter.
- Bonjour jeunes gens.
Aussitôt, tout le monde se leva dans la salle, et nous déclamâmes d'une même voix :
- Bonjour Capitaine !
Il sourit, l'air de bonne humeur, et s'adressa aux deux hommes restés à mes côtés :
- Allez vous asseoir je vous prie, nous arrivons tout de suite.
Hosuro hocha la tête et ferma la porte derrière lui.
Gin se tourna vers moi sans un bruit.
- Mon Capitaine ? m'étonnai-je.
- Garde les formalités uniquement lorsque c'est nécessaire, je te l'ai déjà dit, Hana-chan.
- Désolée.
Je souris maladroitement. Il posa la main sur mon épaule et se pencha vers moi.
- Comment te sens-tu ?
Sa question me prit quelque peu au dépourvu. Pas plus tard que la veille, Gin avait pris le temps de me briefer sur l'entièreté de la réunion. Je savais à quoi m'attendre, et je m'étais préparée toute la semaine avec Kandi et Yû, qui avaient traversé ces moments avant moi. Le choc de la nouvelle était passé, ce n'était plus qu'une formalité.
- Je suis prête, dis-je calmement.
Il sourit.
- Stressée ?
Je sentis plus que je ne vis Awa sourire en coin dans mon esprit. Je pris quelques secondes avant de répondre :
- Excitée, plutôt.
Son habituel sourire démesuré refit surface. Mais cela faisait bien longtemps qu'il ne m'effrayait plus. Je lui souris en retour.
- Merci, Gin.
- Ce n'est pas une faveur, tu l'as mérité.
Il se redressa et enleva sa main de mon épaule, effleurant mon oreille et frôlant quelques cheveux ras au-dessus de ma tempe.
- Allez, on fait comme on a dit. Tu te places derrière moi.
Je hochai la tête, me constituant une expression sérieuse. Gin ouvrit les portes. Le léger brouhaha des discussions s'arrêta immédiatement, et tous se levèrent encore une fois pour saluer. Je suivis Gin avec quelques pas réglementaires derrière lui. Il se positionna devant tout le monde et je restai en retrait, presque dans l'ombre. Il y avait un shinigami pour chaque siège du trois au neuf, trois shinigamis pour les sièges dix à quinze et cinq soldats par siège, du seize au vingt, qui devaient au minimum connaître le nom de leur zanpakuto. Tous les autres devaient maîtriser le shikaï. La plupart des soldats non gradés en étaient encore à l'asauchi.
Je vis mes collègues des sièges dix à quatorze, ceux que je côtoyais le plus souvent, me regarder d'un air étonné. Ils m'avaient gardé une place et ne comprenaient pas. Hosuro, assis sur le siège numéro trois, accordait toute son attention au Capitaine. Le siège numéro deux était vide, comme je l'avais toujours connu. Yû, assis sur le numéro cinq, m'avait suivie du regard, un sourire idiot scotché sur le visage.
Incroyable qu'il n'ait pas vendu la mèche celui-là !
Chut, ne me déconcentre pas, répliquai-je avec agacement.
Tu veux que je chante une chanson ? Ça fera passer le temps plus vite.
… Non, merci, ça ira.
- Bonjour à tous, dit Gin en rompant le silence. Et merci de vous être rendus disponibles pour cette réunion exceptionnelle.
Il prit le temps de regarder tous les gradés qui nous faisaient face, installant un léger suspens. Son sourire moqueur avait cependant disparu.
-Avant de démarrer la réunion des gradés, j'ai une annonce à vous faire. Comme vous le savez, le poste de quatrième siège est vacant depuis plusieurs semaines, suite à la promotion inter-division de notre collègue et amie, Hinata, partie rejoindre la cinquième division. La troisième étant dépourvue de vice-capitaine depuis plus d'une décennie, nous ne pouvons pas nous permettre de nous passer d'un autre gradé.
J'avais retenu mon souffle, mon cœur battait à cent à l'heure. Plusieurs shinigamis me jetaient des coups d'œil, cette fois-ci étonnés, voire, pour certains, envieux.
-Suite à un appel à candidature en interne, le troisième siège, Hosuro Toma et moi-même avons validé le dossier et la présentation de Jyukai Hana-san ici présente.
