Personne ne semblait les remarquer et ils étaient bien trop accaparés l'un par l'autre pour remarquer quoi que ce soit. Laura saisit son ordinateur, ses doigts frôlant ceux de l'homme en face d'elle. Il avait de grandes mains aux ongles courts et bien entretenus. Elles n'étaient pas velues, étrangement. Avec sa peau mate et ses cheveux de jais nuancés de gris, surtout au niveau des tempes, elle se serait attendu à plus de pilosité que ça. Elle se demanda alors comment était le reste de son corps. Elle haïssait les hommes qui avaient une toison au niveau du dos mais se dit que pour lui, elle serait prête à faire un effort. Il avait les yeux d'un bleu profond, comme l'océan. Elle avait souvent croisé des regards azurs mais le ciel n'avait rien des mers tropicales. Il ressemblait à la nuit polaire mais il s'en émanait une chaleur incroyable. Elle était complètement subjuguée. Sentant ses joues rougir, elle dû détourner le regard.

Peut être était ce les mois passés à bord du porte avion ou le fait qu'il n'avait pas été intime avec femme depuis des années mais il trouvait la ministre éblouissante. Il avait aimé toutes sortes de femmes dans son jeune temps mais aucune comme elle. Son porte de tête altier, sa grâce naturelle, sa blouse si légèrement entrouverte, il ne pouvait détourner le regard. Chacun de ses gestes étaient empreints d'élégance. Elle n'était pas une beauté classique, elle n'était passée genre de femme sur qui les hommes se retournent dans la rue mais elle avait un charme intemporel. Il était certain qu'il ne l'aurait pas trouvé plus ou moins belle s'il l'avait rencontré 20 ans plus tôt. Elle n'était pas le genre de femme à qui le temps portait préjudice. Elle avait quelque chose d'aristocratique avec son cou délicat, sa silhouette menue et ses longs doigts fins. Il frémit en les effleurant et eut aussitôt envie de sentir sa petite main dans la sienne. Il lâcha l'ordinateur aussitôt qu'il fut certain qu'elle le tenait fermement et baissa le regard, gêné.

« Merci. » Dit-elle dans un soupir. « Vous êtes? » demanda-t-elle aussitôt ses esprits retrouvés.

« Bill Adama. » Répondit-il en lui tendant la main, son visage à nouveau stoïque. Elle lui serra la main et fut surprise par la douceur de ses doigts. Elle s'attendait à un touché rugueux, presque brusque, tout le contraire de leur échange.

« Oh, vous avez retrouvé votre ordinateur?! » S'écria, attirant l'attention de tout le monde, ruinant leur moment.

Après avoir été longuement entretenu par le chef de la sécurité, les ministres de la défense et de l'intérieur ainsi qu'un agent des services secrets, il fut enfin libéré. Dans la salle d'interrogatoire, il n'y avait ni fenêtres ni horloges et il se sentit un peu désorienté. Il fut accompagné par le ministre de l'intérieur jusqu'au 5ème étage, ou il avait laissé son sac. Il remarqua alors que la journée tirait à sa fin. Les longs corridors étaient baignés d'une teinte rose orangée presque irréelle. Il sentit son coeur s'emballer à l'approche du bureau de la ministre Roslin. Il n'avait pas mangé depuis la veille au soir et avait consommé bien trop de café, se résonna-t-il.

« Hey Laura, ton sauveur est là! » Appella en plaisantant l'homme qui l'accompagnait. Il entendit des bruits de pas et la porte du bureau s'ouvrit. La lumière s'infiltrait par les grandes baies vitrées en arrière de la femme. Ses cheveux semblaient flamboyer. Elle avança vers eux, une déesse dans son aura. Puis il remarqua qu'elle était pieds nus, qu'elle tenait une tasse. Elle lui fit un sourire presque timide. Elle paraissait beaucoup plus sérieuse et composée que lors de leur précédente interaction.

« Merci Xavier. » dit-elle à l'attention de son collègue, lui signifiant que sa présence n'était plus requise. « Commandant. » Le sourire qui lui était adressé, plus franc, plus sincère. « Merci de m'avoir sauvé du trouble de devoir acheter un nouvel ordinateur. » Son regard avait à nouveau quelque chose d'espiègle. Elle fit signe à son assistant et il lui tendit une boite neuve contenant le même ordinateur. « Accepteriez-vous d'aller prendre un café avec moi, en guise de remerciement? »