Laura ne vit pas la semaine passer. Elle avait dû aller deux jours sur Aerilon pour l'inauguration d'une nouvelle aile à l'Université. De retour sur Caprica, une montagne de dossier l'attendait. Elle s'était plongée dans le travail, comme à son habitude, et n'avait eu le temps de penser ni à son rendez-vous ni à son galant. Et c'était peut-être aussi bien ainsi. Mais vendredi est arrivé et elle était désormais terrifiée. Elle n'était pas sortie avec un homme depuis… depuis bien trop longtemps. Elle se souvint avec dégoût de Sean. Elle n'avait jamais reparlé à Isabel. Elle n'avait toujours pas compris pourquoi son amie l'avait poussé dans les bras d'un homme de 20 ans de moins qu'elle, un de ses anciens élèves qui plus est. Elle se souvint de leur confrontation, du mépris et de la moquerie dans le regard de celle qu'elle pensait être son amie. La honte l'envahit à nouveau. Peut-être n'était-elle pas prête.
Elle chassa cette idée aussitôt qu'elle apparut. Elle était prête, aussi prête qu'elle ne le serait jamais. Ça faisait presque 20 ans, elle devait aller de l'avant. Puis, surtout, elle devait en finir avec les relations malsaines. Elle voulait à nouveau pouvoir se regarder dans un miroir sereinement. Fini de coucher avec des hommes mariés, et surtout avec son boss. Elle avait la chance d'être encore en vie, ce n'était pas pour la gâcher.
Elle déplaça quelques cintres, incapable de choisir. Qu'est ce qu'elle faisait au juste? Ce n'était pas son genre d'inviter des inconnus à dîner. Ce n'était pas son genre de chercher à avoir une relation. Après tout, elle aimait son indépendance. Elle entendait ses collègues se plaindre régulièrement de leur Jules qui ne faisait pas ci ou ça: elle n'avait ce problème. Sa maison était toujours exactement comme elle l'avait laissé. S'il y avait des traces de terre dans l'entrée, elle ne pouvait même plus blâmer son imbécile de chien même s'il lui manquait, son tas de poils. Ça lui manquait de le câliner et de s'endormir en sachant que quelqu'un veillait sur elle. Peut être était elle plus prête pour un tour à la SPCA qu'une date…
Non, il y a quand même certaines choses pour lesquelles un homme à son utilité. Elle rit toute seule. Ça lui manquait, ça lui manquait vraiment énormément, atrocement. Elle avait toujours pensé qu'arrivé à la quarantaine et à la ménopause, sa libido se calmerait enfin. Elle était désagréablement surprise. La maturité et la chute d'hormones ne semblaient pas l'assagir. Elle secoua la tête à sa propre imbécillité. Elle ne pouvait toujours pas croire qu'elle avait eu une liaison avec Richard. Elle ne pouvait pas croire qu'à 47ans elle allait à un RDV avec pour but d'assouvir ses pulsions.
Elle essaya de se rassurer, de se normaliser. Il n'y avait pas que ça qui lui manquait. Elle avait envie de promenade à deux, de pouvoir aller dîner au restaurant avec quelqu'un qui ait de la conversation. Elle avait envie de marches au parc bras dessus bras dessous. Elle avait envie de compagnie et d'un compagnon, pour la première fois depuis que Simon n'était plus là. Elle caressa la chaîne autour de son cou. Il était temps qu'elle s'écoute et qu'elle réapprenne à vivre.
Elle pensa à Bill avec un sourire. Il avait de la conversation. Elle pouvait facilement s'imaginer parler avec lui autour d'un verre jusqu'au bout de la nuit. Il était poli, galant. Elle appréciait les hommes avec de bonnes manières, une espèce en voie de disparition. Il était bel homme, ce qui ne gâchait rien. Elle avait de suite été charmée par son regard. Elle avait aimé le voir en uniforme, ce qui n'était pas quelque chose qui l'attirait d'ordinaire. Il mettait en valeur ses yeux et ses bras musclés.