Il esquissa un pas de côté pour me laisser m'avancer. Plusieurs applaudissements ravis retentirent : Gin bien sûr, qui me fit un clin d'œil discret, mais aussi Toma, Yû, mes - anciens - collègues dixièmes sièges qui ne savaient pas que ma candidature avait été validée. Eux bien sûr étaient au courant de mon projet. D'autres étaient plus mesurés, notamment ceux que je savais avoir été mes concurrents, bien que les candidatures soient censées être tenues secrètes. Les bruits de couloir allaient bon train au sein du Gotei, comme toujours.
-Félicitations pour ta promotion, Jyukai-san, dit Gin à la fin des applaudissements.
Il me serra solennellement la main. La veille, j'avais déjà signé mon nouveau contrat, validant mon ascension du dixième au quatrième siège, aussi n'y avait-il rien de plus à faire que de m'installer à ma nouvelle place. Je m'étonnai cependant de ne pas l'entendre parler de mon ancien poste laissé vacant. La division ne pouvait pas se passer du quatrième siège, certes, mais d'un dixième siège non plus.
-Et maintenant, place à la réunion des gradés, que je dirigerai exceptionnellement cette fois-ci. Sièges dix à vingt, veuillez quitter la salle.
Etonnée, j'allai m'asseoir, entre Toma et Yû. Mes amis me tapèrent le dos, me félicitant encore avant de s'éclipser. À côté de moi, Yû posa sa main sur mon avant-bras, me souriant de toutes ses dents.
-Félicitations patronne ! murmura-t-il.
Il est plus excité que toi ma parole !
Je répondis d'une grimace. J'avais du mal à penser à Yû comme étant mon subordonné. Ni même qui que ce soit, excepté les soldats. Après tout, j'étais très rapidement devenu quinzième siège suite à mon entrée dans la division, trois ans auparavant. Puis, moins d'un an après, j'étais devenue dixième siège. Personne n'avait osé contredire Gin malgré les circonstances exceptionnelles et, de plus, la division manquait d'effectifs suite à la Guerre d'Hiver. C'était toujours le cas, en réalité. La plupart des shinigamis étaient restés fidèles à leur Capitaine, déchu puis innocenté, perçus par eux seuls comme le véritable héros de la Guerre. Mais peu osaient la rejoindre depuis : Gin était toujours aussi craint qu'avant, voire plus. Il avait toujours une sale réputation qui avait déteint sur celle de la division, et il ne faisait rien pour la changer, même s'il était un excellent Capitaine pour nous.
-Comme vous le savez, le Gotei est dans une période de transition depuis la fin de la Guerre d'Hiver, à laquelle j'ai participé.
Les vétérans hochèrent la tête, l'air grave.
-La cinquième et la huitième division n'ont toujours pas retrouvé de Capitaine, et la vice-capitaine de la cinquième, Hinamori Momo, reste convalescente. La dixième division, ainsi que la nôtre, n'ont pas retrouvé de vice-capitaine.
Sa voix comme son visage étaient restés impassibles sur ces derniers mots. Cependant, je nous sentais tous tendus. La mort de Kira Izuru avait laissé des traces visibles dans le cœur et l'organisation de la troisième division. Mais peu étaient au courant de la nature des liens qui unissaient notre Capitaine et Matsumoto Rangiku… Ni d'à quel point Gin avait tenu à son second.
-Le fonctionnement du Gotei s'en trouve perturbé, et il ne peut pas continuer de la sorte plus longtemps. En cas de nouvelle attaque ennemie, ce manque nous mettrait tous gravement en danger.
Il marqua une pause. Un léger froncement de sourcils accompagnait ses mots.
-Lors de la dernière réunion des Capitaines, le Capitaine Commandant Yamamoto nous a informés de sa décision ainsi que de celle de la chambre des 46 de nommer de nouveaux Capitaines et Vice-Capitaines pour remplacer ceux que nous avons perdus. Je n'ai pour le moment pas le droit de vous dévoiler leurs noms, mais ils seront présentés à l'ensemble du Gotei sous peu.
Des hoquets surpris et des murmures choqués emplirent la salle. Gin leva la main pour obtenir le silence.
