Même si cette rencontre avait été décidée de façon très désinvolte, Bill se sentait tout de même très anxieux de rencontrer officiellement ce jeune homme qui semblait tenir une place prépondérante dans la vie de Laura. De plus, il n'était pas à l'aise avec les personnes âgées, n'en ayant jamais vraiment côtoyé. Ses grands-parents étaient décédés quand il était encore enfant et on ne croise pas vraiment beaucoup de personnes âgées dans l'armée.

« Gladys, je vous présente mon amie William Adama. Bill, voici Gladys, la grand-mère de Billy, que tu as déjà rencontré. » Il serra la main de la femme et se surprit à penser qu'il avait probablement moins de différence d'âge avec elle qu'avec Laura. Il n'avait toujours pas osé aborder la question. S'il avait retenu quelques leçons de son mariage, c'était la relation malsaine entre les femmes et leur âge. Il avait d'abord pensé qu'elle était autour de la cinquantaine, un petit peu en dessous mais en la voyant aujourd'hui, naturelle, en plein air avec quasiment pas de maquillage, il se demandait si elle n'était pas plus proche de la quarantaine. Elle avait bien quelques rides, surtout autour des yeux mais elles lui apparaissent dérisoires par rapport à la flamme qui brillait dans ses yeux verts. Et son corps ! Un corps aussi mince et souple ne pouvait appartenir qu'à une jeune beaucoup plus jeune que lui.

« Oh mon Dieu, tu es donc bien beau ! » Laura, qui s'était agenouillée devant le chiot, le tirant de sa rêverie. Il la regarda avec amusement essayer d'esquiver les coups de langue sur son visage. Il gloussa, il n'était pas le seul à avoir envie d'embrasser la belle brune. Elle donna une caresse à Viper, qui, trop excité, sauta de ses pattes avant sur ses épaules et la renversa en arrière. Elle tomba sur les fesses dans un grand éclat de rire. Il n'avait jamais rien entendu d'aussi plaisant.

« Vilain Viper! » Rabroua sa maîtresse en ramenant le chien à ses pieds. « Laura, vous ne vous êtes pas fait mal? » S'inquiéta la septuagénaire. La ministre se frotta les mains, chassant la terre et les petits cailloux. Elle prit la main que Bill lui tendit et le laissa l'aider à se relever. Elle chassa la poussière de sa robe et le groupe reprit sa marche. « Je suis vraiment heureuse de voir que vous allez mieux. » Dit l'aînée après quelques pas.

Bill sentit le corps de la femme à ses côté se raidir. Elle serra sa main un peu trop fort à ses mots avant de relâcher son emprise sur une expiration. « Moi aussi, Gladys, moi aussi. »

« Vous avez même repris du poids, ça vous va bien. » Le commandant fixa son regard sur sa compagne. Il la vit baisser les yeux vers son propre corps, gênée. Aussitôt apparue, l'émotion disparut du visage de la jeune femme faisant place à sourire poli mais qui n'arrivait pas jusqu'à ses yeux. Ses iris prirent une couleur grise, froide, qu'il ne lui avait jamais vu auparavant.

« Merci. Je fais vraiment très attention à moi, vous savez, j'ai appris de mes erreurs. D'ailleurs je ne remercierais jamais assez Billy pour tout ce qu'il a fait pour moi. » Dit Laura d'une voix calme, mesurée. Bill comprit alors qu'il ne la connaissait pas du tout.

« Ne l'oubliez jamais, mon petit. » Renchérit Gladys. « J'espère que votre santé ne vous fera plus défaut. » Elle se tourna vers Laura et la regarda dans les yeux. «Et puis vous avez votre compagnon pour prendre soin de vous, à présent. »

La curiosité du militaire était piquée. Laura était malade? De quoi? À quel point? Au fond de lui, il savait qu'il s'agissait de quelque chose de grave. De ce qu'il avait observé, il doutait que Laura ait besoin de qui que ce soit. Par dessus tout, il était surpris que sa compagne laisse l'autre femme lui parler ainsi. Il sentait que quelque chose lui échappait dans leur dynamique. Il regarda Laura. Son visage auparavant impassible laissait transparaître une fragilité qu'il trouvait désarmante.

« Grand-mère, nous devrions partir avant l'heure de pointe. » Dit Billy très diplomatiquement. Le militaire eut envie de l'embrasser.

Il fut surpris de voir Laura donner un baiser sur la joue de Gladys en guise d'au revoir. Ils regardèrent le trio s'éloigner. « Veux-tu qu'on en parle? » Se surprit-il à demander. Il remarqua alors que Laura essuyait une larme sur ses joues.