Laura arriva aux alentours de 8h à son bureau. Elle savait que la semaine allait être longue et avait décidé de commencer en douceur. Billy était déjà derrière son bureau à relever les messages de sa boîte vocale. Elle lui sourit avec tendresse et gratitude. Elle ne savait vraiment pas comment elle s'en sortirait sans lui. Elle approcha son badge de la porte de son bureau mais remarqua qu'elle était déjà entrouverte. Elle questionna son assistant du regard. Il reposa le combiné et franchit en deux enjambés la distance qui les séparait.

« Avez vous bien fermé votre bureau avant de partir vendredi? » demanda-t-il d'un ton inquiet, ce qui inquiéta la ministre à son tour. Elle avait espéré que ce soit lui qui soit entré, même s'il ne le faisait jamais sans son autorisation explicite. Avec l'annonce du projet de loi 21, la tension était montée d'un cran et tous les ministères avaient dû renforcer leur sécurité. Depuis la prise d'otage des ministres du transport et du travail quelques mois auparavant, tous savaient qu'ils étaient des cibles faciles. Elle s'efforça de ne céder ni à la panique ni à la paranoïa. Elle poussa la porte doucement et fut rassurée de trouver son cabinet vide et dans le même état qu'elle l'avait laissé. Elle allait franchir le seuil quand Billy lui agrippa le bras. « Je pense qu'on devrait appeler la sécurité » dit-il, son anxiété transparaissant dans sa voix. Elle comprit qu'il avait peur que quelqu'un soit caché dans la salle de bain ou sous son imposant bureau. Ils avaient été briefés assez souvent à ce sujet. Elle avait déjà fait vivre l'enfer à ce jeune homme dans les années précédentes, lorsqu'elle avait frôlé la mort. Hors de question qu'elle ne lui cause plus de stress. Elle retourna dans le hall et s'assit en face de lui, sagement.

Quatre gardes de sécurité arrivèrent en courant quelques secondes plus tard et pénétrèrent dans son bureau. Ils ressortirent aussi, indiquant que la voie était libre. Elle leur serra la main en guise de remerciement et fit un clin d'œil à son assistant avant d'aller dans son entre. « Messieurs?! » Appela-t-elle aussitôt. Son ordinateur personnel avait disparu. Les gorilles et Billy la rejoignirent. Ce n'était sûrement qu'une méprise: elle avait vu son ordinateur de fonction posé sur le bureau de son assistant. Le gars de l'informatique avait dû se tromper. Mais elle se rendit vite compte que perdre son ordinateur qui recèle ses photos, les numéros de téléphone de plusieurs membres du cabinet ainsi que toutes ses informations administratives personnelles, c'était une affaire d'état. Elle allait perdre un temps fou en procédure et paperasse, elle allait devoir encore une fois retaper son foutu discours et, cerise sur le gateau, le président voulait lui parler.

Elle sortit du bureau d'Adar un peu secouée. Depuis qu'elle avait mis fin à leur liaison quelques mois auparavant, il ne lui laissait rien passer. Elle ne regrettait pas du tout de l'avoir quittée mais était encore prise de cours par leur nouvelle dynamique. Elle n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds et encore moins à se faire crier dessus. Elle n'était pas habituée non plus à avoir à élever la voix, n'avait jamais trouvé cela utile ou productif, même lorsqu'elle était professeur. Mais que dire pour sa défense? Son ordinateur avait bel et bien disparu. Elle serra les dents, leva le menton et avança vers son bureau bien décidé à garder ses émotions sous contrôle.

Dans le couloir menant à son bureau, c'était l'effervescence. Il y avait tous les gardes de sécurité de l'immeuble, plusieurs policiers et des costumes noirs qu'elle soupçonnait d'appartenir aux services secrets. Pauvre Billy se tenait fièrement au milieu de ce brouhaha et gérait, comme d'habitude, la situation avec brio. Elle remarqua alors, assis dans la petite salle d'attente en face de son bureau, un militaire. Calme, il la regarda avec un sourire. Elle se sentait attirée par cette oasis de calme. Il se leva, elle s'approcha de lui, surprise par son magnétisme. « J'ai votre ordinateur » Dit-il en le lui remettant.