-Comme vous vous en doutez, nous avons été aussi pris au dépourvu que vous. Il n'y a pas eu d'appels à promotion pour ces postes, bien que d'autres shinigamis de haut rang possèdent le bankai. Comme vous le savez, ce critère est indispensable pour obtenir le poste de Capitaine, mais il ne se suffit pas en lui-même, et les rares candidats n'ont ni la volonté ni l'expérience nécessaires pour diriger une division.
Il prit une lente inspiration, comme si ce qui allait suivre allait lui coûter.
-J'ai refusé que l'on m'attribue un Vice-Capitaine que je n'aurais pas choisi.
Cette fois-ci, quelques sourires apparurent, ainsi que des soupirs de soulagement. C'était bien notre Capitaine.
-Cependant, je reste… dans l'obligation de nommer l'un d'entre vous à ce poste.
Je sentis mon coeur s'accélérer. Je n'étais probablement pas la seule, car plusieurs personnes avaient écarquillé les yeux. Il y avait déjà eu pas mal de mouvement dans l'attribution des sièges ces dernières années. Et puis, je venais juste d'être nommée quatrième siège. Et quelques temps auparavant, Yû était passé du huitième au cinquième siège. Un nouveau l'avait remplacé. C'était déjà beaucoup en moins de deux ans. Beaucoup de nouvelles têtes, qui plus est. Un temps d'adaptation était nécessaire. Et nous allions -enfin!- avoir un Vice-Capitaine ?
-Il y a de nombreux talents au sein de notre division, commença-t-il avec son sourire tordu. Et ce serait bien trop difficile pour moi de vous départager, continua-t-il sur un ton traînant.
Il a l'air trop joyeux par rapport à ce qu'il dit. ça pue.
Je suis bien d'accord.
-C'est pourquoi j'ai décidé, pour plus d'impartialité, de vous mettre à l'épreuve. Il ne s'agira pas de postuler, mais de prouver que vous êtes le, ou la, meilleur(e). Après tout, un Vice-Capitaine se doit de dépasser ses subordonnés.
Son sourire machiavélique était de retour, excitant notre esprit de compétition. La tension régnait.
-Je vous donne trois mois pour vous entraîner. Au terme de ceux-ci, un tournoi sera organisé. Vous vous battrez en duel. Chaque vainqueur de ces duels aura le droit de m'affronter, tous contre moi à la fois. Ce sera chacun pour sa peau. Le premier qui réussira à faire couler mon sang, si vous en êtes capable, obtiendra le poste. A moins, bien sûr, que l'un d'entre vous ne souhaite pas participer. Dans ce cas, je modifierai les termes du tournoi.
Personne ne bougea.
-Bien, dans ce cas, vous êtes tous candidats, dit-il d'un air satisfait. Je me chargerai à la suite du Tournoi de former le ou la futur-e Vice-Capitaine. Place maintenant à notre réunion hebdomadaire. Toma, quel est l'ordre du jour, je te prie ?
J'eus du mal à me concentrer sur tout le reste de la réunion. J'avais le sang en ébullition. Bien évidemment, je n'avais entendu parler ni des nouvelles affectations, ni du tournoi pour le poste de Vice-Capitaine. Kandi devait déjà être au courant, au moins pour les Capitaines. Peut-être même avait-elle des noms ? Mais cela aussi devait être classé secret. Je gromellai intérieurement. Il allait encore y avoir du changement.
Je fis de mon mieux pour écouter et participer lorsque je le devais, tenant mon rôle. Il y était question de budget, de planning, de partage des tâches à accomplir. L'absence de Vice-Capitaine pesait sur l'ensemble des gradés, et j'avais déjà l'habitude d'accomplir plus que ce que j'étais censée faire. Nous formions une équipe, et aucun de nous ne se plaignait. La division fonctionnait ainsi depuis plusieurs années. La nomination d'un deuxième siège changerait forcément beaucoup de choses, et je me demandais si les plus âgés d'entre nous accepteraient de perdre en responsabilité comme en autonomie.
Après deux longues heures, la réunion prit fin. Je m'étirai et pris le temps de relire mes notes pendant que les autres débriefaient. En tant que quatrième siège, j'allais avoir encore plus de paperasse à faire qu'avant. Les matinées étaient dédiées au travail interne à la division, et l'après-midi aux entraînements des soldats et au développement du shikai quand il n'y avait pas de mission. Quand j'étais dixième siège, j'étais responsable d'une vingtaine de jeunes recrues et les entraînait quasiment chaque après-midi. A présent, j'allais être chargée d'organiser et de diriger des missions dans le Rukongaï avec les soldats confirmés, notamment dans les districts les plus reculés, en coordination avec l'équipe de Yû. Je souris : cela me convenait parfaitement.
Je me levais pour me diriger vers mon nouveau bureau, que j'allais partager avec Toma et Yû, lorsque Gin apparut devant moi.
-Suis- moi, Hana-san. Je vais te présenter tes nouvelles affectations.
Je hochai la tête, et nous sortîmes silencieusement. Tout le monde salua le Capitaine, qui hochait la tête à chaque fois, patient. Enfin, nous sortîmes. Gin referma la porte. Je soupirai dans le silence soudain. Un peu de calme me faisait du bien.
J'étais quelque peu étonnée de la demande de Gin, car je connaissais déjà les lieux, y ayant plusieurs fois mis les pieds, mais je le suivis sans discuter. Maintenant que nous n'étions plus que tous les deux, je marchais à ses côtés, lui jetant de temps en temps des coups d'œil. Ses yeux étaient fermés, aucune émotion ne se lisait sur son visage. Il ne m'adressa pas la parole, se contentant de marcher à bon rythme.
Une fois arrivés, il ferma la porte et s'installa à genoux face à mon propre bureau, me laissant la place qui me revenait de droit. Une belle pile de rapports à vérifier et de documents à valider, telles que des demandes de congés, m'attendait déjà. Pourtant, le poste n'avait été vacant que deux semaines. Je réprimai une grimace et m'installai face à mon Capitaine.
-Tu voulais me voir, Gin ? demandai-je face à son silence.
Gin ne me répondit pas tout de suite. En fait, il ne me regardait même pas, observant la grande salle comme s'il la découvrait pour la première fois. Chaque bureau était situé dans une alcôve privative, mais il n'y avait pas de porte pour nous séparer. Le mien était sur la gauche, proche de l'entrée, celui de Yû me faisait quasiment face, et celui de Toma était tout au fond, pour plus de discrétion.
-Le bureau te convient, Hana ? demanda-t-il brusquement.
-Euh, je… bien sûr, répondis-je étonnée. Pourquoi ne me conviendrait-il pas ?
-ça te va, d'être quatrième siège ? continua-t-il.
Comme souvent, il me répondait par une question, ignorant royalement les miennes.
-Evidemment. Enfin, je veux dire, c'est pour ça que j'ai postulé, je suis prête.
Gin tourna enfin la tête vers moi, la bouche pincée.
-Je le sais que tu es prête, Hana, sinon je n'aurai pas validé ton dossier. Il était très convaincant. Et je suis bien placé pour connaître tes capacités.
Je me sentis rougir. Je n'avais aucune idée d'où il voulait en venir, ni de pourquoi il avait voulu s'entretenir avec moi. Nous avions déjà discuté de mes nouvelles responsabilités la veille, et même pendant plusieurs semaines en réalité, et les avions validé avec le reste de l'équipe lors de la réunion. Mon travail n'était pas très différent de celui de ma prédécesseure, qui faisait moins de paperasse.
Gin prit le temps de m'observer, les yeux légèrement entrouverts. Je ne savais pas quoi lui répondre, alors j'attendis qu'il m'exprime enfin le fond de sa pensée.
-Tu te souviens de la première fois que je t'ai attribué un siège ? demanda-t-il d'une voix légère, presque douce.
Je souris. Je ne l'avais pas entendu s'adresser ainsi à moi depuis bien longtemps. Ces moments m'étaient précieux.
-Comme si c'était hier, déclarai-je sur le même ton.
-C'est vrai que trois ans, pour la longévité d'un shinigami, ce n'est pas beaucoup.
-J'ai l'impression que c'était il y a cent ans, pourtant.
-Tu es si jeune, soupira-t-il pour lui-même.
J'ouvris la bouche, faussement vexée, mais il reprit la parole :
-Izuru aussi était jeune. Moins que toi, mais il avait lui aussi gravi les échelons plutôt rapidement…
Je sentis ma respiration se bloquer. Gin ne parlait jamais de feu Kira Izuru. Même s'il semblait plus apaisé que lors de nos premières rencontres, la blessure était encore visible, pour qui voulait bien la voir. Et puis, il suffisait de savoir additionner deux plus deux : ce n'était pas pour rien que le poste de Vice-Capitaine était resté vacant. Plus de dix ans.
-Je ne peux pas m'empêcher de me demander s'il serait encore en vie si Aizen ne m'avait pas poussé à le nommer comme mon second.
-Aizen a fait ça ? demandai-je, interloquée autant par cette révélation que par l'utilisation du nom du traître.
Il hocha la tête.
-Oui. C'était un homme qui pensait sur le long cours. Il avait repéré plusieurs shinigamis prometteurs à l'Académie, et il les as placés sous surveillance pour le bien-être de son plan. Izuru, Hinamori, Abarai, Hisagi…
Je hochai la tête. J'étais déjà au courant de tout ça, Gin et moi en avions parlé.
-Et il a même failli t'avoir toi, murmura-t-il, presque inaudible.
Je frissonnai à ce souvenir. Je ne me rappelais que trop bien de ma brève rencontre avec Aizen lorsque je vivais à Inuzuri. Heureusement, ma haine viscérale des shinigamis de l'époque m'avait poussée à refuser d'entrer à l'Académie. Lorsque je m'en étais confié à Gin, quelques années auparavant, celui-ci était entré dans un état effrayant, alors que j'étais déjà sous le choc de ses révélations sur la Guerre d'Hiver, suite à mon ultimatum. Je m'assombris à ce souvenir. Notre relation avait pris un tournant définitif après cet épisode. Mon coeur se serra. Je détestais l'idée que ce monstre ait encore tant d'impact dans la vie de Gin et, indirectement, sur la mienne. Où en serions-nous si cet homme n'avait pas existé ? Quand cesserait-il enfin de nous hanter ?
-Gin ? demandai-je, inquiète.
-Je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose, laissa-t-il échapper.
Ma respiration se bloqua douloureusement. Je posai la main sur celle de mon Capitaine et ami.
-Il ne m'arrivera pas la même chose, Gin. Il est mort.
Gin ouvrit les yeux, me regardant fixement. Il n'avait pas bougé sa main. Une fois de plus, je fus soufflé par leur ressemblance avec les miens, si clairs et presque transparents, et la beauté que cela révélait sur son visage ainsi rajeuni.
-Je sais.
Il se leva, me faisant dos.
-Je vais être clair, reprit-il. Je ne vois que très peu de personnes capables d'être réellement Vice-Capitaine, et encore moins que je désire voire m'accompagner à ce poste. Déjà que je n'ai pas le choix.
Il se tourna vers moi.
-Je veux que tu donnes le meilleur de toi-même pour être ma Vice-Capitaine.
Si je n'étais pas déjà assise, j'en serais tombée sur les fesses. Dans mon esprit, Awa était au comble de l'excitation. Je fis de mon mieux pour l'ignorer et rester présente.
-Mais… mais je viens à peine de devenir quatrième siège ! Personne ne l'acceptera !
-C'est pour cela que j'ai d'abord recruté de nouveaux sièges. J'avais besoin que tu ne sois plus au poste de dixième, tu n'aurais pas été éligible pour le Tournoi que j'ai organisé entre très hauts gradés. Et puis, tu as largement le niveau. Je ne veux pas qu'on m'accuse de favoritisme en te choisissant d'emblée. Mon statut ne me permet plus de faire ce genre de choses. Je suis encore surveillé par le Commandant.
Il eut un sourire narquois.
-Pour obtenir un grade, il n'y a pas cinquante solutions : postuler et gagner, ou tuer son prédécesseur. Et je te connais assez pour savoir que tu n'aimerais pas la seconde option.
C'est un euphémisme.
-En cela, toi et Izuru êtes très semblables. Vous ne tuez que lorsque c'est votre dernière option.
Je haussai un sourcil, mais n'osais pas l'interrompre tant qu'il était sur sa lancée.
-Oui, tu ferais un très bon Vice-Capitaine.
HhHhHhHhHhHhHhH
Quelques années plus tôt
Une fois sortie de la minuscule douche de mon minuscule appartement de fonction, mes longs cheveux enroulés dans une serviette et avec un kimono d'intérieur, je retrouvais Kandi attablée qui m'attendait.
Je m'installais, et nous mangeâmes tandis qu'elle me racontait sa dernière mission dans le monde des humains. J'étais impressionnée par le nombre de hollows qu'elle avait tués. Ceux-ci pullulaient suite à la brève inactivité du Gotei, qui se remettait encore de ses blessures de Guerre. L'organisation était chamboulée, malgré les années écoulées. De toute évidence, Kandi adorait les missions dangereuses et ne s'en plaignait pas. Elle se portrait toujours volontaire pour les dites missions, espérant augmenter rapidement en grade. Quelle tête brûlée.
Arrivées au dessert, elle me pressa de lui raconter mes propres aventures. Je poussai un soupir à fendre l'âme. Il s'en était passé, des choses…
Je lui narrai le déroulement de mes entraînements avec Gin, notre baiser (elle en avait couiné), mes inquiétudes quant à son rôle lors de la Guerre d'Hiver et son absence de réponse face à mon trouble, mon besoin de recueillement à Inuzuri et les mauvais souvenirs de l'époque qui m'étaient revenus. Je lui parlais également de ma relation avec mon zanpakuto, qui était non seulement revenu me parler, mais me poussait à développer mes pouvoirs bien plus vite que prévu.
-En gros, c'est la merde, résuma mon amie.
-Hmph.
-Tu ne m'as jamais parlé de ta mère, s'étonna-t-elle.
C'est l'hôpital qui se fout de la charité ?
-Je n'aime pas parler des morts, dis-je le plus tranquillement possible en ignorant Awa. Et puis, c'était pendant que tous les hauts gradés faisaient la Guerre. Le Rukongaï a été victime de nombreuses attaques ces jours-là.
-Gin non plus, ça vous fait un point commun ! s'exclama-t-elle, l'air ravi.
Je lui jetai un regard désabusé. Qu'étais-je censée faire d'un point commun pareil ? Elle éclata de rire.
-Je plaisante. Tu ne m'avais jamais dit non plus que tu avais déjà rencontré un capitaine avant de devenir shinigami ! s'étonna-t-elle. Comment ça se fait ?
-Tu sais, c'était il y a…. pfff, au moins cinquante ans, et à l'époque, je ne voulais pas du tout devenir shinigami.
-Ah bon ? s'étonna Kandi, la bouche pleine.
-Nous ne sommes pas très bien vus à Inuzuri, tu sais…
Kandi eut l'air de réfléchir.
-C'est vrai que ce district est complètement mis de côté, marmonna-t-elle.
-Abandonné, tu veux dire. Il n'y a que des années plus tard, beaucoup plus tard, quand ma famille a disparu et que j'ai déménagé que j'ai décidé de passer les examens d'entrée. Plus rien ne me retenait.
Et il fallait bien que tu fasses quelque chose de tout ce réiatsu !
Oui je sais Awa, et maintenant je suis bien contente que tu sois là.
ç'eut le mérite de lui clouer le bec.
-Et du coup, c'était qui, ce capitaine ? Tu l'as recroisé au Gotei ? Il était pas au repas des premières années ? s'enquit Kandi.
-Hummmmmm, attends, j'essaie de me souvenir. Je n'avais pas pensé à lui depuis longtemps…
Kandi fronça les sourcils.
-Un mec insupportable. Genre, trop sûr de lui. Sasuke je crois ? Quelque chose comme ça…
Un bruit de verre cassé me fit sursauter. Face à moi, les mains ouvertes mais vides, Kandi avait les yeux agrandis d'horreur.
-Aizen Sosuke ? souffla-t-elle.
-Oui, sûrement, pourquoi ?
Kandi bégayait. Je ne l'avais jamais vue dans cet état.
-Tu… tu en as déjà parlé à quelqu'un d'autre ? On vous a vus ?
-Non, à part mes amis d'Inuzuri, mais ils sont tous mo-
-Hana, il faut tout de suite qu'on aille voir ton Capitaine.
-Hein ?
-MAINTENANT !
TO BE CONTINUED
